la bataille du Web

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la bataille du Web
Women’s Forum
2011
Et si les femmes
prenaient le pouvoir ?
Supplément bilingue
Jeudi 13 octobre 2011 - 67e année - N˚20754 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz
Entre Aubry et Hollande, le débat décisif
t Pourquoi «Martine»
et «François» se détestent,
alors que les programmes
se ressemblent
U
n débat télévisé devait opposer,
mercredi soir 12 octobre, les deux
finalistes de la primaire socialiste,
Martine Aubry et François Hollande. France 2, Le Monde et France Inter se sont associés pour cette émission d’une heure trente, organisée autour de quatre thématiques électorales. Ce duel intervient au
t Un duel télévisé sur
France 2, avec «Le Monde»
et France Inter, à suivre
en direct sur Lemonde.fr
t Entre les deux
«impétrants », le cœur
des électeurs d’Arnaud
Montebourg balance
t Nicolas Sarkozy,
dans la Creuse avec
des airs de candidat, fustige
la gauche et la primaire
t La bataille du Web :
les candidats comptent
sur Facebook, Twitter et
les bases de données
moment où l’écart dans les sondages semble se resserrer entre les deux candidats,
avec une progression de Martine Aubry et
un fléchissement de François Hollande.
La tension entre les deux prétendants
s’estaccentuéeces derniers jours.En particulier sur Internet, où les accrochages
entre les entourages se sont multipliés
par tweets et blogs interposés. Les allusions de Mme Aubry à la « gauche molle »
ont provoqué une riposte assez vive des
soutiens de M. Hollande critiquant les
« compromissions » de leur adversaire
avec le centre.
Sur le fond de leursprogrammes,toutefois, les deux candidats restent d’accord
sur l’essentiel, en particulier sur les réponses à apporter à la crise de la dette et de la
zone euro ou sur la réforme des retraites.
Les principaux points de divergence se
concentrentsur l’éducationetles emploisjeunes. Martine Aubry a aussi fait de la
question du cumul des mandats un angle
d’attaque contre François Hollande.
Dans le même temps, Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position, a posé
ses conditions avant tout éventuel ralliement. Ses électeurs apparaissent divisés
même si Martine Aubry est préférée parce
que jugée « plus à gauche ». p
Ces deux lycées qui font l’élite
a Du jamais-vu : la moitié des élèves
reçus à l’Ecole polytechnique sont
issus de deux grands lycées parisiens
a Pourquoi le recrutement
des grandes écoles favorise
les classes préparatoires de la capitale
a L’opacité des méthodes
de sélection et de recrutement
des établissements haut de gamme
AFP
Notre rendez-vous « Universités
& grandes écoles » p. 12-13
Lire pages 8 à 11 et notre enquête
sur la bataille du Web page 25
Le spectre d’un «credit crunch»
a Dans un climat de défiance, la
recapitalisation des banques tarde
a « La crise a atteint une dimension systémique », alerte JeanClaude Trichet, patron de la BCE
a Le Parlement slovaque a rejeté
le Fonds européen de stabilité
a La Chine soutient ses banques
fragilisées. En Belgique, l’affaire
Dexia suscite la polémique
Iveta Radicova,
première ministre
slovaque. AP
Pages 6, 21 et Débats page 26
On n’est jamais à un jour près, sauf que...
Shalit contre mille Palestiniens,
les enjeux de l’échange
L
Proche-Orient Un accord pour la libération du caporal
franco-israélien Gilad Shalit, détenu par le Hamas
depuis cinq ans, a été signé mardi 11 octobre. P. 3 et 4
UK price £ 1,50
a crise de l’euro est complexe, nul ne l’ignore. Sa solution dépend de consultations puis de décisions prises à
dix-sept – dix-sept Etats qui ont
chacun leurs problèmes. Elle n’est
pas seulement affaire de technique financière, la crise est aussi
politique.
Elle intervient à un moment où
aucun dirigeant européen – pas
plus à Berlin qu’à Paris ou à
Bruxelles – ne dispose d’un charisme, d’une autorité, d’une aura,
d’une capacité de leadership de
nature à entraîner les autres.
L’homme ou la femme à la
mesure de l’événement, le Franklin Roosevelt européen capable
de transcender la tourmente de
l’heure pour baliser l’avenir, nous
l’attendons encore.
Cela, tout cela, on ne le sait que
trop. Mais, sans espérer de miracle, on pouvait tout de même
compter sur les gouvernants de la
zone euro pour faire preuve de
sens des responsabilités. On était
en droit de les imaginer animés
du sens de l’urgence. On était fondé à leur demander de traiter cette affaire avec l’exigence requise
par l’enjeu: rien de moins que la
survie de l’union monétaire.
Or tout se passe comme s’ils
n’avaient toujours pas pris la
mesure de la crise, celle des risques systémiques dont elle était
porteuse, l’ampleur des phénomè-
Editorial
nes de contagion possible.
Tout se passe comme si le dossier de la dette souveraine grecque avait été géré comme une vulgaire crise de la politique agricole
commune: depuis deux ans, on
bricole de sommet en sommet.
Le regard de Plantu
Comme si on avait le temps, comme si on n’était jamais à deux ou
trois jours près, n’est-ce pas ?
De cette attitude, presque
désinvolte, rien ne témoigne
mieux que le dernier épisode de
la saga du sauvetage de la Grèce.
En juillet dernier, les Dix-Sept
décident de muscler leur bras
armé financier, le Fonds européen
de stabilité financière (FESF). Ce
devait être un pas décisif, notamment dans la lutte contre les
effets de contagion.
Parce que l’affaire implique
une contribution budgétaire de
tous, elle suppose un vote dans
chacun des dix-sept pays membres. Compte tenu de la volatilité
des marchés, on pouvait espérer
un vote dans les deux semaines –
même en août.
Mais ce ne fut le cas dans
aucun des Parlements des DixSept. Chacun a pris son temps et
respecté les procédures habituelles. Il revenait à la Slovaquie de
boucler, mardi 11 octobre, cette
interminable consultation.
De façon aussi pathétique qu’irresponsable, les élus slovaques,
pour d’obscures raisons domestiques, ont voté « non », promettant
de voter « oui » après-demain
peut-être, ou d’ici à la fin de la
semaine. A quoi tient l’avenir de
la deuxième devise mondiale!
Entre-temps, le climat de
défiance généré par la tragédie
grecque a débouché sur un début
de crise de liquidités interbancaires. Potentiellement, c’est un drame majeur qui s’annonce. La situation requiert une mobilisation
exceptionnelle de la part des DixSept ; elle leur impose de faire
preuve de solidarité. Dans l’urgence, car, contrairement à ce qu’ils
semblent croire, chaque jour
compte. p
Les «pervenches» en flagrant
délit de privilèges et d’inaction
Police La gestion des agents de surveillance de Paris est
dénoncée par la chambre régionale des comptes. P. 15
A nos lecteurs
T
rois jours de suite, Le Monde
n’est pas paru. Une partie
despersonnelsde l’imprimerie du journal, à Ivry-sur-Seine, a
empêché la publication de votre
quotidien. C’est la première fois
dans l’histoire du Monde que ce
journal n’est pas en état de couvrir
par ses éditions imprimées un
scrutin national, la primaire socialiste, qui est aussi un moment
important de la vie démocratique
de notre pays.
Ces personnels s’opposent au
plande modernisationde l’impression engagé par l’entreprise pour
mieux servir ses lecteurs. Nous
présentonsnos excusesà nos acheteurs en kiosque, abonnés, diffuseurs et annonceurs pour les désagrémentsoccasionnés par ce mouvement social. Les éditions non
parues sont disponibles, gratuitement, sur notre site Lemonde.fr p
Women’s Forum Global Meeting
7th Edition
13 14 15 october 2011
Deauville, France
What if?
Challenge, imagination, commitment
2011 is proving itself a year of the improbable
becoming reality. The world we took for granted
has been knocked off its axis. Unique to the
Women’s Forum, women’s voices and perspectives
are featured along with their male counterparts to
address scenario-driven major issues and
to commit to the balance for a better world.
Special report in partnership with:
Special Edition with:
More information on www.womens-forum.com.
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Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,
Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
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0123
page deux
Jeudi 13 octobre 2011
SiSteveJobsavaitétéitalien,
ilseraitdevenugaragiste…
S
i Steve Jobs avait été napolitain, Steve Jobs se serait
appelé Stefano Lavori (qui
veut dire « travaux», traduction
de jobs en italien) et son ami Steve Wozniak, Stefano Vozzini (ce
qui ne veut rien dire). Ainsi commence l’histoire édifiante, drôle
et triste, postée sur Facebook par
Antonio Menna au lendemain de
la mort du fondateur d’Apple le
5octobre. Comme leurs modèles
américains, les deux garçons sont
passionnés de technologie et s’enferment toute la journée dans un
garage pour mettre au point un
modèle d’ordinateur révolutionnaire. « Mais, ils se font traiter de
tapettes car ils sont toujours
ensemble», note Antonio Menna.
A Naples, il n’y a pas Mike
Markkula, pour verser sans garantie 250 000 dollars afin de soutenir ce qui n’est encore qu’une
idée. Lavori et Vozzini font le tour
des banques: « Venez avec vos
parents, nous ne faisons pas crédit
à qui n’a rien. » Comme Jobs avait
vendu son combi Volkswagen, les
deux Stefano vendent leur scooter pour acheter les premières pièces afin d’assembler leur invention. Mais voilà qu’un voisin
soupçonneux les dénonce aux
policiers municipaux.
Ceux-ci déboulent dans le
garage : « Votre activité est elle en
règle ? Vos papiers. » Lavori et
Vozzini ont beau expliquer qu’il
s’agit d’un laboratoire, rien n’y
fait. Pire, le garage n’est pas aux
normes. Le lendemain ce sont les
carabiniers qui débarquent. Puis
les services financiers et, enfin,
le comité d’hygiène et de sécurité : « Avec un pot-de-vin, on peut
s’arranger. » Dociles, Stefano et
Stefano vendent leur second
scooter et leurs collections de
bandes dessinées.
Mais les premières commandes arrivent. Il faut fonder une
entreprise. Où trouver les capitaux ? Rendez-vous est pris avec
un conseiller fiscal. « Votre idée
est formidable, ragazzi ! On peut
faire jouer les fonds de la région. Il
va falloir aussi un peu d’argent
pour “huiler” le système. J’ai un
ami qui pourra nous aider en
échange d’un petit cadeau. Quoi?
Vous n’avez même pas de quoi
payer mes honoraires ? Mais vous
vous croyez où ? »
Un « pizzo » pour la Camorra
Ils s’accrochent jusqu’à ce
que, un matin, on sonne à la porte. C’est un représentant de la
Camorra, la Mafia napolitaine :
« On sait que vous êtes en train
de faire des sous. Alors il faudrait
songer à donner un petit quelque
chose. » Tempêtes sous les crânes : s’ils payent le pizzo qu’on
leur réclame, ils n’auront plus
d’argent pour leur activité. S’ils
ne donnent pas, le garage sera
plastiqué. S’ils dénoncent
la Mafia à la police, ils devront
quitter la région pour toujours.
Et s’ils ne le font pas, ils risquent
la prison.
Le découragement les gagne.
Les fonds régionaux ne sont
jamais arrivés. Les taxes les ont
ruinés. Un jour, le père de Stefano
Lavori prend son fils à part :
« Vide le garage et louons des box
pour les voitures, ce sera mieux. »
Depuis les deux Stefano sont gardiens de parking. « Le Apple de
Naples ne verra jamais le jour,
écrit Antonio Menna, car si tu
nais dans au mauvais endroit,
même en étant “affamé et fou” tu
restes avec ta faim et ta folie. Rien
de plus. » p
Philippe Ridet
(Rome, correspondant)
Les indégivrables Xavier Gorce
Reportage Sous le feu des projecteurs avec la Coupe du monde de rugby, la
Nouvelle-Zélande connaît le pire désastre environnemental de son histoire.
Sur les plages, le nettoyage a commencé, mais le pire est à redouter
La marée noire que le pays
des All Blacks n’attendait pas
On compte 200 oiseaux mazoutés, comme sur la plage de Papamoa, le 12 octobre. MIKE HUTCHINGS/REUTERS
Tauranga (Nouvelle-Zélande)
Envoyé spécial
L
e collège de garçons de Tauranga avait rarement reçu hôtes
aussi prestigieux. Pendant que
des adolescents maori s’entraînent sur le terrain de rugby
sous une pluie battante et le
regard des mouettes, le premier ministre
néo-zélandais John Key et le ministre des
transports Stephen Joyce ont pénétré précipitamment, mercredi 12 octobre, dans le
petit théâtre de l’établissement, devenu le
lieu de la communication de crise pour le
«Ils ont leurs propres équipes
etveulent contrôler la situation.
Mais il y a énormément de boulot
qui n’est pas fait»
Sharon, nettoyeuse volontaire
Société éditrice du « Monde » SA
Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus
Directeur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz
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Médiateur Pascal Galinier
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0123
est édité par la Société éditrice du «Monde » SA
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Imprimerie du Monde
12, rue Maurice-Gunsbourg,
94852 Ivry cedex
Rena, avec deux réunions quotidiennes.
Le pays connaît en effet « le pire désastre
environnemental» de son histoire, selon
les mots de Catherine Taylor, directrice de
Maritime New Zealand (l’autorité de sécurité en mer), depuis que ce porte-conteneurs battant pavillon libérien s’est
échoué sur le récif de l’Astrolabe, à l’est de
l’île du Nord, une semaine plus tôt, libérant des nappes de pétrole qui ont atteint
la côte de Tauranga.
A écouter les experts maritimes, le pire
est à redouterdans les jours à venir. Mardi,
le cargo s’est en effet subitement incliné à
18 degrés (contre 12 degrés auparavant), ce
qui a nécessité l’évacuation immédiate de
l’équipage. Il penche désormais si fort
(20degrés) qu’il perd sa cargaison. Plus de
70 conteneurs étaient à l’eau dans la matinée, mais aucun ne figurait sur la liste des
onze recélant des substances dangereuses. Plus inquiétant, le métal du bateau se
déforme sur son flanc ; des ruptures sont
apparues et s’élargissent. Le courant, très
fort, provoque un « effet de torsion ». L’arrière du bateau se détache de l’avant et est
en train de sombrer, l’autre partie restant
sur le récif.
Pomper le fuel pose d’énormes problèmes parce que, comme l’a expliqué Bruce
Anderson, patron de l’unité de sauvetage,
« la situation est très dangereuse à bord, les
conteneurs bougent, en fait, tout bouge ».
Il faut opérer par hélicoptère. John Key n’a
pas caché que la situation connaissait une
« détérioration continue », mais il a tenu
surtout à remercier les volontaires qui se
sont mobilisés et à assurer la population
locale que les plages de ce haut lieu balnéaire seront « restaurées une à une » et
retrouveront« l’état qu’ellesavaient avant
la catastrophe». « Nous le ferons coûte que
coûte », a-t-il promis.
La zone sinistrée s’étend sur près de
30 km, du mont Maunganui, un volcan
éteint sacré chez les Maori, aux longues
plages de Papamoa, le grand faubourg de
Tauranga. Mercredi, 250 volontaires officiels ont ramassé les galettes sur les plages, en travaillant pour la première fois en
collaboration avec des militaires, appelés
à la rescousse. Le QG de ces bénévoles, en
surveste jaune ou orange, est installé en
facedu collègede Tauranga,dans un entrepôt en brique, avec un service de restauration à disposition. Les horaires sont précis : 7 heures-19heures.
Aux abords du mont, là où un immense
« Clean Me » (« Nettoie-moi ») a été dessiné
sur le sable, la plage paraît à peu près propre, peu de temps après la marée haute
matinale. Le ramassage a été fait la veille,
avec deux fois plusde volontaires.Mercredi matin, il y a alors encore peu de monde,
seulementtrois équipiersspécialisésdans
le sauvetage des oiseaux, dont environ
deux cents ont déjà péri. « Ce qui se passe
ici est tout de même plus important que la
Coupe du monde », peste l’un d’eux.
En se dirigeant vers Papamoa, le
« Sunshine Paradise » local, la substance
noire est plus présente mais déjà éparpillée et disséminée dans le sable. Une
vingtaine de personnes s’affairent, Maori
et Pakeha, avec des râteaux et des seaux à
peinturevides. Des curieux s’arrêtent seulement pour prendre des photos avec
leurs portables. L’un d’eux, un brin cynique, observe que « c’est propre, mais il faudra recommencer demain, puis aprèsdemain, etc. »
On trouve là beaucoup de petites mains
qui ont refusé de se laisser embrigader.
Parmi elles, Sharon, une productrice de
kiwis, seule à l’ouvrage avec sa pelle de
ménagère et ses « gants à 2 dollars » :
« Depuis le début, on nous a dit de nous
tenir à l’écart, parce que des enfants ont
joué avec les galettes. En fait, ils ont leurs
propres équipes et veulent contrôler la
situation.Maisje constatequ’il y a énormémentde boulot,et qu’il n’est pas fait, soupire-t-elle en mesurant l’ampleur de sa
tâche. J’ai l’impression qu’il n’y a pas
d’autorité. Il y a beaucoup de réunions, de
communiqués, et peu d’action. C’est un
peu le foutoir. Ils nous ont dit qu’ils passeraient à 13 heures, moi je suis là depuis
8 heures. »
Un peu plus loin, un riverain assure
avoir vu « de la fumée noire s’échapper du
Rena», échoué à 20 km de la côte mais que
l’on peut voir par temps clair, « comme
quand on force sur un moteur, mardi à
17heures. Comment se fait-il que l’accident
n’ait été rapporté que le lendemain à 2 heures du matin ? » Avec le mécontentement
de la population, il en faut peu pour que le
refrain classique de l’incurie des dirigeants ne rejaillisse.
A
2 km de là, l’accès à la plage est barré. L’armée est à pied d’œuvre, en
tenue blanche d’urgentiste, avec
des sacs-poubelle noirs pleins, « au carré »,
méthodiquement alignés devant la dune.
Pour une superficie de ramassage comparable, on ne trouve que deux volontaires à
quelques encablures. L’endroit est pourtant particulièrement sale, avec des traces
anthracite insistantes apparues le matin
même. « Ce coin est fréquenté par les
locaux, pas les touristes ; nous on y vient
pour pêcher, juge un des duettistes. Ici, ce
n’est pas stratégique, il n’y a pas d’hôtels,
seulement un camping en retrait.»
John Key a déjà anticipé la vague de
mécontentement: « Je peux comprendre
la frustration des gens, ils veulent croire
que ce pourrait être fait plus rapidement.
Mais nous travaillons aussi vite que nous le
pouvons.» Stephen Joyce, le ministre des
transports, a annoncé qu’« un nettoyage
constant des plages pour les semaines à
venir» sera nécessaire. p
Bruno Lesprit
Le commandant du «Rena» a été inculpé
Tauranga
Envoyé spécial
En évoquant « tous ces désastres que la
Nouvelle-Zélande affronte ces derniers
temps», le premier ministre, John Key,
n’a pas manqué d’établir un parallèle
entre la marée noire qui touche la côte de
Tauranga et le tremblement de terre qui a
frappé Christchurch le 22 février. Deux
événements qui ont assombri la Coupe
du monde de rugby, même si les locaux
finissent invariablement par demander
au visiteur : « Bon, pour changer de sujet,
est-ce que la France va gagner ? »
A la différence du séisme, un coupable
a pu être identifié s’agissant de l’échouage
du Rena. Le commandant du cargo a été
arrêté, mercredi 12octobre, et inculpé au
titre de la section 65 de la loi du transport
maritime pour « avoir manœuvré un navire en provoquant un danger inutile ou un
risque». Il encourt une amende maximale
de 10 000dollars néo-zélandais
(7500euros) et jusqu’à douze mois de prison, mais d’autres charges pourraient être
retenues. Son identité n’a pas été révélée,
on sait seulement qu’il fêtait ses 44 ans le
jour de l’accident avec ses 25 hommes
d’équipage. Il devrait comparaître devant
un tribunal de Tauranga le 19octobre.
Comme ses compatriotes, John Key ne
comprend pas comment le Rena a pu
heurter « un récif à ce point localisé et
connu ». « La réponse doit venir de la justice», a-t-il ajouté. Stephen Joyce, minis-
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 2 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:11 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
tre des transports, a estimé le coût de la
catastrophe à « plusieurs millions de dollars», une mesure affinée par des experts
à 40 millions de dollars néo-zélandais.
Long de 23 mètres et contenant
1700 tonnes de fioul – à titre de comparaison le pétrolier Exxon-Valdez en a déversé
38 000 tonnes lors de son naufrage en
Alaska en 1989 –, le Rena a heurté à pleine
vitesse le récif de l’Astrolabe vers 2 h20 du
matin, mercredi 5 octobre. La fuite de fioul
émane des canalisations et non de la citerne elle-même. Un tanker de 80 mètres de
long, l’Awanuia, a appareillé pour assurer
l’opération de pompage, mais celle-ci a été
rendue délicate jusqu’ici par les mauvaises conditions climatiques. p
B. Lt
international
0123
Jeudi 13 octobre 2011
3
Accord Israël-Hamas pour libérer le soldat Shalit
Le caporal israélien, détenu à Gaza depuis juin2006, sera échangé contre un millier de prisonniers palestiniens
Jérusalem
Correspondant
E
n principe, c’est fait : un
accord pour la libération du
soldat israélien Gilad Shalit,
détenu par le Hamas, à Gaza,
depuis le 25 juin 2006, aurait été
« signé définitivement », mardi
11 octobre, a assuré le premier
ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou. Peu avant une réunion d’urgence du gouvernement,
dans la soirée, M. Nétanyahou a
expliqué qu’il présentait à ses
ministres un accord « qui ramènera Gilad Shalit sain et sauf à ses
parentset à tout le peuple d’Israël».
Une grande fébrilité s’est installée
en fin d’après-midi à Jérusalem, à
la suited’informationsconcordantes attestant qu’une « proposition
sérieuse » du Hamas aurait été
« paraphée» le 6 octobre.
«Une brève fenêtre d’opportunité a été ouverte en vue d’un accord
historique »,
a
ajouté
M. Nétanyahou. Si cet accord se
confirme, il pourrait commencer
à prendre effet dans les prochains
jours et porterait, comme cela a
toujoursété envisagé, sur la libération d’un millier de prisonniers
palestiniensdétenus en Israël. Jusqu’ici, les négociations, qui ont
notamment été conduites par le
gouvernement égyptien – celui de
l’ancien président Hosni Moubarak et de l’actuel Conseil supérieur des forces armées (CSFA) – et,
dans une moindre mesure, par le
médiateurallemand GerhardKonrad, ont achoppé, notamment en
mars et en décembre 2009, sur
l’identité des détenus qui seraient
relâchés et sur l’endroit où ils
seraient remis en liberté.
Israël a jusqu’à présent refusé
que des prisonniers très charismatiques, tels Marouane Barghouti,
un haut responsable du Fatah pour
la Cisjordanie très actif lors de la
seconde Intifada (2000), qui purge
depuis 2002 un total de cinq peines de prison à vie, et Ahmed Saadat, secrétaire général du Front
populairedelibérationdelaPalestine (FPLP), soient remis en liberté.
Cettepositionaétéréaffirméemar-
Des manifestants israéliens brandissent des effigies de Gilad Shalit, mercredi 12 octobre, devant la résidence du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem. R. ZVULUN/REUTERS
diparYoramCohen,le chefduShin
Beth, le service de renseignement
intérieur: les deux hommes resteront en prison, de même qu’Abdullah Barghouti, ancien responsable
militaire du Hamas, responsable
de plusieurs attentats, et Ibrahim
Hamad, autre responsable de la
branche militaire du Hamas.
Un premier groupe de 450 détenus (dont 280 purgent une peine
de prison à vie) sera libéré lorsque
le Hamas transférera Gilad Shalit
en Egypte. Khaled Mechaal, le chef
Plus de cinq ans aux mains des islamistes à Gaza
25 juin 2006 Au lendemain
de l’enlèvement par l’armée israélienne de deux membres du
Hamas à Gaza (au cours de sa première incursion depuis le retrait
de 2005), un commando palestinien attaque une position militaire située en territoire israélien,
près de la frontière avec Gaza.
Le caporal Gilad Shalit est enlevé.
25 juin 2007 Après qu’une lettre
du soldat est parvenue à ses
parents en septembre 2006,
un message audio de Gilad Shalit
est rendu public.
2 octobre 2009 Un enregistrement vidéo est rendu public. Le
Hamas et le gouvernement israélien sont proches d’un accord
en mars puis en décembre.
12 octobre 2011 Annonce
d’un accord pour la libération
de Gilad Shalit.
politique du Hamas en exil à
Damas, a précisé que cela pourrait
se faire « dans une semaine». Dans
un second temps, un deuxième
groupe de 577 prisonniers (soit un
total de 1 027 détenus) serait élargi
quelques jours après la libération
effective du soldat israélien.
M. Mechaal a évoqué un délai de
« deuxmois », de même que Yoram
Cohen. L’autre point d’achoppementconcernelelieu oùlesPalestiniens seraient remis en liberté,
l’Etatjuif refusantque les plusdangereux puissent retourner en Cisjordanie. Sur le premier groupe,
300 devront partir, soit à Gaza, soit
à l’étranger, a précisé le Shin Beth.
« C’est un accord difficile à avaler
pour les familles qui ont perdu l’un
des leurs, mais nous ne pouvons
pas attendre. Si nous attendons,
nous pourrions ne plus être capables de ramener Gilad à la maison », a insisté M. Cohen.
A Gaza, le Mouvement de la
résistance islamique a confirmé la
réalité de l’accord, et la branche
arméeduHamas,les brigadesEzzedineAl-Kassam,l’un destrois grou-
pes islamistesimpliquésdans l’enlèvement de Gilad Shalit, a assuré
que l’échange de prisonniers
« sera appliqué dans quelques
jours ». Des dizaines de milliers de
Palestiniens se sont rassemblés
dans la soirée de mardi dans le
nord de la bande de Gaza pour célébrer « la victoire de la résistance et
la conclusion d’un accord d’échange de prisonniers ». Nul doute, en
effet, que la libération de plus d’un
millierde prisonnierspalestiniens
constitueun succès politique pour
le Hamas, ce qui renforcera son
influence politique par rapport au
Fatah, le parti dominant de l’Autorité palestinienne.
L’accorda étéfinalisé dans lasoirée de mardi, après cinq heures de
discussions, par le gouvernement
israélien; vingt-six ministres l’ont
approuvé, alors que trois d’entre
eux s’y sont opposés : Avigdor Lieberman, ministre des affaires
étrangèreset chef du parti ultranationaliste Israel Beitenou (Israël,
notre maison), Ouzi Landau,
ministre des infrastructures,
membre du même parti, et Mos-
ché Yaalon (Likoud), ministre des
affaires stratégiques. Comme
nombre de responsables israéliens, les trois hommes ont dans le
passé manifesté avec force leur
refus de voir libérer des « terroristes » susceptibles de se livrer à de
nouveaux attentats en Israël.
La libération de Gilad Shalit, qui
possède également la nationalité
«Une brève fenêtre
d’opportunité a été
ouverte en vue d’un
accord historique»
Benyamin Nétanyahou
premier ministre israélien
française, constituerait une victoire politique pour M. Nétanyahou,
à un moment où le premier ministre israélien tente de gérer une grave crise sociale, alors que les négociations de paix avec les Palestinienssont arrêtées depuisseptembre 2010, et que l’Autorité palestinienne joue son va-tout en tentant
d’obtenir des Nations unies la
reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant. Il reste que ce
succès fera long feu si la Cisjordanie est le théâtre d’une nouvelle
flambée de violences.
Le paradoxe de l’annonce d’une
possible libération du seul prisonnier israélien aux mains du
Hamas est que celle-ci est intervenue alors qu’un mouvement de
grève de la faim entamé depuis
deux semaines par les prisonniers
palestiniens détenus en Israël faisait tache d’huile. Epouses, filles et
fils, parents et amis, ils étaient
quelque 250 à s’être rassemblés,
mardi soir, à la porte de Damas,
l’une des principales entrées dans
la vieille ville de Jérusalem.
Dans la nuit, les visages des femmes et des enfants, qui tous
tenaient une bougie allumée, se
détachaient nettement. « Libérez
nos prisonniers! » : les slogans et les
chants étaient repris avec force, les
banderoles et les drapeaux palestiniens déployés et des dizaines de
photos des prisonniers brandies. p
Laurent Zecchini
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S’ENGAGER POUR LA PLANèTE EST UNE BELLE ENTREPRISE.
w w w. s u e z - e n v i r o n n e m e n t . f r
4
0123
international
Jeudi 13 octobre 2011
Le règlement du dossier Shalit replace
le Hamas au centre du jeu politique
Le retour attendu de centaines de détenus dans leurs foyers est une victoire pour le parti islamiste
U
n soldat israélien pour
1 027 détenus palestiniens.
Dans l’histoire des échanges de prisonniers entre l’Etat juif
et ses voisins arabes, le dénouement de l’affaire Shalit fera date.
Jamais Israël n’a consenti à élargir
autant de militants ennemis pour
rendre la liberté à un seul de ses
soldats.
Nuldouteque le Hamas s’emparera dece ratiorecord pouralimenter sa propagande. Le mouvement
islamiste promet d’être le grand
vainqueur de la redistribution des
cartes auquel l’accord surprise va
donner lieu. En retrait de la scène
médiatique depuis le déclenchement du soulèvement syrien, qui
l’oblige à un grand écart impossible entre le président Bachar
Al-Assad, son protecteur numéro
un, et les Frères musulmans, qui
sont à la fois la maison mère du
Hamas et le principal mouvement
d’opposition au régime de Damas,
Khaled Mechaal, le chef en exil des
islamistespalestiniens,est réapparu, mardi 11 octobre au soir, sur les
écrans des télévisions arabes.
Le regard combatif, il s’est posé
en rassembleur du peuple palestinien, insistant sur le fait que l’accord arraché à Israël permettra la
libération de détenus d’horizons
géographiques très variés (Gaza,
Cisjordanie, Jérusalem, Israël,
Golan et diaspora), affiliés aussi
bien au Hamas qu’à son rival du
Fatah et aux petites formations de
gauche comme le Front populaire
de libération de la Palestine (FPLP).
« On ne fait pas de différence
entre les partis (…), j’ai voulu créer
la joie dansle cœur des mèrespalestiniennes », a déclaré M. Mechaal,
magnanime, avant de s’engager à
tout faire pour libérer les quelque
5 000 détenus palestiniens qui ne
sont pas concernés par l’accord.
Tout à son aise dans la posture du
libérateur, M. Mechaal a pu passer
sous silence les concessions que
son mouvement a, semble-t-il,
offertes pour sceller l’arrange-
Candidat à l’investiture, l’ancien patron des
pizzas GodFather, noir, arrive en deuxième place
Washington
Correspondante
I
Le 11 octobre, à Gaza, la famille de l’un des 1 027 Palestiniens qui devraient être libérés par Israël
en échange du caporal franco-israélien Gilad Shalit. SAID KHATIB/AFP
ment avec Israël : le fait que
Marouane Barghouti, le trublion
du Fatah et héraut de la seconde
Intifada, et Ahmed Saadat, le chef
du FPLP, ne devraient pas être relachés et le fait qu’un bon nombre
de cadres du Hamas seront déportés à Gaza, ou à l’étranger.
Au regard des dividendes attendus par le mouvement, ces sacrifices sont cependant mineurs. Isolé
dans son fief de Gaza, dont il n’a
jamais pu briser l’encerclement et
où saféruleest largementimpopulaire, marginalisé par l’offensive
de l’Autorité palestinienne devant
l’ONUà laquelleil a assisté en spectateur, le Hamas traversait une
mauvaise passe. La conclusion de
l’interminable feuilleton Gilad
Shalit devrait l’aider à se replacer
au centre du jeu politique.
L’explosion de joie à laquelle le
retour dans leurs foyers de centaines de prisonniers va donner lieu,
Paris applaudit la libération du soldat franco-israélien
Nicolas Sarkozy s’est réjoui,
mardi 11 octobre, « de l’annonce
d’un accord qui doit conduire à la
libération de Gilad Shalit, capturé par le Hamas depuis le 25 juin
2006 ». Il a remercié « tous ceux
qui ont contribué à cet accord,
notamment l’Egypte, pour le rôle
essentiel qu’elle a joué ». Le président français s’est personnellement impliqué dans la libération
de Gilad Shalit, français par son
père, Noam. Il avait notamment
fait passer des messages au
Hamas en 2008 par le biais de
son homologue syrien, Bachar
Al-Assad, et l’émir du Qatar,
Hamad Ben Khalifa Al-Thani.
Sans succès. Bertrand Delanoë,
le maire de Paris, s’est aussi félicité de la prochaine libération de
celui qu’il avait fait citoyen
d’honneur de la Ville de Paris.
A la suite d’une plainte déposée
par les parents de Gilad Shalit à
Paris pour « enlèvement et
séquestration», deux juges d’instruction avaient été désignés en
juillet par le tribunal de grande
instance de Paris.
promet d’éclipser, momentanément au moins, le coup d’éclat de
Mahmoud Abbas à la tribune de
l’Assemblée générale des Nations
unies. Le 23 septembre, sous un
tonnerre d’acclamations, le
patriarche palestinien avait défié
Israël et les Etats-Unis en demandantà l’organisationinternationa-
Isolé dans son fief de
Gaza, le mouvement
islamiste traversait
une mauvaise passe
le d’octroyer à la Palestine le statut
d’Etat membre. Le regain de popularité que le Fatah, son parti, avait
immédiatement enregistré risque
sinon de tourner court, du moins
d’être endigué par le rebond du
Hamas.
En Cisjordanie, où ils s’étaient
habituésà gouvernersans la moindre opposition, le premier ministre Salam Fayyad et le Fatah vont
devoir réapprendre à composer
avec leur meilleur ennemi. Des
dizaines de dirigeants islamistes,
incarcérés à répétition depuis
2006, s’apprêtent à faire leur réapparition à Ramallah, Naplouse et
Hébron.L’aura dontils seront nimbés devrait dissuader l’Autorité
palestinienne, pour un temps au
mois, de les mettre sous contrôle.
Le retour en Cisjordanie de centaines de militants islamistes, qui
furent les petites mains de l’Intifada, augure aussi de possibles tensions avec les services de sécurité
palestiniens,qui aurontpour charge de les garder à l’œil.
A moyen terme cependant,
quand le tintamarre nationaliste
se sera tu, l’échange de prisonniers
peut aussi aider à remettre la vie
politique palestinienne dans le
sens de la marche. Le Parlement,
qui était paralysé depuis qu’Israël
avait emprisonné la plupart des
députés islamistes dans la foulée
de la capture de Gilad Shalit, pourrait se réunir dans les prochaines
semaines.
Il n’est pas interdit de penser
non plus que la dynamique suscitée par cet événement spectaculaireincitele Hamas et le Fatahà accélérer la mise en application de l’accord de réconciliation signé le
4mai au Caire et resté lettre morte.
En conséquence, la tenue d’élections pour renouveler le mandat
du président, expiré en janvier 2009, et celui du Parlement,
arrivé à échéance un an plus tard,
ne paraît plus chimérique. L’organisation de tels scrutins, annoncés
à intervalles réguliers par le Fatah,
et repoussés à autant de reprises
du fait de l’opposition du Hamas,
aurait conduit à entériner dans les
urnes la partition entre Gaza et la
Cisjordanie.
La libérationde Gilad Shalit rouvre donc le champ des possibles,
côté palestinien. Reste à savoir si
les frères ennemis du Fatah et du
Hamas et leurs patrons respectifs
– Iran-Syrie d’un côté, Etats-Unis et
Unioneuropéennede l’autre – sauront saisir cette occasion. p
Benjamin Barthe
Un conflit israélo-arabe jalonné de libérations massives
LE CONFLIT ISRAÉLO-ARABE est
jalonné d’échanges de prisonniers. La première opération de
libération massive par Israël de
militants ou de combattants principalement palestiniens, pour
récupérer des agents ou des soldats israéliens, intervient en
1983. De premiers échanges
avaient été conclus en mars 1974
et en mars 1979.
23 novembre 1983 : Pour obtenir
la libération de six soldats capturés au Liban par les miliciens du
Fatah, le 4 septembre 1982, près de
Bhamdoun, au cours de l’opération « Paix en Galilée », nom de
code de l’invasion du Liban par
Israël, le gouvernement israélien
relâche 4 600prisonniers, des
Palestiniens et des Libanais, et
rétrocède une partie des archives
de l’Organisation de libération de
la Palestine (OLP) saisies à Beyrouth par Tsahal.
Une partie des prisonniers palestiniens (plus de 1100) est transfé-
HermanCain,letype
simpleetjovial
desrépublicains
rée à Alger. La majorité de ces détenus étaient internés dans des
camps au Liban, notamment celui
d’Ansar, près de Nabatyeh.
20 mai 1985 : Israël libère
1 150 détenus palestiniens en
échange de trois soldats capturés
au Liban en 1982 par le Front
populaire de libération de la Palestine-Commandement général
(FPLP-CG), un groupe dissident de
l’OLP dirigé par Ahmed Jibril,
situé dans l’orbite syrienne.
Parmi les Palestiniens figurent
les principaux cadres de l’OLP en
Cisjordanie ainsi que le cheikh
Ahmed Yassine, futur chef spirituel du Mouvement de la résistance islamique (Hamas). Condamné
à perpétuité en 1989 par un tribunal militaire israélien, Ahmed Yassine est libéré à nouveau le 1er octobre 1997 en échange de deux
agents du Mossad capturés en Jordanie au cours d’une opération
manquée contre un haut responsable du Hamas.
29 janvier 2004 : Le gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon échange 431 prisonniers, dont
23 Libanais, contre un ressortissant israélien, Elhanan Tannenbaum, un homme d’affaires
controversé enlevé en dehors d’Israël, et les restes de trois soldats
tués au début de la seconde intifada, en octobre2000, près de la
frontière avec le Liban.
16 juillet 2008 : Israël échange
cinq prisonniers libanais et les restes de plus de 200combattants
contre les corps de deux soldats
victimes d’une attaque près de la
frontière avec le Liban. Cette opération, conduite par le Hezbollah
libanais, avait déclenché la guerre
de juillet-août opposant la milice
chiite à l’armée israélienne.
2 octobre 2009 : En échange d’un
enregistrement vidéo du soldat
Gilad Shalit enlevé le 25 juin 2006,
le gouvernement israélien libère
20 prisonnières palestiniennes.
En dehors de ces échanges de
prisonniers, les accords d’Oslo
entre l’OLP et Israël ont ouvert la
voie à une série de libération de
détenus palestiniens, des gestes
conçus pour instaurer un climat
de confiance entre les deux parties dans la perspective de négociations pour un accord de paix.
Ces libérations inclues dans
les accords du Caire (4 mai 1994)
et d’Oslo II (28 septembre 1995)
ont été gelés par le déclenchement de la seconde intifada en
septembre2000. Ils ont été relancés le 21 février 2005 avec la libération de 500 prisonniers après
l’élection de Mahmoud Abbas à
la tête de l’Autorité palestinienne, un mois plus tôt.
D’autres libérations sont intervenues en juin 2005 puis en
juillet et en décembre 2007. En
août 2008, Israël libère pour la
première fois des Palestiniens
impliqués dans des attaques
meurtrières. p
Gilles Paris
nterrogé sur ce qu’il apporterait à la Maison Blanche s’il
étaitéluennovembre2012,Herman Cain, la nouvelle coqueluche
du camp républicain, a répondu :
« Le sens de l’humour. L’Amérique
est tellementcrispée ! » Peut-êtrene
faut-ilpaschercherplusloinles raisons dela percéede l’ancien patron
de la chaîne de pizzas GodFather
dans l’électorat républicain: Herman Cain est un type simple et
jovial. Un homme d’affaires plutôt
qu’un politicien. Et il est noir.
Pour le débat de mardi soir
11octobre, dans le New Hampshire,
les organisateurs avait placé
M.Cain à la droite du favori des primaires, Mitt Romney, alors qu’il
s’était plaint il y a quelques semaines de ne jamais avoir la parole. Les
sondages le donnent désormais
deuxième,à quelquespointsseulement de l’ancien gouverneur du
Massachusetts, et même en tête en
CarolineduSud.Et70%desrépublicains disent que plus ils le voient,
plus ils l’apprécient. « Il est heureux,drôle,intelligent,lancelechroniqueur David Brooks. Quand les
débats tournent vers lui, vous vous
dites “Tiens, je vais l’écouter!” »
Herman Cain a sa formule magique pour redresser l’économie: le
plan9-9-9.Untauxde9%pourl’impôt sur le revenu, 9 % pour l’impôt
sur les sociétés et 9 % pour la taxe
sur les ventes. Excellent communiquant(il se fait payer 25000dollars
le discours, soit plus de
18000euros), il en a fait un message quasi publicitaire et les audiencesreprennentenchœur:«9-9-9! »
Mardi,les «petits» candidatsont
essayé de casser la dynamique.
Michele Bachmann a fait remarquer que 999 à l’envers donne 666.
« Le diable est dans les détails »,
a-t-elle soufflé. Jon Hunstmann, le
modéré, s’est moqué: «C’est le prix
d’une pizza.» L’ultraconservateur
Rick Santorum lui reproche de vou-
loir augmenter l’impôt sur le revenu que nombre d’Etats ne taxent
pas:«0-0-0,c’estmieuxque9-9-9!»
A 65 ans, Herman Cain ne fait
même pas campagne. Plutôt que
d’arpenter les estrades, il fait la promotion de son livre dans les librairies: Ici Herman Cain. Mon voyage
vers la Maison Blanche. Il y vend sa
vie et son exemple : né dans une
famille pauvre de l’Etat de Géorgie,
il a grimpé les échelons jusqu’à
devenir PDG de GodFather. Puis
président de la Réserve fédérale à
Kansas City et animateur d’un talkshow radio. Il a survécu à un cancer
du colon et continue de prêcher
dans une église baptiste d’Atlanta.
« Penseurs intelligents »
Sa seule expérience électorale a
échoué: il a brigué en 1994 un siège
de sénateur local en Géorgie. Il a
fondé le « mouvement Hermanator des penseurs intelligents ».
Interrogé par le Wall Street Journal
sur le phénomène d’occupation
des villes («Occupy Wall Street»), il
a répondu que celui qui n’a pas
d’emploi et n’est pas riche « n’a
qu’à s’en prendre qu’à lui-même».
Le fait que M. Cain soit noir joue
pour lui dans les rangs républicains. Le professeur William Jelani
Cobb,de l’universitéRutgers, parle
de « police d’assurance raciale » : sa
candidature permet de dépasser
les accusations de racisme qui
pèsent sur le Tea Party. « Lorsqu’il
dit qu’iln’accepteraitpas de musulmans dans son cabinet, comment
pourrait-ce être du racisme puisque c’est un Noir qui le dit ? »,
argue-t-il dans le Washington Post.
William Bennett, l’ancien secrétaire à l’éducation de Ronald Reagan, analyse ce phénomène : les
républicains, qui ont voté en 2008
pour BarackObama « pour prouver
qu’ils ne sont pas racistes », doivent
cette fois voter contre lui « pour
montrer qu’ils ne sont pas idiots ».
Et Herman Cain est le candidat qui
leur permet de « faire les deux ». p
Corine Lesnes
LesEtats-Unisaccusent
l’Irand’un projetd’attentat
Deux Iraniens auraient préparé l’assassinat
de l’ambassadeur saoudien à Washington
L
e projet d’attentat iranien
visant l’ambassadeur d’ArabiesaouditequelesEtats-unis
ont affirmé avoir déjoué, mardi
11octobre, est digne d’un «scénario
d’Hollywood», selon l’expression
de RobertMueller, directeurdu FBI.
Mardi, le ministre américain de la
justice, Eric Holder, a annoncé l’inculpationde deuxIraniens qui projetaient un attentat à la bombe
visant l’ambassadeur Abdel
Al-Jubeir, proche du roi Abdallah.
Les ambassades d’Israël et d’ArgentineàWashingtonauraientaussi été visées.« Les Etats-Unis s’engagent à tenir l’Iran responsable de
ses actions », a précisé M. Holder.
Barack Obama a immédiatement
appelé l’ambassadeur saoudien
pour lui exprimer sa « solidarité».
L’Iran, par la voix de son ambassadeur à l’ONU Mohammad Khazaee, a qualifié de « conspiration
diabolique» ces accusations.
Manssor Arbabsiar, 56 ans, qui
dispose des nationalités iranienne
et américaine, et Gholam Shakuri,
un Iranien membre de l’unité
Qods, les forces spéciales des Gardiens de la révolution, sont poursuivisnotammentpour«conspiration en vue de tuer un responsable
étranger » et « utilisation d’une
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 4 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:37 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
arme de destruction massive [des
explosifs] ». Alors que ce dernier
est toujours en liberté, le premier
homme a été interpellé le 29 septembre à l’aéroport Kennedy de
New York et incarcéré. Cette arrestation a été rendue possible grâce
aux renseignements fournis par
un indicateur américain, qui se faisait passer pour un membre d’un
cartel de la drogue mexicain et que
ManssorArbabsiaravait rencontré
à plusieurs reprises au Mexique.
