Février 1943 La victoire de l`amiral Béring

Transcription

Février 1943 La victoire de l`amiral Béring
Février 1943
2 – La guerre en Asie-Pacifique
La victoire de l’amiral Béring
1er février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – Les premiers éléments de la 55e Division japonaise commencent
à repasser la Salween. Du côté allié, la concentration de troupes qui a permis de tenir face aux
assauts japonais est à présent un handicap pour permettre d’avancer – les hommes se
marchent presque littéralement sur les pieds.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Ravitaillement naval
Région de Buna-Sanananda-Gona – Le contre-amiral Kuninori Marumo, à la tête d’une
petite force comprenant le croiseur Isuzu, le gros mouilleur de mine Okinoshima, deux vieux
destroyers et quatre chasseurs de sous-marins, conduit les cargos Kinryu Maru et Ryoyo Maru
jusqu’aux places assiégées de Bona, Sanananda et Guna. Alors que le ravitaillement est
débarqué par une noria de petits bateaux, l’Isuzu pilonne les positions australiennes à coups de
140 mm 1. De son côté, l’Okinoshima commence à poser un barrage de mines pour gêner une
éventuelle attaque par la mer.
Campagne du Pacifique Sud-Ouest
Un revenant
Rabaul – A l’heure du déjeuner, l’ambiance est excellente au mess des officiers de la 28e
Division – des officiers survivants de cette division. Depuis leur évacuation de Guadalcanal –
pardon, leur redéploiement stratégique, l’encadrement est au repos, le temps que des renforts
en provenance du Japon permettent de reconstituer une unité combattante. On discute famille,
épouses ou petites amies, stratégie parfois : pour tous, le grand jeu consiste à deviner leur
prochaine affectation : un retour dans les Salomon ? Un départ pour la Nouvelle-Guinée, où
les Australiens semblent vouloir reprendre les territoires perdus en 1942 ? Pour la Birmanie,
où les Anglais s’accrochent à leurs colonies ? Voire pour l’Indochine, où les Français font de
la résistance ? Ce jour-là, c’est justement l’Indochine qui anime les conversations, lorsque le
silence se fait à l’entrée du mess et gagne progressivement toute la salle ; des baguettes
glissent dans un bol et claquent en tombant sur le plancher de bois.
Vêtue d’un uniforme un peu trop grand, le bras gauche en écharpe, le sabre au côté pourtant,
une haute silhouette traverse le mess, déchirant le calme soudain de son pas décidé. Sans
hésitation, le capitaine Onishi s’installe à une table dont les occupants semblent se tasser de
stupéfaction et commence à manger.
Harcèlement
Iles Shortland – Des B-17, escortés par des P-38 et des P-40, attaquent le mouillage où le
ravitailleur d’hydravions Akitsushima a été repéré. Les hydravions japonais ne peuvent pas
s’opposer au raid, mais l’Akitsushima n’est pas touché.
Campagne des Aléoutiennes
Les nuages, premiers adversaires
1
Avec six canons– la disposition des pièces de l’Isuzu est telle que la septième pièce ne peut participer aux tirs.
Au sud d’Unalaska – La Force Niitaka a parfois dû ralentir en raison de l’état de la mer,
avant d’accélérer pour rattraper son retard. Enfin, elle se trouve au jour prévu à portée de raid
de Dutch Harbor – un peu plus loin que prévu peut-être, mais le long rayon d’action de ses
avions compensera cet écart.
En revanche, rien ne peut compenser l’effet d’une véritable petite tempête, avec rafales de
vent, bourrasques de neige et dense couverture nuageuse… Le raid envoyé contre Dutch
Harbor compte 12 D3A, 12 B5N et 2 D4Y armés de bombes, ainsi qu’une escorte de 12 A6M.
Mais, habitués à des cieux plus cléments, les aviateurs ne parviennent pas à trouver leur cible
au milieu des nuages. La plupart des bombardiers se délestent de leurs bombes en mer,
quelques-uns bombardent sans résultat des bâtiments (en fait, un village d’Unalaska) qu’ils
ont entr’aperçus à travers les nuages – pire, un D3A et deux A6M se perdent et disparaissent
corps et biens !
L’un des deux Zéro perdus, cependant, ne l’est pas pour tout le monde. Quelques jours plus
tard, il sera retrouvé dans l’île d’Unalaska, posé sur le ventre mais presque intact. Néanmoins,
le pilote a été tué (il semble qu’il ait détaché ses courroies de sécurité, envisageant sans doute
de sauter, mais qu’il se soit ravisé et ait négligé de se resangler). L’épave sera envoyée
immédiatement en Californie. Là, elle permettra, avec les nombreux débris de Zéro récupérés
sur Guadalcanal, de construire un Zéro complet, dont l’étude sera d’un grand secours aux
avionneurs alliés.
………
Encore loin au sud-ouest d’Attu et Kiska – La Force AL est en retard ! La faute, bien sûr, à
un Pacifique Nord bien moins aimable que son frère du sud. L’amiral Hosogaya prend alors la
décision de scinder tout de suite sa flotte, pour filer droit sur ses deux cibles, au lieu
d’attendre d’être juste entre les deux îles pour diviser ses navires. Il gagne ainsi quelques
heures – juste de quoi respecter les délais qui lui ont été fixés.
2 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – A son tour, la 12e Division japonaise commence à parvenir au
bord de la Salween. Ses premiers éléments joignent leurs forces à celles des Thaï et de la 9e
Brigade Blindée pour refouler la Force Publique. Ils y parviennent en partie, car la logistique
des hommes de Gilliaert commence à être très difficile. De leur côté, les Japonais font passer
du ravitaillement sur la rive droite par un système de bac, qui est aussi utilisé pour ramener
sur la rive gauche certaines troupes et allège la tâche des deux ponts restants, endommagés ou
encombrés.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Rayez un mouilleur de mines
Région de Buna-Sanananda-Gona – A l’aube, alors que le déchargement des cargos
continue, les Ki-43 de couverture donnent l’alerte. La RAAF a mobilisé douze bombardiers
torpilleurs Beaufort du Sqn 100, escortés par des Hurricane du Sqn 75.
Les Ki-43 tentent d’intercepter les bombardiers, mais ils ont du mal a s’opposer aux
Hurricane II et sont complètement surclassés par les Hurricane III. Cinq Ki-43 et trois
Hurricane II sont abattus tandis qu’un sixième Hayabusa parvient à se jeter sur un Beaufort et
à l’entraîner dans la destruction. Un autre Beaufort est abattu par la DCA.
Délaissant les cargos (cela leur sera beaucoup reproché, malgré le fait que les deux navires
aient déjà été en grande partie déchargés), les Beaufort se jettent sur l’escorte. Une torpille
percute l’Isuzu à l’arrière – la coque du croiseur léger résiste, mais le gouvernail est
gravement endommagé. L’Okinoshima, avec sa haute superstructure, fait une plus belle cible.
