RENCONTRE - DEBAT Cycle EAU : La gestion des cours d`eau
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RENCONTRE - DEBAT Cycle EAU : La gestion des cours d`eau
RENCONTRE - DEBAT du 18 avril 2013 Relevé de conclusions Cycle EAU : La gestion des cours d’eau Etaient présents : voir liste en annexe. Monsieur Jacques LECLERC ouvre la séance à 10h30. Il rappelle que cette rencontre débat est organisée dans le cadre du cycle thématique entamé par le Syndicat Mixte pour l’Etude et la Protection de l’Environnement (SMEPE) sur le SDAGE et ses conséquences pour les politiques territoriales. En 2011 et 2012 ce cycle s’est traduit par l’organisation de rencontres débats et visites en lien avec l’assainissement et l’eau potable. Il présente la thématique, la gestion des cours d’eau et informe l’assemblée que ce cycle devrait se poursuivre par l’organisation dans le courant du mois de juin d’une journée dédiée aux zones humides. Il précise que la journée se déroulera en deux temps. En effet, suite à la rencontre débat de la matinée, une visite de terrain se déroulera le long du Touch à Tournefeuille. Monsieur LECLERC remercie Monsieur FABRE, Conseiller Général, pour sa présence à la tribune et passe la parole aux intervenants. DEROULEMENT DE LA RENCONTRE DEBAT HYDROMORPHOLOGIE ET CONTINUITE ECOLOGIQUE Diffusion d’un film de l’Agence de l’Eau : « la gestion des rivières » et Présentations de M.Gaël DURBE, chargé de mission « continuité écologique » Fédération Départementale de Pêche LA POLITIQUE DE SOUTIEN DU CONSEIL GENERAL AUX COLLECTIVITES EN MATIERE D’AMENAGEMENT DURABLE DES COURS D’EAU Présentation de Mme Hoëla FALIP, Service Eau– Conseil Général de la HauteGaronne LA GESTION DES COURS D’EAU PAR LE SYNDICAT INTERCOMMUNAL D’AMENAGEMENT HYDRAULIQUE ( SIAH ) DU TOUCH Présentation de M. Jean-Baptiste LUCAS, Technicien Rivière, SIAH du Touch 1 1 – L’HYDROMORPHOLOGIE La présentation est introduite par la diffusion d’un film de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne sur « l’espace rivière ». Monsieur LECLERC passe ensuite la parole à Monsieur Gaël DURBE, chargé de mission à la Fédération de pêche de Haute-Garonne. 1. Le rôle de la fédération de pêche Monsieur Gaël DURBE se présente et précise que son poste est subventionné par l’Agence de l’Eau dans le cadre de l’animation du projet de restauration de la continuité écologique. Il explique que la présence de la fédération de pêche à cette rencontre est justifiée par le fait que la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006 (LEMA) a donné à cette structure un rôle d’utilité publique. Ainsi le nom de la fédération a évolué en FDAAPPMA qui signifie Fédération Départementale des Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique. Cette mission de protection des milieux aquatiques existe toutefois depuis la création des premières associations de pêche, considérées comme indispensables pour assurer le bon état écologique des cours d’eau. 2. Définition des processus hydrauliques L’hydromorphologie des cours d’eau correspond aux processus hydrauliques qui font évoluer la forme de la rivière. En amont se trouve une zone de collecte de matériaux. Le processus de transfert des sédiments et leur sédimentation, va faire vivre et évoluer la rivière par la création de méandres, de bras, d’annexes hydrauliques qui vont se refermer, de dépôts en tresses… Cet équilibre est dynamique et rythmé par la fluctuation des débits. La balance de Lane est un outil qui symbolise tous les processus hydromorphologiques (transport solide, transport liquide). Elle représente l’équilibre que la rivière tendra à atteindre. Ces processus sont aussi régulés par la pente du cours d’eau, la taille des sédiments transportés et les processus d’érosion et de dépôt. Cette dynamique se déroule à différentes échelles de temps. Sur une durée de mille ans, une portion du cours d’eau peut évoluer de façon importante, et au sein même de cet équilibre dynamique se trouvent des zones plus ou moins stables qui évoluent sur quelques centaines