fp mon frere - La maison de l`image

Transcription

fp mon frere - La maison de l`image
MON FERE EST FILS UNIQUE
Mon frère est fils unique Mio fratello è figlio unico
-Au cours du film, de nombreuses chansons des années 60 et 70 évoquent le temps qui passe. On pense
notamment à la chanson finale de Nada. Sur la base de quels critères avez-vous choisi ces morceaux et la
bande originale du film ?
J’ai effectué un choix très simple : celui de l’efficacité de la scène. Quand j’avais besoin d’une référence à
une atmosphère de cette époque, je l’ai choisie sans avoir peur d’utiliser de la variété. Quand j’avais besoin
en revanche d’une atmosphère émotionnellement plus prenante je n’ai pas eu peur non plus de demander à
Franco Piersanti d’insister sur le caractère émotionnel de sa musique. Bien entendu, tout cela a été modéré
par mon goût personnel. Je n’aime pas beaucoup l’excès et je me suis plus fié à mon goût, que ce soit pour
la musique ou pour tout le reste du travail de réalisation sur le film.
Daniele Luchetti.
Italie – 2007- 1h040- couleur- VOST
Synopsis :
La critique par Didier Péron dans Libération (12/9):
(…) Le film, en adoptant délibérément le ton de la comédie, désarçonne parce que les convictions politiques y affleurent surtout sous la forme de passions éruptives et fort mal pesées par des protagonistes qui
se cherchent. Le frère facho et le frère mao veulent, chacun leur tour et selon des rituels propres à leur
rang, en découdre avec une réalité étroite pavée de frustrations. Quand on commence par s’endetter à
vie pour acquérir une Fiat, boîte à chaussure montée sur roues, seuls les rêves de révolution populaires
peuvent encore tenir réveillé. Ici, l’engagement politique n’est jamais pur, il se déploie dans l’espace
ouvert par les contrariétés et les aspirations de la vie en commun : la famille, le parti, les voisins, les
amis et soi, dans un constant jeu d’intéractions grinçantes qui veut qu’on ne peut pas se contenter d’être
un individu autonome, mais qu’il faut se soucier de « libérer » les autres, y compris à leurs corps ou
convictions défendants. Le ton enjoué du film n’exclut pas la violence concrète : bêtise fiévreuse des néomussoliniens montant à Rome pour casser les intello (tous « des pédés ») ou coup de révolver dans les
jambes du patron de l’usine par un militant d’extrême-gauche. La réalisation sans esbroufe de Luchetti
laisse aux acteurs toute la place pour fignoler leur personnage. Ils sont tous excellents, en premier lieu
Elio Germano dans le rôle de la Teigne.
Niveau
à partir de la 2nde.
Disciplines:
Français,
italien,
histoire,
géographie.
Le réalisateur
Né à Rome en 1960. Formé à l’école de cinéma de la Gaumont, il participe en 1983 au film
collectif Jucke-Box. Nanni Moretti, dont il a été l’assistant dans Bianca et La Messe est finie,
produit son premier long métrage. Domani Domani (Domani accadrà) (1988) est un véritable
coup de maître, qui sera sélectionné au Festival de Cannes (Un Certain Regard). Suivent La
Semaine du Sphinx (1988). Le Porteur de Serviette (1990), considéré comme son film le plus
important, est sélectionné en compétition à Cannes. Puis Arriva la Buffera (1993), L’Unico
Paese al Mondo (film collectif), La Scuola (1995), I Piccoli Maestri (1998), 12 Pomerrigi
(documentaire-performance), Dillo con Parole mie (2003). Mon Frère est fils unique (2007)
est sélectionné à Cannes (Un Certain Regard).
La ville de Latina, dans le Latium (70km au sud de
Rome), est née sur décision de Benito Mussolini, après
assèchement des marais des plaines Pontines. Sa fondation date de 1932, elle était alors baptisée Littoria. Accio
Benassi, La Teigne, crée le désespoir de ses parents. Il
est farouche, polémique, bagarreur et a les nerfs à fleur
de peau. Il agit par instinct, vivant chaque bataille comme
une guerre. Il finit par adhérer dans les années 60 au MSI
(le Mouvement social italien, né des cendres du Parti fasciste interdit après la guerre) et s’oppose de fait aux
convictions communistes de sa famille. Son principal ennemi est son frère aîné Manrico, beau gosse énervant,
charismatique, aimé de tous, ouvrier et militant syndical...
