LE VETEMENT DE LA TORAH

Transcription

LE VETEMENT DE LA TORAH
LE VETEMENT DE LA TORAH
Traduction
Charles d’Hooghvorst
Le lecteur découvrira ci-dessous une belle page du Zohar1 sur la lettre et
l’esprit de l’Ecriture.
Rabbi Shimeon dit : Malheur à l’homme qui prétend que la Torah2 n’est
venue que pour raconter de simples narrations, des paroles ordinaires ; s’il en
était ainsi nous pourrions actuellement faire une Torah sur des sujets ordinaires
et même de plus excellents. Les princes du monde possèdent aussi des livres
contenant des paroles plus élevées, dont nous pourrions d’une certaine
manière faire une Torah.
La Torah contient dans chacune de ses paroles des choses élevées, des
secrets suprêmes.
Viens et vois : Il y a le monde d’en haut et le monde d’en bas, qui
s’équilibrent. Israël en bas, correspond aux anges supérieurs en haut dont il
est écrit : « Des souffles, il fait ses montagnes » (Psaumes 104, 4). Lorsque les
messagers descendent ils se revêtent du vêtement de ce monde ; s’ils
n’étaient pas revêtus du vêtement semblable à ce monde, ils ne pourraient
pas rester en ce monde, ni ce monde les supporter. S’il en est ainsi pour les
messagers, combien plus en est-il pour la Torah, qui créa les messagers et tous
les mondes, qui se maintiennent par elle. Puisque la Torah descendit en ce
monde, si elle ne s’était pas revêtue de ces vêtements qui sont dans le
monde (c’est-à-dire les narrations et les sujets ordinaires), le monde n’aurait
pu la supporter.
Ainsi donc, cette narration dans la Torah est le vêtement de la Torah.
Celui qui pense que ce vêtement est la Torah réelle, et qu’il n’y a pas autre
chose en elle, celui-là n’aura pas part au monde à venir. C’est pourquoi
David a dit : « Dévoile mes yeux et je considérerai les merveilles de la Torah »
(Psaumes 119, 18). C’est-à-dire ce qui est sous le vêtement de la Torah.
Viens et vois : Il y a un vêtement qui est vu de tous ; ceux-ci sont les sots3
qui, lorsqu’ils voient un homme bien vêtu, ne considèrent que la somptuosité
Le Zohar, Rabbi Ashlag, 3e partie, 151b – 152a, vol. 15.
Torah signifie enseignement, instruction, loi ; c’est ici l’Ecriture Sainte. Pour comprendre le
sens profond du mot, il faut savoir qu’il vient de la racine Yaroh (arroser), ce qui rappelle le
baptême chrétien.
3 Autre sens : les ignorants.
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de son vêtement, et rien de plus ; ils prennent le vêtement pour le corps de
l’homme et son corps pour son âme.
De même en est-il pour la Torah : elle a un corps : ce sont les
commandements de la Torah, appelés corps de la Torah. Ce corps revêt des
vêtements qui sont les narrations de ce monde ; les sots qui sont en ce monde
ne considèrent que le vêtement qui est le récit de la Torah, et ne connaissent
pas plus ; ils ne méditent pas sur ce qui se trouve sous ce vêtement. Ceux qui
connaissent plus, ne considèrent pas le vêtement, mais le corps qui est sous le
vêtement. Ensuite il y a les Sages, serviteurs du Roi suprême, ceux-là se
tiennent dans la montagne du Sinaï et contemplent l’âme (neshamah) qui
est dans la Torah ; c’est la racine de tout, la Torah véritable.
Dans le futur, ils pourront contempler l’âme de l’âme qui est dans la
Torah (…).
Malheur à ces impies qui disent que la Torah n’est rien de plus que
seulement un récit, ils ne voient que le vêtement.
Heureux les justes qui considèrent la Torah comme il faut.
Le vin ne peut se garder que dans une jarre, de même la Torah ne peut
résider que dans ce vêtement. C’est pourquoi il ne faut considérer que ce
qu’il y a sous cette enveloppe, toutes ces narrations et paroles ordinaires
étant les vêtements de la Torah.
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