d’années. L’échelle du temps représente des milliers d’années à l’échelle des paysages, ils évoluent avec l’érosion des rivières, la formation de gorges, de vallées, les dépôts… De façon plus rapide au niveau des rivières, sur des zones de transfert, on peut avoir des atterrissements qui se forment sur quelques dizaines d’années et des zones de stockage aval sur plus de 4000 ans. A l’échelle de petits tronçons du cours d’eau de quelques dizaines de mètres, le transport sédimentaire se fait de façon très rapide par des processus liés au débit. Ces sédiments constituent le filtre de la rivière qui permet l’autoépuration du milieu. Si les sédiments en présence sont relativement poreux, il y a des infiltrations dans les zones de rapides et des exfiltrations dans les zones de mouilles. Ce mécanisme naturel d’entretien du cours d’eau a été reproduit dans les filtres à piscine ou filtres d’aquarium, c’est un filtre mécanique et biologique des nutriments. La mobilité des sédiments à chaque crue, lorsque la pente naturelle n’est pas perturbée, permet la mise en œuvre des processus de brassage et nettoyage qui sont indispensables au bon fonctionnement de ces milieux. Il faut donc accepter de laisser ces mécanismes naturels se 2 dérouler. En tant qu’élu, il peut être compliqué d’expliquer et de faire accepter ce phénomène aux administrés. 3. Les enjeux socio-économiques et les écosystèmes aquatiques Les résultats socio-économiques Les crues, traditionnellement redoutées, permettent d’entretenir et structurer la rivière. Deux processus hydromorphologiques, assez liés, créent des événements souvent craints par les citoyens. La formation de méandres, qui engendre des zones de débordement, et le brassage amont aval des sédiments qui créé des atterrissements. En réalité, ces phénomènes limitent les débordements dans les zones à enjeux, lorsqu’elles sont situées au bon endroit. En effet, les méandres et zones de débordement permettent le ralentissement du temps de transfert de la masse d’eau. Cela favorise également la réalimentation de la nappe alluviale qui va soutenir la rivière au moment de l’étiage. Cela représente un intérêt pour l’agriculture mais il faut accepter que les parcelles soient inondées à certains moments. Pour le brassage amont/aval des sédiments, le renouvellement des matériaux par l’apport amont limite l’érosion dans les secteurs à enjeux, ouvrages et habitations. Dans le cas d’une zone perturbée au niveau du transport sédimentaire, à aval, les enrochements créés pour éviter l’effondrement de la berge se déchaussent par le bas, puisque le lit de la rivière s’affaisse et descend de plus en plus. La porosité du matelas alluvial permet aussi des infiltrations qui limitent l’augmentation de la température de l’eau. La vitesse des courants est ainsi ralentie car l’eau s’infiltre à des vitesses beaucoup plus lentes ce qui diminue la température d’étiage. La violence des crues est ainsi atténuée. Les résultats écologiques Les méandres et zones de débordement permettent le bon fonctionnement des zones humides. Le brassage amont aval du matelas alluvial favorise le renouvellement des sédiments, ainsi il conserve son épaisseur et sa porosité. Il permet le développement de micro-organismes, d’invertébrés, la reproduction des poissons. Cette augmentation de la biodiversité favorise la fixation des éléments constitutifs de la vie, l’azote et le phosphore qui permettent d’augmenter l’autoépuration. L’écosystème fonctionne mieux dans son ensemble. Les crues permettent d’éviter la saturation en matière en suspension, le développement de biofilms dans les filtres et le colmatage. 4. Conclusion L’adaptation de la gestion du cours d’eau aux contraintes hydromorphologiques est assez complexe. Il faut tout d’abord hiérarchiser les enjeux sur le bassin versant. L’identification et le programme de gestion et la valorisation de zones « tampons » permettent de dissiper les contraintes sur ces zones pour protéger les zones à enjeux et la mise en place d’outils pour prendre en compte les désagréments de propriétaires locaux (acquisition de terrains, conventions d’usage, compensation…). Il faut lier l’équilibre socio-économique et l’équilibre écologique, en reportant les crues et l’érosion sur des zones d’enjeux plus faibles. Le plus difficile est de faire accepter ces processus hydromorphologiques. L’objectif est de favoriser l’intérêt général face à l’intérêt particulier. 