Francis Bacon

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Francis Bacon
Francis Bacon « Induc(on baconienne » •  Francis Bacon (baron de Verulam en 1618) •  1560-­‐1626. •  L’esprit humain ne peut pas connaître la nature directement; sa relaCon à la nature est en général de l’ordre de la méconnaissance. •  Expression du renouveau de la méthode scienCfique au XVIIe siècle. •  Novum Organum (1620) Trad fr. Michel Malherbe et Jean-­‐Marie Pousseur, PUF, 1986. 4 sortes d’obstacles que l’esprit rencontre lors de sa tentaCve de connaître la nature. •  Doctrines négaCves -­‐ criCque d'erreurs : les quatre types d’ « idoles » (idola) qui dominent les esprits, empêchent l'acquisiCon de vraies connaissances. •  Pas seulement des faussetés (l'aph 38 les appelle les "noCones falsae"), mais : •  erreurs radicales qui séduisent l'esprit en y étant profondément enracinées. 1. Idola tribus -­‐ Idoles de la race (aph 41 et 45-­‐52) •  Notre tendance de voir les choses en rapport à nous plutôt que comme elles sont en elles-­‐
mêmes. •  l'homme n'est pas la mesure de toutes choses. Nous nous trompons quand nous faisons comme si et imposons un ordre qui ne s’y trouve pas objecCvement. •  Ce n'est pas ainsi qu'on peut régner sur la nature. aph 3: •  « On ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant » 2. Idola specus -­‐ de la caverne (aph 42 et 53-­‐58) •  Les prédisposiCons de caractère et •  les disposiCons dues à l'apprenCssage qui influencent dans chaque individu son approche des faits – •  et font obstacle à leur connaissance comme ils sont en eux-­‐mêmes. 3. Idola fori -­‐ de la place publique (aph. 43 et 59/60) •  dues à l'usage du langage. Nous uClisons en parCculier des noms qui en fait ne désignent rien : « la fortune, le premier moteur, l'orbe des planètes, l'élément du feu, et les ficCons de ceie sorte qui doivent leur origine à des théories creuses et fausses ». D'autres mots d'apparence claire ont en fait un sens confus. Les différentes choses auxquelles on l'applique n'ont rien en commun : ex le mot humide (aph. 60) •  "Il signifie en effet : ce qui se répand facilement autour d'un autre corps; ce qui est en soi indéterminable et ne peut avoir de consistance; ce qui cède facilement de partout; ce qui se divise et se disperse facilement ; ce qui facilement s'unit et s'assemble ; ce qui facilement s'écoule et est mis en mouvement; ce qui facilement s'aiache à un autre corps et le mouille; ce qui facilement se réduit à l'état liquide, se liquéfie, étant auparavant à l'état solide. C'est pourquoi, lorsqu'on en vient à appliquer ce nom et à le prédiquer, on dira en un sens que la flamme est humide, en un autre que l'air n'est pas humide, qu'une fine poussière est humide ou encore que le verre est humide. En sorte qu'il est aisé de voir qu'on s'est contenté d'abstraire ceie noCon à parCr de l'eau et des liquides communs et ordinaires, sans réflexion et sans les vérificaCons nécessaires. » 4. Idola theatri -­‐ du théâtre (aph 44 et 61-­‐) •  dus à l'influence nocive des systèmes philosophiques. •  Illusions dues à l’arCfice de la présentaCon : la systémaCcité est toujours fallacieuse. •  Présente le savoir de manière plus solide que ce qu’il est en réalité. •  AnC-­‐aristotélicien, anC – « école ». •  B. lui-­‐même présente ses idées sous forme d’aphorismes, ou fragments. •  Aristote ne procède pas réellement par observaCon et expérimentaCon. •  B. dit d'Aristote lui-­‐même -­‐ et cela vaut pour ceux sous l'emprise d'un système : •  "Et qu'on ne se laisse pas impressionner par le fait que, dans ses livres sur les animaux, dans ses Problèmes et dans ses autres traités, il a versé souvent dans les expériences. En fait, ayant décidé au préalable, il n'a pas consulté l'expérience comme il convient, pour établir ses principes et ses axiomes ; mais, après avoir arbitrairement fixé des conclusions, il circonvient l'expérience, la plie à ses dogmes et la Cent capCve. C'est pourquoi, même à ce Ctre, il mérite plus de reproches