Actes 10, 21-35

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Actes 10, 21-35
Dimanche 26 janvier 2014
3ème dimanche après l'Epiphanie
Actes 10, 21-35
Le Christ, sauveur des nations
L’évangéliste Luc, dans Actes 10 et 11 montre aux judéo-chrétiens
comment Dieu est lui-même intervenu pour que l’Evangile soit
annoncé à tous les hommes et pas seulement aux juifs. L’histoire
de la rencontre de Pierre et de Corneille est racontée trois fois.
D’abord l’événement lui-même, puis les messagers et Corneille
racontent et au ch 11 c’est Pierre qui rapporte les faits à la
communauté chrétienne de Jérusalem.
Pierre, juif, est chronologiquement le premier, avant l’apôtre Paul,
à faire le pas, en visitant Corneille. Pour la première fois, dans la
vie de l’Église primitive, la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité est
annoncée à un païen par celui qui est le premier des apôtres.
Corneille était centurion dans l'armée romaine d'occupation en
Palestine. Il faisait partie, d'une cohorte d’italien et résidait à
Césarée, capitale de la Judée romaine entre 30 et 60. Il appartient
au groupe de prosélytes qui sont appelés par les juifs les
«craignant-Dieu ». (Des non-juifs mais attirés par la religion juive).
Le texte nous dit qu’il « faisait beaucoup d’actes de compassion en
faveur du peuple et priait Dieu constamment. »
Un jour, un ange lui apparaît et lui annonce que ses prières ont été
entendues et qu’il devait faire venir Pierre, qui habite pour l’instant
chez Simon, un tanneur. (Un métier qui était considéré par les juifs
comme impur parce qu’il travaillait des peaux d’animaux morts)
Pierre, l’apôtre est à Joppé (actuellement Jaffa), lui-même a une
vision. Il voit descendre du ciel une sorte de grande toile sur
laquelle se trouvaient toutes sortes d’animaux impurs et il reçoit
l’ordre de les manger, ce que Pierre refuse. Par trois fois, il a cette
vision sans vraiment savoir ce que cela pouvait dire.
Ce n’est qu’au moment où Pierre se rend chez Corneille après
l’arrivée des hommes envoyés par Corneille, que Pierre entrevoit
une réponse puisqu’il accepte de se mettre en route.
L’arrivée chez Corneille est renversante, pas seulement parce que
Corneille se jette aux pieds de Pierre, mais aussi par tout ce que
Corneille a mis en œuvre pendant les 2 jours pour réunir le plus
grand nombre de personnes qui comme lui sont en recherche.
Pierre, remet d’abord les choses en place, en précisant qu’il est un
homme comme Corneille.
D’autre part, il met en avant tout ce qui aurait pu l’empêcher de
venir dans la maison de Corneille. Ce que celui devait déjà
connaître comme « craignant Dieu ». Il reconnaît que Dieu est
intervenu en faveur de Corneille. Qu’il lui avait montré par la vision
(est-ce qu’il en parle ?) que rien n’est impur aux yeux de Dieu.
Puis il demande la raison de sa venue. Pour la seconde fois, Luc
fait raconter Corneille, puisque les envoyés l’avaient déjà fait. Cette
insistance de l’auteur montre combien ce passage d’une
évangélisation aux seuls juifs, puis aux païens est capital dans la
vie de l’église primitive.
Corneille est en recherche, mais il a besoin de la prédication de
Pierre pour comprendre ce que Dieu voulait lui dire. Le discours de
Pierre (35-41) marque un tournant dans la vie de l’Église primitive.
Avec la prédication de Pierre à Corneille, l’Évangile est en train de
passer aux païens. Et l’Évangile, c’est d’abord Jésus, mort et
ressuscité. Ce message n’a d’autre autorité que le témoignage des
apôtres qui ont vu. Ils ont vu tout ce qui s’est passé : « Nous les
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apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays
des juifs et à Jérusalem… Nous avons mangé et bu avec lui après
sa résurrection d’entre les morts ».
