Compte rendu de la conference "Aimer jusqu`au bout de la vie

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85, rue Vendôme 69006 Lyon
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CONFERENCE DEBAT du 15 Octobre 2010
"AIMER JUSQU’AU BOUT DE LA VIE"
Présentation par Marie-Louise AUGIER : Responsable de la
Commission Retraités Personnes Agées
Il est toujours difficile de faire coexister les notions de plaisir, les histoires
d’amour et la vieillesse.
Si nous sommes un groupe de femmes seules, d’amies fidèles, il nous arrive
d’évoquer, sur le mode de la plaisanterie, une rencontre, une histoire d’amour,
ou un éventuel conjoint de remplacement.
Seulement voilà ! être vieux et désirant paraît inconcevable. L’entourage le
dira : à votre âge, vous n’y pensez pas !
Si justement, parce que, dans notre tête et notre cœur, les émotions, les
sentiments restent vivants, quel que soit l’âge.
Mais surtout parce qu’aller à la rencontre toujours possible de l’autre, c’est
peut-être aussi la clef d’un vieillissement réussi.
Pour nous aider à approfondir notre réflexion, nous avons demandé le
concours :
- du Docteur Gérard RIBES, psychiatre, sexologue, enseignant- chercheur à
l’Université Claude Bernard Lyon 1 et à l’Université Louis Lumière Lyon 2.
- de Madame Paule INIZAN-PERDRIX, sexologue, sexothérapeute, conseillère
conjugale, qui nous apportera un éclairage clinique.
Ils ont la parole.
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Conférence et discussion
(Par suite d’une difficulté dans l’enregistrement, un compte-rendu complet est
impossible. Nous en sommes désolés et nous en excusons. Ci-dessous,
simplement quelques notes prises par deux participants, donc très partielles et
subjectives.)
Mme INIZAN-PERDRIX - Intérêt pour la question ? parce que j’ai eu un grandpère amoureux à 80 ans et que cela m’a interrogée.
Comment parle-t-on d’amour ?
Cela fait partie de toutes les étapes de la vie - alors, comment va-t-on
apprendre à aimer génitalement ? la formation commence dès l’Ecole
Maternelle - cela relève de l’apprentissage. Il y a des moments de la vie où on a
moins de communications amoureuses… mais cela fait partie de la santé.
L’OMS, en 2003 dit « le droit à la santé sexuelle » (texte : la santé sexuelle est
un état de bien-être physique, émotionnel, mental, social, associé à la
sexualité. Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie… la santé
sexuelle a besoin d’une approche respectueuse de la sexualité, …………………
de la possibilité d’avoir des expériences qui apportent, en plus du plaisir,
sécurité et, sans contraintes, discrimination ou violence, afin d’atteindre, avec
la santé sexuelle, le droit sexuel de toutes les personnes qui doivent être
respectées, protégées et assurées. » (c’est-à-dire rassurées).
C’est théorique, mais cela s’apprend. C’est le rôle des sexologues quand on va
les consulter pour parler de ses problèmes. Consulter sur ses problèmes, le
faire tôt, c’est ce qu’il y a de mieux.
A retenir : parler de la sexualité, c’est :
1) apprendre à jouer : c’est le jeu de l’amour, de la séduction, …Ainsi le bébé,
qui a appris à manger, va tenter de séduire sa mère…c’est apprendre à rentrer
en contact avec l’autre, quel qu’il soit, et savoir de quoi on parle..
2) On ne peut pas être en relation si on n’est pas d’abord chez soi, pour être
chez l’autre.
Identifier les besoins. C’est à partir de la force du besoin qu’on va aller vers
l’autre, qu’on apprend à le faire, qu’on va combler ses besoins AVEC l’autre.
3) C’est courageux de faire le point pour savoir où on en est.
4) Bien des difficultés dans les couples viennent de malentendus : s'il y a une
question que l’on se pose, ou un problème, ne pas hésiter à en parler d’abord
avec l’autre.
Ainsi, les hommes, peu à peu, ont tendance à diminuer les attentions, les
marques d’affection, les paroles aimables, les gestes d’intérêt portés à l’autre,
l’attention aux efforts de séduction de leur épouse, de leur compagne…
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Quant aux femmes, elles pensent souvent que la virilité de l’homme se confond
avec sa capacité d’érection et que sa diminution est le signe d’un désintérêt,
de l’absence de besoin sexuel du conjoint.
La stimulation désirée par l’homme vieillissant n’est pas comprise par la
femme, qui pense que le désir masculin est toujours démontré à l’identique de
l’époque où le couple était jeune…D’où l’absence de dialogue, d’échanges sur
ces phénomènes naturels, dus à la crainte du jugement de l’autre (respect
humain). D’où l’intérêt de parler avec un tiers, parfois de consulter.
Docteur RIBES - Un exemple : (à noter que, quand le Docteur donne des
exemples vécus, c’est toujours après avoir demandé leur accord aux
intéressés. De plus, le Docteur mélange un peu les faits de plusieurs
situations, comme les lieux… pour brouiller les pistes et ne pas porter atteinte
au secret médical, ni rendre possible des identifications.…)
Un couple vient consulter. L’homme, très grand, très bel homme dit : « c’est
pour un détournement de mineure » !!!
La femme qui l’accompagne est plus jeune, beaucoup plus petite.. c’est
vraiment sa moitié !
Le récit de l’homme : j’ai 85 ans, je suis veuf et je me suis décidé à aller habiter
dans un foyer-logement - pour rassurer mes enfants et ne pas être trop seul.
Effectivement, je rencontre une femme de mon âge très agréable. Je passe des
après-midi chez elle, nous jouons au scrabble,… Mais, au bout d’un certain
temps, je tombe amoureux, non pas de cette dame, mais de sa fille de 62 ans !