3 2 – LA CONTINUITE ECOLOGIQUE Ce terme a été mis en place progressivement dans un but d’amélioration de l’état écologique des cours d’eau. La Fédération de pêche travaille en collaboration sur le projet de restauration de la continuité écologique des cours d’eau de Haute-Garonne avec le Conseil Général, l’ONEMA (office national de l’eau et des milieux aquatiques), la DDT (direction départementale des territoires), l’UFBAG (union des fédérations de pêche Adour-Garonne). 1. Origine de la continuité écologique La directive cadre sur l’eau (DCE) demande un retour au bon état des eaux défini par l’état écologique et l’état chimique d’un cours d’eau. Ce bon état peut être difficile à atteindre pour certains cours d’eau très dégradés pour lesquels au minimum une amélioration est attendue. Depuis de nombreuses années, l’état des cours d’eau était associé totalement ou en grande partie à la qualité des cours d’eau. En réalité, il est également autant lié à l’état physique des cours d’eau. L’état écologique de la rivière, dépend donc de l’état physicochimique et de l’état biologique, lui même lié notamment en grande partie à l’état hydromorphologique. En effet, les milieux naturels sont assez instables et les gros événements hydrologiques perturbent les écosystèmes. L’habitat et le potentiel de recolonisation des espèces quelles qu’elles soient, invertébrés, poissons, mammifères permettent d’évaluer l’état biologique d’un cours d’eau. 2. Définition de la continuité écologique La définition de la continuité écologique a été retranscrite de la DCE dans la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) et dans le code de l’environnement par l’article R214-109. Cet article prend en compte la libre circulation des organismes vivants, leur accès aux zones indispensables à leur reproduction, leur croissance, leur alimentation ou leur abri. Il impose également le bon déroulement du transport naturel des sédiments et le bon fonctionnement des réservoirs biologiques (définis comme des zones abritant des espèces à forte valeur patrimoniale et en fort déclin sur certaines zones et pouvant être leur réserve pour l’ensemble d’un bassin versant). 3. La libre circulation des espèces et le transport des sédiments La libre circulation des espèces Concernant les poissons, au-delà des grands migrateurs connus, comme l’anguille et le saumon, les poissons d’eau douce, tels qu’ils soient, ont également besoin de faire des migrations de milieux. La truite par exemple, a besoin d’un milieu constitué de graviers pour se reproduire, de galets pour grossir et de pierres et de blocs pour s’abriter au stade adulte. Ainsi il y a une migration à différents stades de sa vie ainsi qu’une nouvelle migration pour rejoindre les graviers au moment de la reproduction. On s’aperçoit, lorsque les milieux sont perturbés, que les poissons doivent réaliser des migrations importantes. De là est venue la prise en compte de la nécessité d’un bon déroulement du transport sédimentaire. On s’aperçoit sur le département du déclin d’espèces qui n’avait pas été prévu (barbot, vandoise) sur la Garonne par exemple. Le transport des sédiments Le remplacement par des apports latéraux et amont des sédiments, extraits et érodés naturellement par l’aval, est indispensable à toutes les phases granulaires, des limons au bloc. Il y a une problématique de réalimentation par l’amont des galets qui sont bloqués par les barrages. On constate alors une érosion et une problématique sur les populations de poissons avec une disparition des biomasses. 