La première torpille le rate de peu, mais une deuxième le frappe au niveau de la chambre des
machines. Le navire ralentit et s’arrête presque, ce qui permet à deux autres Beaufort de le
toucher. Secoué d’explosions, le gros mouilleur de mine se casse en deux. La poupe chavire et
sombre immédiatement tandis que l’avant surnage pendant cinq bonnes minutes, permettant à
une partie de l’équipage de survivre.
En dépit de la perte de l’Okinoshima, la mission de ravitaillement est un succès. En plus de
vivres et de munitions, les cargos ont débarqué plusieurs canons antichars Type 1 de 47 mm et
des mines.
Il faut dire que les efforts des Alliés pour renflouer le porte-barges Okinoshima Maru avaient
été correctement interprétés. Si les Australiens n’attaquaient pas les poches, c’est qu’ils
manquaient d’artillerie lourde et de blindés, voire qu’ils attendaient un soutien naval. Ce
raisonnement expliquait aussi la pose du champ de mines par l’Okinoshima.
………
Port Moresby – Arrivée du cargo Empire Addison. Il apporte d’Angleterre des armes et du
ravitaillement. Mais une partie de sa cargaison fait l’objet d’un traitement particulier : quatre
chars Matilda II, huit Bren Carriers, huit canons de 25-pounder (87,6 mm), plus des
munitions, du carburant et divers équipements. L’ensemble, aussitôt déchargé, est transféré à
bord du Hollandais Karsik (ex-Allemand Soneck, saisi en mai 40 en Indonésie), venu de
Brisbane avec, en pontée, quatre chars Sentinel C1 fabriqués en Australie. Le Karsik (capacité
de charge 3 080 tonnes, 12 nœuds et un tirant d’eau lui permettant de décharger sur un
appontement de fortune) est impatiemment attendu par le général Vasey et ses hommes, de
l’autre côté de la Nouvelle-Guinée.
Campagne des Aléoutiennes
Une pâle copie
Au sud d’Unalaska – Il ne sera pas dit que la Marine Impériale se sera laissé intimider par
des nuages ! Kakuta ordonne un nouveau raid, de même force que la veille, mais cette fois
avec quatre D4Y au lieu de deux, pour servir de guides. De plus, les chances sont meilleures,
car pendant la nuit, la Force Niitaka s’est rapprochée de son objectif.
De fait, cette fois, les attaquants repèrent bien Dutch Harbor, blotti entre Amaknak et
Unalaska. Les Zéro d’escorte, qui devaient en théorie mitrailler des cibles d’opportunité,
montrent qu’ils ont une autre utilité : à la grande surprise des Japonais, une patrouille de huit
P-40 (venue de Fort Glenn) leur cherche noise ! Trois Américains sont abattus, contre un seul
A6M et un B5N, mais les bombardements sont surtout handicapés par un vent assez fort qui
rend la visée difficile. C’est ainsi que les transports Fillis et Gillmore ne reçoivent que
quelques éclats. En revanche, le DD-184 Abbot – un four-piper vite élevé par ses assaillants à
la dignité de croiseur léger – est atteint par plusieurs bombes et sombre dans les eaux glacées.
Les autres cibles sont les quais et les entrepôts, où les bombes allument des incendies
spectaculaires mais sans réelle gravité. La DCA abat un B5N.
Ayant récupéré ses avions, Kakuta décide de croire les comptes-rendus enchantés de ses
pilotes frigorifiés et de mettre le cap à l’ouest – sans le dire ouvertement, il redoute ce qui
pourrait arriver à la Force AL. En effet, un de ces maudits quadrimoteurs yankees a été repéré
au-dessus de ses navires (il s’agit d’un B-17 venu de Fort Morrow), sans qu’il soit possible de
le détruire. Avec les chasseurs en patrouille sur Dutch Harbor, cela montre que les Américains
ont sur place de nombreux avions. Quel tour l’ennemi a-t-il encore dans son sac ? Si la Force
AL subissait des pertes après une attaque aérienne, Hosogaya serait bien capable de lui faire
porter le chapeau !
Peu après, les craintes de l’amiral sont avivées par un message indiquant qu’un nouveau raid
mené contre Attu par des G4M a été intercepté par des P-40, qui ont abattu un des “Betty”.
D’où peuvent-ils venir ? La piste d’Attu n’est qu’à l’état d’ébauche et les reconnaissances
n’ont rien trouvé sur Kiska ! Il ignore évidemment l’existence du terrain d’Amchitka (le
rapport de l’I-35 a mentionné l’existence probable d’un terrain sur Adak, mais l’île paraît bien
loin d’Attu).
Ce soir, Radio-Tokyo, narrant l’attaque contre Dutch Harbor, parlera d’un « Pearl Harbor du
Grand Nord », mais la copie est bien pâle…
………
Anchorage – Cette fois, l’Alaskan Defense Command s’inquiète sérieusement ! Toute une
flotte japonaise est dans le secteur, avec au moins deux porte-avions ! L’US Navy dans la
région – la TF-8 – n’est pas de taille (elle se compose du croiseur lourd Chester, des vieux
croiseurs légers Detroit et Raleigh et des destroyers Caldwell, Case, Conyngham, Cummings,
Dunlap et Mahan, plus sept dragueurs et escorteurs et quatre ravitailleurs d’hydravions.
Pendant que Scott, qui vient de mettre son pavillon sur le Chester, réclame à cor et à cris des
renforts dignes de ce nom, l’USAAF décide, pour faire face à toute éventualité, de rapprocher
les deux squadrons de bombardement moyen du “front”, en les redéployant à Fort Glenn et
Fort Randall.
Dans l’après-midi, on va bien envoyer des bombardiers sur la zone signalée par le B-17 de
Fort Morrow, mais le délicieux climat aléoute est impartial. La tempête qui a désorienté la
veille les aviateurs japonais fait à présent écran entre les terrains d’où décollent les attaquants
et la Force Niitaka et tous les avions rentrent à leur base sans avoir vu le moindre Nippon.
3 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – La 55e Brigade Indienne, en pointe de la contre-attaque alliée (et
l’une des meilleures unités de la 9e Armée), réussit un mouvement d’enveloppement qui
tronçonne l’arrière-garde de la 71e Division. Deux bataillons d’infanterie et d’autres éléments
sont maintenant encerclés. Cependant, grâce à des parachutages de ravitaillement, le gros de
la division continue à se replier en bon ordre.
Le succès de ces parachutages est d’autant plus remarquable que la bataille aérienne tourne
peu à peu à la défaite des Japonais. Leurs pertes sont un peu supérieures à celles des Alliés,
notamment parce qu’ils opèrent plus souvent au-dessus du territoire ennemi. Mais surtout, ils
reçoivent très peu d’avions et de pilotes de remplacement, alors que les Alliés ont droit à des
renforts réguliers d’appareils et d’équipages. Cependant, les deux adversaires s’épuisent
progressivement.
