Travailler en lisant - Journal Tout l`Emploi

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Travailler en lisant - Journal Tout l`Emploi
Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du
Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les
autres communes de la Zone économique 11 (Triangle GenèveGland-Saint Cergue). 192 748 exemplaires certifiés REMP/FRP.
Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi
Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer
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Maquette: Imagic Sàrl Carouge,
Daniel Hostettler, Sophie Hostettler
Flashage et impression:
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Distribution: Epsilon SA © Plurality Presse S.A., 2009
8 juin 2009 – No 412
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Travailler en lisant
Le travail fut le héros du XIXe siècle et le chômage sera celui du XXIe… pourtant, ni l’un ni l’autre ne semblent beaucoup intéresser les éditeurs. Petit tour dans quelques temples genevois de la lecture.
«D
es livres sur l’emploi? Sur le
chômage? Non, nous n’avons
rien!» C’était la réponse la plus
courante, au Salon du Livre, stand après
stand, où abondaient pourtant des ouvrages
sur la crise et contre les banques. Quelques
éditeurs plus futés nous signalent parfois un
roman: «Lisez donc Ripley Bogle»… alors
qu’un auteur vantait son «Bleu Cerise mon
amour». Plus dans l’actualité, «ORPistes circulez» sonne mieux que les divers titres sur
la «précarisation». Mais de ce tour de piste
émerge surtout une bande dessinée, hélas!
en allemand: «Suche Arbeit für Papa».
Injuste ou inégal?
Mais les catalogues ont une mémoire plus
longue que le personnel: celui d’Albin
Michel est particulièrement fourni, et «La
philosophie comme remède au chômage»
mérite d’être acheté, rien que pour le titre.
Situation inverse, quelques jours plus tard,
à la Bibliothèque de la Cité: un panneau
attire mon regard. Juste dessous, une table
couverte de livres sur… le travail… l’emploi!
Des titres si alléchants que je n’ai pu m’éloigner de ce lieu magique sans emporter une
pile entière. Bon… à la lecture, on a de
bonnes et de mauvaises surprises: publié en
2007 chez Autrement, «Comment travailler
demain» prévoyait une forte baisse du chômage jusqu’en 2013! L’ouvrage collectif «Le
mirage de la compétence» se situe davantage dans la réalité, mais le plus touchant
du lot est «Injustices» enquête (peu digeste)
sur «l’expérience des inégalités au travail».
L’auteur s’en prend certes à la pensée unique libérale, mais admet que ses critiques
ont une pensée tout aussi «unique», et pas
toujours dans le bon sens. Après avoir goûté
à tous les mets de la table, je contacte la
cuisinière à la Cité. «Environ une fois par
mois, on mène une opération de «décloisonnement», chaque fois sur un autre thème…
certains livres susceptibles de vous intéresser étant dispersés… dans votre cas, sous
«travail», certes, mais aussi sous «psychologie», «sociologie» ou «économie». Le mois de
mai se prêtait bien au «travail», surtout cette
année» (propos transcrits de mémoire). Bon,
c’est normalement au catalogue de briser les
cloisons, mais hélas! l’électronique met toute
sa puissance à leur service: c’est le drame
des moteurs de recherche.
Les puces, ça réveille
A l’usage, le chemin le plus court vers l’ouverture passe par les brocantes dans la rue: en
deux week-ends, me voilà muni des livres
du centenaire de l’Union syndicale suisse et
de la Fédération des travailleurs de la métallurgie… du courrier amoureux d’un commis
voyageur… d’une histoire des «camelots»,
colporteurs d’articles de toute sorte, y compris ceux de la presse. Comme crieurs pour
les journaux, ils excitaient souvent la foule,
pour le meilleur et pour le pire. Achetés un
an plus tôt, les albums «Profession? Forain»
et «Bangladesh at Work» ne seront pas faciles
à retrouver, même avec le web. L’American
Library dépose souvent à son entrée des
livres dont elle ne veut plus: on découvre
ainsi un florilège des théories de gestion
démodées. «When Giants Learn to Dance»
voyait à moitié juste, il y a vingt ans, sur la
fin de la hiérarchie, sinon celle de la bureaut o u t l’ e m p l o i • n o 4 1 2 • 8 j u i n 2 0 0 9
cratie. Mais pour tenir en échec les diverses
pensées u-nique, i-nique ou e-nique, rien
de tel qu’une pile de livres qui bascule. En
ramassant les six volumes d’un dictionnaire,
certes en son temps aussi totalitaire, quelle
ouverture! A condition qu’il soit bien tombé
ouvert à une page au hasard: on apprend
ainsi qu’Etienne Boileau a écrit «Le livre des
métiers» au XIIIe siècle. Mais, il est battu par
Khéti, avec sa «Satire des métiers» vieille
de quatre mille ans. Mais qu’importe… les
informations claires sont rarement vraies, et
celles qui sont vraies sont rarement claires:
c’était pour aider un élève à faire son travail
sur Baudelaire que j’étais à la bibliothèque.
Et je découvre, dans le poème liminaire des
«Fleurs du Mal» quatre vers… qui résument
mon article de la semaine dernière! n
Boris Engelson
pour en savoir plus
«Camelot» vient de «mercier» ou de «mendiant». A propos de réussite et de justice, la comédie d’Aristophane
«Ploutos» va encore plus loin que les livres cités dans
l'article. Aux Bibliothèques Municipales, on aime «Le
coût de l’excellence», par Nicole Aubert et Vincent De
Gaulejac, et on regrette d’avoir peu de titres genevois
sur l’emploi, hormis ceux de Daniel Porrot. La collection «Pour les Nuls» n’a encore rien sur l’emploi (ou le
chômage), selon ses agents au Salon ; mais il y a bien
un «Job searching online for Dummies». Entre son 90e
et son 100e anniversaire, le Bureau International du
Travail publie beaucoup sur son histoire. On trouvera
sur kheti.net les plus ou moins bonnes raisons de mettre le scribe en haut des métiers: il «écoute».

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