4 Le galet présent au fond des rivières doit rouler pour conserver la structure du matelas alluvial. La fonctionnalité écologique de l’ensemble demande un transport sédimentaire régulier pour conserver la quantité de galets en place sur une zone précise, sa qualité (perméabilité) et son épaisseur. L’infiltration de l’eau en quantité permet une oxygénation du milieu, une forte production primaire, une filtration mécanique et biologique, une auto-épuration et la limitation du réchauffement de l’eau, nécessaire à une bonne fonctionnalité de l’écosystème. 4. La réglementation Le principe de continuité date de 1865 avec les premiers classements de certains cours d’eau. La loi pêche de 1984 a fait émerger pour la première fois la notion de « bon état écologique ». La loi sur l’eau de 2006 a introduit la notion de « transport sédimentaire ». Le code de l’environnement impose à tout ouvrage de laisser au cours d’eau un débit minimal, le débit réservé qui correspond à : - 1/10ème du débit annuel moyen pour tout nouvel aménagement, 1/40ème pour les aménagements existants. Cela correspond au débit minimal permettant de garantir, la vie, la reproduction et la circulation des espèces. Il est obligatoire pour tous les ouvrages transversaux de France. En 2014, un classement (actuellement en cours) distinguera deux types de cours d’eau : - les cours d’eau en très bon état, identifiés comme réservoirs biologiques sur lesquels il y aura une interdiction de tout nouvel ouvrage ; - les cours d’eau ou parties du cours d’eau dans lesquels il est nécessaire d’assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons, sur lesquels il y aurait une obligation d’équipement. 5. Les problématiques et les solutions Concernant la dégradation de la continuité amont/aval, les ouvrages transversaux entrainent un impact sur le franchissement (seuil, hydroélectricité, moulin, seuil de pont). Il y a dégradation du potentiel de recolonisation des espèces et blocage total ou partiel du transport sédimentaire. Cette détérioration abîme l’habitat mais est aussi la cause du déchaussement d’ouvrages (enrochements, seuils, ponts…). La continuité latérale est entravée par l’endiguement et la rectification du lit qui entraine un mauvais fonctionnement des zones humides, l’accentuation de l’érosion du fond du lit, l’accélération des écoulements. Ces phénomènes génèrent la détérioration de l’habitat et le déchaussement des ouvrages. Les solutions La libre circulation des poissons peut être améliorée par des aménagements de passes ou des ouvertures des vannes. Pour les transports sédimentaires, la gestion de l’ouverture des vannes, l’arasement ou la gestion des zones d’érosion peuvent constituer des solutions. L’acquisition ou la gestion en tant que zones d’expansion des crues de territoires peuvent améliorer la connexion des zones humides Monsieur LECLERC remercie Monsieur DURBE pour ses deux interventions et passe ensuite la parole à la salle. 5 Une question est posée sur la définition des zones à enjeux faibles. Monsieur DURBE précise qu’il travaille sur tout le territoire de la Haute-Garonne, des zones montagnardes jusqu’aux zones de plaine. Pour chacun de ces espaces les zones à enjeux faibles ne sont pas les mêmes. Certaines zones à enjeux forts peuvent en priorité être définies : accès, routes, ponts, seuils de ponts, et tout autre ouvrage d’intérêt général. Concernant l’intérêt privé, les zones d’habitation sont également un enjeu fort. Les zones agricoles peuvent être considérées comme à enjeux plus faibles même si cela peut poser un problème pour les propriétaires. C’est pour cela qu’il peut être intéressant de faire l’acquisition de certains terrains agricoles exposés ou de dédommager le propriétaire pour qu’il continue à l’utiliser mais accepter la divagation sur son terrain. Monsieur Jean Baptiste LUCAS, technicien rivière du SIAH du Touch, précise que le recensement des enjeux débutera dans le courant de l’année 2013 puis la hiérarchisation en début d’année 2014. En effet, chaque territoire est particulier, il convient de comparer les différents enjeux en fonction de leurs valeurs économiques et humaines. Il