Évaluation de l’efficacité du Nutrilarm - e

Transcription

Évaluation de l’efficacité du Nutrilarm - e
Journal français d’ophtalmologie (2011) 34, 448—455
ARTICLE ORIGINAL
Évaluation de l’efficacité du Nutrilarm®, complément
nutritionnel à base d’acides gras essentiels
polyinsaturés oméga 3 et oméga 6, versus placebo
chez des patients atteints de sécheresse oculaire
bilatérale modérée et traitée
Efficacy assessment of Nutrilarm® , a per os omega-3 and omega-6
polyunsaturated essential fatty acid dietary formulation versus placebo in
patients with bilateral treated moderate dry eye syndrome
C. Creuzot-Garcher a,∗, C. Baudouin b, M. Labetoulle c,
P.-J. Pisella d, F. Mouriaux e, A. Meddeb-Ouertani f,
L. El Matri g, M. Khairallah h, F. Brignole-Baudouin i
a
CHU de Dijon, 3, rue du Faubourg-Raines, 21033 Dijon cedex, France
Hôpital des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris cedex 12, France
c
Hôpital de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le-Kremlin-Bicêtre, France
d
Hôpital Bretonneau, 23, rue Joseph-de-Maistre, 75018 Paris, France
e
CHU Côte-de-Nacre, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex 9, France
f
Hôpital Charles-Nicolle, 1, rue de Germont, 76000 Rouen, France
g
Institut Hédi-Raïs d’ophtalmologie, Bab Saadoun, 1006 Tunis, Tunisie
h
Hôpital Fattouma Bourguiba, avenue Farhat-Hached, 5000 Monastir, Tunisie
i
Université René-Descartes, laboratoire de toxicologie, 75006 Paris, France
b
Reçu le 3 janvier 2011 ; accepté le 24 janvier 2011
Disponible sur Internet le 21 juin 2011
MOTS CLÉS
Syndrome de
sécheresse oculaire ;
∗
Résumé
Introduction. — L’inflammation fait partie intégrante de la physiopathologie de l’œil sec.
Les acides gras polyinsaturés (AGPI) étant connus pour leurs propriétés biologiques antiinflammatoires, cette étude a évalué l’efficacité d’une supplémentation en oméga 6 et
oméga 3 chez des patients atteints de sécheresse oculaire.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (C. Creuzot-Garcher).
0181-5512/$ — see front matter © 2011 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.jfo.2011.01.018
Evaluation de l’efficacité du Nutrilarm® versus placebo
Oméga 3 ;
Oméga 6 ;
Nutrition
KEYWORDS
Dry eye syndrome;
Omega-3;
Omega-6;
Nutrition
449
Patients et méthodes. — Une étude internationale en double insu, randomisée, a été réalisée
chez 181 patients atteints d’un syndrome sec bilatéral modéré et déjà traités par des substituts
lacrymaux. Ces patients ont reçu per os une association d’AGPI n-3 et n-6 (Nutrilarm® ) ou un
placebo, deux fois par jour pendant six mois. La sensation de sécheresse oculaire, le confort
subjectif global et les symptômes oculaires ont été évalués à chaque visite. Des tests à la
fluorescéine (temps de rupture du film lacrymal/échelle d’Oxford) et au vert de lissamine ont
été réalisés à chaque visite. Le test de Schirmer a été mesuré à la visite d’inclusion et après
six mois de traitement.
Résultats. — Le BUT et la fatigue oculaire ont été améliorés significativement après six mois
de traitement (P = 0,036 et 0,044, respectivement). Une tendance en faveur du Nutrilarm® a
été observée concernant l’efficacité évaluée par l’investigateur (P = 0,061). Après six mois de
traitement, seulement 2,5 % des patients avaient une sensation de sécheresse oculaire sévère
sous Nutrilarm® contre 9,3 % sous placebo mais cette différence n’était pas significative.
Conclusion. — Une supplémentation en oméga 3 et oméga 6 a un intérêt thérapeutique supplémentaire chez des patients atteints de sécheresse oculaire déjà traités par substituts lacrymaux.
