ils reveillent le terroir
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ils reveillent le terroir
30 Textes Photographies Stylisme Pierre PRADERE Michel CAROSSIO Marie D’HALLUIN gastronomie 31 Ils réveillent le terroir 6 producteurs, 6 produits, 6 recettes 1 chef Ils sont paysans producteurs ou artisans, vivent et travaillent en plein Gers, et ont réussi. Certains dans le voisinage, d’autres à l’échelle de la région ou de l’Hexagone. « Ils ont tous une histoire », comme le dit Jacques Faussat. Une histoire jamais banale, souvent cahoteuse, rarement idyllique, qui les a conduits à la recherche de la qualité en respectant le rythme de la nature. Loin des strass et des paillettes, sincères, modestes et fiers de leur travail, ils élaborent sans renier la tradition des produits de haute qualité et témoignent d’une vraie conscience bio. C’est cela la gascon touch. À l’heure de la banalisation des goûts et de la standardisation des productions, il est rassurant de constater que leur démarche marque le retour en grâce des productions artisanales. Ils réveillent le terroir. Et c’est tant mieux. Le cuisinier Jacques Faussat, Gersois exilé volontaire à Paris, a accepté de leur rendre hommage en créant une recette à partir de chacun de leurs produits. 32 L’INVITE gastronomie 33 Pierre Tachon Histoire d’œufs En vingt-cinq ans, ce gersois discret et déterminé a créé près de Riscle une pisciculture devenue un modèle de réussite en France. Et ce n’est pas fini ! U n sacré personnage ce Pierre Tachon ! En 1986, il crée son élevage de truites au bord de l’Adour, mais a en tête d’élever des esturgeons de l’espèce Sturio que l’on pêchait dans ce fleuve, exterminés en 1947. Las, la production est interdite. Lorsqu’en 1991, l’autorisation tombe, il acquiert des esturgeons Acipenser baeri qui se reproduisent en captivité. Huit ans plus tard, le caviar made in Gers renaît : 80 kilos d’œufs d’esturgeon sont récoltés dans les bassins et commercialisés par France Caviar, société créée par Pierre Bergé qui accompagne le développement de cette affaire. Du grand art Tachon est devenu un expert en matière de caviar français, vendu plus cher que le caviar russe. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est récolté au maximum de sa maturité et a ainsi toujours le même goût. Pour cela, il est nécessaire de goûter les œufs : « Je fais une biopsie dans le ventre de la femelle, explique l’aquaculteur, et je prélève quelques œufs. Pour savoir s’ils sont au stade optimum, je les ingurgite au fond du palais et quand ils reviennent sur la langue, ils doivent éclater tout seuls, sans qu’on exerce de pression. » Du grand art ! L’esturgeon est alors transporté vivant jusqu’à MontponMénestérol, en Dordogne, où la société Prunier Manufactures l’immerge dans des bassins d’eau de source pour éliminer tous les goûts parasites. Il est laissé à jeun quinze jours - il peut rester un an sans manger - et abattu. Les poches ovariennes sont récupérées puis passées sur un tamis qui permet de récupérer les œufs, lesquels sont rincés, salés et mis en boîte. On les trouve dans le commerce sous la dénomination Caviar Prunier Baerii, espèce dont le goût se rapproche de celui de l’osciètre. Hélas, il est impossible pour le consommateur de savoir si le caviar provient des bassins de l’Adour. Seul Pierre Tachon, en relevant le numéro de la boîte, est en mesure de déterminer le poisson qui a pondu, le bassin dans lequel il vivait, sa date de naissance, celle de ses parents. Traçabilité oblige ! 130 000 esturgeons Mais la question se pose de l’utilisation des carcasses. « C’est comme pour le canard, constate Pierre Tachon, on a un produit de luxe, le foie gras, qui se vend très bien, mais que faiton du reste ? » La solution a été trouvée au Centre régional d’innovation et de transfert de technologie d’Auch où la chair d’esturgeon est détaillée en filets et proposée crue, fumée, en tartare, en carpaccio, et mise sous vide. « C’est une chair ferme qui se tient, sans arêtes, facile à travailler, onctueuse, jamais sèche, dont on débite 300 kilos par mois, précise le pisciculteur. » Sensible, passionné, Pierre Tachon est très attaché à ses 130 000 esturgeons tous âges confondus, qui pèsent entre 7 kilos ( les mères) et 15 kilos ( les mâles) et vivent dans des bassins à faible densité. Rustiques, très adaptés aux eaux de l’Adour, « ce sont des poissons très sympas à élever. Ils n’ont pas de dorsale, ne blessent pas et viennent manger dans la main une nourriture qui respecte le cahier des charges de la culture bio, sans OGM, sans farine animale, sans antibiotique. » Notre chercheur d’or noir ne veut pas en rester là. Plein de projets, il lance une extension des bassins dont les travaux sont en cours et qui lui permettra de multiplier par quinze sa production. Parallèlement, il prépare la création d’un atelier de transformation sur le site de sa pisciculture, soutenu par le département et la région dans le cadre du Pôle d’excellence bio. Alors il pourra vendre sur place la chair d’esturgeon et son caviar. À l’heure où la pêche à l’esturgeon est en voie d’interdiction sur le plan mondial, l’entreprise de Riscle ne peut que se développer. Reconnu par les spécialistes, Pierre Tachon a effectué en vingt-cinq ans un remarquable parcours professionnel dans un secteur très pointu, et son fils vient