Lors de ces rendez-vous, l’Iranien lui aurait proposé 1,5 million
de dollars (1 million d’euros) pour
organiser l’opération. Lorsque l’indicateur lui a fait remarquer que
l’attentat, prévu dans un restaurant, pouvait blesser 150 personnes, M. Arbabsiaraurait estimé que
ce n’était « pas bien grave », a rapporté le procureur de New York.
Interpellé, Manssor Arbabsiar a
admis sa participation au projet
d’attentat, selon le procureur. Il a
alors accepté d’appeler au téléphone Gholam Shakuri, en Iran. Lors
de cette conversation enregistrée
parla police,cedernierluiademandé de faire avancer l’attentat « aussi rapidement que possible». p
Philippe Bernard
(avec Bloomberg)
0123
international
Jeudi 13 octobre 2011
5
En Ukraine, Ioulia Timochenko crie au «lynchage politique»
L’ex-première ministre a été condamnée à sept ans de prison pour «abus de pouvoir » à l’issue d’un procès critiqué par l’Union européenne
Moscou
Correspondante
L
’ex-première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko,
50ans, a étécondamnée,mardi 11 octobre, à sept ans de prison
par un tribunal de Kiev en raison
des accords sur le gaz conclus avec
son homologue russe, Vladimir
Poutine, en janvier 2009. En
ordonnant à la compagnie ukrainienne Naftogaz de signer un
contrat sur dix ans avec Gazprom,
seule issue pour mettre fin à la
bataille du gaz qui faisait rage à
l’époque, l’ex-égérie de la « révolution orange» se serait rendue coupable d’« abus de pouvoir ».
La signature des accords, désormais décrite comme « contraire
aux intérêts de l’Etat ukrainien »,
vaut à Mme Timochenko sept ans
de prison, trois ans d’inéligibilité
et 140 millions d’euros d’amende,
soitles dommagessubis par Naftogaz. Ainsi s’est achevé, après trois
moisd’audience,le procèsqui divise l’Ukraine et exacerbe les tensions entre l’Union européenne
(UE) et la Russie.
Toujours aussi combative,
Mme Timochenko a coupé la parole
au juge Rodion Korneev pendant
quecelui-ci lisaitle verdict.Se tournant vers les caméras de télévision, elle a dénoncé le « régime
autoritaire » du président Viktor
Ianoukovitch, comparé à Staline
et à ses purges. « C’est le retour de
l’année 1937 », a-t-elle lâché, sûre
d’elle, face à un juge qui tentait
tant bien que mal de poursuivre sa
lecture du verdict. Décrivant son
procèscommeun «lynchagepolitique » tramé par son rival, le président Ianoukovitch, elle a annoncé
son intentionde faire appel. En termes d’image,la « Marianne» ukrainienne a incontestablement marqué des points face au juge en
sueur, le nez dans ses papiers.
L’UE et l’administration américaine se sont dit déçues par le verdict. « L’Union européenne va réfléchir à sa politique à l’égard de
l’Ukraine », a prévenu Catherine
Ashton, la chef de la diplomatie
européenne. Bruxelles pourrait
revoir la signature d’un accord
d’association avec Kiev, prévue
avant la fin de l’année 2011. Washington a de son côté qualifié la
condamnation de Mme Timochenko de « politique ».
A sa façon, la Russie a joint sa
voix aux condamnations. L’affaire
a un « caractère manifestement
Elle a dénoncé le
«régime autoritaire»
du président Viktor
Ianoukovitch,
comparé à Staline
et à ses purges
anti-russe», a soulignéle ministère
des affaires étrangères. Moscou, en
perpétuelle bisbille avec Kiev sur
les prix du gaz, ne veut surtout pas
que le jugement serve de base juri-
dique à l’annulation du contrat
gazier conclu avec l’Ukraine et toujours en vigueur à ce jour. « Jeter le
doute sur cet ensemble d’accords
est dangereux et contre-productif », a mis en garde M. Poutine, en
visite à Pékin. Sans comprendre
pourquoi Ioulia Timochenko « a
pris sept ans», le premier ministre
russe s’est bien gardé de la défendre,car«elleestunepersonneorientée politiquement vers l’Occident».
La messe était dite. Il faut savoir
que M. Poutine s’est entendu avec
M. Ianoukovitch pour une révision du contrat honni. Moscou
veut bien baisser le prix du gaz,
comme le souhaite Kiev. L’accord
a été trouvé le 24 septembreà Moscou, le jour même où était annoncé le retour du « tsar » Poutine au
«Le président Ianoukovitch agit en violation des normes européennes»
Entretien
Plus proche conseiller de Ioulia
Timochenko, Hrihori Nemyria
estime que le sort de l’ex-première ministre est entre les mains du
président Viktor Ianoukovitch.
Comment réagissez-vous à cette condamnation ?
On s’y attendait, mais cela reste
scandaleux. En dix-huit mois de
présidence Ianoukovitch, l’Ukraine est devenue une autocratie où
le régime fixe lui-même les limites de la compétition politique.
S’il n’est pas arrêté, le pays se transformera en autocratie complète.
Ce jugement est-il définitif ?
On a le droit de faire appel dans
les quinze jours, mais cette justice
aux ordres nous rend sceptiques.
Nous attendons à présent le test
crucial auquel sera confronté Viktor Ianoukovitch la semaine prochaine, alors qu’il doit se rendre à
Bruxelles le 20octobre pour voir
José Manuel Barroso.
Le Parlement fera une nouvelle
tentative pour amender le code
pénal, qui date de l’époque soviétique et qui criminalise l’action politique [en vertu duquel Mme Timochenko a été condamnée]. Le président ukrainien a déjà promis cela
à plusieurs reprises à ses interlocuteurs européens. Il y a eu un premier échec la semaine dernière,
car le Parti des régions a rejeté les
amendements en ce sens déposés
par l’opposition.
Avez-vous le sentiment que
M. Ianoukovitch a déjà tranché
dans un sens ou dans l’autre ?
Il veut créer une zone grise d’incertitude, en faisant un pas en
avant, deux en arrière. Si ce jugement était maintenu, cela rendrait
impossible la reconnaissance des
élections législatives de 2012 comme étant libres et équitables, en
l’absence de Ioulia Timochenko.
Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE pour la politique étrangère, a condamné
sévèrement ce jugement…
Le temps des messages est révolu. Ils ont tous été déjà envoyés,
avec une envergure sans précédent. Si Ianoukovitch n’agit pas
dans les jours qui viennent, il ne
restera que les sanctions, du type
de celles prises contre le régime
Loukachenko en Biélorussie. Elles
pourraient frapper les enquêteurs,
les officiers des services de sécurité, les juges… Sinon, Ianoukovitch
continuera d’exercer un chantage.
Quant à l’accord d’association
[que l’Ukraine doit signer avec l’UE
en décembre], ce n’est pas un simple morceau de papier. L’UE a rejeté toute idée de compromis sur
l’Etat de droit et les droits de l’homme. Or, on ne peut espérer que
Ianoukovitch devienne un partenaire de confiance s’il agit en violation des normes européennes.
Ce jugement va-t-il aggraver les
relations entre Kiev et Moscou ?
té énergétique européenne risque
de se rouvrir, car le régime tente
d’utiliser le procès dans ses négociations avec la Russie.
Ianoukovitch essaie de jouer le
jeu de Koutchma [président
entre1994 et 2005] : traire deux
vaches à la fois tout en les faisant
chanter! L’UE y est habituée, mais
pour la Russie, c’est nouveau. Je
doute que le président soit assez
doué pour ce jeu dangereux. Il n’y
a plus de parapluie européen ou
russe au-dessus de sa tête. Il se
retrouve seul et cherche désespérément une solution. Mais toute
sa culture politique s’oppose à un
compromis. p
La boîte de Pandore de la sécuri-
Propos recueillis par
Piotr Smolar
Kremlin. Difficile de savoir ce que
les autorités de Kiev ont promis en
contrepartie.
M.Ianoukovitch disait jusqu’ici
privilégier l’intégration économique de son pays à l’UE. Il semblait
peu enclin à rejoindre l’Union
douanière Russie-BiélorussieKazakhstan malgré l’insistance de
Moscou. L’économie ukrainienne,
grande exportatrice d’acier et de
produits chimiques, n’est pas
encore remise de la crise de 2009
(chute de 15 % du produit intérieur
brut). Elle est dépendante d’un crédit de 15,6 millions de dollars
(11,4 millions d’euros) accordé par
le Fonds monétaire international.
Une fois de plus, l’Ukraine est
tiraillée entre l’Europe et la Russie.
Prêt à tout pour obtenir une réductionsurles prix dugaz,M.Ianoukovitch et ses alliés du Parti des
régions, les oligarques du charbon
et de l’acier au sud-est de l’Ukraine, vont-ils céder aux sirènes russes ? Récemment, M. Poutine, en
campagne pour son troisième
mandat, a dévoilé le projet grandiose de la création d’une Union
eurasienne entre son pays, le
Kazakhstan et la Biélorussie. « Il
faudrait plutôt dire une Union des
présidents à vie », s’est gaussé un
expert à la radio russe Kommersant FM.
Avecses46 millionsd’habitants,
ses industries, ses gazoducs vers
l’Europe, l’Ukraine pourrait former
le noyau de cette nouvelle URSS. En
écartantMme Timochenko,sonprincipal rival politique pour l’élection
législative de 2012, M. Ianoukovitcha fait un premier pasdanscette direction. p
Marie Jégo
Le commandant et son équipage seront heureux de vous entourer d’attentions tout au long de votre vol : service personnalisé et prévenant, boissons
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6
europe
0123
Jeudi 13 octobre 2011
L’Europe cherche à éviter une catastrophe bancaire
Le superviseur européen des banques conseille aux Etats de garantir les transactions interbancaires
L
e sauvetage interminable de
la Grèce et, plus encore, le
sort de l’Italie pèsent comme
jamais sur le secteur bancaire. « La
crise a atteint une dimension systémique », a mis en garde JeanClaude Trichet, mardi 11 octobre,
lors de sa dernière audition au Parlement européen.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a répété
qu’une « décision claire et rapide
était nécessaire » au sujet de la
recapitalisation des banques les
plus exposées : tout retard « ne
fait que contribuer à l’aggravation
de la situation».
L’avertissement est resté sans
effet sur la Slovaquie,dont le Parlement a refusé un peu plus tard de
ratifier la refonte du Fonds européen de stabilité financière (FESF),
tout en promettant un second
vote dans les prochains jours. Il
s’adresse avant tout aux dirigeants européens alors que les
tractations en vue d’éviter une
catastrophe bancaire s’intensifient, après la réunion infructueuse à Berlin entre Nicolas Sarkozy et
Angela Merkel, dimanche. « Plusieurs questions vont devoir être
tranchées au niveau politique lors
du sommet de la zone euro le
23 octobre», reconnaît un expert.
Effort de recapitalisation
José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, devait recommander, mercredi, de renforcer le ratio de fonds
propres des banques pour le porter à 9 % d’ici à juillet 2012. Un seuil
préconisé par l’Autorité bancaire
européenne (ABE), afin de protégerles banquescontre une restructuration plus lourde de la dette
grecque, mais aussi contre une
éventuelle défaillance de l’Italie.
« On y parviendra en mobilisant
les revenus des banques ellesmêmes, qui gagnent de l’argent, le
Lundi, les banques européennes ont déposé 269 milliards d’euros auprès de la banque de Francfort. Au tournant de l’année 2009,
elles y avaient placé jusqu’à
350 milliards d’euros. Ce montant
avait progressivement diminué
pour atteindre entre 20 et 25 milliards d’euros au début de l’année.
L’ABE souhaiterait donc mettre
un terme, grâce aux promesses de
garanties, à la paralysie des échanges interbancaires et en finir avec
ce que la BCE considère comme
une forme d’« addiction douce »
du secteur bancaire.
De gauche à droite et de haut en bas : la première ministre slovaque, Iveta Radicova, le président de la Banque centrale européenne,
Jean-Claude Trichet, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. PHOTOS : AFP ET REUTERS
capital privé et, si c’est nécessaire,
en dernier ressort, le capital
public », a annoncé le ministre
français des affaires étrangères,
Alain Juppé, mardi, devant l’Assemblée nationale.
Jusqu’ici, la France n’avait
jamais évoqué officiellement la
possibilité d’injecter des fonds
publics dans ses banques. A Paris,
on estime que les banques françaises auront besoin de 10 milliards
d’euros pour atteindre le seuil de
9 % de fonds propres, et 20 milliards pour le porter à 10 %.
Au total en Europe, l’effort de
recapitalisation pourrait se monter à une petite centaine de milliards d’euros, dit-on à Bruxelles.
Morgan Stanley, pour sa part, calcule qu’un tel effort représenterait 275 milliards d’euros pour une
douzaine de banques. Le Fonds
monétaire international (FMI),
lui, appelait à injecter entre
100 milliards et 200 milliards
d’euros dans quarante banques
européennes.
L’ABE veut aller plus loin pour
enrayer la contagion de la crise des
dettes au secteur bancaire. Depuis
quelques jours, elle recommande
aux Etats de garantir une partie
des échanges interbancaires afin
derétablir la confianceet la circulation de liquidités entre les établissements financiers. Une mesure
qui s’inspire du dispositif d’urgence mis en place en octobre 2008,
après la faillite de Lehman Brothers. Comme lors du naufrage de
l’enseigne américaine, les banques n’osent plus se prêter d’argent et se ruent sur les liquidités
mises à leur disposition par la BCE.
Le Parlement slovaque rejette le renforcement
du Fonds européen de stabilité financière
Prague
Correspondant
L’ultralibéral Richard Sulik, président du Parlement slovaque et
chef du parti Liberté et Solidarité
(SaS) de la coalition gouvernementale quadripartite de centre-droit,
l’avait promis : le renforcement
du Fonds européen de stabilité
financière (FESF) ne passera pas
avec l’aide de son parti. Son opiniâtre opposition a été couronnée
de succès, mardi 11 octobre, au
Conseil national (Parlement), qui
a bloqué la mise en œuvre de la
seconde étape du FESF et plongé
encore un peu plus la zone euro et
les marchés dans la tourmente.
Forçant la première ministre,
Iveta Radicova, à engager la responsabilité du gouvernement slovaque sur le renforcement du
FESF, Richard Sulik a obtenu le
rejet – provisoire – du principal
outil de sauvetage de la zone
euro et la chute du gouvernement en place depuis juillet 2010.
Seuls 55 députés sur les 79 qui
soutiennent la coalition (sur un
total de 150) ont voté la confiance au gouvernement.
«Qu’a-t-il gagné avec cela? »,
s’est interrogée, après le vote,
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Mme Radicova, les traits fatigués
après deux semaines d’intenses
négociations avec son partenaire
rebelle pour le ramener à la raison
d’Etat. La première ministre remettra sa démission au président Ivan
Gasparovic à son retour, avancé,
d’un voyage officiel en Asie.
Une nouvelle tentative de vote
sur le renforcement du FESF sera
organisée dans les prochains
jours après consultation avec le
principal parti d’opposition, dirigé par l’ancien premier ministre
social-démocrate Robert Fico.
Celui-ci a d’ores et déjà réclamé,
en contrepartie de son soutien, la
tenue d’élections anticipées.
« Je ne peux pas accepter un isolement de la Slovaquie», a expliqué pour sa part Mme Radicova,
confiante dans l’issue positive de
ce « malheureux contretemps».
Elle sera très probablement chargée d’expédier les affaires courantes avant la formation d’un nouveau gouvernement. A ce titre,
elle devrait participer, le 23 octobre, au sommet des chefs d’Etat et
de gouvernement de l’Union européenne (UE) sur la crise de l’euro.
Richard Sulik, qui estime que
les «Slovaques sont trop pauvres
pour payer les erreurs des autres»,
surtout «des Grecs qui vivent
au-dessus de leurs moyens» et des
«banques françaises», a ferraillé
contre le nouveau FESF depuis la
décision des dirigeants de la zone
euro, le 21juillet, d’élargir le rôle
du Fonds. Le chef du SaS n’était
prêt à l’accepter que si la Slovaquie
était dispensée de payer sa contribution de 7,7 milliards d’euros au
FESF (1 %), une éventualité exclue
par Bruxelles. Son mouvement
libéral et eurosceptique a également exigé que Bratislava obtien-
Mardi,les banques ontemprunté 205 milliards d’euros pour une
semaine auprès de la Banque centrale, à comparer aux 199 milliards de la semaine précédente et
aux 54 milliards qu’elles empruntaient début 2010.
Et quand elles ont de l’argent à
placer, elles préfèrent le mettre en
dépôt auprès de l’institut monétaire, qu’elles jugent plus sûr que
leurs consœurs. Quitte à perdre
de l’argent : les dépôts à la BCE
sont rémunérés à 0,75 %, bien en
deçà du marché.
Eviter que l’Italie ne bascule
Pour éviter le pire, le règlement du cas grec est également
une condition sine qua non. La
« troïka » des bailleurs de fonds
de la Grèce – FMI, Commission
européenne et BCE – a quitté
Athènes, mardi : le déblocage de
la prochaine tranche d’aide est en
bonne voie.
Mais l’ampleur de la restructuration de la dette grecque, négociée avec ses créanciers privés, fait
toujours débat. Les Allemands exigent une décote de 50 %, contre
21 % selon le plan de sauvetage
d’Athènes entériné le 21 juillet. Les
Français dénoncent le risque de
contagion qu’entraîneraitune restructuration lourde de la dette
grecque et ne veulent pas aller
au-delà de 35 %. Ils exigent par
ailleurs de muscler encore la force
de frappe du FESF en le transformant en banque, ce à quoi les Allemands se refusent.
Pour la France, il s’agit avant
tout d’éviter que l’Italie ne bascule
à son tour, en cas de nouvel accès
de panique sur les marchés. « L’Italie est notre pare-feu », dit un responsable français. p
Arnaud Leparmentier,
Cécile Prudhomme
et Philippe Ricard (à Bruxelles)
La «troïka» donne son feu
vert pour l’aide à la Grèce
ne un droit de veto sur les futurs
décaissements du Fonds et puisse
se désengager du mécanisme européen de stabilité permanente censé remplacer le FESF en 2013.
« Même si ses anciens partenaires de la coalition l’ont accusé de
populisme, c’est surtout son dogmatisme idéologique qui est responsable de l’entêtement de
« Les Slovaques
sont trop pauvres
pour payer les erreurs
des autres »
Richard Sulik
président du parti
Liberté et Solidarité (SaS)
M. Sulik », estime le politologue
Grigorij Meseznikov. « Ce n’est pas
sûr que sa défense des pauvres Slovaques et des intérêts nationaux
lui permette de reconquérir l’électorat qui s’est détourné de lui
depuis les élections de juin 2010 »,
doute M. Meseznikov, inquiet de
l’affaiblissement de la Slovaquie
dans l’Union européenne.
«Les dirigeants européens, obnubilés par la ratification du FESF, ont
sous-estimé les conséquences de la
chute prévisible du gouvernement
slovaque, qui ne pourra prendre
aucune décision ferme concernant
la crise de l’euro, par exemple lors
du sommet du 23 octobre», s’étonne encore le politologue. « Les
socialistes européens auraient pu
ainsi faire davantage pression sur
M.Fico pour qu’il ratifie dès mardi
le FESF et ne risque pas une vacance du pouvoir en Slovaquie, préjudiciable à toute l’Europe», conclut
M.Meseznikov. p
Martin Plichta
Athènes
Correspondance
C’est sans véritable surprise que
la « troïka » a donné son accord,
mardi 11 octobre, au versement
d’une nouvelle tranche de 8 milliards d’euros au gouvernement
grec. Mais que de tensions et de
psychodrames pour en arriver là !
Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) à Athènes, le Néerlandais Bob Traa,
l’avait expliqué, à la mi-septembre : « Quand il y a moins de drame, le train des réformes ralentit.»
Personne ne pensait que le
FMI, la Banque centrale européenne et la Commission européenne,
réunis sous le nom de « troïka »,
allait laisser tomber Athènes en
rase campagne, précipitant une
faillite du pays. Mais tout au long
du mois de septembre, les créanciers de la Grèce ont fait monter la
pression pour montrer qu’ils
n’étaient pas dupes des lenteurs
du gouvernement à mettre en place les réformes auxquelles il
s’était engagé. Et qu’ils ne pouvaient plus se payer de mots, de
promesses et de lois votées sans
être appliquées. L’accord doit
encore être approuvé par l’Union
européenne et par le conseil d’administration du FMI. La Grèce ne
devrait pas recevoir l’argent avant
début novembre.
Depuis le coup de théâtre du
départ de la troïka, le 2 septembre,
le gouvernement a mis en place
de nouvelles mesures d’austérité
(augmentations d’impôts, baisses
des salaires et des retraites, chômage technique des salariés du
secteur public) qui rassurent la
troïka et inquiètent la population.
Dans son communiqué, la troïka
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 6 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:15 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
brosse un portrait plutôt sombre
de l’avenir et des efforts du gouvernement, même si le ministre
des finances, Evangélos Venizélos,
veut le voir « équilibré, pratique et
positif».
La troïka pointe les «retards
dans la mise en œuvre de certaines
mesures convenues» pour expliquer l’échec du gouvernement à
atteindre ses objectifs budgétaires
en 2011, et pas seulement l’aggravation de la récession. Si les mesures
de rigueur devraient suffire pour
2012, la troïka demande des
actions supplémentaires pour
2013-2014, comme l’avait exigé le
président de l’eurogroupe, JeanClaude Juncker, le 3 octobre.
Grève générale
Mais le « défi prépondérant»
porte sur les réformes structurelles, dont la mise en œuvre a été
« inégale». La troïka se félicite du
gel de deux ans des accords de
branche, qui ne s’imposeront plus
aux entreprises. Elle y voit une
« plus grande flexibilité du travail», les syndicats un risque de
diminution des salaires.
Les deux grands syndicats ont
appelé à une grève générale le
19 octobre. De nombreux mouvements sociaux ont lieu tous les
jours, des éboueurs aux agents
des musées. Athènes était sans
transports publics, lundi. Une
nouvelle paralysie est prévue les
13 et 14octobre.
La tension monte au Parlement. Aux députés socialistes, qui
faisaient part de leurs inquiétudes, mardi, M. Venizélos a brutalement répliqué: « Si vous trouvez
que le gouvernement est inefficace, renversez-le! » p
Alain Salles
planète
0123
Jeudi 13 octobre 2011
Quarante propositions pour «verdir»
et réformer le code minier français
Missionné par le gouvernement, Arnaud Gossement suggère la tenue d’un «Grenelle du sous-sol»
L
a tâche était ardue et, jusqu’à
maintenant, personne ne s’y
était vraiment attelé. Dans un
rapportdeprèsde400pages,remis
mercredi 12 octobre, à la ministre
de l’écologie Nathalie KosciuskoMorizet, l’avocat Arnaud Gossement avance 40 propositions pour
réformer le droit minier français,
un vieux monsieur dont la loi fondatrice date du 21avril1810.
«A l’époque,l’Etatet ses entreprises publiques étaient seuls maîtres
à bord. Les collectivités territoriales
et leurs habitants n’avaient pas
leur mot à dire sur l’exploitation du
sous-sol. Rien à voir avec le paysage
actuel », rappelle le juriste, ancien
porte-paroledeFranceNatureEnvironnement.
Au fil des années et de l’apparition de nouveaux défis (géothermie, captage et stockage du CO2,
etc.), le Code minier, enrichi de
« blocs » de dispositions, est devenu « un mille-feuilles où des strates
derèglesviennents’empilerlesunes
sur les autres sans réel bénéfice
pour personne», analyse-t-il, appelant à un vrai toilettage.
L’avocat affiche tout de suite la
couleur, précisant que l’un des
aspects-clés de cette réforme lui
échappe: la question de la propriété du sous-sol (qui revient à l’Etat
français) et des rapports entre le
titulaire d’un titre minier et le propriétaire de la surface. De tels
enjeux économiques relèvent
d’une décision politique au plus
haut niveau. Pas d’un rapport.
Son travail, très intéressant, est
néanmoins d’une actualité brûlante puisque, conformément à la lettre de mission de Mme KosciuskoMorizet, il se concentre sur l’articulationdudroitminieret dudroitde
l’environnement.
Un sujet ô combien sensible,
comme vient de le démontrer le
feuilleton à rebondissements au
sujet de l’exploration possible de
gaz et huiles de schiste sur le territoire national. La mobilisation
citoyenne des habitants du SudEst et du Bassin parisien a conduit
Nouveau rebondissement dans le feuilleton gaz de schiste
C’est une nouvelle pierre dans le
jardin du gouvernement. Le
Conseil général de l’industrie, de
l’énergie et des technologies
(CGIET) a rendu, mardi 11 octobre, son avis sur l’abrogation de
trois permis de recherche de gaz
de schiste qui avaient été accordés en mars 2010 à deux industriels : l’américain Schuepbach
Energy et le français Total. L’avis,
pas encore publié par le gouvernement, serait « mitigé », « ni
favorable, ni défavorable », commente un haut fonctionnaire. La
confirmation de l’abrogation
ayant été faite par le président de
la République lui-même, le 4 octobre, l’avis (ex post) du CGIET ne
changera rien. Mais pourrait servir de base juridique aux industriels en cas de contentieux.
à l’abrogation de trois permis de
recherche. « Ce dossier a révélé les
carences du droit minier, explique
Me Gossement. Et les leçons qu’il
convient d’en tirer ont inspiré mon
travail de propositions.»
Sa philosophie?Définir un nouvel équilibre entre « l’exigence de
protection de l’environnement par
le droit minier et l’application du
principe de sécurité juridique dont
doivent bénéficier les exploitants ».
Dialogue à cinq
Premièreidée:qualifierles substances de mine de « patrimoine
commun» dèsle premierarticle du
Code, conformément aux dispositions de la Charte de l’environnement. L’objectif est, en réalité, de
structurer le dialogue environnemental entre habitants, autorités
administrativesettitulairesde permis. Ne plus mettre devant le fait
accompli les populations locales
comme avec les gaz de schiste.
Au lieu donc de consultations
ponctuelles prévues lors de forages, l’auteur du rapport propose,
entre autres, la création de commissions départementales des
mines qui pourraient se saisir des
projets en amont ; et d’associer le
public lors de l’instruction de la
demande de permis de recherche,
ou pour sa prolongation. Il avance
l’idée, de la création d’un « Haut
Conseil des ressources minières »
afin d’assurer, dans l’esprit du Grenelle de l’environnement de 2007,
un dialogue à cinq : Etat, collectivitéslocales,syndicats,ONG et entre-
prises. Un peu sur le modèle du
Haut Conseil des biotechnologies
dédiéà la question des organismes
génétiquement modifiés (OGM).
Pour « verdir » le Code minier, il
faut aussi renforcer l’évaluation
environnementale des projets de
forage.Etneplussecontenter,comme la loi le prévoit aujourd’hui,
d’une simple « notice » d’impact
quiprésenteles enjeux,mais d’une
véritable « étude d’impact», « plus
richeetpluspoussée»,insistelerapporteur. De même, il s’agit de revenir sur la loi du 15 juillet 1994 qui a
dispensé d’enquête publique l’instruction de la demande de permis
exclusif de recherche.
Quel accueil sera réservé à ces
propositions? Un projet de loi portant modification du Code minier
et réclamé depuis longtemps par
les élus de l’opposition est dans les
tuyaux du Parlement. Il vise à
mieux organiser la consultation
dupublic. Il pourraitdonc êtreélargi aux propositions d’Arnaud Gossement.
La ministre de l’écologie serait
surtout sensible à une idée : celle
du dialogue à cinq, et pourrait
annoncer dans les semaines qui
viennent le lancement d’une sorte
de « Grenelle du sous-sol ». Sous
quelle forme ? On évoque la création d’un « Comité de modernisationdu Code minier». Une piste qui
permettrait, à quelques mois de la
présidentielle, de montrer que le
gouvernement est à l’écoute des
préoccupations de ses citoyens. p
Marie-Béatrice Baudet
7
Soleilcalme,hiverrigoureux
dansl’hémisphèreNord
D
ans un monde en plein
réchauffement, nos hivers
semblent avoir de beaux
restes. Alors qu’au niveau mondial l’année 2010 a été la plus
chaude jamais observée depuis la
fin du XIXe siècle, son mois de
décembre n’a été que le 34e le plus
chaud sur les terres émergées de
l’hémisphère Nord, selon le National Climatic Data Center (NCDC)
américain. L’hiver 2009 n’a guère
été mieux loti. Pointant au
6e rang des années les plus chaudes, cette année a vu son mois de
décembre – là encore sur les continents de l’hémisphère Nord – être
le plus froid enregistré depuis
quarante-cinq ans !
Le hasard est-il seul à la barre ?
Y a-t-il une loi cachée derrière cette succession de deux hivers très
froids dans l’hémisphère Nord?
En 2010, Mike Lockwood (université de Reading, RoyaumeUni) avait publié, dans la revue
Environmental Research Letters,
une étude reposant sur trois siècles et demi d’archives climatiques associant les hivers froids
sur la Grande-Bretagne et l’Europe continentale avec les phases
de faible activité du Soleil, dont le
cycle est d’environ onze ans.
Or, précisément, en 2009 et
2010, le Soleil venait de toucher
son minimum. Il était même
plongé dans un coma profond,
avec une activité d’une faiblesse
jamais observée auparavant…
Cependant, le lien statistique
avancé par M. Lockwood ne reposait sur aucun mécanisme physique connu : il n’avait guère
convaincu ses pairs.
Mais voilà que Sarah Ineson
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 7 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:33 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
(Met Office Hadley Centre, Royaume-Uni) et plusieurs chercheurs
d’universités britanniques
publient, le 9 octobre, dans Nature Geoscience, une explication à ce
phénomène. D’abord, ils ont utilisé les observations du satellite
Sorce (Solar Radiation and Climate Experiment), selon lesquelles,
en 2007, à l’entrée dans le dernier
minimum solaire, l’intensité de
certaines longueurs d’onde de l’ultraviolet (UV) a chuté de 4 à 6 fois
plus qu’estimé jusqu’ici.
Or ces UV interagissent avec
l’ozone présent en haute altitude
et ont donc une influence importante sur la stratosphère. Puis, en
conséquence, sur le reste de la
machine climatique.
La simulation menée par les
chercheurs suggère que cette petite fluctuation d’UV influence la
circulation atmosphérique hivernale au-dessus de l’Atlantique,
favorisant l’arrivée d’air polaire
sur l’Europe et les Etats-Unis.
Ces travaux, commente dans
la revue Katja Matthes, chercheur au Helmholtz Centre de
Potsdam (Allemagne), « indiquent que l’effet du cycle solaire
de onze ans sur le climat terrestre
est régional, et qu’il n’induit
qu’une petite variation de la température moyenne globale».
Il y a pourtant un hic : les données d’observation de Sorce sont
au centre d’une intense polémique, certains chercheurs affirmant qu’elles sont faussées par
un instrument défectueux.
D’autres mesures confirmant cette brutale chute des UV sont donc
nécessaires avant de conclure. p
Stéphane Foucart
8
La primaire socialiste
france
0123
Jeudi 13 octobre 2011
Hollande et Aubry, une inimitié qui vient de loin
Issus de la même matrice deloriste, les deux «éléphants» accumulent depuis vingt ans des raisons de se détester
D
Depuis des semaines,Mme Aubry et
son équipe attaquent la « gauche
molle », pointant l’irrésolution et
l’indécision supposées de l’adversaire. Interrogée par Le Monde, la
maire de Lille explique sa vision
des qualités nécessaires pour
l’élection présidentielle : « Il faut
du tempérament, des convictions
chevillées au corps, ne pas tourner
au moindre obstacle. Dans une crise dure, face à une droite dure, il
faut être fort. »
« Ce n’est jamais frontal, ce
n’est jamais direct. C’est toujours
insidieux. Moi, je n’aime pas les
manœuvres obliques », disait,
mardi, M. Hollande au sujet des
attaques dont il est l’objet. Ses
amis ont convoqué une conféren-
’elle, il dit volontiers à ses
amis que c’est une « menteuse », ou encore qu’elle
« est méchante ». De lui, elle a pu
dire, en petit comité, que c’est une
« couille molle ». Entre Martine
Aubryet FrançoisHollande,le courant n’est jamais passé.
« Nos rapports ont fluctué, tantôt bons, tantôt mauvais », raconte le député de la Corrèze, qui jure
n’avoir « aucune animosité »et se
situer « au-dessus de tout ça ». Le
moins que l’on puisse dire, c’est
que ces rapports sont aujourd’hui
exécrables. Alors qu’approche le
terme de leur compétition pour la
candidature à l’élection présidentielle, une secrétaire nationale,
sous couvertd’anonymat,en atteste : « Onditqu’il n’y a quedes preu-
«François a laissé le
parti dans un état…»,
répète à l’envi
la première secrétaire
à son arrivée Rue
de Solférino, en 2008
Une secrétaire
nationale l’atteste:
«Entre eux, il n’y a
que des preuves
de haine»
ves d’amour. Entre eux, il n’y a que
des preuves de haine. »
Si proches politiquement, si
loin humainement. Dès leur rencontre, dans les années 1990, au
sein du club Témoin, le réseau de
Jacques Delors, leur proximité
idéologique ne fait aucun doute.
« Sur le plan des idées, il n’y avait
pas d’orientationdifférente, se souvient
l’avocat
Jean-Pierre
Mignard, un des animateurs du
club. A l’époque, la question, c’était
d’être européen ou pas. Et ils
étaient profondément d’accord. »
Pourquoi tant de haine, alors,
entre deux socialistes sortis de la
même matrice deloriste ? Certains avancent une séduisante
théorie, celle de la querelle d’héritage entre la fille légitime et le fils
spirituel. « François n’a jamais
voulu instrumentaliser Jacques
Delors à son profit, assure un autre
membre du club, mais Martine a
pu penser qu’il le poussait à se présenter [en 1995] et que son père ne
s’appartenait plus. » Mme Aubry se
borne à constatersèchement : « Il a
été proche de mon père quand
celui-ciétaitcandidat à la présiden-
François Hollande et Martine Aubry, le 27 août, lors de l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »
tielle. Ça s’est arrêté là. »
Autre temps, autre père : Lionel Jospin. Entre 1997 et 2000, le
chef du gouvernement fait de Mme
Aubry sa numéro 2. Et de François
Hollande son fondé de pouvoir
rue de Solferino. « Il y avait une
relation privilégiée entre Lionel et
François, qui pesait lourd, raconte
l’eurodéputé Vincent Peillon, soutien de M. Hollande. Quand on est
un important ministre du gouvernement et qu’on voit que le premierministrea une relationprivilégiée avec le premier secrétaire, on
peut le prendre mal. »
Anonymement lui aussi, un
ancien ministre de M. Jospin corrige : « Les hommes forts, les vrais
patrons de la dream team, c’était
Aubry et DSK. » Un conseiller de
Martine Aubry insiste : « A l’époque, l’ennemi, c’était Strauss-Kahn.
Hollande n’était pas à ce niveau. Il
n’était pas dans le paysage… »
Entre M. Hollande et Mme Aubry,
à cette époque, pas d’esclandre.
Juste une puissante mésestime.
Après le 21 avril 2002 et la disparition de Lionel Jospin, le premier
secrétaire accède au-devant de la
scène socialiste. L’ancienne ministre du travail, qui a pris la suite de
Pierre Mauroy la mairie de Lille en
2001, veut la deuxième circonscription du Nord aux élections
législatives de juin 2002.
Proche de François Hollande,
Bruno Le Roux, à l’époque en charge des élections au PS, raconte :
« Pierre Mauroy et Gilles Pargneaux, le premier secrétaire fédéral, avaient dit : “C’est exclu. On
ne veut pas d’elle. Qu’elle reste
dans la 5e !” Et quand le premier
secrétaire fédéral demande qu’on
ne se mêle pas de ses affaires, on ne
le fait pas. »
Mme Aubry échoue finalement
face à l’UMP Sébastien Huygue.
Ellene pardonnerapas à M.Hollande, qu’elle tient également pour
responsablede son éviction de cette même circonscription en 2007.
Les difficultés de Mme Aubry à
Lille prennent fin avec sa confortable réélection à la mairie en
mars 2008. Une ambition se
réveille. La « dame des 35 heures »,
comme la brocarde la droite, remporte le congrès socialiste de
Reims et prend la tête du parti,
M. Hollande ayant décidé de quitter le poste de premier secrétaire,
qu’il a occupé pendant onze ans.
Mme Aubry ne tarit pas de critiques
sur ce qu’elle a trouvé rue de Solferino. « François a laissé le parti
dans un état ! », répète-t-elle à l’envi à ses interlocuteurs.
Les coups pleuvent. M. Hollande encaisse sans broncher, mais il
ne pardonnera pas. « Il l’a très mal
vécu.Commeune injustice »,explique André Vallini, proche de
M. Hollande. « Il a senti qu’on voulait l’éliminer », témoigne M. Le
Roux. Le député de la Corrèze
devient l’opposant numéro un,
organisant, sur fond de campagne
européenne apocalyptique, la
fronde contre les listes de candidats établies par la direction du
parti et rouvrant le débat sur l’alliance avec le MoDem. Dans la foulée, il lance l’idée de sa candidature
présidentielle, ce qui ulcère la première secrétaire.
« Ils n’ont pas de marge pour se
différencier au niveau de l’idéologie et de la stratégie, observe un
dirigeant du PS. C’est donc sur la
forme qu’ils vont le faire. » La finale Aubry-Hollande, juste un choix
de personnalités ?« Je ne crois pas
qu’on dérange des millions d’électeurs pour des querelles de tempérament », a appuyé Arnaud
Montebourg, le troisième homme, lundi 10 octobre sur France 2.
ce de presse pour appeler le camp
d’en face à « maîtriser ses nerfs,
maîtriser son agressivité », et ne
pas « caractériser l’adversaire sur
des éléments de comportement
supposés qui seront ensuite utilisés
par la droite. » Me Mignard, au
nom de la Haute Autorité des primaires et ami intime de M. Hollande, a formué une mise en garde :
« Le succès considérable des primaires tient à ce que les candidats
se respectent personnellement. Ce
qui signifie qu’ils doivent continuer de s’interdire toute accusation sur la personne et le caractère. »
D’autant qu’il faut déjà songer à
la suite. A une future coopération.
Pendant la campagne, d’abord.
M. Hollande a prévenu : « Je ne
veux pas ouvrir un conflit après la
primaire. Si je gagne et que Martine Aubry veut revenir au premier
secrétariat, elle revient. »
Et puis, si d’aventure la gauche
l’emportait, au gouvernement.
L’un pourrait être à Matignon, et
l’autreà l’Elysée.Dansuneambiance que l’on présage cordiale. p
David Revault d’Allonnes
Députés, sénateurs, élus locaux: les deux candidats comptent leurs troupes
RASSEMBLER, disent-ils. Depuis
qu’ils sont entrés en campagne, et
encore plus depuis que les électeurs, dimanche 9 octobre, les ont
placés en situation de duel, Martine Aubry et François Hollande
n’ont que ce verbe à la bouche.
Pour les deux candidats, il s’agit
de rassembler les Français, bien
sûr. Mais pour l’un comme pour
l’autre, il s’agissait d’abord de rassembler des troupes.
C’est début juillet, au moment
de déposer les parrainages nécessaires à leur candidature devant
la Haute Autorité chargée de surveiller le déroulement de la primaire socialiste, que Mme Aubry et
M.Hollande ont pu, pour la première fois, mesurer leurs forces.
A l’époque, la première avait
affiché 597 « parrains», le second,
454. Cette légère avance de la maire de Lille s’est confirmée. Michel
Destot, maire de Grenoble et chargé des relations avec les élus dans
son équipe de campagne, montre
volontiers les listes qu’il tient à
jour. Fin septembre, ses pointages
effectués parmi les élus membres
du PS indiquaient que Mme Aubry
pouvait compter sur le soutien de
50 % des conseillers régionaux, de
49 % des conseillers généraux et
de 49 % des maires de communes
de plus de 3 500 habitants. Les
chiffres étaient moins favorables
à M. Hollande, soutenu par 39 %
des premiers, 43 % des deuxièmes
et 44 % des troisièmes.
Les chiffres, cependant, ne font
pas tout. Car tous les soutiens
n’ont pas le même poids. Chez les
maires, Martine Aubry a ainsi un
léger avantage parmi ceux des
grandes métropoles. Dix des quinze villes les plus peuplées de France ont des maires socialistes. En
plus de Lille, cinq de ces villes ont
des maires « aubrystes » : Bertrand Delanoë, à Paris, Pierre
Cohen, à Toulouse, Hélène Mandroux, à Montpellier, Daniel Delaveau, à Rennes, et Adeline Hazan,
à Reims. François Hollande, de
son côté, peut compter sur le soutien de Gérard Collomb, à Lyon, de
Jean-Marc Ayrault, à Nantes, de
Roland Ries, à Strasbourg, et de
Maurice Vincent, à Saint-Etienne.
Auprès des parlementaires,
Mme Aubry compte plus de soutiens parmi les députés que les
sénateurs. Aux postes-clés, cependant, M. Hollande a l’avantage:
Jean-Pierre Bel, le nouveau maître
du Palais du Luxembourg, est à
ses côtés, tout comme les deux
présidents de groupe, Jean-Marc
Ayrault à l’Assemblée et François
Rebsamen au Sénat.
Alliances composites
Idéologiquement très proches,
Mme Aubry et M. Hollande naviguent depuis plus de trente ans
dans les mêmes eaux socialistes.
Aucun n’a jamais, au PS, dirigé un
« courant » : en 1984, François Hollande fut d’ailleurs – avec notamment Ségolène Royal et Jean-Pierre Mignard, aujourd’hui porteparole de la Haute Autorité de la
primaire – à l’origine des « trans-
courants», qui voulaient en finir
avec la logique des chapelles au
sein du PS. Quant à Mme Aubry,
c’est autour d’une alliance composite, rassemblant l’aile gauche du
parti, autour d’Henri Emmanuelli
et Benoît Hamon, les amis de Laurent Fabius et une partie des
« strauss-kahniens», autour de
Jean-Christophe Cambadélis,
qu’elle s’est installée à la tête du
parti, en 2008.
Cette commune situation, à la
charnière des familles du PS, permet aux deux finalistes de la primaire de brasser large. En ralliant
M.Hollande, Pierre Moscovici lui
a apporté nombre de jeunes hauts
fonctionnaires qui travaillaient
auparavant pour Dominique
Strauss-Kahn. Mme Aubry, elle, est
largement soutenue par le Mouvement des jeunes socialistes.
S’ils se partagent les dépouilles
du défunt « Nouveau parti socialiste» (Julien Dray et Vincent
Peillon ont rejoint M. Hollande,
Benoît Hamon et Christian Paul
soutiennent Mme Aubry), les deux
finalistes de la primaire misent
désormais sur d’autres ralliements. Eliminés au premier tour,
Manuel Valls et Jean-Michel Baylet ont annoncé leur soutien à
M.Hollande. Lundi, Jean-Jack
Queyranne, président du conseil
régional de Rhône-Alpes et partisan de Mme Royal, a rallié le député
de Corrèze. Mardi, le député européen écologiste José Bové s’est
déclaré pour la maire de Lille. p
Thomas Wieder
LE DÉBAT
DES PRIMAIRES
présenté par David Pujadas
MERCREDI 12 OCTOBRE À 20H35
en partenariat avec
et
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 8 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:38 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
france2.fr
0123
Politique
Jeudi 13 octobre 2011
9
La primaire socialiste
Un programme largement commun
et des divergences souvent formelles
Adhérant tous deux au projet socialiste, Martine Aubry et François Hollande mettent des accents
différents sur un texte identique. Ils s’opposent, toutefois, sur les emplois-jeunes et l’éducation
M
artine Aubry, représentante d’une gauche
«archaïque» contre François Hollande, social-démocrate
« mou » ? A lire dans le détail leurs
programmes et leurs déclarations,
les deux finalistes de la primaire
socialiste ne ressemblent pas à ces
caricatures que dessinent leurs
camps respectifs. Car ils sont d’accord sur l’essentiel.
« Ils sont membres de la même
famillesocialisteet social-démocrate. Il y a un cadre intellectuel similaire, avec des nuances dans leurs
positionnements et dans leurs propositions concrètes », assure Olivier Ferrand,présidentde la fondation Terra Nova, qui a mis en place
un site Internet de comparaison
entre les candidats, Debats2012.fr.
Il y a surtout un programme
commun. Mme Aubry et M. Hollande ont signé, comme tous les
autres responsables socialistes, le
projet du PS, avec ses principales
orientations : banque publique
d’investissement, euro-obligations, séparation des activités bancaires de dépôt et d’investissement, sécurité sociale professionnelle, modulation de l’impôt sur
les sociétés en fonction de l’utilisation des bénéfices, etc.