© 2011 Publié par Elsevier Masson SAS.
Summary
Introduction. — Inflammation is one of the main mechanisms common to all forms of dry eye.
Since polyunsaturated acids are known to show biological anti-inflammatory properties, the aim
of this study was to evaluate the efficacy of dietary n-6 and n-3 fatty acids in patients suffering
from ocular dryness.
Patients and methods. — One hundred and eighty-one patients diagnosed with bilateral moderate dry eye who were already treated with lachrymal substitutes were randomized in a
double-blind international study to receive placebo or Nutrilarm® capsules (combination of
omega-3 and omega-6), twice a day for 6 months. In all subjects, dryness feeling, overall subjective comfort, and ocular symptoms (burning, stinging, sandy and/or gritty sensation, light
sensitivity, reflex tearing, and ocular fatigue) were evaluated at each visit. Furthermore, fluorescein tests (break-uptime and Oxford scheme) and lissamine green test were performed at
each visit. The Schirmer test was performed at inclusion and after 6 months of treatment.
Results. — After 6 months of supplementation with Nutrilarm® , both the BUT scores and ocular fatigue were significantly improved when compared with placebo (P = 0.036 and P = 0.044,
respectively). There was a trend in favor of Nutrilarm® in terms of the efficacy evaluated
by the investigator (P = 0.061). Fewer patients experienced a feeling of severe dryness with
Nutrilarm® compared with placebo after 6 months of treatment (2.5 and 9.3%, respectively),
but the difference was not statistically significant.
Conclusion. — Oral administration of a double supplementation dietary n-6 and n-3 fatty acids
present an additional therapeutic advantage in patients suffering from ocular dryness who were
already treated with lachrymal substitutes.
© 2011 Published by Elsevier Masson SAS.
Introduction
L’œil sec représente l’un des motifs les plus fréquents de
consultation en ophtalmologie.
Après 70 ans, entre 15 et 20 % des sujets présentent
des symptômes d’œil sec et plus de 10 % d’entre eux
instillent des larmes artificielles, cette fréquence est en
permanente augmentation [1]. Les populations les plus
touchées par le syndrome d’œil sec sont les femmes (surtout à la ménopause) et les personnes âgées de plus de
50 ans [2].
Les syndromes secs sont classés en deux grandes catégories : ceux liés à une hyperévaporation du film lacrymal (pour
la plupart liée à un dysfonctionnement meibomien) et ceux
secondaires à une hyposécrétion lacrymale (dont le modèle
reste le syndrome de Gougerot-Sjögren) [3,4]. Cependant,
quel que soit le mécanisme à l’origine de la sécheresse ocu-
laire, celle-ci se caractérise par une réponse inflammatoire
à la surface de l’œil [5—9].
Bien que plusieurs stratégies thérapeutiques puissent
être employées pour pallier les désordres de la sécheresse
oculaire, la base de la prise en charge demeure les substituts lacrymaux [10—12]. Ceux-ci sont le traitement de choix
des formes légères d’œil sec. En fonction de la gravité de
la sécheresse oculaire fondée sur la sévérité des symptômes
et des signes, le rapport du dry eye workshop ou DEWS a
répertorié des options de traitement en préconisant une
stratégie dans la prise en charge de la sécheresse oculaire.
Ainsi, dans leur rapport, la prise en charge va de la simple
instillation de substituts lacrymaux à l’association des produits plus visqueux, sous forme de gels ou de pommade. Des
moyens physiques ou chirurgicaux peuvent y être associés
(lunettes humidifiantes, occlusion des points lacrymaux,
etc.) [4,13].
450
Néanmoins, faute d’un traitement étiologique de fond,
l’efficacité des collyres substitutifs visant à hydrater
régulièrement la surface oculaire n’est que palliative
[14]. L’inflammation étant un phénomène sous-jacent à
la sécheresse oculaire, l’utilisation de traitements antiinflammatoires en plus d’un traitement substitutif par
les larmes artificielles semble actuellement justifiée.