Campagne d’Indochine
Maintien de l’ordre dans la Sphère de Coprospérité
Sur le Mékong, au sud de Luang-Prabang – Les Japonais, qui viennent de reprendre leur
route le long du fleuve, voient arriver du renfort, annoncé depuis déjà deux jours par radio.
Une vedette siamoise remonte le fleuve. Un officier en uniforme impeccable salue le
commandant Nakajima et lui signale que l’armée thaïe a réussi à capturer et désarmer une
partie des « brigands » qui hantent la région. Les autres s’enfuient sur le fleuve grâce à des
pirogues qui se dissimulent le long des berges, à l’abri de la végétation. Nakajima doit les
poursuivre…
Campagne de Nouvelle-Guinée
Port Moresby – Le chargement du cargo Karsik se termine. Il appareille au coucher du soleil.
Pour la première partie de son voyage (jusqu’au niveau de Bartle Bay), le cargo ne doit être
escorté que par l’aviso HrMs Soemba et deux corvettes de classe Bathurst, les HMAS
Bunbury et Ipswitch, pour ne pas trop attirer l’attention des avions de reconnaissance nippons.
En revanche, deux avions de surveillance ASM et quatre chasseurs seront en patrouille du
lever au coucher du soleil au-dessus des cinq bâtiments.
Campagne des Aléoutiennes
AL 1 et 2
Kiska, à l’aube – La Force AL 2 se présente devant l’île et les transports Hakusan Maru et
Kano Maru commencent aussitôt à débarquer la 3e SNLF de Maizuru (commandant Takeji
Ono) et les 700 travailleurs coréens qui l’accompagnent. Il tombe un mélange de pluie et de
neige, mais les hommes, rudement secoués dans leurs embarcations, se consolent en songeant
que tout vaut mieux que des obus et des balles… Le commandant du ravitailleur d’hydravions
Kunikawa Maru, lui, fait la grimace. Il va avoir du mal à déployer ses neuf hydravions s’il ne
trouve pas un plan d’eau relativement calme !
Devant les plages, les chasseurs de sous-marins CH-25, CH-26 et CH-27 et les poseurs de
mines Ishizaki et Ukishima veillent au grain, ou plutôt au sous-marin. Plus au large, le
croiseur Sendai et les destroyers Ikazuchi, Kasumi et Shiranuhi attendent que les troupes aient
besoin de quelques coups de canon pour les appuyer. Mais rien ne vient.
En fait, il n’y a sur l’île qu’une section de Scouts d’Alaska, qui s’est fondue dans la nature
hostile de l’île dès l’arrivée des Japonais (toute la population des Aléoutiennes a été évacuée
vers l’Alaska au second semestre 1942 et l’équipe météo qui s’y trouvait quelques mois plus
tôt a été redéployée sur Attu). Les Scouts vont néanmoins faire bon usage de leur arme
principale : un émetteur radio…
………
Attu, dans la matinée – L’amiral Hosogaya est satisfait ! Il a de bonnes nouvelles de Kiska
et sous ses yeux, le débarquement le plus délicat, celui de la 4e SNLF de Maizuru
(commandant Yoshito Sakata), se passe au mieux, même si la plage porte le nom sinistre de
Massacre Beach. Sachant que des troupes ennemies occupent l’île, il a fait matraquer le rivage
par ses deux croiseurs – au jugé, en raison du brouillard qui noie presque constamment le
décor – avant de mettre ses troupes à terre. Hosogaya réserve les gros obus du Musashi pour
une cible mieux définie. Les Yankees se sont sûrement enfuis, car les hommes débarquent à
présent sans difficulté, quelques escarmouches mises à part. L’opération AL 1 commence
bien !
Enfin, presque bien : le brouillard est tel qu’une partie des hommes ont été débarqués dans
une crique nettement à l’ouest de la plage prévue. Vétille !
En fait, ne pouvant défendre correctement tout le périmètre de l’île, les Américains du 9e RI
se sont principalement déployés sur Henderson Ridge et Gilbert Ridge, les hauteurs situées
d’une part au sud du terrain d’aviation en construction, d’autre part au sud-est de Chichagof
Harbor, le seul village de l’île (où il n’y a plus un seul habitant). Depuis le premier raid lancé,
l’avant-veille, par la Force Niitaka contre Dutch Harbor, les éléments du 13e Bataillon du
Génie ont cessé tout travail sur l’aérodrome pour se concentrer sur la construction de
retranchements.
Les deux adversaires l’ignorent, mais ils sont à peu près de force égale – un millier d’hommes
environ de chaque côté. Les Japonais sous-estiment les forces américaines et les Américains
surestiment les forces japonaises.
………
Attu, vers 15h00 – Un bruit de moteurs résonne sur le mouillage des navires japonais. Ce
sont douze B-25 et autant de B-26 des 73e et 77e BS, qui ont ravitaillé sur Adak. La surprise
est totale : les Américains n’étaient pas censés disposer d’une base importante d’avions de
combat à portée d’attaque. Après avoir tourné deux fois autour d’Attu, les attaquants repèrent
la force AL 1 entre deux nappes de brouillard et se lancent à l’assaut dans un certain
désordre – leurs pilotes manquent d’expérience !
Les B-26 attaquent les navires, mais seul le Nojima Maru est sérieusement touché, il
commence à brûler. Pendant ce temps, les B-25 bombardent et mitraillent le rivage, où sont
concentrés de nombreux soldats et l’équipement déjà débarqué. Les pertes sont lourdes et
l’affolement général, tandis que la DCA se fait remarquer par son inefficacité – les
bombardiers s’éloignent sans une égratignure. Une énorme explosion secoue alors le
brouillard : le Nojima Maru vient de sauter ; il disparaît dans l’eau glacée. Manque de chance
pour les Japonais, il contenait encore une bonne partie de l’artillerie (et des munitions) de la
4e SNLF. La perte n’est cependant pas trop grave ; les trois transports emportaient une
quantité de matériel et d’armements inhabituelle pour une SNLF d’un millier d’hommes, dans
l’optique de la conquête et de l’achèvement de l’aérodrome.
Reste que l’amiral Hosogaya est nettement moins satisfait que quelques heures plus tôt. Que
fait donc Kakuta, qui aurait dû assurer une couverture aérienne des opérations !
