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IRCPA LA PRIORITÉ D’UN PROGRAMME RÉGIONAL DE LA QUALITÉ POUR L’AFRIQUE CENTRALE Issa DRAMÉ Ingénieur Polytechnicien & Economiste, Consultant International Février 2007 SOMMAIRE Page Abréviations, sigles et acronymes iv I. INTRODUCTION 1 1.1 1.2 L’historique de l’IRCPA et les stratégies de l’Initiatives Le processus de l’IRCPA en Afrique Centrale 1 2 II SITUATION DU SECTEUR DE L’INDUSTRIE EN AFRIQUE CENTRALE 3 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 La situation générale de l’économie sous régionale Les faibles performances du tissu industriel Les contraintes structurelles du secteur industriel Le secteur du bois Le secteur agroalimentaire 3 4 5 6 9 III. LA NECESSITÉ DE METTRE EN ŒUVRE EN PRIORITÉ UN PROGRAMME REGIONAL DE LA QUALITÉ EN AFRIQUE CENTRALE 13 3.1 3.2 3.3 3.4 La compétitivité des produits du bois et l’infrastructure qualité en Afrique Centrale La compétitivité des produits agroalimentaires et l’infrastructure qualité en Afrique Centrale Les stratégies pour le renforcement des capacités productives en Afrique Centrale Conclusions ANNEXES Annexe 1 Annexe 2 : : PIB des Etats de la CEEAC et de la CEMAC en 2005. Structure du PIB des Etats de la CEEAC et de la CEMAC en 2005. ii 13 13 14 15 ABREVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES BAD BDEAC BIT BM BSTP BTP CAMI CEDEAO CEEAC CEMAC FMI IRCPA NEPAD NPI OAB OAPI OMC ONUDI PIB PIC PNUD RCA RDC TIC Banque Africaine de Développement Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale Bureau International du Travail Banque mondiale Bourse de Sous – traitance et de partenariat Bâtiment et Travaux Publics Conférence des Ministres Africains de l’Industrie Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale Fonds Monétaire International Initiative pour le Renforcement des Capacités Productives de l’Afrique Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique Nouveau Pays Industrialisé Organisation Africaine du Bois Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle Organisation Mondiale du Commerce Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel. Produit Intérieur Brut Politique Industrielle Commune Programme des Nations Unies pour le développement République Centrafricaine République Démocratique du Congo Technologie de l’Information et de la Communication iii I. INTRODUCTION 1.1 L’historique de l’IRCPA et les stratégies de l’Initiative L’Initiative pour le Renforcement des Capacités Productives de l’Afrique (IRCPA) est l’aboutissement d’un certain nombre de rencontres sous-régionales tenues à travers le continent entre 2002 et 2004 par la Conférence des Ministres africains de l’industrie (CAMI), pour définir le concept, les stratégies et les mesures concrètes visant à renforcer la production et la compétitivité en Afrique. L’IRCPA a été adoptée en juillet 2004, en tant que volet de développement industriel durable du NEPAD. En tant que tel, l’IRCPA vise à améliorer la performance industrielle dans le continent, au moyen d’une triple démarche : - l’analyse des chaînes des valeurs assortie d’une vocation sous – régionale ; - la participation directe du secteur privé et des acteurs non étatiques à l’élaboration des mesures concrètes à prendre de concert avec tous les partenaires concernés ; - l’importance que revêt la prise en charge de la Facilité d’appui souple à l’Initiative pour le renforcement des capacités productives de l’Afrique et le fait d’en assurer la promotion. C’est ainsi que se tiendront au total en Afrique en 2004 et 2005, cinq réunions sous-régionales visant à formuler des plans d’action sectoriels et des marches à suivre pour chacune des sousrégions africaines, ce dans un processus largement mû par les participants du secteur privé. Dans les plans d’action sectoriels, il faudrait prendre en compte la segmentation et/ou la fragmentation des systèmes et réseaux de production mondiaux, et assurer la promotion (lorsque c’est possible) de l’acquisition de compétences en Afrique par la coopération intra-entreprises et la coopération intrarégionale. Les stratégies recensées pour mettre en œuvre l’Initiative pour le renforcement des capacités productives en Afrique sont inspirées d’objectifs contenus dans les résolutions de la CAMI: - réaliser en Afrique d’ici à 2010 un taux de transformation d’au moins 25% du coton de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. L’appel lancé afin que soient réduites et progressivement éliminées les subventions accordées par les pays industrialisés ne devrait pas empêcher les producteurs africains d’élaborer leurs plans propres d’action sectoriels et des marches à suivre régionales afin de mettre à niveau la chaîne de valeur africaine du coton, du textile et de l’habillement; - harmoniser les politiques industrielles régionales existantes ou appuyer l’élaboration de politiques industrielles régionales là où elles n’existent pas; - créer une initiative souple pour le renforcement des capacités productives de l’Afrique en privilégiant les secteurs prioritaires, parallèlement à la mise en place de guichets sectoriels régionaux de financement; - appuyer les secteurs prioritaires des régions d’Afrique; - améliorer, dans les régions, l’infrastructure pour ce qui est de la qualité par la création d’un système régional d’accréditation, de normalisation et de promotion de la qualité dans les pays; 1 - améliorer la coordination entre les décideurs régionaux en redynamisant aux niveaux national et sectoriel, des mécanismes de partenariat secteur public-secteur privé ; et consolider le processus de négociation collective des régions africaines au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et - travailler autrement en mettant en œuvre l’approche du «bas vers le haut» associant les partenaires sociaux, le secteur privé et les institutions d’appui dans une nouvelle dynamique concertée venant en appui aux activités liées au «pacte mondial» prônée par les Nations Unies (global compact). Enfin, la création de l’emploi durable est un élément clé du renforcement des capacités productives. Cette approche pluridisciplinaire fera en sorte que les institutions publiques soient mues par un objectif commun. Pour cette raison, il est important d’identifier systématiquement et de mettre en oeuvre des approches pluridisciplinaires et intégrées de réduction de la pauvreté. Celles-ci devront être inclues dans un chapitre consacre au “développement des capacités productives” dans le DSRP et appuyé par des ressources budgétaires suffisantes. Les points de vue exprimés devraient également tenir compte de la situation du secteur prive, et s’efforcer d’en satisfaire les besoins en termes de renforcement des capacités productives. Il en est de même de la mise en œuvre des décisions prises par les chefs d’Etat de l’Afrique centrale selon lesquelles, il est indispensable de renforcer la coordination entre les ministères de l’emploi pour stimuler des améliorations dans le volume et les conditions de l’emploi. 