d`informations

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d`informations
 sur requête de la Laureus Foundation Switzerland
en coopération avec l’Office fédéral du sport
Pour la promotion de l’engagement dans les
associations sportives en Suisse des jeunes filles de
10 à 14 ans
Les faits les plus importants
Zurich, juillet 2013
Table des matières
1. Concernant le soi-disant désavantage des filles dans la pratique du sport
2. Méthodes de recherche et composition du groupe de jeunes filles étudié
3. Représentations de l’association sportive idéale :
rédactions, discussions de groupes et dessins
3.1 « Imagine… » – les résultats de la rédaction
3.2 Premiers résultats des discussions de groupe :
représentations liées au genre et fitness
3.3 Des dessins illustrent les idées des filles
4. Bibliographie
Équipe du projet
1
Prof. Dr. Elke Gramespacher (direction), Prof. Dr. André Gogoll2, Johanna Hänggi1,
Karolin Heckemeyer1,Corinne Spichtig1, Dr. Yvonne Weigelt-Schlesinger3
1
Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse, Haute école pédagogique n|w, Institut préscolaire et primaire, Campus
Brugg-Windisch, Bahnhofstrasse 6, 5210 Windisch
2
Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Office fédéral du sport OFSPO,
Haute école fédérale de sport HEFSM, Hauptstrasse 247-253, 2532 Macolin
3
Université de Berne, Institut des sciences du sport, Division III : Structures sociales dans le sport, Bremgartenstrasse 145,
3012 Berne
Avant-propos
Cette feuille d’information présente certains chiffres et faits fondamentaux au sujet de
l’engagement sportif des jeunes filles de 10 à 14 ans en Suisse. Les conclusions présentées
sont un premier résultat de l’étude « Girls in Sport », effectuée à la Haute école pédagogique
n|w en coopération avec le Prof. Dr. A. Gogoll (Haute école fédérale de sport, Macolin) et le
Dr. Yvonne Weigelt-Schlesinger (Université de Berne, Institut des sciences du sport). Le
premier chapitre expose la situation au départ de l’analyse, le second chapitre la mise en
œuvre de l’étude et le troisième chapitre offre un aperçu des résultats les plus importants.
1. Concernant le soi-disant désavantage des filles dans la pratique
du sport
De manière générale, on constate que de nos jours, les jeunes filles et les femmes
s’engagent activement dans le sport. Elles s’intéressent de diverses manières au
mouvement, au jeu et au sport et ont un mode de vie nettement plus sportif que par le passé
(par ex. Gramespacher/Feltz 2009 ; Hartmann-Tews 2009). Le rapport Le Sport en Suisse
2008 montre une participation sportive élevée chez les jeunes filles et les jeunes femmes en
Suisse (Lamprecht et. al 2009) ; il en va de même des résultats du projet de recherche Girls
in Sport, en ce qui concerne les données se rapportant aux jeunes filles et aux jeunes
femmes (Fischer et al. 2012)1. Le rapport Le sport en Suisse 2008 contient cependant aussi
des indications sur le fait que la participation croissante des jeunes filles au sport associatif
en Suisse est fragile. Les éléments de ce rapport qui attirent l’attention sur cette situation
problématique peuvent être résumés de la manière suivante :
1. Durant leur enfance, les filles sont moins nombreuses en moyenne à participer au sport
associatif que les garçons : chez les enfants suisses de 10 ans, 49% des filles et 72%
des garçons pratiquent le sport dans le cadre d’une association. Chez les jeunes de 12
ans, la participation semble quasiment s’équilibrer (61% des filles ; 67% des garçons),
mais dès l’âge de 14 ans, la différence entre les filles (54%) et les garçons (68%)
s’accentue à nouveau.
2. Après l’enfance, on observe chez les garçons un quota relativement stable de
participation au sport associatif (15 ans : 59%; 19 ans : 55%), tandis que les jeunes
femmes délaissent les associations sportives dans cette phase de leur vie (15 ans :
42% ; 19 ans : 24%).
