Télécharger quelles notes prises au cours de la conférence

Transcription

Télécharger quelles notes prises au cours de la conférence
Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 Au cours de la rencontre organisée par le groupe Paris Ile de France Monsieur Belluteau, président de l’Office Chrétiens des personnes handicapées a témoigné à partir du vécu avec sa fille Armelle polyhandicapée « Quelle place pour Dieu dans nos souffrances ? » Quelles notes prises lors de la conférence De quel Souffrance parle-­‐t-­‐on ? Souffrance physique -­‐ dans son corps Souffrance psychique -­‐ dans son esprit Déséquilibre, imprévisibilité des manifestations Souffrance psychologique (ressenti solitude inquiétude, incertitude colère) Souffrance affective -­‐ dans son cœur -­‐ ressenti pour celui que l’on aime Souffrance spirituelle -­‐ dans son âme -­‐ Dieu amour et la réalité de ce que je vies Comment peut-­‐il laisser faire cela ? Souffrance liée à ce doute, à cette incompréhension, à notre révolte contre Dieu Crier vers Dieu notre incompréhension De quel Dieu parle-­‐t-­‐on ? Dans l’ancien testament un Dieu puissant Dans le nouveau testament un Dieu prodiguant la Miséricorde, l’Amour, la Sollicitude Deux considérations 1 Evolution de l’idée de Dieu et de l’accueil des personnes fragiles 4 temps 1er temps un Dieu capable d’être contre l’homme, un Dieu qui punit « Je ferai tomber sur eux des souffrances » 2ème temps un Dieu pour l’homme un Dieu agacé mais patient, bienveillant – Il prend soin de son peuple -­‐ il a une invitation vis-­‐à-­‐vis des personnes fragiles « Ne te détourne pas de ceux qui pleurent » (Siracide) 3ème temps un Dieu avec l’homme « Je suis avec l’homme contrit et humilié » Conception des personnes fragiles : Soyez attentifs avec elles 4ème temps un Dieu en l’homme un Dieu incarné Accueillir une personne fragile c’est accueillir le Christ 2 Dieu affligé de nos souffrances Jésus présent attentionné auprès des personnes qui souffrent « Je ne suis pas venu pour les biens portants » Dieu familier de la souffrance ….. Les Béatitudes Dieu présent dans nos fragilités Dieu soucieux de soulager, de guérir 1 Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 Quel est le rapport de Dieu avec nos souffrances ? 3 lectures possibles Un Dieu Responsable de nos souffrances Un Dieu Témoin passif de nos souffrances Un Dieu présent et agissant dans nos souffrances 1. Un Dieu Responsable de nos souffrances Quatre images, visages de Dieu a. un Dieu sadique Un Dieu qui a créé l’homme et l’a destiné à souffrir. Dieu ayant tout créé a créé le Mal aussi. C’est donc un Dieu sadique. Il a forcément voulu le Mal. Cela conduit à cette attitude résignée que l’on lit dans le livre de Job. Si nous accueillons le Bonheur comme un don de Dieu, l’on doit logiquement accueillir aussi le malheur comme un don de Dieu. Ce n’est par ce que le Mal existe que Dieu l’a créé. Le Mal est un Mal, il est mauvais, destructeur, réducteur. Satan n’est pas un Dieu du Mal, c’est un être de Bien qui a dit Non à Dieu. L’Eglise ne dit pas que c’est bien de souffrir, mais que la souffrance peut révéler ce qu’il y a de bien en nous. b. un Dieu sadique La souffrance punition, rachat d’une faute, sanction d’une désobéissance « Si vous ne m’écoutez pas, j’enverrais la peste au milieu de vous « (Lévitique) « Qu’est-­‐ce que j’ai fait au bon Dieu ? » Jésus dit clairement que personne n’a péché pour avoir subi ceci ou cela C’est une approche doloriste, culpabilisante (…. 