Jean-Martin Moyë, Guetteur, Veilleur, Fondateur Evangélisateur Et
Transcription
Jean-Martin Moyë, Guetteur, Veilleur, Fondateur Evangélisateur Et
Jean-Martin Moyë, Guetteur, Veilleur, Fondateur Evangélisateur Et aussi homme de foi, de confiance, un homme pasteur, créatif, libre Quelques traits de la vie missionnaire de Jean-Martin Moyë, Fondateur des Congrégations des Sœurs de la Providence, en référence à l’Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » -la Joie de l’Evangile- de notre Pape François L’intuition missionnaire de Jean-Martin Moyë est plus que jamais d’actualité et mérite que nous nous arrêtions à la vie et à l’œuvre de ce missionnaire dont l’audace n’a d’autre nom que l’amour. ∞∞∞∞ Nous avons formé, le 25 janvier 1764, le projet d’un établissement pour un hameau où les bêtes couchent dans le même endroit que les hommes, où le plus riche du village est obligé d’aller mendier, et où des vieillards de soixante à quatre-vingts ans ignorent totalement les principaux mystères de la religion, et savent à peine s’il y a un Dieu. On peut juger par là à quoi doivent s’attendre celles qui se proposent d’entrer dans ce projet Le Projet de Jean-Martin Moyë répond à un besoin d’éducation. En effet, au cours de son Ministère de Prêtre, il voyait des fillettes dans les champs tandis que les garçons étaient scolarisés. Il voyait l’ignorance des adultes et des vieillards dans le domaine de la foi. Jean-Martin Moyë avait longuement mûri son projet dans la prière, en s’abandonnant à la Providence, et en le partageant avec ses plus proches amis. Projet des Ecoles de filles dites de la Providence Pour la campagne Et Règles et Instructions pour la conduite des Sœurs On avait pensé d’abord à envoyer à Toul quelques filles, pour y être formées dans le séminaire qu’un vénérable chanoine a fondé dans l’intention d’y faire des maîtresses d’école : mais comme toutes les filles qui sortent de cette maison doivent être rentées, j’y ai trouvé deux inconvénients pour nous. L’un est que les fondations étant difficiles à faire, cette nécessité d’en avoir pour établir des maîtresses d’école, rendrait celles-ci fort rares, et mettrait bien des endroits, et surtout les endroits pauvres où elles sont le plus nécessaire, dans l’impossibilité d’en avoir, faute de pouvoir faire une fondation. En outre, la pension que l’on exige à Toul, ôterait encore à des filles pauvres, qui seraient d’ailleurs en état d’enseigner, le moyen de pouvoir être admises dans notre société. L’autre inconvénient est que ces filles, ayant un revenu fixe, il serait très à craindre que plusieurs n’embrassassent cet état par intérêt, afin d’avoir un établissement et de quoi vivre pour le reste de leurs jours, plutôt que par zèle et le désir sincère de procurer la gloire de Dieu et la sanctification des enfants qui leur seraient confiés, ce qui renverserait l’ouvrage de Dieu au lieu de l’établir. Il valait donc mieux envoyer ces filles partout où on les demanderait, sans fonds que la Providence, dans la persuasion qu’elle ne manque jamais à ceux qui s’abandonnent à celle avec confiance. On a proposé ces raisons aux supérieurs qui les ont approuvées. Voilà le projet. S’il est selon la volonté de Dieu, il réussira ; s’il n’y est pas conforme, je demande moi-même qu’il soit détruit et anéanti. J’ai cependant plusieurs raisons qui me donnent lieu de croire qu’il vient de Dieu, et l’une de ces raisons, c’est que plusieurs bonnes âmes s’y intéressent et prient pour qu’il réussisse. Je conjure toutes celles qui en auront connaissance de faire de même, et de demander : 1. que mes péchés et les fautes que je pourrais commettre en travaillant à l’exécution de ce projet, ne mettent point d’obstacles aux vues et aux desseins de la bonté et de la miséricorde de Dieu ; 2. que la Providence conduise tout dans cette affaire, qu’elle éloigne ou qu’elle surmonte les obstacles que la malice des hommes, ou la fureur des démons pourrait susciter pour en arrêter le succès ; qu’elle arrange tout pour le faire réussir ; qu’elle seconde mes démarches ; qu’elle mène tout à une heureuse fin ; en un mot, que la Providence fasse tout, par telle voie qu’il lui plaira ; que tout arrive selon les vues de Dieu ; que Dieu lui-même commence l’ouvrage, qu’il l’achève, qu’il le perfectionne Sans cela, tous