Les deux jeunes hommes se battent sur deux fronts politiques opposés, aiment la même femme, Francesca, et
traversent, dans une confrontation sans fin, une période
de leur vie faite de fugues, de retours, d'échanges de
coups et de grandes passions. La Teigne finira dans les
rangs gauchistes et par cogner sur ses anciens camarades mussoliniens.
C'est l'histoire de leur parcours pendant 15 ans d'une
histoire italienne. Accio et Manrico, deux frères très différents, mais peut-être pas tant que ça...
Réalisation : Daniele Luchetti. Scénario : Sandro Petraglia, Stefano Rulli, Daniele Luchetti d’après le roman Il Fasciocomunista d’Antonio Pennacchi (Ed. Le Dilettante). Image : Claudio Collepiccolo (Technicolor). Décors : Francesco Frigeri. Costumes : Maria Rita Barbera. Son : Bruno Pupparo. Musique : Franco Piersanti. Montage : Mirco
Garrone. Casting : Gianni Costantino. Production : Riccardo Tozzi, Giovanni Stabilini, Marco Chimenz.
Interprètes : Elio Germano (Accio La Teigne), Riccardo Scamarcio (Manrico) Diane Fleri (Francesca), Alba
Rohrwacher (Violetta), Angela Finocchiaro (Mère d’Accio), Massimo Popolizio (Père d’Accio), Luca Zingaretti (Mario
Nastri), Anna Bonaiuto (Bella), Ascanio Celestini (Père Cavalli), Claudio Botosso (Professeur Montagna) Vittorio
Emanuele Propizio (Accio 13 ans), Ninni Bruschetta (Bombacci).
Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image
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Fiche pédagogique éditée par la maison de l’image
MON FRERE EST FILS UNIQUE
Le genre
A la lecture du synopsis de Mon frère est fils unique, on ne peut pas ne pas évoquer Nos
meilleures années (La meglio juventù) de Marco Tullio Giordana (2003) tant la ressemblance de l’argument est frappante : deux frères ayant évolué dans des camps politiques
opposés et qui aiment la même femme. D’ailleurs, les deux films sont écrits par les mêmes scénaristes Stefano Rulli et Sandro Petraglia.
Mais le genre de comédie-chronique posant un regard sur l’évolution sociale ou politique
n’est pas nouveau. Le modèle que tous les spectateurs ont en tête, Nous nous sommes tant
aimés (1974) d’Ettore Scola, est bâti sur le même principe. Film qui a donné depuis divers
avatars.
Enfin, les comédies italiennes d’après-guerre ont en général une portée critique plus prononcée que les comédies hexagonales, pour des raisons politiques évidentes ; le pays a
subi le fascisme, qui a donné par la suite le néo-réalisme .
Le travail du réalisateur
-Comment et quand avez-vous choisi de vous décider à ce projet ?
Au tout début, ce qui a été complexe pour moi ce n’est pas vraiment de comprendre comment je voulais
faire le film mais les raisons profondes pour lesquelles la lecture du roman m’avait passionné. La réponse à
cette question est dans le film. Avoir individualisé, dans un roman long et complexe, un possible fil directeur
qui puisse me mettre en relation profonde avec l’histoire, a été la clef qui a déclenché mon travail. J’ai commencé à me convaincre que ce personnage, raconté par Antonio Pennacchi, ne constituait pas seulement un
morceau de sa biographie personnelle mais, de façon plus générale, le fragment d’une biographie italienne.
Une fraction d’Italie faite d’exclus, de petits frères, d’enfants dont personne n’avait le temps de s’occuper,
de garçons intelligents qui ont emprunté une mauvaise voie, qui ont obéi à des mots d’ordre efficaces et
superficiels seulement parce qu’ils étaient à la recherche d’une identité, d’un ami qui puisse les écouter, de
quelqu’un avec qui partager leur temps. Ce point de vue «humain» et pas forcément politique m’a aidé à
trouver une ligne personnelle et émotive pour construire cette histoire. Mon frère est fils unique n’est pas un
film politique. Tchekhov a dit qu’ «un récit ne doit jamais être politique, mais peut parler d’êtres humains
qui font aussi de la politique». …/...
