Les habitants et leur quotidien
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Les habitants et leur quotidien
Document de travail préparatoire à l’atelier SCHÉMA RÉGIONAL D’AMÉNAGEMENT, DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET D’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES Atelier « Les habitants et leur quotidien » Lundi 23 Janvier 2017 Arras, locaux du Conseil départemental du Pas-de-Calais Une Région au service de ses habitants. Avec plus de 6 millions d’habitants (6 006 156) au 1er janvier 2014, la région des Hauts-de-France est la troisième région métropolitaine. A l’exception du département de l’Aisne dont la population stagne, le nombre d’habitants est en augmentation constante dans la région. Cette hausse est notamment portée par les communes de petites tailles même si les 50 premières communes des Hauts-de-France concentrent 32,5 % de la population régionale. Situation sociale, emploi, santé, éducation, logement, artificialisation des espaces… les habitants des Hauts-de-France sont soumis à un certain nombre de désajustements qui fragilisent leurs conditions de vie. Leurs aspirations sont nombreuses et peuvent se traduire en besoins, notamment en matière de proximité : services de proximité, ressources alimentaires de proximité, emplois de proximité… Cette notion reste à préciser, tout comme le regard que portent les habitants sur leur qualité de vie au quotidien. Ainsi, en plaçant les attentes et la perception des populations au cœur de la réflexion, cette demi-journée doit permettre de préciser des pistes de réponses régionales du plus proche des habitants. Trois focus ont été repérés à partir de cette approche : ◊ Les services du quotidien ◊ Nouvelles proximité ◊ Qualité de vie dans les Hauts-de-France Les services du quotidien • La présence d’équipements et de services est une condition de la qualité de vie des habitants et de l’attractivité des territoires, en tant que composante de l’économie présentielle. Correspondant aux services publics et aux services au public, marchands ou non, cette « offre » se définit par un temps d’accès, une distance à parcourir pour en bénéficier. En fonction du territoire où ils vivent, tous les habitants des Hauts-de-France ne mettent pas le même temps pour atteindre chacun des équipements et des services courants ; par exemple, 1,4% de la population du Nord résident dans une commune éloignée de 7 minutes ou plus (seuil national qualifiant les populations les plus éloignées) du panier d’équipements « vie courante » contre 29,9% de la population de l’Aisne. • Le territoire régional comporte 95 EPCI à fiscalité propre au 01/01/2017 contre 137 au 01/01/2015. • 30 démarches de fusions d’EPCI sont en cours. • 65,8% des emplois régionaux sont des emplois présentiels liés aux besoins de la population • Comme l’ensemble de la France, la région est soumise à un processus de vieillissement : de 15% en 2012, les personnes de 65 ans ou plus représenteront 24% de la population régionale en 2032. • La santé fragilise aujourd’hui le développement humain de la région, qui occupe la dernière position de l’ensemble des régions métropolitaines en matière d’espérance de vie à la naissance avec 75,9 années pour les hommes et 82,9 années pour les femmes. Avec Un Indice Comparatif de Mortalité proche de 122, la région Hauts-de-France présente une mortalité corrigée des effets d’âge supérieure de 22% à celle observée en France métropolitaine. • Si, avec 21 pôles d’offre de soins, les Hauts-de-France constituent la troisième région métropolitaine la plus dense dans ce domaine, la situation infrarégionale apparait particulièrement contrastée. En moyenne, les habitants des Hauts-de-France accèdent à un ensemble de 22 services et équipements pour les besoins de la vie courante en 4,1 minutes. Seuls les habitants d’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur y accèdent plus rapidement. Toutefois, de fortes disparités territoriales existent, pouvant alimenter un sentiment d’isolement parmi les habitants et une crainte d’une plus forte concentration des services, équipements et emplois dans les agglomérations. Face à cela, des stratégies de maintien et d’amélioration de l’offre de services sont mises en œuvre, basées, entre autres, sur une plus grande mutualisation au sein de bassins de vie. Les aides à la revitalisation des centres-bourgs ou l’élaboration des Schémas Départementaux d’Amélioration de l’Accessibilité aux Services au Public vont dans ce sens. Comment conforter ces démarches ? En réponse à l’absence d’une offre locale, quel temps d’accès reste acceptable pour les populations ? D’autres facteurs sont-ils à prendre en compte afin de favoriser l’accessibilité aux services ? D’autre part, l’organisation des services ne permet pas toujours d’offrir la possibilité à un usager d’y recourir dans un délai compatible avec ses besoins. A contrario, la demande de proximité demeure forte pour les personnes en perte d’autonomie (personnes âgées ou en situation de précarité en particulier), pour lesquelles les problèmes de déplacement sont fréquents et qui peuvent également cumuler d’autres difficultés (barrière générationnelle, culturelle ou financière, isolement social, décrochage et perte des droits ou renoncement à les faire valoir…). Ces personnes, considérées comme très sédentaires, sont confrontées à des besoins fondamentaux en matière de santé, d’emploi, de logement. Ainsi, quels services peuvent être considérés comme indispensables et pour ces derniers, faut-il privilégier la densité ou le temps d’accès ? Quels freins lever pour la Région ? www.legranddessein.fr Nouvelles proximités La volonté de « rapprocher » les équipements, les acteurs, les territoires a généré de nombreuses externalités positives. Toutefois, cette réponse convient-elle toujours pour combler l’ensemble des besoins ? Les déplacements du quotidien pour le travail, l’éducation et les loisirs dessinent un « territoire vécu » variable en fonction du mode de vie et d’une certaine acceptabilité de la distance. Ainsi, les navettes domicile-travail constituent un lien structurant, car quotidien, entre les différents espaces : elles dessinent des systèmes