Mais Kakuta, au même moment, se hâte vers l’ouest avec ses porte-avions, persuadé pourtant
qu’il va arriver à l’heure. En effet, il n’a pas encore été informé du débarquement sur Attu et
Kiska (Hosogaya n’a envoyé qu’un bref message à Tokyo) et il suppose que la Force AL a été
retardée par la médiocrité de la météo…
Renforts
Pearl Harbor – Faute de mieux, l’état-major de l’US Navy dans le Pacifique a décidé
d’envoyer à Scott un croiseur lourd, l’Indianapolis, un croiseur léger, le Richmond, et quatre
destroyers, les Buchanan, Duncan, Lansdowne et Lardner. Ils appareillent dans la matinée. Ils
seront à Dutch Harbor dans l’après-midi du 6.
4 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – Tout en poursuivant son repli, la 12e Division s’efforce de porter
secours aux éléments de la 71e encerclés. Une tentative de percée vers le nord du 24e Rgt se
solde par un échec, le manque de munitions (et de vivres) commençant à se faire sentir.
Cependant, les troupes encerclées ralentissent encore la contre-attaque alliée.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Rabaul (Nouvelle-Bretagne) – Les dommages infligés à l’Isuzu sont jugés irréparables avec
les moyens locaux. Le croiseur léger est donc envoyé au Japon pour réparation.
Campagne des Aléoutiennes
Un parapluie percé
Attu – Toute la journée, on s’affaire à décharger les transports Kumagawa Maru et Sanuki
Maru, sous un parapluie aérien assuré par les chasseurs de la Force Niitaka. Le débarquement
est cependant très gêné par la météo – un vent glacial soulève une houle qui rend les
opérations difficiles. En revanche, les nuages dissimulent le sol à la vue des avions
américains : ce sont des B-24 venus d’Adak, qui doivent se contenter de lâcher leurs bombes
au petit bonheur. Il est vrai qu’en retour, ils ne sont pas dérangés par les Zéro en patrouille,
qui les cherchent sans les trouver.
………
Kiska – Le parapluie japonais est percé ! Vers midi, six B-25 et six B-26, qui n’ont pas
participé au raid de la veille, surgissent au-dessus du mouillage. Sur le rivage, les B-26
sèment la terreur dans les rangs des travailleurs coréens qui déchargent les navires. Un peu
plus loin, les B-25 s’en prennent au Kunikawa Maru… et le ratent, mais non sans donner des
sueurs froides à son équipage. Une bombe tombe près de la coque, secouant durement le
navire et volatilisant un A6M2-N [Rufe] qui tentait de décoller. En effet, les Japonais
comptaient sur les hydravions de chasse pour protéger Kiska, mais l’état de la mer les a
cloués… aux vagues.
………
Au large d’Attu – Après quelques échanges aigres-doux entre Kakuta et Hosogaya, les deux
amiraux décident de regrouper le plus possible la Force AL. Le déchargement des Hakusan
Maru et Kano Maru doit être hâté, puis tous deux rejoindront Attu, sous bonne escorte. Le
Kunikawa Maru restera devant Kiska jusqu’à ce que l’hydrobase prévue soit installée, sous la
protection du croiseur Sendai (dont la DCA a été renforcée lors de ses réparations récentes) et
des petits Ishizaki et Ukishima (contre les sous-marins).
A propos de sous-marins, il est aussi décidé d’envoyer les I-11 et I-35 patrouiller entre Kiska
et Adak.
5 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – La menace pesait depuis un certain temps – la 12e Division
japonaise est sérieusement accrochée par les éléments de tête de la 5e DI britannique. Les 15e
et 17e Brigades fixent le 24e Régiment en arrière-garde de la division japonaise, menaçant de
le couper du 48e Rgt.
Campagne d’Indochine
Maintien de l’ordre dans la Sphère de Coprospérité
Sur le Mékong, non loin de Vientiane – Les chasseurs se transforment soudain en proie.
Alors que les embarcations japonaises descendent le courant à mi-distance des deux rives, une
explosion soulève soudain une gerbe d’eau non loin de l’embarcation de tête. Un autre obus
de mortier ne rate le premier radeau que de quelques mètres.
Sans perdre son calme, le commandant Nakajima ordonne que l’on gagne au plus vite la rive
laotienne, d’où viennent certainement les tirs, il faut reprendre l’initiative ! Les officiers ont
tous sortis leurs jumelles et le capitaine Fujimori repère bientôt un bateau caché le long de la
rive.
Les Japonais se mettent aussitôt à tirer et les balles sifflent, hachant la végétation qui
dissimule une vedette française, le Georges-Huneau. Mais l’embarcation a été armée à l’avant
d’une mitrailleuse américaine de .50 qui s’en prend à un des radeaux. De nombreux hommes
sont touchés, quatre tombent à l’eau qui se colore d’écarlate. Les pêcheurs, terrifiés,
s’enfuient à la nage, abandonnant les perches. Des soldats se précipitent pour les reprendre
tandis que les autres continuent à tirer. Sur la berge, les mouvements se multiplient. Des
hommes cachés parmi les arbres tirent et des fusils-mitrailleurs se joignent à la mitrailleuse.
Nakajima et son état-major sont relativement à l’abri derrière le plat-bord de la barque à
moteur. Les fusils-mitrailleurs japonais crachent de courtes giclées de balles, s’efforçant de
faire taire la mitrailleuse.
Les deux mortiers dissimulés sur la berge donnent à nouveau de la voix. Une colonne
d’écume monte vers le ciel, mais l’autre projectile tombe en plein sur l’une des pirogues, qui
se casse en deux et coule aussitôt.
Mais les autres embarcations japonaises ne sont plus qu’à une vingtaine de mètres de la rive.
Menés par le lieutenant Yasuda et les sous-lieutenants Kakuta et Kishiro, les Japonais se
jettent à l’eau. En cette saison, le Mékong est bas. Même au milieu du fleuve, l’eau ne dépasse
guère la taille et si près du bord, les hommes n’ont de l’eau que jusqu’à mi-mollet. Voyant
arriver sur les Nippons, les Laotiens, beaucoup moins nombreux, décrochent, abandonnant la
vedette, non sans vider les chargeurs de leurs fusils-mitrailleurs, qui font de nouvelles
victimes.
L’engagement a duré moins de dix minutes mais a été sanglant. Les Japonais ont eu 16 morts
et une trentaine de blessés. Une bonne partie de leur équipement a sombré en même temps
que la pirogue.
En revanche, ils ont saisis huit fusils, un fusil-mitrailleur et le Georges-Huneau, qui a été
sabordé, mais qui n’a “coulé” que dans trente centimètres d’eau. A bord, les Japonais
récupèrent la mitrailleuse et des munitions, ainsi que du matériel médical.
Campagne des Aléoutiennes
Observation
Attu et Kiska – Les opérations de déchargement des transports japonais se poursuivent. Un
épais brouillard empêche toute opération aérienne.