faut également prendre en compte ce que l’on veut faire du cours d’eau et ce que l’on veut faire de la gestion des crues et jusqu’à quel niveau on peut autoriser le cours d’eau en crue à impacter les enjeux. La hiérarchisation des enjeux relève ainsi d’un choix d’élu sur la base du recensement des techniciens. Monsieur LECLERC précise que c’est un choix pris en fonction de l’organisation voulue sur un territoire donné entre les hommes et l’activité pour atteindre un équilibre. Monsieur DURBE complète en précisant que cette hiérarchisation des enjeux ne peut donc être faite qu’à l’échelle locale car il est nécessaire de bien connaître le territoire et les populations. Monsieur LECLERC ajoute qu’il est également indispensable de faire participer les citoyens. Monsieur FABRE précise que les enjeux évoluent également au cours du temps, ce qui pouvait apparaître comme des contraintes en zone urbaine peuvent être devenues des atouts aujourd’hui. C’est le cas, au Nord de Toulouse du futur parc Garonne qui a pour vocation de devenir un espace naturel. Le fait que cet espace soit inondé ne pose donc plus un problème car le reste du temps cela sera un espace de promenade, de pêche. Il souhaite également savoir s’il est possible de compenser le manque de galets dans les rivières. Monsieur DURBE, répond qu’effectivement sur la Garonne aval certaines zones sont inquiétantes. Certains bras morts sont encore fonctionnels d’autres le sont très peu. L’hydroélectricité qui peut apparaître comme une énergie verte représente un réel problème sur le transport des sédiments. Il est donc important de faire remonter ces interrogations au niveau des services de l’état. Au-delà de ça pour maintenir les écosystèmes fonctionnels, la vision de la Fédération de pêche est de se dire que les milieux ont été perturbés par l’Homme et qu’il faudrait essayer de remettre une fonctionnalité de manière anthropique également. Monsieur LUCAS ajoute qu’il existe des solutions pour la circulation des poissons (passes). Le transport solide peut se faire également de manière latérale. Le cours d’eau peut aller chercher des sédiments sur les berges mais il faut laisser la possibilité au cours d’eau de le faire. Certaines collectivités testent la recharge mécanique, pour cela des camions de galets sont vidés dans les cours d’eau. Monsieur DURBE précise que cela peut avoir un impact positif très localement sur des cours d’eau secondaires mais à l’échelle de la Garonne cela n’est pas réalisable. Pour la Garonne seule l’érosion latérale permettra de maintenir l’état actuel. Monsieur Sylvain MACE, Syndicat du bassin versant de l’Hers Mort, note que l’évolution des cours d’eau (aménagements lourds, les dragages…) a modifié en 50 ans, ce que les cours 6 d’eau avaient mis 10 000 ans à construire. Les échelles de temps pour tendre vers une restauration sont inatteignables. Elle peut être faite sur des petits tronçons et on peut modifier plus les effets que les causes. L’aménagement de la Garonne à Gensac, en aval du barrage de la Brioulette, consiste à reformer un méandre et voir les conséquences en terme d’aménagement de milieux. Eventuellement il pourra y avoir une intervention humaine tous les 10 ou 20 ans pour remettre en état le milieu. Ces milieux sont donc artificiellement entretenus mais la diversité retrouvée sur ces sites aménagés permet d’enrichir les environs en végétation, oiseaux, insectes… Au cours des présentations et du film visionné, l’enjeu est de faire reconnaitre que la rivière est une infrastructure naturelle, qui rend des services à la société. Au vu de la complexité du fonctionnement des éco-systèmes il est important de faire comprendre le fonctionnement et l’intérêt, les services rendus de ces cours d’eau pour faire accepter le fait que certaines actions humaines sur les cours d’eau ne sont plus possibles car les impacts amont et ou aval peuvent être irréversibles. Monsieur LECLERC ajoute que le volet pédagogique de ce type d’expérience permet de faire comprendre à chacun et aux jeunes générations que