Jigging à volonté
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Jigging à volonté
Jigging à volonté Texte & photos : Serge Fankhauser Alaska, Anchor Point, 7 juin 2006 au chant du coq. Armé avec mon matériel personnel, je suis prêt pour aller pêcher le halibut (flétan) au jig. Un voyage qui dure Après un vol Genève-Frankfurt Frankfurt-Withehorse le temps de faire monter quelques passagers et finalement Anchorage, je me précipite vers la compagnie de location Avis où j’avais auparavant réservé une voiture premier prix. Comme d’habitue les formalités ne prennent que quelques minutes, je signe et les clefs me sont transmises. Ici tout véhicule circule avec un moteur d’au moins deux litres, il n’y a donc pas de craintes à avoir concernant la puissance, de plus que le carburant est relativement bon marché. Comme j’ai rendez-vous le lendemain à 5h00 avec le capitaine Aaron, je vais prendre mes permis de pêche journaliers chez Rust’s Flying service qui à mon retour me permettra de rejoindre le 1 King point Lodge. Il est 16h00, il faut que j’aille encore acheter un minimum à me mettre sous la dent ainsi que quelques bouteilles d’eau et sodas. Ce n’est qu’à 17h00 que je pars en direction d’Anchor-point qui se situe à 25km avant Homer en descendant la péninsule du Kenai. Sur ma route, qui avec la fatigue d’un voyage de 24 heures devient de plus en plus longue, j’ai tout de même la bonne surprise de croiser un ours noir juste avant d’arriver à Couper landing. Faut dire que mon arrivée l’a obligé à faire demi-tour en vitesse mais le spectacle y était. Sur ce trajet de 5 heures, il m’a fallu 3 arrêts, histoire de récupérer une vingtaine de minutes. Je n’avais rien réservé mais à 23h30 je suis arrivé à Anchor-point où se trouve l’hôtel Anchor River Inn. Un coup sur la carte de crédit et le tour est joué. Le décalage horaire ne me permettra pas de récupérer à 100% mais cela ne changera rien au déroulement de mon séjour. Ça commence bien 5h00, j’y suis déjà et d’autres charters préparent leur bateau pour la mise à l’eau. Par acquis de conscience, je me renseigne au sujet de mon capitaine, ah c’est le bateau à côté. Il paraissait plus ancien que les autres malgré les deux moteurs hors bord de 150CV tout neufs. Restons confiant, je suis là sur les conseils de copains qui le côtoient depuis vingt ans ! Enfin le capitaine arrive, je veux me laisser surprendre. Par chance (pour moi), je suis son seul client de la journée et comme j’avais réservé avec deux mois d’avance, je pars avec le sourire. Il me fait signe de monter dans son pic-up avec lequel il remorque son bateau d’environ 8m qui lui permet de prendre 6 clients. Après 1km de route, nous arrivons à une plage où un tracteur nous attend déjà. Une échelle nous permettra de monter sur le bateau et le tracteur nous pousse en direction de la plage jusqu’à immersion totale de l’embarcation. Moteurs à 45° ,il démarre ses deux bolides et il recule sur 50m avant de les mettre à l’horizontale et de partir vers le large. Nous sommes dans le Cook Inlet, cette mer où d’importantes densités de saumons longent les bordures afin d’aller frayer dans les rivières s’y déversant. L’hiver, on peut y pêcher les feeding salmons, des saumons qui viennent du Canada pour se nourrir dans les eaux du Cook Inlet. Après une vint-aines de minutes, nous avions croisés un petit groupe d’otaries et nous 2 arrivons déjà sur les lieux. Il positionne son bateau, fait descendre l’ancre et nous pêchons par que 50m de profondeur. Nous sommes en pleine marée descendante, le courant est très fort, on se croirait dans une rivière. Il me fait comprendre que c’est trop tôt pour pêcher au jig, ce que je voulais pratiquer au maximum. En effet c’est un peu une mode ces temps mais il faut dire que la sensation est telle par rapport la leur palangrotte avec le circle hook que je ne frais que ça si les conditions me le permettaient. Comme