En effet, plusieurs études ont montré l’efficacité des
anti-inflammatoires dans l’arsenal thérapeutique de la
sécheresse oculaire. Les anti-inflammatoires, stéroïdiens ou
non, et la ciclosporine sont les principaux traitements utilisés pour juguler cette inflammation. Toutefois, les effets
secondaires des stéroïdes (hypertonie oculaire et cataracte)
et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (kératite ponctuée superficielle) représentent un obstacle pour leur usage
à long terme [15,16].
Récemment, des études ont montré que la prise
d’oméga 3 et le ratio oméga 3/oméga 6 modulaient le niveau
d’inflammation au sein de l’organisme [17]. Ainsi, plusieurs études pilotes ont montré que l’utilisation per os
d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne oméga 3 et
oméga 6 avaient des effets bénéfiques sur la sécheresse oculaire [18—21].
Les oméga 3 et 6 sont des acides gras essentiels polyinsaturés à longue chaîne (AGPI). L’acide linolénique alpha
(ALA) est le précurseur de l’acide éicosapentaénoïque (EPA)
et de l’acide docosahexaénoïque (DHA), principaux acides
gras essentiels polyinsaturés du groupe oméga 3. L’acide
linoléique (LA) est, quant à lui, le précurseur de l’acide
␦-linolénique (GLA), ces deux AGPI étant les principaux
constituants du groupe oméga 6.
Le phénomène expliquant l’efficacité des AGPI dans le
traitement de la sécheresse oculaire, repose avant tout
sur leur rôle dans le métabolisme des prostaglandines. En
effet, l’activité anti-inflammatoire des prostaglandines E1 (PGE-1) dérive du métabolisme de GLA, tandis qu’EPA
et DHA sont les précurseurs de l’anti-inflammatoire PGE3 et du marqueur de l’inflammation leucotriène B5 (LTR5).
Ce phénomène a été confirmé par Horrobin et Campbell
à travers une étude montrant que les taux endogènes de
PGE-1 pouvaient être augmentés après administration de
précurseurs des acides gras essentiels [22].
Dans une précédente étude, le rôle de l’association d’une
double supplémentation des acides gras n-3 et n-6 chez des
patients souffrant de sécheresse oculaire avait été étudié.
Cette étude pilote de phase II, en double insu, avait montré
que les AGPI semblaient diminuer de façon intéressante les
symptômes liés à la sécheresse oculaire [23].
Afin de confirmer ces résultats sur un plus grand nombre
de patients, nous avons cherché à évaluer dans le cadre
d’une étude randomisée de phase III, l’efficacité d’un
complément alimentaire oral à base d’acide gras essentiels polyinsaturés oméga 3 et oméga 6, Nutrilarm® , chez des
patients atteints de syndrome sec modéré bilatéral déjà
traité par des substituts lacrymaux.
Patients et méthodes
Cette étude de phase III, randomisée, comparative versus placebo, a été réalisée en double insu. Des patients
âgés de 18 à 90 ans présentant une sécheresse oculaire
C. Creuzot-Garcher et al.
modérée bilatérale et respectant les critères d’inclusion ont
été inclus dans l’étude après signature d’un consentement
éclairé.
L’étude a été menée dans le respect des bonnes pratiques
cliniques et en accord avec la déclaration d’Helsinki. Les
approbations des comités d’éthique de chaque pays ont été
obtenues avant l’inclusion des patients.
Les critères d’inclusion étaient définis par une symptomatologie évocatrice de sécheresse oculaire bilatérale
entraînant une sensation de sécheresse oculaire supérieure
ou égale à 2 (selon une échelle de sévérité allant de 0 à 3,
2 correspondant à modérée et 3 à sévère), un test de Schirmer inférieur ou égal à 10 mm en cinq minutes ou un temps
de rupture du film lacrymal (BUT) inférieur à dix secondes,
un test au vert de lissamine supérieur à 3 selon la classification de Van Bjisterveld et une coloration cornéenne à la
fluorescéine égal à 1, 2 ou 3 (échelle d’Oxford).