c’est le passage obligé. Monsieur DURBE précise que sur l’Hers, les aménagements réalisés ont entrainé une satisfaction des utilisateurs sur le site. Les inventaires réalisés sur l’Hers ont montré également de très bons résultats sur les espèces animales. Monsieur CHAPTAL, maire adjoint de PIBRAC, ajoute que la plupart des cours d’eau sont en gestion privée et qu’il est difficile de mettre en tant qu’élu de l’argent public pour ces cours d’eau. Il y a également un problème de mauvaise connaissance de ces cours d’eau, pour lui, l’Etat aurait dû faire un état physique de tous les cours d’eau qui existent sur le département. Monsieur LECLERC ajoute que concernant les travaux de la Save et de la Gesse, il existe de la cartographie réalisée par les syndicats de rivière et on peut constater une amélioration de la capacité à obtenir des données. Monsieur CASTILLO, commune de Lespinasse, trouve problématique que beaucoup de cours d’eau ne soient pas entretenus. Cela entraine une stagnation de l’eau dans certains endroits, sans écoulement avec créations d’ilots. En cas de débordement de 1 mètre, cela pose problème pour les habitations situées à proximité de ces zones inondables. Monsieur TROCH, précise qu’il faut se placer dans la dimension de bassin versant et non au niveau de la rivière. Il faut analyser alors plus de 400 km de chevelus, certains affluents sont effectivement « non entretenus », mais cela fait partie de l’entretien. Il faut penser à l’hydromorpholgie et non à la gestion rigoureuse d’un seul cours d’eau au bénéfice de la population. Il faut s’intéresser au bénéfice des enjeux socio-économiques et considérer l’Homme comme un des éléments de la biodiversité. La première chose est de faire une étude socio-économique du secteur. Dans les années 70, l’objectif était d’éviter les inondations. Pour que les prairies humides deviennent des terres labourables, des digues ont été construites, ainsi, les champs d’expansion naturels de la rivière ont disparus. Les conséquences sont que la rivière endiguée érode son lit et assèche la nappe phréatique. Les techniciens ont fait des recherches pour visualiser le Touch tel qu’il existait il y a 100 ans. Depuis, le Touch a été calibré en lignes droites sur lesquelles l’eau prend de la vitesse et érode tout sur son passage. Certains permis de construire ont été accordés dans des zones d’expansion naturelles du Touch, la conséquence est qu’en cas de crue, cela peut poser problème aux riverains. C’est un enjeu important, de faire comprendre aux élus ces problématiques à l’échelle de tout le bassin versant. 7 Concernant les moyens mis à disposition des collectivités par le Conseil Général, Monsieur LECLERC donne la parole à Hoëla FALIP. 3 – LA POLITIQUE DE SOUTIEN DU CONSEIL GENERAL AUX COLLECTIVITES EN MATIERE DE GESTION DURABLE DES COURS D’EAU Le nouveau règlement a été révisé en 2011 afin de répondre aux exigences de la réglementation. Notamment la directive cadre sur l’eau (DCE) qui demande l’atteinte du bon état, la loi sur l’eau dont l’objectif est de donner des outils pour atteindre ce bon état et les lois Grenelle qui ont apporté de nouvelles dispositions pour assurer un bon fonctionnement des écosystèmes et une continuité écologique. Le SDAGE fixe également la reconquête de la fonctionnalité et de la qualité des milieux aquatiques comme une priorité. Le règlement révisé veut se mettre en adéquation avec les objectifs du SDAGE, à savoir : - gérer durablement les cours d’eau et les milieux aquatiques, - intégrer l’analyse économique dans la gestion de l’eau, - privilégier une approche territoriale et placer l’eau au cœur de l’aménagement du territoire. Les grands objectifs du règlement sont : - l’atteinte du bon état des eaux demandé par la DCE, la réduction, en faveur de l’intérêt général et de manière globale, du risque inondation sur les bassins versant dans un objectif de protection des populations, la restauration des fonctionnalités des milieux aquatiques pour assurer le bon fonctionnement des écosystèmes mais aussi