homelie de l`abbe christian gouyaud pour le 1 dimanche de l`avent

Transcription

homelie de l`abbe christian gouyaud pour le 1 dimanche de l`avent
HOMELIE DE L’ABBE CHRISTIAN GOUYAUD
POUR LE 1er DIMANCHE DE L’AVENT
Mes bien chers frères,
En ce premier dimanche de l’Avent, premier jour de l’année liturgique nouvelle, nous sommes
invités instamment par l’Apôtre à sortir du sommeil et à nous tenir éveillés. « C’est l’heure »
en effet, dit-il, « de nous réveiller enfin du sommeil. La nuit est avancée et le jour approche.
Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. » Les
Evangiles aussi foisonnent de cette idée. Par exemple, en saint Marc au chapitre 13ème,
Jésus nous dit que quand le maître de maison parti en voyage revient - qu’il revienne le soir
ou à minuit, au chant du coq ou le matin - s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il
trouve son serviteur endormi. Il s’agit donc de sortir du sommeil.
Non pas, bien sûr, de n’importe quel sommeil. Il ne s’agit pas de sortir du sommeil du juste,
du sommeil de saint Joseph par exemple. Saint Joseph était sans doute un homme qui
dormait bien puisque Dieu ne lui parlait qu’en songe : c’était le sommeil du juste. Charles
Péguy fait ainsi parler Dieu : Je n’aime pas, dit Dieu, celui qui ne dort pas. Je n’aime pas ceux
qui ont le courage de travailler mais qui n’ont pas le courage de ne rien faire. Ils gouvernent
très bien leurs affaires pendant le jour mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement
pendant la nuit comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une
nuit. A travers ces paroles, le poète signale que l’inquiétude incessante, au fond, s’oppose à
la confiance et à l’abandon à la Providence.
Il ne s'agit donc pas du sommeil du juste mais il s’agit d’une forme d’assoupissement, de
torpeur spirituelle qui nous gagne peut-être insensiblement. Cet assoupissement, cette
torpeur spirituelle, on l'appelle l’acédie, mot qui signifie la tristesse du bien divin, le dégoût
pour les réalités sacrées, l’extinction, l’atrophie du désir de Dieu, une sorte de trou noir dans
notre vie chrétienne, qui nous fait - et en ce sens, on appelle acédie aussi la paresse spirituelle
- toujours remettre au lendemain le processus de conversion profonde. L’acédique, en effet,
pèche par procrastination, il remet toujours au lendemain, il ne vit pas hic et nunc, ici et
maintenant, mais il vit ailleurs et plus tard. En ce sens, le sommeil sied bien à l’acédique car
le sommeil, nous le savons, permet aux rêves de nous envahir. Le rêve s’exonère des repères
spatio-temporels. Le rêve nous fait perdre le principe de réalité. Vous savez que pécher, en
quelque sorte, c’est préférer le fantasme à la réalité.
Eh bien, celui qui vit dans cet état de torpeur, d’acédie, de paresse spirituelle, est incapable
de se laisser surprendre par l’irruption de la grâce dans sa vie. Car la grâce n’entre jamais
que par irruption dans notre vie. La soudaineté de la grâce est intrinsèquement liée à la
gratuité de la grâce. Parce que Dieu est souverainement libre, son action est parfaitement
imprévisible. De là cette attitude de veille, de vigilance, d’attente et de disponibilité requise
pendant ce temps de l’Avent. En deux mots : semper parati, soyez toujours prêts !
Alors, oui, soyons des guetteurs de l’aurore, des veilleurs de l’espérance, des sentinelles de la
promesse afin de devenir, dans quatre semaines, les témoins de l’avènement du Christ.
Amen.
30 novembre 2014
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement.
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