1.2 Le processus de l’IRCPA en Afrique Centrale La réunion au niveau de l’Afrique Centrale1 de la CAMI XV qui s’est tenue du 17 au 19 mars 2003 à Yaoundé (Cameroun), a souligné la relation entre le renforcement les capacités productives et la réalisation des OMD. La conférence a reconnu qu’un minimum de 16% de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière dans le PIB de la région, est nécessaire pour d’atteindre les objectifs du NEPAD en termes de croissance durable et de réduction de la pauvreté. Au niveau sous-régional, il y a lieu d’assurer également la diversification des activités et le renforcement de la compétitivité. La libéralisation du marché a souligné la nécessité d’évoluer dans le sens de solutions industrielles exhaustives et de se concentrer sur les chaînes de valeur locales et globales tant sur le plan régional que sous-sectoriel. La réunion a également mis l’accent sur l’importance des données statistiques avec une attention particulière sur les capacités, les capabilités et les complexités industrielles. L’on a également reconnu l’importance de constituer des réseaux industriels et sectoriels comme facteur pertinent pour la réalisation d’avantages industriels compétitifs. La création de réseaux d’information dans la perspective d’avantages industriels compétitifs est déterminante pour les succès futurs de l’industrie. Durant la réunion, il a été convenu que la priorité devrait être accordée à la promotion de la productivité par la diffusion de la technologie et le renforcement des capacités pour l’accès aux marchés. Les Ministres ont engagé les institutions de la sous-région à adopter l’IRCPA pour 1- Elle compte deux organisations sous régionale : (i) la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) qui comprend onze pays, à savoir, l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Tchad, le Congo, la République Démocratique du Congo, la Guinée Equatoriale, le Gabon, le Rwanda et Sao Tomé & Principe ; et (ii) la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) comptant six pays, à savoir le Cameroun, la RCA, le Tchad, le Congo, la RDC et la Guinée Equatoriale. La CEMAC dispose d’une Banque Centrale régionale, la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), dont le siège est à Yaoundé (Cameroun) et d’une banque régionale de développement, la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) dont le siège est à Brazzaville (Congo). Cinq Etats membres de la CEMAC (Cameroun, la RCA, le Tchad, le Congo et la Guinée Equatoriale) font partie de la zone du franc CFA. Le Burundi, la RDC et le Rwanda sont aussi membres du Marché Commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe (COMESA). 2 l’Afrique Centrale, se concentrant sur les principaux domaines de soutien à l’industrie, à savoir: la technologie, le renforcement des capacités pour l’accès aux marchés, et les chaînes de valeur locales et globales. Les Ministres ont enfin identifié les sous-secteurs industriels prioritaires suivants pour l’Afrique Centrale, comme secteurs d'intervention privilégiés pour la mise en oeuvre de l’IRPCA : l’agroalimentaire le bois et les produits du bois Ces deux secteurs prioritaires devraient constituer des secteurs stratégiques où les performances industrielles pourraient être réalisées à court et moyen terme. L’on devrait mettre l’accent sur la valorisation des ressources humaines, en particulier les femmes et les communautés rurales. Le rôle du secteur privé devrait transcender les activités sélectives limitées et renforcer le partenariat entre secteurs public et privé. Au nombre d’autres résolutions, figure la nécessité de sensibiliser les populations, les bailleurs et les institutions régionales et sous régionales de financement, en particulier la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC), afin qu’ils procèdent à des affectations au niveau de la société civile et s’engagent financièrement pour favoriser l’association avec les institutions sous-régionales telles que l’Organisation africaine du bois (OAB) et l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). II SITUATION DU SECTEUR DE L’INDUSTRIE EN AFRIQUE CENTRALE 2.1 La situation générale de l’économie sous régionale La persistance des conflits et leur intensification ont contrarié les performances économiques de l’Afrique Centrale et ont eu pour conséquence la chute du revenu par habitant. La région a, de ce fait, été incapable de mettre en valeur ses richesses naturelles et ses riches terres cultivables. L’Angola, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad sont des exportateurs de pétrole, alors que le Rwanda et le Burundi dépendent des exportations de café et que l‘économie de la RDC repose sur l’exploitation des mines de cuivre et autres minerais. Ensemble, les économies en 2005 des pays exportateurs de pétrole représentent 86,2% de l’économie régionale comme cela est illustré en annexe 1 relatif au PIB des 11 pays de la CEEAC. En dehors du pétrole, les pays dépendent essentiellement pour leurs recettes d’exportation du bois d’œuvre, du café et du cacao qui sont tous des produits de base faiblement transformés localement; ce qui les rend plus vulnérables aux aléas du marché international. L’économie régionale a enregistré une croissance continue de 3% en 2000 à 5,0% en 2005, due essentiellement aux cours favorables du pétrole et aux progrès dans la gestion économique des pays. Malgré cette croissance économique supérieure à celle de l’Afrique subsaharienne (3,7%) et de l’Afrique (3,4%), la région a besoin d’une croissance annuelle moyenne de 7% du PIB, ceci de manière pérenne sur au moins 10 ans pour confirmer un véritable décollage économique. Avec l’appui de l’Union européenne, la CEMAC met en œuvre un programme régional ambitieux, mais réaliste, de réalisation d’infrastructures routières(1999-2010) qui permettra à terme de relier les capitales d’Afrique Centrale et de redynamiser les échanges commerciaux si parallèlement les entraves administratives et douanières sont levées. En effet, l’union douanière fonctionne péniblement et conduit à un niveau du commerce inter communautaire très faible, établi à moins de 10% des échanges de la région; ce qui contribue à maintenir un niveau de pauvreté élevé au sein de 3 la population. En RDC, 70% de la population vit avec moins de 1 USD par jour ; au Tchad, la pauvreté touche 64% de la population contre 46% au Cameroun. Les réformes macro-économiques et structurelles mises en œuvre dans la région ne sont pas parvenues à réduire sa dépendance à l’exportation de matières premières. Cette situation a été attribuée, en partie, à l’instabilité politique qui décourage les investissements étrangers nécessaires à la diversification des exportations. Les pays exportateurs de pétrole doivent également veiller à ce que les revenus provenant des exportations pétrolières soient équitablement répartis et soient investis dans le capital humain, l’agriculture, les industries de transformation et les services. 