Retraite Aucun des deux finalistes ne s’est éloigné de ce socle commun. Et, souvent, lorsqu’ils semblent s’opposer, comme sur l’âge
de départ à la retraite, ils en restent
proches. « Il faut pouvoir partir à
taux plein à 60 ans si on a toute sa
durée de cotisation », expliquait
Mme Aubry lors du second débat
d’avant le premier tour, le 28 septembre, tandis que M. Hollande
renchérissait: « Ceux qui ont fait 41
ou 41,5 années de cotisation doivent pouvoir partir à 60 ans. »
Autrement dit, c’est la même position, qui est celle du PS : retour aux
60 ans pour l’âge du droit à la
retraite, mais avec maintien d’une
durée de cotisation de 41,5 ans
pour bénéficier d’une pension à
taux plein,
Crise financière Le projet économique des deux candidats est proche sur le fond, lui aussi. Alors que
le projet socialiste ne l’envisageait
pas, ils se sont tous deux ralliés, la
criseaidant, à la promessede ramener les déficits sous la barre des 3 %
du produit intérieur brut (PIB)
avant 2013. M. Hollande va plus
loin, en fixant pour objectif un
déficit zéro à la fin du quinquennat, une promesse jugée « pas
sérieuse» par sa rivale. « L’un comme l’autre sont dans une stratégie
d’assainissement des finances sur
la
mandature »,
observe
M. Ferrand. Il estime que les deux
candidats se sont mis dans la logique du projet socialiste, qui s’éloigne des politiques keynésiennes
pour aller vers une relance par l’offre: baisse de l’impôt sur les sociétés si les bénéfices de l’entreprise
sont réinvestis; priorité à l’enseignement supérieur et à la recherche pour aider l’innovation ; renforcement de la place de la France
dans la compétition mondiale.
Système bancaire Même lorsque
les deux finalistes cultivent les
thèmes d’Arnaud Montebourg, la
différence réside essentiellement
dans la forme. Mme Aubry promettait ainsi à Toulouse, le 7 septembre: «Séparonsles banquesd’investissement et de dépôt ! Encadrons
les agences de notation privées !
Taxons les transactions financières ! Interdisons les paradis fiscaux
et les trous noirs de la finance ! »
Les mots sont plus offensifs
que ceux de M. Hollande, pour qui
il est temps que les banques « se
recentrent sur le financement de
l’économie » ou bien que celles
« qui demandent la participation
de l’Etat » soient placées « sous le
contrôle partiel de l’Etat ». Dans les
deux cas, il s’agit de propositions
issues du projet socialiste.
quipréfèremettrefin aux suppressions de postes et renforcer les
effectifs au cas par cas.
Hadopi A la veille du premier tour,
le camp Aubry a lancé l’offensive,
accusantM.Hollanded’avoirchangé d’avis sur la très contestée loi
Hadopi qui réprime le téléchargement illégal. Dans son projet, le PS
propose de l’abroger. La maire de
Lille est allée plus loin, en évoquant une « contribution à la création » prélevée sur les abonnements à Internet et qui financerait
les droits d’auteur, en échange
d’une dépénalisation du téléchargement.
Le député de la Corrèze, lui, a
d’abord promis d’abroger la loi
Hadopi, avant de se montrer plus
flou face aux producteurs de cinéma. « J’ai dit qu’il fallait supprimer
cette loi, mais j’ai dit aussi qu’il faudrait en faire une autre. On ne peut
pas laisser l’économie numérique
sans règle », a-t-il déclaré.
Nucléaire Lors des débats, les
deux adversaires se sont affrontés
ouvertement sur des questions
comme le cumul des mandats ou
la sortie du nucléaire. Mais, là aussi, la confrontation cache souvent
une similarité.
Martine Aubry propose de sortir du nucléaire sur vingt à trente
ans. François Hollande envisage
de diminuer la part de cette énergie à 50 % d’ici à 2025. Comme il l’a
relevélors du premierdébat télévisé de la primaire, le 15 septembre,
la proposition de la maire de Lille
aboutirait à environ 50 % de
nucléaire dans le « mix énergétique » en 2025. « Ce n’est pas parce
que nos courbes se croisent que
nous sommes d’accord », avait
répondu Martine Aubry. p
Samuel Laurent
Sur Twitter, guerre des nerfs
entre «mous» et «durs»
D
ifficile, dans un entredeux-tours ouvert, de s’en
tenir à la consigne, plutôt
respectée jusqu’ici, d’affrontement cordial et de débat de fond
entre partisans des camps Aubry
et Hollande. Sur Twitter, les uns et
les autres s’accrochent depuis
dimanche 9 octobre.
Alors que l’électorat d’Arnaud
Montebourg est courtisé, l’équipe
Aubry a diffusé, lundi, sur le Web,
un extrait de dépêche où Christian Bourquin, sénateur (PyrénéesOrientales) et soutien de François
Hollande, fait le parallèle entre les
propos de M. Montebourg et ceux
de « la famille Le Pen ».
Mais ce sont surtout les allusions de Mme Aubry à la gauche
«molle» qui ont ouvert les hostilités. L’UMP et Nicolas Sarkozy ont
repris l’expression, qui a aussi
fait florès sur Twitter et les blogs.
En réponse, dans les médias traditionnels, M. Hollande a haussé le
ton vis-à-vis de sa rivale. Sur le
Net, son camp a riposté en accusant à son tour Mme Aubry de
« compromission» avec le centre.
Emploi François Hollande écarte
les 300 000 « emplois d’avenir »,
dans le secteur public, proposés
par le projet socialiste, que Martine Aubry assume et revendique. Il
leur préfère des « contrats de génération», consistant en l’embauche
de200000 jeunespar les entreprises en échange de baisse de charges et du maintien de seniors en
activité.
La première approche vise des
jeunes plus en difficulté et les
oriente vers l’emploi public, au risque de leur offrir peu de débouchés par la suite. La seconde cible
des jeunes mieux intégrés et les
entreprises, avec le danger d’un
effet d’aubaine. Mais les deux propositions sont similaires.
Education Certaines différences
sont plus nettes. Ainsi, M. Hollande veut embaucher 60 000 enseignants pour compenser les suppressions de postes depuis 2007.
Une telle mesure coûterait 2,5milliards d’euros sur cinq ans, selon le
candidat, dont le calcul est contesté par ses concurrents et par
l’UMP.
La mesure est en tout cas jugée
trop chère pour Martine Aubry,
Cumuldesmandats:rigueur
etaccommodements
C’EST L’UN des vrais axes de campagne choisis par Martine Aubry
pour se différencier de François
Hollande: ce dernier serait ambigu sur le cumul des mandats. « Je
ne sais pas du tout où l’on en est »,
ironisait-elle le 2octobre.
Le Parti socialiste a adopté une
règle pour ses élus, qui interdit de
«cumuler leur mandat et leur fonction avec la responsabilité d’un exécutif local». Cette réforme, portée
alors par la première secrétaire et
décidée par un référendum auprès
des militants, a déplu aux nombreux élus socialistes qui cumulent des fonctions.
M.Hollande, qui compte nombre d’élus locaux parmi ses soutiens, avait plaidé pour une « application intelligente» du texte – en
clair, un report. Mme Aubry avait dû
céder et repousser l’application du
non-cumul à septembre2012,
après les élections sénatoriales et
législatives. Députés et sénateurs
socialistes se sont engagés par
écrit à démissionner de leur mandat local passé ce délai. Et le parti a
inscrit l’interdiction du cumul
dans son projet pour 2012.
Les deux candidats en lice ont
approuvé cette idée. Mais la maire
de Lille en a fait un argument, martelé à maintes reprises. Son adversaire, qui était resté discret sur la
question, a dû clarifier sa position,
le 28 septembre sur RMC, promettant: « Je ferai adopter (…) une loi
prohibant le cumul des mandats,
et cette loi sera d’application en
2014.» Soit au lendemain des
municipales et deux ans après la
règle adoptée par le PS. «Il n’y a
pas de différence avec les autres
candidats», a insisté Pierre Moscovici, proche de M. Hollande. Cela
n’a pas empêché Martine Aubry
de critiquer «la boule qu’on repousse toujours plus loin ». Et de promettre une loi dès 2012. p
S. Lt
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 9 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 09:43 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
Lorsque M. Hollande a rappelé
que la maire de Lille a fait localement alliance avec le MoDem, les
partisans du député de la Corrèze, qui avaient devancé l’argument, se sont empressés de dénicher une vidéo d’archives d’un
conseil municipal.
Autre attaque en règle: La Nouvelle Grande-Bretagne, un livre de
Tony Blair (Ed. de l’Aube, 1997) préfacé par l’ex-première secrétaire.
« Martine Aubry préface le livre de
Blair, mais est plus à gauche que
Hollande. C’est une grande comique!», a lançé, mardi 11octobre,
un soutien du candidat à la primaire. Une critique reprise par
Romain Pigenel et « Jegoun»,
deux blogueurs pro-Hollande, fustigeant « la gauche dur-dur».
Et lorsque, mardi, a circulé l’information selon laquelle
Mme Aubry s’était rendue dans la
Creuse par avion, un pro-Hollande n’a pas hésité: « La gauche
dure, c’est la gauche qui ne s’emmerde pas [et prend l’avion pour]
faire 266 km» ? Ambiance. p
S. Lt
10
0123
politique
Jeudi 13 octobre 2011
La primaire socialiste
LesélecteursdeM.Montebourg
veulent«dusangneuf»,
pasundueld’«éléphants»
Lemonde.fr a recueilli 250 témoignages de partisans du député
de Saône-et-Loire. Beaucoup n’attendent pas de consigne de vote
A
té de Saône-et-Loire semblent sur
la même ligne. Parmi les quelque
250 témoignages d’électeurs d’Arnaud Montebourg du premier tour
recueillis par Lemonde.fr lundi
10octobre, bon nombre – environ
un tiers – expliquent attendre de
voir si les propositions de leur
champion seront reprises par
Mme Aubry ou M. Hollande. « Je
serais attentif au débat et je voterai
en conséquence », prévient ainsi
Alain Viudes, 53 ans, de La Seynesur-Mer (Var).
Exigeants et méfiants, ces électeurs veulent des « engagements»,
«du fond» mais beaucoup n’attendent pas de consigne de vote de
M. Montebourg. « Je ne souhaite
pas entendre ce que je dois faire
dimancheprochain»,résumeChris-
tian Karminski, chômeur de l’Ain.
Car leur vote de premier tour fut
d’abord un choix de conviction,
expliquent-ils. Les raisons de ce
« coup de cœur » tournent autour
de deux axes: la radicalitédu député de Saône-et-Loireet la rupture de
génération. Les thématiques chères au président du conseil général
de Saône-et-Loire sont souvent
avancées pour justifier l’attente
d’une inflexion à gauche du parti.
M. Montebourg a la capacité de
« gauchir » et de rajeunir le PS,
disent certain électeurs. Pour
Arnaud Dessaint, 39ans, de la Meuse, il est «le candidat de la nouvelle
gauche.» «J’ai voulu que le PS sache
que le centrisme, l’attentisme et les
conservatismes, nous n’en voulons
plus», avance Cabri 18. « Au moins,
Au QG de M. Montebourg, à La Bellevilloise, à Paris, dimanche 9 octobre. CHRISTOPHE MORIN POUR « LEMONDE »/IP3
le discours est neuf ! », s’exclame
Eric Hoyez., 51ans, de Nîmes.
Pourtant, certains disent ne pas
être dupes de la rhétorique du
député,desonton«ronflant»,comme le décrit un électeur. Mais
M. Montebourg est apparu à certains comme le meilleur vecteur
June,TwentyFirst
Crédit Photo : Digital Vision / gettyimages FNMF - Organisme régi par le Code de la mutualité - RNM 304 426 240
rnaud Montebourg a posé
ses conditions. A la veille du
débat du second tour de la
primaire, mercredi 12 octobre, le
député de Saône-et-Loire a adressé
une lettre à Martine Aubry et François Hollande, dans laquelle il leur
demande de reprendre ses principales propositions en préalable à
un éventuel ralliement. Il évoque
notamment un « contrôle politique
dusystèmefinancier»,des mesures
de « protectionnisme européen», le
« démantèlement des paradis fiscaux» ou encore un « référendum
pour (…) une VIe République ». Le
troisième homme de la primaire
entendainsi«éclaireravantdimanche [16octobre] l’opinion finale» de
ses électeurs.
Certains des partisans du dépu-
“Un impôt sur notre santé ?
C’est non !”
Non à la dégradation de l’accès aux soins.
Le gouvernement a décidé de doubler la taxe sur les contrats santé solidaires
et responsables ! Les mutuelles sont des organismes à but non lucratif.
Elles ne versent pas de dividendes à des actionnaires.
Taxer les mutuelles, c’est créer un nouvel impôt sur la santé.
C’est dangereux : de plus en plus de nos concitoyens renoncent aux soins
pour des raisons financières.
C’est injuste : avoir une mutuelle est aujourd’hui essentiel pour chaque foyer.
Bénéficier d’une mutuelle n’est ni un privilège, ni un signe extérieur de richesse.
Votre santé mérite mieux qu’une taxe,
la santé doit être au cœur du débat électoral de 2012 !
Contactez votre mutuelle et rejoignez nous sur www.mutualite.fr/petition
pour signer la pétition contre l’impôt sur votre santé.
sur www.mutualite.fr/petition
pour faire passer un message aux
deux finalistes : soyez plus à gauche.Comme Johan, 20ans, qui veut
leur rappeler que « le PS est un parti
de gauche, un parti de solidarité, (…)
protégeant les plus faibles». Antoine RP, 22 ans, veut ainsi « ramener
vers le PS les centaines de milliers
d’électeurs ouvriers et employés qui
s’en sont éloignés parce qu’ils ne se
sentaient plus représentés». Alors
que le PS ne les fait plus rêver
depuis longtemps, les pro-Montebourg réclament souvent du «radical». Mais aussi du « nouveau».
« Il faut une femme »
Parmi
les
témoignages
recueillis, le thème de la « rénovation » tient une bonne place. Montebourg « rafraîchit le PS », s’enthousiasme ainsi Jean-François A,
35 ans, à Alfortville (Val-de-Marne).Ceux-là veulentdu renouvellement – « changer les têtes » – et le
disent parfois crûment, comme
Serge Braquet, de la région Centre,
qui réclame « un changement de
gueule tout simplement car ras-lebol de voir et entendre toujours les
mêmes ». Dans la même veine,
Madjid B., 35 ans, exige « du sang
neuf». Quand les « éléphants» leur
semblent nouer les mêmes alliances et tenir les mêmes discours raisonnables, eux aspirent à un « réel
changement de génération », persuadés qu’ainsi, ils parviendront à
un « renouvellement des élites politique» et « une autre façon de gouverner». « Arnaud Montebourg est
l’anti-dinosaure du PS », résume
Babacar Y., 25 ans, consultant en
communication à Paris.
QuantausecondtourentreMartine Aubry et François Hollande, il
suscite peu d’enthousiasme dans
les témoignages. Quelques-uns
disent même qu’ils n’iront pas
voter dimanche. Une majorité
affirme pencher pour Mme Aubry,
« plus ancrée à gauche», « capable
d’unir la gauche » ou parce qu’« il
faut une femme ». Les partisans
d’unvotede raisonpour M.Hollande le justifient par un : « Pour battre Sarkozy ». Dans les deux cas, le
choix semble sans entrain, « malgré tout ». p
Sylvia Zappi
«VousaimezMontebourg?
VousaimerezMélenchon! »
Le candidat du Front de gauche se réjouit de
la «séquence politique» de la primaire au PS
Brive-la-Gaillarde (Corrèze)
Envoyée spéciale
D
eux jours après le premier
tour de la primaire socialiste, mardi 11 octobre, JeanLuc Mélenchon se frotte les mains.
« Je ne pensais pas que la semaine
seraitaussi favorable: nos positions
ont été désenclavéeset nosmots ont
été portés par d’autres », se réjouit
le candidat du Front de gauche, en
soulignantlapercéed’ArnaudMontebourg(17,2% desvoix).« Quepouvait-il m’arriver de mieux ? jubile-t-il. Cette séquence politique est
fascinante: elle a déplacé le curseur
de mon côté et en a fait un enjeu de
la primaire.»
«Que les socialistesn’en tiennent
pascompte,c’estleurproblème,souligne-t-il. Moi, je représente autre
chose.» Une petite musique que le
député européen, qui se situe dans
les derniers sondages entre 7 % et
9%desintentionsdevoteàlaprésidentielle, est décidé à faire entendre. En commençant par Brive-laGaillarde, où il était en campagne
ce mardi.
Cette terre corrézienne, celle de
François Hollande, patron du
conseil général, M.Mélenchon « ne
l’a pas choisie par hasard ». « Le
Limousin, c’est l’endroit où il fallait
être aujourd’hui! Et comme d’habitude, dès que je me rends quelque
part,les autresviennent aussi », lance-t-il, en référence à Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, tous deux en
déplacement dans le département
voisin de la Creuse.
Au programme de la journée,
manifestation contre l’austérité et
meeting en soirée. Occuper le terrain, notamment social, pendant
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 10 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:32 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
que les socialistes finissent de
« régler leur problème de leadership ». Et à ceux qui l’accusent
de faire de la récupération, il
répond: « J’ai toujours été dans les
manifestations. Imaginez que je ne
sois pas venu, qu’est-ce qu’on aurait
dit!C’estàceux-làqu’onadesréponses à apporter. Ce qui est clair, c’est
que des socialistes, dans la manifestation, il n’y en avait pas! »
« Gauchistes »
«Face à la droite, il y a une autre
gauche que celle qu’incarne le PS »,
martèle-t-il.MartineAubryet François Hollande? « Même poil, même
bête! Montebourg va leur enfoncer
la tête dansle seau: ils ont commencé la primaire avec une course à
l’austérité,ilsvontlaterminerdéguisés en gauchistes», veut croire l’ancien socialiste.Prochedu députéde
Saône-et-Loire qu’il avait chaleureusement accueilli à la Fête de
L’Humanité en septembre,
M. Mélenchon avait même glissé
sur son blog qu’il en ferait « volontiers son premier ministre».
Sans y être invité, le candidat du
Front de gauche s’est donc permis
de répondre mardi à la lettre que
M. Montebourg a envoyée aux
deux finalistes de la primaire. Protectionnisme européen, mise sous
tutelle des banques, VIe République : trois thèmes, sur lesquels le
député de Saône-et-Loire demande
des engagements, « qui sont très
proches du programme du Front de
gauche », souligne M. Mélenchon.
Et de conclure : « Vous avez aimé
Montebourg à la primaire socialiste ? Vous allez adorer Mélenchon à
la présidentielle! » p
RaphaëlleBesse Desmoulières
0123
politique
Jeudi 13 octobre 2011
11
La primaire socialiste
Nicolas Sarkozy accélère
son entrée en campagne
en attaquant la gauche
Dans la Creuse, le président de la République est sorti de sa réserve pour
cibler ses adversaires du PS, notamment M.Montebourg et Mme Aubry
Aubusson (Creuse)
Envoyé spécial
C
hangement de méthode :
Nicolas Sarkozy, qui faisait
mine de ne pas être candidat
àlaprésidentielle,estentréostensiblement en campagne, mardi
11 octobre. En apparence, pas de
changementdansce énièmedéplacement en province. La campagne
étaitdelacouleurbleuedesgendarmes, et la population de Néoux,
petit village creusois, avait été parquée dans le jardin ensoleillé de la
mairie. Le programme de l’Elysée
annonçait un « moment de convivialité» et un «cheminement à travers le village».
Mais dans les faits, tout a changé. Nicolas Sarkozy a pris son
temps pendant cette visite test,
sous l’œil de son équipe au grand
complet, et vivement attaqué la
gauche, comme il l’avait fait dès le
matin, au petit déjeuner de la
majorité. « L’idée du général de
Gaulle, c’était d’instaurer une élection présidentielle à deux tours,
pas à quatre tours », avait lancé le
chef de l’Etat, expliquant qu’un
candidat à la présidentielle ne
devait pas être « otage » d’un parti.
Le président entend profiter du
score d’Arnaud Montebourg pour
contrerla dynamiquede la primaire socialiste. « Le chantage que
M. Montebourg fait à M. Hollande
et Mme Aubry offre à Nicolas Sarkozy un espace politique, qui peut lui
ramenerles électeurs de centregauche. C’est une bénédiction», estime
un conseiller du président.
« Mensonge »
A Aubusson, deuxième étape de
son voyage creusois, M. Sarkozy a
attaquésans le nommer l’apôtre de
la « démondialisation». « Le refus
du monde est un mensonge », a
asséné M. Sarkozy. Ce dernier prévoit d’exposer aux Français sa
vision de la planète, au moment du
G20, qui rassemblera à Cannes,
début novembre, les principaux
dirigeants internationaux. L’UMP
compte profiter de son retard de
tempsdeparoleàlatélévisionpour
accompagner le mouvement,
notamment avec une convention
consacrée à démonter le programme socialiste, dans la semaine du
17octobre.
Mardi, M. Sarkozy a improvisé
son discours. Il a raillé, sans la citer,
Martine Aubry, en déplacement à
l’autre bout du département. « Je
vous ai amené du monde, c’est si
agréable d’être suivi », explique le
président. Pendant que la candidate socialiste défendait à Guéret les
services publics, le chef de l’Etat a
dénoncé le « déchaînement de
démagogie » sur le sujet.
Mieux vaut avoir un Internet à
haut débit qu’une perception des
impôts où passent trois personnes
par jour. Plutôt un pôle d’excellence qui préserve la tapisserie
d’Aubusson qu’un bureau de poste, a expliqué en substance le chef
Nicolas Sarkozy à La Villetelle (Creuse), mardi 11 octobre. PHILIPPE WOJAZER/REUTERS
de l’Etat. Martine Aubry, c’est l’adversaire souhaitée par la droite,
confie un ministre. M. Sarkozy en
fait donc un épouvantail et mène
un procès en ringardisation du PS.
« Pas d’avenir avec l’assistanat. On
n’achète pas le silence de ceux qui
souffrent», a dénoncé le candidat
probable de l’UMP. Le président
s’est aussi posé en victime, « Je ne
réponds jamais aux méchancetés…
Je me demande pourquoi ils parlent
tant de moi. Je préférerais entendre
leurs idées. » Le déplacement visait
aussi à adoucir son image. Des boulangers lui ont ainsi offert trois
petits pains, avec pour inscription : « Nicolas », « Carla » et « ? ».
Humain : le candidat-président
doit être humain. p
Arnaud Leparmentier
Compromis sur la taxation des hauts revenus
Le gouvernement a transigé
avec les députés de la majorité
pour appliquer une taxe de 3 %
aux ménages gagnant entre
250 000 et 500 000 euros
– alors que son projet initial ne
prévoyait de ne l’appliquer qu’à
partir de 500 000 euros – et de
4 % au-delà. Près de
15 000 foyers supplémentaires,
outre les 4 500 ménages concernés par la mesure initialement
prévue, devraient l’acquitter. La
taxe devrait rapporter un peu
plus de 400 millions d’euros. En
lâchant du lest sur cette taxe,
qui sera pérennisée tant que le
retour à l’équilibre des finances
publiques n’aura pas été atteint,
le gouvernement espère éviter
la création d’une tranche d’impôt supplémentaire. Un amendement proposant une tranche à
46 % sur les revenus supérieurs
à 150 000 euros a été cosigné
par 86 députés de l’UMP.
A Paris, les manifestants
penchentpourMme Aubry
Desmilitants PS diffusaient destracts desoutien
àlacandidatelors dudéfilécontrel’austérité
D
evant le point fixe dédié à
Martine Aubry, en marge
de la manifestation parisienne contre le plan antidéficit
du gouvernement, mardi 11 octobre, ils sont une dizaine de militants PS à distribuer des tracts en
faveur de la maire de Lille. L’équipe de François Hollande n’a pas
mis en place ce dispositif. Pour soigner ses contacts syndicaux, le
député de Corrèze a réuni 200 syndicalistes à la mairie de SaintOuen (Seine-Saint-Denis), CFDT et
UNSA pour la plupart, mais avec
quelques cégétistes, il y a trois
semaines.
Mardi, le cœur de la manifestation parisienne penche, lui, en
tout cas clairement vers
Mme Aubry. Quelques tracts sont
bien refusés ou jetés à terre, mais
la plupart sont acceptés de bonne
grâce. « François Hollande est trop
mou, il faut un vrai programme de
gauche », tranche Evelyne, déléguée syndicale CGT dans l’agroalimentaire.Elle, a voté pour Martine
Aubry au premier tour et s’apprête à faire de même au second.
« J’ai voté Hollande au premier
tour, mais je vais voter Aubry
dimanche. Son discours est désormais plus cohérent et elle rejoint les
idées de Montebourg », soutient
Alain Jourdan, responsable syndical CGT dans la police. « Aubry est
plus proche des fonctionnaires »,
appuie Farid Hadboun, délégué
CGT à la mairie de Deuil-la-Barre
(Val-d’Oise), qui affirme toutefois
que « quoi qu’il arrive, on votera
PS ».
Même discours chez Roselyne
Ndiaye, enseignante syndiquée à
l’UNSA: « J’ai le sentimentque MartineAubry ne ferapas la mêmechose que le gouvernement actuel. »
« Certes, je voterai Hollande parce
qu’il a plus de chances de gagner
contreSarkozy,mais Aubry le mériterait plus», affirme même MarieClaude, déléguée CFDT chez
Renault.
« 5 millions de précaires »
Les leaders des syndicats présents dans la manifestation refusent, eux, de se prononcer publiquement. Maryse Dumas, ancienne secrétaire nationale de la CGT,
n’en sort pas moins du cortège
pour interpeller Benoît Hamon,
porte-parole du PS et soutien de
Martine Aubry : « Les candidats
n’ont parlé que des licenciements
boursiers, ce n’est pas le problème
principal, il faudrait aussi parler de
sécurisation des parcours professionnelsalors que la France compte
5 millions de précaires », estime-t-elle. Pas de quoi tempérer
l’optimisme de M. Hamon. « Les
retours sont bons », se félicite-t-il,
touten admettantquelesgens présents dans la rue sont issus « de la
gauche militante très politisée »,
acquise à Aubry.
Les seuls qui renvoient les militants du PS et leurs tracts sont les
syndicalistes de Solidaires, en fin
de cortège. « Je crois plus dans le
syndicalisme que dans les partis
politiques », explique Julien, de
SUD Industries. p
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Jean-Baptiste Chastand
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12
0123
Universités & grandes écoles
Jeudi 13 octobre 2011
Accès aux grandes écoles
Ceslycéesquimonopolisentlafabriquedesélites
Louis-le-Grand,Henri-IV…Plusquejamais,lesétablissementsprivilégiésdelacapitalealimententlesécolesdeprestige
4,9
7,4
5,2
9,9
8,8
75,9
5,6
15,5
4,5
7,5
69,9
7,6
Jean-Baptiste-Say — Paris 16e Janson-de-Sailly — Paris 16e
4,2
8,7
9,1
14,9
66,3
9,2
Chaptal — Paris 8e
12,1
7,4
71,5
Condorcet — Paris 9e
3,7
12,2
11,5
4,9
2
3,5
D
Neuilly-sur-Seine — Pasteur
81,3
3,9
9,6
3,5
u jamais-vu. Il a suffi de
deux lycées pour remplir la
moitié des 400 places
misesauconcours2011dePolytechnique. Le parisien Louis-le-Grand
et le versaillaisSainte-Genevièvese
partagent l’école la plus prisée de
France. Cette « parisianisation» de
la fabrique des élites s’accélère. En
Vanves — Michelet
82
6,1
19,9
11,1
2003, les lycées parisiens (Versailles et Sceaux compris) y plaçaient 156 élèves. Ils étaient 185 en
2007. Cette année, ils sont 240. Un
record.
L’école la plus courue de France
n’est pas une exception. Plus que
jamais, Paris est la capitale de l’élite. L’ENS de la rue d’Ulm et HEC
20,1
61,2
Henri-IV — Paris 5e
8,8
8,2
Charlemagne — Paris 4e
8,8
9,7
7,8
73,7
Lavoisier — Paris 5e
3,5
4,1
10,5
PARIS
74,4
11
HAUTSDE-SEINE
Montaigne — Paris 6e
9,1
8,3
Sceaux — Marie-Curie
15,4
9,6
Sceaux — Lakanal
2,9
6,2
4,2
7,2
68,9
4,4
10,1
8,9
73,9
14
61,7
18
8,8
Buffon — Paris 15e
68,7
5,8
9,4
8
MOYENNE BANLIEUE
4,3
4,8
61
70,6
YVELINES
1,4
3,2
10,4
Louis-le-Grand — Paris 5e
12,8
Versailles — Hoche
6,8
9,7
Fénelon — Paris 6e
Proportion
d’étrangers
1,9
9,2
6,6
12,9
71,1
Les familles favorisées toujours surreprésentées dans les grands lycées
S DANS LES LYCÉES PUBLICS LES PLUS PRESTIGIEUX
RÉPARTITION DES ÉLÈVES
DE PARIS ET SA BANLIEUE, SELON LA CATÉGORIE SOCIALE
DE LEURS PARENTS, en %, en 2010
Catégorie sociale
a Favorisée A : professions libérales,
cadres de la fonction publique
a Favorisée B : professions intermédiaires
a Moyenne
a Défavorisée
5,4
7,4
8,6
18
13,4
MOYENNE PARIS
59,8
76,4
SOURCES : MARCO OBERTI, ACADÉMIE DE PARIS, BASE IPES, 2010
composent aussi l’essentiel de
leurs promos avec les lycées Louisle-Grand, Sainte-Geneviève et Henri-IV. A l’ENA, un lycée peut se targuer d’avoir placé six étudiants
dans la promotion2011 : Henri-IV.
Et les quatre autres classes prépas
les plus représentées sont des parisiennes des beaux quartiers. Les
re
b
o
t
c
o
0
2
u
a
3
Élections professionnelles du 1
(ré)Agissez !
POUR L’ÉDUCATION
POUR NOS MÉTIERS
w w w. s n e s . e d u
données collectées par Le Monde
montrent que la voie menant au
sommet est plus étroite que jamais
et Paris un passage obligé.
Le cœur resserré de l’élite. Les
résultats aux concours 2011 des
classes préparatoires du lycée
public Louis-le-Grand et du privé
Sainte-Genevièvedessinentla géographie des très grandes écoles. A
ses 105 polytechniciens, le lycée
« LLG », situé dans le 5e arrondissement,ajoute80admisdanslesEcoles normales supérieures (ENS),
60à Centrale et 142 aux Mines. Privilège presque indécent, parmi
eux, seuls 30 iront dans les ENS,
38 à Centrale et 15 aux Mines… les
autres ayant réussi dans d’autres
concours ou parce qu’ils préfèrent
tenter l’X à nouveau l’année suivante. En classe prépa aux écoles
de management, sur 45 candidats,
20 s’offrent un ticket pour HEC,
5 pour l’Essec et 6 pour l’ESCP.
A Sainte-Geneviève, plus
connue sous le nom de « Ginette»,
les résultats sont aussi décoiffants.
«Nous plaçons en moyenne 80étudiants à Polytechnique, 15 à l’ENS,
entre50et60àCentraleetunevingtaine aux Mines. Notre repère, c’est
que la moitié de la promo intègre
l’une de ces quatre écoles. En management, entre 70 % et 90 % de nos
étudiants sont reçus dans les 6 parisiennes, avec en général la moitié à
HEC et l’Essec», rappelle Jean-Noël
Dargnies,leproviseur.Lespolytechniciens ne se recrutent pas dans
« 40 maternelles», comme l’avait
affirmé Jacques Attali il y a quelques années. Mais ils passent par
une poignée de lycées parisiens.
L’opacité des grands lycées.
Plus que les concours d’admission
dans les très grandes écoles, ce
sont donc d’abord les conditions
d’entrée en seconde, puis dans les
classes préparatoires les plus prestigieuses qui se révèlent déterminantes. Or les règles de sélection
restent largement méconnues.
« En France, l’opacité règne, souligne le sociologue Marco Oberti. Ce
qui entraîne forcément l’usage
d’une grille de lecture faussée de la
part de parents éconduits.»
Une opacité qui lèse les non-initiés et qui contribue à expliquer la
surreprésentation des enfants
d’enseignants et des familles favorisées dans les grandes écoles. « A
Paris, le parent ne sait pas que l’enseignantdela commissionde recrutement a avec lui la liste des jeunes
venus aux journées portes ouvertes… Il ne sait pas forcément que
l’avis du chef d’établissement d’origine est un élément essentiel qui va
être analysé avec la plus grande
finesse », souligne Agnès Van Zanten, chercheuse au CNRS.
Dans l’étude du dossier d’un élève, les notes sont pondérées en
fonction du lycée d’origine. Calcul
artisanal ou plus élaboré puisque
«certains profs ont inventé des logiciels», rappelle Mme Van Zanten. La
sociologuea observéque les prépas
d’élite privées pondèrent moins
que les établissements publics, car
elles « demandent plus d’éléments,
obtiennent les notes de la classe de
seconde, une fiche de renseignementspersonnels,unephotodel’élève et une lettre de motivation. Leur
recrutement est plus tourné vers la
personne. Et ils veulent les meilleurs
de chaque lycée ».
Paris contre le reste de la France.
Si, globalement, la capitale obtient
des résultats très moyens à l’échelle de l’académie, compte tenu de
ses catégories professionnelles
favorisées, elle concentre l’excellence dans un tout petit nombre
de lycées. Cette année, la capitale
récolte ainsi 75 prix au concours
général quand la banlieue en
obtient 51 et la province 36 seulement. Les deux premières places
en maths ? Louis-le-Grand. Les
trois premières en philosophie ?
Condorcet et Henri-IV… En 2010, la
répartition géographique des lauréats était un peu plus équilibrée:
Paris l’emportait déjà, certes, mais
avec57 prix. Encore un an avant, la
capitale n’en comptait que 45.
Strasbourg, Nantes, Bordeaux,
Toulouse ont aussi leurs très bonnes prépas. Chaque grosse métropole régionale a sa grande prépa
qui fonctionne un peu à son échelle comme les parisiennes, avant de
voir ses têtes de classe fuir vers la
capitale pour « cuber » ou pour faire leur deuxième année. Car, pour
multiplier ses chances d’intégrer
une formation d’élite publique, « il
vaut mieux être élève moyen d’un
très bon établissement que très bon
Comment accéder
à un lycée renommé ?
PONDÉRATION DES CRITÈRES POUR
L’AFFECTATION DU LYCÉE, en 2010
Adresse
600
Résultats
scolaires
600
Total
1 550
points
Frère ou sœur
dans le lycée
demandé en premier vœu
50
Elève
boursier
300
SOURCES : MARCO OBERTI, ACADÉMIE DE PARIS
dans un établissement moyen, relève Agnès Van Zanten. Alors qu’aux
Etats-Unis c’est le contraire. Hier, le
très bon élève qui n’avait pas une
famille très informée était repéré.
Commeil yavaitmoinsdelycées,on
l’intégraitdansl’établissementd’élite de sa région et il partait à Paris! »
Une diversité sociale limitée.
L’ouverture sociale reste très limitée. Les directeurs des grandes écoles en sont conscients, mais ils ont
peur que leur niveau baisse. Quelques dispositifs ont été mis en place pour combler le saut de niveau
entre un lycée lambda et une prépa
d’élite. C’est le cas de la pré-prépa
de Henri-IV. Une remise à niveau
d’un an, offerte à des jeunes qui ne
sont pas des héritiers, avant d’intégrer une prépa classique. Deux
sont entrés cette année rue d’Ulm.
Les effets de ces initiatives restent limités. Malgré les discours
officiels sur l’« égalité des chances», la France continue de limiter
la base de recrutement de ses élites
en réservant les meilleures places
aux catégories les plus favorisées.
L’élite française ? D’abord les
familles qui inscrivent leurs
enfants dans les 5e et 6e arrondissements ou à Versailles. p
Maryline Baumard
Sciences Po, une démocratisation imparfaite
Sciences Po Paris a été précurseur. L’école vient de fêter les
10 ans de ses conventions ZEP.
Richard Descoings, son directeur, a inventé un moyen qui permet à des lycéens d’établissements défavorisés de déroger au
concours d’entrée. De très belles
histoires s’écrivent sur les bancs
de la rue Saint-Guillaume. Et
pourtant, d’un point de vue statistique, être passé par un grand
lycée parisien reste la norme :
dans la liste des 20 premiers
lycées au concours d’entrée,
13 sont des « grands » parisiens.
Henri-IV arrive une nouvelle fois
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 12 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 09:04 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
en tête avec 17 admis, suivi de
Condorcet et Duruy, qui en placent 15 chacun. Même voulue et
incitée, la démocratisation va
bien moins vite sur le terrain que
dans les discours. Le sociologue
Marco Oberti, qui s’est penché
sur les fichiers des admis 2011,
note que 49 des 138 lycées
publics parisiens placent au
moins un lycéen. Mais six d’entre
eux assurent quasiment la moitié
du remplissage parisien. Or ces
établissements-là sont tous
situés dans le 5e, le 6e, le 7e et le
16e arrondissement. Ceux qui
concentrent les classes aisées.
0123
Universités & grandes écoles
Jeudi 13 octobre 2011
13
Accès aux grandes écoles
L’ascenseur éducatif toujours en panne
pour les classes moyennes
Malgré quelques timides avancées et la multiplication de dispositifs pour «corriger» de fortes
inégalités, les écoles les plus cotées restent l’apanage des catégories sociales les plus aisées
Analyse
L
es classes moyennes sontelles, sur la question scolaire,
les grandes oubliées de la
République ? Les milieux aisés,
eux, ont leurs écoles. Pour accéder
aux établissements les plus prestigieux, il existe des chemins discrets dont les grandes familles
connaissent bien les détours et les
atours – ces fameux « délits d’initiés » scolaires. Depuis des générations, leurs enfants les empruntent, mettant leurs pas dans ceux
de leurs parents.
En dépit des conquêtes de l’école républicaine, les classes non
favorisées peinent à troubler ce
confortable entre-soi. Mais elles
jouissent aujourd’hui de l’attention du pays, et les élites sont disposées à leur faire une (petite) place. Notamment depuis que Sciences Po Paris a lancé le mouvement,
en 2001, braquant brutalement les
projecteurs sur l’arrière-cour de la
République.
Depuis, de multiples dispositifs
destinés à favoriser l’égalité des
chances ont éclos et le gouvernement tâche d’accroître la part des
boursiers dans les classes préparatoires aux grandes écoles. La profondeur et le rythme des changements enclenchés sont discutés,
mais la prise de conscience politique est réelle.
Et les classes moyennes dans
tout ça ? Elles ont certes bénéficié
du formidable essor éducatif que la
Francea connudepuisun siècle.Du
pointdevuedelascolarité,«lesprofessions intermédiaires sont plus
proches des cadres que des
ouvriers»,rappelleMarieDuru-Bellat. La sociologue et professeur à
Sciences Po Paris cite les chiffres
d’une étude réalisée par l’éducation nationale sur le parcours scolaire des 17 000 élèves entrés en 6e
en 1995 et dont les plus diplômés
sont en train de terminer leurs études : « 77 % des enfants des professions intermédiaires obtiennent le
bac, presque autant que ceux des
cadres (87 %). Ceux des ouvriers ne
sont en revanche que 40 %, explique-t-elle. Or, il ne faut pas oublier
que le bac est le verrou des études
supérieures. Si on prend en compte
toute la carrière scolaire des élèves,
il est donc clair que les classes intermédiaires conservent un avantage
significatif par rapport aux
ouvriers.»
D’une manière générale, la
démocratisation scolaire n’a pas
oublié les classes moyennes. Mais
les écarts sont restés considérables
pour les filières les plus sélectives.
Enparticulierdansl’accèsauxgrandes écoles. « La probabilité d’y
entrer n’est que de 1 % pour un
enfant d’ouvriers, souligne Camille
Peugny, professeur à l’université
Paris-VIII.Pour lesprofessionsinter-
médiaires,il est de6 % et, parmieux,
de 13 % pour les instituteurs. Il est de
21% pour les cadres supérieurs et les
autres enseignants.»
En outre, les tendances actuelles
sont inquiétantes pour cette « masse silencieuse, docile, laborieuse»
des employés, petits cadres et
autres professions intermédiaires,
dont « 65% » des Français estiment
faire partie, rappellent Olivier GallandetYannickLemeldansla3e édition de La Société française, qui
vient de sortir. En effet, constate
l’éducation nationale (toujours à
partir du panel 1995), «les écarts de
réussite entre élèves originaires de
milieux sociaux différents ont plutôt tendance à s’aggraver».
En 2003, deux chercheurs,
Valérie Albouy et Thomas Wanecq,
ont étudié « les inégalités sociales
d’accès aux grandes écoles ». Il ressort de leurs travaux que, sur le
XXe siècle, les milieux enseignants
et supérieurs ont convergé. En
revanche,l’écartentreclasses supérieures et intermédiaires a stagné.
«Cettestabilitésemblefairedesclasses intermédiaires des “oubliées” de
ladémocratisationdesgrandesécoles», concluent les chercheurs.
Une sélection sociale continue
RÉPARTITION DES CATÉGORIES SOCIALES AUX DIFFÉRENTES ÉTAPES
DE LA SCOLARITÉ, en %*
a Cadres, professions libérales a Professions intermédiaires
a Agriculteurs, artisans, commerçants a Employés a Ouvriers, inactifs
16
23
33
42
51
55
21
11
18
16
24
23
22
10
9
14
38
Elèves
de 6e
29
Ensemble
bacheliers
* Pour 18 000 élèves
entrés en 6e en 1995
C’est le nombre de candidats au concours 2012 de professeur des écoles qui se sont effectivement présentés les 27 et 28septembre aux épreuves écrites dites « d’admissibilité», a annoncé le ministère de l’éducation
nationale, le vendredi 7octobre. Ils étaient autant en 2011 (18136), mais
deux fois plus en 2010 (37520) et 3,5 fois plus en 2004 (65 476). Malgré la
campagne de recrutement du ministère en juin, la profession n’attire
plus. Selon les syndicats, les causes de cette désaffection sont multiples:
une rémunération faible en début de carrière (près de 1 500 euros), la
réforme de la formation des enseignants, qui a élevé leur niveau de qualification de la licence (bac +3) au master (bac + 5), et les suppressions de
postes. 5 000postes de professeur des écoles sont offerts en 2012. Il y a
donc entre trois et quatre candidats « admissibles» pour un poste. p
Erasmus
Les étudiantsfrançaisde plusen plus
nombreuxà partirétudieren Europe
18
10
18734
11
19
Bacheliers
généraux
8
8
21
7
7
15
11
10
Bacheliers
Bac. généraux
Inscrits
généraux
mentions TB/B en classe
avec mention
préparatoire
SOURCES : MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, CGE
Les étudiants français renouent avec Erasmus. En 2009-2010, près de
24500 d’entre eux ont étudié dans une université européenne, soit une
hausse de 3,7 % sur un an, selon l’Agence Europe éducation formation
France. 5 800 étudiants ont fait un stage en Europe, soit un bond de 22 %
par rapport à 2008-2009. En tout, plus de 30 000 étudiants français profitent d’Erasmus, contre moins de 18000 au début des années2000. p
n Sur Lemonde.fr/education :
– le fil d’actualités de l’éducation, de la maternelle aux universités
– les blogs des journalistes du « Monde »
– la « Toile de l’éducation », newsletter hebdomadaire
Contexte lourd
Or ces tendances s’expriment
dans un contexte lourd pour les
classes moyennes. Malmenées par
la crise économique et les ratés de
l’ascenseur social, celles-ci sont
même « à la dérive », comme l’ont
montré les travaux du sociologue
LouisChauvel.Lecœur dela société
française se désagrège, prévient-il.
Même si la notion de « déclassement» des classes moyennes, très
en vogue ces dernières années, est
âprement débattue parmi les chercheurs, une chose est sûre, cependant: en période de crise et de chômage, le diplôme protège – de plus
en plus en réalité.
Lesjeunes,notammentceuxdes
classes moyennes, n’ont pas le
choix: ils doivent réussir à l’école.
L’enjeu de la compétition scolaire
n’en est que plus écrasant pour ces
dernières. Les responsables politiques en sont bien conscients. Et des
initiativesont étéprises pourfaciliter la scolarisation des enfants des
classes moyennes. En 2008, Valérie
Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur, avait abaissé
les conditions de revenus afin de
permettre à 50000 étudiants supplémentaires d’être exonérés des
droits d’inscription.
Quant à l’actuel titulaire du poste, Laurent Wauquiez, il se veut
l’avocatdecettepartiedelapopulation, toujours sensible en période
de campagne électorale: « L’ascenseur socialne fonctionnequesi vous
vous occupez des classes moyennes,
dit-il. J’en tiens compte pour tous les
dispositifs que je lance.» p
Benoît Floc’h
A peine 12 % de boursiers dans les grands établissements
Ecoles de commerce. Il existe
221 écoles de commerce ou de
management, dont 121 reconnues
par l’Etat. Parmi cet ensemble,
86 offrent un diplôme visé par le
ministère de l’éducation nationale et 40 proposent une formation
de niveau master. Se distinguent
traditionnellement cinq grandes
écoles dites « parisiennes » : HEC,
Essec, ESCP Europe, en région Ilede-France, ainsi que l’EM Lyon et
l’Edhec de Lille.
Ecoles d’ingénieurs. 205 écoles
offrent aujourd’hui des cursus d’ingénieurs publics et privés reconnus par l’Etat. Plusieurs groupes
d’écoles se côtoient : les écoles
des réseaux Centrale, Mines, Télécom, ENSI, ENSC, INSA, Polytech’, des instituts nationaux polytechniques (Grenoble, Nancy, Toulouse, Bordeaux) ou encore les uni-
versités technologiques ou l’ENS
Cachan. Parmi les plus prestigieuses, on compte Polytechnique,
Centrale Paris, AgroParistech,
Supélec ou l’ISAE-Supaéro.