Quatre visites étaient programmées, une visite
d’inclusion à j0, deux visites de suivi au premier et
au troisième mois (m1 et m3) et une visite finale après six
mois de traitement (m6).
Lors de la visite d’inclusion, l’ophtalmologiste interrogeait le patient sur le confort oculaire ainsi que sur
les différents signes ressentis. Un examen ophtalmologique
était également pratiqué dans les deux yeux, comprenant la
mesure de l’acuité visuelle, un test de Schirmer, un examen
à la lampe à fente, un test à la fluorescéine (BUT et échelle
d’Oxford) et un test au vert de lissamine. Une empreinte
conjonctivale permettant d’évaluer en cytométrie en flux
l’expression du marqueur inflammatoire HLA-DR (en unités
arbitraires de fluorescence [UAF]) sur les cellules conjonctivales a été effectuée sur une vingtaine de patients à la
visite d’inclusion et à m6.
Les patients étaient randomisés (double insu) en deux
groupes : un groupe recevait deux gélules par jour de
Nutrilarm® (laboratoires Théa France), une gélule le matin
et une le soir, et le deuxième groupe recevait un placebo
également deux fois par jour.
Le Nutrilarm® est une association d’AGPI oméga 3 (196 mg
DHA et 14 mg EPA) et d’AGPI oméga 6 (41 mg de GLA et 63 mg
de LA) à différentes vitamines (C, E, B6, B9, B12) et à un
oligoélément (zinc).
Les patients pouvaient poursuivre leurs traitements oculaires habituels pendant toute la durée de l’étude.
Méthodes statistiques
Il s’agissait d’une étude dont le but était de mettre en
évidence une supériorité du produit étudié par rapport au
placebo.
L’analyse statistique consistait en une analyse descriptive (moyenne, médiane, écart-type, minimum, maximum,
intervalle de confiance à 95 % et nombre d’observations)
pour les variables quantitatives et une analyse de la fréquence et du pourcentage pour les variables catégoriques.
La variable primaire d’efficacité était l’évaluation le jour
de la visite finale (m6) de la sensation de sécheresse oculaire
dans les dernières 48 heures, l’analyse de cette variable
était faite à l’aide du test de Cochran-Mantel-Haenszel.
Les variables secondaires d’efficacité (score total des
symptômes, score au test de Schirmer, moyenne du BUT,
score total au vert de lissamine, HLA-DR UAF) étaient
Evaluation de l’efficacité du Nutrilarm® versus placebo
analysées à chaque visite ainsi que lors de la dernière évaluation disponible, en utilisant une analyse de la variance
selon le modèle Anova.
Résultats
Population
Un total de 181 patients a été inclus dans l’étude, 91 patients
dans le groupe Nutrilarm® et 90 patients dans le groupe placebo.
L’âge moyen des patients était de 61,54 ± 11,87 ans
avec une proportion élevée de femmes (91,7 % de femmes)
(Tableau 1).
Les causes de sécheresse oculaire étaient identiques dans
les deux groupes. La majorité des syndromes secs était
secondaire à une hyposécrétion, non liée à un syndrome de
Gougerot-Sjögren (56 et 55 % dans les groupes Nutrilarm® et
placebo respectivement), le reste des étiologies se répartissant entre des syndromes de Gougerot-Sjögren (19 et 24 %
respectivement) et des dysfonctionnements meibomiens
(11 et 9 % respectivement) (Tableau 1).
À l’inclusion, les groupes étaient également comparables
pour les signes d’examen (test de Schirmer, temps de rupture du film lacrymal [BUT], score d’Oxford, score au vert
de lissamine, examen à la lampe à fente).
L’observance thérapeutique dans l’étude était très bonne
(94,93 % des sujets dans le groupe placebo et 94,07 % des
sujets dans le groupe Nutrilarm® ).
Entre m0 et m6
Évolution des signes
Le BUT était de 5,55 ± 1,91 et 5,88 ± 2,46 secondes à
l’inclusion et de 6,14 ± 2,67 et 7,41 ± 3,17 secondes après
six mois de traitement dans les groupes placebo et
Nutrilarm® respectivement. Le BUT était prolongé de plus
d’une seconde chez les patients du groupe Nutrilarm® contre
0,5 seconde pour les patients du groupe placebo. Les résultats ont montré un allongement statistiquement significatif
du BUT (p = 0,036).