Aaron, je commence par descendre mon bout de hareng avec un moulinet à tambour tournant munie d’une tresse 130lbs et une canne ressemblant à la canne à pépé. Le plomb fait au moins 1kg et il faut le descendre coup par coup. Le bas de ligne est muni de « corde » avec son Hameçon. C’est Aaron qui a la première touche et quant ça part, il lui fait rentrer l’hameçon comme un maître. Il me dit bring it up ! Moi je lui réponds, c’est ton poisson alors tu peux le remonter, au fond de moi-même, je me suis dit que ça lui servira de leçon. C’est l’occasion de prendre quelques belles photos avec canne à pépé courbée, c’est ce qu’ils veulent … Il me dit it’s a nice one, oui cela se voit bien, alors le voilà qui stresse un peu pour préparer son harpon à une main. Une fois au bateau, le courant est tel qu’avec la canne plantée dans le support, le halibut (flétan) reste en place et il le plante avec le harpon. Une belle pièce d’environs 80lbs pour commencer. Je finirai par prendre deux pièces avec le bout de hareng. L’heure du jig 8h00, la marée ralentit sa descente et il me donne un jig de 600g muni d’un bout de hareng. Il ne m’a pas fallu jiger très longtemps pour qu’un halibut vienne s’en emparer. Comme j’avais déjà jigé en 2005 (avec la canne à pépé), j’avais prévu le coup. Mon moulinet Shimano Stella 10'000 ainsi que ma canne Shimano Aspire et une ceinture de combat faisaient part de mes bagages. C’est un régal, plus besoin de réclamer la ceinture de combat, j’avais aussi pris la mienne et la récupération de mon moulinet m’a permis d’assurer le contact malgré la première remontée en force de ce poisson si peu connu. En 1 heure j’ai pris une dizaine de halibuts, le plus de temps est pris pour remonter le poissons et de le décrocher. Le gros désavantage de cette pêche est que l’on prend surtout les petites tailles, ce que le skipper m’a confirmé. Les plus gros que j’ai pris au jig sont des 40lbs que nous avons gardé pour la con-sommation. Il est 9h30, le marée a repris sa descente, le jig s’éloigne de plus en plus du bateau et Aaron me dit qu’on ne va pas s’éterniser parce que la pluie se manifeste. Allez encore un petit quart d’heure et on rentre. Pour relever l’ancre, il utilise la 3 technique avec la bouée et son anneau à travers lequel la corde glisse en avançant plein tube jusqu’à ce que la chaîne retient l’ancre en faisant contre poids. Il n’a plus qu’à ramener la corde qui stagne à la surface. En rentrant, il note mon numéro de permis ainsi que le nombre de poissons pêchés, environs 20 pour ma part, y compris ceux remis à l’eau. La demande de remorquage est signalée par radio et en arrivant à la plage, la remorque est prête, il n’y a qu’à foncer dessus. Sur le parking, il y a de quoi accrocher les poissons histoire de prendre une photo souvenir et les tables de nettoyage attendent Aaron qui est déjà prêt couteau à la main. Un coup de cutter, Tachac tchic tachac, et le premier filet est levé. Il ne prendra pas beaucoup de temps pour lever ces filets. Le règlement autorise la prise de deux halibuts par jour et par pêcheur. Nous avons donc pris 4 halibuts en tout, moi je pensais juste prendre mes prises et je me retrouve avec ceux tu capitaine. En un jour, j’avais de quoi en fumer pour chez moi, donner 10kg à la cuisine du King Point Lodge et j’en ai mangé le soir même au restaurant du River-Inn. Le supermarché d’en face a un accord avec l’hôtel pour que l’on puisse y mettre le poisson au congélateur. Le port de Homer Une visite s’impose A 13h00, après avoir offert une bière à Aaron, j’ai pris mon repas de midi et peu après, je circule en direction de Homer, ville si connue pour la pêche du halibut que je ne voulais pas manquer le spectacle. A mon étonnement, il n’y a pas tous ces charters qui débarquent avec leurs touristes mais que les professionnels qui déchargent quelques caisses de halibut. Il faut savoir que la