désormais le seconder. Aujourd’hui, il tend vers un nouvel objectif inscrit sur quinze ans : élever à nouveau l’espèce Sturio qui peuplait l’Adour en 1946. Le Centre de recherches spécialisé en sciences et technologies pour l’environnement travaille à cette réimplantation. Alors, la boucle serait bouclée et donnerait de la cohérence à son chemin de vie. Une belle histoire au fil de l’eau ! Pisciculture du Tarsaguet 32400 Riscle 34 gastronomie Philippe de Galard À la poursuite du diamant noir Qui l’eut cru ? On produit des truffes dans le Gers. Rencontre avec un producteur passionné. U lotte, Ewan et Edelweiss, la chienne labrador et les deux golden retriever, montent la garde et aboient lorsque le visiteur pénètre dans la cour de la ferme du domaine de Manhas. Mais là n’est pas leur mission principale. Ce sont les stars du domaine, les « nez » qui flairent et repèrent les truffes, et ont été dressées pour cela. Voilà plus de vingt ans que Philippe de Galard s’intéresse au diamant noir. Propriétaire terrien sur la commune de Magnas dont il est aussi le premier magistrat, il cultive des céréales sur 250 hectares - blé dur, tournesol, orge, colza, maïs semence - et des framboises. Mais la culture de la truffe est sa passion. La truffe, ce n’est pas la génération spontanée ! Mais rien n’arrête notre agriculteur. Une folie ? Pas vraiment : « J’ai vu cela comme un amusement avec une rentabilité potentielle, et cela faisait partie du panel des nouvelles productions. Une de mes tantes en trouvait dans sa maison du Vaucluse, et je me suis dit pourquoi pas moi dans le Sud-Ouest ? » Il y a de la place dans la propriété, aussi a-t-il réservé cinq hectares sur un emplacement que les experts trufficulteurs de Cahors ont trouvé idoine. De la brumale… Le sol s’y prête, la terre, très calcaire est légère, elle se draine bien, avec un pH élevé. Il y plante des chênes truffiers issus de pépinières sélectionnées. Puis vient la mycorhization, opération complexe qui consiste à déposer sur les racines de l’arbre des spores de truffe, en veillant à ce que l’arbre soit le plus stérile possible, sans autres champignons susceptibles de le concurrencer. Et l’attente commence : on table sur sept à dix ans pour espérer une récolte. Trufficulteur est un métier de patience. Il faut aussi compter avec les lubies du temps et de la terre et se résigner au constat que ce champignon est capricieux et mystérieux. Mais Philippe de Galard y croit et, un beau jour de décembre 1993, ses chiennes découvrent les premières petites boules noires. Ce sont des Tuber brumale, une espèce de petite taille à la paroi arrondie et bosselée, à la chair veinée de blanc, qui atteignent leur summum entre décembre et février. Leur goût ? « Il est plus prononcé, un peu sauvage, mais c’est parfait pour l’initiation et plus accessible, avance l’agriculteur, car le prix est de 40 % inférieur à la Tuber melanosporum. » « La mélano», le mot est lâché ! Cette reine des truffes, l’idéal en matière d’équilibre et de texture, de couleur, au goût plus fin, au parfum plus subtil, notre trufficulteur compte bien en produire… … à la mythique melano « C’est long et complexe, car la brumale est envahissante et tue la mélano. » Il ne perd pas espoir, et c’est pour lui « un challenge économique, même si les frais engagés ne sont pas encore couverts par la vente de la production. » En 1998, apparaissent les premières mélanos. Et d’ajouter : « La truffe c’est comme une drogue, plus on en mange, plus on aime, et si elle demeure un produit cher, elle n’est pas inabordable. Il n’est pas besoin d’utiliser une grande quantité de ce champignon magique pour parfumer des œufs ou des pâtes qui ne sont pas des matières premières onéreuses. On peut aussi les marier à un gâteau de pomme de terre, comme le propose Jacques Faussat. » Aujourd’hui, il récolte 60 % de mélano et 40 % de brumale, une belle réussite qui récompense la ténacité et l’abnégation de Philippe de Galard, et le petit réseau d’acheteurs, de particuliers et de restaurateurs qui lui font confiance vante la qualité de ses produits. Pionnier dans ce département, il poursuit avec persévérance son travail autour de la truffe. Il joue même les évangélisateurs et n’est pas peu fier de son titre de président des trufficulteurs du Gers qui a pour vocation de « démystifier la truffe auprès des agriculteurs qui en ont entendu parler, mais n’ont pas d’idées précises ». Avec une poignée de confrères, il fait partager ses expériences, visite les parcelles, instruit les demandes de subvention, prodigue des conseils pour la création et l’entretien des plantations. Et il fait des émules. « Depuis six mois, nous avons rencontré trente nouvelles personnes qui s’interrogent. Dix dossiers sont prêts. » Enfin, souhaitant intervenir à toutes les étapes, de la production à la récolte, il se lance même dans le dressage des chiens truffiers. La truffe ? Une drogue. C’est lui qui le dit. Philippe de Galard Domaine de Manhas Lamothe 32380 Magnas 36 gastronomie gastronomie 37 Thierry Barrouillet Des équations à la volière Un cursus plutôt original pour cet aspirant enseignant qui a délaissé les mathématiques au profit de l’élevage de pigeons. l’entour, prend le statut d’agriculteur et construit les équipements nécessaires. La production peut commencer. C ’était un rêve de jeunesse. Il s’est