2.2 Les faibles performances du tissu industriel Face aux résultats mitigés constatés depuis les années 1960 pour le développement du secteur industriel de l’Afrique centrale, il est devenu urgent de réfléchir à la stratégie sous-jacente qui a conduit à ces résultats. Sur la base des analyses comparatives de la performance industrielle dans les différentes sous régions et économies du monde, il a été constaté que les stratégies et politiques industrielles mises en œuvre par l’Afrique centrale, n’ont pas permis d’asseoir une compétitivité et de mettre en place un environnement propice à l’émergence d’un secteur privé renforcé. Ceci aurait permis, entre autres, d’assurer la sécurité alimentaire, et de saisir les multiples opportunités que peut offrir le secteur des produits ligneux (bois et dérivés). En réalité, le secteur secondaire des pays de l’Afrique Centrale est tiré ces dernières années par l’exploitation pétrolière en raison de la bonne tenue des cours mondiaux de ce produit. Cela donne un niveau de l’ordre 50% de contribution du secteur secondaire à la formation du PIB en Afrique Centrale. Mais en fait, l’état la valorisation manufacturière est traduite par une faible contribution du sous secteur à la formation du PIB. Ainsi, contrairement aux pays émergents où la contribution manufacturière à la formation du PIB est forte (19,1% en Afrique du Sud, 20,3% à Maurice et 31,4%% en Malaisie) en raison de la forte valorisation industrielle des produits primaires, notamment agricoles et du développement des sous secteurs des technologies de pointe (informatique, TIC, etc.), elle ne se situe en Afrique centrale qu’autour de 5% (5,5% dans la CEMEC et 4,9% dans la CEEAC). Par ailleurs, le secteur secondaire des pays émergents est soutenu par les exportations commerciales des produits semi-finis et finis, faisant des services, la dominante de la structure économique de ces pays. Les services contribuent à la formation du PIB à hauteur de 66,1% en Afrique du Sud, 65,7% à Maurice et 40,1% en Malaisie, contre seulement 29,2% et 37,1% respectivement dans les sous régions de la CEEAC et de la CEMAC. Les analyses ci – dessus découlent de la synthèse des données du tableau 1 suivant, tandis que les données détaillées par pays de la CEMAC et de la CEEAC, sont fournies en annexe 2. Tableau 1 : Structure du PIB de la CEEAC, de la CEMAC, de la CEDEAO et de pays émergents en 2005 (%) Secteurs Agriculture -Industrie dont manufacture Services CEEAC CEMAC 25,6 37,4* 5,5 37,1 100,0 Afrique du Sud 3,1 30,8 19,1 66,1 100,0 20.6 50,2* 4,9 29,2 100,0 Total * y compris l’exploitation pétrolière Sources : Banque Mondiale, BAD et ONUDI 4 Maurice 6,1 28,2 20,3 65,7 100,0 Malaisie 9,5 50,4 31,4 40,1 100,0 Avec une part du commerce mondial de biens de 2,4% à l’exportation, et 2,1 % à l’importation, l’Afrique centrale ne peut baser son développement sur une stratégie du tout export de matières premières. Il est admis qu’il faut un minimum de 16% de croissance de la valeur ajoutée manufacturière (VAM) dans le PIB pour réduire de manière substantielle et durable la pauvreté, bien supérieur à la moyenne de 5% enregistrée ces dernières années dans la sous région. 2.3 Les contraintes structurelles du secteur industriel Les faibles performances du secteur industriel (hors exploitation pétrolière) de l’Afrique Centrale, sont aussi le fait que le développement du secteur industriel dans la région se heurte à de nombreux problèmes et contraintes au rang desquels il convient de retenir : • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • l’étroitesse du marché national qui ne contiendrait pas une augmentation substantielle de la production, résultant de l’utilisation optimale des capacités de production installées des unités de production; les coûts de facteurs de production relativement élevés qui oblitèrent l’efficacité et la compétitivité des industries au niveau national et sous régional; les obstacles à l’intégration sous régionale . La volonté actuelle exprimée par la communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et la communauté économique monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) de garantir la libre circulation des personnes et des biens n’est pas encore manifeste; la baisse du pouvoir d’achat sous-tendue par « la valse des étiquettes » non maîtrisée; des réseaux de distribution incohérents et mal maîtrisés, du fait des infrastructures inadaptées; la dépendance de l’industrie actuelle à l’égard des biens importés primaires, intermédiaires et d’équipements; la sous-utilisation associée de ressources intérieures ; des liaisons interindustrielles limitées; l’adoption à l’origine de techniques de grande intensité capitalistique recourant à des technologies ne convenant souvent pas aux ressources intérieures, et par conséquent non économiques dans le contexte du marché intérieur; des faibles niveaux d’utilisation des capacités installées; la mauvaise gestion des ressources humaines; l’insuffisance du personnel qualifié; la politique de formation quasi inexistante; l’absence à l’exception du Cameroun, d’une masse critique d’entrepreneurs et de la conscience des possibilités d’investissements industriels; le défaut d’infrastructures urbaines, rurales, de communication et énergétiques; l’insuffisance des infrastructures de base et des services de soutien ; le dumping et la concurrence déloyale; des nombreux obstacles de nature réglementaire; l’absence de l’épargne publique et privée en faveur des investissements nouveaux; des distorsions occasionnées par les politiques économiques dépourvues de mesures incitatives particulières. De ce qui précède, il est nécessaire de mettre en œuvre de nouvelles stratégies au-delà des stratégies passées (import/substitution) et d’exportation de produits sans valeur ajoutée qui ont conduit à des endettements importants, récurrents et qui perdurent. 