réduire l’impact des flux et des pollutions diffuses. Tous les maîtres d’ouvrages publics sont éligibles aux aides du Conseil Général, les EPCI, les communes, les syndicats et également les fédérations qui sont compétentes pour la gestion des milieux aquatiques. Le Conseil Général aide financièrement pour l’entretien des cours d’eau pour des taux compris entre 10 et 40 %, cela concerne l’enlèvement d’embâcles et les coupes sélectives. L’aide à la restauration des cours d’eau et à la protection des berges est fixée à des taux entre 10 et 30%. Cela concerne les plantations, la renaturation, la création de frayères. Les travaux qui vont entrainer une artificialisation du milieu, comme le curage et le recalibrage, ne sont plus éligibles. Les travaux de protection des berges peuvent porter sur le génie végétal et sur le génie civil de façon plus exceptionnelle, en effet, les enrochements ne sont éligibles que s’ils présentent un caractère d’urgence et un intérêt général afin d’assurer la sécurité du public. Pour ces travaux, le taux maximum est de 20 %. L’objectif est de limiter au maximum l’enrochement et de privilégier les techniques végétales douces. Les interventions en faveur de la continuité écologique sont aidées entre 10 et 30%. Elles représentent une nouveauté. Ce sont par exemple les effacements d’ouvrages, les travaux pour restaurer la libre circulation des poissons et sédiments et éventuellement la restauration des seuils. Ces dernières sont aidées financièrement, si une analyse a permis de montrer que c’était la solution la plus pertinente par rapport à un effacement et qu’il y avait un intérêt général derrière. Tous les travaux d’aménagement, de protection contre les inondations sont aidés pour des taux de 10 à 20 %. Tous les ouvrages tels que les digues et toutes les actions de ralentissement dynamique sont à privilégier, la restauration des champs d’expansion de crues, la mise en place de haies et les systèmes d’alerte en cas de crue. 8 Le Conseil Général soutient également toutes les actions et travaux pour la restauration et préservation des zones humides. Ce point fera l’objet d’une réunion spécifique du SMEPE ultérieurement. L’enveloppe en 2013 s’élève à 665 000 €, le montant est identique aux aides attribuées en 2012. 22 demandes de subventions ont été déposées en 2011 et 41 en 2012. Le nouveau règlement permet de financer un plus grand nombre d’actions et de mieux les cibler. Il élargit les aides en faveur de la continuité écologique et d’actions conformes à la réglementation. En Haute-Garonne, il existe environ 30 EPCI compétentes en gestion des milieux aquatiques, on peut constater qu’il existe une zone au Sud du département qui n’est pas couverte par une telle structure. Monsieur LECLERC ajoute que malgré les contraintes financières connues, le Conseil Général a maintenu un budget avec quelques évolutions en direction de l’action dans le sens des interventions de la gestion des cours d’eau. Il propose à Monsieur LUCAS d’introduire les visites de l’après midi. 4- LA GESTION DES COURS D’EAU PAR LE SYNDICAT INTERCOMMUNAL D’AMENAGEMENT HYDRAULIQUE ( SIAH ) DU TOUCH Monsieur LUCAS introduit son intervention par un rappel sur les 6 grandes orientations fixées par le SDAGE, à savoir : - le développement d’une bonne gouvernance en matière de gestion des milieux aquatiques, - la réduction des impacts sur les milieux aquatiques, - la préservation et restauration de la fonctionnalité des milieux aquatiques, - la qualité des eaux, - l’eau sous ses aspects quantitatifs, - l’aspect territorial des milieux aquatiques. Le Syndicat du Touch essaye de répondre au maximum à ses grandes orientations. Il est compétent pour le faire, en effet, la loi sur l’eau habilite les collectivités (syndicats de rivière) à faire un certain nombre d’études, de travaux sur les cours d’eau. Pour cela ces structures doivent bénéficier d’un arrêté préfectoral de déclaration d’intérêt général couplé souvent à un arrêté préfectoral d’autorisation de travaux. La loi sur l’eau établit une