Plus de deux mille ans après, l’Église n’a rien d’autre à dire que
cela. C’est cette extraordinaire bonne nouvelle que nous devons
apporter aux hommes.
Prédication :
En franchissant la porte de Corneille, l’apôtre Pierre ne savait sans
doute pas qu’un pas bien plus grand, allait être fait pour faire
avancer la bonne nouvelle de Jésus Christ. A travers ces deux
personnes, ce sont deux mondes qui se rencontrent qui jusqu’à
présent avait tout fait pour s’éviter : le monde du peuple juif et celui
des païens.
Mais qui est Corneille ? C’est un homme en recherche. Un
centurion romain, qui fait partie, du régiment italien. Un païen aux
yeux des juifs, même s’il fait tout son possible pour se rapprocher
d’eux. Les juifs eux –mêmes disent de lui : « Avec toute sa famille,
il adore Dieu fidèlement. Il aide beaucoup les pauvres du peuple
juif et prie Dieu régulièrement.» Et lorsqu’il demande à Pierre de
venir, ils semblent dire : « Il faut que tu viennes car il le mérite ».
Pierre, le disciple de Jésus, un chrétien d’origine juive qui continue
fidèlement à respecter la loi juive même si pour lui ce n’est plus le
chemin pour recevoir le salut. Il est à Joppé (aujourd’hui Jaffa)
chez un tanneur. Dans son milieu, il a déjà franchi des frontières,
car les tanneurs étaient impurs pour les juifs, puisqu’ils travaillaient
avec des animaux morts.
Mais la frontière qu’il va franchir aujourd’hui est encore plus
importante. L’auteur de ce changement ce n’est ni Pierre, ni
Corneille non plus, mais Dieu. Dieu est celui qui agit tout au long
du chapitre 10.
Car tout a commencé bien avant la rencontre des deux hommes.
Notre histoire s’ancre dans la prière. L’un et l’autre sont en prière
lorsque Dieu intervient et leur parle. Pour chacun la manière est
différente, mais le message qu’ils reçoivent les pousse à oser
franchir le pas.
Corneille reçoit la visite d’un ange pendant sa prière. Un messager
de Dieu vient chez cet étranger et il l’appelle par son nom. Nous
découvrons que ce n’est pas un étranger pour Dieu. «Corneille, tes
prières et tes actes de compassion sont montés devant Dieu, et il
s’en est souvenu. Envoie maintenant des hommes à Joppé et fais
venir un certain Simon surnommé Pierre; il loge chez un autre
Simon, qui est tanneur et dont la maison est au bord de la mer. »
Pierre a une vision « Il voit le ciel ouvert et un objet qui descend du
ciel. Cet objet ressemble à une grande toile qu’on tient par les
quatre coins. Elle vient se poser par terre. » Dedans, il y a toutes
sortes d’animaux : des animaux à quatre pattes, ceux qui rampent
sur la terre et des oiseaux. » Il entend une voix qui lui ordonne de
manger. Son estomac de chrétien-juif pratiquant a du se tourner en
entendant cet ordre, car il n’avait jamais mangé cette nourriture de
sa vie. Cette vision revient trois fois avec cette réponse claire :
« Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur. »
Pourtant Pierre ne comprend pas le sens de cette vision, car la
parole de Dieu n’est pas encore très claire. C’est la visite des
envoyés de Corneille qui lui font entrevoir une réponse. Là aussi le
Saint-Esprit le pousse à les accueillir et à partir avec eux.
Des consignes toutes simples pour chacun d’entre eux, encore
faut-il les suivre. J’entends les uns et les autres se dire: « Ah ! Si
seulement Dieu pouvait me parler ainsi, alors ce serait plus facile
de croire en lui. » Mais était-ce vraiment facile pour Pierre et pour
Corneille ? Pierre doit complètement réviser sa façon de croire. Il
doit mettre en pratique ce que Jésus avait déjà fait et ce que sa
vision semblait lui dire : ne t’arrête pas à la personne mais toute
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personne qui cherche a le droit d’entendre la bonne nouvelle de
Jésus Christ.