5 2.4 Le secteur de l’industrie du bois L’Afrique Centrale est largement dotée en ressources naturelles; 46% de sa superficie totale est couverte de forêts denses qui représentent la deuxième forêt tropicale du monde après celle d’Amazonie. Les forêts constituent la deuxième source de recettes fiscales après le pétrole. Toutefois, la principale préoccupation en Afrique demeure la perte annuelle de ses forêts de l’ordre de 1,3 millions d’hectares2. Généralement, le bois non traité (grumes) domine les exportations, le Gabon et le Cameroun occupant le 3ème et le 4ème rang parmi les plus gros exportateurs de bois tropicaux dans le monde3. . Les contraintes, actions et atouts principaux du secteur dans la région sont établis comme suit : Contraintes et obstacles majeurs: garantie sur une longue durée d’une répartition équitable des avantages du développement entre les sociétés privées, l’Etat et les populations locales; préservation des immenses ressources de la biodiversité des forêts; et indisponibilité d’informations fiables; inadéquation de l’appui de l’Etat sous forme de mesures incitatives, si nécessaires, à la promotion des industries locales de transformation du bois; faible coordination des possibilités d’investissement et d’innovation dans les limites de la chaîne de valeur de production, de distribution et de commercialisation des produits finis du bois. Actions principales à mettre en œuvre et ayant un effet sur l’amélioration des performances de l’industrie: amélioration de la qualité des produits du bois; création d’institutions d’accréditation et de certification; mobilisation des ressources pérennes suffisantes pour le secteur industriel d’avant-garde, c’est-à-dire, l’accroissement des possibilités d’accès aux crédits en faisant baisser les taux d’intérêt; développement des infrastructures sociales et matérielles; systématisation de l’accès direct aux technologies visant essentiellement le renforcement des capacités industrielles et l’expansion du commerce; création d’un climat propice aux activités commerciales et à l’investissement; diversification dans les sous secteurs de valorisation ayant des avantages comparatifs; encouragement de la formation de partenariats et d’entreprises mixtes entre entreprises d’Afrique et de pays développés afin d’accroître les possibilités d’accès aux marchés; et mesures incitatives du gouvernement visant à promouvoir et accroître à court et moyen terme, les industries locales de transformation du bois. Principaux sous-secteurs à soutenir: renforcement des moyens d’usinage pour les produits du bois (produits ligneux). Principaux avantages comparatifs: pour les produits finis, surtout au niveau intra-groupe; et le coût de la main d'œuvre est relativement bas. 2 African preparatory conference for the World Summit on Sustainable Development; 2001; pg 5 3 Zafar & Kubota 2003: Regional integration in Central Africa: pg 13 &14 6 Questions de politique à adopter: imposer des redevances sur les exportations de bois non traité pour encourager le traitement local; utiliser le prélèvement dont il est question plus haut pour promouvoir les industries locales de traitement du bois ; accroître le volume de bois transformé localement; promouvoir la diversification des activités de traitement du bois; maintenir un plan durable de gestion forestière à long terme; réduire le rythme de la déforestation; mettre en œuvre les mesures visant à assurer la préservation des droits consacrés des populations forestières indigènes. La connaissance du secteur dans la région, est entravée par la carence de données statistiques uniformes et à jour, sur le volume de production et la composition des exportations comme le montre les analyses suivantes concernant seulement quelques pays et qui ne peuvent être que sommaires. Burundi Au Burundi, 5% des terres sont couvertes de forêts et le taux de déforestation se situe à 9% par an. On ne dispose pas d’estimations fiables sur la production, le traitement et l’exportation du bois. Cameroun La forêt camerounaise couvre environ 20 millions d’hectares, soit 44% du territoire. C’est la deuxième forêt d’Afrique après celle de la République démocratique du Congo. Cependant, la déforestation a causé une réduction sensible du patrimoine forestier. Le secteur forestier, qui contribue pour environ 6% à la formation du PIB génère actuellement environ 45 000 emplois dont près de la moitié dans le secteur informel. L’industrie du bois au Cameroun est l’une des plus développées d’Afrique. Elle s’est structurée grâce à la limitation en 1999 de l’exportation de grume et est à présent le 2ème produit d’exportation après le pétrole. La production de bois sous forme de grumes était de 2,.250 millions de m3 (2000/2001), tandis que celle de bois d’œuvre était de 2,700 millions de m3 (1999/2000). En 2002, les exportations de bois représentaient 15% du total des exportations en valeur, avec 290 millions d’Euros (190 milliards de francs CFA). On dénombre une centaine d’usines (scieries simples ou avec séchoirs, unités de déroulage, ateliers de menuiserie industrielle, parqueteries, ateliers de rabotage) souvent construites avec du matériel d’occasion acheté et reconditionné en Europe. Gabon L'industrie forestière (exploitation et première transformation) constitue le 2ème secteur économique et le 2ème employeur, après la fonction publique, avec environ 10 000 salariés, mais ne représente que 5% des exportations totales en valeur compte tenu de l’importance des industries extractives. Les exportations du Gabon représentaient 11,6% du PIB (2002) et seulement 12% du bois exporté était traité localement. Ce secteur souffre de crises cycliques dues aux fluctuations de la demande de produits bruts, notamment en Chine, son premier client, mais aussi des dysfonctionnements nés de la SNBG, société d'économie mixte chargée du monopole des exportations d'okoumé. La fin du monopole, datant de janvier 2006, ne s’est pas encore traduite par une restructuration du système. La transformation sur place, encore faible, est cependant en croissance depuis une dizaine d’années. L’activité des industries du bois regroupe 4 segments : (i) le sciage, activité la plus développée avec environ 40 scieries ; la production est constituée de lattes, de chevrons et de planches; (ii) le 7 déroulage vendu soit en l’état, soit en consommation intermédiaire pour la production de contreplaqués ; (iii) le tranchage réalisé par une seule usine appartenant aux « bois tranchés du Gabon » (BTIG) ; et (iv) la production de contreplaqués en okoumé (Rougier Gabon, Cora Wood, Siboga et SED). Guinée Equatoriale En Guinée équatoriale, la forêt couvre 2,2 millions d’hectares, soit 78% du territoire. L’exploitation forestière, pour l’essentiel concentrée sur la partie continentale du pays, demeure un secteur clé de l’économie, hors pétrole. L’exportation de bois ne représente cependant qu’environ 4% du total des exportations en 2003, contre 4,3% en 2002 (pour 31,8 Milliards FCFA en 2002). La production de bois a atteint 478 000 m³ en 2003 contre 531 000 m³ l’année précédente; et moins de 5% étaient transformés localement. Cinq essences constituent 80% des volumes. Congo Avec un potentiel de forêts exploitables d‘environ 13,8 millions d‘hectares, l’exploitation de la filière bois au Congo représente environ 13% des recettes d’exportations, en forte hausse depuis 1998 et l’attribution de nouvelles concessions. Les exportations de bois équivalaient à 188 millions USD, mais il n’y a aucune donnée disponible sur la composition des exportations, ni sur le volume de bois transformé localement.4 République Démocratique du Congo (RDC), En République Démocratique du Congo (RDC), la production de bois sous forme de grumes et de bois d'œuvre