nos efforts seraient vains et inutiles selon ces paroles du Psalmiste : « Si le Seigneur ne bâtit lui-même la maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la construisent. Si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veille celui que la garde. » Ps 26 Instruction pour les Maîtresses d’école L’Evangile remarque que Jésus-Christ commença à agir et à instruire (Act 1,1), c'est-à-dire qu’il commença par prêcher d’exemple, puis de parole ; il commença par pratiquer lui-même, ce qu’il enseignait aux autres. Ainsi, les personnes qui pensent à instruire la jeunesse, doivent, avant toute chose, se sanctifier elles-mêmes ; avant que de travailler à sanctifier les autres, elles doivent se remplir des vérités de la religion pour les communiquer aux autres, car si on enseigne ces vérités dans en être pénétré soi-même, elles ne font point d’impression sur le cœur de ceux à qui l’on parle. Pour inspirer la piété et la vertu, il faut en avoir soi-même. Voyons donc, en premier lieu, comment ces filles doivent se comporter ellesmêmes ; nous verrons ensuite comment elles doivent se comporter à l’égard des enfants qu’elles à enseigner. Vertus essentielles aux Sœurs Les principales vertus que vous devez pratiquer sont : l’abandon à la divine providence, la pauvreté, la simplicité, la charité. Ce sont là les vertus fondamentales de votre établissement. De l’abandon : « Pour moi, j’attends tout de la Providence ; je n’ai de confiance qu’en elle seule ; je n’ai aucune ressource assurée de la part des hommes. Certaine personne à qui je parlais de mon dessein, voyant les entreprises que je projetais, se persuadait que j’avais sans doute de quoi commencer tout cela, car elle ne pouvait s’ôter de l’esprit qu’il n’y eût de la témérité à oser seulement y penser. Il y en a même qui me taxent s’imprudence, de folie. Mais cela ne m’alarme point du tout, parce que toute mon espérance est en Dieu, et j’ai une ferme confiance qu’il saura continuer cet ouvrage, si cependant c’est le sien, car c’est où j’en reviens toujours : ou ce projet est selon la volonté de Dieu, ou non ; s’il est selon sa sainte volonté, il est tout-puissant, il a mille moyens, mille ressorts pour l’accomplir ; s’il n’est pas selon le bon plaisir de Dieu, j’y renonce dès ce moment, et dès que je saurai que Dieu ne veut point que je travaille à son exécution, j’abandonnerai volontiers toute l’entreprise. Car c’est ainsi que nous devons agir dans toutes les choses où la volonté de Dieu ne nous est pas manifestement déclarée. Nous ne devons nous entêter de rien, mais nous conserver dans la sainte indifférence, ne voulant ni une chose, ni une autre, qu’autant que nous avons lieu de croire que c’est le bon plaisir de Dieu. » De la pauvreté : Je prie Dieu, mes pauvres Sœurs, de vouloir bien vous inspirer une sainte affection pour la pauvreté évangélique... Aimez la pauvreté du Sauveur ; honorez-là, en l’imitant… vous n’attacherez votre cœur à rien, afin de vous engager plus efficacement à cette vertu de pauvreté qui doit vous être d’autant plus chère qu’elle est moins connue du monde, puisqu’on la craint et la fuit partout . (Exemples de Sainte Thérèse d’Avila, de Saint François de Sales, de Saint François) De la simplicité : c’est cette vertu qui nous fait aller à Dieu sincèrement, sans détour, sans déguisement, avec une intention droite, sans aucune vue que celle de lui plaire, et qui nous fait agir et parler avec le prochain avec droiture, sans fraude et sans malice. Il y a deux sortes de simplicité, l’une intérieure, dans cette droiture d’intention que cherche à plaire à Dieu, sans s’embarrasser de ce que penseront les hommes, et sans aucune vue d’intérêt pour soi-même ; l’autre extérieure qui consistent en des manières et paroles sensées, sans fard, et sans affectation ni vanité. De la charité : c’est la seule charité qui vous fera agir en tout et partout. Vous exercerez les œuvres de miséricorde envers tout le monde, tant les œuvres spirituelles que les œuvres corporelles. - la première œuvre spirituelle, c’est d’enseigner les ignorants. Ce sera là votre fonction principale. Vous l’exercerez non seulement à l’égard des enfants, mais à l’égard de tous ceux que vous saurez n’être pas assez instruits. Quand vous aurez lieu de croire qu’une personne ignore les principaux