Les dispositifs de collision/réaction en ICP-MS
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Les dispositifs de collision/réaction en ICP-MS
TECHNIQUE INSTRUMENTALE Hugues PAUCOT1 Les dispositifs de collision/réaction en ICP-MS: Revue descriptive et modes de fonctionnement RÉSUMÉ Déscription p Suite à l’introduction commerciale des ICP-MS en 1983 et aux limites de ces systèmes d’analyse en termes d’interférences spectrales, les différents constructeurs ont complété l’appareillage par l’ajout d’un dispositif de collision/réaction. Apparu en 1997, son fonctionnement est basé sur l’ajout post-plasma d’un gaz de collision ou de réaction destiné à permettre une élimination des interférences isobariques ou polyatomiques par les collisions ou les réactions engendrées au sein du faisceau ionique. Selon le cas, il peut également être utilisé pour modifier la masse des analytes et permettre alors leur mesure à des masses non interférées. Bien que ce genre de dispositif souffre de quelques limitations, l’utilisation de différents gaz permet actuellement la résolution de la majorité des interférences spectrales rencontrées en ICP-MS. Cet article a pour objet de faire une brève description des différents systèmes existant sur le marché et d’en décrire les divers modes de fonctionnement. MOTS-CLÉS ICP-MS, Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry, CRC, Cellule de Collision Réaction, Interface de Collision Réaction, interférence spectrale, réaction ion molécule The Collision/Reaction Devices in ICP-MS: Descriptive Review and Operating Modes SUMMARY Further to the commercial introduction of ICP-MS in 1983 and the limits of these analytical instruments in terms of spectral interferences, manufacturers have completed the apparatus by adding a collision/reaction device. Introduced in 1997, its operating mode is based on a post-plasma addition of a collision or reaction gas, destined to eliminate isobaric or polyatomic interferences by collisions or reactions occurring in the ion beam, or to modify the analyte masses, allowing their analyses on masses free of interferences. Although this device suffers of some limitations, the use of various gases allows now to solve the majority of spectral interferences encountered in ICPMS. The aim of this publication is to give a brief description of the various existing systems, and to describe the different operating modes. KEYWORDS ICP-MS, Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry, CRC, Collision Reaction cell, Collision Reaction Interface, spectral interference, ion molecule reaction 1 Hugues Paucot – UT2A - Hélioparc Pau Pyrénées – 2, avenue du Président Angot – 64053 Pau cedex 9 – Tél. : 05 59 80 68 82 – Fax : 05 59 80 63 67 E-Mail : [email protected] SPECTRA ANALYSE n° 252 • Novembre 2006 23 TECHNIQUE INSTRUMENTALE Constructeur • Agilent Technologies • PerkinElmer Sciex • Thermo Electron Corp. • Varian, Inc. Instrument • 7500ce, 7500cs • Elan DRC–e, Elan DRC II • X7 CCT • 820-MS Caractéristique • Cellule avec octopôle • Cellule avec quadripôle • Cellule avec hexapôle • Interface Tableau 1 Constructeurs d’ICP-MS quadripolaires équipés d’un dispositif de collision/réaction REMERCIEMENTS J’adresse mes plus vifs remerciements aux sociétés Agilent Technologies, PerkinElmer Instruments, Thermo Electron et Varian, Inc. pour le prêt ou l’accès aux ICP-MS, et le partage d’informations. J’exprime également ma gratitude à de nombreux membres du LCABIE et de UT2A pour les discussions techniques que j’ai pu avoir avec eux sur ce sujet. I - Introduction Malgré la technologie innovante des ICP-MS et les bénéfices apportés par ce type d’appareillage en terme de limites de détection, il n’en demeure pas moins que ceux-ci restent handicapés par un certain nombre d’interférences spectrales. A la fin des années 1980, il avait été suggéré que les dispositifs de collision-réaction pouvaient constituer un moyen efficace, flexible et relativement bon marché de les résoudre tant en GD-MS qu’en ICP-MS (1, 2). Toutefois, ces publications sont tout d’abord restées sans suite en raison des restrictions émises par les auteurs eux-mêmes, notamment en ce qui concerne les pertes de sensibilité pour les analytes, l’apparition de réactions parasites, ainsi que le surcoût que cela induisait pour l’appareillage. Il faudra donc attendre 1997, pour voir publier le premier article décrivant un ICP-MS muni d’une cellule pressurisée incluant un hexapôle (3), et qui sera introduit commercialement la même année sous le nom de Micromass Platform® ; une introduction qui sera d’ailleurs récompensée par le « Gold Award » à la Pittcon 1997. Cet appareil sera suivi peu après par le PerkinElmer Sciex ELAN® 6100 DRC®, lui aussi récompensé par le « Gold Figure 1 Schéma d’une cellule de collision/réaction (CRC). 