Dans l’ensemble, on ne peut parler d’un niveau de participation comparable des filles et des
garçons aux sports associatifs qu’à l’âge de 12 ans. Les chiffres montrent que, malgré leur
engagement dans les sports associatifs, les filles s’en détournent après une phase de
participation comparativement courte. Par conséquent, il n’y a pas seulement des barrières à
l’entrée des filles dans les associations sportives : il existe apparemment aussi des obstacles
au sein des associations, en raison desquels les filles y restent moins longtemps que les
1
Pour un résumé des résultats d’analyses de Fischer et al. (2012) voir également Gramespacher/Weigelt-Schlesinger (2013, i.
Dr).
Gramespacher, Gogoll, Hänggi, Heckemeyer, Spichtig, Weigelt-Schlesinger :
Fiche d’information – Pour la promotion de l’engagement sportif en associations des jeunes filles de 10 à 14 ans en Suisse
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garçons. Sur la base de ce constat, le projet de recherche Girls in Sport part du principe que
ces barrières pourraient résulter du contexte des catégories d’inégalités sociales du sexe
(genre) et de leurs liens avec la socialisation sportive, et que les filles pourraient se heurter à
des barrières structurelles ancrées dans le sport organisé ou les associations sportives ellesmêmes. C’est pourquoi le projet de recherche Girls in Sport, outre les théories scientifiques
sportives liées au genre2, intègre également des réflexions fondamentales concernant la
théorie de la socialisation. En conséquence, les filles sont considérées comme des acteurs
de leur propre socialisation, également celle liée au genre (cf. Grundmann 2006 : 99-112) et
sont en conséquence prises au sérieux dans toutes les enquêtes (Alanen 1997).
Sur la base de ces résultats et réflexions, le projet de recherche Girls in Sport se penche sur
les questions suivantes : comment le sport associatif doit-il être organisé pour fidéliser les
filles aux associations sportives sur une durée plus longue ? Quels sont les souhaits des
filles au sujet de leur association sportive concernant le lieu dans lequel elles aimeraient faire
du sport ? Quelle structure associative de pratique sportive séduit les filles, et quelles
structures sociales sont importantes pour elles ? L’équipe de recherche du projet Girls in
Sport a cherché les premières réponses à ces questions auprès des participantes au Camp
Laureus Girls in Sport 2012. Ces camps reposent sur les objectifs programmatiques
suivants :
« Le programme « Laureus Girls in Sport » vise à encourager particulièrement les jeunes filles et les
jeunes femmes. L’objectif est de donner aux participantes des bases de vie saine qui les aident à faire
face aux défis quotidiens de la vie sociale. Une approche globale du sport et du mouvement, de la
santé et de l’alimentation, ainsi que le développement personnel constituent la base de ce projet. Sont
particulièrement soutenues les jeunes filles présentant un handicap physique ou mental ainsi que celles
issues de milieux défavorisés économiquement ou socialement » (www.laureus.ch/projekte/ laureusgirls-in-sport <http://www.laureus.ch/projekte/laureus-girls-in-sport>, connexion : 25/06/2013).
2. Méthodes de recherche et composition du groupe de jeunes filles
étudié
Le projet Girls in Sport travaille sur les questions de recherche citées en combinant des
méthodes de recherche quantitatives et qualitatives. L’accès multiple est approprié pour le
relevé de diverses structures de pertinence, car il permet une ouverture maximale lors de la
collecte de données. Dans un premier temps, toutes les participantes des trois camps
Laureus Girls in Sport 2012 (N=104) organisés en Suisse alémanique du 30/07/12 au
03/08/12 et dans le Tessin ou en Romandie une à deux semaines plus tard ont rempli des
questionnaires au sujet de leur engagement sportif et de leurs intérêts sportifs. Suite à cela,
ces jeunes filles ont eu la possibilité de présenter sous forme d’une rédaction leurs idées et
leurs souhaits concernant l’association sportive idéale à leurs yeux. L’étude de la rédaction a
généré des déclarations détaillées et son contenu a été exploité de manière analytique
(Mayring 2002). Dans le camp sportif de Romandie, toutes les filles ont fait des dessins
illustrant leurs rédactions, dans le camp sportif de Suisse alémanique, seules les filles
handicapées qui n’ont pu rédiger un texte ont fait des dessins. Quelques jours après l’étude
de la rédaction, cinq groupes de quatre à cinq filles ont participé à des discussions
2
Au sujet du cadre de l’étude lié à la théorie des genres voir par ex. Hartmann-Tews/Rulofs (2004), Dahmen (2008), WeigeltSchlesinger (2008).
