Jubilé du Père Abbé, Dom Philippe Dupont et de Dom Michel Jorrot

Transcription

Jubilé du Père Abbé, Dom Philippe Dupont et de Dom Michel Jorrot
DÉDICACE À SOLESMES
Jubilé du Père Abbé, Dom Philippe Dupont
et de Dom Michel Jorrot, abbé de Clervaux,
Saint-Pierre de Solesmes, le 12 octobre 2016
Lectures :
1 R 8, 22-23. 27-30
Ap 21, 1-5a
Lc 19, 1-10
Mes Très Révérends Pères Abbés,
Mes bien chers Frères,
Chers Frères et Sœurs,
C’est toujours une grande joie de célébrer la fête de la Dédicace de nos églises. En ce qui me
concerne, après la dédicace de Sainte-Anne, le 4 octobre, c’est donc une joie renouvelée de célébrer
avec vous la dédicace, qui plus est, de l’église de Saint-Pierre de Solesmes, église-mère de notre
Congrégation, doublée également pour moi d’un insigne honneur puisqu’aujourd’hui le Père Abbé,
avec beaucoup d’humilité, m’a demandé de bien vouloir recevoir au nom de l’Église sa profession
jubilaire à laquelle a souhaité se joindre, comme frère de profession, Dom Michel Jorrot, Abbé de
Clervaux.
Au cœur de notre belle célébration, nous nous sentons en communion spéciale avec l’Église
du ciel qui, dans la prière et dans la gloire du face à face, vit perpétuellement dans la louange et l’action
de grâce.
Nous éprouvons aussi une joie particulière parce qu’avec cette célébration, nous sommes au
cœur de notre vocation bénédictine, au cœur de notre vie liturgique, au cœur de l’Opus divin. En effet,
en restaurant la vie bénédictine, ici même, à Solesmes, après la sinistre Révolution, Dom Guéranger
n’a pas voulu imposer à ses monastères d’œuvres apostoliques ou missionnaires, car il souhaitait que
le moine n’ait d’autre souci que le souci de Dieu à faire en lui. Tout un programme qui a fait école en
France et qui donne une note caractéristique et particulière au monachisme de notre pays.
N’avoir que Dieu à faire en nous ! C’est effectivement tout un programme, et plus les années
passent, mieux on comprend, ce doit être le cas quand on est jubilaire, que c’est avant tout l’œuvre
de Dieu lui-même. Il faut donc nous laisser faire, laisser Dieu agir en nous. En effet, tous ceux qui se
laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu, dit saint Paul aux Romains (Rm 8, 14).
Dans la mesure où notre vie monastique ne se déploie pas en activités exceptionnelles, elle ne
semble pas exiger de grands efforts ; et pourtant, nous le savons bien, y a-t-il entreprise plus difficile
que de réussir à se vaincre pour tendre à une parfaite docilité et à un abandon total à l’action de l’Esprit
Saint en nous ? Pierres vivantes du Temple saint, il nous faut nous laisser façonner, tailler, ciseler, polir,
ajuster, par la main même de l’artisan divin qu’est l’Esprit Saint, afin de pouvoir être logés exactement
à notre juste place. Il s’agit de rien moins, pour nous, que de perdre notre vie, pour nous mettre à la
suite du Maître qui est la Vie, et pouvoir dire, encore avec saint Paul : Ce n’est plus moi qui vis, c’est le
Christ qui vit en moi (Ga 2, 20) ; et devenir ainsi un instrument de louange parfaite.
Ce matin, avec Salomon nous supplions le Seigneur : Que tes yeux, Seigneur, soient ouverts nuit
et jour sur cette Maison, sur ce lieu dont tu as dit : « C’est ici que sera mon nom ». Écoute la prière que
ton serviteur fera en ce lieu. Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne.
Oui, c’est ici, mes chers Pères Abbés, c’est ici qu’il y a 50 ans, comme Salomon devant l’autel
du Seigneur, vous avez étendu vos bras vers le ciel, face à Dieu, pour chanter votre Suscipe, dans le
don total de vous-mêmes. C’était le 8 septembre. C’est ici que vous avez servi le Seigneur dans une
prière constante au cœur d’une vie liturgique et fraternelle. C’est ici que vous avez suivi le Maître, le
Seigneur, selon la Règle de saint Benoît, c’est ici que dans une fidélité, enracinée sur celle du Dieu
fidèle, vous avez vécu les joies et traversé les épreuves qui ont tissées votre vie monastique. Le
Seigneur en a été le premier témoin dans le fond de votre cœur, mieux, il en a été le complice et le
compagnon.
La providence a voulu, cette année, que nous soyons à Rome pour le Congresso, à la date
anniversaire de votre Jubilé. Et le 8 septembre précisément nous étions au Vatican pour une audience
avec le Saint Père. Nous avons pu tous le saluer individuellement et il vous a fait applaudir, Père Abbé,
pour votre Jubilé et vous a remis un chapelet.
Le soir même, le groupe solesmien que nous formions à Rome a été invité à Saint-Paul-horsles-Murs. Après les vêpres, nous nous sommes rassemblés devant l’autel de la sacristie et avons chanté
ensemble notre Suscipe, là même où Dom Guéranger, devant la relique du bras de sainte Anne, avait
fait profession en 1837, pour se greffer sur le tronc bénédictin.
Avec vous, nous jubilons ! Avec toute la communauté de Saint-Pierre et celle de Clervaux, nous
nous associons à votre action de grâce envers ce Dieu fidèle qui fait miséricorde à qui il fait miséricorde
(Rm 9, 15). De la part de chaque membre de vos communautés, je veux vous remercier pour ce beau
service abbatial que vous rendez dans un don total et une abnégation de tous les instants.
Pour conclure, je suis heureux au nom de toute la Congrégation, de tous les Pères Abbés et de
tous les moines, mais aussi, et c’est très important, de toutes nos Mères Abbesses et de toutes les
moniales, d’exprimer notre profonde gratitude et toute notre reconnaissance à notre cher Abbé
Président pour son inlassable dévouement au service de toute la Congrégation.
Soyez bien certains, cher Père Abbé Président et cher Père Abbé Jorrot, qu’en ce jour de
Dédicace, du haut du ciel où il habite, le Seigneur lui-même vous dit : « Merci ! ». Amen.