Ouverture sociale. Dans les écoles de commerce et d’ingénieurs
qui sont les plus sélectives (HEC,
Polytechnique, etc.), le taux de
boursiers est de moins de 12 %,
selon le Livre blanc sur l’ouverture sociale de la Conférence des
grandes écoles. Selon une étude
menée en 2010 par Jean-Yves
Mérindol, directeur de l’ENS
Cachan, la part des boursiers
dans les grandes écoles d’ingénieurs est, en moyenne, de
22,9 %. L’ISAE-Supaéro accueille
pour sa part 23,73 % de boursiers, Centrale Paris, 13,7 %, Polytechnique, 11 %, et Mines Paristech, 9,5 %.
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14
Société
0123
Jeudi 13 octobre 2011
Vers l’évaluation des élèves «à risque» dès 5 ans
La Rue de Grenelle veut mesurer les apprentissageset le comportementdes enfants en grande section de maternelle
L
e dossier est explosif. Peuton, dès la maternelle, repérer
les enfants « à risque » et à
« haut risque» ? Passer au crible les
comportementset les apprentissages des élèves dès 5 ans ? L’idée
devaitêtre proposéepar leministère de l’éducationnationaleauxinspecteurs reçus par petits groupes,
rue de Grenelle, à compter du mercredi 12 octobre. Objet des réunions : l’éventuelle mise en place
d’une évaluation de tous les élèves
de grande section de maternelle.
Un livret appelé « Aide à l’évaluation des acquis en fin d’école
maternelle », que Le Monde s’est
procuré, détaille précisément, en
vingt-deux fiches, un protocole
très normé.
L’évaluation est prévue en trois
phases. Entre novembre et décembre, une première phase dite de
« repérage » : l’enseignant passerait au crible le comportement à
l’école, le langage, la motricité et la
« conscience phonologique » des
élèves. La deuxième phase consisterait en un « entraînement progressif (…) avec les enfants repérés à
risques lors de la phase 1 ». Enfin,
une étape bilan, entre mai et juin,
permettrait de faire le point sur les
acquis des élèves par des « séries
d’épreuves collectives ou en petits
groupes – d’une durée d’environ
trente minutes par série ».
Une partie du livret d’évaluation porte sur le « devenir élève ».
Une façon politiquement correcte
d’évoquer le comportement des
enfants. L’enseignant devrait,
entre autres, noter si l’élève « respecte les autres » et « contrôle ses
émotions». « L’enfant devenu élève
agitdemanièreàrespecterl’intégrité de toutes les personnes et de son
environnement ; il ne les agresse
pas, il a recours à la parole en cas de
désaccord ou de conflit », peut-on
lire dans le document. On n’est pas
loin dubilan médical– et confidentiel – que les médecins faisaient
passer aux enfants dans leur
6e année. Le protocole prévoit
d’ailleurs d’« articuler le bilan de
santé et l’évaluation des acquis».
Des tests réalisés dès
le CE1 font déjà polémique
Chaque année depuis 2008,
près de 800 000 élèves de CE1
et de CM2 sont évalués sur 100
« items » (des « problèmes »,
dans le jargon de l’école) – 60 en
français et 40 en mathématiques. Chaque année aussi, ces
évaluations font polémique,
même si le ministère a tenté
d’apaiser les débats en déplaçant les tests de CM2 de janvier
à juin à compter de 2012.
« Nous avons fait le choix de
l’évaluation-bilan, car notre système éducatif n’a pas assez les
moyens de se comparer, a déclaré Luc Chatel en mai. Les évaluations auront lieu après l’affectation des élèves en 6e. »
Le ministère a aussi annoncé
l’expérimentation d’une évaluation au collège, en fin de 5e. Sans
compter les évaluations internationales – PISA, Pirls… –, où
l’école française ne brille guère.
On n’est pas loin
du bilan médical – et
confidentiel – que les
médecins faisaient
passer aux enfants
dans leur 6e année
Enfin, le vocabulaire choisi risque de faire grincer des dents, de
même que le classement des
enfants en trois catégories: « RAS »
(pour « rien à signaler »), « risque »
et « haut risque ». Le maître devrait
remplir une « fiche élève » et une
« fiche classe » reprenant les « scores» obtenus par les enfants aussi
bien pour leur comportement que
pour leur maîtrise du langage, leur
motricité ou leur conscience des
syllabes (phonologie).
Ainsi, un enfant qui, à 5 ans,
obtiendrait moins de 2 points en
comportementà l’école serait classé « à haut risque ». Une approche
qui n’est pas sans rappeler la proposition faite par le secrétaire
d’Etat à la justice, Jean-Marie Boc-
Ce nouveau protocole d’évaluation pose la question du rôle de l’école maternelle. MYR MURATET/FEDEPHOTO
kel, en novembre2010, de repérer
les troubles du comportement dès
3 ans. Ou encore une expertise de
l’Inserm, rendue publique en septembre2005, qui pointait l’insuffisance du « dépistage du trouble des
conduites» chez les enfants.
Le nouveau dispositifse présente comme un outil de lutte précoce
contre l’échec scolaire. Pas sûr que
l’argumentconvainqueles organisations syndicales. L’évaluation
en maternelle n’est pas tout à fait
nouvelle, mais le dispositif actuel
est facultatif: il s’agit d’une liste de
fiches, proposées comme un outil
que les enseignants utilisent ou
non. « Cela reste un choix individuel», témoigne Laetitia Bordeau,
35 ans, professeure des écoles dans
le Val-d’Oise. « Evidemment qu’en
évaluant les élèves, on est aussi
attentif à leur comportement, et ce
dès la petite section de maternelle,
l’idée étant de les préparer au
mieux au CP, reconnaît-elle. Il faut
aider l’enfant à devenir élève. Mais
de là à le cataloguer…»
Ce nouveau protocole d’évaluation pose, de fait, la question du
rôle de l’école maternelle. « Les
enseignantssavent très bien identifier les enfants qui ont besoin d’un
accompagnement particulier »,
estime Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA. « Ils
n’ontnul besoin d’un dispositifinadapté qui va transformer la maternelle en structure de sélection, alors
qu’elle n’a pas vocation à trier les
élèves », s’insurge-t-il.
Même constat, inquiet, de la
part de Pierre Frackowiak, inspecteur honoraire de l’éducation
nationale: « Tests en CE1, en CM2, et
aujourd’hui en maternelle… L’évaluation gangrène tout le système.
La place que la maternelle accordait au jeu, au plaisir quotidien,
me semble aujourd’hui fortement
menacée par ce type de procédé. »
Dans le livret à destination des
enseignants, il est précisé que « les
taux nationaux de réussite seront
calculéssur échantillonreprésentatif et diffusés pour permettre à chaque école de se situer par rapport à
une valeur nationale ». Revoilà
exactement ce dont les ensei-
«La place que la
maternelle accordait
au jeu, au plaisir,
semble trèsmenacée»
Pierre Frackowiak
inspecteur honoraire
de l’éducation nationale
gnants ne veulent pas : une possible publication des résultats école
par école, donc un palmarès des
meilleurs établissements dès la
maternelle ! « En évaluant toutes
les écoles, on crée un potentiel instrument de classement que quelqu’un finira bien par exploiter »,
craignaitdéjàThierryCadart,secrétaire général du SGEN-CFDT, à propos des évaluations mises en place
à l’école élémentaire en 2008.
Xavier Darcos, le prédécesseur
de Luc Chatel au ministère de
l’éducation nationale, avait
annoncé, dans un premier temps,
que les résultats des tests de français et de mathématiques en CM2
seraient rendus publics. Avant de
faire marche arrière face au tollé
de la profession. Cette intention,
perçue comme une volonté de
mise en concurrence des établissements, a suffi à discréditer toute la
politique d’évaluation.
Le 14 septembre, le Haut
Conseil de l’éducation rendait un
rapport assassin dans lequel il
remettait en cause l’ensemble du
système actuel d’évaluation. Il
préconisait de « confier à une
agence indépendante la mise en
œuvre » des évaluations des
acquis des élèves, estimant
« essentiel que, dans notre démocratie, les données concernant les
résultats de notre système éducatif soient objectives et transparentes, donc incontestables».
Un mois après cette salve, pas
sûr que les inspecteurs de l’éducation nationale reçus au ministère
accueillent favorablement l’hypothèse de nouvelles évaluations. p
Maryline Baumard,
avec Mattea Battaglia
et Aurélie Collas
Un million d’enseignants etbeaucoup
d’énervement pour tester le vote électronique
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n ne force pas la cadence
de cette grosse machine
qu’est l’éducation nationale sans prendre quelques précautions… ni quelques coups. A l’approche des élections professionnelles, qui se dérouleront de jeudi13 à lundi 20 octobre, Josette
Théophile, la directrice générale
des ressources humaines du
ministère, a vou lu mettre un peu
d’huile dans les rouages en instaurant le vote électronique.
Tout avait bien commencé.
Ministère et syndicats étaient d’accord, il y a près d’un an, pour
considérer que les urnes et les bulletins papier n’étaient pas assez
fiables, pas assez «écolos », trop
compliqués pour une élection qui
compte plus d’un million d’électeurs et quelque 650 scrutins
– chaque électeur votant à deux,
voire à quatre, scrutins différents.
Mais ce petit coup de rajeunissement vire au casse-tête. Les électeurs doivent recevoir une « notice de vote» qui donne un «identifiant», grâce auquel il est possible
de récupérer un «mot de passe»
pour accéder à un « espace électeur»… Les syndicats reprochent à
l’Elysée d’avoir avancé ces élections de décembre à octobre pour
les éloigner de la présidentielle.
Résultat: « On a dû tout préparer
dans l’urgence», déplore Christian Chevalier, du SE-UNSA. Il fallait donc s’attendre à quelques
pannes… « 20 % des électeurs n’ont
pas reçu de notice de vote», rapporte Daniel Robin, du SNES-FSU. Les
syndicats, qui jouent leur représentativité, craignent une chute
de la participation, qui avoisinait
les 60% lors des derniers scrutins.
A ces craintes, Mme Théophile
répond qu’il y a eu une « période
d’ajustement» à l’ouverture du
portail de vote, mais que « tout
cela est rentré dans l’ordre».
Charte électronique
Mais la situation est devenue
explosive depuis que Mme Théophile a interdit, en septembre, l’utilisation des messageries professionnelles des personnels, sans leur
accord, à des fins de communication syndicale, car, selon elle, cela
« ne correspond pas aux exigences
de la CNIL [Commission nationale
de l’informatique et des
libertés]». Aussitôt, le SGEN-CDFT
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est monté au créneau. « Une messagerie professionnelle n’est pas
un sanctuaire inviolable! C’est une
entrave à la liberté d’expression
syndicale! », s’insurge Thierry
Cadart, son secrétaire général.
« On est dans un vide réglementaire. Cela crée un climat de suspicion, les uns dénonçant les autres
auprès de la CNIL», résume M.Chevalier.
Que dit la CNIL? « Il y a des
règles à respecter. Il faut que les personnes susceptibles de recevoir des
messages syndicaux en soient
informées et puissent s’opposer à
leur réception, explique Florence
Fourest, directrice à la CNIL. Et un
accord doit être conclu entre l’employeur et les syndicats sur l’utilisation des messageries professionnelles.» Or, voilà quatre ans que la
Rue de Grenelle et les syndicats ne
parviennent pas à s’accorder sur
une charte électronique de bonnes pratiques. Au sommet de l’administration, on pariait que si le
vote électronique «passait» dans
l’éducation nationale, il serait
adopté dans les autres fonctions
publiques. Affaire à suivre… p
Au. C.
0123
Société
Jeudi 13 octobre 2011
15
La Préfecture
de police de Paris
épinglée pour sa
gestion comptable
La chambre régionale des comptes évoque
les multiples irrégularités commises par cette
institution, qui reste une exception en France
L
e texte est sévère, cinglant
même. Il a surpris la Préfecture de police de Paris au cœur
del’été,débutaoût.«Manquedefiabilité» des comptes, absence « d’information» sur le nombre exact de
postes créés, « recours irréguliers»
à des « contractuels » ou à des
« emplois de cabinet », primes aux
agents trop élevées et versées «illégalement» : selon le rapport d’observations provisoires de la chambre régionale des comptes d’Ile-deFrance, que Le Monde s’est procuré,
il règne un certain désordre comptable sur l’île de la Cité. La Préfecture, qui a obtenu un petit délai de la
chambre,devraitenvoyersaréponse dans les prochains jours.
La mairie de Paris
alloue un budget
spécial à la Préfecture
mais sans exercer
de réel contrôle
sur son affectation
Car Paris est une exception
municipale. Contrairement à tous
lesédilesde France,le mairen’ydispose d’aucun pouvoir de police. En
plus des fonctions d’autorité de
l’Etat, le préfet de police, Michel
Gaudin,estainsiuneautoritémunicipale chargée de faire respecter les
règles que fixe Bertrand Delanoë,
en matière de stationnement, de
luttecontrelesincivilités,oudeservices d’incendie et de secours.
En contrepartie, le conseil de
Paris vote, chaque année, un « budget spécial » qui finance la partie
« municipale » des activités de la
Préfecture.En 2009, ce budget s’est
élevé à 724 millions d’euros. Dont
272 millions d’euros à la charge de
la capitale – le reste est financé par
l’Etat et par les collectivités de la
petite couronne. Ce budget, que la
chambre régionale des comptes a
décortiqué, couvre notamment les
salaires des pompiers de Paris et
desex-« pervenches», les agents de
surveillance de Paris (ASP). Il est
géré par le préfet.
Ce mélange des genres a des
conséquencessur le plan financier.
Le rapport juge le budget spécial
«fragile», car il ne fait pas apparaîtreclairement,lorsduvote,larépartitiondescrédits.Ainsi,laparticipationparisienne,aulieud’êtreventi-
lée par poste budgétaire, est considérée comme « non affectée », ce
quidonneaupréfetun pouvoirdiscrétionnaire sur son utilisation. La
chambre fustige ainsi « l’absence
de débats d’orientation budgétaire»–en clair,l’absencede démocratiesurce quiconstituele deuxième
poste de dépense de la Mairie de
Paris après son propre budget.
La Préfecture dispose ainsi de
moyens financiers croissants de la
part de la capitale, sans que celle-ci
n’exerce de véritable contrôle sur
leur affectation. Cette absence de
« clarté » dans la présentation des
comptes conduit Paris, et les autres
communes contributrices, à supporter des charges qui incombent à
l’Etat. Elles financent le millier
d’agents de la direction de police
générale, chargée de la délivrance
des titres administratifs. Elles
contribuent à faire tourner le laboratoire central de la Préfecture ou à
rétribuer la congrégation religieuse qui s’occupe des femmes au
dépôt du Palais de justice.
Selon le rapport, la Préfecture
crée également des « emplois permanents», pour un coût de 8,4 millions d’euros, « dont la création n’a
pas été autorisée» par le conseil de
Paris:médecinsdel’infirmeriepsychiatrique, mais surtout 377
« agents techniques d’entretien» –
en clair, la Préfecture serait nettoyée aux frais de la Mairie. Le préfet s’adjoint aussi cinq «emplois de
cabinet » que la Ville finance. Or,
note le rapport, ces emplois sont
strictement réservés aux adjoints
au maire de Paris.
Des agents de surveillance de la Préfecture de police dans une rue de la capitale. LUDOVIC/REA
La préfecture conteste pourtant
formellement toute irrégularité
ou illégalité. Elle dément ainsi que
le contribuable parisien soit
«lésé».«Le budgetspécialest financé à 25 % par l’Etat. Il couvre des
dépenses qui sont prises en charge,
ailleurs, à 100 % par les municipalités, comme les services d’incendie
et de secours. » Petit plus, c’est le
ministère de la défense qui paye
pourlesretraitesdessapeurs-pompiers : 172 millions d’euros par an
économisés par la Mairie. Et la Préfecture assure que la Ville est « très
présente » dans la gestion au jour
le jour de ces fonds.
Et puis le partage Etat-communen’est pas toujourssisimple.Ainsi du laboratoire central, ou de la
délivrance des titres d’identité.
Pour la Préfecture, il ne s’agit pas
d’« une compétence d’Etat » :
« Ailleurs, on va en mairie, puis la
préfecture traite le dossier. A Paris,
c’est plus simple, nous assurons
dans chaque arrondissement les
deux missions.»
Une spécificité parisienne, un pouvoir unique en France
17 février 1800 Création du préfet de police à Paris, qui est privée
de maire. Un arrêté du 1er juillet
définit ses compétences : « délégué du pouvoir politique », «magistrat », «administrateur » et « dépositaire de l’autorité municipale ».
1964 Création des départements
de Paris et de la petite couronne.
Le préfet garde tous ses pouvoirs
dans la capitale.
1966 Les personnels de la sûreté
nationale et de la préfecture de
police fusionnent et donnent naissance à la police nationale. Les
policiers parisiens restent « mis à
la disposition » de la préfecture.
1971 Le préfet perd ses attributions de police dans la petite couronne. Reste la défense contre
l’incendie.
1975 Paris revient dans le droit
commun (avec un maire élu en
1977). Le préfet garde néanmoins
ses pouvoirs municipaux. En
1982, 1986 et 2002, le maire
obtient un élargissement de ses
attributions : salubrité, marchés,
bruit…
2009 Création de la direction de
la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne : le préfet
retrouve ses pouvoirs de police
dans la petite couronne.
Les services de la Préfecture, qui
ont accueilli le rapporteur de la
chambre pendant dix-huit mois,
ont été étonnés par la virulence du
rapport. La préfecture reconnaît
certes une situation « totalement
dérogatoire » : « Mais c’est la loi.
Toutcelareposesurdes dispositions
législatives spécifiques. Et cela avait
d’ailleursdéjàété noté dansdes rapports de la Cour des comptes.»
Et, souligne-t-on à la Préfecture,
« autant il a pu y avoir dans le passé un débat sur le partage des rôles
entre la Préfecture et la Ville au
Conseil de Paris, autant, depuis
quelquesannées, on n’en entendait
plus parler ». Il est vrai que
M. Delanoë a toujours veillé à ses
bons rapports avec le préfet, qui
siège à son côté, comme le veut la
tradition, lors des séances du
Conseil de Paris.
Ledébat,vieuxcommelaPréfecture (deux siècles), n’est pas pour
autantéteint.Dans sonlivre,11 propositions chocs pour rétablir la
sécurité (Fayard), paru en août,
Jean-Jacques Urvoas, secrétaire
national chargé de la sécurité au
PS, défend la suppressionde la Préfecture de police de Paris, la qualifiant d’« hérésie juridique».
Alain Bauer, chargé de la rédaction d’un Livre blanc sur la sécurité qui doit être prochainement
remis au ministre de l’intérieur, a,
de son côté, toujours souhaité que
le patron de la police en Ile-deFrance soit le préfet de région. La
mesure aurait pour effet de vider
la Préfecture d’une grande partie
de sa substance, et retirerait encore un peu de légitimité aux pouvoirs municipaux du préfet. Mais
M. Bauer devra composer avec un
corédacteur de poids : Michel Gaudin, l’actuel préfet de police. p
Laurent Borredon
et Béatrice Jérôme
Les «pervenches» accusées
de dresser trop peu de PV
NE LES APPELEZ plus les « aubergines» ou les «pervenches»! Elles
portent depuis longtemps un uniforme bleu marine à liseré grenat.
Ce sont les agents de surveillance
de Paris (ASP). Leur mission consiste à verbaliser les infractions au stationnement dans la capitale. Mais,
ballottés entre la Ville de Paris qui
les paie et la Préfecture de police
qui les emploie, ces quelque
1900fonctionnaires, sorte de simili-police municipale, ont du mal à
remplir au mieux leur mission.
«Les résultats ne sont pas au rendez-vous des attentes», constate la
chambre régionale des comptes
(CRC) d’Ile-de-France dans un rapport d’observation provisoire du
mois d’août. Alors que la mairie de
Paris souhaite que l’activité de ces
agents soit centrée sur le contrôle
du stationnement, les résultats
sont en baisse: entre2007 et 2009,
le volume des PV pour le stationnement a baissé en moyenne de près
de 4% (– 10% pour le stationnement payant, +4,5% pour les stationnements gênants); le nombre
de demandes d’enlèvement de voiture à la fourrière a diminué de
12%.
Trop d’absentéisme
Le rapport de la CRC, qui juge la
rémunération des ASP trop élevée
en regard de leur faible niveau de
qualification, pointe un absentéisme important et une baisse de
leur présence sur la voie publique. Seuls 85 % des effectifs sont
présents dans les rues avec une
répartition par arrondissements
« sans rationalité connue des
cadres de terrain », indique la CRC.
Il arrive que les ASP qui sont rattachés aux commissariats « soient
mis au service de l’officier du
ministère public », ajoute le rapport, autrement dit qu’ils viennent renforcer les forces de police,
sans être des agents de l’Etat.
Interrogée par Le Monde, la mairie de Paris dresse un constat presque aussi sévère: « Il n’est pas normal que Paris ait le taux de respect
du stationnement payant le plus
faible de France puisqu’il est égal à
10%, déclare Myriam El Khomri,
adjointe chargée de la prévention
et de la sécurité. Une plus grande
présence des ASP sur le terrain dissuaderait les automobilistes de ne
pas payer aux horodateurs.» La
préfecture réfute l’argument et
fait valoir qu’« en aucun cas, les
ASP ne sont affectés à des missions
qui relèvent par ailleurs des forces
de police de l’Etat ».
Malgré ces critiques, l’équipe
de Bertrand Delanoë n’entend pas
récupérer la tutelle des ASP. « Le
partenariat avec la préfecture est
perfectible. Il faut que nous ayons
avec elle un contrat opérationnel
sur leurs missions», prévient
Mme El Khomri. A l’UMP, en revanche, « l’idée n’est pas taboue». « On
peut se demander si ces personnels
ne devraient pas être placés sous
l’autorité municipale», commente
Philippe Goujon, le très filloniste
maire du 15e arrondissement. p
B. J.
Le ministèrede l’intérieurveut en finiravecCopwatch
Claude Guéant a demandé le blocage d’un site qui publie des photos de policiers en service
L
e tribunal de grande instance
deParisdevaitexaminer,mercredi 12 octobre, un référé
d’heure en heure déposé par le
ministre de l’intérieur, Claude
Guéant, et visant à bloquer le site
Internet Copwatch Nord - Ile-deFrance. Mis en ligne il y a trois
semaines, Copwatch publie des
photos et des vidéos de policiers et
de gendarmes,dans le but,selon les
créateurs du site, de dénoncer les
brutalités policières. Leur slogan :
« Surveillons ceux qui nous répriment. » Le référé du ministère
s’adresse aux fournisseurs d’accès
français, puisque le site lui-même
est hébergé aux Etats-Unis.
Les créateurs du site se réfèrent
essentiellement au copwatching
(« surveillance de flics ») à l’américaine, recommandant, dans le texte de présentation, de « patrouiller
à plusieurs par groupes affinitaires
dans un quartier – jamais seul, vous
vous feriez immédiatementembarquer pour “outrages”. Etre visible et
engroupe,biensûrlesflicsn’aiment
pas ça, c’est sûr, mais aucune loi ne
vous empêche de vous balader en
groupe avec des caméras vidéo ».
Le site, qui contient surtout des
photos prises lors de manifestations et d’interventions ainsi que
des extraits de reportages télé et
des pages Facebook, reste assez
ciblé : la police aux frontières à
Coquelles (Pas-de-Calais); les policierslillois,àl’occasiond’unemanifestation le 8 octobre ; et les policiersen civil et en uniforme qui luttent contre les ventes à la sauvette
(le « marché libre », selon le site)
dans le Nord-Est parisien.
Aucunenouvelleimagenemontre les « bavures » dénoncées par
les auteurs – si ce n’est un doigt
d’honneur au photographe lors
d’un rassemblement… Un point
faible souligné par le porte-parole
du ministère de l’intérieur, PierreHenry Brandet : « Ils n’apportent
aucune preuve. C’est uniquement
un robinet de haine.»
« Propos diffamatoires »
Lapublicationdephotosde policiers, en soi, ne constitue pas un
délit. Le référé du ministre met
donc en avant les « propos injurieux et diffamatoires» et la mise
en « péril » de la « sécurité des
agentsde police». L’un d’euxa ainsi
reçu dans sa boîte aux lettres une
cartouche de chasse. Pour le ministère, l’incident, qui peut être un
«hasard»,illustreles«dérivespossibles» que peutentraînerun site qui
révèle l’identité de fonctionnaires
de police. M. Guéant veut montrer
sa détermination dans un dossier
oùles syndicatssontenpointe.Dès
le 29 septembre, le syndicat Alliance, deuxième chez les gardiens de
lapaix,aappeléles policiersconcernés à porter plainte avant de le faire lui-même, le 7 octobre.
Qui sont les militants qui pilotent le site ? Deux plaintes déposées le 4 octobre auprès du procureurdelaRépubliquepourdiffamation publique devraient permettre
d’ouvrirune enquête pour en identifier les auteurs. L’un d’eux a affirmé au Parisien que Copwatch est
« une réponse aux abus perpétrés
par les forces de l’ordre au quotidien », ajoutant : « Nous avons
constaté qu’il est presque impossiblequ’unpolicierenvienneàrépondre de ses actes devant la justice.» p
L. B.
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 15 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:23 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
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0123
Algues vertes: un décret sur l’épandage
du lisier soulève la colère des écologistes
Jeunesse
LeConseild’Etatreconnaîtundroit
au reposquotidienauxanimateurs
Le texte publié le 11octobre pourrait entraîner une hausse des quantités de nitrates dans l’eau
L
e décret publié mardi 11 octobre sur « la protection des
eaux contre la pollution par
les nitrates d’origine agricole » a
fait l’effet d’un chiffon rouge aux
yeux des militants de la protection de l’environnement en Bretagne. Derrière un intitulé trompeur, ce texte constitue, selon eux,
un coup de pouce supplémentaire
du gouvernement français à l’élevage intensif, qui est à l’origine de
la prolifération d’algues vertes sur
le littoral de leur région.
La date de sa publication les a
ulcérés. Par un curieux hasard de
calendrier, celle-ci est survenue la
veille de la présentation par la
Commission européenne de propositions pour réformer la politique agricole commune. Elle intervient en outre le jour où un collectif de représentants d’associations
de lutte contre les marées vertes et
d’élus Europe Ecologie-Les Verts
(EE-LV) est allé à Bruxelles plaider
la cause des eaux côtières de Bretagne devant la Commission et les
parlementaires européens.
Présenté comme une application de la directive européenne
sur la protection des eaux contre
lapollutionpar les nitratesde sources agricoles (qui date elle-même
de 1991), le décret, signé du premier ministre, des ministres de
l’écologie et de l’agriculture, traite
de l’épandage des fertilisants azotésresponsablesdes excèsde nitrates. Autrement dit, il réglemente
les quantités de déjections animales déversées chaque année dans
les champs. Il rappelle que la limite maximale s’élève à 170 kg d’azote par hectare de « surface agricole
utile», alors que la référenceprécédente était la « surface potentiellementépandable ». Or cette modification, anodine en apparence, a de
lourdes conséquences.La différence entre les deux modes de calcul
reviendrait à autoriser le verse-
ment d’un surcroît d’azote de
20%, selonles calculsd’Eauet rivières de Bretagne. La première surface de référence prenait en compte
les abords des cours d’eau et du littoral, des habitations, des pentes
fortes– où il est impossibled’épandre. Ce ne sera plus le cas.
« Une décision terrible »
L’association annonce déjà
qu’elle va engager « un recours
pour faire annuler ce décret absurde ». René Louail, conseiller EE-LV
de la région Bretagne, évalue plutôt l’augmentation potentielle à
25 % et estime qu’il s’agit « d’une
décision terrible ». « Laisser croire
qu’onvagagnerla batailledel’environnement avec de grosses fermes
industrielles est illusoire», martèle
cetancienporte-parolede la Confédération paysanne, qui s’était
joint, mardi 11 octobre, à la délégation bretonne.
Celle-ci a naturellement reçu un
accueil bienveillant de la part de
Sandrine Bélier, députée EE-LV, et
représentante de la Commission
des pétitions du Parlement européen, chargée de recueillir les
doléances de tout citoyen européen. La démarche du collectif breton pourrait déboucher sur une
commission d’enquête parlementaire. La question de l’eau en Bretagne a déjà suscité d’autres plaintes
– notamment des élus EE-LV de la
région – et recours. Les représentants de la Direction générale de
l’environnement ont eux aussi
offert une écoute attentive aux
doléances bretonnes.
Voilà un moment que le manque de volonté de l’Etat français
faceàcettepollutionquifrappeaussi lemilieumarin agacelaCommission. Le 18juillet, elle a fait parvenir
à la France onze pages de questions
incisives. Le gouvernement se doit
de répondre avant le 18octobre. p
Martine Valo
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qu’il allait « apporter de manière pragmatique des solutions», « au cas
par cas », aux diplômés étrangers souhaitant poursuivre leur carrière
en France, tout en rappelant que les autorisations de travail délivrées
aux étrangers ont diminué de « 30 % en huit mois ». Depuis le 31 mai,
une circulaire restreint les possibilités pour les étudiants étrangers de
rester en France à l’issue de leur cursus universitaire (Le Monde du
28 septembre). Une réunion s’est aussi tenue, à Paris, entre les représentants des universités et grandes écoles et le ministre de l’enseignement
supérieur, Laurent Wauquiez, à l’issue de laquelle M. Wauquiez a réaffirmé son souhait que la circulaire du 31 mai soit « corrigée ». – (AFP.) p
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Les animateurs de centres de vacances ont-ils droit à un repos quotidien,
comme tous les autres salariés? La question, qui a agité le milieu de l’animation l’été dernier, a été tranchée lundi 10 octobre par le Conseil d’Etat:
«Tant que de nouvelles dispositions dérogatoires, compatibles avec le
droit de l’Union, ne sont pas adoptées, les moniteurs de colonies de vacances ont droit à un repos quotidien de 11heures consécutives», a-t-il statué
dans le droit fil de l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne rendu en octobre2010. Le Conseil d’Etat avait été saisi par le syndicat Solidaires, qui dénonce le statut dérogatoire des animateurs, lequel ne leur
garantit aucune période minimale de repos journalier. Si le syndicat se
réjouit de cette décision, les organisateurs de centres de vacances s’inquiètent de ses conséquences, notamment en termes d’organisation, de coûts
supplémentaires pour les familles ou de continuité pédagogique. Un
groupe de travail a été réuni à l’initiative du ministère de l’éducation et
de la jeunesse pour faire des propositions. p Benoît Floc’h
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économie
0123
Jeudi 13 octobre 2011
En hausse
En baisse
annoncé, mercredi 12 octobre, un chiffre d’affaires semestriel, au 30 septembre, de 830 millions
de livres (948 millions d’euros), soit 30 % de plus
que sur la même période de 2010. Les ventes en
Asie-Pacifique rattrapent celles en Europe.
pourrait perdre 10 000 postes d’ici à la fin de
2012, prévoit Thomas DiNapoli, auditeur des
comptes de l’Etat de New York, dans un rapport
publié mardi 11 octobre. En 2011, les profits des
établissements financiers baisseraient de 33 %.
Burberry – Le groupe de luxe britannique a
19
Les cours du jour ( 12/10/11 , 09h47 )
Le secteur de la finance – Wall Street
Euro
Or
Pétrole
Tauxd’intérêt
Tauxd’intérêt
1euro
Once d’or
Lightsweet crude
France
Etats-Unis
1,3607 dollar (achat)
1663,00 dollars
85,54 dollars
2,801 (à dix ans)
2,106 (à dix ans)
La construction flanche à nouveau
La vente de logementssur plan, qui précède de six à douzemois les chantiers, a baissé de 22% au premier semestre
L
es professionnels du bâtiment espéraient que 2011
sonnerait la sortie de crise,
après trois années de baisse d’activité, particulièrement sévère en
2009 (– 7,8 %) et toujours tangible
en 2010 (– 3 %). Las.
Si le chiffre d’affaires, qui était
de 123 milliards d’euros en 2010,
devrait progresser cette année de
2,2 %, l’exercice 2012 s’annonce
d’ores et déjà morose. « Mi-2012,
nous ne pourrons échapper à une
contraction de l’activité », anticipe
Didier Ridoret, président de la
Fédération française du bâtiment.
La tendance observée depuis
janvier devrait conduire à près de
380 000 logements mis en chantier sur l’ensemble de l’année. Soit
une hausse de 20 % par rapport à
2010. Mais ce chiffre se situerait
très en retrait par rapport aux
niveaux d’avant-crise.
Et ce qui inquiète surtout les
professionnels, c’est l’évolution
du nombre de ventes de
logements sur plan : celles-ci sont
en baisse de 22 % au premier
semestre.
Or, les contrats signés en 2011
font l’activité de 2012, car les ventes sur plan précèdent de six à
douze mois l’ouverture des chantiers.
Dans le seul secteur des maisons individuelles, les constructeurs, qui bâtissent quelque
180 000 unités par an, ont constaté une baisse de leurs ventes de
5,5 % sur les neuf premiers mois de
2011 – et même de – 12 % sur le seul
troisième trimestre.
Ils pourraient ne vendre que
146 000 maisons en 2011. Certes,
ce serait mieux qu’en 2009
(131500), maisbien endeçàdu chiffre de 2006 (208 000).
La rénovation de l’habitat n’est
pas non plus à la fête. « Nous avons
de plus en plus de mal à remplir nos
carnets de commandes, constate
Patrick Liébus, président de la
Confédération de l’artisanat et des
petites entreprises du bâtiment.
(Capeb). Nos clients ont envie de
rénover leurs maisons, mais n’en
ont pas les moyens, les écoprêts et
crédits d’impôt pour travaux étant
remis en cause. »
Lesfemmesdirigeantes
à la têtedes grandsgroupes
restentdes exceptions
Le septième Women’s Forum a débuté
mercredi 12octobre à Deauville
L
es plus de mille participants
attendus à Deauville (Calvados) du 12 au 15 octobre, pour
le septième Women’s Forum, vont
à nouveau affirmer leur souhait
d’une plus grande diversité, dans
tous les domaines. Une vingtaine
de patrons, autobaptisés les CEO
Champions, devraient présenter,
jeudi 13 octobre, un plan d’actions
en faveur de l’égalité hommesfemmes dans les entreprises.
Il devra être énergique. Car malgréles discourset les bonnesintentions, la mixité ne progresse guère. Certes, les femmes sont désormais plus nombreuses dans les
conseils d’administration des
entreprises françaises. Car la loi
impose aux sociétés cotées de
compter40 % defemmes administrateurs d’ici au 1er janvier 2017.
Mais les autres instances, et en
particulier les comités exécutifs,
véritables lieux de pouvoir,
demeurent masculins. Les femmes sont absentes de ces comités
dansquinze des quaranteentreprises qui composent l’indice CAC 40.
En moyenne, elles représentent
7,6 % des membres des comités
exécutifs de ces entreprises, selon
la base de données de la société
d’analyse financière OFG.
Cette situation est la résultante
d’une série de mesures enregistrées dès les débuts de carrière.
Les femmes ne se voient pas
confierle même niveaude responsabilité. « Les hommes ont plus fréquemment que les femmes un rôle
d’animation d’équipe et/ou la responsabilité d’un budget », indique
une étude de l’Agence pour l’emploi des cadres (APEC) sur « les inégalités professionnelles», publiée
en mars.
Non pas que les femmes n’aspirentpasà cesfonctions.Aucontraire. Ce qui a d’ailleurs pour conséquenceque les femmessont globalement moins satisfaites de leur
situation professionnelle que les
hommes, poursuit l’étude.
Le renforcement du prêt à taux
zéro, pour les acheteurs d’une première résidence principale, et le
très généreux avantage Scellier,
accordé aux investisseurs dans un
logement à louer, ont permis, ces
dernières années, de soutenir la
production de logements.
Le prix des travaux s’envole
Mais promoteurs et constructeurs pourraient bien avoir mangé leur pain blanc. Ils savent que
ces avantages seront sérieusement rabotés par la loi de finances
pour 2012, en cours de discussion.
Les promoteurs, dont 60 % à
70 % de l’activité sont réalisés
auprès d’investisseurs bénéfi-
ciant de l’avantage Scellier, s’attendent à vendre moins de
100 000 logements sur plan en
2011 (contre 115 000 en 2010) et
moins encore en 2012.
L’objectif du gouvernement est
de réduire la dépense fiscale pour
le logement de 4 milliards d’euros
en 2010, à 2,5 milliards en 2011 et
moins de 1 milliard en 2012.
L’avantage Scellier, qui permet
actuellement aux investisseurs
de récupérer 22 % du prix de leur
achat, devrait descendre à 18 %,
voire 14 % à compter du 1er avril
2012.
« Nous savons que les dépenses
publiques sont contraintes. Nous
proposons de conserver l’avanta-
sement des terrains et celui des
travaux, un logement neuf coûte
9 % plus cher qu’il y a un an.
Seule éclaircie dans cette tourmente : la production de logements sociaux atteint des sommets, jouant son rôle contre-cyclique. Cette année, 112 000 logements ont été financés, presque
aussi bien que les 114 000 de 2010
et mieux que les 40 000 à 50 000
des années 2000, où les crédits
n’étaient même pas consommés.
Cette activité attire d’ailleurs
les promoteurs, qui aimeraient
s’associer aux bailleurs sociaux
dans des sociétés d’économie
mixte. p
Isabelle Rey-Lefebvre
Vendredi 14 et samedi 15 octobre,
100 Mercedes partiront
plus vite que jamais.
Les salaires des femmes cadres
sont plus faibles que ceux des
hommes, dès les premières
années en entreprise, indique aussi l’APEC. Des inégalités observées
à fonction et âge équivalents.
L’APEC donne l’exemple de
cadres de moins de 35 ans occupant un poste dans la fonction
administration-finances et n’animant pas d’équipe. « Ces cadres
ont des caractéristiques très proches, que ce soit au niveau des responsabilités exercées (gestion d’un
budget, dimension internationale
du poste), de l’anciennetédans l’entreprise ou des caractéristiques de
l’entreprise (secteur, taille,
région).»
Pourtant, l’écart de rémunération annuelle entre hommes et
femmes est de 4 000 euros, note
l’étude.
Différences salariales
Ces écarts de rémunérations
s’accroissent avec l’âge, pour
atteindre 25 % au-delà de 55 ans.
La situation n’est pas propre à
la France. Un rapport de l’association américaine Catalyst, publié
en septembre, indique que si les
femmes représentent 51,5 % des
cadres américains, elles ne sont
plus que 14,4 % dans les comités
exécutifs des 500 plus grandes
sociétés américaines.
« Les hommes sont plus souvent
promus que les femmes et ces promotions s’accompagnent d’augmentations de salaires plus importantes pour les hommes que pour
les femmes»,précise une autreétude de cette association.
Dans son rapport Egalité des
genres et développement, publié
le 19 septembre, la Banque mondiale a analysé les différencessalariales hommes-femmes dans
tous les pays du globe. Conclusion : la disparité salariale hommes-femmes est un phénomène
universel. p
ge Scellier, mais en le ciblant sur les
zones tendues : qu’il soit consistant là où se loger coûte cher, avec
des loyers plafonnés pour créer
une offre intermédiaireentre le privé et le social », suggère Marc
Pigeon, président de la Fédération
des promoteurs immobiliers.
« Nous souhaitons adapter
l’avantage fiscal aux besoins
locaux : plus généreux dans les
zones tendues, et réduit ailleurs »,
indique Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au logement.
Pour couronner le tout, le prix
des travaux s’envole : l’indice du
coût de la construction du deuxième trimestre, publié le 7 octobre, a
bondi de 5,01 %. Entre le renchéris-
Pendant 48 heures seulement,
chaque filiale Mercedes-Benz France
met en vente 100 Mercedes neuves
et d’occasion à des conditions immanquables.
Soyez le premier à en profiter.
Liste des véhicules dévoilée jeudi 13 octobre
à partir de 12h sur nos sites Internet
ou en flashant le code ci-dessous.
La vente des Filiales Mercedes-Benz France aura lieu dans les établissements de :
Mercedes-Benz Center Paris
344, av. Napoléon Bonaparte
Rueil-Malmaison (92)
www.paris.mercedes.fr
Mercedes-Benz & smart Bordeaux
1, rue Port-Arthur
Quai Wilson - Bègles (33)
www.bordeaux.mercedes.fr
Mercedes-Benz & smart Côte d’Azur
RN7 - Av. des Baumettes
Villeneuve-Loubet (06)
www.cotedazur.mercedes.fr
Mercedes-Benz & smart Lille
Boulevard de l’Ouest
Villeneuve d’Ascq (59)
www.lille.mercedes.fr
Nos établissements de Bordeaux, Côte d’Azur et Lille auront le plaisir de vous proposer une sélection de smart à des conditions immanquables.
Annie Kahn
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20
0123
économie
Jeudi 13 octobre 2011
Agrati, symbole du mal-être, mais aussi
de la combativité des équipementiers
L’absence de ses vis a bloqué le secteur automobile, soulignant le poids des «petits métiers»
Vieux-Condé (Nord)
Envoyé spécial
C
ertains éclairages médiatiques ne sont pas forcément
les bienvenus. Le spécialiste
de visserie italien Agrati en a fait
l’amère expérience avec son site
français de Vieux-Condé (Nord).
Alors que l’entreprise se bat
depuis des années pour maintenir
sa compétitivité, il a suffi, cet été,
d’un bug informatique sur les
codes-barres pour paralyser la
logistique d’étiquetage en fin de
chaîneet déclencherune série d’articles ironiques.
Il est vrai que, dans la foulée,
l’usinePSA de Poissy – entre autres
constructeurs automobiles – a dû
arrêter ses chaînes de production,
empêchant la sortie de
45 000 véhicules en Europe.
« Il faut donc qu’une vis casse ou
ne soit pas fournie pour que le pays
mesure l’importance de tous ces
petits métiers », clame Antoine
Lopez, PDG d’Agrati France, dans
son bureau condéen. Le processus
de fabrication, à Vieux-Condé,
c’est six étapes, et plus de cinquante métiers différents…
D’autres équipementiers ou
sous-traitants de l’industrie automobile ressentent sans doute la
même ingratitude médiatique.
Rouages essentiels, vis de sécurité
et systèmes de fixation ne seront
jamais exposés entre deux hôtesses au Salon de l’auto.
Pris en sandwich entre le prix
d’achataux fournisseursde matière première et le prix de vente aux
clients, les entreprises comme
Agrati font des miracles pour
demeurer compétitives et préserver l’emploi.
A Vieux-Condé, Antoine Lopez
a affronté la « crise de la vis » en
étant à pied d’œuvre dès 5 heures
du matin. Il n’est pas un col blanc
sorti d’une grande école : il a commencé avec un brevet technique
et a gravi les échelons.
Sa carrière l’a mené en Amérique du Sud, enChine où il fut directeur général d’Agrati de 2003 à
2008, puis en Italie, avant son
retour en France il y a vingt mois,
lors du rachat des usines nordistes
d’Acument par la société italienne.
A l’inverse de ce qui se produit
souvent, c’est une entreprise fami-
Lebonus-malus
automobile
se durcira
en janvier2012
L’infographie
Le premier ministre, François
Fillon, avait prévenu, fin août,
que « le bonus-malus [serait] ajusté pour garantir l’équilibre budgétaire du dispositif en 2012». A
compter du 1er janvier 2012, les
petits véhicules peu polluants
seront moins subventionnés,
tandis que les voitures haut de
gamme et 4 × 4 seront davantage
pénalisées.
Mis en place en 2008, après le
Grenelle de l’environnement, ce
système, qui devait être équilibré,
a coûté 2,3 milliards d’euros et
bénéficié à l’achat de 3,9 millions
de nouveaux véhicules.
D’un point de vue environnemental, il a permis d’atteindre,
avec cinq ans d’avance, les objectifs imposés par Bruxelles: une
consommation moyenne de
130 grammes de CO2 par kilomètre, contre 149 auparavant. Mais,
d’un point de vue industriel, ce système a surtout profité à des petits
véhicules produits à l’étranger. p
N. Bn
Les sous-traitants
automobiles,
«vigilants, pas
encore inquiets»
Après une hausse de 14% en 2010, l’activité
devrait croître entre 5% et 7% cette année
P
A l’usine Agrati de Vieux-Condé, près de Valenciennes, en septembre 2009. BRUNO FAVA/PHOTOPQR/« VOIX DU NORD »
liale, dont le siège est situé près de
Milan, qui a sauvé une société sur
le point d’être lâchée par des fonds
d’investissement américains.
Grâce à un investissement de
40 millions d’euros, dont 30 millions pour de nouvelles machines,
le site est passé d’une capacité de
400 000 vis par jour à un million.
Sur un catalogue de 300 pièces,
Agrati propose 50 références de
vis de sécurité.
Le transfert dans le Nord du siège France d’Agrati n’est pas fortuit.
«Il n’yavait pasde raisonde resterà
Créteil.Chaque région a ses spécialités. Dans le Nord, c’est la soustraitance auto. Venir à VieuxCondé, où nous avions déjà une usine, se justifie. Le coût des locaux est
moindre,et nous nous rapprochons
de notre base, indique M. Lopez.