Gramespacher, Gogoll, Hänggi, Heckemeyer, Spichtig, Weigelt-Schlesinger :
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collectives qui ont été exploitées de manière reconstructive (Bohnsack 2006). Dans ces
discussions, les filles ont pu élaborer ensemble leurs idées au sujet du sport, de leurs
intérêts sportifs, des associations sportives, etc., et échanger à ce sujet.
Il a en particulier été demandé à ces jeunes filles d’élaborer des constructions basées sur
leur représentation d’elles-mêmes. Ce faisant, les cinq constructions suivantes ont été
saisies chacune en quatre dimensions : 1. Les compétences sportives (CS) : ces éléments
comprennent les points de vue des filles sur leurs propres compétences sportives, leurs
performances et leurs talents ; 2. Les capacités physiques (CP) : les déclarations des jeunes
filles sur les éléments de cette échelle donnent des informations sur leurs points de vue au
sujet de la santé, de la ténacité, de la robustesse et de la force ; 3. Acceptation de son
propre corps (APC) : cette variable comprend la perception des jeunes filles de leur propre
corps, l’approbation des éléments de l’échelle exprime une bonne adaptation de la personne
à son environnement ; 4. Attraction physique et esthétique (APE) : ces éléments
comprennent les qualités de beauté physique et d’attrait que les jeunes filles s’attribuent à
elles-mêmes ; 5. Le contact physique (CPHYS) : ces éléments incluent des déclarations
concernant l’acceptation de la proximité physique. Chacune de ces cinq échelles de la
représentation de soi a été saisie au moyen de quatre éléments auxquels on pouvait
répondre sur une échelle de 1 à 4 (1=totalement vrai, 2=plutôt vrai, 3=plutôt faux,
4=totalement faux)3. La valeur 1 correspond à une représentation de soi peu favorable et la
valeur 4 à une représentation de soi très favorable. Les résultats de tous les questionnaires
ainsi que des constructions de la représentation de soi ou de leurs dimensions ont été
exploités de manière descriptive tout en calculant les valeurs moyennes et les écarts-types.
Dans l’étape suivante seront également présentées les valeurs moyennes et les écarts types
de chaque dimension de la représentation de soi selon les variables de région linguistique,
de nombre de soeurs, de nombre d’associations aujourd’hui, de nombre d’associations
autrefois, de durée d’appartenance à un groupe sportif et de fidélité à un groupe sportif.
Tableau 1 : Design de l’étude du projet de recherche Laureus Girls in Sport 2012-2013
Partie de l’étude
Indications relatives à la collecte de données
Indications écrites
Questions posées par écrit au début du camp sportif ; questions
complémentaires (données sociodémographiques et indications au sujet
du comportement sportif) ; questions au sujet de la représentation de son
propre corps (toutes les questions : NCH, W-CH, TI=104,)
Étude de la rédaction
N=90
Discussions de groupe
5 discussions de groupe (groupes constitués chacun de quatre à cinq
jeunes filles)
Illustrations
N=14
Remarque : Tous les supports écrits de collecte d’informations ont été rédigés en langue allemande et traduits pour les
enquêtes en Romandie ou dans le Tessin. Tous nos remerciements pour la traduction professionnelle effectuée par Syntax
Übersetzungen AG Zurich.
