Action TPE salons de coiffure du Nord Finistère

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Action TPE salons de coiffure du Nord Finistère
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Travaildu
duCISME
CISME––Tome
TomeVI
VI––2016
2016
Session 1 : Philosophie du travail en réseau
Session
2 : Des actionscoordonnées
par risque,
Action
de prévention
par pathologie,
par secteur
par les SSTI
:
Action
TPEgagnant-gagnant
salons de coiffureentre
du Nord
Finistère
équilibre
partenaires
Dr Geneviève BRIERE – Médecin du travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
Pascal CAPELLMANN – Hygiéniste du travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
Dr Dominique JEGADEN – Médecin coordinateur – Santé au Travail en Iroise – Brest
Céline KERGONNA – Assistante Santé Sécurité Travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
Dr Françoise NICOLAS – Médecin du travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
Dr Mariannig NOUSBAUM – Médecin du travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
Laurence QUERE – Assistante Santé Sécurité Travail – Santé au Travail en Iroise – Brest
INTRODUCTION ET OBJECTIFS :
Une séance d’amélioration de nos pratiques professionnelles a été organisée en 2011, dans notre service, sur la relation « risque chimique et grossesse » chez les coiffeuses.
Une revue bibliographique avait montré en effet un risque d’anomalies congénitales ou d’avortement
plus fréquent chez les coiffeuses, lié soit à l’exposition aux produits chimiques de coiffure, soit aux postures de travail.
Nous en avions déduit une pratique commune sur la surveillance individuelle des coiffeuses enceintes
ou susceptibles de l’être : information sur les risques et retrait du poste le plus tôt possible en cas de
grossesse.
Parallèlement, nous avions proposé une action collective ciblée sur l’état de ventilation et d’aération des
salons, partant du principe que les produits chimiques utilisés en cosmétique et en coiffure pouvaient
ne pas être anodins, en particulier sur la grossesse.
Une pré-étude, menée entre 2011 et 2013, a permis de mettre en place une action dans le temps sur
l’ensemble des salons du secteur, avec pour objectifs :
• Un état des lieux de tous les salons de coiffure du secteur géographique de notre service, en particulier concernant les systèmes de ventilation.
• La rédaction d’une fiche d’entreprise actualisée pour chaque salon.
• La proposition de mise en place de mesures de prévention individuelle et collective.
MÉTHODOLOGIE :
Un groupe de travail pluridisciplinaire spécifique, composé de Médecins du travail, d’Intervenants en
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Prévention des Risques Professionnels (IPRP) et d’Assistants en Santé et Sécurité au Travail (ASST), a été
constitué. Son objectif était de mettre au point un protocole d’intervention et de le tester sur 30 salons
de coiffure tirés au sort.
L’intervention en entreprise a été faite de manière conjointe (IPRP et ASST), l’IPRP faisant le diagnostic
de ventilation, l’ASST procédant à la réalisation de la FE. Les comptes-rendus d’intervention validés par
les Médecins ont été adressés aux employeurs.
Les résultats de cette pré-étude ont été analysés par le groupe référent ʺEpidémiologieʺ du service. Ils
ont montré un déficit manifeste de ventilation et une méconnaissance du risque dans la plupart des salons de coiffure visités.
Ceci a conduit le groupe de travail à proposer d’étendre l’action à l’ensemble des salons de coiffure adhérents à notre service : soit 250 salons. Un rapprochement avec la Carsat Bretagne a permis de valider,
après modifications, le protocole et les recommandations qui s’en suivent. Un contact avec la Fédération Nationale des Coiffeurs du Finistère (FNC29) a été établi pour l’informer de la démarche.
L’action, débutée en 2014, va se dérouler sur 5 ans, à raison de 50 salons visités par an.
Partant de l’hypothèse que l’exposition respiratoire aux produits chimiques se retrouve dans deux situations de travail : la phase de préparation et la phase d’application des produits de coiffure.