de proximité et relient des territoires. Il n’est pas rare par exemple que des actifs fréquentent les services situés à proximité de leur travail plutôt que de leur domicile. De même, la recherche de disponibilité ou de qualité du service rendu (ponctualité, compétences du personnel, délai de réponse…) peut pousser certaines personnes à fréquenter un équipement lointain malgré la présence d’un service identique plus proche. La présence d’un équipement garantit-elle son utilisation ? L’éloignement de l’emploi modifie-t-il la manière de consommer ? Quelles réponses innovantes apporter en prenant en compte les nouvelles contraintes de la vie quotidienne et les nouveaux usages ? • La part des actifs travaillant hors de leur commune de résidence est particulièrement importante dans la région Hauts-de-France, avec un taux de 71,9% contre 65,5% au niveau national. • Le versant picard de la région concentre la plus grande mobilité domicile-travail de France : 40% des ménages des 3 départements du sud des Hauts-de-France comprennent un « grand mobile » (une personne, de plus de 11 ans, ayant parcouru plus de 10 kilomètres la veille de l’enquête). • 86% des communes et 43% de la population des Hauts-de-France concernées par une maîtrise d’ouvrage publique pour le déploiement du Très Haut Débit • 18 communes en « zone blanche » à l’échelle de la région • Au jeu des migrations résidentielles internes, on observe une perte de population des pôles urbains au profit des couronnes périurbaines et des espaces ruraux • 23 994 équipements sportifs (hors sports de nature) en Hauts-de-France D’autre part, les possibilités d’usage du numérique, qui connaissent un développement exponentiel, bouleversent le rapport au temps, à l’espace, à la connaissance, aux autres. Plus les facilités d’accès sont améliorées, moins la notion de proximité stricto sensu a de sens. La localisation géographique des services perd en importance car leur distribution passe désormais par de nombreuses autres possibilités dématérialisées qui seront accessibles à tous d’ici quelques années grâce au déploiement d’infrastructures numériques performantes sur l’ensemble de la Région. Ces nouveaux modes nécessitent toutefois un accompagnement à l’appropriation de l’outil pour ceux qui en sont le plus éloignés. De plus, les « canaux de distribution » des services ont tendance à se rapprocher du domicile mais avec un coût pour l’usager (acquisition du matériel nécessaire pour les utiliser). Quels potentiels développer ? Comment s’appuyer sur des démarches territoriales pour favoriser les usages du numérique ? Comment créer de nouveaux rapports entre les habitants et les services qui leur sont proposés ? www.legranddessein.fr Qualité de vie dans les Hauts-de-France • Une région densément peuplée : 190 habitants / km2 • 76,4% de l’espace régional constitué de terres agricoles • 3 habitants sur 5 résident dans un territoire de vie « à dominante agricole ou naturelle » • Les territoires de vie à dominante ou naturelle éloignés des pôles d’emploi représente un espace qui occupe 23% de la surface régionale et où vivent 700 000 habitants. • Sur la décennie 2000/2010, les espaces artificialisés à vocation d’habitat ou d’activité économique ont progressé de 7,8%, soit plus de 20000 hectares • Une grande diversité de paysages et de milieux naturels liés à la diversité topographique, géologique et climatique de la région • 16,6% du territoire régional classé comme zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 lorsque la moyenne nationale est de 9,9% • Avec 18,1% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, soit un million d’habitants, la région Hauts-deFrance est la deuxième plus pauvre de France après la Corse. • Les familles monoparentales, familles nombreuses et ménages jeunes sont les plus touchés. • 58,1% des ménages propriétaires dans l’ensemble des résidences principales. • 6,4% de la population vivant dans un logement en situation de suroccupation • Un phénomène de précarité énergétique des logements important, lié à l’ancienneté du parc et à une surreprésentation des ménages à bas À l’échelle des territoires, les notions de bien-être et de qualité de vie des populations comportent de multiples dimensions, pouvant être objectives ou subjectives. La perception de la qualité de vie dépend en effet de nombreux facteurs pouvant varier d’un individu à l’autre, ainsi que de normes sociales évolutives. Cependant, certains aspects individuels, collectifs ou liés aux territoires de résidence permettent d’objectiver cette notion. Ainsi, elle peut par exemple être approchée par une combinaison d’éléments associant caractéristiques socio-économiques et cadre de vie. Concernant ce dernier, plusieurs facteurs peuvent concourir à définir les agréments offerts par le territoire à ses habitants : le degré d’urbanisation, la qualité du logement tant du point de vue architectural que de son confort, les aménagements urbains et commerciaux, l’offre de nature (milieux naturels préservés), la proximité des commerces et services, les loisirs disponibles… Les conditions sociales des personnes regroupent des facteurs déterminants également aux yeux des populations : les liens sociaux et familiaux, la santé, l’emploi, les revenus. Se pose alors la question de l’adéquation entre attentes des habitants et aménités du territoire : quels leviers privilégier pour l’action publique ? Comment mesurer le regard que portent les populations sur les territoires ? Une même nature (une zone humide par exemple), un même quartier (ancien) peuvent être respectivement vécus comme trésor inestimable pour les uns et comme insalubres et non productifs ou dégradants pour les autres. Le sentiment de plaisir procuré par un élément patrimonial varie selon la valeur que lui attribuent les époques, les usagers et les cultures. D’autre part, il n’est pas rare qu’une déconnexion soit observée entre la perception qu’ont les individus de leur vie et les marqueurs dits « objectifs » de la qualité de vie. Comment prendre en compte le sentiment des habitants concernant leur cadre et leur qualité de vie ? Quelles réponses les territoires peuvent-ils apporter ? www.legranddessein.fr