mystères de la foi, ou les autres choses nécessaires au salut, vous les lui apprendrez par manière de conversation, en disant, par exemple, que vous avez entendu prêcher sur cette matière, et qu’on a dit telle ou telle chose ; que vous avez lu cela dans tel livre et vous le lirez en leur présence et le leur expliquerez. Vous vous informerez des superstitions qui règnent dans l’endroit où cous serez ; vous les combattrez dans l’occasion. Si vous avez quelque chose à donner aux pauvres, ou si vous avez quelques autres moyens de les réunir, vous les rassemblerez chez vous, et vous les interrogerez et vous les instruirez… vous prêterez des livres à ceux à qui vous avez lieu de croire qu’ils seront utiles, surtout aux pauvres qui n’en ont point. Mais priez le Seigneur de répandre ses bénédictions sur les lectures que l’on fera de même que sur toutes les instructions des pasteurs. N° 46. L’Eglise en sortie est une Eglise aux portes ouvertes. Sortir vers les autres pour aller aux périphéries humaines ne veut pas dire courir vers le monde sans direction et dans n’importe quel sens. Souvent il vaut mieux ralentir le pas, mettre de côté l’appréhension pour regarder dans les yeux et écouter, ou renoncer aux urgences pour accompagner celui qui est resté sur le bord de la route. Parfois, c’est être comme le Père du fils prodigue qui laisse les portes ouvertes pour qu’il puisse entrer sans difficultés quand il reviendra. N°47. L’Eglise est appelée à être toujours la maison ouverte du Père… N° 48. Si l’Eglise entière assume ce dynamisme missionnaire elle doit parvenir à tous, sans exception. Mais qui devrait-elle privilégier ? Quand quelqu’un lit l’Evangile, il trouve une orientation très claire : pas tant les amis et voisins riches, mais surtout les pauvres et les infirmes, ceux qui sont souvent méprisés et oubliés, « ceux qui n’ont pas de quoi le rendre ». (Lc 14,14)…. N° 49. Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. -le second devoir de la charité spirituelle, c’est de corriger les pécheurs - le troisième devoir de la charité spirituelle, c’est de donner des conseils à ceux qui en ont besoin. Mais pour cela il faut bien connaître les personnes à qui on a affaire… J’ai remarqué que bien des fois que, faute de connaître le cœur des personnes qui consultaient, on consolait celles qu’il fallait intimider, et on jetait mal à propos l’alarme dans des âmes qu’il fallait encourager. - le quatrième devoir de la charité spirituelle, c’est de consoler les affligés. Ainsi, quand vous apprendrez qu’une personne est dans la peine, vous irez la consoler - le cinquième devoir, c’est de souffrir les injures, et les pardonner, et de supporter les défauts du prochain… - le sixième devoir de la charité spirituelle, c’est de prier pour les vivants et pour les morts, particulièrement pour ses ennemis. Sans la prière, tout ce que vous direz est inutile. Il est de foi que nous ne pouvons rien pour nous ni pour les autres sans le secours de la grâce ; et le moyen de l’obtenir, c’est la prière. Priez donc sans cesse. Pour ce qui est des œuvres de Miséricorde corporelle, vous ferez dans les campagnes à peu près ce que nos Sœurs de la Charité font dans les villes, autant que cela pourra compatir avec l’instruction des enfants qui est votre devoir essentiel, à moins qu’un besoin pressant ne vous oblige à interrompre votre école, pour y porter un prompt secours. Vous vous efforcerez de procurez toute sorte de soulagement aux pauvres. Mais comme vous serez pauvres vous-mêmes, je sais que vous ne pourrez guère aider les misérables de votre fonds ; si cependant vous partagez avec eux le peu que vous aurez, votre charité sera plus agréable à Dieu que celle des riches qui donnent de leur abondance. Le moyen que vous vous servirez pour aider les pauvres, sera de représenter leurs besoins à ceux qui pourraient les soulager. La joie de l’Evangile n° 33 « Les œuvres d’amour envers le prochain sont la manifestation extérieure la plus parfaite de la grâce intérieure de l’Esprit » Arrêtons-nous encore à quelques aspects de l’Exhortation « la joie de l’Evangile », nous souvenant de la vie et du Projet de Jean-Martin Moyë : N° 1 La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus.. N° 2 … Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix du Seigneur, on ne