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Ce film, idéologiquement, ne prend pas position : il raconte l’histoire de personnes qui adoptent des positions. Je pense que c’est le point de vue que j’ai adopté. L’élément humain, affectif et émotif, est au coeur
de mon film.
-Pourquoi avoir choisi à votre tour de placer une histoire dans le tourbillon politique des années 70 ?
En réalité, Mon frère est fils unique se termine en 1974, juste avant les années de plomb, quand commencent les actions terroristes. C’est vrai qu’il y a toute une série de films italiens qui, chacun à sa manière,
cherchent à revenir sur ces années-là. Avec le film de Bellochio, Buongiorno, notte, j’ai compris que l’on
pouvait faire un film sur ces événements historiques d’un point de vue totalement libre, sans l’obligation de
reconstruire l’Histoire.
-Pour le scénario, qu’est-ce qui a changé dans votre façon de travailler dans la technique de l’écriture ?
Avec Sandro et Stefano, les scénaristes, nous nous contredisons, nous discutons, chacun défend ses positions. Disons que leur rôle est de tenir la barre, bien droite, alors que le mien consiste à les supplier de divaguer, d’explorer par-ci, par-là, et à les contraindre à être détournés. Le résultat de la rencontre de ces deux
routes est notre parcours commun. Quand j’ai commencé à travailler sur cette histoire, je leur ai dit que
j’avais l’intention de faire un film plus «réel» et authentique que mes films précédents. Ils l’ont compris et
m’ont encouragé et aidé à me rendre compte de toutes les fois où, dans l’écriture du projet, je m’éloignais
un peu trop de cette intention initiale.
-Ce film est une comédie qui pose un regard sur l’évolution civile et sociale du pays. C’est un genre typiquement italien ?
Sincèrement, je n’ai jamais eu la préoccupation d’être classé dans un genre et, si le film appartient à la comédie, c’est sans doute parce que de toute évidence ma façon de narrer me pousse spontanément à élaborer
de façon affectueuse les portraits de mes personnages. Je ne me sens jamais supérieur à eux mais j’essaie
plutôt de raconter leur naïveté avec un sincère respect. J’ai parfois fait des films dans l’intention d’être drôle
de façon presque systématique (comme dans La Scuola). Cette fois-ci, le sourire naît de l’affectif, dont j’ai
besoin pour créer une certaine identification avec les personnages et pour pouvoir suivre leur parcours avec
intérêt, même lorsque dans le film, on ne peut plus rire parce que l’histoire s’assombrit et que les émotions
s’intensifient.
-Comment vous avez préparé la direction des rôles principaux ?
J’ai d’abord demandé aux acteurs, de renoncer à tous les petits «trucs» du métier en leur signalant des habitudes interprétatives qui les conduisent vers le «métier» et les éloignent de l’authenticité. Une fois que nous
avons clarifié ce point, pendant les prises, j’ai essayé d’anéantir toutes les causes classiques de réserve,
distraction ou blocage que le tournage crée chez l’acteur. J’ai éliminé toutes les indications sur leur positionnement ou leurs regards. Avec la complicité de l’opérateur ou du chef-opérateur je leur ai laissé une
entière liberté de mouvement pendant les prises. J’ai aussi souvent tourné sans faire d’essai, demandant à la
caméra de suivre ce qui se passait comme s’il s’agissait d’une scène réelle, sans établir au préalable le cadrage. Pour garantir la fraîcheur que je recherchais, j’ai souvent tourné avec plusieurs caméras pour essayer
de capturer en une seule fois le champs et le contrechamps, alternant grand angle et gros plans, un peu
comme si j’étais en train de réaliser un reportage dans les conditions du direct. Du coup, les acteurs se sont
sentis beaucoup plus libres d’apporter leur contribution au film, finalement libérés des obligations
«techniques» du tournage. Pour maintenir cette fraîcheur, très souvent, entre les prises, je changeais les
répliques ou toute la dynamique de la scène. C’est tout cela qui m’a donné la fraîcheur que je recherchais et
qui m’a permis d’obtenir le matériel très dense qui me servait pour le montage. Les acteurs étaient libres,
c’est vrai, mais libres de faire ce que je voulais qu’ils fassent ! Tout cela s’est déroulé à l’intérieur d’un
dessein pré-organisé et longuement discuté pour chaque personnage…/...
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