vente du poisson pêché avec un permis de pêche sportive est strictement interdite. Le manque de présence de pêcheurs sportif en nombre est tout simplement dû au fait que le 7 juin, la région n’est pas encore très bondée. En rentrant de la Homer-spit, ce bras qui s’étend au large, je découvre toute une foule de pêcheurs autour d’un pool qui fait 100m sur 200m. Ma curiosité me fait garer devant un panneau qui explique le concept. Cette petite lagune artificielle rassemble des saumons king qui sont introduits chaque année afin d’amuser un publique de tout genre. Ces kings ne pourront pas frayer dans ce pool, mais c’est leur lieu de natalité et les touristes qui y pêchent s’en donnent à cœur joie. C’est un cirque à entrée gratuite avec des spectacles à vous couper le souffle. Imaginez la femme d’un gars qui n’a jamais pêché se faire démonter par un king de 5 à 10kg en tenant avec les deux mains une canne à truite munie d’un moulinet bas de gamme et d’un fil sous dimensionné. La majorité des artistes feront leur premier saumon dans ce trou, la joie est intense et ça, il faut leur laisser … Surprise sur prise Il m’avait donné rendez-vous à 6h00 pour ma deuxième sortie, nous y voilà, accompagnés par la pluie. Trois places de son pic-up sont déjà occupées, je monte dans le véhicule afin de me présenter et de me mettre à l’abri. Quelques minutes plus tard, un autre pic-up arrive, le charter est au complet, ils ont de l’humour, que veut-on de plus. Nous filons au large, un peu plus loin que la première journée. Le début de la journée ne change pas par rapport à la dernière sauf qu’il pleut et qu’en voyant mon équipement personnel, un couple d’américains me fait la remarque que je devais déjà avoir pratiqué ce genre de pêche. Impatient de pour débuter le jigging, j’accompagne mes camarades à la palangrotte, il n’y a pas vraiment de stress, lorsqu’un poisson mord, l’un prie l’autre pour le remonter. Ca mouline dure et la pluie finit par cesser. C’est l’heure du jig, Le Homer-pool, connu dans tout l’Alaska. 4 je descends mon leurre, le courrant est encore fort, il va loin derrière le bateau mais j’arrive à sentir le fond. Rien, il faut insister d’un coup j’ai la première touche cependant manquée, peu après je remonte pour vérifier, eh oui, il m’a gobé le bout de hareng. je descends mon leurre, le courrant est encore fort, il va loin derrière le bateau mais j’arrive à sentir le fond. Rien, il faut insister. D’un coup, j’ai la première touche cependant manquée, peu après je remonte pour vérifier, eh oui, il m’a gobé le bout de hareng. Sans le hareng, le nombre de touches diminue drastiquement, surtout, ils n’ont pas tendance à revenir lors d’une touche manquée. Un ou deux petits viendront se pendre à ma ligne, rien d’exceptionnel. En insistant, je finirai par avoir quelque chose de plus lourd, encore pris de côté ? Le combat dure, ce n’est pas très nerveux mais il me prend du fil, alors je me concentre pour retenir ses rushs. Aaron commence à préparer le harpon, c’est un beau dit-il. Après 10 minutes je commence à sentir que ça me trie dans le dos et les bras. Ce bloc de béton ne veut pas monter, encore des rushs, Aaron s’inquiète par rapport à ma tresse de 65lbs. Bon, fait chaud tout d’un coup, après 20 minutes, je lui passe la canne histoire d’enlever ma veste et de prendre quelques photos. Mon dos n’était pas mécontent face au poids du poisson et de cette canne de 2,85m qui lui fournit un bras de levier impressionnant. Au bout de 30 minutes de résistance, ça vient gentiment, il y est presque et là c’est la surprise, il doit bien faire le double de l’estimation d’Aaron. Il se donne la peine de bien viser avec le harpon, sort une lance, avec comme embout un mini pistolet intégré. Le coup pat dans l’eau, on voit une traînée de sang mais le bruit ne s’entent pas. Trois balles seront nécessaires pour calmer ce halibut. Un lasso autour de la nageoire caudale permettra de l’assurer et de l’attacher à l’envers. Sitôt la tension du fil relâchée et le picup du moulinet ouvert, l’hameçon du jig cède par la fatigue. 