jouit plus de la doute joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus… N° 5 L’Evangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec insistance à la joie N° 84 : « la joie de l’Evangile est celle que rien ni personne ne pourra enlever (Jn 16,22). Les maux de notre monde –et ceux de l’Eglise- ne devaient pas être des excuses pour réduire notre engagement et notre ferveur. Prenonsles comme des défis pour croître. En outre, le regard de foi est capable de reconnaître la lumière que l’Esprit Saint répand toujours dans l’obscurité, sans oublier que la où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. (Rom 5,20). N° 92 : …En cette époque, précisément, et aussi là où se trouve un petit troupeau (CLc 12,32) les disciples du Seigneur sont appelés à vivre comme une communauté qui soit sel de la terre et lumière du monde (Mt 5,13-16). Ils sont appelés à témoigner de leur appartenance évangélisatrice de façon toujours nouvelle. Laissons raisonner en nous, et pour nous-mêmes, la finale des articles suivants : 80. Ne nous laissons pas voler l’enthousiasme missionnaire 83. Ne nous laissons pas voler la joie de l’Evangélisation 85. Ne nous laissons pas voler l’espérance ! 92. Ne nous laissons pas voler la communauté. 96. Ne nous laissons pas voler l’Evangile 109. Ne nous laissons pas voler la force missionnaire. Comment se manifestait cette joie d’évangéliser pour J-M Moyë Jean-Martin Moyë naît le 28 janvier 1730, est ordonné prêtre le 9 mars 1754, il est âgé de 24 ans… et très vite, hanté par la misère des villages et surtout par celles des fillettes, « ignorantes » et « ignorées », il forme Son projet. Nous avons formé, le 25 janvier 1764, le projet d’un établissement pour un hameau où les bêtes couchent dans le même endroit que les hommes, où le plus riche du village est obligé d’aller mendier, et où des vieillards de soixante à quatre-vingts ans ignorent totalement les principaux mystères de la religion, et savent à peine s’il y a un Dieu. On peut juger par là à quoi doivent s’attendre celles qui se proposent d’entrer dans ce projet Il met des gens en route : l’Abbé Jobal, son ami, qui meurt à 29 ans, et dont jean-Martin écrira la vie, Mademoiselle Fresne à qui il a fait part très tôt confidence de son Projet d’éducation. Après des années de prière, de patience, d’observation, le 14 janvier 1762, il envoie Marguerite Lecomte, première fille, dans le hameau de Saint Hubert et très vite, d’autres filles la suivront. Très vite, il est confronté à l’opposition …. Envoyer des filles seules, dans la campagne…l’Evêque de Metz interdit l’ouverture de nouvelles écoles : JeanMartin MOYE connaît la nuit de la foi… ses amis réinterprêtent avec lui le sens providentiel de cette épreuve « pierres d’attente de Dieu ». Ces pierres d’attente, ce sont ces quelques écoles en pleine campagne…. où les premières Sœurs sont entièrement au service de tous : enfants, adultes, vieillards… pauvres, malades, infirmes, ignorants des mystères de la foi. La prière de Jean-Martin Moyë est fervente et il exprime une vive vénération pour la Croix de Christ : Celui qui a donné sa vie par amour. Combien de fois vient-on le chercher, par tous les temps, agenouillé, les bras étendus, devant une Croix à un croisement de rues ou dans une Eglise, transi de froid, mais rempli de la chaleur de la Foi, nourri de la prière, et de la méditation, notamment celle de la Passion du Christ. Jean-Martin Moyë puise sa joie dans celle du Christ, la joie mais celle qui vient du désir de donner au Christ, à la Trinité, la primauté dans tous ses choix Joie de l’Evangile N° 12 … Dans toute la vie de l’Eglise, on doit toujours manifester que l’initiative vient de Dieu, que c’est « lui qui nous a choisis le premier -1 Jn 4,19- et que c’est Dieu seul qui donne la croissance -1 Co 3,7-. Cette conviction nous permet de conserver la joie devant une mission aussi exigeante qui est un défi prenant notre vie dans sa totalité. Elle nous demande tout, mais en même temps, elle nous offre tout. A Saint-Dié, dans les Vosges, tandis qu’il est nommé responsable d’un groupe de petits séminaristes, il rencontre le Chanoine Raulin, qui deviendra son collaborateur et qui lui offre sa maison pour y ouvrir un noviciat. Là, il se décide de se proposer pour la mission lointaine : il s’engage dans