réalisé. « J’ai toujours voulu élever des oiseaux » avance Thierry Barrouillet, producteur de pigeons au domaine du Grit à Projan, dans le Val d’Adour. En six ans, sa petite entreprise a démultiplié le cheptel, passant ainsi de 1500 à 2300 couples. Pourtant, la concrétisation du projet a pris du temps. Après des études de mathématiques, il souhaitait embrasser la carrière d’enseignant, mais la vie en a décidé autrement. Il s’oriente alors vers l’agriculture et devient salarié dans un élevage de canard ; puis, à 35 ans, il passe son bac agricole et découvre l’élevage de pigeons à l’occasion d’un stage professionnel. C’est le déclic, la révélation, il a trouvé sa voie. Il rejoint alors la maison familiale de Projan, acquiert des terres à Un sacré carnet d’adresses Mais la grippe aviaire se déclare, et l’usine voisine où il sous-traite l’abattage se voit obligée de fermer. « Cela a boosté mon entreprise : il fallait réagir vite ! J’ai créé mon atelier de transformation dans l’enceinte de l’exploitation. Un gros challenge, une belle frayeur aussi, mais aujourd’hui on s’en sort bien et je ne regrette pas d’avoir franchi le pas » avoue Thierry Barrouillet. Ici, on contrôle la totalité de la chaîne, de la naissance au commercial en passant par l’abattage. La qualité, en effet, ne fait pas tout. Il faut aussi vendre. Il fournit la petite et moyenne distribution, et les superettes qui jouent la carte des producteurs. Quant aux particuliers, ils viennent s’approvisionner à la ferme Au Grit et sur les marchés d’Eugénie-les-Bains et de Serres-Castet où est privilégiée la vente à la découpe. Parallèlement, il ouvre une boutique au marché fermier de Barcelonne-du-Gers qu’il a créé avec six collègues. Il s’est également constitué un sacré carnet d’adresses de restaurants. Quand on lui demande d’en dresser la liste, Thierry Barrouillet lève les yeux, cherche dans sa tête et égrène le nom de quelques fort bonnes tables du voisinage : l’hôtel Bellevue à Cazaubon, le Monde à l’envers à Marciac, la Table d’Oste à Auch. Puis il ajoute presque gêné, excusez du peu, Michel Guérard à Eugénie-les-Bains, les frères Ithurriague au Fin Gourmet à Pau, Jacques Faussat à Paris… Cette façon retenue de parler de soi, de son expérience, cette modestie naturelle, c’est tout Barrouillet. L’homme est réservé, sensible, et les 18 OOO pigeonneaux de belle renommée qu’il produit chaque année ne lui donnent pas la grosse tête. « L’entreprise est suffisante pour l’instant et reste à taille raisonnable pour proposer de la qualité. » La saga éphémère des pigeonneaux C’est un vrai bonheur de déambuler dans les allées des hangars où s’ébattent les pigeons, accompagné par leurs roucoulades et le bruissement des ailes. En guide-expert, Barrouillet raconte avec tendresse la saga de ses volatiles. Il a choisi avec beaucoup de soin la race Myrthis, pour ses lignes pures et sa belle chair. Mais la vie est courte pour ces petits oiseaux. Dans la volière, un pigeonneau est couvé 17 jours, élevé et nourri par ses parents pendant 28 jours, puis la femelle jette le petit du nid. Pour lui, commence l’apprentissage, ô combien éphémère, de la dure réalité, car, avant même d’avoir volé, il est tué, saigné, plumé, éviscéré et prêt à cuire. La viande est tendre et goûteuse, grâce à une alimentation choisie : le maïs d’un petit producteur, des céréales granulées et contrôlées, et des pois fourragers secs, riches en protéines et très prisés, lesquels donnent à la chair un goût de noisette. « J’ai une passion pour les pigeons, avoue Thierry Barrouillet, c’est un animal formidable et reposant. Il roucoule tout le temps. Le papa a l’instinct maternel, il couve les œufs et nourrit les petits lorsque la mère est occupée : le travail est totalement partagé et alterné. » À ces propos pleins de tendresse et de sincérité, il ajoute : « Il faut savoir que les couples de pigeons qui se forment ne se séparent jamais et restent fidèles jusqu’à la mort ! » Un bel exemple… À l’entrée du village de Projan, il a aménagé sa ferme pour les visites. Il expose une belle collection de pigeons de race et des outils agricoles. Il vend également ses produits et conserves, et met la dernière main à la construction d’un pigeonnier qu’il a reconstitué. Ferme « Au Grit » 32400 Projan Ouvert mercredi, jeudi, vendredi et samedi. 05 62 09 44 93 fermeaugrit.fr Marchés de Serres-Castet le samedi matin et d’Eugénie-les-bains le mercredi matin. 38 gastronomie Pierre Matayron La quête de l’excellence Parties d’un petit village du sud du département, les productions de haut vol de cet éleveur figurent aujourd’hui sur les tables les plus célèbres de la capitale. L ’adversité redonne souvent énergie et lucidité, et engage à se ressaisir. C’est ce qu’a vécu Pierre Matayron quand, à peine lancé dans la production de bovins dans la ferme familiale de Larroche, la maladie de la vache folle frappe durement son exploitation. 