Intervention de l`Ambassadeur au Circulo Ecuestre de Barcelone

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Intervention de l`Ambassadeur au Circulo Ecuestre de Barcelone
« Une nouvelle étape
dans les relations franco-espagnoles »
Intervention de l’Ambassadeur
au Circulo Ecuestre de Barcelone
(18 septembre 2007)
Chers amis,
Monsieur le Président Carreras,
-Merci de m’accueillir dans votre cercle
prestigieux, qui réunit la « fine fleur » de la
communauté d’affaires catalane.
-Je suis en Espagne depuis quatre mois et je
suis frappé par la vitalité du pays et tout
particulièrement de la Catalogne.
-J’effectue mon 2ème déplacement officiel à
Barcelone et j’ai l’intention de venir souvent, car
il se passe beaucoup de choses ici, où la
sympathie est naturelle pour la France , mais il
convient de travailler pour aller au-delà.
-1-
Aujourd’hui, je souhaiterais vous faire passer
cinq messages :
1) La France retrouve son dynamisme :
-Dynamisme démographique : natalité forte
(2,1 enfants par femme), qui permet de
compenser la tendance au vieillissement de la
population active française (départ à la retraite
des Baby-Boomers).
-Dynamisme politique : vitalité de notre
démocratie démontrée par la participation
exceptionnelle
aux
dernières
élections
présidentielles ;
énergie
du
Président
SARKOZY, qui manifeste sa volonté de faire
changer les choses ; équipe gouvernementale en
place et pouvant s’appuyer sur une large majorité
au Parlement.
-Programme de réformes structurelles lancé :
retour à l’équilibre des comptes publics; réforme
des retraites, pour prolonger celle de 2003 ;
réglementation pour faciliter le recours aux
heures supplémentaires ; développement des
crédits
impôts-recherche ;
réforme
des
Universités pour plus d’autonomie et plus
d’ouverture sur le monde et l’entreprise.
-2-
-Nouvelle politique industrielle : tournée vers
la constitution de « Champions européens », pour
gagner des parts de marché face à la concurrence
mondiale : refonte de la gouvernance de EADS /
AIRBUS ; fusion SUEZ / GDF venant d’être
approuvée ; nouvelle perspective en vue pour
AREVA / ALSTOM. Au même moment, les
grands groupes français (CAC 40) affichent des
résultats-records
et
poursuivent
leur
développement à l’international.
-Attractivité du territoire : la France a
accueilli 50 Md € d’Investissements directs
étrangers (IDE) en 2006, ce qui fait d’elle la 2ème
destination d’IDE en Europe (après la GrandeBretagne). Sur les cinq dernières années, la
France se situe au 4ème rang mondial derrière les
Etats-Unis et la Chine (source FMI et OCDE).
Hausse du nombre d’emplois créés en France par
des IDE : 33.000 en 2005. Niveau-record en
nombre de projets : 664 en 2005 (contre 591 en
2004).
-Nouvelle politique de l’immigration : en
cours de refonte, pour obtenir une meilleure
adaptation aux besoins réels de l’économie en
termes d’emplois, mieux lutter contre la fraude et
-3-
travailler plus en amont avec les pays-sources
(co-développement). Nous travaillons d’ailleurs
activement avec le gouvernement catalan qui
prépare une loi pour l’accueil des étrangers.
Vous, Catalans, je vous invite à voir la
France comme une opportunité d’affaires,
comme un marché à conquérir de 60 millions de
consommateurs à vos portes.
2) Le regard de la France sur l’Espagne a
changé et la Catalogne en est le plus bel
exemple :
L’Espagne est un partenaire privilégié
stratégique de la France (et non plus un
partenaire secondaire ou un simple débouché
commercial), pour plusieurs raisons :
-Ouverture de la relation franco-allemande :
la relation entre Paris et Berlin est toujours
nécessaire, mais elle n’est plus suffisante pour
faire avancer l’Europe. Preuve la plus récente : la
bonne entente entre le Président SARKOZY et le
Président ZAPATERO, mise au service de la
Présidence allemande pendant le dernier Conseil
européen, a permis de remettre l’Europe sur les
rails en mettant fin au blocage institutionnel.