24 SPECTRA ANALYSE n° 252 • Novembre 2006 Award » en 1999, le Thermo Electron PQ ExCell® et le Agilent Technologies 7500c. Les années qui suivirent virent apparaître une deuxième puis une troisième génération de cellules. Plus récemment, en 2005, l’introduction de la première interface de collision-réaction par la société Varian sur son modèle 820-MS, a dévoilé une autre possibilité de destruction des interférences spectrales, par l’introduction du gaz directement au niveau des cônes. Quatre constructeurs se partagent le marché des ICP-MS quadripolaires, et tous sont maintenant en mesure de proposer un dispositif de collision/ réaction (voir tableau I). II - Description générale Dans tous les cas de figure, le principe fondamental consiste à injecter au niveau du faisceau ionique de l’ICP-MS, un gaz spécifique qui devra interagir avec l’interférent ou l’analyte. Cette injection peut être réalisée soit dans une cellule spécifiquement installée au niveau de l’optique ionique, soit au niveau de l’interface de l’ICP-MS. Nous présenterons ces deux systèmes dans l’ordre chronologique de leur apparition sur le marché. 1. Les cellules de collision/réaction (CRC) – voir Figure 1 Ce type de dispositif est constitué d’un multipôle enfermé dans une cellule, et pressurisé au moyen d’un gaz ou d’un mélange de gaz qui, selon le cas, sera inerte ou potentiellement réactif. Le dispositif est installé au niveau de l’optique ionique de l’appareil. Selon le constructeur, le multipôle peut Technique instrumentale Les dispositifs de collision/réaction en ICP-MS: Revue descriptive et modes de fonctionnement être un quadripôle, un hexapôle ou un octopôle. Des tensions alternatives sont appliquées à chacun de ces pôles afin d’assurer, au minimum, un guidage des ions vers la sortie de la cellule. 2. L’Interface de collisions/réactions (CRI) – voir Figure 2 Dans ce cas, l’injection du gaz s’effectuera directement au niveau des cônes de l’interface via des petits canaux percés dans l’épaisseur des cônes. Aucune cellule ni multipôle autre que celui du spectromètre de masse, ne sont donc présents sur ce type d’appareillage. Figure 2 Schéma d’une interface de collision/réaction (CRI). Illustration aimablement fournie par la société Varian Inc. sensibilité de l’analyte du fait de la dispersion lors des collisions. D’autres facteurs peuvent également être pris en compte comme la facilité de mise en œuvre et de transport du gaz (caractère corrosif ou explosif, par exemple). 1. Les collisions Dans ce cas, le gaz utilisé sera généralement nonréactif (He, Ar, Xe…) et devra dissocier l’ion polyatomique interférent par simple collision. Ce type d’application reste toutefois limité en ICP-MS, du fait qu’elle nécessite une énergie de liaison des interférents polyatomiques significativement plus faible que l’énergie de collision. Cependant, elle se produit dans une certaine mesure avec plusieurs espèces polyatomiques comme ArC+, ArO+, NaAr+, MgAr+ et CaAr+, par exemple. Toutefois, toute collision, quelle qu’elle soit, entre un ion issu du plasma et donc pourvu d’une énergie cinétique importante, et l’atome ou la molécule de gaz injecté, s’accompagnera inéluctablement d’un transfert d’énergie de l’ion vers l’atome ou la molécule de gaz. Comme il apparaît clairement que le diamètre d’un ion polyatomique est supérieur à celui de l’analyte de masse identique, il en ressort que l’ion polyatomique subira un plus grand nombre de collisions lors de son parcours dans la zone de collision, lesquelles s’accompagneront d’une perte énergétique supérieure. Il deviendra donc possible de dissocier les deux populations d’ions. En effet, une barrière énergétique judicieusement appliquée permettra de séparer les deux populations en bloquant les polyatomiques moins énergétiques. On parlera dans ce cas d’une discrimination en énergie cinétique (DEC ou KED – Kinetic Energy Discrimination) (4, 5). Cette séparation est réalisée par l’augmentation du potentiel transversal par l’application d’une différence de potentiel continu entre le multipôle inséré dans la cellule de collision/réaction et le quadripôle du filtre de masse. Cette discrimination sera d’autant plus efficace que l’énergie des ions est faible et bien contrôlée