Le test d’imprégnation par le vert de lissamine a montré
qu’il y avait moins de cellules conjonctivales altérées dans
les deux groupes (4,47 ± 0,74 et 4,44 ± 0,81 à l’inclusion
dans les groupes placebo et Nutrilarm® respectivement et
2,74 ± 1,69 et 2,57 ± 1,78 après six mois de traitement). Une
amélioration du test de Schirmer a également été notée
dans les deux groupes (6,27 ± 3,01 et 6,98 ± 4,04 mm par
cinq minutes à l’inclusion et 7,74 ± 5,13 et 8,24 ± 5,27 mm
par cinq minutes dans les groupes placebo et Nutrilarm® respectivement). Il n’y avait pas de différences statistiquement
significatives entre les deux groupes concernant ces deux
critères (Tableau 2).
Les patients sous Nutrilarm® avaient une imprégnation
par la fluorescéine diminuée après six mois de traitement
(3,8 % des patients sous Nutrilarm® avaient une imprégnation par la fluorescéine ≥ 3 contre 9,3 % des patients dans le
groupe placebo à m6). Cette différence n’était pas statistiquement significative (Tableau 3).
L’expression d’un marqueur d’inflammation HLA-DR par
les cellules épithéliales de la conjonctive a été évaluée
451
en utilisant les empreintes conjonctivales. Après six mois
de traitement, l’expression du marqueur de l’inflammation
HLA-DR (quantifiée en UAF) était légèrement diminuée dans
le groupe Nutrilarm® (3,7 × 104 à j0 et 3,3 × 104 à m6) alors
qu’elle était augmentée dans le groupe placebo (4,6 × 104 à
j0 et 5,6 × 104 à m6). Cette différence n’était pas statistiquement significative (Tableau 4).
Évolution des symptômes
Les tests subjectifs ont montré une amélioration de la sensation de sécheresse oculaire plus importante avec Nutrilarm®
qu’avec le placebo (seulement 2,5 % des patients ressentaient une sécheresse oculaire sévère après six mois de
traitement avec Nutrilarm® contre 9,3 % des patients dans
le groupe placebo). Cette différence n’était pas statistiquement significative (Fig. 1). La supplémentation a également
eu un effet sur la fatigue oculaire ; en effet, les patients
sous Nutrilarm® ont eu une diminution significativement plus
importante de leur sensation de fatigue oculaire comparativement au groupe placebo (p = 0,044).
D’autres symptômes oculaires en rapport avec le syndrome d’œil sec ont été évalués comprenant la sensation de
brûlure, de picotement, la sensation de sable et/ou de poussière, la sensibilité à la lumière, le larmoiement réflexe.
La plupart de ces symptômes s’amélioraient de façon plus
importante dans le groupe Nutrilarm® que dans le groupe
placebo après six mois de traitement sans différence statistiquement significative entre les deux groupes.
Enfin, l’examen à la lampe à fente a mis en évidence
une amélioration des sécrétions conjonctivales, du chemosis, de la conjonctivite folliculopapillaire et de l’hyperhémie
conjonctivale dans les deux groupes, sans différence significative entre eux.
Efficacité évaluée par l’investigateur et les
patients
L’efficacité évaluée globalement par l’investigateur était
satisfaisante ou très satisfaisante pour 65,1 % des patients
sous Nutrilarm® contre 53,5 % des patients sous placebo,
une tendance statistiquement significative a été observée
(p = 0,061).
Les patients rapportaient une amélioration de la sensation de sécheresse oculaire dans 63,3 % des cas sous
Nutrilarm® contre 56,2 % sous placebo, il n’y avait pas de
différence significative entre les deux groupes.