………
Attu – A partir de Massacre Beach, les Japonais commencent à avancer vers le nord-ouest,
dans Massacre Valley. Le paysage est voilé par un brouillard glacé, ce qui n’est pas un grand
mal du point de vue esthétique. Le décor est uniquement constitué de pics rocheux plus ou
moins aigus, couverts l’été de mousses et de lichens sans un seul arbre – c’est la toundra –
mais, en cette saison, seule la neige masque le roc.
Du point de vue tactique, en revanche, le brouillard est très nuisible pour les Japonais. En
effet, dès que leur débarquement a été détecté (grâce notamment au bruit du bombardement
effectué par les croiseurs nippons…), les Scouts d’Alaska ont commencé à organiser une série
d’embuscades sur les hauteurs au nord-ouest de Massacre Beach, pour souhaiter la bienvenue
à leurs visiteurs. Et le brouillard leur facilite la tâche. La journée est scandée par une série
d’escarmouches organisées par des équipes composées d’une dizaine de Scouts et d’une
cinquantaine d’hommes du 17e RI. Au soir, Massacre Valley mérite son nom.
………
Mini-renforts navals
Kure – L’I-169 (Lt-Cdr Watanabe Katsugi) appareille. Il transporte un mini-sous-marin et
une partie du personnel du Détachement de mini-sous-marins de Kiska (enseigne Majima).
Peu après, l’I-171 (Lt-Cdr Kobayashi Shigeo) appareille également, avec un autre mini-sousmarin et le reste du personnel du Détachement.
………
Renforts aériens
Anchorage – Faute de moyens navals, il va être difficile de disputer le contrôle de la mer aux
Japonais. Dans un premier temps au moins (et en dehors d’une action des deux sous-marins
disponibles dans la région), la riposte ne peut être qu’aérienne.
Pour soutenir les troupes isolées sur Attu et s’en prendre efficacement aux navires nippons, il
est décidé de faire appel au 407e Bombardment Group (Dive), qui va envoyer en Alaska les
632e, 633e et 635e Bombardment Squadrons, sur Douglas A-24 Banshee (la version terrestre
du Dauntless). Bien sûr, les travaux d’agrandissement des aérodromes d’Adak et d’Amchitka
doivent se poursuivre très activement.
Par ailleurs, pour ravitailler les forces isolées sur Attu, il a été décidé de profiter des longues
nuits de février et de l’épais brouillard prévu pour les jours suivants pour tenter un coup
d’audace. Deux four-pipers, les Cowell et Swasey, chargés à ras bord de ravitaillement,
quittent Dutch Harbor dans la journée, sous la conduite du destroyer moderne Conyngham. En
faisant un large crochet à travers la Mer de Béring, ils arriveront à Chichagof Harbor (si tout
va bien !) au début de la nuit du 7 au 8…
6 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – Les combats se poursuivent sur l’ensemble du front, tandis que
de plus en plus d’éléments japonais repassent la Salween. Le 112e Rgt (55e Division) et le 46e
Rgt (12e Division) ont réussi à traverser en totalité.
Campagne d’Indochine
L’économie en ruines de l’Indochine “libérée”
Saigon – L’ambassadeur (ou le proconsul ?) du Japon, M. Yoshizawa, rencontre une nouvelle
fois M. Kuriyama, secrétaire général de la représentation japonaise, et le général Tyo,
gouverneur militaire. Les trois hommes doivent tenter de trouver des remèdes au triste état
économique de l’Indochine.
Leurs constats sont très pessimistes. Les destructions occasionnées par la conquête n’ont pas
pu être réparées du fait des troubles qui se poursuivent. « Rebelles », « terroristes » et « valets
des colonialistes » ne se contentent pas de gêner ou de retarder les réparations, ils multiplient
les sabotages les plus divers.
Le secrétaire de l’ambassadeur salue ses aînés, s’excusant par avance des mauvais chiffres
qu’il va énoncer, avant d’expliquer que l’Indochine produit pour treize milliards de yens de
moins qu’en 1939. Les cas particuliers sont encore plus accablants. Les Cimenteries Portland,
qui employaient 5 000 personnes à Haiphong, ne produisent même plus le dixième de ce qui
sortait avant guerre. La compagnie cotonnière de Nam Dinh ne fournit plus que le tiers du
coton cardé avant l’invasion. Les mines de charbon de Hongay produisent si peu que le
manque de combustible oblige les centrales thermiques à brûler de la paille de riz et de maïs.
L’agroalimentaire n’est pas épargné. En 1942, 60 % du riz produit en Cochinchine a été
perdu. Plusieurs usines de traitement du latex ont été détruites par des attentats et les
« terroristes » font régner l’insécurité dans les plantations d’hévéas. Seul le Cambodge, resté
relativement paisible, a produit à peu près autant de caoutchouc qu’en 1941. De ce fait, les
stocks de produits traités sont presque tombés à zéro.
Mais il y a encore pire : l’état des communications. Le tiers des routes d’Indochine sont
impraticable pour les camions. Les voies ferrées ont subi de gros dégâts et la ligne SaigonHanoi n’est plus assurée entre Dong Hoi et Da Nang. Deux jonques de transport sur trois ont
été coulées ou gravement endommagées. Dans les ports de Saigon et d’Haiphong, les combats
(ou les sabotages pratiqués par les « colonialistes sans scrupules ») ont détruit plus de la
moitié des engins de levage et les quais ne sont plus bordés que d’entrepôts en ruines.
La seule amélioration économique a été enregistrée à Saigon, malgré les terribles destructions
provoquées par un siège sans pitié et l’exode d’une grande partie de la population. En effet, la
présence d’une nombreuse garnison japonaise fait tourner le commerce. De plus, la vente de
poivre, de café et de maïs génère des bénéfices, mais ceux-ci ils sont monopolisés par le
Centre d’Approvisionnement de l’Armée et l’administration japonaise de l’Indochine n’en
touche pas un yen.
Campagne des Aléoutiennes
Massacre Valley
Attu – Les Japonais avancent lentement dans Massacre Valley vers le col de Sarana, harcelés
par des tireurs isolés, mais souffrant bien plus encore du froid, de la neige et des difficultés du
terrain que des balles. A la nuit, ils décident de se retrancher et d’attendre le lendemain pour
repartir à l’attaque après une préparation d’artillerie assurée par les canons tout juste
débarqués.
………
Sous-marins en eaux froides
Entre Attu et Kiska – Le Grunion et le Trigger ne devaient passer que quelques jours en
Alaska avant d’aller attaquer le trafic japonais au nord de l’archipel nippon, mais la
multiplication des indices montrant l’intérêt de l’ennemi pour les Aléoutiennes les a conduits
à s’attarder dans les eaux de Dutch Harbor. Dès l’annonce du débarquement japonais sur Attu
et Kiska, ils ont mis le cap sur le secteur. Le Trigger s’est posté au large d’Attu et le Grunion
du côté de Kiska.
Or, sur Kiska, le débarquement japonais s’achève.
