ouvrir le fichier - Les Verts de Colombes

Transcription

ouvrir le fichier - Les Verts de Colombes
Catherine BERNARD
Conseillère municipale
10 rue François 1er
92700 COLOMBES
Monsieur Gilles MAZUEL
Commissaire Enquêteur
Mairie de Nanterre
Services Techniques Municipaux
Tour A - 130 rue du 8 mai 1945
92000 NANTERRE
Colombes, le 1er novembre 2004
Objet : enquête publique relative à la demande d’exploitation d’une installation d’énergie rue
Noël Pons à Nanterre présentée par la Société Enerthem
Monsieur le Commissaire Enquêteur,
L’enquête publique relative à la demande de la Société Enerthem pour obtenir l’autorisation
d’exploiter une nouvelle installation de production d’énergie au 11-21 rue Noël Pons à Nanterre
suscite une grande inquiétude et des interrogations auxquels les documents versés à l’enquête
publique ne répondent pas.
INQUIETUDE
Nous avons en mémoire la tragédie survenue le 30 juillet 2004 à Ghislenghien en Belgique où
l’explosion d’une canalisation de transport de gaz a fait 23 morts et plus de 130 blessés dans une
zone qualifiée « d’industrielle » comme celle dont il est question dans la présente enquête, zone
dont on sait qu’elle fera tôt ou tard l’objet de travaux.
Il semble vital de rappeler quelques faits : c’est une canalisation de 2 mètres de diamètre et d’un
poids d’une tonne qui a été sectionnée et projetée 200 mètres plus loin par la violence de
l’explosion dont la déflagration a été ressentie dans un rayon de 10 kilomètres. L’enquête en
cours révèle qu’un engin mécanique, une pelleteuse dont les experts ont retrouvé des traces de
griffures sur la partie de canalisation sectionnée, effectuant des travaux dans la zone serait à
l’origine de cet « incident ».
Et les documents mis à la disposition du public dans cette enquête ne nous rassurent nullement.
En effet :
-
est mentionné que « 70 % des incidents sont le fait de travaux tiers »,
Les Verts de Colombes – 8 rue de l’Egalité – 92700 COLOMBES
-
les zones de sécurité retenues pour les scénarios jugés les plus critiques sont particulièrement
sous-dimensionnées (la catastrophe industrielle de Ghislenghien le montre clairement) : 30
mètres pour la Z1 et 60 mètres pour la Z2,
-
l’étude mentionne pourtant que des habitations sont situées à environ 150 mètres,
-
les moyens d’intervention en cas d’accident sont « nombreux sur le site » mais la centrale est
pilotée à distance depuis Courbevoie et une seule personne sera présente sur le site.
Concernant plus particulièrement la ville de Colombes, limitrophe de l’installation et dans un
périmètre de létalité plus vraisemblable que celui dont il est question ci-dessus, vont être réalisés
deux programmes de construction de bureaux (de mémoire 30 000 m² et 50 000 m²) autour de
Conforama et les êtres humains vivant, travaillant et se déplaçant à proximité de cette
« centrale » vont considérablement augmentés et cela nécessite une prise en compte sérieuse,
leurs vies ne sont pas quantité négligeable et pourtant rien est dit des futurs projets
d’aménagement.
INTERROGATIONS
Pourquoi aucun descriptif d’accidents industriels récents en milieu urbain n’a-t-il été versé au
dossier d’enquête pour que les populations concernées prennent toute la mesure de cette
installation ?
La réalisation de la centrale étant prévue en deux temps : une première phase d’une puissance de
12 MWe et, plus tard, une seconde phase d’une puissance de 38 MWe ; est-il prévu la réalisation
d’une étude de dangers pour cette seconde phase au cours de laquelle la puissance sera plus que
triplée ?
Sans vouloir faire de catastrophisme, pourquoi le risque terroriste n’a-t-il pas été pris
sérieusement en compte ?
Pourquoi envisage-t-on ici, dans une zone d’activités et d’habitations, de prendre un risque
considérable alors qu’ailleurs (explosion de la centrale de Courbevoie et d’AZF à Toulouse), on
invoque comme une excuse que l’implantation humaine n’existait pas avant l’industriel à
risques ?
Sur la pertinence énergétique de l’installation :
Alors que le Parlement russe vient de ratifier le protocole de Kyoto qui va pouvoir enfin entrer
en vigueur,
Alors que ce même protocole est une des priorités politiques de l’Union Européenne depuis
plusieurs années,
Alors que tous les experts s’accordent à reconnaître l’urgence d’utiliser des alternatives aux
énergies fossiles qui viendront à manquer dans les prochaines années,
Alors que notre chef d’état s’est engagé en faveur du développement durable.
Ici, la société Enerthem nous propose de l’autoriser à brûler des quantités d’énergie fossile, du
gaz, pour fabriquer de l’eau chaude !
Les Verts de Colombes – 8 rue de l’Egalité – 92700 COLOMBES
Pourquoi ne figure pas à l’enquête publique un bilan des besoins en eau chaude justifiant de
l’utilité de cette centrale et de sa grande capacité de production ?
CONCLUSION
Etant évident qu’aucune leçon n’est tirée des accidents industriels meurtriers survenus ces vingt
dernières années,
Etant donnés les risques et les enjeux inhérents à cette installation,
Etant donnée la responsabilité qui leur incombe en tant que citoyens et en tant qu’élus dans leur