Discussion
Cette étude randomisée, en double insu, effectuée sur
une large population a montré que la prise de micronutriments améliore significativement certains symptômes
ressentis lors d’un syndrome d’œil sec. Les mécanismes physiopathologiques impliqués dans la sécheresse oculaire sont
classiquement neurologiques et hormonaux [2]. Cependant,
un troisième facteur, l’inflammation, est de plus en plus
évoqué [23]. Ainsi, plusieurs axes thérapeutiques peuvent
être envisagés pour diminuer la sécheresse oculaire, notamment la micronutrition, qui a déjà montré son intérêt
à travers de précédentes études, au travers de l’action
452
C. Creuzot-Garcher et al.
Tableau 1
Données démographiques des patients inclus dans l’étude.
Âge (moyenne ± écart-type) (ans)
Nutrilarm®
n = 90 (49,7 %)
Placebo
n = 91 (50,3 %)
Total
n = 181
61,28 ± 12,15
61,79 ± 11,64
61,54 ± 11,87
Sexe, n (%)
Hommes
Femmes
8 (8,9 %)
82 (91,1 %)
7 (7,7 %)
84 (92,3 %)
15 (8,3 %)
166 (91,7 %)
Origine de la sécheresse oculaire n (%)
Syndrome de Gougerot-Sjögren
Dysfonctionnement des glandes de Meibomius
Déficience aqueuse non-Sjögren
Autres
17
10
50
13
22
8
50
11
39
18
100
24
Tableau 2
(24,2 %)
(8,8 %)
(54,9 %)
(12,1 %)
(21,5 %)
(9,9 %)
(55,2 %)
(13,3 %)
Évolution du BUT, du test au vert de lissamine et du test de Schirmer.
Test de Schirmer (mm/5min)
Placebo
Nutrilarm®
M0
6,27 ± 3,01
6,98 ± 4,04
M6
7,74 ± 5,13
8,24 ± 5,27
Tableau 3
(18,9 %)
(11,1 %)
(55,6 %)
(14,4 %)
BUT moyen (s)
p
0,708
Test au vert de Lissamine
Placebo
Nutrilarm®
5,55 ± 1,91
5,88 ± 2,46
6,14 ± 2,67
7,14 ± 3,17
p
0,036
Placebo
Nutrilarm®
4,47 ± 0,74
4,44 ± 0,81
2,74 ± 1,69
2,57 ± 1,78
p
0,986
Imprégnation cornéenne et conjonctivale par la fluorescéine (score d’Oxford) dans l’œil droit.
Nutrilarm® , n = 90
Score
J0
Placebo (n = 91)
M6
0
J0
M6
24 (30,4 %)
27 (31,4 %)
1
41 (45,6 %)
35 (44,3 %)
38 (41,8 %)
32 (37,2 %)
2
42 (46,7 %)
17 (21,5 %)
39 (42,9 %)
19 (22,1 %)
3
7 (7,8 %)
3 (3,8 %)
14 (15,4 %)
8 (9,3 %)
Tableau 4
Empreintes conjonctivales (HLA-DR UAF).
Nutrilarm®
Empreintes
conjonctivales
(HLA-DR UAF) :
(moyenne ± St dev)
Placebo
J0
M6
37 375,94 ± 32 940,97
32 709,02 ± 25 820,45 45 562,38 ± 50 705,35
pro-anti-inflammatoire des omégas 3 et 6 et de l’action antioxydante des vitamines C et E [24—28].