1992 et 1993. Deux crises en deux ans ! La consommation de viande diminue, et par effet induit, malgré la qualification Label rouge, les ventes chutent fortement. « Il fallait trouver autre chose, raconte l’éleveur. J’assiste alors à une réunion d’information sur le porc noir de Bigorre et suis emballé par le projet de sauver de l’extinction une des races françaises les plus anciennes. » Dès 1995, il achète plusieurs cochons et débute l’élevage. Le challenge le motive, il y voit une façon de se prouver qu’il peut s’en sortir. Et ça marche... Les méthodes des anciens Hyperactif, résolu, il s’implique totalement dans l’aventure « avec l’ambition de faire du très qualitatif, authentique, vrai, basé sur des valeurs ancestrales ». La charte de l’Association des éleveurs de porcs noirs de Bigorre est drastique. L’élevage se fait dans une zone d’où le porc est originaire : parfait, il est sur ce territoire ; dans des parcs à raison d’un maximum de 25 porcs à l’hectare* : il plafonne le nombre à 10 sur la même superficie ; le porc noir doit recevoir une alimentation contrôlée en céréales : c’est fait, l’animal se nourrit d’orge et de seigle non OGM, de beaucoup d’herbe, de glands et de châtaignes. Ses 350 porcs à l’engraissement paissent en pleine nature, été comme hiver, dans un environnement de 35 hectares de prairies, bois, haies et plan d’eau. On respecte largement les normes fixées, et c’est tout bon pour les animaux. Le credo de Pierre Matayron ? À race ancienne, méthodes anciennes. Il ressuscite les pratiques que ses « grands-parents appliquaient sur le territoire : laisser faire la nature, prendre le temps ». Comment pourrait-il agir autrement, lui qui se revendique issu de huit générations de paysans ? « L’horloger de mes jambons » Adultes à un an, ses Bigorre sont abattus à quatorze ou quinze mois et découpés dans le centre de transformation agréé par l’Association. Pour la salaison, Matayron reprend la main. « Les jambons ont tous une graisse, une taille, une apparence, un poids différents et doivent donc tous être traités différemment, avec une attention particulière. Ce travail sur mesure pour obtenir une qualité régulière, je le confie à Thierry Pardon, artisan salaisonnier près de Nay, l’horloger de mes jambons. Après dix-huit mois d’affinage minimum, ils sont au summum du goût. » Ah, les jambons de Pierre Matayron ! Il faut l’entendre en parler avec l’émotion d’un gamin : « On a un produit extra parce qu’on s’occupe bien de nos animaux, qui vivent dans de bonnes conditions. Comme le jambon est bien gras, il ne prend pas beaucoup le sel. Après une telle durée de maturation, le potentiel aromatique a eu le temps de s’épanouir, il devient fondant, onctueux, et il faut tout manger, le maigre et le gras qui amène toutes les qualités gustatives… À température ambiante, on décèle des arômes de sous-bois, de châtaignes et même de prairies… » Incomparable, ce jambon de perfectionniste atteint l’excellence et suscite la convoitise. Jacques Faussat a été l’un des premiers chefs à s’approvisionner chez lui en salaisons et viande fraîche. « Chassé » par deux jeunes commerciaux qui recherchent les mets d’exception dans toute la France, il entre dans les cuisines des grands chefs de la capitale : Yannick Alleno du Meurice, Alain Ducasse, William Ledeuil, Hélène Darroze sont des fans. Fauchon l’expose dans ses vitrines… Pierre Matayron garde la tête froide devant ce buzz, tendu vers « la recherche permanente du top ». Il ne se ménage pas, se déplace sur tous les salons gourmands de Paris, Marseille, Cannes, de même qu’au Salon de l’agriculture, et livre également les particuliers. Cinq mille noms figurent sur sa liste d’addicts. Plein d’enthousiasme, le voici désormais tourné vers la sauvegarde d’autres espèces. Il élève au grand air de la ferme de Larroche des poules et vaches gasconnes, « des produits rustiques appelés de qualité et festifs ». * La législation européenne autorise jusqu’à 120 porcs à l’hectare ! Pierre Matayron Élevage de Larroche 32160 Lasserade 05 62 69 32 70 Vente à la ferme et sur pierre-matayron.fr 39 40 L’INVITE gastronomie 41 Rodolphe Lopez Parfaitement chèvre À son compte depuis trois ans à peine, ses fromages de chèvre sont déjà très prisés sur les marchés du département. R ien ne destinait Rodolphe Lopez à devenir chevrier dans le Gers. Mais les hasards de la vie en ont décidé ainsi et forcé son destin. Après avoir bourlingué d’Arcachon à Paris, puis en Ariège, il rencontre son amie, la suit à Mirande et vit depuis maintenant 10 ans dans la région. « Les chèvres m’ont toujours plu… Pour mon BTS, j’ai choisi la spécialité caprine et, après un emploi de salarié au lycée agricole de Mirande puis dans une ferme, j’ai acheté une exploitation inutilisée sur la commune de Pouylebon, à mi-chemin entre Marciac et Mirande, et me suis lancé en 2007 dans l’élevage des chèvres.» Des fromages aux multiples vertus Au bas du village, il occupe le petit hameau de Milhommes avec son beau-père éleveur de brebis. Son troupeau reste toute la journée en pâturage, sur un vaste espace de plus de 15 hectares en pleine nature, et rentre la nuit en stabulation. Les 35 mères, le bouc et les 12 chevrettes sont nourris à l’herbe, au foin des prés ou de luzerne, cultivés sans engrais ni pesticides, mais aussi d’orge et de féveroles entières issues de l’agriculture majoritairement biologique. Un bon critère pour produire de la qualité, le maître-mot de Rodolphe Lopez. Il aime ses bêtes, des alpines croisées avec des pyrénéennes, et les respecte. « Je ne les fais saillir qu’à 18 mois, alors que l’on peut le faire dès 6 mois » précise-t-il. Sa fabrication est la plus simple et la plus naturelle possible. « Le lait sort du pis à 36 °C, on le fait descendre à 18 °C, on y ajoute présure