que ses disciples modernes (la classe des philosophes scolasCques) qui ont complètement abandonné l'expérience. » (I, § 63). •  Dans la criCque des idoles transparaît la doctrine posiCve. •  La méthode nouvelle : approcher la nature sans présupposiCons. •  Commencer par faire des observaCons qui ne sont pas influencées par les présupposiCons des idoles ou autres. •  Garder ceie innocence au cours de ses recherches. •  Cependant, ceie observaCon sans présupposé doit néanmoins être conduite de manière systémaCque et non se laisser conduire par le hasard. •  But : construcCon d’une méthode d’exploraCon de la nature qui doit être à l’esprit ce que la règle et le compas sont à la main. •  La métaphore (aph 95) de la fourmi, de l'araignée et de l'abeille : •  "Ceux qui ont traité les sciences furent ou des empiriques ou des dogmaCques. Les empiriques, à la manière des fourmis, se contentent d'amasser et de faire usage ; les raConnels, à la manière des araignées, Cssent des toiles à parCr de leur propre substance ; mais la méthode de l'abeille Cent le milieu : elle recueille sa maCère des fleurs des jardins et des champs, mais la transforme et la digère par une faculté qui lui est propre. Le vrai travail de la philosophie est à ceie image. Il ne cherche pas son seul ou principal appui dans les forces de l'esprit; et la maCère qui lui offre l'histoire naturelle et les expériences mécaniques, il ne la dépose pas telle quelle dans la mémoire, mais modifiée et transformée dans l'entendement. Aussi d'une alliance plus étroite et plus respectée entre ces deux facultés, expérimentale et raConnelle (alliance qui reste à former) il faut bien espérer." •  Règle nouvelle : faire des protocoles d’exploraCon rigoureux. •  1ere fois : expérience scienCfique est indissociable du compte rendu d’expérience. •  Il ne faut pas publier seulement le résultat, mais aussi la mise en évidence expérimentale. •  CommunicaCon avec communauté des savants. •  Expérience desCnée à être exécutée par qn d’autre. •  RéparCCon collecCve du travail : partage de la sc en domaines •  importance des insCtuCons scienCfiques : insCtuts, universités, salaires, chaires, instruments. •  Découvertes uCles au bien-­‐être de l’humanité. DisCncCon science-­‐religion. •  Dieu a écrit 2 livres : la nature et la Bible. •  Il ne faut pas consulter la Bible pour les quesCons concernant la nature. •  B. a contribué à créaCon d’un espace (juridique) pour la science en dehors de l’Eglise. •  Nature gouvernée par des lois objecCves : existent indépendamment de l’esprit et des ficCons créées par l’esprit. ConcepCon de la connaissance de B. •  Verum factum : savoir est une forme de savoir faire. 1.  Pour connaître il faut faire : faire des expériences = poser des quesCons, contraindre la nature de répondre. ObservaCon passive ne suffit pas; il faut intervenir avec des instruments. 2.  Il faut connaître pour intervenir, dominer, maîtriser la nature. Cf. criCque de B. en tant que représentant de la « raConalité instrumentale » par Horkheimer et Adorno, La dialec6que de la raison (1944/1947). Méthode « inducCviste » •  Le scienCfique (« Philosophe ») commence par dresser une liste de l'hist. naturelle et des expériences concernant tout ce qui est perCnent pour l'objet ou phénomène qu'il étudie. •  Collecte de données qui servent de point de départ pour l’exercice de la raison. •  Il structure ce matériau pour l'analyser, et ensuite découvrir la vraie nature de son objet de recherche -­‐ les condiCons qui produisent cet objet ou phénomène. Ex de Bacon : Découverte de la nature de la chaleur. ("du chaud") (Livre II aph. 11 et suiv.) (Une "nature" = un phénomène) Commencer : énumérer toutes les formes de chaleur, décrire leurs aspects -­‐ peu importe que ses différentes "instances" de chaleur n’aient apparemment pas de rapport entre eux ("quoique en des maCères fort dissemblables"). « Il faut faire ce recueil en historien, sans spéculaCon prématurée ni subClité excessive »). Liste de 27 instances (la 28e est : "autres instances"), entre autres : 1-­‐ Les rayons du soleil, surtout l'été et à midi. 9 -­‐ Les liquides bouillants ou chauffés. 