nomenclature qui classifie les différents types de travaux que l’on peut effectuer sur les milieux aquatiques. Ces travaux doivent soit faire l’objet d’une déclaration (nettoyage de cours d’eau), soit d’une autorisation qui nécessité la conception d’un dossier présentant le déroulement des travaux et qui est soumis à enquête publique. Monsieur LECLERC remercie Monsieur LUCAS et sollicite la salle pour d’éventuelles questions. La loi sur l’eau impose à toutes les communes la mise en place de petites retenues pour collecter les eaux de pluie. Cette loi s’impose également aux structures privées qui participent à l’imperméabilisation dans les zones constructions par exemple. La ville de Toulouse et la communauté urbaine ont intégré cette loi et mis en place des bassins de rétention. Une question est posée sur le nombre de communes en Haute-Garonne qui mettent en application cette simple loi sur l’eau qui constitue pourtant la première lutte contre les inondations. Monsieur LUCAS confirme que la gestion du pluvial constitue effectivement un des moyens pour lutter contre les inondations mais il précise que cela est permis plus largement par la gestion des ruissellements, des cours d’eau. Il n’a pas d’information sur le nombre de communes qui appliquent cette loi en Haute-Garonne. 9 Dans les 4 SCOT de l’agglomération toulousaine, il y a des dispositions sur l’imperméabilisation et les mesures compensatoires. Si à l’heure actuelle toutes les communes n’ont pas intégré les prescriptions dans leur document d’urbanisme, cela devrait être mis en place dans les années à venir. Monsieur FABRE ajoute qu’effectivement les SCOT ont fixé les objectifs qui vont avoir des conséquences sur le POS et PLU. Il précise que c’est surtout la communauté urbaine qui imperméabilise les sols et qu’il est donc indispensable qu’elle ait déjà intégré ces préconisations. Il s’interroge sur les notions de bassins de rétention. Sur des projets d’urbanisme sur le Nord Toulousain, il faut réfléchir à la gestion de ces espaces afin qu’il soit utilisables quand il n’y a pas de pluie. Cela permettrait à certaines communes d’y trouver un intérêt. Il ajoute qu’en Haute-Garonne, il y a une question sur le lien entre l’amont et l’aval de la rivière, il insiste sur l’importance de bien intégrer la gestion de la rivière à l’échelle globale. Monsieur LECLERC ajoute qu’il faut se servir de la mobilisation de tous sur ce sujet pour prendre en compte la gestion des cours d’eau de la façon la plus large possible. Monsieur LUCAS revient sur l’évolution rapide de la prise en compte de ces problématiques en présentant l’évolution des compétences du syndicat du Touch. Le SIAH du Touch a été créé en 1850 sous la forme d’une association forcée de riverains pour le redressement du lit mineur, les travaux de curage et endiguement. A l’heure actuelle les objectifs ont totalement changé, presque à l’inverse. Le fonctionnement naturel du cours d’eau est le meilleur gage de réussite. Pour le bassin versant du Syndicat du Touch, l’objectif est de redonner un espace de liberté au cours d’eau en tenant compte des activités humaines qui existent et des enjeux forts qui se trouvent le long de la rivière. Pour conclure Monsieur LUCAS précise que le Syndicat du Touch va se lancer dans de la communication à destination des collectivités du bassin versant pour expliquer le mode de fonctionnement avant de passer à une phase opérationnelle bien comprise et acceptée. Monsieur LECLERC précise que cette discussion se poursuivra lors de la visite de l’après midi à Tournefeuille en présence de l’élu adjoint à l’urbanisme et des techniciens. Monsieur LECLERC remercie pour les présentations et les échanges et lève la séance à 12h. Il précise que le SMEPE organisera une journée thématique sur les zones humides prochainement en présence de l’Agence de l’Eau. Vu et transmis, signé Annick VEZIER Directrice-Adjointe Eau-Environnement signé Hélène VERBRACKEL Animatrice SMEPE signé Jacques LECLERC Président de Séance signé Pierre IZARD Le Président du SMEPE 10