dans tous les degrés de liberté. On parlera dans ce cas de thermalisation du faisceau ionique. III - Principe fondamental 2. Les réactions de modification de l’interférent Selon le ou les types d’interférences que l’on souhaite résoudre, deux philosophies d’utilisation peuvent être envisagées. La première, de très loin la plus répandue, consiste à modifier ou à détruire l’interférence par un mécanisme collisionnel ou réactionnel. L’autre, plus anecdotique mais surtout utile en cas d’interférences multiples, consistera à modifier la masse de l’analyte par une réaction de condensation, et à analyser le condensat. Le choix du gaz sera déterminé par son efficacité lors des processus collisionnels ou réactionnels, tant d’un point de vue thermodynamique que cinétique. De plus, il sera généralement choisi de masse atomique faible afin de limiter la perte de Divers types de réactions peuvent être exploités afin d’éliminer l’interférence polyatomique ou isobarique. Il peut s’agir, par exemple des réactions suivantes : • neutralisation de l’espèce interférente par transfert de charge ; • réaction de dissociation de l’interférent ; • réaction de condensation de l’interférent ; Dans tous les cas, la réaction se doit d’être thermodynamiquement possible, c’est-à-dire qu’elle soit exothermique ou suffisamment peu endothermique pour que la thermalisation incomplète des ions suffise à compenser le léger manque énergétique. De plus, il convient qu’elle soit cinétiquement utile, SPECTRA ANALYSE n° 252 • Novembre 2006 25 TECHNIQUE INSTRUMENTALE Analyte 23 Na 24 Mg 27 Al 28 Si 32 P 32 S 39 K 40 Ca 51 V 52 Cr 53 Cr 54 Fe 55 Mn 56 Fe 57 Fe 58 Ni 59 Co 60 Ni 63 Cu 64 Zn 65 Cu 66 Zn 68 Zn 72 Ge 74 Se 75 As 76 Se 77 Se 78 Se 80 Se 82 Se 84, 86 Sr 87 Sr 90 Sr 90 Zr 93 Nb 109 Ag 111 Cd 129 l Tableau 2 Liste non-exhaustive d’interférences résolues par un gaz de collision ou de réaction, tous constructeurs et applications confondus. 26 Interférent BC CC CN CO, N2 NO O2 ArH Ar ClO, ClN ArC ArC, ClO ArN ArNH, ClO ArO ArOH, CaOH ArO(H) ArOH ArO, CaO ArNa SO2, S2 SO2H, S2H, ArMg ArMg, SO2, S2 SO2, S2 ArAr ArAr ArCl ArAr ArCl ArAr ArAr, HBr ArHArH 84, 86 Kr 87 Rb 90 90 Y, Zr 40 50 Ar Cr 40 53 Ar Cr NbO, ZrOH, MoOH MoO, ZrOH, MoOH 129 Xe Gaz utilisés H2 H2 / He He/NH3/H2 02/NH3/H2 Xe/O2 Xe/O2 H2 / NH3 H2 / NH3 / CH4 He / NH3 He / H2 / NH3 / CH4 NH3 He / H2 / NH3 / CH4 He / H2 / NH3 / CH4 He / Xe / H2 / NH3 / CH4 He He / H2 / NH3 / CH4 He / H2 / NH3 / CH4 He / H2 / NH3 / CH4 He / H2 / NH3 / CH4 He/H2 He He / H2 He He / H2 CH4 He / H2 / NH3 / O2 H2 / O2 / CH4 He / H2 / D2 H2 / O2 / CH4 / D2 H2 / O2 / CH4 He / H2 CH4 CH3F O2 H2 H2 O2 O2 / He / H2 O2 à savoir que la vitesse de réaction du gaz avec l’interférent soit suffisante pour permettre une interaction rapide. Enfin, il est nécessaire que cette réaction du gaz avec l’analyte soit suffisamment lente, s’il s’avère que celle-ci est également thermodynamiquement possible. Les gaz généralement utilisés dans ces cas sont l’hydrogène, l’ammoniac, le méthane… De nombreuses applications de ces procédés ont été développées dans tous les domaines analytiques (6) (tableau II). A titre d’exemple, nous examinerons ici la neutra- SPECTRA ANALYSE n° 252 • Novembre 2006 lisation d’une espèce interférente, en l’occurrence 40 Ar+ sur 40Ca+, par transfert de charge. Dans ce type de réaction, la possibilité d’une réaction de transfert de charge est essentiellement gouvernée par le potentiel d’ionisation (PI) du gaz de réaction qui doit être inférieur au PI des espèces interférentes et supérieur au PI de l’analyte. Ainsi, si le PI de l’Ar est de 15,76 eV, celui du NH3 de 10,07 eV, et celui du Ca de 6,11 eV, les calculs d’enthalpies de réaction montrent qu’une réaction de l’ammoniac gazeux est à priori thermodynamiquement possible avec l’argon et impossible avec le calcium. Ar A r ++++NH N H3 + 3 Ar ⇔N HNH3 3+ ++ A r Δ H = Δ PI = - 5,7 eV k = 1,7 x 10-9 cm-3 molecule-1 sec-1 + Ca Pas d réaction C a ++ ++NH N H 3+3 → Pas ede réaction Δ H = Δ PI = + 4,0 eV k < 2 10-14 cm-3 molecule-1 sec-1 L’efficacité de l’ammoniac pour éliminer l’interférence de l’argon sur le calcium est donc vérifiée sur le plan théorique. 