Notre activité n’intéressera jamais
les sphères nationales. Qui se penche à Paris sur des boulons ? Alors
que dans les régions, on est plus sensible à tout ce maillage de PME qui
crée l’économie du territoire.»
A Vieux-Condé, l’Etat, la région
et ValenciennesMétropole ont mis
la main à la poche pour encourager
l’investissement italien. « Aujourd’hui, si vous dites que vous êtes
dans l’industrie automobile, pas
une banque ne vous prêtera de l’argent…» Pourtant, même les voitures électriques ont besoin de vis.
Tradition
Ens’ancrantausud-estdeValenciennes,Agratimaintientunetradition. Non loin de l’usine, on aperçoitunpanneauindiquant«LeBoulon» : ce pôle régional des arts de la
rue a inauguré, le 1er octobre, ses
locaux rénovés, dans la friche
industrielleoùfurentfabriqués,ily
a cent vingt ans, des rivets de la
Tour Eiffel.
Symbole toujours, M. Lopez
désigne les belles arches de briques préservées en face des bâtiments modernes de son usine :
« Les vestiges des anciennes forges
duXIXe siècle!» Latraditionremonte à 1828. Le patron cherche dans
un tiroir et sort un clou de 20 cm
de long : « A l’époque, ce site fabriquait les clous des péniches.»
« Il faut redonner une image
positive de l’industrie aux jeunes»,
insiste M. Lopez, qui a du mal à
trouver les « bras » dont il a besoin.
« La France est tellement en retard
dans le dialogue école-entreprise,
dans la formation concrète aux
métiers techniques! », lâche-t-il.
Pire, M.Lopez et ses pairs de l’industrie locale ont appris la fermeture par la rectrice d’une classe du
lycée Camille-Claudel de Fourmies, spécialisée en traitement
thermique, classe essentielle à
leur recrutement. « Alors que
nous nous entendons parfaitement avec le proviseur, avec lequel
nous avons signé des accords »,
peste-t-il.
AgratiFranceenestréduiteà former elle-même, gérant 30 contrats
de professionnalisation. « Une
entreprise de taille moyenne comme nous n’a pas accès aux formations. Et pourtant, si une vis de frein
casse, il peut y avoir mort d’homme
à cause d’une pièce valant un euro,
relève M. Lopez. Mais qui songe à
nous aider à la formation, à la
diversité de compétences? Seul un
ancrage régional peut le permettre. Il y a une technicité supérieure
à encourager.» p
Geoffroy Deffrennes
BARÈME 2012 DU BONUS-MALUS ÉCOLOGIQUE SELON LE MODÈLE NEUF
Exemple de véhicules
(la tranche d’émission peut varier
selon la cylindrée)
BONUS
ZONE
NEUTRE
Modèles
qui coûtent
MALUS
5 000 €
3 500 €
400 €1
100 €2
0€
200 €
500 €
750 €
1 300 €3
2 300 €4
3 600 €5
Avec la fin des programmes
d’incitation à l’achat de véhicules
– mis en place dans la plupart des
pays européens pour soutenir les
ventes –, les équipementiers pouvaient naturellement craindre,
en 2011, un retournement de
conjoncture. « Je craignais que
2011 soit plus dure. Or, je suis obligé de reconnaître qu’à la fin du
premier semestre mes craintes se
démentent », confie M. Cham.
Au premier semestre, les
115 équipementiers de la FIEV ont
réalisé un chiffre d’affaires de
10,1 milliards d’euros (+ 9,7 %).
Ces sous-traitants réalisent 75 %
du prix de revient de fabrication
d’une voiture en France.
Les équipementiers
réalisent 75% du prix
de revient
de fabrication
d’une voiture
en France
Contrairement aux constructeurs automobiles français, la
balance commerciale des équipementiers reste positive, même si
elle va chuter en 2011. « Le solde
recule de 24 %, passant de 1,3 milliard fin juin 2010 à 991 millions
fin
juin 2011 »,
reconnaît
M. Cham.
L’année 2011 devrait, par
ailleurs, marquer une pause sur
le front des destructions d’emplois. Depuis 2005, les équipementiers ont vu près de 40 000
emplois disparaître, leurs effectifs tombant à 88 000 en 2010. « Il
suffit de regarder la production
de véhicules en France. En 2005,
on en produisait environ 3,6 millions. Depuis deux ans, on tourne
autour de 2,2 millions. Les équipementiers n’ont pas eu d’autres
choix que d’ajuster leurs effectifs », constate M. Cham. p
Nathalie Brafman
Commerce
Quelle voiture pour quel barème ?
Modèles qui
rapportent
as question de commencer à
broyer du noir. Au Salon
Equip Auto, rendez-vous
biennal des équipements pour
véhicules qui se tient jusqu’au
15 novembre à Villepinte, les équipementiers veulent encore savourer la fin de la crise de 2009.
Pourtant, une rechute du marché automobile n’est pas à exclure.
Philippe Varin, le patron de PSA
Peugeot Citroën, n’a-t-il pas averti
qu’il fallait « se préparer à des
tempsplusdifficiles»? Sanstomber
dans un profond pessimisme, malgré le ralentissement économique
et les conséquences de la crise des
dettes souveraines en Europe, les
constructeurs restent attentifs.
Claude Cham, le président de la
Fédération des industries des équipements pour véhicules (FIEV), se
dit« vigilantsurles sixà douzemois
qui viennent », mais pas encore
«inquiet ». Toutefois, compte tenu
de la conjoncture, il prévient que
l’activité des équipementiers ne
sera pas aussi florissante qu’en
2010, où elle avait connu une croissance de 14 %. Pour 2011, elle sera
comprise entre 5 % et 7%.
Dans ce contexte, il est donc
nécessaire de continuer le travail
de rationalisation de la filière, surtout pour les petits équipementiers.Car il y a une trèsforte corrélationentretaille et capacitéà s’internationaliser. Or, plus on descend
dans la filière, moins il y a d’entreprisescapablesde se développeren
dehors des frontières ou de diversifier le portefeuille de clients.
Certains équipementiers de
rang 2 (fournisseurs des équipementiers de rang 1, eux-mêmes
fournisseurs directs des constructeurs) et de rang 3 sont trop nationaux. Pire, trop souvent, ils dépendent d’un seul, voire de deux
clients. Difficile dans ces conditions de faire face à des soubresauts. Le problème, c’est qu’il est
aussiparfoisdifficiledeconvaincre
les patrons à la tête d’une entreprise familiale d’accepter un mariage.
Renault Kangoo ZE, Peugeot Ion,
Citroën C-Zéro, Opel Ampera
Taux d’emission
de CO2, en g/km.
— de 50
Peugeot 3008 hybride,
Toyota Prius hybride
50 à 60
Citröen C3, Renault Twingo,
VW Polo
60 à 90
Citröen C3, Renault Clio,
Opel Corsa
90 à 105
LeSénataméricainvotedes
sanctionscontre un yuantropfaible
Le Sénat américain à majorité démocrate a voté par 63 voix contre 35,
mardi 11octobre, un projet de loi visant à pénaliser les importations de la
Chine, soupçonnée de manipuler sa monnaie afin de favoriser ses produits. Ce projet devrait avorter en raison de l’hostilité de la Chambre des
représentants à majorité républicaine et en raison des réserves de l’administration Obama. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a déclaré
sur Bloomberg TV que plusieurs dispositions du texte lui semblaient «en
contradiction» avec les obligations des Etats-Unis vis-à-vis de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le ministère chinois des affaires
étrangères a estimé, mercredi, que ce projet de loi risquait de provoquer
une «guerre commerciale». – (AFP.) p
Emploi
Leplanemploi de BarackObama
rejetéau Sénat
Peugeot 3008, Ford Focus
Citröen C4 Picasso, VW Golf
105 à 140
Alpha Romeo Giuletta, Audi A3
VW Passat
141 à 150
BMW Série 3, Peugeot 807
Opel Meriva
151 à 155
Mercedes série C,
Citröen C5
156 à 180
Audi A6, Renault Espace,
BMW Série 5
181 à 190
Le Sénat des Etats-Unis a repoussé, mardi 11 octobre, le plan de soutien à
l’emploi défendu par Barack Obama. Ce plan emploi d’un montant de
447 milliards de dollars (327 milliards d’euros) prévoit des investissements dans les infrastructures et des réductions d’impôts pour la classe
moyenne et les PME. Le président assure que ces mesures permettront
de créer 1,9 million d’emplois et de faire baisser le taux officiel de chômage de 9,1 % à 8,1 %. « Le peuple américain n’acceptera pas un non pour
réponse. Il est temps pour le Congrès de mettre ses politiques partisanes
de côté et d’agir pour l’emploi », a réagi M. Obama dans un communiqué. – (AFP.) p
Citröen C6, Audi A8,
Land Rover Freelander
191 à 230
Conjoncture L’Espagne pourrait retomber en récession
Porsche Cayenne, Jaguar XK,
Infiniti EX37
+ de 230
Barème 2012 initial : 1) 600 €, 2) 300 €, 3) 1 100 €, 4) 1 600 €, 5) 2 600 €
SOURCE : MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE
Le produit intérieur brut (PIB) en Espagne au troisième trimestre
devrait stagner à 0 ou 0,1 %, (après + 0,4 % au premier trimestre et
+ 0,2 % au deuxième), a estimé mardi 11 octobre l’institut BBVA
Research. Ce qui « rend peu probable qu’en l’absence de mesures additionnelles l’objectif [d’un déficit] de 6 % du PIB soit atteint en 2011»,
juge-t-il. Selon les analystes de Goldman Sachs et de Natixis, le pays
pourrait aussi retomber en récession fin 2011-début 2012. – (AFP.)
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0123
économie
Jeudi 13 octobre 2011
Pierre Mariani, administrateur délégué
de Dexia, à Bruxelles,
lundi 10 octobre.
YVES HERMAN/REUTERS
21
En Chine, le fonds souverain
vole au secours des banques
En 2008 déjà, après la faillite de Lehman Brothers, Pékin était intervenu
Shanghaï
Correspondance
L
Dans l’affaire Dexia,
laBelgiquea été «roulée»
Les dirigeants du groupe sont accusés d’avoir laissé pourrir la situation
Bruxelles
Correspondant
L
a polémique enfle, en Belgique, après le sauvetage et le
démantèlement du groupe
bancaire Dexia. Premiers visés :
Pierre Mariani, le directeur exécutif nommé– sur insistancede l’Elysée – après le premier plan d’aide
des pouvoirs publics, en 2008, et
Jean-Luc Dehaene, le président du
conseil d’administration.
Mardi 11 octobre, un ancien dirigeant de la banque, le Belge Dirk
Bruneel, a affirmé que Dexia
savait depuis longtemps qu’elle
risquait d’être confrontée à des
graves difficultés financières,
mais n’a pas pris les mesures
adéquates.
M. Bruneel, membre du comité
de direction de 2001 à 2008, soutient, dans un entretien avec le
quotidien néerlandais NRC Handelsblad, que le modèle financier
qui régissait les activités du groupe en France a été examiné, dès
2004-2005, trois ans avant le
début de la crise financière.
A l’époque, les dirigeants
auraient conclu qu’en cas de dégradation de la note de la banque (AA
–), celle-ci serait vite dans l’incapacité de trouver sur les marchés suffisammentde liquidités.« La direction n’a pas eu le courage de dire : le
financement des activités françaises est le problème. Pierre Mariani
ne s’en est pas occupé », affirme
M.Bruneel.
In fine, c’est le transfert direct
de dépôts belges et la mise en gage
d’actifs, belges également, qui a
permis de soutenir l’activité de
l’ex-Crédit local de France, poursuit l’ancien directeur. Au moins
32 milliards provenant de Dexia
Belgique resteraient en prêt au
sein de Dexia CLF, affirme de son
côté le député écologiste Georges
Gilkinet.
Embellir la situation
Pour MM. Mariani et Dehaene,
les coupables sont à chercher du
côté de leurs prédécesseurs et des
responsables gouvernementaux
– dont Christine Lagarde quand
elle était ministre des finances
avant de rejoindre le FMI – qui
leur auraient demandé de conserver les obligations grecques de la
banque.
M. Mariani se voit reprocher de
ne pas avoir révisé la structure de
financement qui exposait le groupe au risque d’une crise de liquidités : « Dexia était une sorte de hedge fund exploitant à fond l’écart
entre taux à court terme, très bas,
et taux à long terme, élevés », rétorque,dans le journalL’Echo, l’économiste Paul De Grauwe.
M. Dehaene est, lui, accusé par
le secrétaired’Etatbelge aux finances, Bernard Clerfayt, d’avoir voulu embellir la situation jusqu’au
bout. « Il y a une semaine, il nous
disait encore que tout était sous
contrôle», a expliqué le secrétaire
d’Etat, avant de réclamer la démission de tous les administrateurs
belges.
Les émoluments des dirigeants – 2 millions d’euros de
salaire et de bonus pour M. Mariani en 2010, dénonce le quotidien
De Morgen – alimentent aussi la
polémique. Tout comme les
390 millions versés, entre 2008 et
2010, à des sociétés de conseil
diverses et variées, dont 60 millions à l’entreprise parisienne
Bain & Company. Les conditions
de la revente de la filiale américaine FSA, en 2009, avec une perte
de 1,5 milliard d’euros, suscitent
d’autres interrogations.
De quoi alimenter le débat sur
les conditions du démantèlement. Pour Paul De Grauwe,
« c’est évident », la Belgique a été
« roulée ». Comme en témoignent
les garanties que la France et la Belgique viennent d’apporter à la
banque : elles représentent13 % du
produit intérieur brut (PIB) belge
et 2 % du PIB français, note l’économiste. p
e cours des quatre grandes
banqueschinoisesa sensiblement augmenté, mardi
11 octobre, après avoir reçu un
coup de pouce du fonds souverain
chinois. Agricultural Bank of
China a gagné 12,8 % en une journée. Les actions Construction
Bank, Industrial and Commercial
Bank et Bank of China ont, elles,
progressé de 5 % à 8 % sur le marché de Hongkong. L’indice de la
Bourse de Shanghaï était tombé
lundi au niveau le plus bas depuis
trente mois sur fond de ralentissement du secteur immobilier.
Les principales banques de la
deuxième économie mondiale
souffrent des difficultés de la zone
euro et des Etats-Unis, qui pourraient peser sur les exportationset
donc sur la croissance chinoise.
Elles sont par ailleurs exposées à
une inflation élevée – de 6,2 % en
août après avoir passé un pic en
juillet– et à la politiquede resserrement du crédit qui doit permettre
de contenir la hausse des prix.
Surtout, leurs livres de comptes
sont lestés de crédits souscrits par
les gouvernements locaux pour
financer les investissements en
infrastructures annoncés dans le
plan de relance contre la crise en
2008. Une partie importante de
ces prêts arrivera à maturité d’ici à
2012, mais les banques tendent à
accorder de nouveaux crédits pour
ne pas constater de défauts.
Le fonds souverain chinois –
qui permet au gouvernement central de Pékin de guider les grandes
banquesnationalesen qualitéd’actionnaire majoritaire – a donc
annoncé lundi avoir acheté
64,55millions d’actions des quatre
grands établissements financiers.
Il prometde continuercesinvestissements au cours des douze prochains mois.
Signal politique
Selon le groupe financier japonais Mizuho, le fonds d’investissement de Pékin vient ainsi de
dépenser environ 31 millions de
dollars (22,7 millions d’euros) dans
ses banques. « Les motivations [du
fonds souverain] sont probablement de faire la démonstration du
niveau élevé de soutien du gouvernement envers le secteur bancaire,
estime Jim Antos, analyste du secteur bancaire en Asie pour Mizuho. Il s’agit aussi de donner l’impression que ces actions sont
aujourd’hui bon marché pour un
investisseur de long terme.»
Les autorités chinoises avaient
déjà entrepris des achats similaires d’actions des grandes banques
en 2008, après la chute de Lehman
Brothers, ce qui avait aidé le secteur avant que la réalité de la récession mondiale ne le fasse rechuter.
Cette fois-ci, il s’agit d’un signal
politique du gouvernement
chinois, un gage de solidarité
enversles banques, quitte à renforcer un système sanctionnant peu
l’exposition au risque.
L’annonce intervient une
semaine après la visite du premier ministre à Wenzhou, où les
petites et moyennes entreprises
souffrent particulièrement des
difficultésd’accès au crédit bancaire et ont recours aux financements privés informels, souvent à
des taux usuriers. Dans cette ville
commerçante de l’est du pays,
une quarantaine de patrons incapables d’honorer leurs dettes se
seraient d’ailleurs volatilisés. Lors
de sa visite, Wen Jiabao a exigé des
banques et des autorités locales
que la question soit résolue dans
le mois.
Pour Joseph Lau, économiste de
la Sociétégénérale à Hongkong, les
deux signaux que sont l’appel de
M. Wen et l’achat d’actions du
fonds souverain pourraient marquer le début d’une série de mesures visant à stabiliser le secteur
bancaire formel et à résoudre le
problème des financements de
l’ombre au niveau national.
Le coup de pouce du fonds d’investissement de Pékin demeure
toutefois symbolique. « Le problème de dette de la Chine restant une
grande incertitude, il semble peu
probable que le léger soutien du
[fonds souverain] suffira à compenser les pertes potentielles associéesaux créancesdouteuses.Jeprésume que d’autres injections de
fonds pour recapitaliser les banques seront nécessaires avant que
la situation ne soit résolue », commente M. Lau. p
Harold Thibault
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Jean-Pierre Stroobants
Gaucheetdroiteserenvoientlaresponsabilité
çois Fillon a épinglé la gauche
« qui nous donne des leçons », en
voulant lui « rappeler (…) que les
responsabilités sont extrêmement
partagées. Des actes graves ont été
commis aussi quand la gauche
était au pouvoir».
Plus tard, devant l’Assemblée
nationale, il a continué de tancer
ses adversaires. « La responsabilité
de beaucoup de gouvernements
est engagée dans la dérive qui est
aujourd’hui celle de la banque des
collectivités locales. »
« Gâchis »
La gauche, elle, parle de
« gâchis ». Le chef de file des socialistes à l’Assemblée, Jean-Marc
Ayrault, a d’ailleurs indiqué que
son groupe n’avait « pas encore
arrêté sa position », quant au vote
prévu lundi 17 octobre sur le nouveau collectif budgétaire, qui
inclut les garanties financières
apportées par l’Etat à Dexia à hauteur de 32 milliards d’euros.
Le texte, qui était au menu du
conseil des ministres mercredi,
prévoit aussi que l’Etat français
apportera sa garantie à la partie la
plus risquée du portefeuille de
prêts aux collectivités locales de
Dexia Municipal Agency, qui sera
désormais adossé à la Caisse des
dépôts et consignations (CDC).
Si des pertes étaient constatées
sur certains prêts, et que leur montant allait au-delà de 500 millions
d’euros, l’Etat en prendrait 70 %
en charge, le reste incombant à
Dexia. La nouvelle banque des collectivités locales « sera opérationnelle dans quelques mois », a indiqué Nicolas Sarkozy mardi à
Aubusson (Creuse), en précisant
que cette banque ne « distribuera
aucun produit risqué ». p
Quand vo
Qua
vous serez là, nou
ous
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ont
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ter
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ps. Karn
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na, 35
5 ans
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de to
tour
u is
sti
tiqu
que
515 012 185 RCS Paris - Photo © Vincent Bourdon.
VINGT-QUATRE HEURES après
l’annonce officielle du démantèlement de Dexia, gauche et
droite se sont renvoyé la responsabilité de la débâcle de la banque,
mardi 11 octobre à l’Assemblée
nationale.
Mardi matin, devant les députés UMP, le premier ministre Fran-
là où tout commence
Cécile de Corbière
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 21 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:10 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
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10 FAURÉ REQUIEM - DURUFLÉ REQUIEM - MOTETS - Dès le 15 décembre
11 BACH MESSE EN SI - Dès le 22 décembre
12 BRUCKNER TE DEUM - MESSE N° 2 - SYMPHONIE N° 9 - Dès le 29 décembre
13 HAYDN LA CRÉATION - Dès le 5 janvier
14 ALFRED DELLER (contre-ténor) PURCELL - BACH - COUPERIN - Dès le 12 janvier
15 CHANTS SACRÉS BUXTEHUDE - GOUNOD - RAVEL… - Dès le 19 janvier
16 ERNEST BLOCH SERVICE SACRÉ - DARIUS MILHAUD SERVICE SACRÉ - Dès le 26 janvier
17 SCHUBERT MESSES ET AIRS SACRÉS - Dès le 2 février
18 SPIRITUALS MARIAN ANDERSON - PAUL ROBESON… - Dès le 9 février
19 MOTETS FRANÇAIS DU XXe SIÈCLE POULENC - SCHMITT - CAPLET - Dès le 16 février
20 LE SACRÉ À L’OPÉRA PUCCINI - WAGNER - VERDI - GOUNOD… - Dès le 23 février
PLUS D’INFORMATIONS www.lemonde.fr/boutique ou 3289 (0,34  TTC/min)
Offre de lancement réservée au double CD-livret n° 1 : 5,90  en plus du Monde. Chaque double CD-livret suivant sera vendu au prix de 9,90  en plus du Monde.
Offre réservée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde et dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels.
Crédits photos : Volume N°1 : NILS UDO - ALPINIAS - MARTINIQUE , ANTILLES 1991 - Ilfochrome sur aluminium, 124 x 104 cm, 8 exemplaires – Volume N°2 : NILS-UDO - SANS TITRE GENEVRIER, SORBES, BRANCHES DE NOISETIER, OSIERS.AIX-LA-CHAPELLE, ALLEMAGNE 1999. Fujiflex sur aluminium, 124 x 124 cm, 6 exemplaires. Illustration dos du volume : NILS-UDO - SANS TITRE LIT DE RUISSEAU, FLEURS DE LISERON , ILE DE LA REUNION , OCEAN INDIEN 1990. Ilfochrome sur aluminium,124 x 124 cm 8 exemplaires. Courtesy Galerie Pierre-Alain Challier
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 22 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 11/10/11 18:44 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
CHAQUE JEUDI EN PLUS DU MONDE
0123
Pertes et profits | Chronique
Par Stéphane Lauer
Black out
BlackBerry
N
oir c’est noir. BlackBerry traverse une bien mauvaise
passe. La marque de téléphone mobile est victime depuis
deux jours de pannes en série, qui
arrivent au pire moment pour son
fabricant, le canadien Research In
Motion (RIM).
Plus de courriels, ni d’Internet,
par intermittence. Les clients
européens, africains et sud-américains de BlackBerry trouvent le
temps long depuis quarante-huit
heures. En cause, la défaillance
d’un « commutateur de cœur de
réseau», a annoncé RIM dans… un
e-mail.
« Nous travaillons à restaurer le
service normal aussi vite que possible», explique piteusement le
groupe dans un message, qui fleure bon les années 1970 et les grandes heures de l’ORTF, quand la
télévision publique diffusait ses
interludes pour faire patienter les
téléspectateurs dans l’attente de
la reprise des programmes.
Peu probable que ce relent de
nostalgie soit du goût des 70 millions de clients, qui ont acheté un
BlackBerry justement à cause de
sa fiabilité. Une force qui est en
train de se transformer en talon
d’Achille? Contrairement aux
autres fabricants, BlackBerry fonctionne à partir de son propre
réseau de communication, qui dispatche les données vers des serveurs régionaux. C’est la saturation de ces derniers qui est à l’origine des pannes actuelles.
Pourtant, RIM n’est pas vrai-
ment face à une crise de croissance. Bien au contraire : le groupe
canadien se fait tailler des croupières par l’iPhone d’Apple et les téléphones fonctionnant sous le logiciel Android de Google. La chute
des parts de marché suit une courbe parallèle à celle du cours de
Bourse, qui a dégringolé de 60 %
depuis le début de l’année.
De quoi éveiller les appétits des
prédateurs. Celui qui lorgne
actuellement sur RIM s’appelle
Jaguar. Cette petite banque d’in-
Le groupe canadien
se fait tailler
des croupières par
l’iPhone d’Apple
vestissement canadienne a lancé,
en septembre, un appel pour
changer le système de gouvernance du groupe et suggère même
une vente pure et simple de RIM.
La direction bicéphale, constituée
par Jim Balsillie et Mike Lazaridis,
a fait son temps, affirme Jaguar,
qui a fort opportunément profité
de la panne pour signaler que des
actionnaires impatients, représentant 8 % du capital, soutenaient
son appel.
Les deux dirigeants détiennent
ensemble 10 % du capital de RIM,
il n’y a donc pas encore péril en la
demeure. Mais la pression monte,
et il faudra plus que la résolution
de la panne de ces derniers jours
pour la faire retomber. p
lauer.blog.lemonde.fr
«Nous examinons tout, sans tabou»,
indique le président du groupe, Luc Oursel
A
Mouvement de concentration
inéluctable dans la presse régionale
Le Crédit mutuel a racheté «L’Est républicain» et «LesDernières Nouvelles d’Alsace»
Arevapourrait«fermer
certainesactivités»
en Allemagne
reva étudie l’arrêt de certaines de ses activités en Allemagne, à la suite de la décision du gouvernement fédéral
d’abandonner, d’ici à 2022, le
nucléaire, a annoncé, mercredi
12 octobre, le présidentdu directoire, Luc Oursel, dans un entretien
au quotidien allemand Handelsblatt. Le groupe réfléchit par
ailleurs « à fonder un centre mondial spécialisé dans le démantèlement de centrales nucléaires »
dans ce pays.
« Nous examinons tout, sans
tabou. Nous regardons de quels services nos clients allemands auront
encore besoin dans le futur et ce qui
va se passer avec l’exportation de
services et produits nucléaires
depuis l’Allemagne vers d’autres
pays», a expliqué M. Oursel.
« Notre décision dépend évidemment de savoir si la technologie
nucléaire est encore la bienvenue
ici. Nous pourrions arriver à la
conclusionde fermer certainesactivités », a ajouté le patron d’Areva,
Concernant les 5 700 salariés du
groupe en Allemagne, il estime
« ne rien pouvoir exclure pour le
moment».
M. Oursel, qui a succédé à Anne
Lauvergeon en juin, espère rendre une première décision en
décembre, lors de la présentation
de sa stratégie au conseil de surveillance.
Dans un entretien à l’agence
Reuters, le 11 octobre, le nouveau
président d’Areva précise que son
groupe dispose encore de nombreux clients potentiels. « Nous
sommes très sollicités aujourd’hui
dans beaucoup de pays en Europe,
en Pologne, en République tchèque,
en Grande-Bretagne (…). Vous avez
quatre EPR en cours de construc-
23
économie & médias
Jeudi 13 octobre 2011
tion. Il y en aura d’autres en
constructionen Chine et en Inde, en
Grande-Bretagne.»
D’autre part, le patron d’Areva
affirmeêtre bienplacédanslacompétition qui se profile pour la
construction de deux nouveaux
réacteurs en Finlande, après avoir
tiré les leçons des difficultés du
chantier en cours dans ce pays.
Provisions
Concernant ce dernier, un rapport d’étape, remis mardi 11 octobre, par le député socialiste Marc
Goua à la commission des finances
del’Assembléenationale,jugequ’Areva risque de devoir inscrire de
nouvelles provisions dans ses
comptes.
Tout en rappelant que le groupea enregistréune huitièmeprovision pour l’EPR finlandais en 2010
– pour un total de 2,6 milliards
d’euros –, le député estime que
« rien ne semble indiquer que ce
soit la dernière».
« Areva s’est engagé non seulement sur la livraison d’une installation, mais aussi, dans une certaine
mesure, sur la production à venir de
la centrale», ajoute-t-il. « L’exposition est donc certainement supérieureà ce qui avait étéannoncéà la
représentation nationale », expliqueM.Goua,pourqui «le coûtfinal
sera certainement astronomique».
Ce rapport,diligenté fin juin par
la commission présidée par Jérôme Cahuzac (PS), devra être complété par d’autres auditions et opérations de contrôle. « On ne peut
pas confirmer ni infirmer les positions prises par le parlementaire, a
réagi un porte-parole d’Areva. Si
des provisions doivent être passées
elles le seront, comme nous l’avons
toujours fait. » – (AFP, Reuters.) p
Analyse
M
ercredi 12 octobre à
minuit, le Crédit mutuel
est officiellement devenu
propriétaire de L’Est républicain et
desDernières Nouvelles d’Alsace,jusqu’ici contrôlés par la famille
Lignac. Faute d’un recours, l’avis de
l’Autorité de la concurrence du
12 juillet autorisant la transaction
s’applique.
Michel Lucas, président de la banque mutualiste, se trouve donc à la
tête d’un empire de presse qui rassemble neuf quotidiens régionaux
dans le grand Est: L’Alsace, Le Républicain lorrain,Le Bienpublic, LeDauphiné, Le Journal de Saône-et-Loire,
Le Progrès, L’Est républicain, les Dernières Nouvelles d’Alsace et Vosges
matin.
Si celui que l’on surnomme « le
requin blanc » jure ses grands dieux
qu’il va vendre L’Est républicain,
dont les salariés ont eu le tort de faire grève en février, personne ne croit
à cette menace. Cette décision ferait
perdre sa cohérence à un groupe qui
s’étend de Verdun à Gap et diffuse
chaque jour 1,2 million de journaux.
Le groupe belge Rossel, lui, vient
de dévoiler ses ambitions. Déjà propriétaire de La Voix du Nord et du
Courrier picard, il annonce un partenariat avec Groupe Hersant média
(GHM). Les deux groupes devraient
constituer une holding qui sera détenue à parts égales et contrôlera le
pôle Est de GHM, avec L’Union de
Reims, et le pôle PACA, qui comprend notamment La Provence et
Nice Matin.
Le pôle normand (Paris Normandie), le pôle outre-mer (FranceAntilles), et les journaux gratuits
d’annonces (Comareg) ne sont pas
concernés. La nouvelle entité pèsera
900 000 exemplaires diffusés chaque jour, ce qui la place au troisième
rang des groupes de presse régionale, derrière EBRA et Ouest-France
(960000 exemplaires).
Ce phénomène de concentration
ne peut que s’accélérer. Déjà, six
pôles plus ou moins cohérents se
dégagent dans le paysage. Outre les
trois groupes cités, un pôle se dessine avec le groupe Sud-Ouest, qui a
monté un GIE avec La Dépêche. Un
autre au centre avec le groupe Centre-France (La Montagne), qui a pris
une participation minoritaire au
capital de La Nouvelle République du
Centre-Ouest.Enfin, legroupe Amaury est en situation de monopole en
Ile-de-France avec Le Parisien.
Artifices
Cette concentration vise à rationaliser et restructurer un secteur
qui périclite depuis une vingtaine
d’années. En 2010, la diffusion de la
presse quotidienne régionale (PQR)
a baissé de 2 % selon le cabinet Secafi. Encore, cette chute a-t-elle été
ralentie par plusieurs artifices. Les
abonnements ont été subventionnés grâce à l’aide de l’Etat au portage, qui se monte à 70 millions d’euros par an, une somme captée à 82 %
par la PQR.
Les journaux régionaux ont égalementeu recours à l’expédient classique que représentent les ventes
par tiers (mise à disposition gratuite
dejournaux dans les hôtels,les facultés, etc.) : elles ont représenté 3,6 %
de leur diffusion France payée en
2010.
La presse régionale n’a pas encore
opéré sa révolution numérique et
son lectorat vieillit. Surtout, elle
subit de plein fouet la concurrence
des gratuits, de plus en plus présents en régions. Les deux principaux, 20 minutes et Direct Matin, se
livrent à une « course au million
d’exemplaires » : après avoir
conquis Paris, ils veulent s’implanter plus lourdement en province.
Les journaux régionaux ne peuvent plus compter sur les ressources
de la presse gratuite d’annonces
(Paru Vendu, etc.), qui a longtemps
été une poule aux œufs d’or et s’est
effondrée à partir de 2008 avec la
migration des annonces vers Internet.
Beaucoupdegroupessontlourdement endettés. GHM est lesté d’une
dette bancaire de 300 millions d’euros, Sud-Ouest a renégocié ses créances qui se montent à environ 70 millions, Ouest-France a trouvé une
bouffée d’oxygène en vendant 50 %
de son site d’annonces Leboncoin au
norvégien Schibsted pour 200 millions d’euros. p
Xavier Ternisien
Lavie des entreprises
Luxe Gucci accusé
de maltraitance en Chine
Inflation
Le marque de luxe Gucci (groupe
PPR) est accusée par la presse
chinoise de maltraitance de ses
salariées dans l’un de ses magasins à Shenzhen (sud). Elle dénonce des heures supplémentaires
non payées, l’obligation de rembourser tout article volé par les
clients, le fait de demander une
autorisation pour boire ou aller
aux toilettes. Gucci a annoncé,
mardi 11 octobre, avoir « mené une
enquête approfondie et a pris une
série de mesures, dont le remplacement des hauts responsables
concernés et du directeur adjoint
du magasin». – (AFP.)
Justice Arrestation de
deux Chinois soupçonnés
d’espionnage industriel
Deux ressortissants chinois ont
été arrêtés, le 25 septembre, après
avoir été surpris par des salariés
de l’entreprise Converteam, à
Champigneulles (Meurthe-etMoselle), alors qu’ils étaient en
train de photographier des proto-
LesprixàlaconsommationenFrance
ontreculéde0,1%enseptembre
L’indice des prix à la consommation en France a diminué de 0,1 % en
septembre par rapport au mois précédent, après une hausse de 0,5 % en
août, a annoncé, mercredi 12 octobre, l’Insee. Sur un an, les prix sont en
progression de 2,2 %. Le recul en septembre provient essentiellement de
la baisse saisonnière des prix des services, à la fin de la période estivale,
précise l’Insee. Diminuent notamment les prix des hébergements de
vacances (– 44,5 %), des voyages touristiques tout compris (– 27,8 %) ou
des transports aériens (– 7,6 %). Des baisses de tarifs sont aussi notées
dans les services de télécommunications (– 0,5 % ; – 4 % sur un an) et les
assurances automobile (– 4 %; – 3 % sur un an). Corrigé des variations saisonnières, l’indice des prix croît de 0,1 % (+ 2,3% sur un an). – (AFP.) p
types de moteur à propulsion électrique de très haute technologie.
Ces deux hommes ont été placés
sous contrôle judiciaire après
avoir été mis en examen pour
« collecte d’information sur intérêts fondamentaux de la nation et
livraison à une puissance étrangère», selon le site internet du quotidien L’Est républicain. Converteam travaille notamment pour
la Marine nationale, l’US Navy et
la marine britannique.
Marchés
Finance Fitch pourrait
dégrader la note
de Generali
L’agence Fitch a indiqué, mardi
11 octobre, qu’elle envisageait de
dégrader la note de l’assureur italien Generali, après l’abaissement
de la note de l’Italie. « La notation
de Generali est influencée par la
solvabilité de l’Etat italien, car la
compagnie détient environ 51 milliards d’obligations italiennes»,
souligne l’agence. – (AFP.)
Télévision Six nouvelles
chaînes en haute
définition sur la TNT
François Fillon a annoncé, mardi
11 octobre, le lancement d’un
appel à candidatures pour six nouvelles chaînes en haute définition
sur la télévision numérique terrestre sans changement de norme de
diffusion. Le premier ministre a
aussi annoncé l’abrogation d’un
article de la loi du 30 septembre
1986 sur « la liberté de communication» qui prévoyait d’attribuer
des canaux compensatoires à TF1,
M6 et Canal+.
Banques Publication
d’un entretien « fantôme »
du patron de BNP Paribas
Le quotidien allemand Handelsblatt a publié, mercredi 12octobre,
un entretien « fantôme» du directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot, où seules les questions
apparaissent. La banque avait finalement refusé que les réponses
soient publiées. Elle a indiqué au
Monde qu’elle va reproposer le texte au journal allemand. – (AFP.)
Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr
VALEURS DU CAC40
LES BOURSES DANS LE MONDE 12/10, 9h47
Mercredi 12 octobre 9h45
Pays
Valeur
Dernier
cours
Cours
préc.
ACCOR .........................◗
21,36
AIR LIQUIDE .......................◗
90,61
ALCATEL-LUCENT ...........◗
1,98
ALSTOM ............................◗ 24,95
ARCELORMITTAL ................
13,77
AXA ....................................◗
11,39
BNP PARIBAS ACT.A ........◗
33,27
BOUYGUES .......................◗ 25,86
CAP GEMINI ......................◗
26,41
CARREFOUR .....................◗
17,25
CREDIT AGRICOLE ............◗
5,32
DANONE ............................◗
45,41
EADS ...................................◗
21,86
EDF ......................................◗ 22,64
ESSILOR INTL ....................◗ 50,82
FRANCE TELECOM ............◗
12,87
GDF SUEZ ...........................◗ 22,89
LAFARGE ...........................◗
27,50
L’OREAL ............................◗
76,68
LVMH MOET HEN. ............◗ 109,05
MICHELIN...........................◗ 47,05
PERNOD RICARD ...............◗
62,13
PEUGEOT............................◗
17,64
PPR .....................................◗ 103,60
PUBLICIS GROUPE ...........◗
33,52
RENAULT............................◗ 26,50
SAFRAN ..............................◗ 24,36
SAINT-GOBAIN..................◗ 32,02
SANOFI ...............................◗ 50,09
SCHNEIDER ELECTRIC .....◗
43,10
SOCIETE GENERALE .........◗
21,66
STMICROELECTR. .............◗
5,07
SUEZ ENV. ..........................◗
10,81
TECHNIP.............................◗
61,73
TOTAL .................................◗
35,57
UNIBAIL-RODAMCO ........◗ 142,10
VALLOUREC .......................◗
46,12
VEOLIA ENVIRON. .............◗
10,88
VINCI...................................◗ 34,24
VIVENDI ..............................◗
16,20
21,32
91,42
2,01
25,24
14,00
11,59
33,45
25,84
26,39
17,48
5,44
45,36
22,41
22,95
51,43
12,95
23,17
28,10
77,09
110,60
46,58
62,40
18,05
103,95
33,75
26,99
24,69
32,38
49,92
43,62
21,85
5,19
10,81
62,03
35,72
142,85
47,01
10,96
34,50
16,15
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
0,21 -35,84
-0,89 -4,26
-1,55 -9,40
-1,13 -30,31
-1,64 -48,93
-1,64 -8,47
-0,51 -30,11
0,06 -19,83
0,04 -24,41
-1,34 -36,01
-2,30 -44,08
0,11 -3,42
-2,43 25,34
-1,35 -26,23
-1,19 5,49
-0,66 -17,51
-1,19 -14,73
-2,12 -41,38
-0,53 -7,70
-1,40 -11,41
1,01 -12,38
-0,43 -11,70
-2,33 -37,93
-0,34 -12,94
-0,67 -14,04
-1,83 -39,09
-1,32 -8,06
-1,08 -16,82
0,34 4,68
-1,20 -23,04
-0,85 -46,13
-2,31 -34,49
n/d -30,03
-0,48 -10,67
-0,41 -10,29
-0,53 -3,99
-1,88 -41,32
-0,68 -50,25
-0,75 -15,83
0,31 -19,80
36,20
100,65
4,47
45,32
28,55
16,16
59,93
35,05
43,38
31,98
12,92
53,16
25,39
32,75
57,72
16,65
30,05
48,76
91,24
132,65
68,54
72,78
33,60
132,20
41,84
50,53
30,50
47,64
56,82
61,83
52,70
9,73
15,99
78,14
44,55
162,95
89,58
24,30
45,48
22,07
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN
18,60 0,62 T FR0000120404
80,90 2,35 T FR0000120073
1,74 0,16 T FR0000130007
21,91 0,62 T FR0010220475
10,46 0,16 A LU0323134006
7,88 0,69 T FR0000120628
22,72 2,10 T FR0000131104
20,88 1,60 T FR0000120503
21,98 1,00 T FR0000125338
14,65 1,08 T FR0000120172
4,01 0,45 T FR0000045072
41,92 1,30 T FR0000120644
17,55 0,19 T NL0000235190
17,89 0,58 S FR0010242511
46,60 0,83 T FR0000121667
11,12 0,60 A FR0000133308
18,32 0,67 S FR0010208488
22,29 1,00 T FR0000120537
68,83 1,80 T FR0000120321
94,16 1,40 S FR0000121014
40,20 1,78 T FR0000121261
56,09 0,67 A FR0000120693
14,51 1,10 T FR0000121501
90,50 3,50 T FR0000121485
29,10 0,70 T FR0000130577
22,07 0,30 T FR0000131906
21,41 0,50 T FR0000073272
26,07 1,15 T FR0000125007
42,85 2,50 T FR0000120578
35,94 3,20 T FR0000121972
14,31 1,75 T FR0000130809
3,96 0,09 A NL0000226223
10,02 0,65 T FR0010613471
52,85 1,45 T FR0000131708
29,40 0,57 A FR0000120271
124,05 2,70 D FR0000124711
38,34 1,30 T FR0000120354
9,38 1,21 T FR0000124141
29,49 1,15 S FR0000125486
14,10 1,40 T FR0000127771
Cours en euros.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.
Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.
Indice
Dernier
cours
% var.
Maxi
2011
Mini
2011
PER
CAC 40
3133,83 12/10
-0,62
4169,87 16/2
2693,21 23/9
9,00
DAX Index
5802,32 12/10
-1,07
7600,41 2/5
4965,80 12/9
9,00
ROYAUME UNI
FTSE 100 index
5351,74 12/10
-0,81
6105,77 21/2
4791,01 9/8
8,40
ETATS-UNIS
Dow Jones ind. 11416,30 12/10
-0,15
12876,00 2/5
10404,49 4/10
11,10
FRANCE
ALLEMAGNE
JAPON
Nasdaq composite
2583,03 12/10
0,66
2887,75 2/5
2298,89 4/10
15,90
Nikkei 225
8738,90 12/10
-0,40
10891,60 17/2
8227,63 15/3
12,80
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.
(Publicité)
SICAV ET FCP
0123
LA BOUTIQUE
SÉLECTION publiée sous la
responsabilité de l'émetteur
Dernier cours connu le 12/10 à 9h
Valeur
Cours
en euro
date
valeur
CM-CIC EUROPE
20,70 10/10
Du lundi au vendredi
9 h 30 à 18 h
Samedi 10 h à 14 h
Fonds communs de placements
CM-CIC EURO ACTS C
16,51 10/10
CM-CIC SELECT.PEA
6,76 10/10
CM-CIC MID EUROPE
18,11 10/10
CM-CIC TEMPERE C
162,33 10/10
CM-CIC DYN.EUROPE
29,64 10/10
CM-CIC FRANCE C
27,68 10/10
CM-CIC EQUILIBRE C
66,15 10/10
CM-CIC DYNAM.INTLE
24,52 10/10
CM-CIC OBLI C.T.D
132,65 11/10
CM-CIC MID FRANCE
30,35 10/10
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
........................................................................................
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 23 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:30 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris
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A GAGNER
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0123
décryptages ENQUÊTE
Jeudi 13 octobre 2011
25
2012
LabatailleduWeb
Xavier Ternisien
I
ls ont tous comme modèle la campagne de Barack Obama en 2008.
Tous ont fait le pèlerinage à Washington ou à New York pour
recueillir les précieux conseils des
communicantsdu candidat démocrate. Ou bien ils ont lu comme une bible
le rapport publié en janvier 2009 par le
groupe de réflexion proche du Parti socialist, Terra Nova, expliquant le rôle
qu’avait joué Internet dans l’élection du
président américain.
Car la campagne présidentielle est une
chose sérieuse chez les geeks. C’est un
moment privilégié où la fréquentation
des sites monte en flèche, où les audiences explosent. C’est aussi une période
bénie au cours de laquelle les partis politiques font pleuvoir une manne financière
sur une armée de conseillers Internet et
de consultants en communication.
Bizarrement, l’élection de 2012 pourrait consacrer le rôle d’une fonction basique du Net : l’e-mail. Ceux qui ont tiré les
leçons de la campagne de Barack Obama
en 2008 insistent tous sur l’importance
d’avoir de bons fichiers. « It’s the database, stupid ! » (« L’important c’est la base de
données, imbécile ! »), résume Arnaud
Dassier, qui a été l’animateur de la campagne Internet de Nicolas Sarkozy en 2007.
« Tout le monde est dessus, confirme Vincent Ducrey, conseiller Internet du ministre de l’éducation, Luc Chatel. C’est le
point de départ d’une relation qualifiée
avec l’internaute. »
Si les jeunes communiquent par SMS
et par Facebook, l’e-mail reste très populaire auprès des baby-boomers, qui partagent volontiers avec leur réseau d’amis
des chaînes de messages. Aux Etats-Unis,
Barack Obama disposait d’une base qualifiée de 12 millions de personnes, avec jusqu’à 500 critères pour connaître chaque
électeur. Problème : en France, la Commission nationale de l’informatique et
des libertés (CNIL) interdit d’acquérir et
de recouper des bases de données. Les partis en sont donc réduits à constituer leur
propre fichier de sympathisants, ce qui
est autorisé. « En 2007, l’UMP avait un
fichier de 340 000 mails, le PS environ
100 000 », se souvient Arnaud Dassier.