L’action de la micronutrition au niveau de la surface oculaire repose sur plusieurs mécanismes. Le plus important
est la cascade de réactions permettant aux AGPI de participer au métabolisme des prostaglandines. Les omégas 6
(GLA et LA) agissent via des enzymes en augmentant le
taux de PGE1 (anti-inflammatoire) et en diminuant le taux
de PGE2 (pro-inflammatoire) alors que l’oméga 3 (DHA et
EPA) agit via l’élongase en augmentant le taux de PGE3
(anti-inflammatoire). Il existe une compétition entre les
J0
M6
55 749,91 ± 71 229,63
deux voies métaboliques qui utilisent les mêmes enzymes,
d’où la nécessité d’un apport équilibré entre les deux
familles d’AGPI. Le ratio actuellement observé entre AGPI
de types oméga 3 et oméga 6 est très déséquilibré dans
l’alimentation. Le rapport oméga 3/oméga 6 recommandé
est de l’ordre de 1/5 alors qu’il est de 1/16, voire 1/20 dans
les pays d’Europe du fait de notre alimentation riche en
omégas 6 et pauvre en omégas 3. Les AGPI sont principalement présents dans les poissons gras, les huiles végétales
et les œufs (omégas 6 seulement). Ce sont des composants
essentiels de la structure cellulaire et ils jouent un rôle
Evaluation de l’efficacité du Nutrilarm® versus placebo
Pourcentages
Absente
90%
80%
70%
20%
10%
0%
Faible
Sévère
43%
38,40%
32,90%
32,60%
20,90%
18%
21,50%
19,80%
9,30%
0%
0%
0%
Placebo
2,50%
0%
Nutrilarm
M0
Figure 1.
Modérée
82%
79,10%
60%
50%
40%
30%
453
Placebo
Nutrilarm
M6
Sensation de sécheresse oculaire à M0 et M6.
majeur au niveau de certaines fonctions cellulaires, dont
l’inflammation (par leur implication dans le métabolisme
des prostaglandines) et la neurotransmission [29].
Nutrilarm® est une association d’AGPI omégas 3 (196 mg
de DHA et 14 mg de EPA) et d’omégas 6 (41 mg de GLA et
63 mg de LA) avec différents antioxydants (vitamines C et E),
vitamines (B6, B9, B12) et un minéral, le zinc. L’association
de l’oméga 3 à l’oméga 6 permet de tirer parti de la compétition entre les cascades métaboliques des deux voies.
Les études évaluant l’effet de la micronutrition sur la
sécheresse oculaire ont principalement étudié le rôle des
omégas 6 [25,30,31].
Aragona et al. ont étudié l’effet d’une supplémentation orale en oméga 6 sur la concentration en PGE-1 dans
les larmes et sur les signes et les symptômes de la sécheresse oculaire chez 40 patients présentant un syndrome de
Sjögren. Cette étude, réalisée en double insu, a montré
qu’une supplémentation en oméga 6 augmentait significativement le taux de PGE1 dans les larmes, avec, d’un point de
vue clinique, une amélioration significative des symptômes
rapportés par les patients [30].
De plus, une amélioration significative des symptômes de
la sécheresse oculaire et du confort lors du port des lentilles oculaires a également été observée chez 76 femmes
souffrant de sécheresse oculaire après l’administration orale
d’oméga 6 pendant six mois [31].
Une étude épidémiologique a, elle aussi, confirmé l’effet
de la nutrition sur la surface oculaire. Cette étude a montré sur 32 470 femmes âgées de 45 à 84 ans qu’un apport
nutritionnel important en oméga 3 avait tendance à réduire
le risque d’avoir un syndrome d’œil sec par rapport aux
femmes dont l’apport était plus faible et qu’un ratio n-6/n3 trop important augmentait significativement le risque de
syndrome d’œil sec [32].
L’effet des antioxydants a été étudié récemment chez
24 patients présentant une sécheresse oculaire avérée.
Après 12 semaines, le BUT et le Schirmer étaient améliorés significativement, ainsi que certains signes subjectifs
tels que la sensation de brûlure, les démangeaisons et les
rougeurs. Cette étude a montré qu’une supplémentation en
antioxydants augmentait significativement la qualité et la
quantité des larmes contribuant ainsi à améliorer la fonction
lacrymale. Ces résultats peuvent s’expliquer par le rôle des
antioxydants sur la surface oculaire. En effet, la vitamine C
et la vitamine E protègent la surface oculaire de l’attaque
des radicaux libres et préservent l’intégrité de l’épithélium
de surface. De plus, la vitamine C peut avoir un rôle endogène anti-inflammatoire au niveau de l’œil [33].
