1906 catastrophe de courrieres
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1906 catastrophe de courrieres
1906 CATASTROPHE DE COURRIERES Quelques jours avant la catastrophe, un feu prenait à cent mètres de l’accrochage, allumé par l’imprudence d’un galibot, dans un tas de bois (ou peut-être d’un coup de grisou (1)) et tout de suite, l'incendie s’est propagé avec une rapidité et une intensité extraordinaire. Dans la galerie voisine, l’ingénieur en chef fait prendre les mesures nécessaires, c'est-à-dire « emmurer le feu ». Mais cela n’empêchait pas la fumée et les gaz de passer. La mine sentait mauvais, on relevait des exhalations toxiques et pourtant, les hommes continuaient à descendre. Alors qu’à la surface, la température est descendue bien en deçà de 0°C, dans les fosses, à deux cent quatre-vingt mètres, la chaleur est intense, la poussière et en suspension. En ce samedi 10 mars, à six heures et demie, une détonation profonde et brutale ébranle les galeries ! C’est une vision d’enfer dira un rescapé, à l’autre bout de la taille, une trombe de feu passa dans les couloirs, un cheval se cabre parmi les flammes, des bennes culbutées, des mineurs qui se tordaient en tombant. En une seconde, la mort avait fait son œuvre. A la surface, six heures et demie venait de sonner aux horloges de Méricourtcoron, quand l’explosion se produisit ! Les flammes sortirent par les puits 3-4 et 2, des bennes étaient projetées à 10 m de hauteur tuant deux hommes. On dit même qu’un cheval, tout raidi, à demi carbonisé, avait été lancé par la fosse 3. Après la stupeur première, un cri d’horreur s’échappe sur toute la plaine, les enfants, les femmes et les mères courent vers les carreaux. Dix-huit cents hommes environ sont prisonniers dans ces trois puits. Vers dix heures du matin, après avoir déblayé les décombres, les premières cages peuvent enfin ramener une dizaine d’hommes à demi asphyxiés. D’heure en heure, la mine restitue des victimes, mais au crépuscule, plus de douze cents travailleurs n’étaient pas encore remontés. Dans la plaine de Courrières, 6.000 personnes guettent les remontées de mineurs, mais maintenant il ne s’agit plus que de cadavres, qu’amenaient les brancardiers. Le lundi 12, vers cinq heures du soir, dix huit sauveteurs wetphaliens de la Hibernia équipés de masques à oxygène, sont venus participer aux recherches. (1) Il semble que le coup de grisou antérieur au 10 mars, ait été à l’origine d’un danger inconnu alors, le coup de poussière (inflammation d’énormes quantités de poussières en suspension.) Vignau-Barranx, François-Joseph (pseud. Serge Barranx). La Volonté de vivre. (1907).Gallica. bnf 1906 CATASTROPHE DE COURRIERES Toute la plaine de Courrières n’est qu’un grand linceul blanc. Sous les rafales de neige, plus de dix mille personnes en deuil accourent en ce matin du 13 mars pour se rendre aux différents points de réunion. A Sallaumines, à Fouquières, à Noyelles, à Billy-Montigny, à Montigny-en-Gohelle, à Hénin-Liétart (Hénin-Beaumont), à Vitry, avaient lieu les obsèques des victimes appartenant à ces diverses localités. Mais c’est à Méricourt qu’on procéde aux funérailles des morts anonymes. Sous le hall, les cercueils s’alignent, tandis qu’une foule immense se presse en un cortège imposant de tristesse. Sur des brancards, portés à bras par les mineurs vêtus de leur costume de travail, les cercueils s’avançent, toujours sous la neige, entre la double haie des soldats du génie. Après les hommages rendus aux victimes, le cortège part vers le cimetière où une grande tranchée les attende. On descend les bières des anonymes, puis, quand toutes sont alignées, les fossoyeurs comblent le trou. Des grèves s’annonçaient partout, des femmes, des mères, passant devant la fosse 3 criaient leur colère. Les jours passaient, la grève était prête à s’étendre dans toute la région du Nord. Le 30 mars –Le journal de Lille, porte ce titre « Treize mineurs retrouvés vivants ». C’est à 7h30 que des survivants ont été découverts. Une équipe de travailleurs allait remonter au jour après une nuit employée à combattre l’incendie, lorsqu’elle vit venir à elle ce groupe qui se traînait avec peine. A la fosse 3 de Méricourt, les treize hommes sortent péniblement de la cage, sans aide… Les mains devant les yeux, car la lumière du jour les éblouit. On les mène à la lampisterie, on les couche sur des matelas à même le sol, puis on les couvre d’édredons car tous grelottent. La grève s’étendait menaçante et farouche jusqu’à Denain. Des groupes de cavalerie, cuirassiers, dragons et gendarmes, soit près de 20.000 hommes, protégeaient les sites des déprédations. Le 4 avril, Une équipe de sauveteur trouva un autre rescapé, Auguste Berton, mineur à Salaumines, Vignau-Barranx, François-Joseph (pseud. Serge Barranx). La Volonté de vivre. (1907).Gallica. bnf