Le groupe de filles interrogé dans les camps Laureus Girls in Sport 2012 était structuré de
manière hétérogène : 23% des filles étaient âgées de 11 à 12 ans, 47% de 13 à 14 ans, 25%
de 15 à 16 ans et 5% de 17 à 18 ans. 14% des filles étaient étrangères et 16% de double
3
Les questions posées en sens inverse au sujet de la représentation de soi ont été retournées pour l’exploitation et codifiées à
l’inverse.
Gramespacher, Gogoll, Hänggi, Heckemeyer, Spichtig, Weigelt-Schlesinger :
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Vereinsmitgliedschaft
(%)
nationalité. 32% des filles ne participaient à aucune association sportive. La proportion des
filles qui sont membres d’une ou de plusieurs associations est en l’occurrence élevée. La
comparaison avec les données du rapport Sport Suisse 2008 montre que la participation à
des associations sportives parmi les filles interrogées est située nettement au-dessus de la
moyenne des jeunes filles du même âge.
100
80
60
40
20
0
Girls in Sport Lager
Sport Schweiz 2008
11
12
13
14
15
Alter
Illustration 1 : Adhésion à une association en pourcentage : Camp sportif Laureus Girls en comparaison
avec Sport Suisse 2008.
Pour ce qui concerne les constructions relatives à la représentation de soi, il faut tout
d’abord retenir qu’il s’agit dans tous les résultats de constructions relatives aux
représentations de soi en tant que telles, qui résultent des calculs des statistiques
descriptives. C’est pourquoi les résultats ne montrent que des tendances possibles, mais il
n’y a pas de différence significative entre les groupes. Par conséquent, les résultats ne
permettent pas de tirer des conclusions de valeur générale. Ils sont présentés ici en relation
avec les filles qui ont été interrogées dans les Laureus Girls Sport Camps 2012.
Les valeurs moyennes (VM) et les écarts-type calculés pour les dimensions de la
représentation de soi pour les compétences sportives (CS) se situent à 2,27±0,73, ceux pour
la performance physique (KOEL) à 2,23±0,71 et ceux pour l’acceptation de son propre corps
(APC) à 2,25±0,74, ceux pour l’attrait physique et esthétique (APE) à 2,24±0,72 et ceux pour
l’acceptation d’une proximité physique (APP) à 2,20±0,73. Toutes les valeurs moyennes des
dimensions de la représentation de soi sont inférieures à la valeur moyenne de 2,5 ; elles
indiquent donc une tendance négative. En relation avec les différentes dimensions de la
représentation de soi, on obtient les résultats suivants :
1. L’autoévaluation des compétences sportives (CS) varie selon l’adhésion aux groupes
sportifs. Les filles qui font partie de plusieurs groupes sportifs s’évaluent
comparativement moins bien pour ce qui concerne leurs compétences sportives. La
valeur moyenne des filles qui ne font partie d’aucune association sportive (n=27) est de
2,71±0,86. La valeur des filles qui font partie d’une association sportive (n=36) s’élève à
2,19±0,75 et se situe par conséquent au-dessus de la valeur moyenne des filles qui font
partie de deux associations sportives (n=19; VM=1,74±0,60). Les filles qui font partie de
plusieurs associations sportives évaluent leurs performances sportives comment étant
plutôt moins bonnes que les filles qui ne font partie d’aucune association sportive.
2. Les déclarations au sujet de la proximité physique et du contact physique (CPHYS)
varient selon les régions linguistiques, le nombre de sœurs et le nombre d’adhésions à des
groupes sportifs. L’acceptation de la proximité physique est la plus faible chez les filles de
Suisse alémanique (n=61; MW=2,02±0,73). Chez les filles originaires de Romandie (n=14) et
du Tessin (n=14), les valeurs moyennes d’acceptation de la proximité physique sont de
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respectivement 2,12±0,80 et 2,91±0,58. La proximité et les contacts physiques sont mieux
acceptés par les filles du Tessin que par celles de la Suisse alémanique et de la Romandie.