16 -­‐ Tout corps vigoureusement froié.... 21 -­‐ Le fumier des chevaux et les excréments récents d'animaux. 24 -­‐ l'esprit de vin, s'il est fort et bien recCfié, a les effets de la chaleur. 25 -­‐ Les aromates et les herbes chaudes, comme l'estragon (...) etc. bien qu'à la main ils ne soient point chauds (...), donnent cependant à la langue et au palais, quand on les mâche un peu, l'impression de chaleur et presque de brûlure. Deuxième étape: Faire une liste des choses qui ressemblent par un aspect significaCf aux cas de la chaleur mais qui n'ont pas eux-­‐mêmes de la chaleur (aph II-­‐ 12 : "Instances dans la proximité qui sont privées de la nature du chaud)" •  "-­‐ Les rayons de la lune, des étoiles et des comètes •  -­‐ les feux follets (...) n'ont pas beaucoup de chaleur. (...) les écailles de poisson en cours de putréfacCon qui brillent la nuit ne sont pas chaudes au toucher (...); le corps des vers luisant (...) ne donne pas l'impression de chaleur au toucher. •  -­‐ Au liquides bouillants, on joint l'instance négaCve du liquide lui-­‐même, pris naturellement. On ne trouve pas en effet de liquides tangibles qui soient naturellement chauds et le demeurent constamment. •  -­‐ Semblablement, à l'air chaud on joint l'instance négaCve de la nature de l'air lui-­‐même. ... L'air confiné dans les cavernes, pendant l'été." •  Stratégie générale : Voir s'il y a des ex froids des choses qui en certaines circonstances sont chaudes. Troisième liste (aph II-­‐13) : •  différents degrés de chaleur : pour voir quand la ch. est plus ou moins présente. •  Après ces préliminaires, en comparant ces listes, et en examinant ce qui est présent et absent dans les différents cas, nous pouvons découvrir la vraie nature de la ch. -­‐ et ce qui l'accompagne seulement dans des circonstances spéciales. •  La nature essenCelle : ce qui est présent dans toutes les instances posiCves, absent dans toutes les instances négaCves, et qui varie en mesure appropriée dans les diff cas. •  Crucial : exclure les traits accompagnant par coïncidence. •  Conclusion (II-­‐20) : La chaleur est un mouvement qui agit sur les peCtes parCes des corps. ApplicaCon praCque : "si dans un corps naturel on peut porter un mouvement à se dilater et à s'épandre (...) alors on engendrera sans aucun doute le chaud". •  Bacon propose une nouvelle méthode pour construire des théories sc. •  Importance des instances négaCves, pour surmonter une difficulté : •  tendance naturelle de l'esprit humain de généraliser simplement à parCr de données posiCves -­‐ voir de l'ordre là où il n'y en a pas. B cherche à éviter ceie précipitaCon dans la généralisaCon. •  P. ex. Après avoir considéré le soleil et le feu, on pourrait conclure que le chaud est toujours associé à des rayons. Mais ceie hypothèse est testée et rejetée lorsque nous trouvons les rayons de la lune qui sont froids. •  Un autre cas que Bacon juge important où l'expérience joue un rôle négaCf de contrôle (contre la tendance à la précipitaCon de généraliser trop vite) : les instances de la croix. L'observaCon tranche entre deux théories en compéCCon. •  AnCcipant Popper, B esCme plus la survie de théories face aux tests sévères que l'accumulaCon de données favorables à une théorie. Expérience joue rôle primordial dans interrogaCon de la nature •  I, § 82: « Reste la simple expérience (experienCa). Lorsqu’elle se présente d’elle même on la nomme hasard, lorsqu’elle est recherchée, on la nomme expérimentaCon (experimentum). Or ceie sorte d’expérience n’est rien qu’un balai délié (comme on dit); c’est un simple tâtonnement; tel celui d’un homme dans la nuit qui tente tout dans l’espoir de tomber par chance dans le droit chemin alors qu’il ferait mieux et serait plus avisé d’aiendre le jour ou d’allumer un flambeau, et de se meire ensuite en route. L’ordre véritable de l’expérience est, au