4 générations) c. un Dieu inquisiteur ou « moniteur du permis de conduire » La souffrance considérée à titre probatoire comme une épreuve pour voir ce dont l’on est capable. « II t’éprouvait pour connaître ce que tu avais dans ton cœur » (Deutéronome 8) Abraham ira-­‐t-­‐il jusqu’à sacrifier son fils pour plaire à Dieu ? «Que nul, s’il est éprouvé ne disse : c’est Dieu qui m’éprouve (Lettre de saint Jacques 13) Dieu n’éprouve Personne. Il n’y a de lien entre la volonté de Dieu et nos souffrances ou nos épreuves d. un Dieu « maitre chanteur » ou « éducateur pervers » La souffrance voie privilégiée pour gagner son ciel : Bienheureuse Souffrance Sadomasochisme : plus on souffre plus on sera sauvé C’est révoltant car L’Amour de Dieu est inconditionnel 2 Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 2. Un Dieu Témoin passif de nos souffrances Trois images, visages de Dieu a. un Dieu passif Il sait, il voit, il voit que ça nous fait mal, mais il s’abstient d’intervenir au nom de la liberté que Dieu a donné à l’homme en dépit de ses promesses. « Je ne te laisserai pas, je ne t’abandonnerai pas » (Josué) « Tout ce vous demanderez en priant, vous le verrez s’accomplir » (Marc 11) Or il y a des prières qui ne s’accomplissent pas, des miracles qui ne viennent pas, des promesses qui ne sont pas tenues. De nombreuses constatations de ce constat, de cette révolte dans les écritures « Pour Seigneur restes-­‐tu loin, pourquoi te caches-­‐tu au temps de détresse » (Psaume 10) « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-­‐tu abandonné ? » (Mathieu 27) Où es-­‐tu Dieu dans ta réponse ? b. un Dieu indifférent, ailleurs, pas concerné « Jusque à quand, Eternel m’oublieras-­‐tu ? (Psaume 13) « Vous êtes comme si vous n’existiez pas ! » (Job 6) vous voyez mon angoisse et vous en avez horreur, vous ne voulez pas y mettre les mains. Seigneur, Sois attentif à mes paroles, écoute mes gémissements, arrête d’être loin, arrête d’être indifférent c. un Dieu impuissant Il n’a pas la capacité de nous préserver de la souffrance, donc notre Dieu n’est pas un Dieu. Dieu est-­‐il absent ? Ou est-­‐ce nous qui ne savons pas percevoir sa présence ? Le vrai miracle n’est-­‐il pas d’être capable de faire face ! N’est-­‐ce pas notre Espérance au-­‐delà de l’épreuve. A propos de la guérison Dans le passage de la guérison du lépreux, après la guérison, ce sera pour vous de donner aux prêtres un témoignage, une attestation de la volonté de Dieu. « Guéris-­‐moi, si tu le veux » « Oui, je le veux » : rencontre de 2 volontés, de celui qui a besoin d’être soutenu, guéri, et de celui qui peut le faire. « Je te guéris pour que tu sois purifié » (regard, vie, cœur purifiés) Que notre regard soit purifié de manière à nous remettre en route, (le malade psychique mais aussi ses proches, ses parents). Le Christ dit au lépreux « Vas-­‐t-­‐en ! » en le rudoyant. Il méprise ce qu’il est entrain de nettoyer dans cet homme Il le rudoie pour l’envoyer vers une vie qui le tire vers le haut Dieu n’est pas un guérisseur doucereux. C’est un encouragement à aller plus loin, à se battre. 3. Un Dieu présent et agissant La bible nous invite à faire un retournement, à convertir notre approche de cette relation de Dieu avec notre souffrance, d’inverser la perspective pour regarder les événements, non seulement de notre point de vue, mais surtout du point de vue de Dieu. 3 Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 Notre point de vue : ce que je suis, ce que je ressens, ce que je voudrais Du point de vue de Dieu : qui il est ?, Comment il se situe ?, Qu’est-­‐ce qu’il me donne ? Jésus nous suggère cette réponse par ses paroles, par sa vie, par ses actes. La souffrance n’appelle pas d’explication, il appelle deux choses très concrètes : -­‐ Un combat contre la résignation bats-­‐toi avec moi, sois fort, je suis là -­‐ Un consentement à changer notre regard, à regarder les choses comme elles sont, ne pas nier la réalité. Quand