Le diagnostic de ventilation est développé de la manière suivante :
1.Recherche de captage localisé dans la zone des préparations techniques
• Pour évaluer son efficacité :
-- Visualisation des flux d’air à l’aide de fumigènes.
-- Mesures des vitesses d’air dans le plan d’ouverture de la zone des préparations.
-- Nous considérons l’aspiration efficace si la vitesse d’air est supérieure à 0,5 m/s et si le test
aux fumigènes est concluant.
2.Recherche des systèmes de ventilation mécanique contrôlée (VMC) dans le salon de coiffure :
• Type de VMC : simple flux, double flux…
• Mesurage des débits d’extraction d’air (bouche par bouche).
• Les mesurages des débits sont comparés aux valeurs réglementaires (code du travail : 45 m3/h/
occupant) et aux recommandations de la Carsat Bretagne (4 à 6 renouvellements d’air par
heure).
3.Etat des lieux des ventilations naturelles : portes, fenêtres, autres…
Un bilan général des conditions de travail est également effectué conjointement avec l’ASST et sert à
l’établissement de la fiche d’entreprise.
A l’issue de cette visite, un avis technique sur la ventilation, annexé à la fiche d’entreprise, est remis à
l’employeur avec des préconisations adaptées.
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Les données recueillies sont enregistrées dans la base du logiciel Sphynx iQ® afin d’assurer le suivi de
l’action.
RÉSULTATS :
L’action est en cours depuis 2 ans et 101 salons ont été visités, soit 40 %.
Il apparaît qu’aucun salon visité n’a de captage localisé spécifique dans la zone des préparations techniques. Seules 25 bouches de VMC et 1 hotte de cuisine ont été recensées.
Concernant la ventilation générale, 69 salons sont équipés d’une VMC, dont seulement 6 ont une ventilation mécanique générale satisfaisante selon les critères prédéfinis. 57 ont une ventilation insuffisante,
5 ont une ventilation hors-service, 1 inaccessible aux mesures.
Par ailleurs, concernant la protection individuelle cutanée, si 98 salons mettent à disposition des gants
pour leur personnel, 76 % sont en latex, les autres étant en nitrile ou en vinyle.
DISCUSSION :
Dans la pré-étude, nous avions tenté de recenser les produits de façon la plus exhaustive possible et de
rechercher leurs compositions.
Nous n’avons pas retenu cette action dans le protocole. D’une part il s’agit de produits cosmétiques non
soumis à la réglementation des agents chimiques dangereux ; d’autre part la multiplicité des marques
rend cette évaluation trop complexe et chronophage pour le bénéfice que l’on peut en tirer.
En effet, aucun produit particulier n’a été ciblé comme reprotoxique et l’intérêt de cette recherche nous
paraissait limité. C’est pourquoi, d’emblée, nous avons axé l’action sur l’étude de la ventilation, d’autant
plus qu’elle intéresse directement la prévention d’autres pathologies bien connues dans la coiffure, tel
que l’asthme.
Le constat de défaut de ventilation s’avère préoccupant au vu des résultats déjà acquis, et une amélioration de la situation se heurte à des considérations économiques et financières de contraintes techniques liées aux locaux.
L’importance de l’information nous paraît essentielle et nous avons donc mis en place une action secondaire dans le centre de formation des apprentis coiffeurs, afin de sensibiliser ceux-ci le plus précocement possible à la prise en compte de ce risque. Nous espérons de ce fait que lorsque certains d’entre
eux ouvriront leur propre salon, ils intégreront les dispositifs de ventilation adéquats.
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CONCLUSION :
Les objectifs de l’action fixés à l’issue de la pré-étude sont globalement tenus. L’intérêt de ce travail
réside dans l’aspect exhaustif de l’évaluation des risques de tous les salons adhérents au Service et de
l’information qui en découle (apprentis, salariées, employeurs).
Enfin, ce travail, en partenariat avec la Carsat, fait partie intégrante du CPOM de notre service.
Pour contacter l’auteur : [email protected]
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