3. Réaction de condensation de l’analyte Dans certaines circonstances, en particulier en cas d’interférences multiples, une autre technique peut être utilisée qui consiste à faire réagir l’analyte avec un gaz réactif. Un ion moléculaire est alors formé lequel pourra alors être analysé en tant que tel. Cette technique peut, par exemple, être illustrée par l’usage d’O2 comme gaz de réaction, pour le dosage du 80Se dans des matrices riches en 40Ca, où se surajoute alors l’interférence 40Ar40Ca+ à celle du dimère d’argon (40Ar40Ar). Après réaction avec l’oxygène, le sélénium peut être analysé sous forme d’oxydes 80Se16O (7). Une autre application de ce procédé est illustrée par l’analyse du soufre et du phosphore (8). IV - Systèmes de filtration Si l’utilisation des dispositifs de collision/réaction se montre d’une réelle efficacité en ce qui concerne la suppression des interférences, on assiste cependant au cours des collisions et des réactions qui se produisent dans le dispositif, à des réactions parasites qui induisent la formation d’ions susceptibles de devenir à leur tour des interférents. Il s’agit donc de sous-produits issus de réactions secondaires du fait d’impuretés présentes dans le gaz utilisé, d’une thermalisation incomplète, permettant à l’énergie cinétique des ions de se transformer en énergie chimique lors d’une réaction endothermique, ou de plusieurs réactions chimiques différentes se produisant simultanément dans la cellule. A titre d’exemple, la présence de traces de carbone dans le dispositif (issu de l’échantillon, des impuretés présentes dans le gaz, de relents d’huile issues de l’appareil…) peut générer toute une série de molécules carbonées susceptibles de devenir à leurs Technique instrumentale Les dispositifs de collision/réaction en ICP-MS: Revue descriptive et modes de fonctionnement tours des interférents (6). En conséquence, les constructeurs se sont vus contraints d’éliminer ces interférences par l’utilisation d’un filtre. Deux types sont utilisés actuellement : le filtre énergétique et le filtre de masse. 1. Le filtre énergétique La discrimination en énergie cinétique peut en effet être utilisée une nouvelle fois, ces ions « parasites » étant moins énergétiques que les ions d’analytes issus du plasma (9). 2. Le filtre de masse On parlera dans ce cas de résolution chimique ou de PICS (Post Ionization Chemical Separation). Le principe de ce filtre est basé sur une élimination sélective des ions constitutifs des interférents polyatomiques, lors de leur apparition, en fonction de leur masse. Une bande passante de stabilité en masse, permettant bien entendu le passage de la masse de l’analyte, est créée dans la cellule au moyen du quadripôle qui s’y trouve installé. Cette bande de stabilité est optimisée de manière synchrone avec la masse analysée par le spectromètre de masse (5). Compte tenu des plages de stabilité des ions dans les différents multipôles (10, 11), seul le quadripôle possède les caractéristiques nécessaires pour assurer cette filtration en masse. V - Conclusion Au cours des années qui ont suivi l’introduction des dispositifs de collision/réaction, les développements applicatifs réalisés par les différents constructeurs ont permis d’offrir aux analystes une potentialité importante de réduction des interférences pour un coût limité (voir tableau II). Seuls quelques cas particuliers subsistent qui se traduisent par des limites de détection encore élevées, comme pour l’analyse du silicium, par exemple. Les dispositifs de collision/réaction constituent donc un outil de mesure susceptible d’être utilisé en analyse de routine. Toutefois, un certain nombre de problèmes ont pu être mis en évidence au fur et à mesure des développements. En effet, au cours de mesures d’isotopie par exemple, on constate une influence du flux et du choix du gaz, ainsi que des réglages du filtre de masse ou énergétique, sur le biais de masse (12). On observe également l’apparition de certains effets de matrice induisant des sensibilités différentes en fonction de la matrice, comme par exemple lors de l’analyse du vanadium ou du chrome en matrice biologique (13). Toutefois, les ICP-MS quadripolaires équipés d’un dispositif de collision/réaction dominent largement le marché de l’analyse élémentaire par ICPMS. On estime en effet que les appareils équipés de ce type de système représentent 85 % à 90 % des ICP-MS vendus sur le marché mondial, et qu’il est fort probable qu’ils continueront à le dominer dans les années qui viennent. BIBLIOGRAPHIE (1) DOUGLAS, D.J. Some Current Perspectives on ICP-MS, Can. J. Spectroscopy, 1989, 34, 38-49. (2) ROWAN, J.T. and HOUK, R.S. Attenuation of Polyatomic Ion Interferences in Inductively Coupled Plasma Spectrometry by Gas-phase Collisions, Appl. Spectroscopy, 1989, 43, 976-980. 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