commune,
Les Verts de Colombes demandent, comme la loi l’y autorise, la réalisation d’une tierce
expertise par un cabinet indépendant de préférence étranger pour garantir son impartialité afin de
valider ou non le rapport d’analyse de dangers de la centrale sans exclure le transport de gaz sous
pression et d’eau surchauffée dans les canalisations qui relieront l’industriel à son fournisseur
d’énergie fossile et à sa future clientèle.
Pour compléter nos remarques, nous joignons à la présente, notre intervention au conseil
municipal de Colombes du jeudi 4 novembre 2004.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Commissaire Enquêteur, nos respectueuses
salutations.
Catherine BERNARD,
Pour les Verts de Colombes et leurs élus
PIECE JOINTE :
intervention de Catherine Bernard, Les Verts, à la délibération n° 42 du conseil municipal de
Colombes du 4 novembre 2004
Les Verts de Colombes – 8 rue de l’Egalité – 92700 COLOMBES
Délibération 42 – Installations classées pour la protection de l’environnement : enquête publique relative à la
demande présentée par la Sté Enerthem à l’effet d’obtenir l’autorisation d’exploiter une nouvelle installation
de production d’énergie à Nanterre, rue Noël Pons
On nous propose ici la création d’une chaufferie en bordure de Colombes, dans une zone située à 50 m des
ateliers SNCF, à 60 m d’Alcatel, à 110 m de PME, à moins de 300 m de cités HLM et un peu plus loin : des
écoles, l’université Paris X, un complexe sportif, etc. Sans compter les autoroutes, les voies de chemin de fer et
les constructions de bureaux que Colombes va réaliser autour de Conforama.
Vous soulignez bien que quelques points restent à éclaircir, mais n’émettez aucune interrogation sur le risque
d’accident industriel qui menace les êtres humains vivant ou travaillant à proximité, ni sur la pertinence
énergétique d’une telle installation.
Il semble donc nécessaire de rappeler quelques accidents industriels meurtriers en milieu urbain :
- le 30 mars 1994, explosion de la chaufferie de la Défense exploitée par Enerthem : deux morts et une
soixantaine de blessés (et l’on construit toujours au plus près des zones de danger : extension d'une école,
construction
d’un
gymnase
et
d'une
résidence
pour
étudiants
de
13
étages).
- le 21 septembre 2001, explosion de l'usine AZF à Toulouse : une trentaine de morts, près de 2.500 blessés et
des lésions irréversibles pour un grand nombre d’entre eux.
- le 30 juillet 2004, en Belgique, explosion d’une canalisation de transport de gaz dans une zone industrielle : 23
morts et plus de 130 blessés. Explosion d’une violence inouïe : déflagration ressentie à 10 kilomètres à la ronde,
la partie de canalisation sectionnée pesant une tonne a été projetée 200 mètres plus loin ! L’enquête n’est certes
pas terminée mais d’ores et déjà, les traces de griffures d’une pelleteuse effectuant des travaux sur le site
retrouvées sur le tuyau prouvent l’erreur humaine. Erreur fort susceptible de se reproduire dans des zones
comme celle qui nous occupe ce soir, où des travaux auront lieu tôt ou tard. Sachant que le risque « transport »
est totalement exclu de l’analyse de danger réalisée, il n’y a pas de quoi dormir tranquille entre des canalisations
de gaz sous pression et des canalisations d’eau surchauffée.
On ne le voit que trop bien : la liste des accidents industriels extrêmement graves dont on ne tire aucune leçon
s’allonge et dans le même temps s’allonge la liste des personnes décédées !
Les Verts demandent donc, comme la loi l’autorise, la réalisation, par un cabinet indépendant de préférence
étranger pour garantir son impartialité, d’une tierce expertise qui validera ou non les mesures figurant dans
l’étude de dangers réalisée par le cabinet mandaté par l’industriel Enerthem.
Il est également nécessaire de s’interroger sur le bien fondé de cette production d’eau chaude : des quantités
d’énergie fossile vont être brûlées, des risques non négligeables vont être pris en aveugle puisque qu’aucune
étude, aucun chiffre, aucun élément précis ne permet de présenter un bilan des besoins énergétiques
correspondant à la capacité de production de cette centrale surdimensionnée. Où va donc aller l’énergie
produite alors que nul monopole n’est plus possible ? Enerthem voudrait-elle produire en co-génération de
l’électricité pour arrondir ses profits, sachant qu’EDF est obligée de racheter l’électricité produite au prix fort ?
Malgré de nombreux discours lénifiants quant à la nécessité d’un développement durable, aucune étude n’est
faite sur l’utilisation des énergies renouvelables. Avec un tel manque de volonté politique, le développement
durable reste au point mort. A quand la construction de bâtiments bioclimatiques, de façades solaires sur les
tours de La Défense et d’éoliennes urbaines à leurs sommets ?
Les Verts espèrent que vous serez nombreux à vous poser les mêmes questions qu’eux quant aux risques et aux
enjeux et ne voteront pas un avis favorable à la demande d’exploitation présentée par Enerthem.
Les Verts de Colombes – 8 rue de l’Egalité – 92700 COLOMBES

Documents pareils