Le plus gros des deux transports, l’Hakusan Maru, part le premier pour Attu, escorté par les
destroyers Ikazuchi, Kasumi et Shiranuhi. L’Hakusan Maru est encore en partie chargé, car il
est apparu que les besoins en munitions seraient sûrement plus importants sur Attu. Parti dans
la nuit, le petit groupe passe dans l’obscurité sous le nez du Grunion.
Vers 11h00, c’est au tour du Kano Maru d’appareiller, accompagné des CH-25, 26 et 27.
Mais cette fois, le Lt-Cdr Mannert Abele, du Grunion, les aperçoit, et son submersible est
bien placé. Une gerbe de six torpilles élimine d’un coup les CH-25 et 27, mais le Kano Maru,
sans doute visé lui aussi, est épargné. Cependant, dans l’affolement, le transport remet le cap
sur Kiska, tandis que le CH-26, l’ayant perdu de vue, file vers Attu. Tout en rechargeant ses
tubes, le Grunion piste le Kano Maru.
A 15h10, l’Hakusan Maru et son escorte sont aperçus par le Trigger alors qu’ils atteignent
Attu, mais de trop loin pour que le sous-marin puisse attaquer. Suivant son intuition, le Lt-Cdr
Roy Benson place son bâtiment sur la route suivie par le petit convoi et attend…
Pendant ce temps, le Kano Maru a atteint Kiska, mais le brouillard se fait plus épais et le
transport ne peut rejoindre les quatre navires japonais mouillés dans le petit port et il stoppe,
se croyant à l’abri. C’est la chance du Grunion, dont le radar, récemment installé, lui permet
de retrouver sa proie malgré la mauvaise visibilité. La suite ne nous est connue que par les
rapports japonais et les recherches d’après-guerre. Le Lt-Cdr Abele commence par lancer
deux torpilles, dont l’une touche. Mais la blessure n’est pas mortelle : le Kano Maru remet en
route, tout en ouvrant le feu de son canon de 88 sur un kiosque que les marins croient avoir
aperçu dans le brouillard. Il semble que le Grunion, pour en finir, lance alors plusieurs autres
torpilles, dont l’une frappe le transport à l’arrière, détruisant ses machines. Mais une forte
explosion soulève une gerbe d’eau à l’emplacement du sous-marin ; les marins japonais
croient avoir touché leur adversaire – en fait, il est probable qu’une de ses propres torpilles,
son gouvernail déréglé, ait décrit une boucle et soit venue frapper le Grunion… C’est ce que
l’on peut déduire de l’examen de l’épave, retrouvée plusieurs dizaines d’années après.
Le CH-26 arrive alors, comme les carabiniers. Il prend le Kano Maru en remorque, mais le
transport coule lentement et la seule chose à faire, c’est de l’échouer. L’épave permettra
d’ailleurs au Kunikawa Maru d’achever l’installation d’une hydrobase convenable pour les
huit hydravions qui lui restent.
Tandis que ce drame se joue, les destroyers escortant l’Hakusan Maru ont reçu l’ordre, ayant
mis le gros transport à l’abri, de revenir à Kiska. Aux dernières lueurs du jour, ils se jettent
droit sur le Trigger ! Celui-ci lance une salve complète. Deux torpilles se perdent, mais les
destroyers Kasumi et Shiranuhi sont tous deux touchés à l’avant et l’Ikazuchi est foudroyé par
deux coups au but. Il coule pendant que ses deux équipiers, clopin-clopant, réussissent à
rejoindre le gros de la flotte japonaise devant Massacre Beach.
………
Renforts
Dutch Harbor – La flottille menée par le croiseur lourd Indianapolis arrive à destination.
Elle double presque les forces de Norman Scott, qui passent à cinq croiseurs (deux lourds et
trois vieux légers) et dix destroyers modernes. Mais face à une force incluant des porte-avions
et des cuirassés, que faire ?
7 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – Sur le front principal, les combats ont diminué d’intensité. C’est
également vrai sur l’aile gauche alliée, très avancée, où la Force Publique, manquant de
ravitaillement, se contente de défendre.
Rangoon – Cédant aux demandes répétées de son chef et créateur, le Brigadier Orde Wingate,
Percival accepte de lancer la 77e Brigade Indienne dans l’aventure de l’opération Longcloth. Il
s’agit d’un raid massif (3 000 hommes divisés en colonnes de 300 à 500 combattants) qui doit
s’enfoncer sur les arrières ennemis en effectuant un vaste crochet par la jungle du nord de la
Birmanie. Le ravitaillement doit être assuré par des parachutages, rendus plus faciles par
l’accalmie sur le front aérien, due à l’usure, dans les deux camps, des hommes et du matériel.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Au large de Bartle Bay – Le cargo Karsik et son escorte sont rejoints par le croiseur léger
HMNZS Leander, les vieux croiseurs légers HMS Danae et HMS Dragon (dont la DCA a été
sans cesse renforcée depuis un an) et les deux destroyers hollandais, HrMs Van Ghent et Witte
de With.
Campagne des Aléoutiennes
Du sang sur la neige
Attu, Massacre Valley – A travers un brouillard persistant, les Japonais se rendent compte
qu’ils sont bien plus loin de leur objectif – le col de Sarana – qu’ils ne l’imaginaient la veille.
Alors que leurs officiers pressent leurs hommes pour rattraper le retard, des tirs d’armes
légères continuent à leur infliger des pertes, malgré l’appui des pièces de 75 mm de montagne.
Le soir, l’offensive nippone paraît bien enlisée dans la neige…
………
Attu, Chichagof Harbor – Les trois destroyers chargés de ravitaillement, pénètrent dans le
petit port grâce au radar du Conyngham. La seule compagnie laissée sur place se hâte de
décharger les bâtiments et de transférer le ravitaillement dans les collines. Le petit convoi
reprend le large avant l’aube.
………
Hydravions en eaux froides
Kiska – Grâce au concours involontaire du Kano Maru (ou plutôt de son épave), l’hydrobase
japonaise est enfin achevée. Le Kunikawa Maru y laisse sept chasseurs A6M-2(N) [Rufe] et
un E13A1 [Jake], ainsi que deux barges Daihatsu et une Chuhatsu. Escorté du Sendai, du CH26 et des Ishizaki et Ukishima, il peut alors appareiller pour rejoindre le gros de la flotte
devant Attu. Cette concentration se passera sans incident.
8 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – Après plusieurs jours de guérilla épuisante, le 24e Rgt (12e
Division japonaise) est maintenant revenu au contact du 48e Rgt. Ce dernier s’installe en
défense pour permettre le passage du 24e par le pont utilisé à l’aller. Un bac double ce pont,
quotidiennement attaqué par l’aviation allié, mais les effectifs des bombardiers ont trop
diminué pour que les attaques soient plus qu’une nuisance.