et petit-lait, et on l’abandonne 24 heures. Il est ensuite moulé et retourné une fois, et le chèvre frais peut être dégusté. Quant aux chèvres affinés, demi-secs ou secs, ils sont appelés à séjourner dans un groupe froid à 13-15 °C jusqu’à deux mois. » Propos un rien techniques de la part de ce fabricant qui précise que « les fromages sont juste salés, sans ajout, ni parfum, ni fines herbes, ni poivre, pour apprécier au mieux le goût générique ». Appelés « lactiques », et baptisés « crabits » par Rodolphe, ils sont ronds, comme les célèbres fromages du Lot, ou peuvent aussi avoir la forme de bûches. Les tommes, qui pèsent entre 800 grammes et 3 kilos, subissent un processus un peu plus complexe. Elles ne sortent de la cave qu’au bout d’un mois et demi d’affinage et peuvent être conservées de un à deux ans au frais à 12-14 °C. Riches en vitamines,minéraux et oligoéléments, calcium, phosphore, potassium et magnésium, les fromages de chèvre ont de nombreuses vertus. « Ils ont des qualités nutritionnelles reconnues ; ils sont également très digestes, apportent peu de cholestérol et offrent une texture plus fine que les fromages de brebis et de vache », indique Rodolphe. Un métier sportif Éleveur de chèvres est un métier sportif. « Il faut les traire le matin, puis se rendre sur les marchés des environs pour vendre la marchandise, travailler à la fromagerie, rentrer les bêtes et procéder à la traite du soir. En pleine saison, les journées sont longues, de 6 heures à 21 heures, mais je ne me plains pas, je l’ai voulu, et ce métier me plaît beaucoup. » Le Gers n’a pas particulièrement la culture du chèvre, c’est donc un produit assez rare, et peu de professionnels courent les marchés de plein vent du département. Rodolphe a donc très vite constitué un réseau de consommateurs fidèles dans les villes et villages où il déplie son étal. « Des clients viennent acheter chaque semaine ; et c’est gratifiant de travailler pour nourrir les gens mais aussi pour faire plaisir » résume-t-il joliment. Victoria Heath, la so british cuisinière du Monde à l’envers, à Marciac, ne tarit pas d’éloges sur les fromages frais 100 % lait cru de Rodolphe, et le chef gasco-parisien Jacques Faussat, séduit par ses produits, se promet de les vanter dans la capitale. Posé, réservé, humble, Rodolphe Lopez est un pur. « Mes fromages, je les trouve bons, mais on peut s’améliorer. Il faut un peu de temps, car le troupeau est jeune ; on a une croissance douce, mais on va encore gagner en saveurs. » Aujourd’hui notre chevrier produit 16 000 litres de lait par an, 10 000 pour la tomme et 6 000 en lactiques, et fabrique un fromage de grande qualité. Un bon début… Rodolphe Lopez Milhommes 32320 Pouylebon 05 62 66 63 41 Marchés d’Auch (devant l’école maternelle) le jeudi, de Marciac le mercredi, de Nogaro le samedi et de Castéra-Verduzan le dimanche. Vente à la ferme. 42 gastronomie Yannick Ferronato Bon et bio à la fois Tirant les leçons du passé, Yannick Ferronato a fait le choix de la culture bio. Il le défend avec conviction. Il est 17 heures, Yannick Ferronato vient contrôler si la collecte du jour s’est bien déroulée. En contrebas du village, sur un hectare, ses plants de fraises protégés par une bâche légère transparente forment des stries géométriques parfaitement alignées. « C’est tout un art de cueillir les fraises, explique-t-il. Il faut veiller à ne pas abîmer les pieds, sectionner la tige avec deux doigts en amont du fruit, le saisir, le recueillir dans sa main et l’installer dans le panier. » Un travail de précision, délicat, surtout pour les précoces gariguettes réputées pour leur fragilité, un travail harassant qui exige d’être accroupi en permanence. Passée la période des gariguettes, ce sera le tour des maras des bois, puis des cirafines. Bio intégral mais pas intégriste Croquant à pleines dents dans leur chair, Ferronato avoue : « Je mange des fraises tout le temps et ne m’en lasse pas. Pourtant ce n’est que de l’eau… » Tu parles ! En se lançant dans le bio intégral - mais pas intégriste -, il a pris une décision longuement mûrie et réfléchie : « J’ai beaucoup travaillé dans le Gers dans ma jeunesse pendant l’été, j’ai tourné dans les fermes, j’ai fait les moissons, piloté des machines agricoles, cela m’a permis de voir les différents modes de production… Lorsque je me suis installé, je me suis dit, les pesticides, c’est hors de question. Et la fraise bio, ça peut être sympa… C’est un produit plaisir, on le met sur la table le week-end… » Aujourd’hui, toujours de bonne humeur et plein d’optimisme, Ferronato reconnaît cependant que la culture bio est plus complexe, plus aléatoire et contraignante, mais procure un plus grand plaisir… Issu d’une famille d’agriculteurs - son grand-père était métayer ici, son père a des terres et exerce encore - il connaît le métier et ne regrette pas son choix : « Je me suis pris au jeu de ne pas faire comme les autres, et quand j’entends mes enfants me dire qu’ils sont fiers que je fasse du bio, je suis convaincu que je suis dans le vrai. » Des propos sincères, retenus, loin des discours d’ayatollah, de la part de ce jeune professionnel à l’œil vif et au parler franc, qui conduit la même démarche sur la culture de ses légumes, petites courgettes, melons, et variétés de tomates anciennes qui poussent dans le voisinage. Doublement actif Mais