-4-
-Dynamisme de l’Espagne : taux de
croissance supérieur à celui de la France depuis
10 ans, baisse continue du chômage, force de la
consommation intérieure, excédent des comptes
publics. La vitalité de l’économie espagnole et
notamment catalane impressionne et la France
veut y prendre toute sa part. Deux fois plus de
Français vivent depuis 2000 en Catalogne
(40.000).
-L’Espagne, point d’entrée pour l’Amérique
latine : les entreprises françaises s’installent à
Barcelone et Madrid pour profiter de la
croissance catalane et espagnole, mais aussi pour
se lancer sur les marchés ibéro-américains.
-Nécessité d’un rééquilibrage de l’Europe
vers le Sud, après une décennie d’extension à
l’Est : importance de la dimension euroméditerranéenne, qui est notre intérêt commun.
Apport du Processus de Barcelone (1995) et
volonté de la France d’aller de l’avant, avec
l’Espagne,
sur
le
projet
d’Union
méditerranéenne.
-5-
3) Entre nos deux pays, on part d’une
situation qui est très bonne :
-La France est le 1er partenaire économique de
l’Espagne. En 10 ans, le volume des échanges
commerciaux entre les deux pays a doublé. Il
s’échange chaque jour 200 M € entre nos deux
pays. La France est de loin le 1er client de
l’Espagne (19 % des exportations espagnoles),
loin devant l’Allemagne (11 %).
-La France est également le 1er partenaire
économique de la Catalogne. Français et
Catalans développent leurs échanges dans tous
les domaines. La France est le 1er client de la
Catalogne (21 % des exportations) et son 2ème
fournisseur (12 % des importations). La France
est le 1er investisseur étranger en Catalogne ;
votre région accueille l’essentiel de nos
investissements en Espagne (85 %).
Environ 750 entreprises françaises installées
en Catalogne, i.e. autant que dans le reste de
l’Espagne. Quelques exemples : Renault,
Peugeot, Michelin, Alcatel, Alstom, Thalès, Bic,
Carrefour, Auchan, Leroy-Merlin, Décathlon,
Conforama, FNAC, Danone, Sanofi-Aventis,
Pierre Fabre, L’Oréal, Dior, Hermès, Chanel,…
-6-
Cette relation s’inscrit dans la durée, comme en
témoignera l’année prochaine le 125ème
anniversaire de la chambre de commerce francocatalane dont je salue la présence aujourd’hui du
Président – Gérard Lheure – et du Directeur
Général – Philippe Saman.
-L’Espagne est le 3ème partenaire commercial
de la France (après l’Allemagne et l’Italie), i.e.
son 2ème client et son 3ème fournisseur. Montant
des échanges : 67 Md € en 2006, soit + 5% par
rapport à 2005. L’Espagne est également le 1er
excédent commercial de la France (9 Md€). Ce
que nous importons d’Espagne : automobiles (1er
poste, soit 10 Md €), biens intermédiaires
(8 Md €) et biens de consommation, notamment
agroalimentaires (3 Md €).
-Tourisme : un point fort de nos deux pays : la
France et l’Espagne sont les deux premières
destinations touristiques dans le monde, qui
accueillent respectivement 76 et 59 M de
visiteurs (2006). Activité qui rapporte chaque
année 35 Md € à la France et 50 Md € à
l’Espagne. La France est la 1ère destination
étrangère des Espagnols, avec plus de 3 M de
visiteurs par an. Et chaque année, 9 M de
Français séjournent en Espagne.
-7-
-Tourisme, un point fort de la relation francocatalane : avec 30 M de visiteurs par an, la
Catalogne est la 1ère destination en Espagne pour
les touristes étrangers. Les Français sont les plus
nombreux à visiter votre région, devant les
Britanniques et les Allemands : ils représentent
un touriste sur 4. La moitié des Français qui
visitent l’Espagne, choisissent de venir en
Catalogne. Chaque année, les touristes français
dépensent ici plus de 2 Mds €.
-Une présence accrue des entreprises
françaises en Espagne : présence à la fois
ancienne et diversifiée. Au total, plus de 1500
entreprises françaises implantées en Espagne.
Soit plus de 300.000 emplois notamment dans la
grande distribution, l’immobilier, les services
aux entreprises, les services financiers et, bien
entendu, l’automobile. Les entreprises françaises
sont un facteur clé du dynamisme espagnol et
catalan. Parmi les 20 plus grands groupes
espagnols figurent 3 groupes français :
Carrefour, Renault et Peugeot.