se chiffrait à 60 et 27 milliers de m3 respectivement, tandis que la capacité industrielle se situe à 30%. République centrafricaine (RCA) La RCA dispose de 3,6 millions d’hectares de forêt tropicale productive située dans le sud-ouest du pays - environ 5% du territoire national. Les volumes exploités sont de 700 000 m³ par an et devraient se stabiliser autour d’un million de m3 par an avec l’application des plans d’aménagement durable. Le secteur forestier est le secteur économique le plus performant du pays et joue un rôle important de levier pour le lancement de l’économie nationale. Avec plus de 4 000 salariés directs et plusieurs milliers de salariés indirects, le secteur forestier est le premier employeur privé du pays. Sa contribution aux recettes fiscales de l’Etat est significative et peut être au-delà de 20 Milliards FCFA par an. Les redevances et taxes forestières directes s’élèvent à environ 10 Milliards FCFA par an. La production économique du secteur correspond à environ 10% du PIB et 50% de la valeur des exportations, à partir d’une production de bois de 703 milliers de mètres cubes dont 71,2 millions de dollars US d’exportation en 2002. Rwanda Au Rwanda, 9% du sol est couvert de forêts, et l’on enregistre peu de production de bois à usage commercial. L’on ne dispose d’aucune estimation fiable sur la production, le traitement et l’exportation du bois. Sao Tomé et Principe Les exportations de bois de Sao Tomé & Principe, étaient estimées à 517 millions USD en 2003. Mais actuellement, les données statistiques concernant le volume des exportations et le niveau de traitement local du bois ne sont pas disponibles. 4 Profil de Pays de l’EIU (Economic Intelligence Unit) 2004 8 2.5 Le secteur agroalimentaire Bien que la production alimentaire ait augmenté dans un certain nombre de pays, dans la plupart d’entre eux elle s’est avérée insuffisante à satisfaire les besoins de la population en croissance. En outre, la transformation locale est faible en quantité et en qualité, à cause de plusieurs facteurs dont les coûts de production élevés, le manque d’infrastructure de contrôle qualité, d’accréditation et de normalisation, les entraves au commerce intra communautaire et le manque de mesures d’encouragement spécifiques de la part des gouvernements de la région. Cette situation ne permet donc pas des économies d’échelle et conduit à des prix relativement élevés ainsi qu’à une faible qualité des produits transformés localement par rapport aux produits importés. Il en résulte une plus grande dépendance vis-à-vis des aliments importés dans certains pays tels que la République du Congo, le Tchad, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Cameroun, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo. A titre d’exemple, à Sao Tomé et Principe, 17% des importations sont consacrées aux denrées alimentaires. La faible quantité de produits alimentaires transformés localement et le volume limités des échanges à l’intérieur de la région sont également dus à la faiblesse des infrastructures, au manque de capitaux et à la carence des moyens technologiques. De nombreuses niches de développement existent dans la chaîne des valeurs agroalimentaires qui ne sont malheureusement pas exploitées. Le tableau 2 ci – dessus illustre cette faible transformation agroalimentaire locale par la modicité de la contribution du secteur manufacturier à la formation du PIB des pays de l’Afrique Centrale. Tableau 2 : Contribution du secteur manufacturier à la formation du PIB des pays d’Afrique Centrale PAYS 1 Angola 2 Burundi 3 Cameroun* 4 Congo* 5 Gabon* 6 Guinée Equatoriale* 7 RCA* 8 RDC 9 Rwanda 10 Sao Tomé & Principe 11 Tchad* * Etat membre de la CEMAC 1995 7.3 48.1 40.2 10.5 8 51.6 46.2 57 44 20 35.8 AGRICULTURE 2004 8.6 40.1 41.1 6 8.1 7 55.6 48.4 41.2 18.5 24.1 2005 7.2 34.8 40.8 5.6 7.7 7 53.9 46 42.2 21.8 22.7 INDUSTRIE MANUFACTURIERE 1995 2004 2005 4 4 3.6 9.5 8.5 8.8 10.2 7.4 7.1 8.1 6 5.5 5 4.8 4.5 0.1 3.5 3.5 10.2 0.1 0.1 5 5.3 5.5 10.2 10 9.5 0.1 0.1 0.1 11.2 5.2 4.7 Sources : Banque Mondiale, BAD et ONUDI Les contraintes, les actions et les atouts principaux du secteur agroalimentaire en Afrique Centrale sont les suivants : Contraintes et obstacles majeurs: manque d’installations de stockage des produits; difficultés de préservation des installations de conditionnement et de transformation existantes; insuffisance des installations de conditionnement; insuffisante livraison des marchandises selon les quantités et dans les délais requis; 9 - manque de mécanismes fiables de contrôle alimentaire et de règles appropriées en matière de sécurité et de qualité des aliments; coûts élevés de l’énergie; fourniture d’eau inadéquate; manque de moyen de contrôle sur les importations de produits alimentaires; manque de primes d’encouragement à l’exportation; et inefficacité des institutions de recherche et de formation en agriculture. Actions principales à mettre en œuvre et ayant un impact sur l’amélioration du secteur de l’agroindustrie: mobilisation de ressources suffisantes et durables pour le secteur de l’agro-industrie, telle que l’allocation d’au moins 10% des ressources budgétaires nationales à l’agriculture5 et l’amélioration de l’accès au crédit par la réduction des taux d’intérêt; développement des infrastructures sociales et matérielles; création d'institutions d’accréditation et de certification; organisation de l’accès direct aux technologies grâce à un système de portail électronique (base de données) afin de renforcer les systèmes de technologie agricole visant à valoriser et améliorer les capacités industrielles et l’expansion du commerce; création d’un climat favorable au commerce et aux investissements; diversification vers les domaines d’avantages comparatifs; promotion de la recherche et du développement agricole, de l’invention et de l’innovation technologique; encouragement à la formation de partenariats et d’entreprises mixtes entre des entreprises d’Afrique et de pays développés pour accroître les possibilités d’accès aux marchés; et mesures incitatives du gouvernement pour le renforcement à court et moyen terme des industries locales de transformation des produits agroalimentaires. Dans ce cadre, des mesures spécifiques et concertées devraient être prises par les gouvernements pour la valorisation des brevets de la région déposés auprès de l’OAPI et ayant atteint un niveau suffisant de maturité pour leur valorisation Principaux sous-secteurs à soutenir: l’après récolte par la diminution conséquente des pertes observées, notamment en promouvant les aliments biologiques secs et les produits maraîchers; la sécurité alimentaire; l’accès aux marchés, notamment aux marchés des pays industrialisés; et la prise de position à l’échelle sous-régionale pour demander la réduction des subventions accordées aux produits agricoles des principaux pays à revenu élevé, en particulier dans le