il a souhaité élargir cette expérience. Il s’est associé avec quelques amis pour monter une Biocoop à Auch, vers laquelle il achemine une partie de sa production. Le reste alimente le marché de plein vent de Saint-Aubin à Toulouse où il est présent tous les dimanches matin, et surtout la plate-forme de PortSainte-Marie qui irrigue le Grand Sud-Ouest et tout l’Hexagone. « Je suis doublement actif, commerçant et producteur, présent sur mes terres mais aussi à la boutique ; c’est super le commerce ! La relation avec la clientèle est essentielle : c’est ce qui manque dans le métier d’agriculteur que je n’arrêterai jamais, car c’est le lien familial. » Ainsi contrôle-t-il toute la chaîne. « Côtoyer les clients, échanger, cela double le plaisir. Je passe autant de temps à commercialiser qu’à produire : c’est important pour moi de savoir où ça va. Je reste attaché à mon produit même quand il est vendu ! » Aujourd’hui, une très grande partie de la production française se fait en « hydroponie », terme ésotérique qui signifie que fruits et légumes poussent à 1,50 mètre de hauteur sur un sol inerte auquel on apporte artificiellement nourriture et sels minéraux. N’est-on pas mieux les pieds sur terre, comme à Pergain-Taillac, chez Yannick ? Pour sa part, il ne regrette pas de s’être lancé dans le bio et espère qu’il y aura très vite une prise de conscience qui donnera à ce mode de culture la place qu’il mérite. Yannick Ferronato 32700 Pergain-Taillac Biocoop Les jardins d’Augusta 52 rue du 8 mai 32000 Auch Les fraises de Yannick Outre les très aromatiques gariguettes, récoltées en avril et mai, Yannick Ferronato produit des maras des bois, de beaux fruits remontants au parfum de fraise des bois, qui poussent de mai à octobre et font trois à quatre floraisons par mois. Remontantes également mais moins célèbres que les précédentes, les cirafines, ovoïdes, au bon goût sucré et équilibré, à la chair tendre se récoltent jusqu’aux premières gelées. 43 44 gastronomie Jacques Faussat Le goût du Gers L’enfant de Beaumarchès tient aujourd’hui sa place dans la capitale. Mais il est toujours prêt à promouvoir les richesses de son pays natal. La preuve par six. Six recettes créées pour vous. I l ne reste pas campé dans son XVIIe arrondissement, ce chef qui, accrochant il y a huit ans son enseigne dans le quartier des finances et des affaires, obtenait l’étoile Michelin deux ans plus tard. Dès qu’il le peut, il retourne en Gascogne et met à profit ses vacances pour visiter les exploitations. Il a ainsi découvert Matayron, Tachon, Barrouillet, aujourd’hui ses fournisseurs attitrés. Et les produits de Galard, Ferronato, Lopez arriveront sans doute bientôt dans les assiettes de La Braisière. Who’s who gourmand Ainsi, avec ces professionnels de la qualité et quelques autres, s’est constituée une coterie « origine Gers contrôlée », une tribu de fournisseurs qui composent son who’s who gourmand. Galaxie gasconne à laquelle s’ajoutent Alain Alquier, un Risclois dont les peintures ornent les murs du restaurant, et Henri Moulié, autre Gersois qui fleurit les tables… « Dans le Gers, il y a plein de petits paysans ; mes racines paysannes me disent que je dois parler de leurs produits, explique-t-il. Dès qu’il y a un produit sympa dans le Gers, je veux être le premier à le pousser à Paris. » Propos révélateurs de l’attachement de Jacques Faussat à des valeurs sacrées, l’amour du pays, la transmission, le partage et le sens de l’équipe, aux fourneaux comme en salle, « où je suis gâté », dit-il, « avec deux femmes formidables, Elizabeth, mon épouse, et Béatrice ma sœur ». Bases classiques revisitées Et sa cuisine ? « Je travaille sur des bases classiques que je revisite, comme la salade de homard bleu et œuf de poule Lucullus, le hachis Parmentier de veau et ris de veau, le jarret de porc noir de Bigorre braisé, le croustillant de fraises des bois glace verveine, qui sont mes plats du moment. » Un répertoire au tempérament généreux, qui vénère aussi les fondamentaux du Sud-Ouest. Que boire avec cela ? Des vins de Gascogne, bien sûr, toujours dans « l’esprit tribu », comme L’Empreinte ou Le Faîte, des côtes-desaint-mont, ou le Prestige du Château Viella, le Barrejat de Capmartin… Jacques Faussat, expatrié heureux à Paris et viscéralement gersois, ambassadeur et chantre de son sol, a gardé son accent. Ça vous étonne ? La Braisière 54 rue Cardinet 75017 Paris 01 47 63 40 37 Quand on lui a proposé d’imaginer six recettes à partir de six produits du Gers, Jacques Faussat a tout de suite accepté et s’est prêté avec gentillesse à l’exercice. Il nous livre ses commentaires. Le gâteau de pomme de terre au foie gras et à la truffe Contraste entre le fondant, le moelleux et l’intensité de la truffe. Jacques Faussat : « C’est un plat emblématique de la maison, qui fait appel à des produits nobles et simples. Je ne savais pas que l’on trouvait des truffes dans le Gers, l’occasion d’utiliser le diamant noir issu de mon pays. » La papillotte d’esturgeon de l’Adour enrobé de piquillos Esthétique, jouant sur les couleurs, le rouge, le blanc et le noir, un mets à la fois puissant en saveur et doux au palais. J. F. : « J’ai fait beaucoup d’essais avec l’esturgeon, sa chair a un goût sauvage, le jus aux herbes et les épices douces viennent l’arrondir. » Le croustillant de pigeon au foie gras et aux