En aval, le 143e Rgt de la 55e Division est passé sur la rive gauche et le 144e Rgt approche du
pont le plus proche de l’embouchure. En amont, la 71e Division se débat entre les BelgoCongolais, les Indiens de la 55e Brigade et les Britanniques de la 17e Brigade.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Ward Hunt Strait (détroit entre la Nouvelle-Guinée et l’île de Goodenough) – La petite
flotte qui escorte le Karsik est repérée par les observateurs japonais postés sur Goodenough.
Dans l’après-midi, un avion d’observation Ki-46 (Dinah) survole les navires et prends de
nombreux clichés.
De retour à Lae, les photos développées provoquent une vive inquiétude. Un cargo, même de
taille relativement modeste, comme le Karsik, peut transporter de l’artillerie lourde et des
chars. Le fait qu’il soit bas sur l’eau confirme qu’il est lourdement chargé. Il doit faire route
vers Buna-Gona.
Considérant qu’un convoi, c’est l’affaire de la Marine, l’Armée renvoie le problème à Rabaul.
Campagne du Pacifique Sud-Ouest
Guerre sous-marine
Au large de l’île Montague (Nouvelle-Galles du Sud) – Après plusieurs tentatives
infructueuses les jours précédents contre de petits convois ou des navires isolés, le sous-marin
japonais I-21 s’attaque à une cible plus importante, en l’occurrence le convoi côtier OC.68 qui
relie Melbourne à Newcastle. Le cargo britannique Iron Knight, navigant en tête, est torpillé
sous la passerelle. Chargé de minerai de fer, il coule en quelques minutes. L’aviso français
D’Iberville, qui patrouillait en Mer de Tasmanie, arrive juste à temps pour secourir une
quinzaine de marins qui avaient réussi à se réfugier sur un radeau.
Campagne des Aléoutiennes
Du sang sur la neige
Attu, Massacre Valley – Le brouillard se lève légèrement et l’offensive japonaise reprend,
avec l’aide de bombardiers en piqué D3A. Mais si les D3A sont précis, ils doivent quand
même repérer leurs cibles avant de les attaquer – et c’est tout le problème.
Néanmoins, un nouvel objectif est défini : la colline X (elle n’a pas de nom), qui domine
Holtz Bay. Canons et avions s’acharnent. Au soir, les Japonais couronnent enfin la colline
visée.
………
Repli
Devant Attu – La navigation dans cette région n’est jamais facile et en février, c’est pire ! La
mer a causé toute une série d’avaries plus ou moins graves aux navires japonais : rambardes
tordues ou arrachées, embarcations enlevées, quelques affûts lance-torpilles mis hors service
par des paquets de mer vicieux… Pire encore, sur les bâtiments chahutés en permanence (les
destroyers et les petits escorteurs surtout), les équipages sont épuisés par un roulis et un
tangage permanents qui empêchent le personnel de prendre un peu de repos entre les quarts et
les alertes aériennes. De plus, le mazout s’épuise…
C’est pourquoi les deux amiraux ont décidé de renvoyer vers le Japon 17 bâtiments. Ce sont
d’une part les transports Kumagawa Maru, Sanuki Maru et Hakusan Maru, le ravitailleur
d’hydravions Kunikawa Maru (qui a déposé sur Attu ce qui lui restait de matériel), le pétrolier
Teiyo Maru (dont les cuves sont vides) et les destroyers endommagés Kasumi et Shiranuhi ;
d’autre part, une escorte composée des croiseurs lourds Ashigara et Nachi, des poseurs de
mines Ishizaki et Ukishima, des patrouilleurs PB-31, 32, 34, 37 et 39 et du CH-26. Les deux
croiseurs lourds et les cinq patrouilleurs doivent faire escale à Hakodate (Hokkaido) pour ne
pas trop s’éloigner des Aléoutiennes (des chasseurs de sous-marins de classe CH relaient les
patrouilleurs pour escorter le convoi).
Le vice-amiral Hosogaya a tenu à rester sur place avec le Musashi.
………
Sous-marins en eaux froides
A l’est-nord-est d’Attu – L’I-11 arrive une nouvelle fois à l’extrémité nord de sa patrouille
quand il bénéficie d’un coup de chance. Entre deux écharpes de brouillard, il voit venir de
l’ouest trois destroyers yankees ! Ce sont bien sûr le Conyngham, le Cowell et le Swasey, qui
reviennent de Chichagof Harbor. L’I-11 lance quatre torpilles. Le Cowell est touché et sombre
rapidement ; la contre-attaque du Conyngham est infructueuse.
9 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – La bataille aérienne reprend de plus belle car les Japonais tentent
de sauver ce qui peut encore l’être de la 71e Division. Les bombardiers en piqué Ki-89 (que
les Alliés appellent en général “Val”, bien qu’il s’agisse de la version terrestre du D3-A), les
Ki-30 “Ann” et les Ki-48 “Lily” attaquent sur tout le périmètre sud et ouest de la division
japonaise. Pendant ce temps, les Ki-21 “Sally” attaquent Rangoon pour disperser la chasse
alliée.
Les pertes sont lourdes de part et d’autre.
A la fin de la journée, les 87e et 88e Régiments ont réussi à se dégager et à se rapprocher de la
Salween, mais ils ont subi de lourdes pertes, et le 89e Rgt est toujours coincé entre Indiens et
Congolais.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Au large de Boreo, entre la côte et les bancs de sable – La corvette Bunbury, envoyée en
éclaireur, saute sur une mine posée le 1er février par l’Okinoshima. Le navire sombre en moins
de cinq minutes. Sur ses 85 hommes d’équipage, seuls 6 réussissent à gagner le rivage à la
nage.
La présence d’un champ de mines contraint l’escorte du Karsik à choisir la prudence. Le
déchargement des chars et de l’équipement aura lieu non loin de Beamu, à environ 10 milles
du point de débarquement prévu. Toujours par prudence, le bombardement naval des poches
japonaises envisagé au départ est annulé. Comme d’habitude, la première victime d’une
bataille est le plan prévu !
Campagne des Aléoutiennes
Du sang sur la neige
Attu, Massacre Valley – Le brouillard daigne se dissiper un peu, mais ce n’est que pour
permettre aux Japonais de réaliser que la colline X, conquise la veille au prix fort… n’est pas
la bonne. La “vraie” colline X, elle, est un peu plus loin et nettement plus haute. Et bien sûr,
les Américains ont eu le temps de s’y retrancher solidement. Selon le thermomètre, il ne fait
guère plus froid que quelques jours plus tôt, mais les soldats japonais ont l’impression que la
température a chuté d’au moins dix degrés…
………
Attu, mouillage de la flotte japonaise – Informés de la rencontre faite par l’I-11, les amiraux
Hosogaya et Kakuta en déduisent correctement que les navires américains devaient revenir
d’Attu. Ils conviennent alors de bombarder Chichagof Harbor par voie navale.