cadre des négociations de l’accord de partenariat entre la sous région et l’Union européenne. Principal avantage comparatif: les salaires relativement bas ; et avantages comparatifs pour tous les produits alimentaires au niveau sous-régional (intragroupe); Question de politique à adopter: renforcer la promotion de la participation du secteur privé dans l’élaboration des politiques et stratégies ; 5 NEPAD: deuxième rapport d’ensemble sur le niveau atteint dans la mise en œuvre du soutien international: 2004; p. 7 10 - - améliorer la qualité pour garantir la sécurité alimentaire (qualitatif) et l’exportation des produits semi– finis et finis ; promouvoir la transformation locale de manière à accroître le volume des produits agroalimentaires transformés localement; analyser et satisfaire les besoins et les souhaits des consommateurs; - exploiter les compétences et technologies pour accroître l’efficacité et l’efficience. - Tout comme dans le secteur de l’industrie du bois, les données statistiques actualisées et uniformes sur le volume de la production et des exportations font défaut pour permettre une étude approfondie pouvant mener à des conclusions fiables sur l’état du secteur de l’agroalimentaire dans les pays. Burundi En terme de matières premières, il y a trois groupes de produits classiques. Il s’agit des racines et tubercules (manioc, patate douce, pomme de terre), des céréales blé/ triticale, maïs, orge de brasserie, riz, fruits et légumes, palmier à l’huile, canne à sucre. Le tissu d’entreprises agroalimentaires du pays est encore peu développé. Selon l’association des industriels du Burundi (AIB), le pays compte dans la branche agroalimentaire, deux sous secteurs : structuré et informel. Le sous secteur structuré met sur le marché 32 types de produits grâce à 103 entreprises industrielles identifiées dont les principales sont: 7 boucheries, 6 boulangeries, 2 usines de production de jus de fruits (Fruito et Liquids), 1 confiserie (Confibu), 1 minoterie (Minolacs), 2 huileries (Rafina pour la graine de coton et Savonor pour la transformation des graines de palme), 2 usines de production d’aliments de batéail (Vitamix et Sofab), 1 usine de tabac (BTC), 1 complexe sucrier (Sosumo) et 1 brasserie (Brarudi).. Les grandes entreprises que sont la Sosumo (sucre), la brasserie Brarudi , la minoterie (Minolacs) et l’usine de tabac (BTC) totalisent à elles seules 39 milliards FCFA (78 millions USD) d’investissements sur un total de 45 milliards F CFA (90 millions USD) d’investissement dans le secteur agroalimentaire au Burundi; soit 85% des capitaux. En 2004, le Burundi comptait 35 573 emplois dans le secteur privé moderne (35% des emplois modernes, les autres 65% sont des emplois crées par l’Etat) dont seulement 2 966 emplois et 882 emplois respectivement dans l’agroalimentaire et le bois et papier. Le secteur informel agroalimentaire est relativement dynamique au Burundi, notamment les boulangeries, les boucheries, les décortiqueuses de riz, les moulins, les fabriques de jus de fruits, les producteurs d’huile de palme, les poissonneries, etc. Au total, 158 unités artisanales représentatives du secteur agroalimentaire, ont été dénombrées à travers le pays. Elles créent 452 emplois (13,6% des emplois du secteur informel du pays). Malheureusement, ces entreprises ne respectent aucune norme de qualité. Cameroun Les industries agroalimentaires figurent parmi les branches les plus représentatives du secteur industriel du pays, à travers l’industrie brassicole (SABC groupe Castel, UCB, etc.) ou d’eau minérale, l’industrie sucrière (Sosucam et Nosuca), l’industrie laitière (Camklait, Nestlé, Toplait, etc.), la confiserie et la transformation de cacao (Sic cacaos, chococam, OK food), de café (Uccao, Brûlerie moderne), de thé (CTE), de graine de coton et autres huileries. Les autres unités agroalimentaires sont constituées de l’industrie du sel et bouillons (Selcam, Socapursel, etc.), la boulangerie et pâtisserie (Acropole, etc.), l’emballage, le conditionnement de bananes et d’ananas pour l’exportation et la transformation de fruits. 11 L'agriculture et la sylviculture demeurent les principales activités économiques du Cameroun, représentant plus de 40% du PIB et occupant 60% environ de la population. Congo Le secteur de l’agroalimentaire au Congo est dominé par les boissons et l’industrie sucrière. Les industries des boissons et eaux minérales sont les Brasseries du Congo (Brasco), les Boissons Africaines de Brazzaville (BAB), la Société Nouvelle des Plastiques du Congo (SN PLASCO) pour les emballages alimentaires et la société Rafraîchissants, Glaces et Eau du Congo (RAGEC). Le pays compte également 7 entreprises de lait et produits dérivés (Bayo; Sele, Auguste; Prichel, Ragec; Samo et Congo-Lait), un complexe sucrier (la Société Agricole et de Raffinage Industriel du Sucre, Saris), une minoterie (Minoco), une huilerie d’arachide (N’KAYI), un complexe agroindustriel de culture et de transformation du manioc en cossettes (NG Entreprises), de nombreuses boulangeries et une usine de tabac (la Société Industrielle et Agricole du Tabac Tropical, SIAT). Ces entreprises emploient environ 30 000 personnes, soit près du tiers des emplois modernes dans le pays. Les activités de charcuterie sont réalisées par quelques entreprises artisanales et semi-industrielles et n’ont qu’un impact très limité sur le marché national. La transformation industrielle des produits de la pêche est quasi inexistante malgré le potentiel halieutique important dont dispose le pays (80.000 tonnes/an pour les eaux maritimes et 100.000 tonnes /an pour les eaux continentales. Sur le marché local, les produits de l’agroalimentaire sont peu compétitifs et en proie à la concurrence des produits importés comprenant les produits de contrebande, tandis que dans le même temps, le Congo importe en moyenne pour plus de 100 milliards de FCFA par an (200 millions USD) de produits agroalimentaires. Les entreprises du secteur sont confrontées à des problèmes d’organisation et de gestion, de réglementation, de qualité, de coûts élevés des facteurs de production liés notamment à l’insuffisance des infrastructures de transport et des voies de communication Gabon Le secteur de l’agroalimentaire au Gabon est dominé par l’industrie sucrière, les boissons et la transformation du palmier à huile. Les entreprises de ces domaines sont la SUCAF Gabon (sucre), la SIAT Gabon (huilerie) et la brasserie du Gabon. La SIAT Gabon est également active dans la production d’aliments de bétail. Le pays compte de nombreuses boulangeries. République Centrafricaine (RCA) Les principales cultures pratiquées en République Centrafricaine, sont le coton, le café, la canne à sucre, le tabac, le palmier à huile, le manioc, l’igname, les taros, la patate douce, la pomme de terre, le maïs, le mil, le sorgho, le riz, l’arachide, le sésame, le karité, la banane plantain, les piments, le poivre et les légumineuses. Les principales entreprises agroalimentaires sont la Centrapalm (huile de palme), SUCAF (sucre), la société HUSACA (farines de maïs, trituration de la graine de coton, huiles de tables), la société MKA (torréfaction du café) et les deux brasseries. République Démocratique du Congo (RDC) La mouture est la seule transformation que subissent les graines et féculents. L’activité est réalisée par des minoteries dont les principales sont : CDI Bwamanda, Nganing, Midema, Copemeco, Foleco, Minocongo, Minoki. Pour ce qui est du maïs et du manioc, il existe beaucoup de petits moulins à travers le pays. Ensuite, divers acteurs utilisant la farine de blé comme matière première (boulangeries, pâtisseries, biscuiteries, …). 