blettes Chair tendre, plat craquant et fondu. J.F. : « Pour ne pas être totalement sud-ouest, je recherche la concentration des saveurs dans l’esprit pastilla, un plat léger et digeste. » Le tournedos de porc noir de Bigorre façon Rossini Composition généreuse, avec une insolite et tranchante garniture de fruits. J.F. : « Une référence au classique Rossini, qui devient un plat canaille avec le filet mignon de cochon noir sublimé par le lard. » Le fromage de chèvre monté au miel de romarin Étonnante construction en strates, garnie de raisin frais. J.F. : « Un plat presque féminin marié au Pacherenc du Vic-Bilh moelleux, note sucrée qui annonce le dessert. » Feuillantine aux fraises Dessert rafraîchissant et léger, avec ce goût exacerbé de la fraise. J.F. : « Un clin d’œil appuyé au Gers avec une chantilly parfumée à l’armagnac. » 46 Papillotte d’esturgeon de l’Adour et piquillos Gâteau de pomme de terre au foie gras et à la truffe Tournedos de porc noir gascon façon Rossini Pour 6 personnes Pour 6 personnes Pour 6 personnes 600 g de chair d’esturgeon 450 g de piquillos 2 aubergines 2 poireaux tendres du jardin 1 citron piment d’Espelette et cumin huile d’olive sel et poivre 1 kg de pommes de terre Charlotte ou Pompadour de belle taille 500 g de foie gras de canard entier mi-cuit 80 g de truffe + 20 g pour la sauce bouillon de volaille sel et poivre long concassé 1 filet mignon de porc de 1 kg 1 lobe de foie gras de 400 g 1 verre de jus de veau vin blanc de Saint-Mont Pour la mayonnaise aux herbes : 1 jaune d’œuf 1/2 verre d’huile d’olive 1 c. à soupe d’herbes fraîches ciselées 1 pincée de sel vinaigre moutarde Pour la vinaigrette aux épices douces : 1 jus de citron 8 c. à soupe d’huile d’olive 1 c. à café d’épices douces (curcuma, cumin, muscade, curry) 1 c. à café de piment d’Espelette 1 pincée de sel 1. Coupez les piquillos en deux dans le sens de la longueur et retirez les pépins. Épluchez les aubergines et taillez-les en fines lamelles dans le sens de la longueur. Poêlez-les ensuite à l’huile d’olive, puis saupoudrez de sel, de poivre et de cumin. Montez la mayonnaise, et tranchez très finement l’esturgeon. 2. Recouvrez le plan de travail de film alimentaire. Sur la moitié de la surface du film, dessinez une ligne de piquillos disposés ainsi en alternance. Répartissez dessus les tranches d’aubergine assaisonnées, puis les lichettes d’esturgeon. Arrosez de jus de citron. Assaisonnez avec du sel et du piment d’Espelette, et badigeonnez au pinceau de mayonnaise aux herbes. Roulez le film alimentaire et réservez le rouleau obtenu au réfrigérateur. 3. Faites cuire les poireaux dans de l’eau bouillante salée, puis égouttez-les. Préparez la vinaigrette. 4. Découpez la papillote en tronçons (prévoir 3 morceaux par personne) et disposez-les à plat sur les assiettes. Taillez également les blancs de poireau en forme de bouchon, assaisonnezles avec la vinaigrette aux épices et disposez-les verticalement. Utilisez le reste de vinaigrette pour décorer les assiettes. 1. La veille, lavez les pommes de terre et faites-les cuire avec la peau à l’eau frémissante bien salée pendant 1 heure. En fin de cuisson, rafraîchissezles sous l’eau froide et gardez-les au réfrigérateur. 2. Lorsqu’elles sont bien froides, épluchez les pommes de terre et taillez-les en lamelles très fines dans la longueur. Tranchez de fines lichettes de foie gras en conservant le gras à part dans un récipient. 3. Humidifiez légèrement une terrine de 1,5 litre avec le gras récupéré et chemisez-la soigneusement de papier sulfurisé. Rangez dans le sens de la longueur une couche de pomme de terre de 1,5 cm d’épaisseur, salez, poivrez et tassez bien le tout. Disposez ensuite une couche de lichettes de foie gras et râpez un peu de truffe. Salez et poivrez de nouveau. Renouvelez l’opération trois fois et terminez avec une couche de pomme de terre. 4. Repliez le papier sulfurisé sur la terrine et mettez à cuire au bain-marie au four (th. 3-90 °C) pendant 2 heures. Posez ensuite la terrine sur de la glace pour arrêter la cuisson, puis conservez-la au réfrigérateur pendant au moins 24 heures. 5. Le jour même, démoulez délicatement la terrine et coupez-la en tranches épaisses de 2 cm. Disposez-les dans des cassolettes individuelles et mettez à réchauffer tout doucement au four à th. 2/3-80 °C. 6. Pendant ce temps, préparez une sauce avec du bouillon de volaille et quelques copeaux de foie gras mixés. Arrosez-en les cassolettes, puis râpez sur le dessus les 20 g de truffe restants et servez aussitôt. Pour la garniture : 1 pomme 1 grappe de raisin petit manseng bien mûr 1/2 ananas 1/2 boule de céleri 2 c. à soupe de vinaigre blanc 1 pincée de curry 1 pincée de piment d’Espelette 1 pincée de sel poivre long 1. La veille, préparez la garniture. Épluchez et taillez tous les fruits et légumes en petits dés réguliers. Coupez en deux les grains de raisin et retirez les pépins. Mettez les fruits et le céleri dans une casserole, laissez compoter longuement et assaisonnez. 2. Le jour même, taillez le filet mignon en 6 tranches de 150 g chacune. Cerclez tous les morceaux avec une barde de gras et maintenezles avec une ficelle. Dans un sautoir, saisissez les tournedos assaisonnés de sel et poivre jusqu’à obtention d’une cuisson rosée. 