pièce jointe - Football Club de Mulhouse

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pièce jointe - Football Club de Mulhouse
FOOTBALL
Genghini, au nom du père…
et du fils
Petit clin d’œil du destin, le 5e tour de la Coupe de France convie ce soir (19 h) à
Guebwiller le club local de l’AGIIR, présidé depuis le début de la saison par l’ancien
international Bernard Genghini, et le FC Mulhouse de son fils Benjamin. L’occasion
était belle de réunir les deux hommes autour d’une table et de les faire parler d’eux.
Bernard Genghini, président du club florivalien de l’AGIIR, se fait une joie de recevoir ce soir le FC
Mulhouse de son fils Benjamin, dont il suit la carrière avec un grand intérêt et beaucoup de fierté.
Archive L’Alsace/Jean-François Frey
Mulhouse, jeudi midi.
Premier douché à la sortie de l’entraînement du FCM, Benjamin Genghini, 29 ans,
se pointe pile-poil à l’heure du rendez-vous. Son père Bernard, lui, est déjà là,
impeccable avec son petit chèche noué autour du cou.
Une bise complice et quelques plaisanteries plus tard, les deux hommes se mettent
à table, visiblement contents d’échanger sur leur passion commune : le football.
Bernard Genghini, pour commencer, qu’est ce que votre fils a pris de vous en tant
que footballeur ?
Pas le jeu de tête, ni le pied gauche, malheureusement.
J’aurais préféré qu’il soit gaucher car les gauchers sont un peu plus élégants que les
droitiers, question football (rires).
Mais ça, ça ne fait pas partie des choses que je lui ai données.
En fait, nous avons des qualités et des jeux sensiblement différents. J’étais plus un
joueur axial, attiré vers le but. Benjamin est plus un homme de couloir. Il est plus
explosif que je ne l’étais, plus dribbleur et plus rapide certainement, même si ses
blessures ont atténué cette qualité-là.
Nos morphotypes étaient trop différents pour que nous nous ressemblions vraiment
dans le jeu. On se ressemble dans l’esprit compétiteur !
Il paraît que vos rencontres de ping-pong sont enflammées…
Bernard : Elles le sont. Mais il progresse bien, le petit (il éclate de rire).
Benjamin : On aime ça, on ne lâche rien, on n’aime pas perdre. On a à peu près le
même niveau et nos rencontres se jouent sur des détails. Et puis, on a un super
ramasseur de balles en la personne de Marco (Ndlr : Rosenfelder, alors de passage
dans le club-house).
Benjamin Genghini : « Je connais la carrière de mon père mieux que personne. J’ai
vu toutes les cassettes qui traînaient à la maison. » Archive L’Alsace/Thierry Gachon
Benjamin, vous n’avez pas connu votre papa lorsqu’il était joueur. Avez-vous, a
posteriori, révisé vos classiques ?
Bien sûr, je sais tout sur sa carrière !
J’ai regardé des tonnes de cassettes sur lui, j’ai quasiment vu tous ses buts grâce à
des montages vidéo que certaines personnes lui ont donnés.
Petit, je les regardais souvent avec les copains. Ça me faisait rêver.
J’étais évidemment super fier d’avoir un papa qui avait été champion d’Europe et qui
avait disputé deux Coupes du monde.
J’étais curieux de tout ce qu’il avait pu accomplir.
« Mon père prend la balle, s’infiltre, se laisse tomber, obtient un
coup franc, le tire et marque… »
Parmi toutes ces heures de vidéo, y a-t-il un moment que vous préférez ?
Ah oui, il y a ce quart de finale de Coupe de l’UEFA entre le FC Sochaux et les
Grasshopers Zurich. Il y avait eu 0-0 à l’aller et on jouait la 85e minute du match
retour. C’était super tendu, la pression était à son paroxysme.
Et là, mon père prend la balle, s’infiltre, se laisse tomber, obtient un coup franc, le
tire et marque (rires). La classe, quoi.
Bernard : Ah bon, la classe ? Tu parles de ma simulation sur le coup franc ? (rires)
Benjamin : Non, plutôt de la lucarne que tu as chopée !