Comme certaines études publiées, notre étude confirme
l’efficacité et l’intérêt d’une supplémentation orale en
omégas 3 et 6, associée à différents antioxydants, en plus du
traitement classique par une supplémentation lacrymale. En
effet, deux critères d’évaluation de la sécheresse oculaire
ont été améliorés significativement après six mois de traitement avec Nutrilarm® comparativement au placebo : le
temps de rupture du film lacrymal et la fatigue oculaire. Le
critère d’évaluation primaire (sensation de sécheresse oculaire à M6) a diminué de façon globale, mais pas de façon
statistiquement significative comparativement au placebo.
La dissociation entre les symptômes subjectifs et objectifs est un fait habituellement rencontré dans les atteintes
de la surface oculaire. Le résultat retrouvé avec simplement une amélioration des symptômes objectifs cliniques
n’est donc pas surprenant. Il est, par ailleurs, possible que
l’amélioration des signes subjectifs puisse être retardée par
rapport aux symptômes objectifs. L’anesthésie cornéenne
fréquemment présente dans les syndromes secs vient perturber la sensation du patient. Cependant, il est à noter
que seulement 2,5 % des patients traités par Nutrilarm® ressentaient une sécheresse oculaire sévère après six mois de
traitement contre 9,5 % des patients du groupe placebo alors
qu’ils étaient environ 20 % à la visite d’inclusion. Par ailleurs,
l’expression sur les cellules épithéliales de la conjonctive
du marqueur d’inflammation HLA-DR était diminuée dans
le groupe Nutrilarm® alors qu’elle était augmentée dans
le groupe placebo après six mois de traitement, confirmant ainsi l’activité anti-inflammatoire des AGPI même
si cette différence était non significative. La prise de
compléments alimentaires à base d’AGPI permettrait
donc de diminuer l’inflammation de la surface oculaire,
permettant ainsi d’éviter la prise de traitements antiinflammatoires connus pour leurs effets indésirables.
La plupart des autres données cliniques, objectives
ou subjectives, avaient, elles aussi, une tendance à
l’amélioration plus importante avec Nutrilarm® qu’avec le
placebo. La non-significativité des autres données peut être
liée à un effet du placebo, qui pour des raisons techniques
contenait de l’huile d’olive, les capsules molles nécessitant
454
un remplissage par un composé huileux pauvre en omégas 3 et 6.
La population étudiée était représentative de la population la plus touchée par la sécheresse oculaire, avec une
très grande majorité de femmes (91,7 %) et un âge moyen
de 61,54 ± 11,87 ans. Les deux populations (groupe placebo et groupe Nutrilarm® ) étaient comparables en termes
d’étiologies de la sécheresse oculaire, renforçant ainsi la
validité de nos résultats. De plus, la randomisation et le
double insu écartent le biais de sélection dans le suivi
et l’évaluation des résultats. Notre étude confirme sur
une large population que l’administration d’un complément
nutritionnel (n-3, n-6, associés à des antioxydants, vitamines
et au zinc) en plus d’un traitement local par les larmes artificielles utilisé à posologie optimale peut aider à diminuer
les symptômes liés à la sécheresse oculaire et à améliorer le
confort du patient et dans une plus large mesure sa qualité
de vie.
Déclaration d’intérêts
Les laboratoires Théa ont financé cette étude clinique et
la rédaction de cet article. Les auteurs n’ont aucun intérêt
financier, ni dans les laboratoires Théa, ni dans le produit
Nutrilarm® .
Remerciements
Nous adressons nos remerciements à l’ensemble des investigateurs de cet essai : I. Aknin, Y. Arnoux, Y. Barraud, T. Bury,
L. Caspers, G. Decroix, B. Delbosc, M. Delfour-Malecaze,
B. Duchesne, O. Dusseil, F. Falcao Dos Reis, F. Hanoun,
T. Hoang-Xuan, P. Jacquelin, L. Laroche, M. Monteiro
Grilo, G. Mounier, A.-M. Pariente, M. Rolando, S. Roncin,
M. Sauvourel, M.-C. Veschambre, J.-P. Vounatsos, ainsi
qu’aux membres de l’équipe des laboratoires Théa,
L. Delval, S. Guyon, D. Renault, B. Vincent.
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