De ce point de vue, la primaire est une
formidable aubaine pour le Parti socialiste. Car si les listes électorales seront
détruites, les votants sont invités à laisser leurs coordonnées s’ils le désirent
dans de nombreux bureaux. Après le premier tour du 9 octobre, entre 30 % et 50 %
des participants auraient ainsi laissé
leurs adresses e-mail « pour être informés
de la suite de la campagne ». Ce qui représenterait une base de données colossale
d’un million d’adresses Internet ! De quoi
faire peur à l’UMP. « Dans une élection, la
mobilisation de son propre électorat est
fondamentale, rappelle Arnaud Dassier.
L’important, ce sera de faire le
plein de voix dans son propre camp. »
En 2007, la campagne présidentielle avait consacré la
figure du blogueur. Au point
qu’un livre de Thierry Crouzet paru cette année-là
avait érigé la blogos-
Plus que celle de 2007, la campagne présidentielle de 2012
se déclinera et se jouera sur le Web. Avec Twitter, Facebook,
les e-mails et les bases de données, l’électeur-internaute
et son réseau d’«amis» sont la proie des conseillers Internet
et autres consultants en communication des futurs candidats
phère au rang de Cinquième pouvoir (Bourin éditeur). Le héros de cette époque s’appelait Loïk Le Meur et avait appelé à voter
pour Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, Stanislas Magniant, fondateur du site Netpolitique.net, consacré à la communication
politique sur Internet, constate qu’« il n’y
a plus la même ferveur autour des blogs ».
Surtout, par rapport à 2007, deux choses
fondamentales ont changé. Tout d’abord,
le nombre d’internautes est passé de 30 à
38 millions, dont 89 % sont connectés en
haut-débit. « En 2007, la cible sur Internet
c’était les jeunes, commente Franck Louvrier, conseiller en communication de
l’Elysée. Aujourd’hui, les plus de 60 ans
sont aussi connectés. Le public des internautes a éclaté. »
Deuxième nouveauté : l’apparition
des réseaux sociaux. En 2007, Facebook
comptait moins de 200 000 inscrits en
France. Ils seraient 20 millions aujourd’hui, dont la moitié se connecte au
moins une fois par jour. Les réseaux
sociaux sont la nouvelle obsession des
conseillers en communication. « Depuis
toujours, ce qui marche le mieux en matière de marketing, c’est la recommandation
des pairs », note Stanislas Magniant. Et les
réseaux sociaux sont précisément fondés sur cela, sur les « like », les recommandations des « amis ». Les chiffres ont de
quoi faire rêver. « Les inscrits sur Facebook ont en moyenne 150 amis sur le
réseau, souligne Benoît Thieulin, fondateur de l’agence de conseil Internet La Netscouade. En théorie, le
potentiel de diffusion est énorme. »
En France, l’utilisation politique
de Facebook n’en est qu’à ses balbutiements. Certains élus ont des
pages de « fans ». Celui
qui en a le plus est
Nicolas Sarkozy,
qui approche les
500 000. Ségolène Royal arrive
loin derrière avec
30 700 fans. Nul
doute
qu’avant
l’élection présidentielle, ces chiffres
seront abondamment commentés. « Sur
Internet, tout est quantifiable, souligne
Vincent Feltesse, conseiller Internet de
François Hollande. La rivalité autour des
chiffres fera partie d’une guerre psychologique. »
S’inscrire comme fan d’un homme
politique sur Facebook, c’est pouvoir recevoir des messages de lui dans sa boîte aux
lettres, et voir apparaître des informations sur son newsfeed, son fil d’information. « C’est une nouvelle forme d’acte militant, affirme Manuel Diaz, président de
l’agence Emakina, qui travaille notamment pour l’UMP. Cela engage l’internaute, puisque tous les gens qui sont amis
avec lui peuvent le savoir. On accepte de
jouer un rôle visible. » L’étape suivante
sera le lancement d’applications sur le
réseau social, sous forme de jeux, de
quizz ou de mini-sondages. Terra Nova a
déjà lancé « Mon vote à moi », une simulation de vote sur Facebook sur la primaire
socialiste.
L’usage de Twitter est plus délicat,
même si tous les communicants en soulignent la nécessité. Le réseau de microblogging ne compte que 2 millions d’inscrits en France, dont une moitié seulement est active. « Sur Twitter, on s’adresse
d’abord aux journalistes, d’où un effet
d’amplification du message », note Pierre
Guillou, fondateur du site Elus2.0, consacré au Web politique. Twitter est le réseau
du buzz, où l’on est sûr de trouver les bonnes personnes pour donner le maximum
d’écho à ses déclarations. « C’est le
meilleur outil pour réagir à chaud, avec
une rapidité de diffusion de l’ordre de
15 minutes », déclare Arnaud Dassier.
L
e vrai décollage de la twittosphère
politique a eu lieu le 16 mai, lors de
l’audience de Dominique StraussKahn devant la cour pénale de New York,
alors que les caméras n’avaient pas accès
au prétoire. Faute d’images, les chaînes
de télévision relayaient les tweets des personnes présentes dans la salle. Depuis cette date, les journalistes politiques sont
arrivés massivement sur le réseau.
Les partis politiques ont tenté de
constituer leurs propres réseaux
sociaux, mais le résultat n’est guère
concluant. L’UMP a lancé en janvier 2009
le site Les créateurs de possibles, qui
devait rassembler une communauté de
sympathisants. L’expérience a été un
échec. Le site n’a attiré que 15 000 inscrits. Il a fermé début 2011. Franck
Louvrier en tire les leçons :
« Pour mobiliser les électeurs, il
faut s’appuyer sur le réseau existant, et pas en créer un parallèle. »
Le Parti socialiste a eu des ambitions plus modestes en lançant,
début 2010, la Coopol
(abréviation de « coopérative
politique »). Le site a
été pensé
plutôtcomme
un
outil au
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 25 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 08:36 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
service des militants. Il compterait
50 000 membres et engrangerait chaque
jour une centaine d’inscriptions. « La Coopol va jouer un grand rôle dans l’organisation de la campagne de terrain », déclare
Emile Josselin, conseiller Internet de Martine Aubry.
Le Web n’a pas encore détrôné le
média de la campagne par excellence, à
savoir la télévision. Les scores d’audience, comme celui de Dominique StraussKahn, réunissant 14 millions de téléspectateurs le 18 septembre au 20 heures de
TF1, ont encore de quoi faire rêver. « Il
faut distinguer entre puissance et influence, insiste Benoît Raphaël, fondateur du
site LePost.fr et aujourd’hui consultant
Internet. La télévision reste un média de
puissance. Twitter est un moyen d’influence. » Les spécialistes du Web politique
parient plutôt sur une complémentarité
entre Internet et le média télé. « Le couple
«Le couple TV-Internet
est très fécond.
On va chercher des gens
à la télévision,
on les transforme
en internautes et on
les fidélise. La télé
déclenche une soif d’info,
Internet l’assouvit»
Benoît Thieulin
agence La Netscouade
TV-Internet est très fécond, souligne
Benoît Thieulin. On va chercher des gens
à la télévision, on les transforme en internautes et on les fidélise. La télé déclenche
une soif d’info, Internet l’assouvit. »
Pour l’animateur de la campagne sur
le Web de Ségolène Royal en 2007, le rôle
grandissant d’Internet ne devrait pas
marginaliser les médias traditionnels, au
contraire. « La campagne va se jouer sur
des thèmes complexes, tels que la dette et
la fiscalité. Le public sera à la recherche
d’explications, d’infographies pédagogiques, de simulations. Là, les médias traditionnels et les experts retrouvent toute
leur légitimité. » Autre changement par
rapport à 2007 : les journalistes de la presse papier ont une plus grande présence
en ligne.
De l’avis des experts, les vidéos sur
Internet devraient jouer un grand rôle.
Pour promouvoir un candidat, mais aussi pour démolir un adversaire. On se souvient de la vidéo de Ségolène Royal qui
avait circulé sur Internet en 2006, quelques jours avant la primaire socialiste. La
candidate y souhaitait, devant des militants, que les professeurs de collège travaillent au moins 35 heures par semaine.
Cet extrait, abondamment diffusé par
ses opposants, avait failli lui porter préjudice auprès des enseignants.
Arnaud Dassier met toutefois en garde contre une surestimation du rôle que
pourrait jouer le Web dans la campagne.
« L’essentiel, c’est le candidat et son programme. A lui seul, Internet ne
peut pas inverser une tendance. » p
26
0123
décryptages DÉBATS
Jeudi 13 octobre 2011
En finir avec le scandale du logement insalubre
BertrandKern
Maire PS de Pantin et président
d’Est-Ensemble, communauté
d’agglomération
I
l y a presque un an déjà, un
homme s’est immolé par le
feuetlesouffledesflammes
qui l’emportait a embrasé
unpaystoutentier.Cethomme s’appelait Mohamed
Bouazizi.Ilavait 26ans. Ilétaittunisien et de sa mort naissait le « printemps arabe».
Le 28 septembre – l’automne
était là sans s’être installé. Dans ma
ville, à Pantin, aux portes de Paris,
six hommes, au petit matin, dans
un local qui n’était pas fait pour
cela, dans un bâtiment qui n’aurait
pas dû les accueillir, presque muré
et dans lequel ils avaient trouvé
refuge, illégalement et « sans droit
ni titre », comme l’on dit, à la suite
d’un incendie d’origine accidentel,
six hommes mourraient par les
flammes.Ceshommesétaienttunisiens et égyptiens. Ils étaient jeunes, ils étaient les enfants du « printemps arabe», profitant des libertés nouvelles que leur offrait leur
pays, pour venir chercher chez
nous, après un périple par l’Italie,
un peu du confort et de la richesse
que toute la jeunesse du Maghreb
prête à nos sociétés.
Plusieurs jours après ce drame,
jeme suis aperçuque je ne connaissais pas leur nom. Personne ne me
l’avait dit. Je suis maire de cette villedepuis2001etjemesensimpuissant et en colère. Il y a dans nos villes de banlieue des dizaines et des
dizainesdebâtimentsvétustes,promis pour l’essentiel à la démolition, au terme de procédures souvent longues, dans lesquels des
hommes et des familles trouvent
refuge pour échapper au dénuement de la rue. Il y a dans nos villes
des dizaines de Sangatte diffus.
Et nous, les élus locaux, sommes
démunisfaceàcetaffluxdepopulations,venuesdes pays de l’Est ou de
l’autre rive de la Méditerranée, ces
populations s’ajoutant à celles des
mal-logés,àcellesvictimesdesmarchands de sommeil et même à celles qui sont en attente d’un logement adapté et à un prix raisonnable. Nous, les élus locaux sommes
confrontésà une double crise: celle
du logement, enkystée dans notre
région depuis plusieurs décennies,
et celle aggravée par le gouvernementactuel,del’hébergementd’urgence. Pour le logement, nous agissons.Nousconstruisons,rénovons,
réhabilitons. Nous essayons, en
jouant de notre droit de préemption, d’agir sur les prix pour, si ce
n’est les rendre abordables, tout du
moins en différer la flambée.
Mais l’hébergement d’urgence
est de la responsabilité de l’Etat et
celui-cisedéfaussesurlescollectivités locales, les laissant seules et
démunies pour gérer ces populations en errance et ces squats, insalubres et insécures, dans lesquels
ces hommes et ces femmes et parfois ces familles trouvent refuge.
Le plus souvent, notre action
court au plus pressé: nous tendons
la main à ces hommes et à ces femmes et, associés aux associations
humanitaires et sanitaires, nous
essayons de leur apporter un premier secours, nous refusant à distinguer,en fonctionde leurorigine,
celles et ceux qui cherchent un toit
pour dormir.
Les Tunisiens – ils étaient plus
de deux cents à la porte de la Villette – ont reçu pendant quelques
mois un café chaud le matin et un
repas. La ville ne pouvait guère faire plus, n’ayant pas sous le coude
deux cents logements à offrir, à des
gens sans titre de séjour qui se
seraientsubstituésàceuxquiattendent depuis des années. C’est pourquoi, je suis un maire en colère. En
colère et écœuré par les déclarations du ministre de l’intérieur, qui
s’est empressé, le matin même du
drame,dedénoncerlesfilièresd’immigration, comme s’il voulait
dédouaner de toute responsabilité
le gouvernement.
La politique
du chiffre, celle
des reconduites
à la frontière,
est criminelle
Le fait est que celui-ci a supprimé plus de 1 200 places d’hébergement d’urgence pour le seul département de la Seine-Saint-Denis,
plus de 2 000 pour l’Ile-de-France.
Le fait est que le 115 – le numéro
d’appeld’urgence– ne répondplus,
faute de moyens. Le fait est que la
politiqueduchiffre,celledesreconduites à la frontière, est non seulement illusoire mais criminelle, qui
se contente de déplacer le problème, dans un mouvement sans fin,
commeunepatatechaudepassede
main en main, une cohorte de
Roms, de Bulgares et désormais de
Tunisiens et de Libyens de square
L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE EST EN CRISE
Dans une société qui perd progressivement ses repères
L’Union pour l’Ecole
en square, de squat en squat et de
ville en ville.
Quel visage offrons-nous de la
France? De quelle conception de la
dignité humaine témoignonsnous? Sur sa frontière, la Tunisie a
su
accueillir
quelque
200 000 Libyens qui fuyaient la
guerre. Peut-être 2 000 Tunisiens
sans famille sont aux portes de
Paris. Et nous ne saurions pas leur
donner un toit, des soins, à manger
et à regarder pour chacun d’entre
eux leur situation?
Les solidarités locales, qu’elles
émanent des collectivités ou des
associations et des citoyens, ne
pourront rien ou peu de choses
sansl’adhésiondupaysàunepolitique qui place la dignité des personnes comme fondement de son
action et la coopération entre les
nations comme levier de sa politique. Six hommes, venus de Tunisie
et d’Egypte, sont morts, pris au piège d’un incendie au 4, passage
Roche, à Pantin. Je ne connais pas
leur nom. Personne, à ce jour, ne les
a identifiés.
J’en appelle au premier ministre
pour que des mesures d’urgence
soient prises, avant l’hiver, et que
des centres d’hébergement soient
ouverts, qui permettent l’accueil
de toutes ces personnes en errance.
J’en appelle au premier ministre
pour que les places supprimées
soient rétablies. J’en appelle au premier ministre pour que des solutions soient trouvées pour éviter
de nouvelles tragédies, pour que
les collectivitéslocales ne seretrouvent pas seules face à ces drames
humanitaires.Etjesaisquemescollègues, maires d’Ile-de-France, soutiennent d’ores et déjà mon
appel. p
L
a crise de l’euro doit
être réglée, et vite. Les
mesures actuelles sont
insuffisanteset trop tardives, et elles aggravent
les turbulences financières mondiales. L’euro est loin
d’être parfait, comme cette crise
l’a révélé. Cependant, la solution
consiste à éliminer ses défauts, et
non pas à le laisser ébranler, voire
détruire,le système financiermondial.
En tant qu’Européens concernés par ce problème, nous appelons les gouvernements de la zone
euro à convenir en principe du
besoin d’un accord juridiquement
contraignant qui:
Lionel Stoléru
Trois organisations
(CSEN-FGAF, FAEN, SCENRAC-CFTC) regroupant 14 syndicats,
une même volonté.
Economiste, ancien secrétaire d’Etat
L
e score de 17 % obtenu par
ArnaudMontebourgàlaprimaire socialiste montre à quel point
la mondialisation préoccupe
nos compatriotes. Seul à droite
comme à gauche à aborder ce
sujet tabou, il a eu le mérite de rappeler que
la mondialisation apporte aux consommateurs des pantoufles, jouets, téléviseurs et
téléphones bon marché et aux travailleurs
des fermetures d’usines, délocalisations et
licenciements. Comme le consommateur
et le travailleur sont souvent une seule et
même personne, il y a problème…
Refonder l’Ecole autour des
valeurs laïques et républicaines
pour faire redémarrer l’ascenseur
social.
Reconstruire le service public
d’éducation en plaçant les savoirs
et savoir-faire au centre de l’action
éducative.
Toute guerre contre la Chine
est perdue d’avance
Défendre les statuts de tous les
personnels et améliorer leurs
conditions de travail.
Du 13 au 20 octobre
Ensemble,osons la différence !
Collectif
Emma Bonino (Italie) ; Daniel
Cohn-Bendit (Allemagne) ;
Massimo D’Alema (Italie) ;
Hans Eichel ; Joschka Fischer
(Allemagne) ; Timothy Garton
Ash ; Anthony Giddens
(Royaume-Uni) ; Alfred
Gusenbauer (Autriche) ;
Bernard Kouchner (France) ;
Mark Leonard (Royaume-Uni) ;
Ana Palacio (Espagne) ; Dariusz
Rosati ; Aleksander Smolar
(Pologne) ; Javier Solana
(Espagne) ; George Soros
(Hongrie, Etats-Unis) ; Loukas
Tsoukalis (Grèce) ; Guy
Verhofstadt (Belgique)
1. établirait une trésorerie commune afin de lever des fonds pour
la zone euro dans son ensemble et
garantirait que les Etats membres
adhèrent à la discipline fiscale,
2. renforcerait un contrôle, une
réglementation et une assurance
des dépôts communs au sein de la
zone euro,
3. développerait une stratégie
produisant croissance et convergence économiques, car le problème de dette ne peut être résolu
sans croissance.
Pendantla négociationetla ratification d’un accord juridiquement contraignant, les gouvernements de la zone euro devront
pousser le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et la Banque centrale européenne (BCE) à
coopérer afin de maintenir cette
crise sous contrôle. Ces institutions pourraient alors garantir et
même finir par recapitaliser le système bancaire, et permettre aux
pays dans le besoin de refinancer
leurs dettes, dans des limites
convenues, sans pratiquement
payer aucuns frais, en émettant
des bons du Trésor pouvant être
réescomptés par la BCE.
Nous appelons les législateurs
despaysde la zoneeuroà reconnaître que l’euro a besoin d’une solution européenne. La poursuite de
solutions nationales ne peut
conduire qu’à une dissolution. p
f Sur Lemonde.fr
La liste complète des signataires
Ce qu’il nous faut contre la crise,
c’est un protectionnisme intelligent
Républicaine
En votant pour les listes Union pour
l’Ecole Républicaine, les personnels de
l’Education nationale replaceront l’Ecole
de la République au cœur d’une grande
ambition pour notre pays et sa jeunesse.
Pour une solution
européenne à la crise
de la zone euro
¶
Lionel Stoléru
est l’auteur
d’« Economie:
comprendre
l’avenir»
(Dunod, 1999)
L’entréede laChineet de l’Inde dansl’Organisation mondiale du commerce il y a
dix ans ont donné à ce problème une nouvelleéchelle,etlechômagen’acessédecroître en Europe et aux Etats-Unis jusqu’aux
10 % actuels, considérés comme un seuil à
ne pas dépasser si l’on veut éviter un décrochage social. Reprenons ce mot en comparant ce qui se passe au décrochage de l’Airbus 320 Rio-Paris. Il y a un moment où le
pilote automatique ne répond plus et où la
catastrophe ne peut être évitée que par
deuxactions:uneactiond’urgencederemise en fonction du pilotage manuel, une
action structurelle de remplacement des
sondes Pitot par un autre régulateur de
vitesse.
L’économie mondiale est dans cette
situation: le déséquilibre de la planète causé par la montée des excédents commerciauxdesunsetdesdéficitsdesautresrésulte du pilotage automatique effectué par les
marchés: il a disjoncté, et les Etats doivent
reprendre d’urgence les manettes pour
revenir au pilotage manuel. Tel devrait être
l’un des rôles essentiels du prochain G20.
Le G20 doit ensuite modifier les sondes
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 26 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 09:49 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
Pitot pour que de nouveaux régulateurs
puissent remettre en marche le pilote
automatique, c’est-à-dire les marchés,
sans nouveau risque de décrochage.
On en est loin, puisque Nicolas Sarkozy
a refuséde mettre ce problèmeà l’ordre du
jour du G20 de Cannes. Du crash de l’A320
au krach du G20, il n’y a plus qu’un pas.
C’est là que le raisonnement d’Arnaud
Montebourg a ses limites; tout en ayant la
sagesse d’exclure un protectionnisme
« primaire», il recommande à la France, et
surtout à l’Europe, de « se défendre »
contre l’invasion des produits asiatiques
et le chômage qu’ils entraînent, et donne
l’exemple des mesures antidumping aux
Etats-Unis, pays pourtant classé comme
« libéral ». Ce n’est pas la bonne solution:
la guerre économique fait autant de victimes que la guerre tout court, et toute
guerre contre la Chine est perdue d’avance, comme le montrent les tentatives de
l’«obliger» à réévaluer le yuan.
Le protectionnisme intelligent dont
nous avons besoin est celui d’une régulation concertée des échanges entre l’Est et
l’Ouest pour stopper le décrochage en
cours en se fixant des objectifs communs
de retour à l’équilibre: par exemple, diminuerpendanttroisansd’un demi-pointde
PIB par an les excédents et déficits commerciaux, ce qui répartirait l’effort à faire
entre l’Est et l’Ouest. Une autre voie est de
demander aux entreprises chinoises de
créer des filiales aux Etats-Unis et en Europe, avec production d’une part de la valeur
ajoutée et création d’emplois. C’est ce que
font aux Etats-Unis plusieurs grandes
entreprises indiennes dans le domaine
des médicamentsgénériques, où l’Inde est
maintenant numéro un mondial. C’est ce
qu’a essayé de faire le gouverneur de Californie dans les conditions posées à la
Chine pour sa participation à l’appel d’offresdu TGVcalifornien.Si laChinedemande à nos entreprises des transferts de technologies, nous pouvons bien lui demander aussi des transferts d’emplois.
Le monde est suspendu à l’avenir de la
Grèce et de nos banques, alors que la faillite de l’emploi qui se profile est bien plus
grave que la faillite des banques, qui, elle,
n’aura pas lieu. p
0123
décryptages ANALYSES
Jeudi 13 octobre 2011
Guignol au pays du gaz de schiste
C
’est un exploit bien de chez nous. Le gaz
de schiste,dossier susceptiblede passionner les seuls ingénieurs des Mines (et
encore les plus dépressifs), est devenu une saga
du plus haut comique. Du début – mars 2010 –
jusqu’à son épilogue annoncé – octobre – ce fut
un festival de tartes à la crème.
Rappelons le scénario de départ fondé sur
une questionlégitime: faut-iloui ou nonexplorer le sous-sol français à la recherche d’huile et
de gaz de schiste ? Dans nombre de pays, c’est
aujourd’hui la ruée vers ces hydrocarbures,
considérés par certains comme un eldorado.
Mais leur extraction, « non conventionnelle»
dans la mesure où les carottages classiques
sont inefficaces, est coûteuse et représente un
risque environnemental élevé. Pour les libérer
de la roche où ils sont emprisonnés, il faut fracturerle schiste à plusde 1 500 mètresde profondeur en injectant, à de fortes pressions, de l’eau
mélangée à du sable et à des adjuvants chimiques, avec le risque de polluerles nappes phréatiques. C’est la fracturation hydraulique. Aux
Etats-Unis,des accidents ont conduit à la contamination de l’eau au robinet, et des forages ont
dévasté les paysages de certains Etats.
Le chantier doit donc être manié avec précaution, surtout en France, où l’écologie dispose de vaillantes sentinelles. D’un côté l’espoir
de baisser notre facture énergétique – 45 milliards d’euros en 2010 pour les importations
de pétrole et de gaz. De l’autre un possible cauchemar environnemental si l’exploitation des
réserves annoncées – parmi les plus importantes d’Europe – ravageait les territoires. En
clair, seuls le dialogue et la transparence pouvaient permettre d’avancer et laisser ouvert le
droit à l’expérimentation.
Las ! Ce fut plutôt du « grand guignol », comme le dit François-Michel Gonnot, député UMP
de l’Oise. De son côté, Jean-Paul Chanteguet,
député PS de l’Indre, évoque « les pieds de nez et
les pirouettes » qui ont fini par « décrédibiliser
les politiques».
Jean-Louis Borloo est le premier à ouvrir ce
bal burlesque. En mars 2010, ministre de l’éco-
Analyse
P A R MARIE -BE ATR ICE BAUDE T
Service Planète
logie et de l’énergie, ses services accordent
trois permis de recherche de gaz de schiste
dans le sud de la France, au beau milieu du
Parc national des Cévennes bientôt inscrit au
patrimoine mondial de l’Unesco ! Quand la
bourde est mise au jour quelques mois plus
tard, José Bové lance la rébellion contre ce
« nouveau Larzac ». Message reçu. Le 13 avril, la
présidence de l’Assemblée nationale enregistre le dépôt d’une proposition de loi visant à
abroger les permis délivrés. Son auteur ? JeanLouis Borloo.
Cette précipitation se traduit
par des textes brouillons,
juridiquement fragiles
car l’expertise est négligée
Au total, le gaz et l’huile de schiste vont donner lieu à sept propositions de loi (PPL). Du
jamais-vu, selon ce haut fonctionnaire, sûr de
voir le gaz de schiste devenir un futur sujet
d’études dans les plus grandes écoles de la
République.
Cette frénésie s’explique facilement. L’abstention record aux élections cantonales de
mars 2011 a fait peur aux élus, empressés de
montrer à leurs administrés qu’ils sont à leur
écoute. Qui trouve-t-on alors en chef de file
anti-huile et gaz de schiste au sein de la majorité ? Christian Jacob, député de Seine-et-Marne
et président du groupe UMP de l’Assemblée
nationale, confronté à la grogne de ses électeurs contre les permis accordés dans le Bassin
parisien. L’ancien jeune syndicaliste agricole
se transforme du coup en chantre du principe
de précaution, principe qu’il foulait aux pieds
pour défendre la cause des OGM et des pesticides. Ubuesque.
Vie moderne | Chronique
par Sandrine blanchard
Cette précipitation se traduit par des textes
brouillons, juridiquement fragiles, car l’expertise est négligée. Deux missions avaient pourtant été diligentées. Mais là encore, quelle
comédie ! La première émane du ministère de
l’énergie et du ministère de l’écologie. Un rapport d’étape est réalisé mi-avril. Inutile d’attendre le rapport final, il ne verra jamais le jour.
Trop tard, en effet ! Entre-temps,la loi qui interdit la fracturation hydraulique pour « l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux » a été votée le 13 juillet.
La cellule est mise en veille, mais avec de nouveaux experts.
La seconde mission, parlementaire, est pilotée par François-Michel Gonnot et Philippe
Martin, député PS du Gers. Ses travaux sont
achevés le 8 juin. Il s’agit de labourer le terrain
avant l’écriture d’un texte de loi. Pschitt, là
encore. Le 30 mars, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, a déposé une propositionde loi pour abroger les permis. Parmiles députés qui la soutiennent figure Philippe Martin.
Le bouquet final ne décevra pas. Nicolas
Sarkozy, en visite le mardi 4 octobre dans le
Gard, confirme l’abrogation de trois permis
(sur 64), après avoir rendu hommage à l’esprit
de résistance des Cévenols, les mêmes qui ont
sonné la révolte contre les permis attribués
par son gouvernement. Total est l’un des
industriels sanctionnés, alors qu’il répète
haut et fort ne pas vouloir utiliser la fracturation hydraulique. Qui vient au secours du
géant pétrolier ? José Bové, ennemi juré de la
multinationale, qui ne comprend pas ce traitement « discriminatoire».
Ira-t-on au contentieux ? Possible. Mais gardons le sourire : la réforme du code minier, par
laquelle le feuilleton gaz de schiste aurait dû
commencer, va être lancée cet hiver. Il devrait
même y avoir un « mini Grenelle », afin de
consulter tous les acteurs concernés par l’exploitation des richesses du sous-sol français. p
[email protected]
27
Pourquoi elle pleure?
S
égolène Royal a craqué et ses
larmes ont eu mille fois plus
de succès que sa candidature ! C’est une vidéo de quarante secondes qui aura marqué ce
premier tour de la primaire socialiste. Quittant le lieu où elle avait
rassemblé ses partisans, la candidate déchue a lâché, les yeux
humides et la voix hésitante :
«C’est dur parce que c’est beaucoup de choses données et beaucoup de déception… pour tous ceux
qui m’ont soutenue, c’est très dur.»
Cette minuscule séquence a été,
depuis dimanche soir, des dizaines de milliers de fois visionnée,
interprétée, critiquée. La politique
a envahi l’espace public et médiatique mais c’est ce moment fugace
d’«émotion» qui a fait le tour de
tous les écrans.
« Tristitude »
Les commentaires pleuvent.
Entre sarcasme et empathie, tout
y passe. Méchant: « Elle l’a bien
mérité» ; « Bon débarras » ; « C’est
la preuve qu’elle était déconnectée
de la réalité, elle y a cru » ; « Si c’est
simulé, c’est lamentable, si c’est
vrai, c’est pathétique, ce n’est pas
digne d’un candidat au poste de
chef de l’Etat». Machiste: « Voilà
maintenant qu’elle utilise l’arme
féminine préférée: les larmes » ;
«Pleure comme une femme ce que
tu n’as pas pu faire comme un
homme». Moqueur: «Ses larmes
m’emplissent de tristitude ». Dubitatif: « Emotion, fatigue, cinéma,
j’ai toujours un doute avec elle ».
Compatissant: « C’est quoi ces poli-
tiques qui s’émeuvent juste après
s’être foutus d’elle». Touché: «Une
humanité qu’on aimerait voir plus
souvent» ; « La politique, ce n’est
pas seulement du cinéma, alors respect»; « Ça m’émeut, je ne dois pas
être fait pour la politique».
Ségolène Royal n’est pas la première à craquer en public. Avant
elle Lionel Jospin, un samedi de
2006 à La Rochelle, avait répondu
les yeux embués et la voix cassée à
une jeune militante qui l’interrogeait sur les raisons de son départ
au soir du 21 avril 2002. Elisabeth
Guigou lors des élections municipales à Avignon, en 2001, et Martine Aubry, lors des législatives dans
le Nord en 2002, n’étaient pas parvenues à cacher leur émotion face
à la défaite. En novembre2008,
Roselyne Bachelot, après avoir prononcé, seule contre tout son camp,
un plaidoyer pour le pacs à la tribune de l’Assemblée, était retournée
sur son banc pleurer en silence.
Mais Ségolène Royal a fendu l’armure à l’heure des réseaux
sociaux, de Twitter et des chaînes
d’information en continu. On se
repaît des images pour mieux s’en
moquer ou pour mieux mesurer
la dureté d’une campagne électorale. « Tu crois qu’elle était sincère?»,
devient « la » question du
moment. Ségolène a de la peine, ça
nous agace ou ça nous émeut mais
c’est finalement assez rassurant
que des larmes ne laissent pas
indifférent. «Pourquoi elle pleure?», disent les enfants. p
[email protected]
Lectures
Militants d’hier et d’aujourd’hui
Une vie de militance
Claude Neuschwander
Editions Yves Michel, 310 p., 22 €
Militants
Isabelle Spaak
Stock, 210 p., 17 €
ce des « trente glorieuses». Ils ont mitonné
ce cocktail réussi d’un capitalisme « colbertiste», où l’intervention de l’Etat a orienté
le développement du secteur privé. C’était
le pendant français du « capitalisme rhénan», tel qu’il existait alors en Allemagne.
ClaudeNeuschwandera étél’undeceuxlà. Agé de 78 ans, ex-patron,il racontesa Vie
demilitance,celled’unjeunebourgeoispassé par les jeunesses catholiques, puis par
l’UNEF, le syndicat des étudiants de gauche, la CFDT, le PSU, le PS. Il a connu son
moment de notoriété dans les années 1970
quand il a assuré la présidencede Lip, usine
de fabrication de montres et symbole du
rêve de l’autogestion ouvrière.
Mais sa vie de « patron », de cadre dirigeant, ne se résume pas à cela. M. Neuschwander est resté un militant, le prototype de ces hommes pour lesquels la réussite
del’initiativeprivéen’adesensqu’auservicedelacollectivité.DeLipàPublicis,enpassant par la Fnac, il est fidèle à ses engagements,àcetteidéed’uncapitalismetempéré par l’obsession de l’accompagnement
social. La vague d’ultralibéralisme des
années 1980 va emporter ce monde-là.
ClaudeNeuschwanderraconte, dans le dernier tiers du livre, le naufrage économique
et social d’un capitalisme dévoyé, attaché à
la rentabilisation maximale et qui, selon
lui, va provoquer la crise de 2007-2008.
On y est toujours. Et il y a toujours des
militants. On disait ceux du PS disparus et
le parti devenu une machine électorale au
service de notabilités locales. On disait que
les jeunes en mal de militance avaient
délaissé les partis pour les ONG. C’est faux,
il y a encore des socialistes de la base, des
jeunes gens que la dureté économique et
sociale pousse à militer parce qu’ils veulent que « ça change ». Ou qui se jettent à
l’eau pour des raisons plus personnelles,
mais pas moins intéressantes.
Ceux-là, la romancière Isabelle Spaak est
alléelesrencontreraucoursd’unlongvoyage, en pays (en Parti) socialiste. Elle a tiré le
portait de plusieurs militants – à sa manière, celle du travail à petites touches, précises, une façon de faire élégante, subtile,
concise, comme on avait pu l’apprécier
dansdeuxprécédentsrécitsprésentéscommedesromansquandils’agissaitsansdoute d’affaires très autobiographiques. p
Payer moins d’impôts
Investir dans l’immobilier
Optimiser sa retraite
¶
Claude
Neuschwander
est l’auteur
de « L’Acteur et
le changement»
(L’Epreuve des
faits, 1991)
et de
« Lip vingt ans
après»
(Syros, 1993)
Alain Frachon
Gagner en Bourse
Placer de l’argent
2 jours pour s’informer et décider
FORUM DE L’INVESTISSEMENT
Une exposition, des débats et des ateliers
DES NOUVEAUTÉS :
l’école des placements, les « face-à-face » du Forum
DES ESPACES THÉMATIQUES :
Rectificatifs&précisions
Photo Göskin Sipahioglu, le fondateur de l’agence Sipa, auquel
nous avons consacré un article à
l’occasion de sa disparition (LeMonde du 7octobre), était l’auteur des
photos illustrant la page.
Libye Le colonel Abdel-Salam
Jadallah, commandant en chef de
l’Armée de libération nationale
libyenne à Syrte, dément toute
implication de la Croix-Rouge
dans la fuite supposée de Moatassem Kadhafi, contrairement à ce
qui était écrit dans notre édition
du 5octobre.
traders actifs, ISF/PME,
Investissement Socialement Responsable
Brésil La présidente Dilma Rousseff avait effectué deux voyages
hors du continent américain avant
sa récente tournée en Europe: elle
s’était rendue au Portugal en mars
et en Chine en avril, contrairement
à ce nous avons écrit dans notre
édition du 5octobre.
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 27 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 11/10/11 18:45 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
14 et 15 octobre
Palais des Congrès Porte Maillot, Paris • 9h–19h
ENTRÉE GRATUITE
préinscription et programme sur www.foruminvest.com – code : LM01
Crédit photo : Sigrid Olsson – PhotoAlto
Organisation : Forum de l’Investissement - 23, rue de Châteaudun, 75009 Paris – Tél. 01 75 55 17 00
L
a militance, ça existe encore ? Prendre sa carte, coller des affiches, aller
aux meetings, participer aux débats
de la section, bref mener cette deuxième
vie en plus des autres parce qu’on croit
dans la capacité de la politique à changer
les choses; parce qu’on pense qu’il y a des
combats à mener, au nom d’une foi, d’un
« isme», des deux à la fois.
Il y a des existences ancrées autour de
l’idéal militant. A gauche, notamment et
pas seulement « à la base ». Après la seconde guerre mondiale,une génération de jeunesFrançais,passésparlesyndicalismeétudiant et différents mouvements de jeunesse a donné à la fonction publique et au
secteur privé des cadres qui ont fait la Fran-
culture
28
0123
Jeudi 13 octobre 2011
François Morel, sans masque mais avec sa plume
Le comédien, chroniqueur et écrivain ranime, au théâtre, le couple terrible Charensol-Bory dans «Instants critiques»
L
ongtemps, François Morel a
fait son miel de la France ordinaire. Quand il était petit, à
Saint-Georges-des-Groseillers,
dans l’Orne, il a vu passer beaucoup de trains (d’où peut-être son
goût pour les vaches), avec son
père et son grand-père cheminots,
sa mère et sa tante gardes-barrières. Alors, lui qui un jour a pris le
train pour Caen, puis pour Paris,
lui qui n’a pas suivi les conseils de
sa propre chanson Faut pas exagérer – « Tu veux des gondoles à Venise,tu as la Mobyletteà Bercq,qu’estce que tu veux que je te dise, faut
faire avec, faut faire avec… » –, il a
parlé de cette France-là, qui met
ses Habits du dimanche et se dit
Bien des choses (titres de deux de
ses spectacles).
Des années après, on s’ébaubit
encorequ’il sache faireautre chose
que le Deschiens qu’il a longtemps
été, des spectacles de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff aux
fameux sketchs de Canal+ qui servaient tous les soirs, de 1993 à
2000, une tranche bien saignante
de cette France qu’on dit profonde.
François Morel a pourtant depuis
longtemps fait sa place comme
auteur de spectacles, de chansons,
de billets.
Aujourd’hui, il s’éloigne – un
peu – de ces chroniques de la vie de
province, où s’étiraient comme
chez Queneau, qu’il adore, les
dimanches de la vie. Dans Instants
critiques, il met en scène le célèbre
duo que formaient les critiques de
cinéma Georges Charensol et JeanLouis Bory pour l’émission « Le
Masque et la Plume », dans les
années 1970.
Maisc’esttoujoursde sonenfance qu’il part et qu’il parle. « J’étais
un fou de radio, confie-t-il. L’accès
à ce monde du théâtre et du cinéma, dont je rêvais de faire partie un
jour, est vraiment passé par là. Je
me rêvais à la fois en Jacques Chancel, et en artiste interviewé par lui…
Et les empoignades entre Bory et
Charensol ont bercé mes soirées du
dimanche, à l’adolescence.» L’enfant « à la fois timide et déconnant » a écrit très vite, des sketchs
que même ses professeurs, dont il
se moquait copieusement, étaient
obligés de trouver drôles. « A l’école, je n’étais bon qu’en rédaction et
en récitation.»
Ces Instants critiques, il les a
conçus d’abord comme un duo
pour ses deux amis Olivier Saladin
et Olivier Broche. Les Deschiens,
encore et toujours, où Monsieur
Saladin et le petit Olivier accompagnaient Monsieur Morel. « Un jour
que, les mains dans les feuilles mortes, je me demandais pourquoi on
ne donnait à Olivier Broche que des
rôles de victime, de petit rabougri,
j’aieu l’illuminationque cecinéphile passionné, très cultivé, ferait un
merveilleux Jean-Louis Bory. »
Alors, tous les deux, Broche et
lui (Olivier Saladin, dont il savait
qu’il ferait « un merveilleux Charensol », est arrivé plus tard), ils
sont allés à l’Institut national de
l’audiovisuel (INA), où on leur a
Textes et spectacle
« Instants critiques », un spectacle de François Morel. Théâtre 71,
3, place du 11-Novembre, Malakoff
(92). Mo Malakoff-Plateau-de-Vanves. Tél. : 01-55-48-91-00. Mardi,
vendredi et samedi à 20 h 30, mercredi et jeudi à 19 h 30, dimanche
à 16 heures, jusqu’au 23 octobre.
De 9 ¤ à 24 ¤. Puis tournée en
France jusqu’à fin mars.
« L’Air de rien », chroniques
de F. Morel sur France Inter,
2009-2011. Denoël, 296 p., 17 ¤.
« C’était Bory », de Daniel Garcia
et Janine Marc-Pezet, un livre
accompagné de deux CD.
Editions Cartouche, SCAM,
INA et Radio France, 130 p., 28 ¤.
Chez lui,
le tout qui n’est rien
et le petit rien
qui fait tout
sont tout un art
prêté les bandes de l’émission,
qu’ils ont réécoutées, des heures
durant, avec délectation. Ils ont
fait leur choix, et écrit, autour des
échanges entre les deux critiques,
qu’ils ont gardés tels quels, des
enchaînements et des saynètes
qui renforcent la dimension théâtrale du jeu dialectique que Charensol et Bory avaient eux-mêmes
théâtralisé.
François Morel aime bien les
duos. Il en a formé un, mémorable,
avecJacques Gamblindans LesDiablogues de Roland Dubillard, pingpong élégantissime sur le nonsens de la vie joué au Théâtre du
Rond-Point, en 2007. « On partage
beaucoup de choses, avec Gamblin,
observe-t-il. Un même goût pour
l’étrange, pour le mélange de rire et
d’émotion. Ce sentiment commun
de venir d’un milieu provincial,
modeste. » Et puis l’univers de
Dubillard, bien sûr, qui va comme
VINCENT FLOURET POUR « LE MONDE »
un gant à François Morel, qui l’a
joué très tôt, dès l’école de théâtre
de la rue Blanche, au début des
années1980. «Il a unemanièreunique de parler du mystère de la vie »,
remarque-t-il, rêveur.
« Timide et déconnant », Morel
l’est resté, jusque dans l’interview,
où il préfère souvent parler de tout
et de rien (mais chez lui, le tout qui
n’est rien et le petit rien qui fait
tout sont tout un art) que de se
confier, et ne peut s’empêcher de
vous embarquer, complice, dans
une ou deux petites blagues sans
conséquences.
On le voit plutôt comme un
doux, avec son goût de l’absurde
poétique à la Raymond Devos.
Mais il a en lui la violence des indignés, qui éclate de temps en
temps, comme un uppercut, dans
ses chroniques du vendredi matin
sur France Inter. Et sans doute aussi une violence venue de plus loin,
dont témoignait son personnage
de Monsieur Morel dans les Deschiens et dont, pudique, il ne parle
pas, mais qui traverse sa chanson
Papa (sur son premier album, Collection particulière) : « Comment
qu’i va rentrer papa. Sera-t-i saoul
sera-t-i pas. Va-t-il crier l’œil menaçant, va-t-il faire honte à ses
enfants.»
C’est aussi pour cela, ce « mélange d’enfance et de violence », qu’il a
eu envie de jouer Monsieur Jourdain dans Le Bourgeois gentilhom-
me, de Molière, que met en scène
Catherine Hiegel au Théâtre de la
Porte-Saint-Martin à partir de janvier 2012. Et puis c’est un peu sa
madeleine de Proust, le Bourgeois,
à François Morel : « Je l’ai vu, très
jeune, avec Louis Seigner. Souvenir
indélébile d’avoir pu rire à ce point
avec un texte aussi bien écrit, de ce
lien formidable entre grand art et
art populaire.»
François Morel aime aussi Céline – « Quel souffle lyrique, avec des
mots de tous les jours ! » – et Paul
Léautaud, dont il rêve de mettre en
scène les entretiens avec Robert
Mallet, en un long feuilleton théâtral. Sa chronique du vendredi
23 septembre sur France Inter,
«Pourquoisouriez-vous,AnneSinclair ?», dans laquelle il s’interroge
sur l’« inoxydable » sourire de la
compagne de Dominique StraussKahn, provoque, dans les dîners en
ville, dans les bureaux, sur Internet, des débats enflammés. « Pourquoi souriez-vous, Anne Sinclair ?
Est-ce la réponse arrogante de la
caste des nantis ? » Il n’a jamais
reçu autant de lettres de félicitations. « De femmes, principalement. »
François Morel, sous ses dehors
lunaires, est un homme en colère.
Mais dans Instants critiques, c’est
le Morel poète que l’on retrouve,
celui qui s’est dit un jour que les
nuits du théâtre et du cinéma
étaient quand même plus belles
que les jours de la vie ordinaire. p
Fabienne Darge
Des joutes verbales mémorables
un opéra de
Lady & Bird
arthur NauzycieL
mise en scène
CRéAtiON mONDiALe
musique de LADy & biRD (KeReN ANN ZeiDeL et bARDi JOHANNSSON)
livret Lady & Bird, à partir du synopsis co-écrit par
KeReN ANN ZeiDeL, bARDi JOHANNSSON et SJóN
mise en scène ARtHuR NAuZyCieL chorégraphie DAmieN JALet
direction musicale PAuL-emmANueL tHOmAS
avec l’ ORCHeStRe De L’OPéRA De ROueN HAute-NORmANDie et
des muSiCieNS De L’ORCHeStRe SymPHONique RégiON CeNtRe-tOuRS
Rouen, Théâtre des Arts 4, 5 et 6 novembre 2011
Évreux, Le Cadran 9 novembre 2011
02 32 10 87 07
automne-en-normandie.com
Production Opéra de Rouen Haute-Normandie - Arts276 / Automne en Normandie
CDN Orléans/Loiret/Centre - L’Astrolabe, Scène de musiques actuelles
100 briques et des tuiles, de Pierre
Grimblat (1965), que les deux s’accordent à trouver «follement amusant » – comme quoi….
Il y a la liberté du discours critique, qui ferait frémir aujourd’hui
des services de communication
devenus de plus en plus puissants, avec leurs rouleaux compresseurs promotionnels. « Le scénario est imbécile et débile », dit
Bory du Corniaud, de Gérard
Oury. « Un film qui, pour moi,
représente le vomi du cinéma français, se complaisant dans sa bassesse avec une satisfaction jubilarde !