Troubles… J’en parle à ma famille : les petits-enfants sont très contents, mais
pas les parents - conflit de générations…mais ont-ils le droit de censurer ?
En fait, je suis mort de trouille. Ne vais-je pas rater une nouvelle vie ? …
L’histoire a duré 3 ans : les plus belles années de ma vie m'a confié sa
compagne.
On voit qu’une belle histoire d’amour peut naître dans un couple qui présente
des différences d’âge importantes. L’amour n’est pas uniquement un rapport
sexuel entre deux personnes.
Pour Jean-Louis Trintignant, qui devient aveugle - la vieillesse ? on ne m’avait
pas prévenu : c’est la rencontre de plus en plus précise de son corps. Ce corps
qui est de plus en plus présent…mais je suis vivant !
Comment se réapproprier son corps ? Comment le garder dans la relation à
l’autre ? Il est 3 exemples de rencontre avec son corps : le sport et l’activité
physique - la sexualité - la maladie.
Il y a des marqueurs du vieillissement. Les accepter ! Apprécier combien le
regard social porte. Si le désir, chez la Personne Agée, n’est pas supprimé, la
libido se vérifie « jusqu’au bout de la vie ».
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Le regard et le jugement des autres limitent l’expression de cette pulsion
normale. Regard social de condescendance, de tolérance …? L’opposition, la
réprobation des enfants, le regard hostile de l’entourage peuvent être des
facteurs fréquents de la frustration subie par les Personnes .Agées. dans le
domaine affectif. La peur de relations sexuelles non admises par la société
convainc la Personnes Agées. d’une « anomalie » de son comportement.
On remarque aussi, par exemple, que le personnel s’occupant de Personnes
Agées.en établissement, peut avoir des principes (regards de comportements)
qui vont entraîner des problèmes : on ne touche pas les vieux ! … Il y a une
formation à faire : apprendre les touchers qui ont un sens pour la personne.
Constatations démographiques : depuis 10 ans, le taux de veuvage des
femmes diminue - puisque l’écart dans l’âge d’espérance de vie entre hommes
et femmes diminue - Et on constate une durée de vie en couple plus longue
qu’auparavant ; mais, aussi, que les divorces chez les plus de 60 ans
augmentent.
Pour autant : il n’y a pas obligation de sexualité pour tous. C’est une question
d’équilibre personnel ; c’est vrai aussi pour des couples qui trouvent leur
équilibre. Il ne faut pas tout réduire à la génitalité.
Mme INIZAN- PERDRIX- Il faut connaître les besoins de chacun, identifier ce
que l’on veut ce que l’on ne veut pas.
Provoquer des excitations, ce peut être technique. Et comment exister dans le
regard de l’autre ?
Une femme se plaint : il ne me parle pas - ou, un homme se plaint : c’est
toujours moi qui demande …
L’homme peut renforcer la féminité de sa femme - mais il peut aussi rechercher
une partenaire plus stimulante… plus jeune … « plus bête » ?
- Les demandes de chacun des partenaires peuvent être inadéquates : il ne
m’aime pas, il ne bande pas !... Il faut apprendre à gérer les frustrations, les
décalages dans le couple : on ne se regarde plus ; on se perd de vue…
- La sexualité des Personnes .Agées. est un fait normal : la vieillesse n’est pas
une période sans sexualité.
- Quelques questions et réponses . Comment exister encore dans le regard de l’autre ? comment encore
séduire ? Actualiser ou non son corps ? il y a des normes - et certains couples
ne s’actualisent pas.R - Parmi les couples qui consultent, beaucoup vont bien ! Vouloir la
séduction ? mais sous quelle forme ? Il faut reformater le regard sur l’autre.
Q - Mais pourquoi cela irait-il toujours très bien ?
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Q - (une auxiliaire de vie) : nous aurions besoin qu’on nous apprenne le
toucher- massage.
R - Nous expérimentons la formation aux massages relationnels. Dans une
maison de retraite, nous avons constaté qu’après 6 mois de pratique de tels
massages sur les résidents, la prise de médicaments a baissé de 50%.
R - Au plan sexuel, le désir sans aimer ? les deux ne sont pas toujours liés.
Le côté normal, c’est que tout le monde passe par des difficultés qu’il convient
de régler.
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Au nom de la Commission Retraités-Personnes Agées, Georges
Tersoglio remercie Marie Louise Augier.
Chère Madame Augier,
J'interviens à la demande de notre Présidente Philomène Moscariello pour dire
notre reconnaissance à notre amie Marie-Louise Augier.
Tous ceux qui ont pu apprécier ses qualités d'organisatrice des rencontres
périodiques de la Commission des Personnes Agées devraient partager mes
sentiments.
Marie-Louise doit être remerciée pour sa bonne humeur et ses sourires, même
lorsque les sujets traités sont sérieux. Marie-Louise doit être remerciée pour le
travail préparatoire et les documents fournis à l'appui de nos réflexions.
La conduite des réunions de travail des représentants d'associations diverses
de Personnes Agées nécessite une maîtrise des sujets que Madame Augier a
su assurer.
Les nombreuses conférences programmées durant toutes ces années passées
comme celle de ce jour, sont à mettre à son active préparation.
La recherche des intervenants compétents et passionnants qui sont venus
nous éclairer et nous aider, cette recherche est en grande partie l'œuvre de
Marie-Louise Augier.
Afin de lui témoigner notre fidèle amitié et la reconnaissance de la
responsabilité qu'elle a accepté de prendre à la suite de notre chère Geneviève
Sadoulet.
Je vous propose de l'applaudir pendant que nous lui offrons le bouquet de
fleurs de notre affection.