la Société des MEP, dont la mission est tournée vers l’Asie. En Juin 1769, prévoyant un départ sans retour pour la Chine, il renonce devant Notaire à sa part éventuelle d’héritage. Il retourne à Paris, après avoir confié à son ami Raulin, ses « Pauvres Sœurs » que les gens appelleront spontanément et désormais les « Soeurs de la Providence ». Le 30 décembre 1771, il embarque à Lorient pour la Chine. Le bateau accoste à l’Ile Maurice en mai 1772…. Longue escale qui permet au missionnaire de découvrir la misère, mais l’ouverture à la foi, des nombreux esclaves venant des pays d’Afrique. Septembre 1772, débarquement à Macao ; Il y reste 3 mois. rapidement le chinois Il apprend 30 Décembre 1772, en barque il pénètre dans sa nouvelle terre d’élection, strictement interdite aux Européens. Par voie d’eau, il rejoint, 2000 kms plus loin, le district de Sut-Tchouen qui, avec le Yunnan et le Koui-tcheou sont confiés à Mgr Pottier, Vicaire Apostolique. 1773-1777 : Il visite les quelques 2000 chrétiens de son immense paroisse… en mai 1774, il est arrêté avec son catéchiste Benoît Sen. Emprisonnés pendant 10 jours, raillés et battus, ils sont expulsés de la Province. En 1775, des veuves et des jeunes filles collaborent à l’évangélisation. En avril 1775, Jean-Martin Moyë écrit aux Sœurs de Lorraine et leur parle de leurs Sœurs lointaines. En 1777, Benoît SEN est ordonné prêtre. A l’ordination Jean Martin rencontre le Père Gleyo (libéré après 8 années d’emprisonnement) et confie ses soucis et rêves apostoliques, notamment celui du baptême des enfants païens en danger de mort. Le 7 octobre 1779, Il fait appel au chrétiens lorrains de contribuer à cette œuvre et étendue à l’Eglise Universelle, elle prendra le nom de Sainte Enfance. En 1780, il expose sa méthode concernant le baptême des enfants païens et lui demande d’observer des conditions, surtout d’avoir l’accord des parents, sauf exception… J M M reconnaît avoir excédé et envoie à Rome une soumission écrite. Désormais, le zèle des Sœurs lointaines est orienté vers l’éducation. Cette œuvre connaîtra les mêmes difficulté qu’en France. En 1781, il informe les Sœurs françaises de la branche chinoise des Sœurs de la Providence. Cette même année, il établit un petit et modeste séminaire. Parmi les séminaristes, est Augustin Tchao, l’ancien geôlier de Jean Martin Moyë. Martyrisé en 1815, Augustin sera canonisé par Jean-Paul II en 2000. Exténué, malade, sur les conseils de Mgr Pothier, il demande et obtient de rentrer en France. Juillet 1783, il embarque pour Macao ; en 1784, il arrive en mai à Lorient. Après quelques mois aux MEP, il rentre en Lorraine où après avoir repris des forces, il reprend une activité considérable… A la Révolution, il refuse de prêter serment et s’exile à Trèves avec quelques Sœurs. Parmi des activité, il visite les soldats malades. Au chevet d’un soldat autrichien, il contracte le typhus qui l’emporte en quelques jours. Entouré des Sœurs, il meurt le 4 mai 1793 et est enterré dans une fosse commune. Il est proclamé Bienheureux par le Pape Pie XII le 21 novembre 1954. Joie de l’Evangile n° 23 : « L’intimité de l’Eglise avec Jésus est une intimité itinérante, et la communion « se présente essentiellement comme communion missionnaire ». Fidèle au modèle du maître, il est vital qu’aujourd’hui l’Eglise sorte pour annoncer l’Evangile à tous, en tous lieux, en toute occasion, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La Joie de l’Evangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu. C’est ainsi que l’ange l’annonce aux pasteurs de Bethléem : »Soyez sans crainte, car coici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple » (Luc 2,10). L’Apocalypse parle d’une Bonne Nouvelle éternelle à annoncer à ceux qui demeurent sur la terre, à toute nation, race, langue et peuple. (Ap. 14,6). En 1762, en réponse aux besoins de son temps, Jean-Martin Moyë, est « sorti », s’est adjoint des amis, et d’autres l’ont suivi. Lui-même avait suivi le Christ… Et nous aujourd’hui, Qui suivons-nous ? Quels sont les besoins de notre monde, du monde qui nous entoure ? à quoi sommes-nous appelés, pour quels besoins ? Alors, disons « oui » et osons ! Le monde a besoin de nous, l’Eglise à besoin de nous ! Il y a tant à faire, ici et partout ? Figure 1. les Congégations Providence