Quels résultats aux lendemains des JO d`Athènes

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Quels résultats aux lendemains des JO d`Athènes
Quels résultats aux lendemains des JO d’Athènes
La plus grande mobilisation « anti-sweatshop » de tous les temps ?
Play Fair at the Olympics a été une campagne mondiale, originale dans ses multiples formes et dynamique, à
laquelle ont participé des syndicats et des organisations de défense des droits des travailleurs aux quatre coins du
monde, dans des pays de consommation et dans des pays de production. Des centaines d'organisations et des
athlètes de haut niveau y ont pris part dans plus de 35 pays. Plus de 550.000 signatures ont été rassemblées,
soutenant la campagne. Plus de 500 actions de mobilisation ont été organisées au niveau local, contribuant à une
bonne couverture médiatique à travers le monde.
Une campagne grand public
En Belgique, plus de 200 actions
locales ont été organisées et plus de
90.000 pétitions ont été récoltées.
En France, plus de 340 actions
différentes ont eu lieu dans 89 des
97 départements.
Le Parlement européen a passé une résolution soutenant les objectifs de
la campagne, le Parlement britannique a également témoigné son
soutien, ainsi que le Congrès des Etats Unis De nombreux membres de
plusieurs parlements nationaux ont également soutenu la campagne.
Cette mobilisation a montré à l’industrie des vêtements de sport que les
consommateurs et les travailleurs partagent les mêmes préoccupations
concernant l'abus et l'exploitation des travailleurs largement répandus au
sein des filières d’approvisionnement des marques bien connues du
public.
Depuis le mois de mars, la campagne a également favorisé la résolution positive de plusieurs conflits du travail
chez des fournisseurs de vêtements de sport comme, par exemple au sein de l’usine PT Busana produisant pour
Lotto, de l’usine Teodore produisant pour Umbro et Reebok et de l’usine PT Panarub produisant pour adidas
Le début d'une solution sectorielle ?
Nous avons réussi à mener sept importantes multinationales de vêtements de
sport autour de la table avec l'Organisation internationale du travail (OIT) et
mis en discussion notre proposition pour un "programme de travail" d'Athènes
à Pékin, conçu pour mettre un terme aux abus de travail continus dans
l'industrie de vêtements de sport.
La Fédération mondiale de l'industrie des articles de sport (WFSGI) étudie
actuellement ce programme de travail commun. Nous espérons qu'ils
accepteront de collaborer pour le mettre en application. En juillet 2004, la
WFSGI a mis en place un nouveau comité qui discutera nos propositions lors
de sa réunion en septembre. Nous rendrons compte publiquement des progrès
éventuels obtenus.
Progrès avec des entreprises
Les militants des droits des
travailleurs du Sud disent que
la campagne a créé une
chambre d’échos pour leurs
propres campagnes en faveur
des droits des travailleurs. Ces
campagnes ont trouvé un point
d’orgue dans l’organisation de
Jeux Olympiques régionaux qui
ont eu lieu à Bangkok, du 8 au
10 août, à la veille des JO
d’Athènes.
Parallèlement à cette approche sectorielle, l'équipe internationale de la campagne a rencontré individuellement 4
des 7 compagnies ciblées (Puma, Asics, Mizuno et Umbro). Cela a permis de commenter le rapport de base de la
campagne et de présenter nos propositions qui ont généralement été accueillies de manière constructive.