Deux passagers pour Tokyo
Kiel – L’U-180 (Frgkpt. Werner Musenberg) appareille pour une mission très spéciale. L’Uboot doit se rendre dans l’Océan Indien, aux environs de l’ile du Prince Edward, à la
rencontre d’un sous-marin japonais. Il a à son bord des plans, documents et divers matériels
destinés à l’allié japonais… ainsi que deux passagers : Subhas Chandra Bose, leader du
mouvement indépendantiste indien proche de l’Axe, et son assistant Habib Hassan – cet
ingénieur travaillant en Allemagne est devenu le traducteur et secrétaire particulier de son
compatriote indien. La femme de Bose, Emilie Schenkl (une Autrichienne rencontrée lors
d’une visite en Europe dans les années 30), et leur petite Anita, encore un bébé, sont bien sûr
restées en Allemagne.
Sans doute le départ de Bose va-t-il plonger dans le désarroi les officiers, sous-officiers et
soldats de la Légion Indienne, qui n’ont pas été prévenus… Mais il s’agit du bien de la Nation
Indienne !
10 février
Campagne de Birmanie
Entre Salween et Sittang – La bataille baisse d’intensité, après les violents soubresauts de la
veille.
Rangoon – Pendant que la 13e Brigade Indienne achève le nettoyage de la région de Daw
Nyein, la 13e Brigade britannique a rejoint la capitale. Elle s’apprête à remplacer au côté du
reste de la 5e DI britannique la 19e Division Indienne, retirée du front. Pendant ce temps, la
50e Indian Tank Brigade et le Calcutta Light Horse regroupent et réparent leurs engins, mis à
rude épreuve par un terrain vraiment peu commode pour les blindés.
Campagne de Nouvelle-Guinée
Beamu (côte nord-est) – Sans installation portuaire autre qu’un appontement de fortune
construit à la hâte par le génie australien dans les vingt-quatre heures précédentes, le
déchargement du matériel transporté par le Karsik ne commence que vers midi et ne progresse
que lentement. Retard et lenteur permettent aux Japonais de monter une attaque avec douze
G4M (Betty) de la Marine, escortés par autant de Zéro. Mais le raid est intercepté par huit
Hurricane venus de Milne Bay pour assurer la couverture aérienne de la petite flotte alliée.
Les avions alliés foncent à travers l’escorte pour s’en prendre aux Betty. Trois des avions
torpilleurs sont abattus et un quatrième, endommagé, doit se débarrasser de sa torpille. La
contre-attaque vengeresse des Zéro oblige les Australiens à prendre la fuite ; ils perdent trois
des leurs en échange d’un Zéro. Le pilote d’un des Hurricane abattus saute en parachute audessus de la jungle, mais ne sera jamais retrouvé.
Les huit Betty survivants peuvent à présent s’attaquer au cargo. Mais bien qu’il soit à l’ancre
dans Dyke Ackland Bay, le Karsik est loin d’être une cible facile. Il est couvert de près par les
Danae, Dragon et Soemba, tandis que le Leander et les destroyers, évoluant plus au large,
forment une première ligne de défense.
Les G4M décident d’attaquer en deux vagues. Sur les quatre premiers appareils, trois sont
abattus avant de lâcher leur torpille. Le dernier réussit à lancer, mais la torpille Kai-3 rate de
peu le cargo et exploser en heurtant la plage.
Alors que les quatre autres appareils se préparent, surviennent les renforts aériens appelés par
les Hurricane. Ce sont huit autres Hurricane et quatre Boomerang, qui étaient en réalité déjà
en route, venant de Port Moresby – l’attaque japonaise était prévisible. Pendant que les petits
Boomerang attaquent de front les Betty, les Hurricane s’opposent aux Zéro. Après quelques
minutes intenses, un Betty, deux Zéro et trois Hurricane s’ajoutent à la liste des avions abattus
– mais, plus important, le Karsik est intact. Le déchargement n’a même pas été interrompu.
Campagne du Pacifique Sud-Ouest
Guerre sous-marine
Au large de Sydney – Le sous-marin japonais I-21 poursuit depuis la veille un liberty ship.
Le Starr King transporte de Sydney à Nouméa des fournitures pour l’armée américaine. Après
avoir atteint une bonne position de tir, le sous-marin japonais lance quatre torpilles, dont deux
font mouche, mais le transport ne coule pas tout de suite et appelle à l’aide. Le destroyer
australien Warramunga, qui effectuait des essais après un passage en chantier naval à Sydney,
reçoit le signal de détresse et accourt. Après une tentative de remorquage sans succès, le Starr
King finit par couler, mais son équipage est sauf.
Campagne des Aléoutiennes
Du sang sur la neige
Attu, Massacre Valley – La “vraie” colline X est beaucoup plus difficile à escalader que
l’autre. Les Japonais ont du mal à repérer les retranchements des Américains et subissent de
lourdes pertes face à un adversaire bien armé et mieux accoutumé au terrain.
………
Chichagof Harbor – Vers midi, le cuirassé Musashi, accompagné du Sendai, de l’Inazuma et
du Yamagumo, bombarde le petit port. Celui-ci est ravagé par les obus de 18 pouces (et de
quelques autres calibres), mais les dégâts infligés aux forces américaines sont finalement
assez limités : il n’y a pas grand monde sur place et le gros du ravitaillement débarqué la
veille a pu être mis à l’abri dans les collines.
Stratégie sous-marine américaine
Pearl Harbor – Après une longue réflexion, l’amiral Nimitz finit par choisir le contre-amiral
Charles A. Lockwood pour remplacer feu l’amiral English à la tête des forces sous-marines du
Pacifique.
Le délai qu’a observé le commandant en chef de la flotte du Pacifique pour arrêter son choix
n’est pas dû à d’éventuelles hésitations sur les capacités de Lockwood, qui assure avec brio le
commandement des forces sous-marines du SWPAC depuis mai 1942. Sans cesse sollicités
pour impliquer les sous-marins dans une multitude d’opérations périphériques, qui vont du
ravitaillement de coastwatchers au recueil de renseignements tous azimuts en passant par
l’évacuation de personnalités ou par des opérations spéciales de plus ou moins grand style,
comme l’opération Banana, Nimitz et son adjoint ont ressenti la nécessité de préciser leurs
attentes vis-à-vis de l’arme sous-marine dans le cadre des offensives prévues pour la seconde
partie de l’année. C’est donc avec une feuille de route très claire que Lockwood est invité à
rejoindre Hawaï dans les plus brefs délais : il doit consacrer tous ses efforts à couler un
maximum de navires japonais. Grands ou petits, de guerre ou de commerce, peu importe, il
faut en couler le plus possible !