La belle porte - Église Évangélique Libre d`Aix en Provence
Transcription
La belle porte - Église Évangélique Libre d`Aix en Provence
Église Évangélique Libre d'Aix en Provence BP 510 3 Avenue du Deffens 13 091 Aix en Provence Cedex 02 Pasteur Pa steur Frédéric Baudin Prédication du 12 février 2012 La belle porte Actes des Apôtres 3.1-10 Benjamin Turrillo Pasteur de l'Église Évangélique Libre de Marseille Introduction Il arrive (il faut espérer le plus souvent possible) qu’à la lecture de la bible un verset nous surprenne particulièrement et éveille bon nombre de questions. Parfois, ce verset vient trotter dans notre tête tout le jour, voire même s’inviter dans les autres lectures que nous faisons de la Bible. Il faut se méfier de tirer un verset hors de son contexte cependant, quand ce verset entre en résonnance avec l’autre lecture, pourquoi ne pas tenter un pont entre votre verset vagabond et le texte abordé. C’est ce que je vous propose ce matin. Nous allons lire ensemble un texte des Actes des Apôtres au chapitre 3, mais auparavant, écoutons notre « verset vagabond », celui qui trottera peut-être dans votre tête : Ecclésiaste 1.9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Voici les paroles de Qohéleth, fils de David, voici son regard sur les hommes, les hommes et leurs vies, les hommes et leurs œuvres. Cette maxime n’invite pas à la joie, le plus dur c’est le « rien » : il n’y a rien de nouveau ! Cependant cette phrase pose une question, à savoir : En est-il vraiment ainsi ? Ou mieux : Qui pourra nous apporter la nouveauté ? Nous allons tenter de répondre à ces questions en lisant un autre texte dans le livre des Actes. Lecture Actes 3, 1-10 Pierre et Jean montaient au temple à l'heure de la prière (la neuvième heure). ___________________________________________________________________________________________ Benjamin Turrillo Page 1 / 5 Prédication du 12 février 2012 Église Évangélique Libre d'Aix en Provence La belle porte Actes 3.1-10 Or, on portait un homme infirme de naissance, qui était placé tous les jours à la porte du temple appelée la Belle, pour demander un acte de compassion à ceux qui entraient dans le temple. Voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, il se mit à demander un acte de compassion. Pierre, avec Jean, le fixa et dit : "Regarde-nous." Lui, les observait, s'attendant à recevoir d'eux quelque chose. Mais Pierre dit : "Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j'ai, je te le donne : par le nom de JésusChrist le Nazôréen, lève-toi et marche !" Le saisissant par la main droite, il le fit lever. A l'instant même, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes ; d'un bond il fut debout et il se mit à marcher. Il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu. Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. On le reconnaissait : "c'était lui qui était assis à la Belle Porte du temple pour demander des actes de compassion" ; les gens furent remplis d'émoi et de stupéfaction au sujet de ce qui lui était arrivé. Prière Seigneur notre Père, ta parole est vérité. Conduis-nous dans la vérité de ta parole. Amen. Constat et parallèles Au début du texte des Actes, nous nous engageons sur le même chemin du Qohéleth, c'està-dire l’absence de nouveauté sous le soleil. Voici un homme infirme dont la vie est d’une dramatique routine : on l’amène tous les jours à la porte du temple. Puis, plus loin, encore une donnée importante et toute aussi dramatique : il est exclu du sanctuaire. En faisant mention par deux fois au verset 2 et au verset 3 de « ceux qui entraient dans le temple », l’auteur souligne que ce mendiant ne peut justement pas entrer dans le temple, il reste passif à la porte de l’édifice : il est donc hors-jeu de toute vie religieuse ! Les choses sont ainsi et il semble impossible qu’elles changent. Pour cet homme, rien de nouveau sous le soleil… Pourtant l’auteur va amener son texte vers la nouveauté, vers l’originalité, comment dire ? Ce jour-là, la routine va accueillir la nouveauté. La nouveauté par le regard En effet, on peut observer dans le texte comme une variation sur le thème du regard : - Au verset 3 : d’abord le mendiant voit les deux disciples venir au temple, c’est son regard habituel, son regard « demandeur-d’aumône », - Puis au verset 4 : un autre regard apparait, celui des disciples : « Pierre fixe l’homme ». ___________________________________________________________________________________________ Benjamin Turrillo Page 2 / 5 Prédication du 12 février 2012 Église Évangélique Libre d'Aix en Provence La belle porte Actes 3.1-10 L’attitude de Pierre et Jean est assez inhabituelle en pareille circonstance, il me semble qu’un acte de compassion c'est-à-dire, concrètement, donner une pièce à un mendiant est plutôt un acte rapide où pour X raisons, on ne prête guère attention à celui qui nous tend la main. On ne fixe surtout pas du regard, le SDF. Or ici, Pierre et Jean fixent l’homme. Le verbe utilisé évoque un regard intense, - même regard qu’Etienne fixant le ciel lors de son exécution. C’est dire si ce regard est fort, profond. Ainsi ce regard est tout à fait original en cette circonstance. Mais avançons, une deuxième originalité est là, et encore une fois par le regard : Au verset 4, Pierre dit : « Regarde-nous » Pour ce mendiant, cette parole est essentielle, elle est un changement de statut. Depuis le début du récit cet homme