Mais revenons à notre texte. Poussé par l’Esprit, Pierre
accompagne les hommes qui sont venus le chercher et la chose
semble tellement importante que d’autres chrétiens de Joppé
l’accompagnent. Il est attendu, presque comme le Messie, puisque
Corneille se jette même à ses pieds. Mais Pierre n’accepte pas cet
honneur, bien au contraire, il veut juste savoir pourquoi ils l’ont fait
chercher. Corneille raconte la visite de l’ange, le message et ce
qu’il a entrepris pour faire venir Pierre. Corneille a réuni autour de
lui ses proches, ses amis, tous ceux qui cherchent peut-être
comme lui, et ils attendent. En arrivant Pierre comprend enfin le
message de Dieu. « Dieu ne fait pas de différence ».
La bonne nouvelle de Jésus Christ est pour tous les hommes, sur
toute la terre et rien ne doit nous arrêter. La foi de l’apôtre a pris un
tournant important dans sa propre vie, mais aussi dans la vie de
toute l’Eglise chrétienne. Par la suite, il devra défendre sa décision
auprès de la communauté chrétienne de Jérusalem où il racontera
pour la 3ème fois ce qui lui est arrivé. Si l’évangéliste Luc nous
raconte trois fois le même récit rapportée par différentes
personnes, c’est qu’elle avait de l’importance pour les chrétiens de
l’époque et que c’est encore important pour nous aujourd’hui. La
foi chrétienne n’a pas les garde-fous que nous trouvons dans
d’autres religions, mais notre question devrait toujours être : qu’estce que Dieu attend de moi? Cette question a amené des chrétiens
à rentrer dans les prisons ou dans des camps ; elle a donné
naissance aux hôpitaux, à la Croix Rouge ou au travail de JeanFrédéric Oberlin, d’une Mère Theresa, d’un Martin Luther King, et
toutes les personnes dont nous ne connaissons pas les noms mais
qui continuent jours après jour, à parler de Jésus Christ, à dire à
ceux qui veulent l’entendre ce qu’il a changé dans leur vie et ce
qu’il veut changer dans la leur. Nous sommes tous appelés à être
des témoins de Jésus Christ ! Remarquez, Corneille a besoin de
la prédication de Pierre pour pouvoir accueillir la Bonne Nouvelle
de Jésus-Christ. Nous aussi nous avons besoin de personnes qui
transformés par l’Evangile nous racontent ce qu’ils ont découvert,
eux-mêmes. L’histoire de Pierre nous montre que nous sommes
toujours en chemin et notre foi se développe, change au fur et à
mesure que nous cheminons avec Dieu.
Mais une autre bonne nouvelle nous est donnée à nous
aujourd’hui : Le sort de l’Eglise est entre les mains de Dieu.
Alors ne nous laissons pas décourager par ce que nous voyons
mais continuons fidèlement dans la prière à apporter devant Dieu
la vie de nos Eglises, mais soyons aussi prêts, le moment venu, à
aller vers cet autre qui est parfois tellement différent de nous, prêts
à parler de cette espérance qui est en nous, prêts à nous laisser
« convertir » par Dieu.
Propositions de cantiques
Arc 540 : Allez-vous en sur les places !
Allléuia 21/07 (Arc 228) : Qu'aujourd'hui toute la terre
Alléluia 37/09 : Avec le Christ dépasser les frontières
EG 72 ( RA 186) : O Jesu Christe wahres Licht
EG 293 (RA 184) Lobt Gott den Herrn, ihr Heiden all
Prière :
Seigneur Jésus Christ, tu es né d’une mère juive. Des savants
venus de Babylone t’ont adoré. Tu t’es réjoui de la foi d’une syrophénicienne et d’un capitaine romain. Tu as accueilli les grecs qui
venaient à toi. Un africain a porté ta croix. Seigneur nous te disons
merci de t’appartenir. Aide-nous à aller vers les humains de toutes
races, tous les peuples pour les inviter à venir dans ton royaume.
Amen (prière africaine)
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Betty SCHAEFFER, pasteur à Baerenthal
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