12 Le soja, ailleurs très cultivé pour son huile, est essentiellement produit en RDC pour la production de la farine qui est utilisée dans la consommation humaine (lait de soja, bouillie de soja,…) et la biscuiterie (Congo Future, Sulfo Congo…). Le palmier à huile est la principale culture d’exploitation pour la production des corps gras par plusieurs huileries: Quelques unités produisent l’huile d’arachide. Plusieurs petits exploitants fabriquent dans des grandes villes du lait caillé et du yaourt mais avec du lait en poudre importé. Ces exploitations sont pour la plupart familiales donc restreintes dans lesquelles la femme joue un rôle important. La pêche est pratiquée essentiellement à l’échelle artisanale et aucune industrie de transformation des poissons n’existe dans le pays, malgré toutes les potentialités dont dispose le pays. On y trouve de petites exploitations artisanales et familiales qui sont actives dans la conservation du poisson par salaison, séchage et fumage. Ces transformations artisanales du poisson sont des activités pratiquées en majorité par les femmes, épouse des pêcheurs, femmes mareyeurs, commerçantes, etc. III. LA NECESSITÉ DE METTRE EN ŒUVRE EN PRIORITÉ UN PROGRAMME REGIONAL DE LA QUALITÉ EN AFRIQUE CENTRALE 3.1 La compétitivité des produits du bois et l’infrastructure qualité en Afrique Centrale Dans le passé, l’obligation faite aux exploitants de transformer une partie des grumes s’est traduite par la création d’un nombre important de scieries dont beaucoup fonctionnent très en dessous de leur potentiel et dont l’équipement est souvent vétuste et mal entretenu. En outre, ces entreprises ont une mauvaise connaissance des marchés étrangers, elles sont fréquemment approvisionnées en grumes de qualité inférieure à celles qui font l’objet d’exportation et elles doivent faire face à d’importantes difficultés financières (coûts du crédit pour l’achat d’équipement, manque de devises et restriction des importations, lourdes taxations qui ne favorisent pas assez la transformation sur place). Les «autres industries du bois» ont une capacité de production très limitée car elles sont souvent le résultat d’une simple implantation dans une complexe scierie-déroulage-tranchage de machines complémentaires et parfois vétustes. Elles sont considérées comme accessoires et servent surtout pour récupérer les déchets. Or la récupération des déchets est l’une des mesures les plus importantes et les plus urgentes pour augmenter le rendement d’une matière première devenue rare et coûteuse dans certains pays. Toutes ces dernières années, un effort a été entrepris dans ce sens, permettant à certaines entreprises forestières d’investir dans la transformation (exemple: le Gabon, le Cameroun, où certaines entreprises sont en pleine modernisation). Mais il reste à l’intensifier. Dans le même temps, l’évolution du marché mondial des produits du bois offre d’importantes opportunités et niches que ne peuvent saisir les entreprises d’Afrique Centrale à causes, d’une part, des leurs coûts de production non compétitifs par rapports aux prix pratiqués notamment par les producteurs indonésiens, malaisiens et brésiliens, et d’autre part, de la faible qualité des produits du bois issus d’Afrique Centrale. 3.2 La compétitivité des produits agroalimentaires et l’infrastructure qualité en Afrique Centrale Globalement, le secteur agroalimentaire de l’Afrique Centrale pêche par la qualité des produits même si la région est dotée de quantités importantes de matières premières. De nombreuses entreprises ne respectent aucune norme de qualité, parce qu’il y a un manque d’infrastructure qualité au niveau régional et national : accréditation, laboratoire de référence et d’inspection, 13 normalisation, promotion de la qualité, protection des consommateurs. Cette faiblesse résulte non seulement du manque d’infrastructure, mais également du manque d’une expertise technique nationale pouvant appuyer cette infrastructure qualité. L’appui de l’ONUDI a tout de même permis au Burundi de mettre en œuvre le Programme intégré du développement industriel (l’ONUDI est l’agence d’exécution) qui a déjà financé une formation en transformation agroalimentaire et les techniques de gestion de base. Potentiellement, sans le gel des aides extérieures, le Centre National de Technologie Alimentaire (CNTA), l’Institut de Recherches Agronomique du Burundi (ISABU), le laboratoire de contrôle de qualité et de normalisation, seraient les institutions de soutien important. Bien que le Cameroun dispose du secteur industriel le plus diversifié de la zone CEMAC, le système de normalisation et de métrologie y est encore embryonnaire. Au Congo, le Gouvernement a mis en place depuis quelques années, des structures d’appui pour accompagner le développement industriel et agricole et la valorisation des ressources locales, notamment (i) le Centre national de conception et de fabrication techniques (CNCFT) affilié au Centre Régional Africain de Fabrication Technique (CRAFT) pour le développement des technologies endogènes, et (ii) le Centre de normalisation et de contrôle de qualité pour la mise en place et la gestion d’un système national de normalisation et de gestion de la qualité. En RDC, bien que ne disposant pas de l’infrastructure nécessaire en matière de normalisation et d’accréditation, le pays est membre de l’organisation régionale africaine de normalisation (ORAN) sur laquelle il peut s’appuyer pour mettre en place une infrastructure nationale. Cela montre combien le gouvernement est conscient de la situation et veut se donner les moyens pour solutionner la problématique. 