En degrés variables les compagnies se sont engagées à :
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Prendre en compte les considérations liées à la liberté d'association des travailleurs en favorisant la
formation des travailleurs, organisée en coopération avec des organisations impliquées dans la campagne
(Umbro et Puma)
A pointer : L’usine Panarub en Indonésie
Les organisations impliquées dans la Campagne Play Fair ont été préoccupées par les conditions de travail dans
l’usine de chaussures Panarub à Tangerang (Java Ouest) qui produit pour Adidas. Cette année, Adidas et
Panarub ont coopéré dans une enquête détaillée sur les conditions de travail dans l’usine et ont répondu
positivement aux recommendations qui en ont découlé. L’enquête, menée par l’oganisation américaine Worker
Rights Consortium avait soulevé de sérieux manquements tels que certains salaires inférieurs au salaire
minimum légal, discrimination vis-à-vis des délégués syndicaux, renvoi abusif de travailleurs, abus verbaux, et
des manquements en matière de sécurité et d’hygiène. (voir le rapport du Forum pour des informations
actualisées)
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Créer un espace de dialogue avec la fédération internationale des travailleurs de textile, de cuir et de
vêtement concernant les droits des travailleurs de former et de se joindre à un syndicat (notamment
Puma et Umbro)
Développer de manière plus crédible des enquêtes sur les lieux de travail et des procédures de plaintes
accessibles aux travailleurs en collaboration directe avec des parties prenantes locales (notamment Puma
et Umbro)
Prêter une plus grande attention à l'impact de leurs pratiques d’achat sur leurs engagements éthiques et
partager l'information appropriée avec la campagne (Puma)
Evaluer et développer plus avant leurs politiques en matière de pratiques d’emploi, en y incluant des
critères de traçabilité des filières d’approvisionnement et de salaire (notamment Asics et Mizuno)
Inviter la Fédération mondiale (WFSGI) à jouer un rôle plus actif en promouvant une référence au niveau
du secteur industriel, pour faciliter spécifiquement le progrès pour les compagnies plus petites telles que
Lotto, le Mizuno et Asics.
Prendre en considération la possibilité de collaborer avec d'autres compagnies actives et organisations
nongouvernementales par l'intermédiaire de la Fair Labour Association (Umbro a fait une demande
d'adhésion à FLA, Asics étudie cette possibilité, Puma a rejoint FLA avant la campagne)
Réponses formelles de l'industrie de vêtements de sport au Programme de travail développé dans le
cadre de la campagne Play Fair
Fair Labour Association
Les compagnies membres de FLA (Nike, Reebok, Adidas et Puma) ont conjointement réagi au programme de
travail qui a été présenté par la campagne. Elles ont confirmé l'importance centrale de promouvoir la liberté
d'association et leur besoin de conseils additionnels pour la mise en œuvre de contrôles en cette matière et pour le
développement de stratégies de correction et d’amélioration qui fournissent à des travailleurs la conscience et
l'environnement requis pour former ou pour joindre des organisations de leur propre choix. Les entreprises
membres de FLA travailleront également pour développer des mécanismes de plaintes plus efficaces et de
nouvelles formes de dialogue et de coopération avec les parties prenantes locales.
Reebok :
A fait bon accueil à l’apport de la campagne concernant les initiatives visant l’amélioration de la participation des
travailleurs. Reebok aborde la liberté d'association en se concentrant sur des programmes de représentation des
travailleurs dans les usines. Reebok poursuit activement un programme pour empêcher la mise sur liste noire des
représentants syndicaux dans les usines. L’entreprise soutient une approche sectorielle. Elle est favorable dans ce
contexte à un rôle pour l'OIT. Notre rapport de campagne a aidé Reebok à réfléchir sur des manières d'améliorer
la mise en oeuvre de son code de la conduite. Reebok accueille favorablement de futurs contacts.
Puma :
Puma a été une des premières compagnies à inviter la campagne à son QG pour discuter le rapport de campagne
et pour explorer la collaboration. L’entreprise est favorable à collaborer avec des organisations locales pour
appuyer les efforts de contrôle interne. L’entreprise a mandaté un chercheur pour étudier la relation entre la mise
en œuvre de codes de conduite et les pratiques d’achats. Elle est prête à discuter de sa participation à une réunion
régionale de consultation et de planification en Asie en 2004.
Adidas :
Adidas appuie la proposition de tenir une conférence des différentes parties prenantes en Asie comprenant les
fournisseurs, les syndicats et les ONG locaux. La société ferait bon accueil à la participation de l'OIT comme
facilitateur d’une telle réunion. Dans des pays où Adidas s’approvisionne, elle entretient une discussion avec des
représentants gouvernementaux à propos de la liberté d'association des travailleurs.
Réponses tardives :
Lotto, Fila et Kappa ont réagi très tardivement. Lotto a proposé d’organiser une réunion sectorielle en Italie. Fila a
accepté de rencontrer la campagne après les Jeux Olympiques d’Athènes. Kappa a indiqué une bonne volonté pour
organiser une réunion.