contraire, d’allumer d’abord un flambeau, puis, à la lumière de celui-­‐ci, de montrer la route en commençant par une expérience ordonnée et classée. » « InducCo vera » •  B. appelle sa méthode lui-­‐même « inducCon »: pour s’opposer à l’idée qu’on peut acquérir des connaissances sur la nature sans faire d’expériences, à parCr de syllogismes. •  InducCon vera ≠ inducCon par énuméraCon. •  D’un point de vue logique, l’i. de B. procède par inducCon, déducCon et aussi par intuiCon. •  L’i. baconienne n’a pas besoin de jusCficaCon. Le pb de la jusCficaCon de l’i. a été découvert seulement par Hume (1740). •  L’inducCo de Bacon rend explicite le processus réel d’acquisiCon de connaissances. •  InuCle d’énumérer les données si on ne peut pas sélecConner les données perCnentes. •  Expériences ne sont uCles que quand elles sont « ordonnées et digérées » (ordinata et digesta) I, §82. Sur les « empiriques » •  Les empiriques à la manière des fourmis, se contentent d’amasser et de faire usage, les raConnels, à la manière des araignées, Cssent des toiles à parCr de leur propre substance; mais la méthode de l’abeille Cent le milieu. Elle recueille sa maCère des fleurs des jardins et des champs, mais la transforme et la digère par une faculté qui lui est propre. Le vrai travail de la philosophie est à ceie image. » (I, §95) (« philosophie » =science ! ) Composante déducCve dans « inducCo » de B. •  B. décrit des formes de raisonnement sc. : « instances prérogaCves ». •  Des témoignages, analogues aux témoignages lors d’un procès. Le mot « instance » : terminologie juridique. •  1er principe d’inférence : Modus tollens. •  UClisé dans l’analyse logique du raisonnement de l’expérience cruciale. « instance de la croix » •  Expression « expérience cruciale » (experimentum crucis) : pas de B. mais de Hooke (1665). •  « instance » : peut désigner 1.  Phénomène naturel perCnent pour l’enquête 2.  Expérience conçue arCficiellement, avec ou sans instruments. « instance de la croix » •  Au lieu de raisonner sur une seule hypothèse (théorie), évaluaCon comparaCve de deux hypothèses, à la lumière de faits observés. •  Les 2 théories en compéCCon dans le texte: 1.  Théorie de tradiCon aristotélicienne : les corps tendent à rejoindre leur lieu propre (lieu naturel). Pour les corps lourds: centre de la Terre. Tendance naturelle inhérente à ces corps. 2.  Renaissance : théories du magneCsme (W. Gilbert, De Magnete 1600) à hypothèse : les corps lourds (massifs) s’a}rent de manière réciproque. Au lieu de tendre vers la Terre en vertu d’un principe inhérent dans les corps, ils sont a}rés par la Terre. 5 étapes du raisonnement de l’exp. cruciale 1.  Déterminer l’objet de la recherche : interrogaCon sur la nature de la gravité, ou du poids. 2.  Deux hypothèses/théories rivales et mutuellement exclusives 3.  DéducCon de prédicCons observables de chacune des théories rivales. Conséquences observables. •  Si – comme le dit la 1ere théorie – le poids est une qualité inhérente aux corps, il ne devrait pas varier en foncCon de la posiCon, notamment par rapport à la Terre. •  Si – comme le dit la 2e théorie, la pesanteur est une airacCon en provenance de la Terre, l’airacCon devrait varier en foncCon de la distance par rapport au corps qui a}re. •  Selon 2e théorie, poids plus grand quand corps se trouve plus près du centre de la Terre. Plus peCt, lorsque plus éloigné. •  A la limite, étant suffisamment éloigné, le corps ne pèserait plus rien du tout – apesanteur. 4e étape. CréaCon de condiCons arCficielles •  Permeiant de tester ces prédicCons. •  Instruments de mesure. •  2 sortes d’horloges, l’une foncConnant avec un mécanisme qui exploite la pesanteur, l’autre non. •  Horloge mue par des ressorts – indépendant de la pesanteur. •  Horloge mue par poids de plomb. Vitesse devrait augmenter là où poids du plomb augmente, et ralenCr où il diminue. •  Limite : horloge mue par plomb ne devrait pas marcher du tout en apesanteur. •  CondiCon de test des 2 théories : comparer les 2 horloges dans deux condiCons : en hauteur (édifice, montagne), et en profondeur (mine). e