5 Une pause s’impose, c’est le moment de croquer une pomme et de prendre quelques clichés. Un top là avec Aaron qui n’en revient pas, si gros au jig. Ce poisson fait 75 pouces (1,88m) de long et d’après le tableau, il doit peser 240lbs ! L’activité continue, avec régulièrement un halibut qui vient se jeter sur mon jig. Je n’espère pas vraiment qu’un autre gros tapis vient se mesurer avec moi. Sitôt que mes camarades auront pris deux halibuts chacun, nous levons le camp pour rentrer. En Alaska, la réglementation vous autorise à garder deux halibuts par jour, si vous en avez trop comme moi, il faudra en faire cadeau. Le poisson est hissé à bord mais il lui faudra le ficeler afin de l’immobiliser. De retour au parking les problèmes commencent, le déchargement du monstre est délicat … Le destin de la pêche Le troisième jour, 7h00, il ne pleut quasiment pas et j’ai encore le charter exclusif. Aaron secoue la tête, faut que j’aille voir la mer me dit-il. Il est vrai que les arbres se manifestent, les autres charters ne sont pas sortis sauf un, qui était au complet. Paraît qu’on longeant la côte jusqu’à Homer, on peut y trouver un coin plus calme mais il me le déconseille vivement. Le charter qui est complet le fait pour l’enjeux financier et pour se retrouver face à de petits poissons comme ceux de mon voisin de table qui me disait qu’ils n’ont pas pris de halibuts au-dessus de 10 livres. Avant que nos chemins se séparent, en guise de remerciement pour sa gentillesse, j’en profite pour lui offrir un couteau suisse. Avec un jour d’avance sur mon agenda, je passe récupérer ma glacière et je roule vers Anchorage alors qu’un cerf fera parti du décors de la route. La première adresse de destination est AlaskaSausage, où je dépose une dizaine de kilos de halibut. Ces filets seront fumés en partie à froid et à chaud, emballés sous vide et livrés à l’Aéroport avant mon départ pour l’Europe. 6 Quelques informations utiles L’Hôtel Anchor River Inn (http://www.xyz.net/~jjclutts/history.html) proposait des chambres à 100USD. Finalement pour 50USD on peut y avoir une chambre dans la partie fumeur mais soyez rassurés, il n’y personne qui vient fumer dans votre chambre. Ces chambres ne valent pas plus du fait que c’est l’équivalent d’un deux étoiles en Europe. Un permis de pêche journalier coûte 20USD, deux semaines 80USD. C’est le même permis qui est utilisé pour les eaux intérieures et la mer. Une journée de pêche en mer coûte environ 180 USD/personne taxes comprises. Le capitaine Aaron skipe le charter http://www.joycemariecharters.com . Pour ceux qui n’aiment pas les longues routes, à Seward on peut pêcher le halibut ainsi que le lincod, morue, poissons de roches et saumons. C’est la moitié du trajet pour aller à Seward mais le bateau naviguera entre deux et trois heures pour aller sur le spot. Le cadre est plus joli du fait que l’on pêche tout près de la côte. J’avais logé au Barn Appétit (http://www.lebarnappetit.com) qui est tenu par Yvon un belge qui s’est installé en Alaska. A Anchorage, il y a deux fumeries, Alaska Sausage et Trapper Creek : http://www.alaskasausage.com http://www.trapperscreek.com, ils ont des dépôts où ils ramassent votre poisson pour l’acheminer vers Anchorage. Autrement il y a d’autres petites entreprises qui peuvent vous fumer votre poisson. Le kg de poisson fumé revient à environ 10 USD. Pour louer une voiture, vous pouvez la réserver sur Internet ou dans les agences de voyages. Tout est basé sur la confiance lors de la réservation, la prise et la restitution du véhicule. Pour ceux qui passent un séjour dans un lodge près du bord de la mer, n’hésitez pas à demander à ce qu’ils vous organisent une sortie au halibut, ils le font quasiment tous.