est anonyme, il n'est presque qu’un objet déposé tous les jours à la Belle porte du temple. Cette parole de Pierre « Regarde-nous » humanise le mendiant. Pour les disciples il est avant tout un homme que l’on fixe du regard et auquel on parle, c'est-à-dire un humain à part entière auquel il faut prêter attention. Avec cette variation autour du regard, j’ai l’impression que les disciples proposent au mendiant un changement de regard sur sa vie, il s’agirait pour lui de regarder le monde du regard des disciples. Bilan - première réflexion : Deux regards se croissent donc ce jour-là à la porte du temple, l’un symbole d’attentehabitude et l’autre symbole d’inattendu-changement, tout laisse présager que quelque chose d’inhabituel va se passer. La nouveauté par la parole de Pierre La parole de Pierre fait pivoter le récit. Verset 6 : "Je ne possède ni argent ni or, mais ce que j’ai-je te le donne : dans le nom de Jésus-Christ le Nazôréen, lève-toi et marche…" Incroyable parole ! Le disciple se met au niveau du mendiant, il n’a pas plus d’argent que lui ! Mais ici, le manque de l’apôtre est surpassé par un avoir supérieur, un avoir dont Pierre peut donner, lui qui n’a rien : il peut donner ce qui n’est pas de lui, ce qui n’est pas lui ! Il laisse l’espace entièrement à un Nom, Jésus-Christ. ___________________________________________________________________________________________ Benjamin Turrillo Page 3 / 5 Prédication du 12 février 2012 Église Évangélique Libre d'Aix en Provence La belle porte Actes 3.1-10 Invoquer le nom de Jésus c’est se placer sous son autorité, c’est laisser le maître agir. Et par le nom de Jésus, l’homme boiteux et mendiant est littéralement ressuscité ; il est relevé ; un chemin nouveau s’offre à lui. Le Christ libère l’homme de la fatalité, de sa vie de mort vivant. La nouveauté vient de Dieu Revenons à la question du début, posée au sujet de la maxime de Qohéleth : "Qui apportera la nouveauté sous le soleil ?" Je crois que le Qohéleth a raison, il n’y a rien de nouveau sous le soleil parmi les hommes, entre les hommes et avec les hommes ! En effet, pour le Qohéleth comme pour les auteurs de la Bible et pour les disciples, depuis toujours, la nouveauté ne vient pas des hommes, mais de Dieu ! C'est en cela qu'il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! C’est de Dieu que vient et viendra toujours la nouveauté ! Rappels historiques : - c’est lui, Dieu, qui a délivré son peuple de l’esclavage, apportant la nouveauté de la libération, - c’est Dieu qui a donné ses lois aux hommes les libérant de l’idolâtrie. Ce jour-là devant le temple : La nouveauté de Dieu est partout : elle est dans le regard fixé par les disciples sur ce mendiant ; elle est dans la parole de Pierre et elle est dans ce miracle. Or cette nouveauté a un Nom : c’est Jésus. Sans Lui rien n’aurait été possible et ne sera possible : il est la nouveauté de Dieu pour les hommes ! Comment ? C’est le seul nom qui permette aux hommes d’entrer dans la présence de Dieu. L’Évangile du Christ est porteur d’un message intégrateur, promesse d’un avenir ouvert à tout homme. Il en est de même pour ce mendiant. Lui aussi peut entrer dans le temple pour louer Dieu et cela de la plus belle des manières par la Belle Porte... La Belle porte Pourquoi Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, nous précise-t-il ce lieu ? ___________________________________________________________________________________________ Benjamin Turrillo Page 4 / 5 Prédication du 12 février 2012 Église Évangélique Libre d'Aix en Provence La belle porte Actes 3.1-10 Cela est étonnant, si vous cherchez sur une représentation graphique du temple de Jérusalem la Belle Porte : vous ne la trouverez pas, elle n’existe pas ! Or je crois que ce « flou » est fait exprès. Frères et sœurs je suis convaincu que ce texte tiré des Actes des apôtres est un condensé de l’évangile, la bonne nouvelle de Dieu. Voyez : le nom du Christ permet au mendiant boiteux d’entrer par la belle porte pour qu’il puisse louer Dieu dans le temple, lieu de la présence de Dieu, autrement dit, le nom de Christ ouvre à la présence de Dieu. Frères et sœurs cette belle porte existe : c’est le Christ. Conclusion : Christ la nouveauté permanente permanente ! Fondamentalement, je crois que ce texte est un antidote contre la routine, voire même une protestation, ou même une mise en garde ! Il nous dit : ne nous habituons pas à l’évangile, n’acceptons pas de nous laisser enfermer dans la routine des hommes. Là aussi, laissons le Christ nous surprendre, laissons le Christ nous relever, nous ressusciter à la lecture de sa parole, laissons-lui la place, car c’est lui l’antidote contre toute routine dans l’église et dans nos vies. C’est alors que nous garderons cet esprit de louange, comme ce boiteux qui sautait, marchait et louait Dieu. Cette louange sera le renouveau de Dieu dans nos vies ; ce sera là le miracle de Christ en toi, en moi, en nous tous rassemblés ce matin, alors nous proclamerons encore et encore : Oui ! Avec Dieu, il y a maintenant quelque chose de nouveau sous le soleil pour les hommes, il y a Jésus, le Christ, celui qui est venu dans le monde, notre "Belle Porte," celle qui ouvre sur la présence de Dieu. Louange et gloire à son nom. Amen. ___________________________________________________________________________________________ Benjamin Turrillo Page 5 / 5 Prédication du 12 février 2012