Chez les filles n’ayant pas de sœurs (n=35), les valeurs moyennes de l’acceptation de la
proximité physique étaient légèrement plus faibles (2,01±0,67) que chez les filles ayant une
sœur (n=42, MW=2,17±0,83). L’acceptation de la proximité et des contacts physiques
augmente avec le nombre de sœurs. En outre, il est clair que les filles faisant partie d’une
association sportive (n=36) montrent l’acceptation la plus élevée de la proximité physique
(VM=2,49±0,76). L’acceptation de la proximité physique est un peu plus faible chez les filles
qui ne font partie d’aucune association sportive (n=27; VM=2,14±0,72). Cependant, les filles
qui font partie de deux associations sportives (n=18) ont montré une acceptation encore plus
faible (VM=1,82±0,64). Les filles qui sont membres de plusieurs groupes sportifs ont montré
une acceptation plus faible de la proximité physique et des contacts physiques. Mais les
valeurs étaient aussi plus faibles chez les filles qui ne sont membres d’aucune association
sportive que chez les filles faisant partie d’une association sportive.
3. Des filles expriment leurs idées au sujet de l’association sportive
idéale : rédactions, discussions de groupe et dessins
Le chapitre 3.1 expose les résultats de la rédaction qui montrent fondamentalement que les
filles voudraient faire plus que simplement du sport dans les associations sportives. Elles
souhaitent pouvoir également se former et se sentir bien dans les associations sportives. Les
premiers résultats des discussions de groupe présentés au chapitre 3.2 révèlent deux
choses : les filles différencient leurs représentations sexuées à plusieurs égards, et elles lient
également le thème du sport à celui du fitness. Au chapitre 3.3, deux images sont
présentées à titre d’exemple pour illustrer les résultats et refléter l’approche inclusive du
camp sportif.
3.1 « Imagine… » – les résultats de la rédaction
Pour connaître les représentations idéales que les filles ont d’une association sportive, il leur
a été demandé d’exposer leur vision dans une rédaction. Les consignes étaient les
suivantes : « Imagine : Tu reviens chez toi après un camp et tu as la possibilité de fonder ta
propre association sportive. Quel pourrait être et quelle serait la forme prise par ton
association sportive ? Note tout ce qui te vient à l’esprit… ».
L’évaluation analytique du contenu des rédactions repose sur les catégories suivantes de la
réanalyse (Fischer et al. 2012) et des représentations de construction d’un lieu sportif adapté
aux filles (MIK/LSB NRW 2007) : structure de l’offre, aménagement de l’espace, accès /
infrastructures, sujets personnels : plus particulièrement les peers. L’étude de la rédaction
montre cependant que les filles interrogées trouvent que les aspects du bien-être, des
structures temporelles, de l’apprentissage moteur et des finances sont également
importants. En outre, on note de manière générale que les filles se réfèrent toujours à leurs
expériences dans le camp Laureus Girls in Sport 2012 :
« Les camps seront exactement comme le camp Laureus » (MVChi41). « X (une directrice de Laureus,
N.D.A) et les autres responsables de Laureus devraient diriger cette association » (WJGla21).
Cependant, outre le feedback positif au sujet du camp Laureus Girls in Sport 2012, les filles
se prononcent en premier lieu sur leur perspective ou leur vision du quotidien de
l’association sportive. Les filles souhaitent une structure d’offre variée, qui dépasse une
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conception étroite des types de sports. Outre les activités physiques et sportives, elles
décrivent des offres qui relèvent d’une conception élargie du sport et des offres telles qu’on
en trouve habituellement dans l’assistance à la jeunesse. On peut illustrer la diversité de
l’offre désirée par le souhait mentionné par les filles interrogées de faire de la danse (que
plus de 50% des filles interrogées indiquent d’ailleurs comme leur sport préféré) : les danses
souhaitées ne sont pas uniquement sportives ni seulement celles qu’on pratique
habituellement en Europe, car les filles souhaitent également des offres ouvertes (pour
certaines d’entre elles : totalement ouvertes) – entre autres des danses de cultures
étrangères (par exemple de la danse orientale) – et elles veulent mesurer leurs
performances au niveau de la danse lors de compétitions. En outre, elles souhaitent des
offres de formation plus étendues sur le sujet de la danse (par exemple des films).