nous avons passé le cap de l’acceptation, nous sommes mieux armés pour ce battre et pour avancer. Un Dieu qui n’est pas à l’origine de nos épreuves, mais un Dieu qui les habitent Quatre visages nouveaux de Dieu que l’on retrouve si nous faisons une lecture rigoureuse de la bible a. un Dieu consolateur Dieu est mon refuge, mon bouclier, ma consolation. Il est celui qui protège, préserve, défend, particulièrement les plus petits, les plus fragiles. A pourquoi ma souffrance est-­‐elle continuelle, le christ répond « Venez vous blottir contre moi, mes petits enfants » Avons-­‐nous l’humilité d’accepter de nous faire appeler « mes petits enfants » par Jésus. Nous avons besoin d’être rassurés. Nous croyons que Dieu a les paroles de la consolation. Avons l’idée d’accepter de demander à Dieu de nous consoler. b. un Dieu compatissant Un Dieu qui a expérimenté nos souffrances. Il est capable de les comprendre, de les habiter. Il sait ce qu’est la fragilité. Il vie nos souffrances avec nous. Il est tout près de nous, tout près de nos enfants. Dieu souffre avec nous. Dieu souffre de nos souffrances. Jésus nous le dit, Saint Paul y insiste aussi. « Celui qui souffre adroit à la compassion de son ami » (Job 14) Un Dieu auquel on a le droit de demande son aide Dans les psaumes « que tes compassions viennent en hâte au-­‐devant de nous car nous sommes bien malheureux » Nous avons multiples occasions de le dire. Nous sommes soucieux pour nos enfants. Jésus répond concrètement à cela. « Je suis ému de compassion pour cette foule » (Mathieu 15) Nous pouvons dire à Dieu ce qui ne pouvons dire aux autres, lui peut les comprendre, les entendre car il habite nos souffrances. c. un Dieu proche « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mathieu) Un Dieu qui ne se tient pas à distance, qui nous touche, qui touche chacun de nos enfants « Il étendit la main et le toucha » Un Dieu qui vient toucher les plaies de l’homme, le plus douloureux de sa vie Est-­‐ce que nous sommes accueillants à ce geste du Christ qui vient toucher nos souffrances et celles de nos enfants ? 4 Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 Est-­‐ce que nous lui demandons qu’ils aillent mieux ou devenir toucher notre souffrance pour la soulager ? Sommes-­‐nous disposer à nous laisser approcher par Dieu ? C’est Dieu qui approche, c’est Dieu qui vient vers nous ? Il y a un moment où il faut lâcher prise et nous en remettre à Dieu en le laissant nous toucher. Acceptons-­‐nous de nous laisser prendre la main par le Christ, de prendre la main qu’il nous tend ? d. un Dieu collaborateur dans nos épreuves (à travers le Christ) Nous sommes consubstantiels avec Dieu. Notre vocation est d’être associé concrètement et de manière agissante à la divinité du Père. Je suis suffisamment digne, malgré que je sois cette petite goutte d’eau dans le calice, pour venir prendre corps, venir participer au corps du Christ, au corps de Dieu malgré mes limites, malgré mes souffrances, malgré mes épreuves, ou peut-­‐être à cause de mes souffrances et de mes épreuves. Une promesse de Dieu : ce qui vous advient m’intéresse, ce que vous êtes est un peu moi-­‐même, ce que je suis est un peu vous-­‐même. Dieu est lui-­‐même dans nos paroles, nos réflexions Je ne suis pas capable de parler à mon enfant …. L’Esprit de Dieu parlera pour moi ? Dans l’épreuve que nous avons à traverser nous ne sommes pas seuls car Dieu s’incarne en nous. Nous sommes collaborateur du Père pour prendre soin de notre proche qui souffre. Le lieu où Dieu se tient c’est nous ; Il est dans nos souffrances. Il est en celui que j’aime et dont je prends soin. « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est pas venu l’expliquer mais il venu la