La moitié des entreprises françaises installées
en Espagne le sont en Catalogne.
-8-
-Une présence accrue des entreprises
espagnoles en France : industrie automobile
(Antolin, Gestamp, Ficosa, Dalphimetal),
industrie du papier (groupe Tompla qui a repris
La Couronne), services (Prosegur), textile
(Inditex [Zara] et Mango) et services financiers :
La Caixa, caisse d’épargne de Catalogne.
Quelques opérations-phares : Ferroatlantica a
repris l’entreprise Péchiney Electrométallurgies
au canadien Alcan ; Ebro Puleva a racheté
Panzani (640 M €) ; l’espagnol Abertis s’est vu
attribuer par le Gouvernement français l’une des
trois concessions autoroutières, la SANEF.
Dans le bâtiment et l’immobilier, dynamisme
espagnol
particulièrement
spectaculaire :
200 M € investis par Fadesa à Massy (près
d’Orly), avec l’américain Colony Capital ;
80 M € investis par Metrovacesa à Boulogne. Et
progression de Sacyr dans le capital d’Eiffage :
l’opération fait certes l’objet d’un différend
délicat, mais elle est avant tout le signe du
dynamisme des groupes espagnoles et de leur
volonté de renforcer leur présence sur le marché
français, ce qui est une très bonne nouvelle.
-9-
Au total, l’Espagne est le 6ème investisseur
européen en France, ce qui est bien mais doit
encore être amélioré.
-Une communauté française en Catalogne de
plus en plus nombreuse : doublement en 10 ans
pour atteindre près de 40.000 personnes.
Communauté jeune, énergique et diverse
(étudiants, chercheurs, entrepreneurs, familles,
indépendants), qui se sent bien dans cette région
et qui prend toute sa part à son dynamisme.
4) Ensemble, nous devons faire encore
plus :
-Un contexte politique particulièrement
favorable : densité des relations (rythme des
rencontres ministérielles, contacts quotidiens
entre Administrations, y compris avec le
Gouvernement catalan - rencontre Montilla /
Colonna en décembre 2006 -) et intérêts
communs : lutte anti-terroriste, Europe de la
Défense, réforme de la PAC, politique
commerciale offensive de l’UE (préférence
communautaire), Euro-méditerranée, Amérique
latine,…
- 10 -
Plusieurs « fronts » ouverts pour progresser :
Les interconnexions entre les deux
pays : thème principal du prochain Sommet
franco-espagnol, en décembre à Paris.
-Train à Grande Vitesse (LGV) : il faut tout
faire pour relier Barcelone au réseau TGV le plus
vite possible. Au départ de Barcelone, on pourra
alors aller à Perpignan en moins d’une heure à
Lyon en moins de 4 heures.
Opportunité à saisir pour donner une
impulsion décisive à la coopération régionale
transfrontalière, au plus près des intérêts et
préoccupations des citoyens. Il faut préparer
ensemble cette arrivée.
-Ligne de Très Haute Tension (LTHT) : il
n’est pas normal que nos deux réseaux soient si
peu interconnectés. C’est un risque qu’on fait
peser sur l’ensemble du réseau et, au final, sur
les consommateurs (cf. coupure-géante de cet
été, qui a plongé la Catalogne dans le noir).
Implication des deux Gouvernements :
nomination d’un Coordinateur européen, en la
personne
de
Mario
MONTI,
ancien
- 11 -
Commissaire ; intensification des contacts
ministériels : BORLOO / ALVAREZ demain
mercredi à Paris ; BUSSEREAU / MORLAN la
semaine prochaine à Barcelone.
Bien entendu, dimension environnementale à
prendre en compte, mais urgence à aller de
l’avant car, sans LTHT, le projet de train rapide
sera compromis.
-Autoroutes de la Mer : moyen innovant pour
poursuivre le développement de nos échanges,
alors que les autres capacités de transports sont
très chargées, voire saturées. Appel à candidature
lancé sur la face atlantique. Le prochain : sur la
face méditerranée.
-Séminaires de préparation : en vue du
prochain Sommet, deux Séminaires auront lieu à
Madrid, l’un sur l’Energie le 29 octobre, l’autre
sur les Transports le 7 novembre. Dans les deux
cas, il s’agit de donner la parole aux intervenants
du marché.