3.3 Les stratégies pour le renforcement des capacités productives en Afrique Centrale Les stratégies retenues pour la poursuite de l’initiative pour le renforcement des capacités visant à améliorer la capacité industrielle des secteurs prioritaires découlent des conclusions des rencontres sous - régionales en Afrique Centrale: • • • • • • Harmoniser les politiques industrielles régionales d’Afrique Centrale; Atteindre l’objectif visant à traiter en Afrique au moins 30 % du bois d’Afrique Centrale d’ici l’an 2010; Etablir une Initiative de Renforcement des Capacités Productives de l’Afrique pour l’Afrique Centrale mettant l’accent particulièrement sur l’agroalimentaire et l’industrie du bois assortie de la création d’ouvertures financières régionales sectorielles; Améliorer la qualité des infrastructures de la sous-région en créant un système d’accréditation, de normalisation et de promotion de la qualité en Afrique Centrale. Cela pourrait inclure une conjonction avec les marchés internationaux; Renforcer la coordination entre les décideurs d’Afrique Centrale et renforcer le processus de négociation collective au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et dans le cadre des négociations de l’Accord de partenariat économique entre l’Afrique Centrale et l’Union européenne ; et Appliquer un principe de travail novateur – la « démarche ascendante » qui associe les partenaires sociaux, le secteur privé, et les institutions d’appui avec un nouveau dynamisme collectif en vue de soutenir les activités liées au “Pacte Global”, pierre angulaire du Pacte mondial des Nations Unies. 14 Pour garantir une coordination harmonieuse de toutes les mesures ainsi que l’appropriation entière de l’Initiative pour le Renforcement des Capacités Productives de l’Afrique pour l’Afrique Centrale et de sa Facilité d’Appui (le mécanisme de financement), il a été fortement recommandé d’établir des mécanismes de partenariat entre secteurs public et privé. 3.4 Conclusions De ce qui précède, il ressort que les accords de facilitation ou de préférences commerciales tels que l’AGOA (loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique) et EU-EBA (Union européenne – Tout Sauf les Armes), ne constituent aucunement une garantie, mais plutôt de simples occasions de durée limitée permettant aux exportations africaines d’avoir accès aux marchés des pays industrialisés. Au demeurant, l’amélioration et l’accroissement de la capacité de production deviendront de plus en plus partie intégrante des négociations avec les partenaires au développement, notamment dans le cadre de l’Accord de Partenariat Economique.(APE) entre l’Afrique Centrale et l’Union européenne. Ainsi, le rendement industriel au niveau national ou/et régional, devra nécessairement être ancré sur les politiques favorisant la manufacture de produits de qualité répondant aux standards internationaux et capables d’affronter la concurrence sur tous les marchés, qu’ils soient nationaux, régionaux ou internationaux. Le plan d’actions 2007-2009 de l’IRCPA pour l’Afrique Centrale prévoit, entre autres, l’augmentation d’au moins 50% de la valeur des exportations des produits transformés à l’horizon 2015. Cela suppose que ces produits pénètrent les marchés d’exportation où la compétition est rude et porte à la fois sur la qualité et sur les prix. Aussi, importe – il d’assurer au préalable ou nécessairement la qualité des produits transformés existants et de faire en sorte que toutes les nouvelles transformations locales se fassent en empruntant le créneau qui sera établi en matière de qualité, à travers un système d’accréditation, de normalisation et de la qualité, tant au niveau national que sous régional. Par ailleurs, des facilités seront mises en œuvre pour s’assurer que les intervenants du secteur privé prennent progressivement la direction de la gestion des organes de normalisation. Ceci les encouragerait à percevoir leur rôle en tant que partenaires tout en favorisant des améliorations de la qualité des produits. En plus du renforcement des capacités industrielles africaines, le respect des normes internationales et des meilleures pratiques dans la production, la gestion et la constitution de réseaux, il est important pour les industries sous-régionales de tirer parti des mesures de facilitation du commerce intra communautaire qui malheureusement dans le cas de l’Afrique Centrale, est en bute à des pesanteurs douanières et administratives qui font obstacle au libre – échange des biens, notamment les produits finis fabriqués dans la région. Il convient de noter également qu’à l’intérieur des frontières de l’Afrique Centrale, il existe plusieurs obstacles à la libre circulation des personnes. Dans le cadre de l’APE entre la sous – région et l’UE dont l’un des objectifs est le renforcement de l’intégration sous régionale, si le commerce intra communautaire n’est pas facilité, offrant ainsi une économie d’échelle aux entreprises locales, celles – ci risquent d’être en cessation d’activité parce que ne pouvant supporter la concurrence des produits importés d’Europe. Cela généra des problèmes importants pour la région qui ont pour noms le chômage, l’accroissement de la pauvreté…. 15 ANNEXE 1 PIB DES ETATS DE LA CEEAC ET DE LA CEMAC EN 2005 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 PAYS PIB en 2005 (Milliards USD) % du PIB Région Angola Burundi Cameroun* Congo* Gabon* Guinée Equatoriale* République centrafricaine (RCA)* République Démocratique du Congo (RDC) Rwanda Sao Tomé & Principe Tchad* 32.8 0.8 17 5.1 8.1 3.2 1.4 7.1 2.1 0.06 5.5 39.4% 1.0% 20.4% 6.1% 9.7% 3.8% 1.7% 8.5% 2.5% 0.1% 6.6% TOTAL CEEAC 83.16 100.0% TOTAL PAYS PRODUCTEURS DE PETROLE TOTAL CEMAC * Etat membre de la CEMAC 71.7 40.3 86.2% 100.0% Sources : Banque Mondiale, BAD et ONUDI I ANNEXE 2 Page 1 de 2 STRUCTURE DU PIB DES ETATS DE LA CEEAC ET DE LA CEMAC EN 2005 SECTEURS PIB (en (Milliards USD) PAYS 1 Angola 32.8 2 Burundi 0.8 3 Cameroun* 17 4 Congo* 5.1 5 Gabon* 8.1 6 Guinée Equatoriale* 3.2 7 République centrafricaine (RCA)* 1.4 République Démocratique du 8 Congo (RDC) 7.1 9 Rwanda 2.1 10 Sao Tomé & Principe 0.06 11 Tchad* 5.5 MOYENNE CEEAC MOYENNE CEMAC * Etat membre de la CEMAC 83.16 40.3 % du PIB Région 39.4% 1.0% 20.4% 6.1% 9.7% 3.8% 1.7% AGRICULTURE (%) 7.2 34.8 40.8 5.6 7.7 15.1 53.9 INDUSTRIE (%) 74 20 14 46.4 57.6 80 21.4 dont MANUFACTURE (%) 3.6 8.8 7.1 5.5 4.5 3.5 0.1 SERVICES (%) 18.8 45.2 45.2 49 34.7 4.9 24.8 8.5% 2.5% 0.1% 6.6% 46 42.2 21.8 22.7 25.3 20.2 18.6 51.2 5.5 9.5 --4.7 28.7 37.6 59.6 26.1 100.0% 100.0% 20.6% 25.6% 50.2% 37.4% 4.9% 5.5% 29.2% 37.1% Sources : Banque Mondiale, BAD et ONUDI II ANNEXE 2 Page 1 de 2 SECTEURS PAYS 1 2 3 4 5 6 7 Angola Burundi Cameroun* Congo* Gabon* Guinée Equatoriale* République centrafricaine (RCA)* République Démocratique du 8 Congo (RDC) 9 Rwanda 10 Sao Tomé & Principe 11 Tchad* MOYENNE CEEAC MOYENNE CEMAC * Etat membre de la CEMAC 32.8 0.8 17 5.1 8.1 3.2 1.4 AGRICULTURE (en (Milliards USD) 2.36 0.28 6.94 0.29 0.62 0.48 0.75 INDUSTRIE (en (Milliards USD) 24.27 0.16 2.38 2.37 4.67 2.56 0.30 dont MANUFACTURE (en (Milliards USD) 1.18 0.07 1.21 0.28 0.36 0.11 0.00 SERVICES (en (Milliards USD) 6.17 0.36 7.68 2.50 2.81 0.16 0.35 7.1 2.1 0.06 5.5 3.27 0.89 0.01 1.25 1.80 0.42 0.01 2.82 0.39 0.20 0.00 0.26 2.04 0.79 0.04 1.44 83.16 40.3 17.14 10.33 41.75 15.09 4.07 2.22 24.32 14.93 PIB (en (Milliards USD) Sources : Banque Mondiale, BAD et ONUDI III