3. Découpez 6 tranches de foie gras dans le lobe et poêlez les escalopes à part de la viande. Au terme des cuissons, déglacez avec un petit peu de vin blanc de Saint-Mont, laissez réduire et mouillez avec le jus de veau. 4. Dans chaque assiette, dressez avec un emportepièce la garniture préalablement réchauffée, puis disposez les tournedos surmontés des escalopes de foie gras et nappez légèrement de jus. 47 Croustillant de pigeon au foie gras et aux blettes Fromage de chèvre monté au miel de romarin Pour 8 personnes Pour 6 personnes 4 pigeonneaux de 500 g chacun 1 lobe de foie gras de 500 g escalopé en 8 tranches 6 oignons 2 carottes 1 pied de blettes 1 grappe de raisin blanc de gros manseng 1 tête d’ail frais du Gers 1 bouquet garni 50 g de beurre fondu 1 verre de vin blanc de Saint Mont 1/2 verre d’huile d’olive 2 c. à soupe de concentré de tomate pâte filo gingembre râpé jus de veau vinaigre blanc sel, poivre et cumin 250 g de fromage de chèvre frais 100 g de bleu d’Auvergne 1 fromage de chèvre demi-sec 75 g de noix décortiquées 70 g de raisins blonds 40 g de miel de romarin 50 g de vin blanc liquoreux 1 feuille de gélatine sel et poivre 1. Videz les pigeons, récupérez le cœur et le foie, levez les cuisses et les suprêmes. Réservez les suprêmes au réfrigérateur. 2. Pour la confection du jus de pigeon, faites revenir les cuisses et les carcasses avec 1 oignon ciselé et les carottes. Laissez colorer. Puis déglacez avec le vin blanc et mouillez avec le jus de veau. Ajoutez le bouquet garni, l’ail écrasé et laissez mijoter le tout doucement. Pendant ce temps, poêlez le foie et le cœur des pigeons, puis hachez-les et réservez. Quand les cuisses sont cuites, égouttez-les et levez la chair. Passez le jus au chinois et faites-le réduire légèrement avant de le dégraisser. 3. Préparez les oignons confits. Épluchez et émincez 5 oignons. Mettez-les dans une sauteuse avec 1/2 verre d’huile d’olive, le concentré de tomate, du sel, du poivre, du gingembre râpé et un peu de vinaigre blanc. Laissez compoter environ 2 heures à feu très doux. Au terme de la cuisson des oignons, ajoutez les effilochées de chair de pigeon, le foie et le cœur hachés, et rectifiez l’assaisonnement. 4. Pour la réalisation du croustillant, préchauffez le four à th. 6/7-200 °C. Déroulez 1 pâte filo et badigeonnez-la de beurre fondu. Recouvrez d’une seconde pâte filo, enduisez-la également de beurre et terminez par 1 autre pâte filo. Découpez cet assemblage au couteau pour former 8 carrés. Renouvelez cette opération pour obtenir au total 16 carrés. Feuillantine aux fraises Pour 6 personnes 1 paquet de feuilles de brick 600 g de fraises 100 g de sucre 50 g de sucre glace 25 cl de crème fraîche 1 c. à café d’armagnac 1 c. à café de fleur d’oranger Pour le sorbet au fromage de chèvre : 1. Coupez le fromage de chèvre demi-sec dans le sens horizontal pour obtenir 3 disques. 300 g de chèvre frais 60 g de sucre en poudre 60 g de sucre de canne 10 cl de crème fraîche 2. Chauffez le vin blanc, incorporez la feuille de gélatine puis les raisins blonds, les noix et le miel de romarin. Mélangez délicatement cette préparation au fromage de chèvre frais. 1. Préparez le sorbet. Faites dissoudre les 2 sucres dans un peu de crème, puis incorporez le reste des ingrédients et passez à la sorbetière. 3. Placez dans un cercle 1 disque de fromage demi-sec, puis étalez 1 fine couche de bleu d’Auvergne et étalez ensuite 1 couche de la préparation au fromage frais. Répétez l’opération deux fois, filmez et réservez au frais. Attendez 2 ou 3 jours avant de servir ce fromage monté, accompagné d’un mesclun d’herbes aux fraîcheurs de jardin. 5. Lavez et émincez les feuilles de blettes. Cuisez-les dans de l’eau bouillante salée et égouttez-les soigneusement en les pressant. Assaisonnez les escalopes de foie gras, poêlez-les, puis réservez-les. Poêlez ensuite les suprêmes de pigeon, côté peau, dans le jus de cuisson du foie gras et réservez. Mettez les blettes émincées dans le jus de cuisson du foie gras et des suprêmes de pigeon et faites-les cuire légèrement, puis réservezles. 6. Sur chaque assiette chaude, superposez en mille-feuille un socle de confiture d’oignon, recouvert de blettes et surmonté d’un carré croustillant. Dressez par-dessus 1 suprême de pigeon cuit rosé puis 1 escalope de foie gras poêlée, et terminez par un carré croustillant. Entourez d’un cordon de jus de pigeon mijoté auquel vous aurez préalablement intégré les grains de raisin épépinés. 2. Lavez les fraises, équeutez-les, égouttez-les soigneusement et réservez-les au réfrigérateur. Portez à ébullition 10 cl d’eau et 100 g de sucre et laissez frémir jusqu’à obtention d’un sirop. 3. Badigeonnez de sirop 1 feuille de brick avec un pinceau, posez par-dessus une autre feuille de brick, badigeonnez-la également de sirop et couvrez-la d’une nouvelle feuille de brick. Découpez le montage des feuilles en 12 parts égales et mettez-les à cuire au four th. 6/7-190 °C entre 2 plaquettes pendant 10 minutes. 4. Fouettez la crème fraîche en incorporant le sucre glace et parfumez à votre goût en ajoutant l’armagnac et la fleur d’oranger. 5. Placez 1 feuillantine sur chaque assiette, puis ajoutez la crème fouettée à l’armagnac. Renouvelez l’opération une fois. Répartissez les fraises tout autour et ajoutez 1 quenelle de sorbet sur le côté. Si vous le souhaitez, nappez d’un coulis de fraise et décorez de quelques feuilles de menthe.