5 étape •  Constater la réponse que donne la nature. Nature contrainte de répondre dans un sens ou dans l’autre. •  Si vitesse de l’horloge avec plombs varie avec la hauteur, la 1ère théorie (aristotélicienne) est réfutée. •  Raison d’adhérer à la 2e théorie. 2 étapes du raisonnement (pour les deux, la possibilité de les appliquer aux hypothèses théoriques physiques sera contestée par Duhem). 1.  Modus Tollens : T1àO1, non-­‐O1. Donc, Non-­‐
T1. (ou T2àO2, non-­‐O2. Donc, Non-­‐T2. Etant donné que O1= non-­‐O2, l’une de T1 et T2 est nécessairement réfutée par Modus Tollens) 2.  Si l’on présuppose que le champ des possibilités est épuisé par les 2 théories en lice, on peut recourir au « syllogisme disjoncCf » pour jusCfier de manière posiCve la 2e théorie: 3.  (T1 ∨ T2), non-­‐T1. Donc, T2. Mauvaise interprétaCon de B. •  De nombreux auteurs airibuent à B. une théorie purement « inducCviste », au sens d’une méthode de raisonnement scienCfique qui repose uniquement sur l’expérience et la généralisaCon à parCr de l’expérience de régularités. •  Popper, (La Quête inachevée, p. 62) parle de « l’interprétaCon erronée de la science qui a prédominé depuis Bacon : que les sciences de la nature sont des sciences inducCves, et que l’inducCon consiste à établir ou jusCfier des théories par des observaCons ou expériences répétées. » •  P. airibue à B. l’idée que toute instance posiCve contribue à confirmer une hypothèse. •  Mais B. dit explicitement que la simple énuméraCon de cas posiCfs n’est pas concluante ; et ne permet pas d’obtenir des preuves ni de faire des découvertes. •  Le pb de la jusCficaCon ne se pose pas encore pour B. (à Hume, Kant). Pour B. la connaissance fait parCe de l’acCon. Savoir=savoir faire. Bacon et Popper •  Exp cruciale de B. n’est pas si différente de la méthode de Popper (réfutaCon). •  « Tandis que Bacon croyait qu’une expérience cruciale peut établir ou vérifier une théorie, nous dirons qu’elle peut, tout au plus, réfuter ou falsifier une théorie » (Popper, Conjectures and Refuta6ons, p. 112). •  Différence : B. insiste moins sur le caractère provisoire (faillible) de la connaissance, pour autant qu’elle est praCquement efficace (« cerCtude praCque »). Popper et Bacon •  La soluCon du pb de l’inducCon par Popper reprend le schéma de l’inférence de l’exp. cruciale de B. •  « Les inducCvistes souCennent que la confirmaCon des théories sc. a à peu près la forme suivante. Théorie implique prédicCon. Si la prédicCon est fausse, la théorie est falsifiée. Si un nombre suffisant de prédicCons sont vraies, la théorie est confirmée. … Malgré toutes ses aiaques contre l’inducCvisme, le schéma que Popper présente n’en est pas si différent. Théorie implique prédicCon. Si la prédicCon est fausse, la théorie est falsifiée. Si un nombre suffisant de prédicCons sont vraies, et si certaines autres condiCons sont saCsfaites, alors la théorie est hautement corroborée. » (H. Putnam, La corroboraCon des théories, in P.A. Schilpp (ed.), The philosophy of Karl Popper, Open Court, 1977). •  CriCque de deux idées intuiCvement plausibles, fondamentales pour l'inducCvisme Baconien, qui lui donnent son air « scienCfique » : 1.  La science doit procéder par l'observa(on sans présupposi(ons. 2.  L'examen de listes de données permet à la recherche d'avancer. •  Commun aux deux : il faut éliminer la subjecCvité humaine et l'imaginaCon subjecCve qui « devine » sans tout de suite avoir une jusCficaCon sc. observaCons sans présupposiCons ? •  impossible d’observer sans avoir au préalable une idée de ce qu’on observe; diriger son aienCon sur certains aspects du contenu de l’expérience. •  La sélecCon de ce qui est perCnent peut se faire de manière spontanée (innée, naïve), •  ou en foncCon de théories. •  selon quels critères B. a-­‐t-­‐il rassemblé les phénomènes qui figurent dans les listes des instances de la chaleur ? •  Présupposé de B. : il y a une