Travailler en lisant - Journal Tout l`Emploi
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Travailler en lisant - Journal Tout l`Emploi
Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 192 748 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Hostettler Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA © Plurality Presse S.A., 2009 8 juin 2009 – No 412 © Plurality Presse S.A., 2009 Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] www.toutemploi.ch Travailler en lisant Le travail fut le héros du XIXe siècle et le chômage sera celui du XXIe… pourtant, ni l’un ni l’autre ne semblent beaucoup intéresser les éditeurs. Petit tour dans quelques temples genevois de la lecture. «D es livres sur l’emploi? Sur le chômage? Non, nous n’avons rien!» C’était la réponse la plus courante, au Salon du Livre, stand après stand, où abondaient pourtant des ouvrages sur la crise et contre les banques. Quelques éditeurs plus futés nous signalent parfois un roman: «Lisez donc Ripley Bogle»… alors qu’un auteur vantait son «Bleu Cerise mon amour». Plus dans l’actualité, «ORPistes circulez» sonne mieux que les divers titres sur la «précarisation». Mais de ce tour de piste émerge surtout une bande dessinée, hélas! en allemand: «Suche Arbeit für Papa». Injuste ou inégal? Mais les catalogues ont une mémoire plus longue que le personnel: celui d’Albin Michel est particulièrement fourni, et «La philosophie comme remède au chômage» mérite d’être acheté, rien que pour le titre. Situation inverse, quelques jours plus tard, à la Bibliothèque de la Cité: un panneau attire mon regard. Juste dessous, une table couverte de livres sur… le travail… l’emploi! Des titres si alléchants que je n’ai pu m’éloigner de ce lieu magique sans emporter une pile entière. Bon… à la lecture, on a de bonnes et de mauvaises surprises: publié en 2007 chez Autrement, «Comment travailler demain» prévoyait une forte baisse du chômage jusqu’en 2013! L’ouvrage collectif «Le mirage de la compétence» se situe davantage dans la réalité, mais le plus touchant du lot est «Injustices» enquête (peu digeste) sur «l’expérience des inégalités au travail». L’auteur s’en prend certes à la pensée unique libérale, mais admet que ses critiques ont une pensée tout aussi «unique», et pas toujours dans le bon sens. Après avoir goûté à tous les mets de la table, je contacte la cuisinière à la Cité. «Environ une fois par mois, on mène une opération de «décloisonnement», chaque fois sur un autre thème… certains livres susceptibles de vous intéresser étant dispersés… dans votre cas, sous «travail», certes, mais aussi sous «psychologie», «sociologie» ou «économie». Le mois de mai se prêtait bien au «travail», surtout cette année» (propos transcrits de mémoire). Bon, c’est normalement au catalogue de briser les cloisons, mais hélas! l’électronique met toute sa puissance à leur service: c’est le drame des moteurs de recherche. Les puces, ça réveille A l’usage, le chemin le plus court vers l’ouverture passe par les brocantes dans la rue: en deux week-ends, me voilà muni des livres du centenaire de l’Union syndicale suisse et de la Fédération des travailleurs de la métallurgie… du courrier amoureux d’un commis voyageur… d’une histoire des «camelots», colporteurs d’articles de toute sorte, y compris ceux de la presse. Comme crieurs pour les journaux, ils excitaient souvent la foule, pour le meilleur et pour le pire. Achetés un an plus tôt, les albums «Profession? Forain» et «Bangladesh at Work» ne seront pas faciles à retrouver, même avec le web. L’American Library dépose souvent à son entrée des livres dont elle ne veut plus: on découvre ainsi un florilège des théories de gestion démodées. «When Giants Learn to Dance» voyait à moitié juste, il y a vingt ans, sur la fin de la hiérarchie, sinon celle de la bureaut o u t l’ e m p l o i • n o 4 1 2 • 8 j u i n 2 0 0 9 cratie. Mais pour tenir en échec les diverses pensées u-nique, i-nique ou e-nique, rien de tel qu’une pile de livres qui bascule. En ramassant les six volumes d’un dictionnaire, certes en son temps aussi totalitaire, quelle ouverture! A condition qu’il soit bien tombé ouvert à une page au hasard: on apprend ainsi qu’Etienne Boileau a écrit «Le livre des métiers» au XIIIe siècle. Mais, il est battu par Khéti, avec sa «Satire des métiers» vieille de quatre mille ans. Mais qu’importe… les informations claires sont rarement vraies, et celles qui sont vraies sont rarement claires: c’était pour aider un élève à faire son travail sur Baudelaire que j’étais à la bibliothèque. Et je découvre, dans le poème liminaire des «Fleurs du Mal» quatre vers… qui résument mon article de la semaine dernière! n Boris Engelson pour en savoir plus «Camelot» vient de «mercier» ou de «mendiant». A propos de réussite et de justice, la comédie d’Aristophane «Ploutos» va encore plus loin que les livres cités dans l'article. Aux Bibliothèques Municipales, on aime «Le coût de l’excellence», par Nicole Aubert et Vincent De Gaulejac, et on regrette d’avoir peu de titres genevois sur l’emploi, hormis ceux de Daniel Porrot. La collection «Pour les Nuls» n’a encore rien sur l’emploi (ou le chômage), selon ses agents au Salon ; mais il y a bien un «Job searching online for Dummies». Entre son 90e et son 100e anniversaire, le Bureau International du Travail publie beaucoup sur son histoire. On trouvera sur kheti.net les plus ou moins bonnes raisons de mettre le scribe en haut des métiers: il «écoute».