La tribune de l`assurance - Une interprétation stricte de la faute
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La tribune de l'assurance - Une interprétation stricte de la faute intention... http://www.tribune-assurance.fr/cms/p_152136/une-interpretation-strict... 16 SEPTEMBRE 2014 Une interprétation stricte de la faute intentionnelle Par Arnaud Magerand, avocat associé, cabinet Camacho & Magerand RÉSERVÉ AUX ABONNÉS La faute intentionnelle, au sens de l’article L. 113-1 du code des assurances, implique la volonté de créer le dommage tel qu’il est survenu. La SMACL avait indemnisé son assuré, la commune de Dunkerque, de ses dommages consécutifs à l’incendie par deux personnes qui ont été condamnées pénalement pour destruction et détérioration d’objets mobiliers et de biens immobiliers par l’effet d’un incendie. En l’occurrence, ces jeunes gens avaient reconnu être montés sur le toit d’une piscine municipale avec une bouteille contenant de l’essence, avoir répandu cette essence sur le toit et y avoir mis le feu à l’aide de briquets. Le toit du bâtiment s’était embrasé avant de se propager à la salle des sports. Exerçant son recours subrogatoire, la SMACL a assigné ceux-ci ainsi que leur assureur respectif, Pacifica et la Macif, en remboursement des indemnités versées. Au soutien de leur refus de garantie, les assureurs des incendiaires invoquaient les dispositions de l’article L. 113-1 du code des assurances, qui prévoient que l’assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d’une faute intentionnelle ou dolosive de l’assuré. Or, l’autorité du juge pénal sur le juge civil impliquerait que lorsque le juge pénal condamne l’assuré pour destruction volontaire d’un bien par incendie, la faute commise par ce dernier constituerait « nécessairement » une faute intentionnelle au sens de l’article L. 113-1 alinéa 2 du code des assurances, même s’il n’a pas eu la volonté de créer le dommage que son geste a provoqué. C’est à une interprétation bien plus stricte de la notion de faute intentionnelle à laquelle se livre la deuxième chambre civile dans son arrêt. La faute intentionnelle, au sens de l’article L. 113-1 du code des assurances, implique la volonté de créer le dommage tel qu’il est survenu. Elle n’exclut de la garantie due par l’assureur à l’assuré, condamné pénalement, que le dommage que cet assuré a recherché en commettant l’infraction. Les assureurs des incendiaires tenus d’indemniser Ainsi, la Cour d’appel, après avoir souverainement apprécié, au vu du dossier pénal, que les auteurs n’avaient pas délibérément recherché les conséquences dommageables effectivement survenues, a, sans méconnaîre le principe de l’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil, pu décider que les assureurs étaient tenus à garantie. Il doit être précisé que les conditions générales de la police de la Macif excluaient de la garantie « les dommages de toute nature causés ou provoqués intentionnellement par l’assuré ou avec sa complicité ». La deuxième chambre civile écarte cette clause dont l’interprétation relève de « l’analyse sémantique non probante » et en ce qu’elle ne serait ni formelle, ni limitée. Il s’agit là d’une nouvelle illustration de la tendance visant à restreindre la notion de faute intentionnelle. 1 sur 2 28/10/2014 15:27 La tribune de l'assurance - Une interprétation stricte de la faute intention... http://www.tribune-assurance.fr/cms/p_152136/une-interpretation-strict... Civ. 2e, 12 juin 2014, n° 13-15.836 2 sur 2 28/10/2014 15:27