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De notre côté, des initiatives et
réalisations importantes :
-Autoroute ferroviaire entre Perpignan et
Luxembourg : entrée en service le 10 septembre,
c’est la plus longue ligne de ferroutage de plaine
d’Europe (1050 km). Objectif pour octobre
prochain : 1 train par jour d’une quarantaine de
wagons. Objectif 2012 : 300.000 camions par an.
Solution plus rapide, plus économique et plus
respectueuse de l’environnement que la route.
-Base logistique de Perpignan : initiative
complémentaire de la politique de la Catalogne,
travail commun à faire pour développer les
atouts de la zone de part et d’autre de la
frontière, et faire du cœur de l’Euro-région une
plate-forme logistique ultra-compétitive. Le Port
de Barcelone donne l’exemple en développant
ses implantations en France. Barcelone doit
devenir la porte du sud de l’Europe, en pleine
complémentarité avec Toulouse ou Marseille, par
exemple.
-De grandes alliances en vue dans le domaine
énergétiques, notamment entre la France et
l’Espagne.
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-Le développement de projets communs de
recherche (environnement, nanotechnologies,
santé, etc…)
5) Sur le plan culturel également, nous
avons tout à gagner à renforcer nos liens :
-Développement
des
relations
entre
Universités : il y a actuellement 49 doubles
diplômes entre la France et la Catalogne, 800
étudiants participant au programme ERASMUS,
une grande implication de l’Université
polytechnique de Barcelone, un Campus ouvert à
Barcelone par l’Ecole de commerce de Toulouse.
Un projet : créer un nouveau programme de
Bourses en partenariat avec des entreprises
françaises implantées en Espagne et des
entreprises espagnoles : niveau Master II (MBA),
stage dans l’entreprise partenaire, montant de la
bourse entre 10.000 et 12.000 € par an, mise en
place en juin prochain.
-Développement
de
la
coopération
scientifique : il y a actuellement 3 Laboratoires
européens associés du CNRS en Catalogne (2 en
sciences humaines, 1 en chimie) et 7 projets de
coopération financés par le CNRS, 1 Laboratoire
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européen associé de l’INSERM à Barcelone, 33
projets du programme « Hubert Curien » en
Catalogne (un tiers des projets financés sur toute
l’Espagne). Relations privilégiées avec la région
Midi-Pyrénées en aéronautique et pour le pôle de
compétitivité Cancer-Bio-Santé. Un Conseil
scientifique franco-catalan a été mis en place
pour examiner les futurs projets de collaboration.
-Extension du réseau des Lycées français :
face à une demande en pleine croissance et à
laquelle on ne peut déjà pas répondre, il faut
tenter d’ouvrir de nouveaux établissements. Le
faire partout où cela est possible en Catalogne.
Un projet : ouvrir une nouvelle école française à
Barcelone. Votre aide sera la bienvenue.
-Accords éducatifs : pourquoi apprend-t-on
moins le français en Catalogne qu’en
Andalousie ? Les jeunes Catalans ont vocation à
connaître, comme leurs parents avant eux, la
langue du voisin et partenaire le plus proche. Il
n’y a que 12 % des élèves catalans du secondaire
et 7 % de ceux qui passent le baccalauréat, qui
apprennent la langue du pays situé à quelques
dizaines de km de leur maison !
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Et ce alors que 13.000 élèves des écoles
publiques françaises apprennent le catalan (dont
1.500 dans des sections bilingues) et que l’Etat
français dépense 10 M € par an dans la région
Languedoc-Roussillon pour le développement
des langues régionales !
Nous travaillons avec la Généralité pour
mettre en oeuvre un « Plan d’action pour la
langue française en Catalogne », indispensable
car le français est dans la région une langue de
l’emploi, de l’exportation et de l’investissement.
Quelques mesures : ouvrir des sections bilingues
dans les écoles catalanes, ainsi que des sections
européennes proposant des cours en français ;
développer la formation professionnelle en
français pour le tourisme, les transports, …
Je suis notamment venu à Barcelone, où je
reviendrai souvent, pour annoncer au maire de
Barcelone, comme je l’avais fait en juillet avec le
Président Montilla, notre ferme volonté d’ouvrir
un nouveau lycée français à Barcelone. Je
souhaite que cette démonstration de notre
engagement auprès des catalans marque une
nouvelle étape pour nos relations humaines,
culturelles et commerciales.
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