espèce naturelle sous-­‐jacente à tous ces phénomènes. •  Ce présupposé n’est pas lui-­‐même le fruit d’une inducCon. •  Il n’y a pas qu’une seule manière de sélecConner ce qui est perCnent : c’est le critère ou le concept (qui est créé, evtl.ment de façon convenConnelle) qui détermine ce qui se ressemble et ce qui ne se ressemble pas. •  d’un point de vue absolu, pour n’importe quelle paire d’objets macroscopiques, on peut trouver des traits communs et des traits par lesquels les objets diffèrent. •  Sans présupposiCon, sans critères, il n’y a pas de fondement du choix des observaCons perCnentes. •  un homme saute sur un bus, un enfant jeie un ballon, un étudiant tape sur le clavier de son ordinateur. Des événements qui se ressemblent ? •  oui, en tant qu’instances de la catégorie « acCvités humaines ». •  une pomme qui tombe, la marée qui monte, la Terre qui tourne. Se ressemblent ? •  Oui, mais il fallait inventer une théorie et des catégories audacieuses pour faire apparaître la ressemblance. •  observer sans présupposiCons n’est pas en réalité un bon précepte; •  la tentaCve de faire table rase de présupposiCons risque de conduire à des choix de présupposiCons naïves; •  comme l’exemple de Newton montre, les concepts arCficiels créés par l’esprit du théoricien peuvent être supérieurs aux concepts naïfs. Problème lié •  B. cherche à la fois la nature du phénomène (qu’est-­‐
ce que le chaud ?) et sa cause (qu’est-­‐ce qui cause la chaleur?) •  La recherche de la cause rend plus difficile le choix des observaCons perCnentes, dans la mesure où les causes peuvent en principe être situées à de grandes distances spaCales et temporelles du phénomène étudié. •  Sans théorie, on n’aurait pas de raison d’inclure la posiCon de la lune dans une liste relaCve à la nature des marées. •  Exemple du même type : •  sans théorie il n’y aurait pas de raison d’inclure la maladie du collègue de Semmelweis ou la maladie des nouveau-­‐nés dans une liste de phénomènes relaCves à la nature ou la cause de la fièvre puerpérale. stratégie de découverte à parCr de listes : toujours féconde ? •  Procédé peut être fécond dans le cadre de la « science normale » (Kuhn), lorsque le cadre conceptuel est déjà établi. (Cf. Remarque semblable sur les méthodes de Mill). •  Les théories novatrices (« révoluConnaires ») ne peuvent pas être produites de ceie manière. •  Ex : découverte des lois du mouvement planétaire par Kepler. •  Tycho Brahé (1541-­‐1601) dispose des mêmes observaCons que Kepler. •  Sous-­‐déterminaCon de la théorie par les données (Duhem). •  En réalité, le point de départ est théorique : Kepler adhère à la théorie héliocentrique de Copernic (1473-­‐1543). (De revoluConibus orbium coelesCum 1543.) Présupposé théorique : mouvements des corps célestes circulaire ou composé d’un peCt nombre de mouvements circulaires (hypothèse tradiConnelle depuis Ptolémée, période d’acCvité 127-­‐148 après J-­‐C) •  1ère hypothèse de Kepler : •  orbite de Mars est un cercle autour d’un centre C à une certaine distance du Soleil S. Vitesse uniforme par rapport au point U. •  vitesse proporConnelle par rapport à la distance de U : plus loin de U à plus vite. •  deuxième hypothèse : deux cercles. •  Mars se trouve sur un second cercle (épicycle) dont le centre est en mouvement sur le premier cercle (déferent) •  troisième hypothèse : ellipse. •  il n’y a pas de réfutaCon directe de l’hypothèse du mouvement circulaire. K. ne réfute que des hypothèses spécifiques qui rentrent dans ce cadre. •  Il est en principe possible de construire un modèle dans le cadre de la théorie des épicycles qui correspond arbitrairement bien aux données. •  Les observaCons dont se sert Kepler existaient déjà, car elles lui ont été fournies par T. Brahé. •  Cependant ces observaCons étaient faites dans le cadre de recherches précises. •  D’une part la mise à l’épreuve des hypothèses héliocentrique et géocentrique, •  d’autre part l’amélioraCon des tables astronomiques uClisées dans la navigaCon.