« Je proposerais de nombreux types de danses et une fois par an, il y aurait pendant deux semaines de la
danse libre. On pourrait alors essayer toutes les danses. Il y aurait de la samba, de la salsa, du ballet, (…), du
hip hop, (…), du cheerleading, du tango, de la valse, de la danse orientale, (…), du breakdance, du
streetdance, de la zumba et du ballet aérien… » (HASte15). « Lorsque nous maîtriserons quelques danses,
nous participerons à des compétitions avec d’autres équipes (associations) » (MVChi41). « …et que l’on
puisse quelquefois y visionner (…) un film sur ce sport, par exemple un film sur le hip hop… » (MNReb25).
Pour ce qui concerne l’aménagement, les filles préfèrent des lieux familiers, c’est-à-dire
qu’elles veulent s’y sentir bien. En ce sens, les salles de sport devraient être belles et
fonctionnelles, et proposer des possibilités de communication et d’isolement.
« L’association sportive est très moderne et belle » (CSBie67). « Ce serait bien si elle avait un petit jardin, de
sorte que nous pourrions aussi jouer à certains jeux dehors… » (YWVgs41). « Quand on est fatigué ou qu’on
n’a plus de force, on peut aller dans l’espace bien-être et se faire masser ou se détendre dans le sauna. »
(WLReb39).
Dans l’association sportive idéale, les filles associent le bien-être à l’aménagement de
l’espace et à l’atmosphère. Pour une bonne atmosphère, les filles veulent surtout pouvoir
s’amuser, des gens cool, de la musique, mais aussi des règles strictes (par exemple
l’interdiction de fumer). Pour ce qui concerne l’accès et les infrastructures de l’association
sportive idéale, le souhait dominant est que l’association soit située près du domicile. Dans
le domaine des aspects personnels, les filles évoquent souvent l’entraînement avec leur
meilleure amie ou leur meilleur ami dans des groupes d’entraînement conformes sur le plan
sportif, encadrés par des proches (par exemple les parents, des jeunes femmes), des
personnes séduisantes (par exemple des hommes jeunes), aimables, compréhensives et
compétentes sur le plan sportif. Les souhaits des filles relatifs à la structure temporelle des
offres des associations sportives sont particulièrement intéressants : elles citent des horaires
d’entraînement fixes et des jours d’entraînement pendant la semaine ainsi que durant le
week-end.
« L’association fonctionnerait les mardis & les jeudis » (GAKir7). « L’association sportive fonctionnerait du
lundi au vendredi. Le samedi, on y proposerait un cours supplémentaire (3h). Les cours auraient toujours lieu
l’après-midi, de 15 h 30 à 18 h 30 » (HASte15)
En outre, les filles souhaitent un soutien sportif ou moteur dans l’association sportive idéale.
« Après un certain temps, on devrait faire des progrès et on pouvoir les constater au niveau de notre propre
corps » (EAFst25). « Les personnes actives dans l’association sportive seraient bien entraînées et
apprendraient beaucoup » (PPReg2).
En outre, l’association devrait permettre la participation de tous. A cet égard, les filles se
réfèrent aussi aux finances, car la question de l’accessibilité est importante à leurs yeux.
« Cela ne devait pas être trop cher, de sorte que tout le monde puisse danser ! » (HLKir77). « Pour les élèves
qui n’ont pas assez d’argent, elle (l’association, N.D.A) serait gratuite. » (RAGar12).