(…) Ce genre de films, c’est du gros
film fait avec de grosses grosses
vedettes, avec de gros gros metteurs en scène qui font de la grosse
grosse mise en scène et ça plaît au
gros gros public… » Applaudissements dans la salle, au Théâtre 71,
à Malakoff…
Nostalgie en filigrane
Si ces Instants critiques suscitent une telle jubilation, c’est
qu’ils sont, par la grâce du théâtre,
absolument inscrits dans le présent. La nostalgie n’est là qu’en filigrane, dans la mise en scène légère et délicate de François Morel,
qui ne choisit pas entre Charensol
et Bory, mais montre leur duel
comme une dialectique. Ni Bory
ni Charensol n’ont aimé Le Par-
rain, de Coppola. Tous deux ont
été bouleversés par Cris et chuchotements, de Bergman, par quoi se
clôt, avec beaucoup d’émotion, le
spectacle.
Et puis il y a toutes ces jolies
trouvailles de mises en scène,
jamais gratuites. Dans le débat
qu’ont Charensol et Bory sur
L’Amour l’après-midi, d’Eric Rohmer, Morel les fait jouer derrière
un cadre comme un petit castelet
de marionnettes, en une parodie
de bataille entre Guignol et Gnafron. De temps en temps, un ange
passe, qui s’appelle Lucrèce Sassella. Elle joue du piano et chante
Ma ligne de chance ou la chanson
des Parapluies de Cherbourg, de
Jacques Demy. Et elle accompagne ces deux acteurs sensationnels que sont Olivier Saladin et
Olivier Broche, dans ce bel hommage à la cinéphilie, au discours
critique et au débat d’idées. p
F. Da.
Direction Olivier Py
Jeudi 13 octobre à 18h30
Le Métier de critique. Journalisme et
philosophie avec Éric Loret
Jeudi 17 novembre à 18h30
Responsable l’écrivain ?
avec Gisèle Sapiro
quatre traversées à suivre...
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 28 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 08:46 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
Odéon-Théâtre de l’Europe – Salon Roger Blin
Tarif unique 5€ / 01 44 85 40 40 • theatre-odeon.eu
Licence d’entrepreneur de spectacles 1039306
Red Waters
C’EST UN PETIT CINÉMA des
années 1960, avec sa porte jaune à
battants aux hublots découpés et
ses fauteuils en skaï rouge qui claquent quand on s’en va. « C’est le
meilleur film de Godard! », attaque Jean-Louis Bory, à propos de
Bande à part (1964). « Nous sommes en plein délire! », lui réplique,
outré, Georges Charensol.
Des échanges, restés dans les
annales, entre les deux critiques
de cinéma du « Masque et la Plume», dans les années 1960 et
1970, François Morel fait un formidable moment de théâtre, qui glisse avec la douceur du paquebot
dans E la nave va, le film de Federico Fellini.
On boit du petit-lait tout du
long, dans ce match entre deux
acteurs qui ont chacun peaufiné
leur rôle. Charensol, qu’interprète Olivier Saladin, c’est
l’« ancien ». Il porte des costumes
gris, fume la pipe, regarde les
films en amateur d’art. Bory, blouson de cuir, cigarette au bec, joué
par Olivier Broche, c’est le
« moderne». Il est de tous les combats de son époque, une époque
où tout est politique.
Il y a les films qu’on connaît,
comme Théorème, de Pasolini,
L’Empire des sens, d’Oshima, ou
La Grande Bouffe, de Ferreri. Et
ceux que l’on a oubliés, comme
0123
culture
Jeudi 13 octobre 2011
Le festival Scopitone étrenne ce nouveau lieu nantais consacré à la musique et à la danse
Nantes (Loire-Atlantique)
Envoyée spéciale
C
’est une masse, toute en pentes douces, construite sur
l’îledeNantes,derrièrelahallede l’éléphantmécanique desateliers de François Delarozière. A ses
côtés, juché sur un blockhaus hérité de la guerre, un deuxième bâtiment de sept étages, carré, argenté, flanqué d’un bus perché à vingt
mètres de haut. L’ancien studio
ambulantdel’associationTrempolino. Il sillonnait les routes de la
région nantaise, à la rencontre des
musiciens en herbe.
Aujourd’hui, il est fixe, les
essieux coulés dans le béton et ce
sont les musiciens qui viennent à
lui, ou dans les seize studios de
répétitions que compte l’endroit.
Ces deux bâtisses ultramodernes,
conçues par l’agence Tetrarc, forment La Fabrique, le nouveau
grand projet culturel de la ville de
Nantes. Un lieu de spectacles, mais
aussi un laboratoire ouvert aux
musiques actuelles, aux arts
numériques, à la danse, inauguré
en grande pompe le 30 septembre
dernier. Ses 7 200 m2 sont désormais à la disposition des créateurs
du cru, ou d’ailleurs.
Fresque d’images
Depuisle 12 octobre (et jusqu’au
16), le festival Scopitone y a pris ses
quartiers pour sa dixième édition.
Un beau cadeau d’anniversaire.
C’est la première grande manifestation populaire à s’y dérouler. Un
test grandeur nature qui permettra de se faire une idée précise du
potentiel du lieu. Ses ambitions
sont réelles. Ses possibilités aussi.
La Fabrique est un laboratoire ouvert aux créateurs du cru. DR
Bonne pioche, Scopitone envisage
de les utiliser toutes. Festival de
musique autant que d’image, la
manifestation nantaise réunit
une moisson d’artistes (musiciens, VJ – vidéo jockey – danseurs), mais aussi d’informaticiens, d’ingénieurs, plasticiens.
Pendant quatre jours, on y célèbre le mariage réussi des musiques électroniques et des arts
numériques. Les deux ont grandi
ensemble ces vingt dernières
années avec l’explosion de l’informatiquepersonnelleet des techniques d’éclairage ou de projection.
Point d’orguede cette dixièmeédition, la venue de Ryoichi Kurokawa, artiste japonais A/V (pour
audio/visuel). A partir des photos
du reporter belge Daniel Demoustier, il réalise sur un triptyque
d’écrans une fresque d’images
défragmentées et mouvantes
(Ground). Ou celle de Karl Bartos,
ancien membre des pionniers allemands Kraftwerk. Il présentera
son projet Live Cinema.
Ilsserontici à leuraise. Deuxsalles sont à leur disposition, la 400
pour des performancesintimistes,
la 1 200 et son imposant balcon de
béton laqué noir pour les grands
événements. La hauteur sous plafond et la profondeur de la scène
autorisent des concerts, mais aussi de la danse et des installations
multimédias d’envergure.
Une demande expresse d’Eric
Boistard, directeur de Stereolux,
l’association qui organise Scopitone, et gère le lieu à l’année (en coordinationavecquatreautresassociations sélectionnées, par souci d’éviter tout potentat). C’est une des originalités du projet Fabrique: tenter
d’inventer une façon collective de
favoriser les cultures émergentes.
Si la mairie a construit le lieu (pour
28millions d’euros), elle a tenu à le
confier aux associations qui fabriquent la culture depuis des années
dans la région.
Le projet d’ailleurs ne s’arrête
pas à l’île de Nantes. Un deuxième
lieu, la Fabrique des Dervallières,
accueille une pépinière d’associations dans un quartier sensible.
On y fait de la danse contemporaine, du théâtre, du rap… Les allées et
venues sont fortement encouragées. Scopitone non plus n’a pas
tout rapatrié sur le site de la Fabrique et continue d’essaimer ses
créations dans la ville. Au château
des ducs de Bretagne, au Lieu Unique, à la fac ou à l’école d’architecture. Sous les deux halles de l’île
enfin, où vendredi et samedi, Scopitone passe en mode très festif,
avec deux nuits de concerts (Housse de Racket, Mondkopf) et de DJ
(Agoria, Shit Robot). p
Odile de Plas
Scopitone, jusqu’au 16 octobre
à Nantes, La Fabrique et divers lieux.
Info : www.scopitone.org.
Montfort-l’AmaurycélèbreRavelà«L’Heureespagnole»
Peu de moyens, beaucoup de cœur, et la verve érotique d’une comédie musicale écrite en 1911
L
es Journées Ravel de Montfort-l’Amaury ont lieu
depuis 1997 début octobre.
Cette tranquille bourgade des Yvelines fut en effet le lieu de résidence du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937), qui y acquit en
1921 sur les hauteurs de la ville
« une bicoque à trente kilomètres
au moins de Paris », justement
appelée Le Belvédère. C’est dans ce
cadre idyllique, à deux pas de la
forêt de Rambouillet qu’il adorait,
que l’auteur du Boléro a vécu les
seize dernières années de sa vie.
Un coup de cœur et un coup au
cœur attendent le visiteur du
Musée Maurice-Ravel: « Rien n’est
entré ou sorti de la maison», assure fièrement la conservatrice
Claude Moreau. Ni le piano Erard,
dos à la fenêtre dans le bureau aux
papiers peints bleu-gris, ni les
objets hétéroclites du salon
chinois – on pense à L’Enfant et les
sortilèges –, ni la magnifique frise
de tulipes noires que Ravel réalisa
au pochoir dans sa salle à manger.
On s’attardera jusqu’à la nuit tombée sur le jardin japonisant, le
regard perdu dans les paysages
qui ont gardé en mémoire les deux
concertos pour piano que Ravel
composa coup sur coup entre 1929
et 1931.
Efforts conjugués
Vient inévitablement l’heure de
L’Heureespagnole.C’estdans lasalle polyvalente et improbable du
centre de loisirs de Montfortl’Amaury que se tient le spectacle
monté en version de chambre, à
l’aune des moyens financiers
alloués à la manifestation, au
point qu’il a fallu les efforts conjugués de deux autres partenaires,
l’Académie internationale Maurice-Ravel de Saint-Jean-de-Luz et
l’Académie musicale de Villecroze,
pour mener à bien le projet.
« Nous avions monté en 2007
l’autre opéra de Ravel, L’Enfant et
les sortilèges, dans la version de
chambre réalisée par Didier Puntos
pourl’OpéradeLyonen1989,racon-
te Rémi Lerner, directeur artistique des Journées Ravel. Nous nous
sommes dits pourquoi pas L’Heure
espagnole? »
Commande de transcription a
alors été passée au pianiste et compositeur Jean-Frédéric Neuburger,
qui a substitué aux somptuosités
orchestrales ravéliennes un quatuor d’instruments et cinq instrumentistes – Samika Honda (violon), Iris Zerdoud (clarinette),
Marion Platero (violoncelle) et Philippe Biros et Jeff Cohen (piano à
quatre mains), réalisant une petite
merveille de finesse et d’invention
que Ravel, orchestrateur de génie,
n’eût sans doute pas désavouée.
L’Heure espagnole est celle où
l’horloger Torquemada s’en va
régler chaque semaine les horloges de Tolède, laissant sa femme, la
jolie Concepción, balancer entre
les vers de son amant poète, l’étudiant Gonzalve, les avances du
richefinancier Don Iñigo Gomez et
les bras musclés du muletier
Ramiro, déménageur d’horloges
en chambre (et finalement vainqueur de la belle à qui le temps
«dure, dure, dure»).
Jeunes, impétueux, les cinq
chanteurs – Anna Destraël, Ronan
Debois, David Ghilardi, Arnaud
Guillou et Ronan Meyblum – ont
l’âge des rôles. La mise en scène de
François Le Roux fait mouche avec
peu, un décor de toile léger et quelques horloges peintes, une directiond’acteurmillimétréeetdescostumes hispanisants comme il faut.
On oublie vite les néons blafards,le
bleu fatigué des rideaux années
1970, pour goûter sans réserve la
verve érotique et burlesque de cette « comédie musicale» spirituelle
et raffinée (créée à Paris en 1911
d’après un livret de Franc-Nohain)
qui valut à Ravel d’être momentanément étiqueté pornographe. p
Marie-Aude Roux
« L’Heure espagnole », de Ravel. Reprise aux Matinées musicales d’Arles, Chapelle du Méjan, Arles (13), le 16 octobre,
à 11 heures. Lemejan.com
Nomméà la Biennale,«Pol Spot» fait gronder Venise
P
erpétuellement bronzé, toujours souriant, cheveux
blancs crantés, Giulio Malgara (74 ans) succédera le 1er janvier
2012 à Paolo Baratta à la présidence de la Biennale de Venise. Si Giulio Malgara présente de solides
références d’homme d’affaires et
de publicitaire, son CV ne manifeste aucun intérêt artistique. Milanais, il a dirigé pendant vingttroisans l’UPA (association des
usagers de la publicité) avant de
fonder la société Auditel qui relève l’audimat des programmes
audiovisuels. Propriétaire de la
société Chiari et Forti (agroalimentaire) – il a lancé la boisson Gatorade – et de la marque d’aliments
pour chiens Fido… De quoi mériter
le surnom de «Pol Spot».
Cette nomination a provoqué
des vagues sur la lagune où Paolo
Baratta, ancien ministre, ironique
et cultivé, avait su en deux mandats (1998-2000 et 2008-2011) tisser un solide réseau. « Une erreur»,
]a commenté le maire de Venise,
Giorgio Orsoni, l’un des quatre
membres du conseil d’administration de la Biennale, « il n’a pas le
profil.» Autre administrateur,
Amerigo Restucci, s’est lui aussi
dit « très surpris: on aurait pu penser à un homme de culture».
« Même à Maradona »
«Baratta a été un excellent président et c’est une entreprise titanesque de prendre son poste», concède Giulio Malgara avant d’ajouter:
«C’est arrivé à tout le monde d’être
remplacé. Même à Maradona. C’est
la vie.» En réalité, ce sont les liens
d’affaires entre Silvio Berlusconi
et Giulio Malgara qui inquiètent le
monde de la culture. Au début des
années 1990, le premier a prêté de
l’argent au second pour le rachat
d’une entreprise. Une photo de
l’époque les montre faisant du jogging ensemble et Giulio Malgara a
été témoin à décharge dans un des
procès du Cavaliere.
«Je ne veux pas berlusconiser la
Biennale, s’est défendu, sans
convaincre, le futur président
dans un entretien au Corriere della
sera le 8octobre. Nous sommes seulement des amis de longue date.»
Il dit vouloir laisser Marco Muller
à son poste de responsable artistique de la Mostra. En revanche, il
souhaite trouver très vite un successeur italien à l’actuelle responsable de la Biennale des arts, la
Suissesse Bice Curiger.
Après la nomination de Mario
Resca (ancien manager de McDonald’s) à la direction des Musées
nationaux, la concession des travaux de restauration du Colisée à
Diego della Valle (propriétaire de
Tod’s), l’Etat, endetté, délègue de
plus en plus à des personnalités
venues du monde des affaires le
soin de gérer son patrimoine et
ses institutions. « Mon expérience
d’entrepreneur, mes relations peuvent m’aider à trouver des fonds
pour la Biennale», soutient Giulio
Malgara. Reste la question de son
expérience dans le domaine des
arts: « Je ne suis pas non plus un
paysan, réagit-il, un peu vexé. J’ai
un Miró chez moi! » p
Les flux et ressacs
rafraîchissants
de Steve Reich
La Cité de la musique organise à Paris un cycle
de concert en hommage au compositeur
Musique
L
a musique de Steve Reich (né
en 1936) a l’art de diviser les
mélomanes en deux camps :
ceux qui adorent ces longues cérémonies sonores et en goûtent les
subtiles et lentes métamorphoses
de motifs, de couleurs et de rythmes ; ceux qui ne supportent pas
ce qui est parfois ressenti comme
d’austères et interminables plages
de musique où rien ne semble se
passer (ce sont en général ceux-là
qui n’apprécient pas davantage
les « divines longueurs» des musiques de l’Inde et de leurs ragas prolongés ou les musiques de gamelan indonésiennes).
Une troisième frange, influente,
dont le tout semblerait presque
plus important que la somme des
deux premières parties, méprise
purement et simplement ce courant,l’affublantduqualificatif,plutôt dépréciant, de «musique répétitive», là où les Anglo-Saxons disent
«musiqueminimale»,cequiapour
autre avantage de la rattacher au
courant beaucoup plus général,
dominé par les arts plastiques, du
minimal art, né et développé aux
Etats-Unis dans les années 1960
notamment par les plasticiens
DonaldJudd(1928-1994),Sol LeWitt
(1928-2007), Dan Flavin (1933-1996)
ou Car André (né en 1935) et les
musiciens Terry Riley et La Monte
Young (nés en 1935), puis par Philip
Glass (né en 1937), Steve Reich et
John Adams (né en 1947).
Il faut, pour la jouer, des musiciens experts (les structures de
Reich sont d’une complexité rythmique sidérante), mais dotés d’un
sens du swing, de la pulsation, ce
qui n’est pas à la portée de tous les
ensemblesde musique contemporaine institutionnels.
L’Ensemble Modern de Francfort, invité par la Cité de la musique à ouvrir ce Festival Steve
Reich de quelques jours, est de
ceux-là : il sait jouer aussi bien
György Ligeti que John Adams,
Frank Zappa que Pierre Boulez
– les ludiques et les cérébraux,
pour simplifier.La musique de Steve Reich leur est depuis longtemps familière,comme en témoignait leur aise, notamment dans
l’heure de musique, jouée sans
chef, de Music for 18 Musicians
(1974), l’un des chefs-d’œuvre
emblématiques du compositeur
américain écrit pour une formation de dix-huit musiciens dont
quatre chanteuses, aux voix utilisées comme des instruments,
sans texte.
Pour ceux, donc, qui trouvent
joie dans le long développement
de ces structures sonores, Drumming (1971), pour ensemble instrumental (percussions essentiellement) et vocal, est une pièce de
référence emballante et planante,
© Marcos Lopez «Amanda», 2005. Galerie mor.charpentier.
La Fabrique: débuts en fanfare électro
29
Philippe Ridet
(Rome, correspondant)
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 29 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 09:33 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
d’une radieusearidité. Dans sa version complète (seul un extrait en
fut donné en entrée de programme, à la Cité de la musique), elle
dure une heure trente et fait
davantage révérence et référence
à la musique africaine,qui influença grandement Steve Reich après
un voyage d’études en Afrique
pendant l’été 1970. La pièce marque aussi l’entrée du compositeur
dans la cour discographique des
grands puisqu’ellefut immédiatement inscrite à la première collection de musique d’avant-garde du
label allemand Deutsche Grammophon, en 1971 : cette véritable
contre-culture musicale sortait
enfin des lofts de Soho et TriBeCa.
Aujourd’hui, Steve Reich n’a
plus à s’imposer : sa musique est
suivie partout dans le monde par
un public fervent et très mélangé
(à Paris, la salle était comble et
composée d’une assistance comparable à celle de Pierre Henry
par exemple : des mélomanes
classiques et ceux venus des
musiques alternatives).
Longue ovation
après «Music for
18Musicians», qui
laisse entendre
l’importance de cette
révolution musicale
Succès appuyé pour le Double
Sextet (2008, en création française), pour un double sextuor identique (flûte, clarinette, violon, violoncelle, vibraphone, piano) qui
marque le retour de Reich aux
polyphonies sonores « pures »,
débarrassées des fameux fragments mélodico-rythmiques parlés utilisés par le compositeur
dans ses pièces, de Different
Trains (1988) au tout récent
WTC-9/11, dont la photo de pochette vient de créer une vive controverse (Le Monde des 28 et 29 août).
Longue ovation après Music for
18 Musicians, dont les ondes et le
ressac finissent par évoquer un
flux océanique hypnotique. C’est
à l’issue de la pièce, saluée par
une ovation debout, qu’on a réalisé pleinement combien dut être
rafraîchissante cette révolution
musicale qui, ainsi que le dit
Reich, a su mettre « à bas le mur
de Berlin musical entre musique
populaire et musique classique ». p
Renaud Machart
Cycle Steve Reich – Pulsations, jusqu’au 18 octobre. Par Synergy Vocals,
Ensemble Modern, Brad Lubman (direction), le 11 octobre. Cité de la musique,
221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e.
M˚ Porte-de-Pantin. Tél. :
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0123
culture
Jeudi 13 octobre 2011
Paul Cézanne: «A nous deux, Paris!»
Exposées au Musée du Luxembourg, 77 œuvres racontent les démêlés du peintre avec la capitale
Art
A Bordeaux, une Biennale confiée à Pistoletto
qui en appelle à la «réévolution urbaine»
Bordeaux
Envoyée spéciale
E
« Femme nue (Léda II) », 1886-1890, huile sur toile, 44 × 62 cm. VON DER HEYDT/MUSEUM WUPPERTAL
dre une Léda ou une Tentation de
saint Antoine.
Ces toiles sont moins connues
que les vues de l’Estaque et de la
montagne Sainte-Victoire, motifs
méridionaux exclus ici. Et c’est par
là que l’exposition, faisant de ses
faiblesses un mérite paradoxal,
devient captivante et même bouleversante par moments.
S’y succèdent 77 œuvres qui
n’ont qu’un seul véritable point
commun, être de la main de Cézanne quels que soient le sujet, la date
et le lieu d’exécution et qui ne sont
pas, à très peu d’exceptions près,
les plus célèbres de leur auteur. Il y
a des natures mortes de fruits et de
vaissellepeintesdanslepetitappartement où Cézanne venait rejoindre sa compagne Hortense et leur
fils. Il y a des nus, de mémoire plutôt que d’après modèle. Il y a des
portraits d’Hortense, des autoportraitset des paysages.Et tout cela se
rejoint et se fond dans une peinture incomparable.
Que, pour Cézanne, poires et
pommessoientdesseinsetréciproquement, critiques et amateurs
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s’en sont aperçus depuis longtemps. Mais le processus d’assimilation ne s’en tient pas là.
Style de Michel-Ange
Voyez la jupe rayée d’Hortense
en 1877 : elle est faite de la même
matière que les feuillages au-dessus du pont de Maincy, touches
flottantes de divers gris et verts.
Voyez les Rochers à Fontainebleau,
peints vers 1883. Au premier
regard, ce ne sont que de grosses
pierres en chaos sous des arbres
aux troncs minces et blancs. A y
regarder mieux, il apparaît que
l’un de ces blocs fendus ressemble
étrangement au corps d’une femme penchée en avant et vue de dos
– un peu dans le genre de Degas. Au
centre de la toile, une tache de
lumière met en évidence un autre
bloc, que l’érosion aurait sculpté à
la ressemblance d’un buste masculin très musculeux – assez dans le
style de Michel Ange.
Bientôt l’œil ne voit plus que
cela : comment paysage, nu et
sculpture se trouvent réunis par
cette manière si singulière qu’a
Cézanne de dessiner, modeler et
colorer d’un seul et même mouvement, celui du peintre déposant
des touches courbes ou plus anguleuses, longues ou brèves. Il peut
ainsi faire apparaître de l’humain
dans le naturel, du vivant dans
l’inerte, du désir dans la matière. Et
de cela, il n’y a guère que lui qui en
ait été capable en son temps. Ce qui
expliquepourquoiilfutsimalcompris et si mal reçu, à Paris comme
ailleurs. p
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« Cézanne et Paris », Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris, 6e.
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LE 19 OCTOBRE AU CINÉMA
Le ministre de la culture a annoncé, mardi 11octobre, quinze mesures pour les arts plastiques. Une
réflexion est lancée sur la professionnalisation du milieu de l’art,
afin qu’il bénéficie enfin d’une
nomenclature et d’une formation
professionnelle, comme les intermittents. Une rémunération des
artistes pour monstration de leurs
œuvres est envisagée, et la
construction d’ateliers relancée. Le
Centre national des arts plastiques
est incité à collaborer avec les structures en région dans sa politique
d’acquisition. Sur le modèle
du cinéma, un fonds de
500000 euros sera disponible dès
2012 afin de soutenir le rôle de producteur des galeries, ainsi qu’un
fonds de garantie leur facilitant les
prêts bancaires. A quoi s’ajoutent
aides à la traduction pour la critique d’art et soutien au numérique.
ncore une biennale d’art
contemporain ? Celle que
Michelangelo Pistoletto a
conçue pour Bordeaux ne ressemble à aucune autre. Pour cette
deuxième édition d’Evento, c’est à
une véritable « réévolution urbaine » qu’appelle le maître de l’Arte
Povera. A 78 ans, le majestueux Italien n’a pas renoncé à « changer le
monde par le biais de l’art». Pour ce
faire, il a convoqué les forces vives
de la cité : artistes, institutions,
maisaussi associationset citoyens.
« Nous sommes simplement là
pour faire ce que la société réclame
à haute voix, résume-t-il. Il est
essentiel de renforcer la concertation entre les citoyens et les organisations publiques. De faire comprendre que la diversité de la population peut engendrer une économie nouvelle, et d’utiliser la capacité et le désir de ses immigrés à faire
croîtreunesociétéqui veut croître.»
Maire de Bordeaux, Alain Juppé
s’est laissé séduire avec une étonnantefacilitéparl’homme,etleprojet : « Je partage son idée que la
culture joue un rôle fédérateur
essentiel dans la construction de la
ville, concède-t-il. Ce genre d’interventionestpournousrisquée,politiquement et médiatiquement, mais
il fallait à tout prix que les artistes
aillent sur le terrain, et travaillent
en amont avec les citoyens, car la
première édition avait à cet égard
été un échec. » En attendant de
juger de l’efficience à long terme
des multiples propositions qui
envahissent la ville, voilà une
revue de détail de trois d’entre
elles,quitravaillentaucorpslepolitique.
Une ville millionnaire en 2030 ?
Près des Abattoirs, l’association Arc
en rêve a monté un délicieux
roman-photo, présenté dans une
arène. Consacrée à l’architecture,
cette institution bordelaise a
demandé à l’écrivain du cru Bruce
Bégout d’imaginer les visages de la
ville en 2030, et à des dessinateurs
decartoondelesincarner.2030?Le
monde est en crise, comme toujours, comme jamais. Faillite et
éruption conduisent 10 000 Islandais à quitter leur île. Après des
mois d’errance sur les mers, Bordeaux les accueille : ils lui permettent de passer au chiffre fatidique
du million d’habitants. Rien ne va
plus, tout va mieux : les magasins
Ikea deviennentIdea, forum public
dévolu aux formes alternatives de
développement;lescrèchess’autogèrent, les maisons se font solidaires et autosuffisantes, les jardins
potagers collectifs; le productivisme disparaît, et les Roms investissent l’hôtel de ville. Impossible de
savoir ce qu’Alain Juppé a pensé de
ce futur hautement alternatif : il
n’a pas encore vu l’exposition.
Du commerce triangulaire, hier
et aujourd’hui Voilà deux ans que
le Musée d’Aquitaine a voué quatre de ses salles à l’histoire de la
traite des noirs. Où l’on découvre
que 200 esclaves se trouvaient à
Bordeaux en 1777, malgré l’interdiction de ce statut sur le sol français ; où l’on voit une gamine noire
au cou enserré de métal servir sa
petite maîtresse blanche ; où l’on
analyse les 480 voyages vers les
Amériques de bateaux chargés
d’esclaves, et portant les noms
Heureux ou Liberté. « Il y a quelques années, se souvient Juppé,
des associations africaines et
antillaises nous ont mis en demeure de regarder en face ce drame
épouvantable.Nous lesavonsécoutées, et le sentiment de honte et de
«Ce genre
d’intervention est
pour nous risquée
politiquement et
médiatiquement»
Alain Juppé
maire de Bordeaux
culpabilité tue qui régnait s’est
apaisé. De très nombreux scolaires
visitent ces salles, qui permettent
de partir sur de nouvelles bases. »
Pistoletto a saisi l’enjeu, et invité
quelques artistes comme Michael
Blum ou William Kentridge à s’interroger sur les formes d’esclavages contemporains.
Des chantiers mobiles pour réinventer la ville Au bord d’un aéro-
port ou près d’une centrale thermique : depuis cet été, une dizaine de « chantiers mobiles » ont
investi les entours de la ville.
Objectif, selon Pistoletto : « Donner aux habitants, à ces minorités
qui forment la majorité, la possibilité de se faire entendre. » Débats
sur l’agriculture urbaine, l’identité nationale, la désindustrialisation, les utopies… « Nous restions
une semaine sur place, et cherchions notamment à mettre l’accent sur ces héros du quotidien qui
bricolent des choses pour un monde plus vivable, raconte Eric Troussicot, chargé du projet. Nous
avons envisagé notre intervention
comme une véritable sculpture
sociale, au sens où Joseph Beuys
l’entendait : demander aux artistes de fabriquer socialement les
choses.» p
Emmanuelle Lequeux
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ou janvier). Evento2011.com.
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aul Cézanne (1839-1906) a
d’autant moins aimé Paris
que,de son vivant, Paris ne l’a
pas aimé. Quand il parvenait à y
montrer ses œuvres, elles étaient
accueilliesparlesblaguesdelacritique. Aussi, par défi, jouait-il volontiers au paysan du Danube. Une
anecdote rapportée par Gauguin
raconte qu’il aurait accueilli les
conseils d’un ancien élève de Corot
par un pet sonore et volontaire.
C’était à l’époque où, pas encore
fâché avec son ami Emile Zola, il
séjournait chez lui à Médan (Yvelines). Pour Cézanne, Paris a été un
champ de bataille où il n’a été vainqueur qu’in extremis, quelques
annéesavantsamort,etsansmesurer le retentissement que son
œuvre y avait alors enfin obtenu.
Ces arrière-plans historiques,
détaillés dans le catalogue, sont
peu sensibles au Musée du Luxembourg. Pour y traiter complètement de Cézanne et Paris, il aurait
falluDelacroix,Courbet,Manet,Pissarro et Monet, qui ont tous été
déterminants pour le peintre. Il
s’est mesuré aux trois premiers à
ses débuts, injectant dans le réalisme des doses de pathétique ou
d’érotisme. Les deux derniers ont
été ses proches et il a travaillé sur le
motif avec Pissarro du côté d’Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise). Une unique toile de Guillaumin ne suffit
pasàlesituerdanscecontexte,l’impressionnisme.A l’inverse, ses relations avec les maîtres anciens du
Louvre se voient fort bien, d’une
copie de la Bethsabée de Rembrandt à ses dessins d’après PoussinetPugetetàsesessaispourpein-
Alain Juppé séduit
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*
& vous
0123
Jeudi 13 octobre 2011
31
L’Ile-de-Frances’ouvreà l’Estonie
Les promeneurs parisiens qui s’aventurentces jours-ci en bordure du canal Saint-Martin ne peuvent pas ne pas le remarquer.
Long de douze mètres et réalisé selon un modèle original vieux
de mille ans, un bateau viking , amarré le soir devant l’espace
culturel le Point Ephémère, quai de Valmy
(Paris 10e) ,vogue depuis le 7 octobre et jusqu’au 16 à travers la capitale. Cet étonnant voilier est le messager du Festival
Estonie tonique, une manifestation
culturelle organisée en Ile-de-France par
l’Institut français pour faire découvrir différentes facettes de la culture du petit Etat balte, qui a
rejoint l’Union européenne il y a sept ans. Musique,
théâtre, cinéma, architecture, littérature: des rencontres
permettront de sensibiliser le public à la vie artistique d’un
pays guère éloigné de la France. Parmi les manifestations prévues, une exposition réunit au château d’Asnières (Asnières-surSeine, Hauts-de-Seine), sous l’intitulé « Vabadus», mot estonien
signifiant « liberté», les œuvres de quinze artistes contemporains; et le chef estonien Paavo Järvi, nommé en 2010 à la tête de
l’Orchestre de Paris, dirigera deux concerts à la Salle Pleyel, mercredi12 et jeudi 13 octobre. p Sylvie Kerviel (PHOTOS LIISI REITALU)
Estonie-tonique.com
Paris renoue avec le pays dogon
A partir du 18décembre, un vol hebdomadaire de Point Afrique reliera Paris à Mopti, au Mali
Tourisme
Les mots et gestes
à éviter à l’étranger
Hachette propose un guide à destination des
voyageurs soucieux de ne pas faire d’impairs
Mopti (Mali)
Envoyé spécial
L
’avion de Maurice va revenir. » Dans les villages aux
toits de chaume du pays
dogon, au cœur du Mali, désertés
par les randonneurs européens
depuis presque un an, la dernière
annonce de Maurice Freund, le
bouillant patron de la compagnie
aériennePoint Afrique, suscite des
espoirs. A partir du 18 décembre,
un vol hebdomadaire reliera Paris
au petit aéroport de Mopti, situé à
une cinquantaine de kilomètres à
l’ouest du pays dogon, qui concentre traditionnellement 80 % du
tourisme au Mali.
Depuis le début de l’année, au
pied de la falaise de Bandiagara,
« c’est la crise, les guides sont au
chômage, les commerçants n’arrivent plus à vendre leurs colliers, les
jeunes quittent les villages, privant
l’agriculture des bras valides. Un
peu comme si une usine était partie », raconte Moïse Témé, guide
dogon et fondateur de l’agence
L’Harmattan solidaire, à Mopti.
La liaison aérienne avait été
interrompuefin janvier aprèsl’enlèvement au Niger voisin, par l’organisation Al-Qaida au Maghreb
islamique (AQMI), de deux jeunes
Français, retrouvés morts quelques jours plus tard. Le ministère
des affaires étrangères avait alors
classé le sud du Mali – où se trouve
le pays dogon – en « zone déconseillée aux voyageurs, sauf motif
impérieux », le nord désertique
demeurant « formellement déconseillé ». En outre, une loi de
juillet 2010 tient pour responsa-
Edition
A
La falaise de Bandiagara, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, en pays dogon. YANN DOELAN/HEMIS. FR
bles les agences de voyages qui
emmèneraient des touristes dans
unerégionconsidéréecommedangereuse, si l’Etat doit y organiser
des actions de rapatriement.
Consignes de sécurité
La réouverture d’une ligne
aériennesuffira-t-elleà convaincre
les amateurs de randonnées? Pour
les rassurer, M. Freund, qui admet
« une perte de 4,2 millions d’euros
depuis dix-huit mois », compte
« former des guides à la sécurité et
leséquiperde balisesde géolocalisation, qui pourraient en outre servir
en cas d’accident ». La formation,
qui n’a pas encore commencé,
pourrait se tenir cet automne.
A Mopti, M. Témé apprécie l’annonce de Point Afrique, même si,
selon lui, « il n’y a aucun risque
d’enlèvement au pays dogon »,
une région éloignée du Sahara et
habitée par des peuples très différents. « Ici, le terrain est accidenté
et tout le monde se connaît. On
sait parfaitement où vont et d’où
viennent les marcheurs», raconte
le guide.
M. Freund espère amener le
Quai d’Orsay à se montrer plus
souple, par exemple en tolérant
des randonnées pédestres « encadrées par un tour-opérateur agréé
par l’Etat, comme cela s’est fait
dans le sud de l’Algérie dans les
années 2000 », précise-t-il. Mais,
impassible, le ministère maintient les consignes de sécurité,
arguant laconiquement que « le
tourisme ne fait pas partie des
motifs impérieux de voyage ».
Le patron de Point Afrique ne se
décourage pas. Il a annoncé début
octobre l’ouverture d’une ligne
entre Paris et Kayes, une ville de
l’ouest du pays dont sont originaires la plupart des Maliens vivant
en France. Il vise à la fois les touristes intéressés par le massif du Fouta Djalon, en Guinée voisine, et la
clientèle franco-malienne, espérant des rentrées salutaires, qui lui
permettront de maintenir la ligne
vers Mopti. p
Olivier Razemon
vant de toucher du doigt les
fameuxcharmesdel’Orient,
mieux vaut connaître au
préalable ses us et coutumes. Afin
de ne pas prendre le risque de passer pour un goujat. Pour ne pas
commettre d’impairs en vacances
ouraterle contratdu siècleen affaires, Hachette Tourisme lance quatre hors-séries dans sa collection
des Guides bleusintitulée « Le Petit
Guide des usages & coutumes». La
première livraison est consacrée à
l’Orient: Chine, Inde, Japon et Vietnam.
Saviez-vous, par exemple, qu’au
Japon il faut éviter de planter ses
baguettes dans le riz ? Qu’il faut
saluer très respectueusement ses
interlocuteurs et que, lorsque vous
serez invité, le cadeau que vous
aurez pris soin d’apporter devra
être de préférence enveloppé dans
un papier de couleur rouge et
blanc? Ces couleurs sont aussi celles de mise pour adresser des félicitations, contrairement au papier
bleu ou vert destiné aux présents
de condoléances. Mieux vaut aussi
éviter d’offrir des objets par quatre
– comme des sous-verre ou des sets
de table – ou par neuf, ces nombres
symbolisant la mort.
Il vaut mieux se garder d’être
familier en Inde : ne pas avoir la
bise facile et éviter d’appeler vos
interlocuteurs par leur prénom.Dans les affaires, il conviendra également de proscrire l’usage
de la main gauche pour donner ou
recevoir de l’argent ou des documents importants. En Chine, il est
des sujets qu’il vaut mieux éviter
d’aborder comme les trois T : Tibet,
Taïwan et Tiananmen. Plus généralement, mieux vaut s’abstenir de
parlerdepolitiqueoudebureaucratie.Alalectureduguide,onapprendra également que l’épouse chinoise conserve son nom de jeune fille
et que, contre toute attente, Mme He
et M.Li sont bien mariés.
Pas de clin d’œil au Vietnam
En vacances au Vietnam, il est
utile de réviser l’histoire pour ne
pas commettre de fautes : la guerre
du Vietnam s’appelle la guerre
américaine et la guerre d’Indochine s’appelle la guerre française. Il
faudra également réviser la toponymieet préférerHô Chi Minh-Ville à Saïgon.Le guide relève aussi un
certain nombre de gestes à éviter :
pas de clin d’œil, attitude qui s’apparente à un outrage à la pudeur.
L’attitude des mains est également
importante dans ce pays. Enfoncées dans les poches ou posées sur
les hanches, elles dénotent arrogance et manque de respect. En
revanche,croiserlesbrasestungeste respectueux. Ces guides traitent
aussi bien de sujets de fond que de
situations de la vie quotidienne,
un moyen, entre autres, de pointer
les différences culturelles. p
François Bostnavaron
Le Petit Guide des usages & coutumes,
hors-séries Guides bleus, Hachette Tourisme, 168 p., 7,90 euros.
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RUBRIQUE,
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32
sport
0123
Jeudi 13 octobre 2011
Service minimum pour les Bleus de Laurent Blanc
L’équipe de France a arraché sa qualification pour l’Euro 2012 à la faveur d’un penalty marqué par Samir Nasri face à la Bosnie (1-1)
Football
S
eizemois après l’épisodede la
grève de Knysna, au Mondial
sud-africain, le football français a frôlé une nouvelle déconvenue. Sur le chemin de la rédemption, les Bleus espéraient valider
sereinement leur qualification
pour l’Euro 2012. Rassurés par leur
succès face à l’Albanie (3-0), les
hommes de Laurent Blanc
n’avaient besoin que d’un match
nul contre la Bosnie pour parader
devant leurs supporteurs au Stade
de France. Les Tricolores ont rempli, mardi 11 octobre, cette condition minimale. A défaut d’être
triomphal, le tour d’honneur des
Bleusadavantageexprimélesoulagement d’un public aux nerfs à vif.
Dans cette finale du groupe D,
l’équipe de France aurait mérité de
s’incliner face à ses visiteurs. Tétanisés par l’enjeu, les Tricolores ont
subi, en première période, les
assauts d’un onze balkanique à la
technicitéaffirmée. Anciennegloiredu Paris-Saint-Germain,le sélectionneur bosnien Safet Susic avait
programmé la chute des Bleus lors
dece dernierduel.En taisantsa tentation d’arracherla premièreplace
de la poule, il avait imaginé le piège absolu : assiéger ses adversaires
dans leur propre enceinte. Harcelant la défense française, Edin
Dzekofinit parmonnayer la stratégie bosnienne. D’une frappe enveloppée, le but inscrit par le massif
avant-centre de Manchester City a
alors ramené l’équipe de France à
sa fragilité psychologique. Celle
digne d’une sélection en chantier,
happée par l’inexpérience.
Hagards, les observateurs ont
redécouvert une tension que
n’avait plus connue l’arène de
Saint-Denis depuis deux ans. Le
souvenir d’un France-Irlande en
barrages du Mondial 2010 qui, en
novembre2009, a fait couler beaucoup d’encre bleue et verte.
Mené au score, Laurent Blanc a
senti que le fiasco s’esquissait. A la
mi-temps, la causerie du « Président » s’est avérée salutaire. « Les
45 premières minutes, on ne les a
pas jouées. Le discours a été de
savoir si les joueurs voulaient aller
en barrages ou à l’Euro », a confes-
Un barrage sur la route
de l’Euro pour le Portugal
«C’est un beau
parcours. On est partis
de pas grand-chose
après la Coupe
du monde»
Hugo Lloris
gardien de l’équipe de France
sé le sélectionneuraprès la rencontre. Amoindri par le forfait de son
buteur attitré Karim Benzema, le
onze tricolore a trouvé en l’arbitre
de la rencontre une échappatoire
aux barrages. Déstabilisé dans la
surface bosnienne, Samir Nasri a
scellé la qualification des Bleus en
transformantle penalty. La liessea
ensuite éclipsé ce dénouement
crispant. « Ce qu’on retient, c’est
qu’on a montré du caractère en
deuxième période. Dans le vestiaire, il y avait deux bouteilles de
champagne, elles sont parties
vite », a notamment confié Florent
Malouda.
Nommé à son poste en
mai 2010, Laurent Blanc a accom-
Samir Nasri (à gauche) avec Loïc Rémy, après son but, mardi 11 octobre, au Stade de France. PATRICK KOVARIK/AFP
pli la mission que sa fédération lui
avait confiée. Sous son mandat, le
football français s’est qualifié
pour la neuvième fois d’affilée à la
phase finale d’une compétition
internationale. Sur les cendres du
Mondial sud-africain, le patron
des Bleus devait réaliser la synthèse entre les fautifs de Knysna et
desnéophytessousle maillottricolore. En cherchant son « noyau », le
sélectionneur a relancé des éter-
nels espoirs comme Karim Benzema, auteur de cinq buts sous son
ère. A l’instar de Yann M’Vila et
Loïc Rémy, des talents ont également émergé. Depuis le 7 septembre 2010 et un déplacement victorieux (2-0) en Bosnie, l’équipe de
France a étendu sa spirale d’invincibilité à quinze rencontres. Si la
route vers l’Euro a été parfois
sinueuse, le bilan de Laurent Blanc
est positif. « C’est un beau par-
cours. On est parti de pas grandchose après la Coupe du monde, on
est partis de zéro », indique le gardien Hugo Lloris.
Dans sa gestion des forfaits, le
sélectionneur a fait preuve d’un
vrai sens du management. Ses
maladresses de communiquant
en temps de crise figurent toutefois parmi les rares ratés de son
exercice. En témoignent l’affaire
des quotas et les insinuations
En battant le Portugal (2-1), mardi 11 octobre, à Copenhague, le
Danemark termine en tête du
groupe H. Qualifiés directement
pour l’Euro 2012, les Danois obligent en revanche les Portugais
à disputer un match de barrage
pour les rejoindre en Pologne et
en Ukraine du 8 juin au 1er juillet
2012.
Les coéquipiers de Ronaldo sauront jeudi 13 octobre qui, de la
République tchèque, de la Turquie, du Monténégro ou de l’Estonie, ils affronteront mi-novembre en match aller-retour.
Meilleur deuxième des éliminatoires grâce à sa victoire in
extremis face aux Pays-Bas
(3-2), la Suède échappe, elle,
aux barrages. L’Allemagne, qui
a réussi l’exploit de remporter
tous ses matches (10), l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, la Grece, les Pays-Bas et la Russie ont
tous terminé en tête de leur poule et sont donc également qualifiés pour l’Euro 2012.
autour de son agent, Jean-Pierre
Bernès. Jusqu’à l’Euro 2012, la
feuillede route des Bleus reste obscure. A ce jour, un seul match amical est planifié, le 29 février, face à
l’Allemagne. Et ensuite ? « On va
jouer des matches sans enjeu
contre de grandes équipes. On va
mettre l’accent sur le jeu», a prévenu un Laurent Blanc sibyllin. Un
jeu qui reste à préciser. p
Rémi Dupré
LesGalloisont retrouvéle «hwyl»
Les adversaires du XV de France ne manquent plus d’inspiration
Rugby
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’histoire du rugby bégaie en
Nouvelle-Zélande. Le carré de
demi-finalistes est le même
qu’il y a un quart de siècle, lors de la
première Coupe du monde. Si le
pays hôte, son rival australien et,
dans une moindre mesure, la France, étaient attendus, il n’en va pas
de même des Gallois.
Eteint pendant près de trente ans, le dragon rouge crache à
nouveau le feu de l’enfer. Il a
retrouvé son carburant, le « hwyl »
(prononcer « oïl »), un mot intraduisible, qui désigne un état d’esprit. Dans Garthowen (1899), la
romancière Allen Raine le définit
comme « un don particulier »,
« une inspiration extatique soudaine». En rugby, sport qui règne sans
partage au Pays de Galles, le
« hwyl » requiert une parfaite
condition physique, mais aussi un
tempérament, sinon une disposition pour générer enthousiasme,
ferveur et émulation collective.
« C’est notre manière de jouer au
rugby et celle qu’a le public de nous
soutenir », expliquait le centre
Tom Shanklin, contraint, en raison
de blessures, de prendre sa retraite
avant le Mondial.
Le « hwyl » a connu deux âges
d’or. Le préhistorique, consécutif à
l’invention par les Gallois du système à quatre trois-quarts, leur a permis de dominer le rugby européen
audébutduXXe siècleetderemporterlepremiergrandchelemen 1911.
