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Transcription

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Lundi 08 octobre – 19 h 30
Vernissage
Projection
de Peter Fischli & David Weiss
Der Rechte Weg
Hommage à David Weiss
Du 08/10/2012 au 12/10/2012
20 h 00 – 24 h 00
Le Droit Chemin
1983, 55 minutes, V.O. allemand, sous-titrage français,
Un hommage à David Weiss
Der Rechte Weg (Le Droit Chemin) est le deuxième film tourné par Fischli & Weiss. Les rôles principaux,
un rat et un ours, sont tenus, comme dans leur film précédent (Der Geringste Widerstand, 1981), par
les artistes eux-mêmes. Ces deux animaux qui parlent et sont de même taille dans le film nous
introduisent immédiatement dans un monde où nos repères sont bannis. Ainsi, Fischli & Weiss
peuvent s’attaquer sans complexes à nos tabous, à nos valeurs et à nos règles de bienséance. Ils
s’attellent à nous décrire avec humour et à travers un voyage initiatique les difficultés et les joies
engendrées au quotidien par nos rapports avec les autres.
Au début, l’ours vient perturber la vie tranquille du rat au sein de son terrier. Celui-ci vit paisiblement,
ne pensant qu’à se nourrir et à se reposer. L’ours l’a simplement suivi, car il trouvait qu’il chantait bien;
c’est ainsi que naît cette relation. Le rat explique son lien fort avec la Nature, qui occupe d’ailleurs une
place privilégiée dans le film : il ramène de ses promenades des racines qu’il dépose autour de son
antre, afin de le protéger. Il déclare être lui-même issu d’une racine et souhaite montrer à l’ours
comment y pénétrer. Ce sera le point de départ de leur voyage, ou plus exactement de leur errance,
puisque leur périple est constitué d’une suite d’épisodes qui s’enchaînent sans véritable but. Les personnages se déplacent dans ce paysage
de montagne sauvage et idéal, sans jamais se fixer d’itinéraire, mais en suivant leur instinct.
L’objectif émis au départ « d’entrer dans une racine », c’est-à-dire en quelque sorte de réintégrer le statut de fœtus, se trouve tout à coup
réalisé sans qu’ils ne s’en rendent tout à fait compte. Ils vivent un instant de bien-être baignés par une eau chaude au sein d’une grotte, lieu
secret et inaccessible, véritable matrice, dans laquelle ils pénètrent presque contre leur gré. Entraînés par un courant, ils seront expulsés de
ce cocon et lâchés au milieu d’un grand lac à l’eau glacée. S’ensuivent des sentiments d’angoisse et de souffrance exprimés sans ambages :
« je dois partir d’ici, je ne veux pas mourir, je veux rentrer à la maison ».
Ils traversent ensuite toutes sortes d’épreuves marquées par les émotions les plus diverses : la solidarité et la toute-puissance (« nous
pouvons tout, nous avons tous les droits, nous sommes les êtres suprêmes »), mais aussi la trahison, lorsque l’ours fait croire au rat qu’il est
malade et faible pour ne pas devoir aller chercher la nourriture quotidienne, ou encore la vengeance. Ils sont parfois sujets à des sentiments
contradictoires: le rat souhaiterait être assez dur pour abandonner l’ours qui est affaibli et représente un poids pour lui, mais il n’y parvient
pas. Ensemble, ils commettent le crime (ils tuent le cochon qui était devenu leur compagnon de route) et affrontent le châtiment (leur repas
est finalement indigeste); ils ressentent de la compassion pour une tortue qu’ils remettent sur ses pattes, mais ne sont jamais remerciés
pour leur sollicitude et se questionnent donc sur le bien-fondé d’une telle bonne action. C’est d’ailleurs le désir d’aider à nouveau leur
prochain, des chiens errants, qui les conduira à leur perte : ils les suivront jusqu’à leur déchéance.
Véritable métaphore du chemin de la vie, Der Rechte Weg mêle les certitudes qui nous sont indispensables afin de surmonter les doutes qui
nous assaillent constamment. L’aventure des personnages s’achève devant une mer de brouillard, symbolisant l’inconnu de la mort, où ils
donnent un concert final.
Ainsi, ce rat et cet ours en peluche voyagent dans un paysage déserté qui renvoie à une sorte de « temps préhistorique ». En effet, aucune
présence humaine n’est détectable et les deux personnages doivent ainsi survivre face à une nature hostile. Chemin faisant, ils discourent
sur différents grands thèmes philosophiques, analysent leur relation de dépendance et rencontrent un petit cochon qu’ils adoptent. La
disparition cruelle de celui-ci sera un épisode dramatique de leur périple. Ce conte philosophique et politique intègre avec une incroyable
distance toutes les contradictions de notre société, ceci avec un ton satirique et humoristique qui est devenu la marque et le style du travail
de Peter Fischli et David Weiss.
La contradiction évidente entre le titre du film qui ne laisse place à aucune incertitude et son contenu, une errance qui était aussi
symptomatique du film Der Geringste Widerstand, est une nouvelle démonstration de la recherche constante de Fischli & Weiss à
ordonner le monde, mais aussi de leur échec dans cette quête absolue.
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