Pour vous, Bernard, quel a été jusque-là le plus beau moment dans la carrière de
votre fils ?
Sans hésiter, son premier but en Ligue 1 dès sa première apparition avec l’équipe
première du FC Sochaux.
Il n’avait que 19 ans, il venait d’entrer en jeu et son but de la tête offrait la victoire.
Dans la tribune, j’étais fin fou.
’était encore un bonheur différent de celui qu’on peut vivre sur un terrain.
Là, il y avait beaucoup de fierté. C’était un grand moment.
Pour quelle raison n’y a-t-il pas vraiment eu de suite à cet épisode en Ligue 1 ?
Bernard : Ça… (il souffle) C’est un des regrets que l’on peut avoir encore
aujourd’hui. La semaine suivante, l’équipe jouait à Strasbourg et il n’est pas entré en
jeu. La semaine suivante, c’était à Metz et là encore, il n’est même pas entré.
Je n’ai pas trop compris pour quelle raison on ne lui a plus accordé cette confiance
que l’on accorde souvent à un jeune qui réussit ses débuts et qui est en pleine
confiance. À l’époque, le coach était Dominique Bijotat. Il a fait ses choix…
Vous étiez alors directeur sportif du FCSM. N’avez-vous pas souhaité en parler
directement avec le coach ?
Benjamin m’en a un peu voulu de ne pas l’avoir fait. Sur le coup, j’ai préféré rester
dans mon coin et laisser faire le coach. Avec le recul, c’est vrai, je le regrette.
Benjamin, est-ce que votre nom de famille a été parfois difficile à porter ?
Non, chez les jeunes, je me faisais un peu chambrer. Plus tard, en CFA, il y avait un
peu de jalousie chez certains qui ne jouaient pas, mais c’est à peu près tout. Au fil
du temps, je me suis fait ma propre place.
« Bon, lui est plus Ronaldo que Messi. Moi, c’est l’inverse »
D’une manière générale, partagez-vous la même vision du football ?
Bernard : Oui, dans l’analyse, on est souvent assez proches. Bon, lui est plus
Ronaldo que Messi. Moi, c’est l’inverse, mais c’est à peu près tout. De toute façon, il
ne connaît pas Johan Cruijff (rires).
Benjamin : On a souvent les mêmes avis sur les équipes et les joueurs, c’est vrai.
On aime bien débriefer un peu les matches, les miens en particulier. Ça ne dure
jamais trop longtemps, mais il est cash. Si je n’ai pas été bon, il me le dit.
Vous retrouver ce samedi en Coupe de France en tant qu’adversaires, c’est un joli clin
d’œil du destin, non ?
Bernard : Oui, c’est le tirage que j’espérais secrètement. Je craignais surtout d’aller
affronter une équipe d’Excellence ou de DH dans le Bas-Rhin en fait. Je voulais une
fête à Guebwiller. Face au FC Mulhouse, où j’ai joué et où évolue aujourd’hui mon
fils, c’est parfait !
Benjamin : Moi, ça me fait plaisir d’aller voir un peu le club que dirige mon père. Je
ne m’intéressais pas trop aux résultats de cette division (Ndlr : la Promotion
d’excellence) auparavant, mais maintenant, je suis ça de près. C’est un beau projet
qu’ils sont en train de mener. Après, on n’ira pas là-bas pour faire de cadeau. Il y a
une qualif à chercher.
Un pronostic peut-être pour ce match ?
Bernard : Bon, vous avez mis 4-1 au Real Mulhouse qui nous a mis 3-0 en
championnat. La logique voudrait que vous gagniez 7-1 (rires) ! Non, plus
sérieusement, on espère les gêner le plus longtemps possible. On jouera notre toute
petite carte à fond. Qui sait…
Benjamin : Je ne pronostique pas de score, mais la qualification pour nous. On doit
se rassurer et faire un beau parcours dans cette Coupe de France.
du samedi 10 octobre 2015 par Pierre CHATELUS.

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