La référence la plus encombrante
reste les années 1969-1979 avec pas
moins de huit Tournois des cinq
nations remportés. Cardiff ne pensait jamais guérir de sa nostalgie
pour ses « quatre fantastiques «,
Gerald Davies, J. P. R.Williams et les
deux fils de mineurs, Barry John et
Gareth Edwards, statufié dans le
centre-ville.
Cette génération semblait indépassableà mesureque le rugbygal-
lois, né avec la révolution industrielle, périclitait dans les années
1980 pendant que les mines fermaient une à une. Régulièrement
désolants en Coupe du monde, les
Diables rouges n’ont enrayé durablementle déclinqu’àpartirde l’arrivée du sélectionneur néozélandais Warren Gatland en
2008, sitôt concrétisée par un
grand chelem.
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Des grands anciens, les jeunots
Sam Warburton, Rhys Priestland,
Leigh Halfpenny ou George North
seraient donc les lointains héritiers, voire mieux. « On ne craint
plus personne aujourd’hui », affirme leur entraîneur technique Neil
Jenkins. A commencer par les
tenants du « French flair » que le
« hwyl » entend bien brider. p
Bruno Lesprit
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Marie-Gabrielle Denizet-Valot,
Marie-Cécile (†)
et Jean-Louis Gay, (†),
Marie-Françoise
et Jean-Pierre Boust,
Marie-Laure Denizet (†),
Rémi Denizet (†),
Bénédicte Denizet,
Marie-Geneviève Denizet,
Marie-Dominique Meyer,
Vicenta Denizet et Jacques Noels,
ses enfants,
Ses quatorze petits-enfants,
Ses neuf arrière-petits-enfants
Et les familles Denizet et Perron,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Jean DENIZET,
née Annette PERRON,
LL*
"+ /#%$(*(1!$(* 0'(0.+$($, %.&! 0.-!+0,)
AU CARNET DU «MONDE»
Naissances
Milo
est heureux de faire part de la naissance de
sa sœur
Nina,
survenu le 5 octobre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-treize ans.
Elle a rejoint dans la paix son époux,
Jean DENIZET,
officier de la Légion d’honneur.
La cérémonie religieuse a été célébrée
le mardi 11 octobre, à 10 heures, en
l’église Saint-André de l’Europe, 24 bis,
rue de Saint-Pétersbourg, Paris 8e.
Cet avis tient lieu de faire-part.
à Paris, le 20 septembre 2011.
Laura Matesco et Stefano Ferri.
[email protected]
Paule et Joannes PARRACONE,
Martine et Alain TARDIVEAU,
ses grands-parents
Valérie PARRACONE
et Michaël TARDIVEAU
ses parents,
ont la joie d’annoncer la naissance de
Famille Denizet,
48, rue de Moscou,
75008 Paris.
Reza Majd,
son époux,
Juan et Shahrzad Benet,
Alexandre et Shaun Benet,
ses fils et belles-filles,
Tanya, Alexandra, Teymour, Charles,
ses petits-enfants
Et toute la famille Farmanfarmaian,
ont la tristesse de faire part du décès de la
Sacha,
princesse Leila
FARMANFARMAIAN MAJD,
le 9 octobre 2011, à Paris.
Anniversaire de naissance
Il fallait bien que l’on dise au Monde
l’immense bonheur et la fierté de t’avoir.
A tes vingt ans,
survenu le lundi 3 octobre 2011.
Les obsèques auront lieu le vendredi
14 octobre, à 16 heures, au cimetière
du Montparnasse, 3, boulevard EdgarQuinet, Paris 14e.
Romy,
à la belle vie que tu mérites, à tes bonheurs
et à l’amour infini que l’on te porte.
Ta maman et ton papa.
Décès
Téodor COSMA,
pianiste et chef d’orchestre,
grand officier de l’ordre du Mérite
Culturel Roumain,
s’est éteint dans sa cent deuxième année,
le 6 octobre 2011.
Un hommage lui sera rendu, le vendredi
14 octobre, à 15 h 15, au crématorium du
cimetière du Père-Lachaise, salle Mauméjean.
De la part de
Vladimir,
son fils,
Brigitte,
sa compagne,
Michel,
son petit-fils
Et de tous ses proches.
Jeannine Czerny,
son épouse,
Boris, Lydia, Igor,
ses enfants
Denise GENCE
est décédée le 28 septembre 2011,
à Paris.
L’inhumation a eu lieu à Vouvray
(Indre-et-Loire), près des siens.
(Le Monde du 5 octobre.)
Jean Hany,
son époux,
Olivier Riffaud-Longuespé et Agnès,
Philippe Riffaud-Longuespé
et Marianne,
Eric Hany et Sabine,
ses enfants,
Robin, Alexis, Florian, Baptiste
et Romain,
ses petits-enfants,
ont l’immense douleur de faire part de la
disparition de
Nicole HANY,
née LONGUESPÉ,
historien de l’art,
conservateur honoraire
des antiquités et objets d’art,
docteur en histoire de l’art,
docteur en histoire,
ancienne élève de l’École du Louvre,
chevalier
dans l’ordre des Arts et des Lettres,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean CZERNY,
physicien au CEA,
survenu le 9 octobre 2011,
dans sa soixante-dix-neuvième année.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Le président de l’université
Paris-Sorbonne
Et l’ensemble de la communauté
universitaire,
ont la tristesse de faire part du décès de
François-Georges DREYFUS,
professeur émérite
d’histoire contemporaine,
survenu le 24 septembre 2011.
La direction générale
d’Electricité de France,
Ses collègues et amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean GALLAND,
directeur délégué du service
des énergies insulaires à EDF,
survenu le 4 octobre 2011,
à l’âge de cinquante-neuf ans.
Ils expriment à sa famille leurs
sentiments de condoléances.
Electricité de France,
22-30, avenue de Wagram,
75008 Paris.
survenue le 1er octobre 2011, à Troyes,
dans sa soixante-dix-huitième année.
La cérémonie religieuse a eu lieu le
4 octobre, en la cathédrale Saint-Pierre
et Saint-Paul de Troyes.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
« Je vois les reflets d’une aurore
dont je ne verrai pas se lever le soleil.
(...) après quoi je descendrai hardiment,
le crucifix à la main, dans l’éternité. »
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe,
Livre XLII.
21, rue Jean-Louis Delaporte,
10000 Troyes.
Cruis (Alpes-de-Haute-Provence).
Danielle,
sa compagne,
Virginie,
sa fille,
Arnaud,
son fils
et son épouse, Armelle,
Victor,
son petit-fils,
Olivier,
son beau-fils,
ont la douleur de faire part du décès de
Jean-Jacques LEDUC,
survenu le 30 septembre 2011.
Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité
familiale.
Dijon. Montmirey-la-Ville (Jura).
M Gabrielle Lefranc,
son épouse,
Marc, Dominique, Anne
et leurs conjoints,
ses enfants,
Aurélie, Alexandre, Charles,
Coralie, Maëva,
ses petits-enfants,
Ses beaux-frère, Belle-sœur,
Ainsi que toute la famille,
me
ont la tristesse de faire part du décès du
colonnel (e.r.)
Robert LEFRANC,
commandeur de la Légion d’honneur,
survenu le 9 octobre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-dix ans.
Les obsèques auront lieu en l’église
Sainte-Jeanne-d’Arc de Dijon, le jeudi
13 octobre, à 10 heures, suivies de
l’inhumation au cimetière de Montmireyla-Ville, à 15 heures.
Condoléances sur registre.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
24, rue de Gray,
21000 Dijon.
Martine Lopera,
son épouse,
Ses enfants,
Ses petits-enfants,
ont la douleur de faire part du décès de
M. Jean-Pierre LOPERA,
survenu le 10 octobre 2011,
à l’âge de soixante-sept ans.
L’inhumation aura lieu le vendredi
14 octobre, à 14 h 45, au cimetière Nord
de Clichy, rue du Général Roguet.
M Martine Lopera,
4, rue Gaston Paymal,
92110 Clichy.
me
Hedda Faucheux,
sa compagne,
Annie Laffillé-Mayer,
sa fille,
Alexis Laffillé,
son petit-fils
Et toute sa famille,
ont la profonde tristesse de faire part
du décès de
Jacques Daniel MAYER,
survenu le 3 octobre 2011,
à Arith (Savoie),
dans sa quatre-vingt-quinzième année.
Selon sa volonté, les obsèques ont été
célébrées dans l’intimité.
Hedda Faucheux,
Les Labies,
73340 Arith.
Annie Laffillé-Mayer,
111, rue de Reuilly,
75012 Paris.
Daniel Martina,
président de l’université d’Angers,
L’équipe de direction
Et tous les personnels
de l’université d’Angers,
ont la douleur de faire part du décès de
M. Gérard MOGUEDET,
professeur en géographie physique,
premier vice-président
de l’université d’Angers
et ancien doyen
de la Faculté des sciences.
Ils souhaitent, par cet avis, témoigner
à sa famille, à ses amis et à ses proches
leur profonde tristesse.
La cérémonie religieuse a eu lieu
le mardi 11 octobre 2011.
Un hommage de la communauté
universitaire lui sera rendu vendredi
14 octobre, à 16 h 30, à la faculté
des sciences de l’université d’Angers.
M. Bruno Le Maire,
ministre de l’Agriculture,
de l’Alimentation, de la Pêche,
de la Ruralité et de l’Aménagement
du Territoire,
a la tristesse de faire part du décès,
à l’âge de soixante-quatorze ans, de
Jean MOULIAS,
chef du service de l’Inspecteur général
de l’Agriculture honoraire,
officier de la Légion d’honneur,
chevalier de l’ordre national du Mérite,
commandeur du Mérite agricole,
ancien directeur général de la SOPEXA,
ancien directeur général de l’ONIC.
M. Claude Bonnard
son époux,
Julien et Raphaëlle, Agnès, Jean,
ses enfants,
Romain et Marion, Mathilde, Samuel,
Luc,
ses petits-enfants,
Maryse Bonnard,
sa belle-fille,
Claire, Anne et Ky-Vong, Denis
et Fabienne, Thérèse et Damon, Clément,
ses beaux-enfants
Axel et Matthieu, Marie, Gabrielle,
Adam,
ses beaux-petits-enfants,
Mme Claude Plancke,
sa sœur,
Richard, Bruce,
ses neveux
et leur famille.
Yvon et Andrée Terdjman,
Bruno et Marianne, Muriel,
Sophie et Patrice, Eric et Michal
Marc et Catherine Terdjman,
Corinne et Olivier,
Gaëlle et Guillaume, David et Amy
Gabriel et Françoise Terdjman,
Boris, Karen et Pascal, Sarah et Patrig
Patricia Terdjman,
Brice et Elodie, Sandra, Thomas,
Emmanuel Terdjman,
ses enfants et petits-enfants,
ses arrière-petits-enfants
Et toute la famille,
ont la tristesse de faire part du rappel
à Dieu, survenu le 18 septembre 2011, de
survenu le 7 octobre 2011, à son domicile,
à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans.
Mme Rosine BONNARD,
née PLANCKE.
La messe et l’inhumation ont eu lieu en
présence de la famille, d’anciennes
collègues sages-femmes et d’amis.
Le président
Et les membres du conseil
de la Société française d’onomastique,
ont l’immense tristesse de faire part
du décès de
Mme Marianne MULON,
membre fondateur
de la Société.
M. Charles Saül
TERDJMAN,
79, boulevard Exelmans,
75016 Paris.
Crozon-Morgat (Finistère).
Mme Marcelle Richon,
son épouse,
M. et Mme Jean-Luc Richon,
ses enfants,
Camille,
sa petite-fille,
ont la douleur de faire part du décès de
M. Roger RICHON,
ingénieur des travaux
de la météorologie,
professeur à l’Ecole navale,
survenu le 8 octobre 2011,
à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
Une cérémonie d’adieu aura lieu
le vendredi 14 octobre, à 14 h 30,
en l’église de Crozon (Finistère), suivie
de l’inhumation au cimetière de la
commune.
Aline Rousseau,
son épouse,
Mélanie et Anthony,
Bastien et Sandrine,
Benoit et Anne Sophie,
Thomas et Ilona,
ses enfants et petits-enfants,
Marie Thérèse Gaud
et Pierre Rousseau,
ses parents,
Dominique Rousseau et Robert Petit,
Michel et Marie-Anne Rousseau,
Christian et Sophie Rousseau,
Paul et Julia Rousseau,
Blandine et Laurent Bousquet,
ses frères et sœurs,
leurs enfants et petits-enfants,
ont l’infinie tristesse de faire part
du décès de
François ROUSSEAU,
docteur de l’École polytechnique
en sciences de gestion,
titulaire de la chaire d’économie sociale
de la Reims Management School,
président du conseil scientifique
de l’Observatoire régional de l’économie
sociale et solidaire de PACA,
chercheur associé au Centre de recherche
en gestion de l’École polytechnique PREG - UMR 7176 du CNRS,
membre du conseil scientifique
de l’Association pour le développement
de la documentation
sur l’économie sociale,
survenu le 7 octobre 2011.
Une cérémonie sera célébrée
le vendredi 14 octobre, à 15 heures, au
crématorium du cimetière du PèreLachaise, Paris 20e.
Selon ses souhaits, ni fleurs ni
couronnes, mais vous pouvez manifester
votre soutien à l’Institut de cancérologie
Gustave Roussy sur le site :
www.donner-igr.com
Ils rappellent le souvenir de son fils,
Serge TERDJMAN,
décédé accidentellement le 29 janvier
2006.
Cet avis tient lieu de faire-part.
20, jardins Boieldieu,
92800 Puteaux.
« Nos morts ne nous apprennent
rien d’autre sinon qu’on les aimait.
Ils ne nous donnent rien, sinon la vie pour
laquelle on les pleure à jamais,
eux qui ont su aimer
et qui furent si vivants. »
Tous ceux qu’elle a enchantés se
souviennent.
Sa famille
Et ses amis.
Le troisième concert à sa mémoire
sera donné le samedi 15 octobre,
à 20 heures, au Temple Saint-Marcel,
24, rue Pierre-Nicole, Paris 5e (Brahms Debussy - Faure - Poulenc - Rachmaninoff
- Rossini).
Confirmez votre présence à l’adresse :
[email protected]
Souvenirs
Souvenez-vous !
chevalier de l’ordre du Mérite maritime,
nous quittait.
De la part de
Françoise Gorin, Micheline Saldo,
Dominique Hernu, Nancy et Alain
Delletery, Anita et Bernard Tetreau,
ses enfants
Ses petits enfants et arriere petitsenfants.
Les obsèques ont eu lieu dans l’intimité
familiale.
Joël Thoraval,
son mari,
Nasser et Pouran Abbaszadeh,
ses parents,
Leurs familles et amis,
Messe anniversaire
Il y a vingt-cinq ans,
Anne CELLIER
nous quittait tragiquement.
Communications diverses
ont la douleur de faire part du décès de
Soussane THORAVAL,
née ABBASZADEH,
survenu le 1er octobre 2011.
190, rue de Vaugirard,
75015 Paris.
Le 26 septembre 2011,
dans sa soixante-douzième année,
Claude TISSIER,
directeur du Travail honoraire,
chevalier dans l’ordre national du Mérite,
est décédé à son domicile.
6, rue Maryse Bastié,
69008 Lyon.
Remerciements
Nîmes. Rousses. Paris.
L’Institut du chiffre et du droit
organise un week-end patrimonial
à Paris, le vendredi 11
et samedi 12 novembre 2011.
Douze heures de formation
sur les thèmes entreprise libérale
et gestion de patrimoine familial.
« Aucun principe n’oblige un
contribuable à payer le maximum possible
d’impôts et de cotisations sociales »
professeur Maurice Cozian,
sous la présidence du docteur
Jean-Jacques Saragoussi, avec des
conférenciers et animateurs prestigieux :
Claude Abrial, Géraud Chambeiron,
Philippe Dietrich, Rémi Dumas,
Henri Hovasse, Philippe Rebattet,
Philippe Reigne, Thierry Revet.
renseignements et inscriptions :
Mme Jocelyne Deperrier,
Tél. : 06 18 99 14 35
Fax. : 01 47 01 12 87
courriel : [email protected]
Faculté de consulter gratuitement :
http://www.buzdig.com/icd
http://buzdig.com/icd/gpm
Assemblée générale
Jacqueline, Véronique, Bruno
Ainsi que toute leur famille,
remercient chaleureusement pour
l’affection qu’ils leur ont témoignée, tous
ceux qui se sont associés à leur peine lors
du décès de
Robert MEYNADIER.
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"!.%0& (!'% 20
#)& &)$%0*!*40&
20 %1-&03
20 ,/,).'0+
'&2-3 ?899 ! -. "
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[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 33 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 10:01 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
Il reste dans le cœur de sa famille,
ses amis et ses collègues.
Une messe anniversaire sera célébrée
en son nom, le 14 octobre 2011,
à 18 h 30, en l’église Notre-Dame
de Consolation, 23, rue Jean Goujon,
Paris 8e.
Moulin de l’Aubier,
17450 Fouras.
journaliste, photographe,
né en Turquie,
fondateur de l’agence Sipa Press,
chevalier de la Légion d’honneur,
Dix ans déjà ! Le 13 octobre 2001,
Jean Paul SANDOZ
a refermé le grand livre de sa vie,
dimanche 2 octobre 2011,
dans sa cent deuxieme année.
Göksin SIPAHIOGLU,
Un hommage lui sera rendu le jeudi
13 octobre, à 11 heures, au théâtre de
l’Odéon, Paris 6e.
(Le Monde du 7 octobre.)
pianiste.
Goldka LANGBORT.
Robert, Pierre, Louis TETREAU,
40, rue Jean Jaurès,
94510 La Queue-en-Brie.
survenue le 5 octobre 2011,
à l’hôpital Américain,
à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
Hélène CALEF,
Le dimanche 9 octobre 2011, est le
treizième anniversaire du départ de
Cet avis tient lieu de faire-part.
Phyllis Springer Sipahioglu,
son épouse,
Besi Cecan,
sa sœur,
Ayhan Cecan,
son beau-frère,
Nazan,
sa nièce,
Ipek et Yasemin,
ses petites-nièces,
Ziya et Tunc Cecan,
ses neveux,
Il y a trois ans, le 12 octobre 2008,
disparaissait,
Elle continue d’habiter nos vies.
Les obsèques ont eu lieu, pour des
motifs religieux, le jour même, au cimetière
nouveau de Puteaux
Cet avis tient lieu de faire-part.
ont la douleur d’annoncer la disparition de
Ses obsèques ont eu lieu le 9 octobre
2011, dans l’Aude, dans la stricte intimité
familale.
ont la douleur de faire part du décès de
Anniversaire de décès
Le centre international
de recherche et de développement
de l’haptonomie
réunira le 6 novembre 2011,
à partir de 9 h 30,
son assemblée générale
dans ses locaux,
9 bis, villa du Bel Air,
Paris 12e.
34
météo & jeux
< -10°
-5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
5 à 10°
25 km/h
16 17
15 km/h
12 18
Caen
Brest
Rennes
1Strasbourg
010
13 16
101
5
Paris
25
10
10 18
11 20
Lyon
Barcelone
Barcelone
1020 Madrid
12 19
Lisbonne
Lisbonne
Séville
Grenoble
9 18
13 23
15 21
Montpellier
12 25
Nice
Marseille
16 27
17 24
17 26
Saint Géraud
Coeff. de marée
Nord-Ouest
Ile-de-France
Nord-Est
Sud-Ouest
Sud-Est
Samedi
14 24
Lever 19h17
Coucher 09h37
Aujourd’hui
Vendredi
Nous resterons sous l'influence de
12 17
l'anticyclone avec beaucoup d'humidité
présente en basses couches. Celle-ci se
traduira par un ciel bien gris sur la moitié
9 20
Nord avec par moments quelques
bruines ou des pluies vers l'Alsace. On
ira vers l'amélioration l'après-midi et
surtout le soir sur ces régions avec
10 23
quelques éclaircies dans une ambiance
douce. Ailleurs, le soleil dominera
facilement avec un mercure estival.
Jours suivants
Ajaccio
60 km/h
Lever 08h06
Coucher 19h04
83/84
4
18
9
17
6
18
5
19
8
19
3
16
1
18
3
18
8
27
8
24
10
24
10
23
9
24
10
23
8 16
12 18
5 16
7
18
8 19
9 25
15 22
3
4
5
largement dégagé 9
beau temps
19
largement dégagé20
souvent dégagé 10
largement dégagé 5
éclaircies
10
averses locales 12
éclaircies
11
averses modérées 8
beau temps
9
souvent dégagé 10
éclaircies
8
éclaircies
3
souvent dégagé 17
souvent dégagé 6
20
beau temps
20
beau temps
souvent dégagé 8
souvent dégagé 16
souvent dégagé 10
15
beau temps
7
forte pluie
largement dégagé18
2
beau temps
souvent dégagé 6
pluie modérée 10
6
7
8
9
14
23
26
17
13
15
16
15
15
11
14
14
7
20
11
22
31
18
17
14
30
8
25
10
11
11
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
7
averses locales
19
risque orageux
8
averses locales
largement dégagé 3
7
éclaircies
souvent dégagé 16
6
souvent dégagé
averses modérées 8
4
souvent dégagé
10
très nuageux
10
25
24
7
8
24
10
13
9
15
Alger
18
beau temps
Amman
12
beau temps
Bangkok
26
risque orageux
Beyrouth
largement dégagé 22
Brasilia
20
risque orageux
Buenos Aireslargement dégagé 14
Dakar
28
beau temps
Djakarta
souvent dégagé 25
Dubai
beau temps
29
Hongkong risque orageux
25
Jérusalem beau temps
12
Kinshasa
risque orageux
24
Le Caire
beau temps
19
Mexico
pluie modérée
15
Montréal
forte pluie
12
Nairobi
averses locales
16
30
23
31
26
28
20
29
31
35
28
21
30
28
20
14
25
Dans le monde
Jérusalem
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beau temps
24 35
orageux
21 24
averses locales 14 21
largement dégagé15 27
beau temps
13 27
risque orageux 23 32
souvent dégagé 8 21
souvent dégagé 26 32
éclaircies
15 18
beau temps
19 28
averses locales 17 22
beau temps
19 28
risque orageux 21 24
éclaircies
13 15
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
risque orageux 25 31
largement dégagé28 31
largement dégagé21 24
beau temps
25 27
largement dégagé25 30
averses locales 22 25
Outremer
Météorologue en direct
au 0899 700 703
8
6
9
5
8
9
1
6
4
8
7
1
5
9
2
3
5
9
1
3
8
2
7
4
6
2
7
3
9
4
6
8
1
5
3
5
7
4
2
8
1
6
9
8
6
4
1
9
7
5
3
2
1
2
9
6
5
3
4
8
7
4
3
6
5
7
1
2
9
8
7
1
2
8
3
9
6
5
4
9
8
5
2
6
4
3
7
1
Moyen
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
3
6 5
7
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
2
7 8
5 6 seule fois par ligne,
par colonne et par
7 6
2
3 carré
de neuf cases.
Réalisé par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com)
4
VI
VII
VIII
IX
9
3
2
Euro Millions
X
Verticalement
1. Artiste contemporain. 2. Longue
lame. Associe. 3. Fait de l’effet.
Lumières de la ville. 4. Fait les
pompes. Mit de côté. 5. A fait
toute la lumière. Coup de froid en
remontant. 6. Partie de la partie.
Gros points en attendant mieux.
7. Assure la circulation. Station
d’épuration. 8. Pour retrouver la
bonne page. Donne le ton. 9. Dieu
solaire. A étudier avant de passer
commande. 10. De l’épaule au
coude. Fait boule-de-neige.
11. Bien plus cher quand il est
petit. Myriapode sensible au
toucher. 12. Otent toute énergie.
Philippe Dupuis
Verticalement
1. Grosso modo. 2. Recoupages.
3. If. Armât. 4. Fouille. Le. 5. Fuit.
Néo. 6. Ol. Sforp (profs). 7. Nord.
Eut. 8. Niées. Raja. 9. Erg. Avisas.
10. Lasso. Lt. 11. Suais. Aï.
12. Entrecoupé.
Courriel
Politique Président « normal »
Je ne suis pas d’accord avec la tribune de Jean-Louis Schlegel « La République a-t-elle vraiment besoin d’un président “normal”? » (Le Monde du
6 octobre). Après avoir reconnu les outrances, la vulgarité, les violences
verbales de M. Sarkozy, « sans parler des échos off » comme il dit, le philosophe prête au personnage des capacités d’action dans les circonstances
exceptionnelles, notamment au plan extérieur, capacités dont serait
incapable un président « normal » comme François Hollande. Non,
M. Schlegel, c’est précisément cette logique permanente et haineuse de
l’affrontement envers les journalistes, les magistrats, les policiers, les
enseignants, les syndicats, etc. qui rend non seulement notre président
indigne des fonctions qu’il occupe et mais qui le porte à des actions
contestables. Madame Merkel et tant d’autres font face, sans avoir de
dérivescomportementaleset sans être privés du « surmoi » si bien analysé par Franz-Olivier Giesbert dans son livre Monsieur le Président.
Paul Helms, Barr (Bas-Rhin)
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
Solution du n˚11-243
7
1
A l’heure où nos itinéraires sont téléguidés par le truchementnumérique, l’historien néerlandais René Voorburg, archiviste à la bibliothèque
royale de La Haye, vient agrémenter nos déplacements d’un planificateur d’itinéraire numérique basé sur la table de Peutinger. Egalement
appelée carte des étapes de Castorius, c’est une copie du XIIIe siècle
d’une carte romaine où figurent les routes et près de 2 000 villes de
l’Empire romain, vers l’an 300 de notre ère. (Omnesviae.org/fr)
« Partez à l’aventure et préparez votre voyage ». Pour quel iter vestrum opter ? « Vous voulez savoir par où passaient nos ancêtres lorsqu’ils
allaient sur la Côte d’Azur ? » Très bonne suggestion pour laquelle je
m’apprête à solliciter illico le moteur de recherche. Au « ab », je renseigne Paris, au « ad », Marseille, et je prends connaissance du « chemin le
plus court » entre Luteci et Masilia Grecorum, séparées par CDLXII milles romains. Sachant qu’un mille romain équivaut à 1 482 mètres, le parcours s’étend sur 685 km, contre 663km aujourd’hui. Mais la France n’a
pas pour autant rétréci, me dis-je un brin amusée. Ce qui n’est pas le cas
des temps de trajet : 31 jours me seront nécessaires pour rallier Marseille. Une carte m’indique le tracé à suivre et ses villes-étapes: intrigant détour que celui qui va de Condate (Montereau-Fault-Yonne) à Riobe (Châteaubleau) pour redescendre sur Agetincum (Sens)… Est-il un
passage obligé pour franchir le fleuve Riger ou se justifie-t-il par la présence de quelque escale gourmande?
Les chemins mènent-ils tous à Rome ? Encore me faut-il saisir
«roma» et non « rome » si je ne veux pas me frotter de nouveau à ce provocant « error : “rome” was not found» qui raye sans états d’âme la capitale de l’Empire de la surface de la terre. Un dernier périple encore, au
départ de Rome jusqu’à la ville indienne de Magaris (près de l’actuelle
Cuttack), cité la plus orientale de l’Empire. 202 jours à pied pour l’atteindre? Autant dire que vous n’êtes pas près de me revoir ! p
Les soirées télé
10 1 1 12
V
I. Griffonneuse. II. Refouloir. Un.
III. Oc. Ui. Réglât. IV. Solitude. Air.
V. Su. Sasse. VI. Opalisé. Vs.
VII. Mare. Furioso. VIII. OGM.
Notas. IX. Dealer. Jalap.
X. Ostéoplastie.
Beyrouth
Sudoku n˚11-244
IV
Horizontalement
Ankara
1015
Athènes
DDD<F7C@B87<6=;FI:7
III
Solution du n° 11 - 243
Istanbul
()8&%7 62)6,83% '5/0,
3%.*.%'8 $# 1*,1/.% '4- #+!"+ -).
II
Horizontalement
Bucarest
Le Caire
I
I. Deux lettres lui suffisent pour
tout rapporter. II. Victime de
lanceurs fanatiques. Pour passer à
l’attaque et assurer la défense.
III. A prendre avec modération,
même entre amis. Descend du
jura. IV. A éviter s’ils sont tristes.
Remplissent les dictionnaires.
V. Indispensable au joueur de golf.
Marque sur le manuscrit.
Egouttoir. VI. Finir à la fin.
Gardien des bandes. Pas croyable.
VII. A payer avant de choisir.
Gêna. VIII. En Asie Mineure.
Possessif. IX. Libre quand elle est
privée. Personnel. X. Sur la bonne
voie pour devenir centenaires
Odessa
JA >EHJ?G
Motscroisés n˚11-244
2
101
5
Budapest
("*%)*"$ !#'*)&*!+$
Les jeux
1
Thalweg
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
Dimanche Lundi
5
18
Front froid
Occlusion
0
Tripoli
Tripoli
Dépression
Front chaud
En Europe
20 29
D
Kiev
Espagne Encore de la chaleur à Madrid avec 30 degrés !
Perpignan
Températures à l’aube 1 22l’après-midi
Anticyclone
Rabat
101
Sofia
Rome
Tunis
Tunis
Alger
A
Toulouse
D
5
Varsovie
Zagreb
Belgrade
Milan
5 16
Bordeaux
Biarritz
Munich Vienne
Chamonix
Clermont-Ferrand
Limoges
Berne
1025
10 18
13 20
Prague
Bruxelles
100
Minsk
Berlin
Amsterdam
10 17
Dijon
Poitiers
20 km/h
Londres
D
Moscou
Copenhague
1030
Dublin
10 Besançon
20
10 20
Riga
Edimbourg
11 15
St-Pétersbourg
Stockholm
A
1000
Metz
12 19
25 km/h
C’est tout Net! Marlène Duretz
> 35°
Helsinki
Oslo
990
11 18
Orléans
13 19
Nantes
30 à 35°
Jeudi 13 octobre 2011
Itinérance
980
Châlonsen-champagne
13 19
14 18
14 18
25 à 30°
Reykjavik
D
12 18
PARIS
20 à 25°
www.meteonews.fr
Amiens
Rouen
15 à 20°
13.10.2011 12h TU
Lille
Cherbourg
10 à 15°
En Europe
Jeudi 13 Octobre
Mitigé au Nord, du soleil au Sud
12 18
0123
écrans
Résultats du tirage du mardi 11 octobre.
1, 4, 12, 16, 48, 9 e et 10 e
Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ;
5 numéros et e : 228 127,80 ; 5 numéros : 63 368,80 ¤ ;
4 numéros et e e : 6 555 ,30 ¤ ; 4 numéros et e : 196,60 ¤ ;
4 numéros : 85,20 ¤ ;
3 numéros et e e : 91,60 ¤ ; 3 numéros et e : 15,80 ¤ ;
3 numéros : 11,00 ¤ ;
2 numéros et e e : 29,30 ¤ ; 2 numéros et e : 8,70 ¤ ;
2 numéros : 3,70 ¤ ; 1 numéro et e e : 15,60 ¤.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions
datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.
Tous les jours Mots croisés et sudoku.
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
télécopieur : 01-57-28-21-21
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Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/
Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤
Internet : site d’information: www.lemonde.fr
finances : http://finance.lemonde.fr
Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr
Documentation : http ://archives.lemonde.fr
Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
Mercredi 12 octobre
TF 1
20.50 Mentalist.
Série. Plus rien à perdre (S3, 13/24, inédit) U.
Trou noir U. Esprit, es-tu là ? (S2, 3 et 5/23).
23.20 Dexter.
Série. Droit devant. Ame sœur (S2, 11 et 12/12,
inédit). Avec Michael C. Hall V (110 min).
FRANCE 2
20.35 Des paroles et des actes :
le débat des primaires.
Martine Aubry - François Hollande. Débat
présenté par David Pujadas, avec Fabien
Namias, Patrick Cohen et Françoise Fressoz.
22.15 Avant-premières.
Invités : Michel Hazanavicius, Bérénice Bejo,
Bruno Solo, Danièle Delorme, Miossec.
0.05 Journal, Météo.
0.20 Des mots de minuit (90 min).
FRANCE 3
20.35 Histoire immédiate.
La Face cachée d’Hiroshima. 22.05 Débat.
22.30 Soir 3.
23.00 L’Ombre d’un doute.
Jack l’Eventreur : son vrai visage (70 min) U.
CANAL +
20.50 Soirée Citizen Gay.
Harvey Milk ppp Film Gus Van Sant. Avec Sean
Penn, Emile Hirsch (Etats-Unis, 2008) U.
22.55 Outrage. Documentaire (2009, v.o.) U.
0.25 Marga
Film Ludi Boeken. Avec Veronica Ferres, Armin
Rohde, Lia Hoensbroech (All., 2009, 95 min) U.
ARTE
20.40 Les Mercredis de l’Histoire.
Les Combattants de l’ombre. [1 et 2/6].
Les Difficiles Débuts de la Résistance (1939-1941).
La Résistance s’organise (1941-1942).
22.25 Le Dessous des cartes.
A quoi sert l’intelligence économique? Magazine.
22.40 Delta pp
Film Kornél Mundruczó. Avec Felix Lajko,
Orsolya Tóth, Lili Monori (Hongrie, 2008, v.o.).
0.10 La Lucarne - People,
I Could Have Been and Maybe Am.
Documentaire (2010, v.o., 55 min).
M6
20.45 D & CO, une semaine
pour tout changer. Magazine (275 min).
[PAGE: LE_MONDE - LE_MONDE - 34 - 13/10/11] [IMPRIMEE LE: 12/10/11 09:34 PAR: FONTENIER] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL
Jeudi 13 octobre
TF 1
20.50 MasterChef. Episode9 (S2).
23.25 « MasterChef » se met à table.
0.35 New York police judiciaire.
Série. Seule issue V. Dans le noir U (saison 18,
1 et 2/18). Avec Sam Waterston (95 min).
FRANCE 2
20.35 Envoyé spécial.
Au sommaire : Le Boum des césariennes ;
Robert Badinter, l’épris de justice.
22.50 Infrarouge - Françafrique.
[1 et 2/2]. La Raison d’Etat. L’Argent roi.
Documentaire (2010, 100 min) U.
FRANCE 3
20.35 Vipère au poing
Film Philippe de Broca. Avec Catherine Frot,
Jacques Villeret, Jules Sitruk (Fr. - GB, 2004).
22.30 et 1.40 Soir 3.
23.00 Les Hauts Murs
Film Christian Faure. Avec Emile Berling (2008) V.
0.35 Libre court. Magazine (65 min).
CANAL +
20.50 The Event.
Série. Je sais qui tu es. Pour le bien de notre pays
(S1, 7 et 8/22, inédit). Avec Blair Underwood U.
22.15 Shameless. Série (S1, 5/12) U.
23.00 Mad Men. Série (S4, 7/13, inédit).
23.45 The American p
Film Anton Corbijn. Avec George Clooney,
Thekla Reuten (Etats-Unis, 2010, 105 min) U.
ARTE
20.40 Duel pp
Film Steven Spielberg. Avec Dennis Weaver,
Jacqueline Scott, Carey Loftin (EU, 1971).
22.10 Wolfgang Amadeus Phoenix.
Documentaire (2011, v.o.).
23.00 Tracks. Magazine.
23.55 Bucktown p
Film Arthur Marks. Avec Fred Williamson, Pam
Grier, Thalmus Rasulala (EU, 1975, 95 min, v.o.).
M6
20.45 Bones.
Série. Tous pour un (saison 6, 23/23, inédit) U.
Les Messagers. Les diamants sont éternels
(S5, 1 et 2/22) U. Pris pour cible V. Chasse
au trésor U (saison 1, 15 et 16/22).
1.00 Journeyman. Série. L’Homme du futur.
Coup de poker (saison 1, 6 et 7/13, 95 min).
0123
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Jeudi 13 octobre 2011
Le Brésil aussi
a ses indignés
Lettre d’Amérique du Sud
Nicolas Bourcier
I
l a 63 ans, Marcelo Medeiros, et beaucoup d’illusions en berne. Patron
d’une petite société de téléphonie à
Rio, ce grand homme aux cheveux blancs
et à la parole aimable dit n’avoir jamais
participé de toute sa vie à un mouvement
de protestation, ni voté pour Lula.
Membre de la vieille classe moyenne
carioca, plutôt à l’aise dans son quartier
de Leblon, un des plus chics de la ville
avec son voisin d’Ipanema, il a traversé
les dernières décennies en gardant ses distances, sans un mot ou presque contre les
affaires de corruption qui ont périodiquement éclaboussé la classe politique et terni toujours un peu plus l’image qu’il se
faisait de l’élite au pouvoir.
Mais lorsque Antonio Palocci, chef de
la Maison civile – l’équivalent local du pre-
mier ministre –, a dû démissionner en
juin2011, accusé d’enrichissement personnel, suivi, quelques semaines plus
tard, par Alfredo Nascimento, le ministre
des transports, mis en cause avec une
trentaine de collaborateurs dans un vaste
scandale de détournement d’argent, le
sang de Marcelo n’a fait qu’un tour. « La
corruption est un sport national,
lâche-t-il, mais il n’avait jamais atteint
une telle ampleur. »
Au Clipper, un bistrot sans prétention
du quartier, où Marcelo retrouve quotidiennement une bande de copains du
même âge autour d’une bière, il lance sur
le vif l’idée d’une marche de protestation
contre « le vol et l’impunité». Maninho et
Ony, deux vieux compères, adhèrent
immédiatement au projet.
D’autres suivent. Une mailing-list est
créée. Et la date de la manifestation
fixée dans la foulée au 31 juillet, sur une
placette non loin de la plage. « Nous voulions secouer la passivité de nos concitoyens, dit-il. Même le quotidien espagnol El Pais s’était demandé pourquoi,
avec tant d’affaires, le Brésil n’avait pas
encore connu son mouvement des indignés. » Il ajoute, avec un large sourire :
« Au début, c’était un peu comme une farce, nous étions l’Armée de Brancaleone ! »
– une référence au film italien de Mario
Monicceli.
Au jour J, ils sont une cinquantaine à
répondre à l’appel ! C’est peu pour un
début. Mais suffisant pour garder le
moral de la petite troupe. D’autant que
les démissions au sein du gouvernement de la présidente Dilma Rousseff se
multiplient. Nelson Jobim, ministre de
la défense, s’en prend violemment dans
un entretien à deux membres du gouvernement et quitte son poste début août.
Le 17, Wagner Rossi, le ministre de
l’agriculture, chute à son tour pour trafic d’influence. Encore quelques jours et
« l’absolution » accordée par les députés
à Jacqueline Roriz, une élue du District
fédéral (Brasilia) compromise dans une
énième affaire de corruption, finit par
précipiter le mouvement.
Sur Facebook, un réseau créé notamment par Cristiane Maza, la cinquantaine sérieuse, entourée de deux jeunes étudiants hyperactifs, forme la caisse de
résonance. Les principaux quotidiens,
qui défendent très ouvertement leur préférence pour l’opposition, comparent le
mouvement naissant aux contestations
chiliennes et espagnoles ou aux révoltes
du monde arabe. « Nous n’avons pas de
porte-parole, aucun leader politique et
nous n’avons pas de solution à proposer
contre la corruption, explique plus simplement Marcelo. C’est aux dirigeants de
trouver rapidement des réponses à ce
fléau. »
Le 7 septembre, jour de fête nationale,
ils sont plus de vingt mille indignés à
descendre dans les rues du pays. Cer-
«Nous ne lâcherons pas.
Dilma a pour le moment
réagi avec vigueur
et fermeté. Mais tout le
monde sait que le chemin
est encore long, très long
pour nettoyer le système»
Marcelo Medeiros
tains jeunes ont le visage peint, à l’image du mouvement de citoyen de 2002
qui avait poussé à la démission le président Fernando Collor de Mello. Celui-ci,
après s’être un temps éloigné de la politique, avait fait un retour remarqué au
Congrès en se rapprochant du gouvernement Lula. « Autrefois, les mouvements
de contestation étaient portés par un par-
35
ti ou un syndicat, souligne Marcelo. Cela
n’a rien changé. Notre force, c’est d’être
éclectiques, citoyens et non partisans. »
A Brasilia, les organisateurs de la marche contre la corruption ont ainsi empêché les militants du parti Socialisme et
liberté (PSOL, extrême gauche) de
déployer leurs banderoles.
Certains politiciens connus pour leur
engagement contre la corruption ne se
sont pas joints aux défilés. « Ils ne nous
acceptent pas, regrette Alfredo Sirkis,
députés du parti Vert et auteur d’un projet de loi réformant le très complexe système électoral brésilien. C’est dommage,
il manque une dimension institutionnelle et stratégique dans ce combat. »
Le 20 septembre, Marcelo et sa troupe
n’ont rassemblé qu’à peine deux mille
personnes au cœur de Rio. Les médias en
avaient annoncé plus de trente mille.
Qu’importe pour Marcelo : « Nous ne
lâcherons pas. Dilma a pour le moment
réagi avec vigueur et fermeté. Elle a
demandé des comptes aux personnes
impliquées. Mais tout le monde sait que
le chemin est encore long, très long pour
nettoyer le système. »
Un nouveau rendez-vous est prévu ce
12 octobre. Marcelo veut croire qu’un
autre Brésil est possible. Et qu’il a déjà
commencé. Quel que soit le nombre d’indignés présents dans les rues. « Le pays
est neuf, nous avons tout à apprendre. »
Il n’a pas tort. p
[email protected]
C’est tout vu ! | Chronique télé
par Isabelle Talès
Des valises et des hommes
L
es hommes de l’ombre ne
sont décidément plus ce
qu’ils étaient. Prenez Ziad
Takieddine, l’intermédiaire francolibanais dont le nom a commencé
à apparaître bien avant le visage
dans les affaires de ventes d’armes
avec commissions, rétrocommissions et effet boomerang, eh bien,
on ne voit plus que lui. Quand il
n’est pas retenu dans le cabinet
d’un juge d’instruction, il accueille
les caméras de télévision chez lui.
C’est ainsi que, mardi 11 octobre,
on a reconnu sur France 2, dans
«Complément d’enquête», le canapé sur lequel il avait reçu Ruth Elkrief et BFM TV, le 29septembre,
pour la première des nombreuses
interviews « exclusives» qu’il a
données. Mais les plans serrés sur
les coussins de velours se sont élargis pour nous faire visiter l’hôtel
particulier de M.Takieddine, dans
le 16e arrondissement de Paris. Tentures rouges, colonnes et cheminée de marbre, escalier assez
monumental… C’est bien simple,
on a l’impression de ne pas être
sortis des appartements Borgia,
découverts la veille sur Canal+.
Et où nous emmène-t-il, là? Carrément dans la chambre conjugale? Mais oui… Au fond à droite, il y
a un placard, puis un mini-placard,
puis un coffre-fort… fracturé. Un
coup de son ex-femme, explique-t-il. Il montre aussi les étagères remplies d’albums reliés cuir. Il
en manque quelques-uns, ceux
d’où sont sorties les photos de ses
vacances avec des pontes de l’UMP
en bermuda.
A part ça, pas grand-chose, jusqu’à la fin du reportage, où l’image
devient soudain chahutée et le son
inaudible. Le journaliste nous
explique qu’il a fallu en venir à l’ultime extrémité, la caméra cachée,
au moment où l’homme d’affaires
mettait en cause de nouvelles personnalités. Trop bête! Mais
M.Takieddine promet de nouvelles révélations pour bientôt. Alors
on ne désespère pas, la prochaine
fois, de découvrir une nouvelle pièce de sa demeure – la salle de
bains, peut-être? –, ou de pouvoir
regarder sous le lit.
Dans la catégorie « hommes de
l’ombre», on a aussi vu les
« petits» porteurs de valises. L’un
d’eux, à visage découvert, refait
devant nous le trajet qu’il accomplissait entre le siège de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, en 1995, et la banque. La
manière dont il est filmé, en
On peut saisir ce que
peut éprouver une
valise: les secousses,
les passants à éviter,
la moiteur de la main
qui la porte…
contre-plongée, permet au téléspectateur de saisir au mieux ce
que peut éprouver une valise: les
secousses, les passants à éviter, la
proximité dangereuse du mur
qu’il faut raser, la moiteur de la
main qui vous porte… Epuisant!
Un autre « bagagiste», filmé de
dos cette fois, donne des détails
sur les méthodes du transport de
fonds occultes qu’il a tout l’air de
considérer comme l’un des beauxarts. «C’est lourd? », demande le
journaliste. «C’est agréable,
répond le dos, parce que vous
savez ce qu’il y a dedans…» N’empêche, ça doit quand même être du
souci. Il n’y a qu’à voir les valises
sous les yeux de M.Takieddine. p
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Ils ont rejoint ou soutiennent le mouvement Occupy Wall Street, à
NewYork ou dans d’autres villes américaines. Leurs motivations, revendications et attentes.
a Chat Pourquoi l’UMP lance-t-elle un courant humaniste ? Débat en direct, jeudi 13octobre à 14h 30, avec Jean Leonetti, minis-
en vente chez votre marchand de journauX
tre chargé des affaires européennes, membre de l’UMP et du Parti radical.
p Le Monde daté mercredi 12 octobre 2011 : uniquement sur Lemonde.fr1 2 3
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