remplir de sa présence « (Paul Claudel) Même dans ses souffrances, ses fragilités, ses infirmités, l’homme est aimé de Dieu et proche de lui Dieu est au cœur de nos souffrances, il les habite, il les accompagne, il les transfigure. Deux lieux où nous sommes invites à le rencontrer : l’Eucharistie et la Prière Des pistes pour aborder l’épreuve 1. La situation de faiblesse et de fragilité que nous vivons Ne pas être accepté tel que l’on est. La Bible affirme que tout homme est à l’image de Dieu et porte Dieu en lui. La Bible proclame la dignité, la grandeur, la valeur de la vie. Toute personne est grande, toute personne est belle, toute personne est digne aux yeux de Dieu. Définition de Dieu : Dieu est amour Dieu est Père Si Dieu est Amour, tout homme étant à l’image de Dieu, tout homme est capable d’aimer et digne d’être aimé. La place de Dieu dans nos souffrances est dans l’amour que je donne à mon enfant et dans l’amour que mon enfant me donne. Ce qui est fragilisé est spécialement aimé de Dieu : Dieu est présent, attentif, proche du plus petit, du plus fragile. Anecdote du billet de 500€ froissé. Malgré qu’il soit froissé, souillé il garde sa valeur 5 Conférence d’Emmanuel Belluteau Quelle place pour Dieu dans nos souffrances Les Lazaristes, 27 février 2016 2. Quel est le sens de la vie dans la souffrance ou dans l’épreuve ? Quelques pistes concrètes dans la bible qui sont de nature à transfigurer la manière dont nous les vivons Placer Dieu au centre de ma vie aide à comprendre deux choses : -­‐ Les personnes fragilisées nous donnent une image significative de l’Amour de Dieu : o Un amour qui est premier, gratuit, sans conditions, délicat, discret o Un amour joyeux … une joie profonde « que vous soyez joyeux et que votre joie demeure » Malgré ma souffrance, mon enfant est aimé, je suis aimé, je ne suis pas seul, mon enfant aimé, je suis aimé et je suis capable de partager cet amour. -­‐ Ceux qui sont éprouvés sont proches de Dieu, ils sont capables de fécondités particulières Nous expérimentons : o qu’il y a d’autres priorités que la réussite o à donner sans retour On reçoit plus quand on donne que lorsque l’on vous donne o qu’aimer et transfigurer la souffrance par cet amour peut être très simple. Cela ne passe pas par un comportement de héros mais par des choses toutes simples nous pouvons aller au-­‐delà de la souffrance, l’apaiser, la soulager dans des gestes courants ou des paroles courantes. o Qu’il y a des situations dans lesquelles nous ne pouvons pas agir de manière déterminante mais que là aussi, simplement rester attentif, rester présent, aimer sans conditions, rester disponible cela n’est pas rien devant sa souffrance o Que Le prix du silence est grand, qu’il y a des moments où savoir se taire est aussi courageux que de vouloir abonder de paroles qui seront inefficaces. Il vaut mieux simplement être là. o Que l’on peut compter sur l’appui discret de Dieu Trois mots de conclusion Il est difficile de percevoir dans notre vie où celle de nos enfants, la présence de Dieu o Nous voulons être actifs, disponibles o Nous voulons maitriser la situation. Etre dans la réponse, de pas dépendre des autres … C’est dur d’accepter de dépendre des autres … C’est dur de voir que Dieu intervient dans nos vies et même quelquefois de voir son intervention « Ce n’est l’homme qui a besoin de Dieu, c’est Dieu qui a besoin de l’homme » (Etty Hillesum) Peut-­‐être que pour faire du bien à notre enfant, pour répondre correctement à ce dont il a besoin … C’est Dieu qui a besoin de nous Un Dieu qui compatit, qui vie avec nous nos souffrances, qui nous propose sa consolation, qui vient habiter note souffrance (une façon de la transfigurer), un Dieu qui a besoin de nous 6