Dans l’ensemble, l’étude de la rédaction montre ce qui intéresse les filles interrogées au
niveau des associations sportives : de manière générale, elles trouvent idéal qu’il y ait des
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offres variées ( y compris de formation), qui dépassent le simple cadre des activités
physiques et sportives et qui soient abordables pour toutes les personnes intéressées, dans
des locaux situés à proximité, familiers, réglementés sur le plan social, avec des horaires
déterminés, fonctionnant également durant le week-end, beaux et fonctionnels, avec une
atmosphère agréable, favorisant les concours et l’apprentissage moteur, avec des
caractéristiques adaptées aux jeunes.
3.2 Premiers résultats des discussions de groupe : représentations liées
au genre et fitness
Ici sont présentés les résultats des discussions de groupe (DG) qui se rapportent aux
représentations liées au genre et au fitness4. Dans l’ensemble, les résultats des DG
présentés ici indiquent tout d’abord que des offres homogènes en termes de genre peuvent
être importantes pour les filles dans les camps sportifs, mais qu’elles ne leur semblent que
partiellement justifiées dans le quotidien d’une association sportive. Deuxièmement, les
associations sportives pourraient intégrer, à côté des différents types de sports, des offres de
fitness supplémentaires pour les filles, afin de les fidéliser.
Représentations liées au genre. Dans les DG, il apparaît que les filles emploient la plupart
du temps la forme linguistique masculine lorsqu’elles parlent des personnes adultes, comme
par exemple « l’entraîneur », « le professeur ». Lorsque les filles parlent de personnes
adultes concrètes, comme par exemple des monitrices du camp Laureus Girls in Sport5 ou
dans les associations dont elles font partie, elles emploient la forme linguistique féminine.
Lorsqu’elles parlent de leur peer group dans les associations sportives, les filles font
davantage de distinctions : même si elles parlent ici souvent « des joueurs », elles emploient
de temps à autre la forme féminine « les joueuses ». En outre, les filles parlent de manière
indéterminée « des amis » ou « des gens », sans préciser si elles parlent de filles ou de
garçons, de femmes ou d’hommes. Dans les DG, il est très clair que des expériences
variées dans des groupes sportifs mixtes sont importantes pour les filles, et que ces
expériences conduisent à diverses réflexions.
Il arrive que le thème des garçons dans le domaine du sport soit peu pertinent à leurs yeux
(M5 : aucune idée, à l’équitation, il n’y a que des filles, DG1) ou qu’elles différencient leurs
expériences avec les garçons sur le plan du développement de l’adresse et des capacités
motrices. La représentation de ces distinctions montre que les groupes mixtes dans le sport
sont décrits soit comme utiles pour l’apprentissage moteur : « I : tu aimes la compagnie des
garçons ? Mx : Oui, en fait, je trouve ça beaucoup plus cool, parce que dans le passé, j’ai
plutôt été avec des filles et elles voulaient seulement jouer pour maigrir et n’arrêtaient pas de
râler au sujet de leur silhouette, alors que les garçons ne font pas ça et dans mon cas, je n’ai
pas un tir très puissant alors qu’eux oui, et je m’améliore en réalité beaucoup plus avec eux
et mon tir devient aussi plus puissant » (DG2) soit comme un frein : « je fais de la
gymnastique uniquement avec des garçons… et eux, ils y arrivent… en fait, je travaille sur
des appareils de garçons, ils ont généralement plus de force, et du coup, je suis la seule à
ne pas y arriver (rire) c’est trop nul » (DG1). Cependant, les deux types d’argumentation des
filles se rapportent à l’idée prédominante qu’il y aurait de nettes différences entre les deux
sexes sur le plan des capacités motrices et de l’adresse. Les filles élaborent ces différences
4
5
De plus amples résultats des GD seront publiés ultérieurement sur un autre support.
Les camps Laureus Girls in Sport 2012 de Suisse alémanique ont été exclusivement encadrés par des femmes.
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présumées sous forme de différences hiérarchiques et se définissent elles-mêmes comme
inférieures. Les filles décrivent cette différence comme un frein lorsque leur sentiment
d’infériorité prédomine, ou comme un « plus » pour l’apprentissage moteur lorsqu’elles
définissent les garçons comme des modèles dans le sport.
