SORTIE LE 31 MAI 2006 “Un film magnifique, de bout en bout
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SORTIE LE 31 MAI 2006 “Un film magnifique, de bout en bout
“Un film magnifique, de bout en bout sublime de beauté, ou l’art de la mise en scène et celui de la direction d’acteurs sont portés à la perfection.” En 1866, à Venise, secouée par l’action des patriotes italiens, qui veulent affranchir la ville du joug autrichien. Une représentation du Trouvère de Verdi, au théâtre de la Fenice, est troublée par des manifestants qui font s’abattre sur la salle une pluie de tracts patrio tiques. Dans une loge, la comtesse Livia Serpieri, épouse d’un haut fonctionnaire, échange un regard avec son cousin, le marquis Roberto Ussoni, instigateur de la manifestation. Quelques instants plus tard, elle doit intervenir pour empêcher celui-ci de se battre en duel avec un beau lieutenant autrichien, Franz Mahler, dont elle va bientôt tomber éperdument amoureuse. Enlisée dans cette pas sion, elle en oubliera ses convictions, sa dignité... FICHE TECHNIQUE RÉALISATION LUCHINO VISCONTI SCÉNARIO LUCHINO VISCONTI SUSO CECCHI D’AMICO D’APRÈS LA NOUVELLE DE CAMILLO BOITO AVEC LA COLLABORATION DE GIORGIO PROSPERI CARLO ALIANELLO GIORGIO BASSANI PHOTOGRAPHIE G. R. ALDO ROBERT KRASKER DÉCORS OTTAVIO SCOTTI COSTUMES MARCEL ESCOFFIER P. TOSI MUSIQUE GIUSEPPE VERDI ANTON BRUCKNER PRODUCTION LUX FILM INTERPRÉTATION COMTESSE LIVIA SERPIERI ALIDA VALLI FRANZ MAHLER FARLEY GRANGER MARQUIS ROBERTO USSONI MASSIMO GIROTTI COMTE SERPIERI HEINZ MOOG LAURA RINA MORELLI CLARA MARCELLA MARIANI L’OFFICIER CHRISTIAN MARQUAND COLONEL KLEIST TONIO SELWART SENSO ITALIE 1954 - DURÉE 1H55 TECHNICOLOR SORTIE LE 31 MAI 2006 PRESSE : ANNICK ROUGERIE TÉL. 01 56 69 29 30 Genèse de l’oeuvre Quand en 1953, Luchino Visconti dût renoncer à tourner le film qu’il préparait, Marche nuptiale, et que la Lux lui proposa “un film à grand spectacle d’un haut niveau artistique”, il choisit de s’inspirer d’un récit de Camillo Boito : Senso, écrit en 1883. Dans cette nouvelle, une comtesse vénitienne, Livia Serpieri, raconte l’aventure amoureuse qu’elle a vécue en 1866 pendant les derniers mois de la révolte italienne contre l’Autriche.Visconti a vu dans ce récit un “fait divers” au sens où l’entendait Verga. Il a voulu le raconter comme “épisode d’un tableau de l’histoire italienne”. Ce qui l’intéressait particulièrement, c’était qu’elle offrait une vision fugitive - telle celle d’une pièce de théâtre vue des coulisses - d’une guerre qui, bien que victorieuse dans l’ensemble, avait été endeuillée néanmoins par la terrible défaite de Custozza. Si l’on veut comprendre pourquoi Visconti attachait tant d’importance à cette bataille de Custozza, qui n’occupe qu’une ligne ou deux à peine dans les manuels d’histoire, il importe de rappeler que l’Italie n’était unifiée que depuis moins de 100 ans quand Visconti tourna Senso, et que son pays, avant l’unification, n’était qu’un assemblage d’états hétérogènes utilisés comme pions par les principaux souverains européens dans leurs luttes pour le pouvoir. Ce passé récent était très proche de Visconti. Descendant de grands seigneurs italiens, sa famille et ses parents y avaient joué des rôles importants. A propos du film “C’est vers l’aspect historique que je l’avais orienté tout d’abord. Je voulais qu’il s’appelle Custozza du nom d’une grande défaite italienne. Ce fut un tollé : la Lux, le Ministère, la censure... On ne voulait pas plus de Senso. Pendant le tournage, le clap portait Ouragan d’été. La bataille donc à l’origine avait une importance plus grande. Mon idée était de dresser un tableau d’ensemble de l’histoire italienne sur lequel se détacherait l’aventure personnelle de la comtesse Serpieri, mais celle-ci, au fond, n’était que la représentante d’une certaine classe. Ce qui m’intéressait, c’était de raconter l’histoire d’une guerre mal faite, faite par une classe seule et qui fut un désastre. (...) J’ai dû couper. On a brûlé le négatif. On a dépensé encore des millions pour tourner la mort de Franz. Je l’ai tourné au château Saint-Ange à Rome, parce qu’on ne pouvait plus aller à Vérone. J’ai tâché de faire le moins mal possible, mais pour moi ce n’était pas cela la fin de Senso : la vraie fin, c’était un petit soldat, un petit paysan autrichien qui n’a aucune responsabilité et qui pleure parce qu’il est ivre, il pleure parce qu’il est homme, il crie “Vive l’Autriche !” le jour d’une victoire qui ne sert à rien, parce que l’Autriche sera bientôt détruite, comme l’a dit Franz dans la chambre. Ce cri de “Vive l’Autriche !” et les larmes du petit soldat prenaient une importance énorme. Bref, le film devait s’appeler Custozza et finir par “Vive l’Autriche !”. Ça c’était Senso.” Luchino Visconti “Senso, c’est le débordement des sens. Cette femme qui “a failli ne pas connaître l’amour” et qui s’y jette avec une intransigeance qui éteint en elle tout autre sentiment. Démystifiant le romantisme béat, Luchino Visconti enrobe pourtant cette tragédie dérisoire dans une reconstitution historique fastueuse, aux images flamboyantes, qui prend d’emblée l’ampleur et la résonance d’un opéra. D’un bout à l’autre, Senso joue sur les deux tableaux : celui de la splendeur esthétique et celui de l’amertume morale. D’un côté un véritable hymne à la beauté qui se déploie à travers le choix des comédiens, la composition picturale de chaque plan, le soin extrême apporté aux décors et aux costumes. De l’autre, l’oeuvre d’un moraliste désabusé, décrivant l’itinéraire de la passion comme une inexorable déchéance, où triomphent la trahison, la lâcheté, le mépris et le dégoût. La lucidité morale et politique perce sous le faste trompeur de la forme, donnant une étonnante modernité à ce qui reste, au sens propre du mot, comme un sublime mélodrame.” Christian Depuyper