Une matrice des réponses plus précises de la part des entreprises est disponibles sur
www.fairolympics.org/en/actnow/table.htm
Une plus grande transparence des filières d'approvisionnement :
Lors des rencontres avec les entreprises autour du Rapport de la campagne, elles se sont montré disposées à
divulguer aux organisateurs de la campagne les lieux où elles se fournissent. C'est quelque chose que peu de
marques de vêtements de sport ont été disposées à faire dans le passé, et elle augmente la possibilité de
contrôler le respect des droits des travailleurs sur les lieux de travail.
Les compagnies membres de FLA ouvriront leurs chaînes d'approvisionnements pour un examen plus détaillé, ce
qui est un développement positif.
Progrès limité avec le mouvement olympique :
Le Comité olympique international (IOC), a catégoriquement refusé de porter une quelconque responsabilité pour
le respect des droits des travailleurs occupés dans les filières d’approvisionnement de ses sponsors et des
dépositaires de ses licences que ce soit au niveau national, international ou à celui de l’organisation des Jeux. Le
CIO a néanmoins convenu que les objectifs de la campagne convergent avec l'esprit olympique, le principe de fair
play et d’éthique. Il a accepté de participer au dialogue avec l’industrie à l'échelle sectorielle dans l’objectif de
combattre les abus des droits des travailleurs dans le secteur des vêtements de sport.
Beaucoup de comités olympiques nationaux et plusieurs athlètes ont soutenu l'appel de la campagne
Une ouverture pour le progrès aux Jeux Olympiques d'hiver ? :
Le Comité organisateur des Jeux Olympiques d’hiver de 2006 à Turin (TOROC) a adopté une "charte d’intentions".
La charte peut être une contribution à la définition de normes éthiques pour des événements sportifs mondiaux.
Sur cette base, TOROC a exprimé un intérêt pour discuter en automne 2004, avec les organisateurs de la
campagne les manières d'améliorer des valeurs sociales et morales dans le sport.
Quelques préoccupations du côté du CIO et de la WFSGI
L’attitude du CIO déçoit particulièrement la campagne. Le CIO n’a pas pris la campagne en considération. Il l’a
même dénigré publiquement. Les demandes que nous lui adressions étaient pourtant raisonnables (renforcer les
mécanismes de plaintes dans ses programmes de sponsoring et d’octroi de licences et ajouter spécifiquement le
respect des droits des travailleurs de l’industrie du sport dans la charte olympique). Le CIO a refusé d'accepter les
pétitions, plus d’un demi-million de signatures collectées autour du monde réclamant la prise de responsabilité du
CIO.
Si certaines compagnies individuelles ont bougé, on est encore très loin d’une quelconque ligne d’arrivée, ni
d’améliorations durables. Pékin 2008 sera une des prochaines étapes d’évaluation des progrès accompli.
La fédération mondiale de l’industrie du sport n’a pas répondu de manière significative aux propositions de la
campagne. Elle n'a fourni aucune indication sur la façon dont elle prendra en considération les manquements de la
plupart de ses membres de suivre son propre code de conduite.
Continuons le combat
Au bout de cette campagne, les marques de sport, y compris les moins connues d’entre elles, ne peuvent plus
ignorer ou contourner leurs responsabilités sur le respect des droits des travailleurs dans l’industrie des
vêtements de sport.
La campagne a mis en évidence que les pratiques en vigueur basées sur divers codes de conduite individuels n'ont
pas atteint l’objectif d'éviter les violations et abus; et qu’il est temps pour les plus grandes marques d’intégrer
leurs engagements dans leurs pratiques d'achat.
Nous avons poussé les entreprises à entamer une discussion à la recherche de solutions à l’échelle du secteur.
Nous espérons qu'elles s’impliqueront sérieusement dans ce processus et nous rendrons compte publiquement du
progrès. Malgré le refus exprimé actuellement par le CIO de jouer un rôle proactif en la matière, nous
continuerons à faire campagne pour nous assurer que l'idéal olympique se prolonge sur les femmes et les hommes
qui fabriquent les vêtements et chaussures de sport.
La campagne a développé un programme de travail d’Athènes à Pékin. Il trace le chemin à parcourir par les
entreprises, le secteur, les autorités olympiques. Mettons y le rythme et les étapes

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