Dans tous les DG, les interactions avec les garçons apparaissent elles aussi importantes.
Les filles utilisent le plus souvent ces expériences comme un argument contre la mixité dans
les associations sportives ; elles constituent selon elles un obstacle : « il y avait des garçons
qui frimaient tellement, ils pensaient toujours être les meilleurs, par exemple dans le
unihockey, et ils veulent toujours marquer un but, pour hurler youhou, alors je n’ai jamais osé
marquer un but » (DG1)
Concernant leur développement, les adolescentes se montrent également curieuses de
savoir comment ce serait de faire du sport avec des garçons : « Mx1 : Mais je trouve aussi
d’une certaine manière, enfin, je n’ai encore jamais fait ça, mais j’aimerais bien essayer de
jouer ensemble, je veux dire des garçons et des filles, je ne sais pas comment, quelquefois
je pense que les filles sont plus lunatiques et tout ça, alors elles font (…) moins bien. Mx2 :
Ça dépend entièrement des gens, les garçons peuvent eux aussi être lunatiques. Mx1 : Oui,
mais quand même, j’aimerais bien jouer un jour avec des garçons » (DG2).
Leur curiosité à l’égard des garçons n’est pas seulement contrariée par leur vision clivée des
sexes, mais aussi par l’idée que faire du sport peut, en tant qu’acte physique, être également
associé à un sentiment de honte. À partir de cette perspective, les filles se réjouissent DG du
fait que le camp Laureus Girls in Sport soit réservé aux filles : « Mx : je trouve génial qu’il n’y
ait que des filles ici (…) on n’a pas honte, alors que les garçons, ils se moqueraient de
nous » (DG5).
Fitness. Lorsque les filles parlent de sport, elles reproduisent entre autres des
représentations véhiculées par les médias, par exemple dans la publicité pour les produits
de fitness. Le sport est donc un moyen de garder la forme. Même si les DG concernent le
thème du sport, les représentations sociales du fitness jouent un rôle prédominant dans les
réflexions des filles interrogées. En outre, il devient clair dans les DG que le fitness a été le
thème de l’un des ateliers du camp sportif : le documentaire « XXL supersize me »6 leur a été
présenté. Cependant, on constate que non seulement ce documentaire, mais aussi des
représentations véhiculées par d’autres médias sur la relation entre le sport et l’alimentation
et les conséquences (éventuellement négatives) pour la forme, servent de justification aux
filles pour dire que le mouvement, le sport et l’alimentation sont importants pour être en
bonne santé : « et aussi rester en forme, lorsque je pense au sport, je me dis que oui, mon
corps reste en forme » (DG2). Les endroits où les filles aimeraient faire du sport doivent être
équipés d’appareils de fitness « I : et à quoi ressemble l’endroit où vous aimeriez faire du
sport, que doit-il y avoir ? M1 : beaucoup d’appareils pour le sport. M2 : une salle de fitness,
euh, un centre de fitness par exemple » (DG3).
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Ce film documentaire raconte comment M. Spurlock décide de manger uniquement et en excès chez McDonalds pendant en
mois, réduit son activité physique à environ 1000 pas par jour, prend très rapidement 22 kg et voit sa forme très nettement
décliner.
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3.3 Des dessins illustrent les idées des filles
Les dessins des filles illustrent l’idée que les associations sportives devraient être organisées
de manière diversifiée. Ils révèlent l’intérêt des filles de 10 à 14 ans pour la danse et la
natation (cf. également à ce sujet Fischer et al. 2012 : 5) et leur souhait de se sentir bien
dans leur association sportive idéale. Les deux dessins suivants illustrent ces aspects :
Illustration 2 : Dessins faits par des filles ayant participé aux camps Laureus Girls in Sport 2012
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Gramespacher, Gogoll, Hänggi, Heckemeyer, Spichtig, Weigelt-Schlesinger :
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