TRIBUNE PIPPO DELBONO Paris

Transcription

TRIBUNE PIPPO DELBONO Paris
PANTHEATRE
124 Boulevard Voltaire 75011 PARIS
www.pantheatre.com
TRIBUNE PIPPO DELBONO
Paris - Mai Juin 2004
Voici les contributions à la Tribune Pippo Delbono – emails dont le contenu est transposé tel quel.
L’idée est de se réunir et discuter, une heure et quinze minutes – chacun et chacune ayant lu les
contributions. La tribune serait réservée en principe à ceux qui y ont contribué.
J’ai aussi assemblé un dossier de presse (partiel – il manque la critique de Libération, par exemple,
très favorable.)
A bientôt et surtout, un grand merci d’avoir joué le jeu.
Enrique
Copie de la proposition :
Paris, le 9 mai 2004
TRIBUNE PIPPO DELBONO
Proposition et coordination : Enrique Pardo
Proposition d’une tribune email sur Pippo Delbono (Retrospective au Théâtre du
Rond Point, mai 2004)
Chacun prend position par écrit et me l'envoie par email.
Le Festival de ses oeuvres finit le 28 mai.
Le 1er juin j'envoie le dossier à tous ceux qui ont participé.
En juin (date à confirmer) on se réunit à Paris pour un débat (seuls ceux qui on
contribué ? - allez, il faut "prendre position" - sinon la notion de "théâtre
chorégraphique" n'a pas de substance (j'allais être plus vulgaire...) Pour "trouver sa
place" (ce qui équivaut à "trouver sa voix") il faut se placer, placer sa voix, prendre
position !)
Il me semble très important d’inclure dans le Programme de Recherche et Formation
des dialogues critiques : la critique de la critique… liée d’ailleurs au travail que nous
faisons avec la famille semantique critique / krisis / cri.
Envoyez-moi un email avec titre: "Tribune Pippo" (je le range confidentiel - je ne les
lirai pas - jusqu'au 1er juin)
Enrique Pardo
PANTHEATRE
124 Boulevard Voltaire
75011 PARIS
Tél & Fax 33 (0)1 48 06 32 35
[email protected]
www.pantheatre.com
Contributions par ordre alphabétique
KARAKO Catherine [[email protected]]
dim. 30/05/2004 12:42
Difficile d’en parler sans échange
un univers à la fois si simple mais qui ne pardonne pas
Les gens en face, sur scène, simples et terribles, touchants et impardonnables, humains et malades… un miroir
des mots qui gueulent, une musique qui attaque, un visuel qui marque
la forme d’un corps et ses déformations parle seule de son histoire,
une mascarade quand costumes et masques nous défient sous des airs de fête
il joue sur la corde sensible, peut être parfois c’est facile mais le spectacle est gravé dans ma mémoire sans que
nécessairement je me souvienne bien de tout
j’ai été frappée, touchée, dans toute cette dénonciation, une acceptation de l’autre, la défense du différent…entre vide et
trop plein…aussi dérange (mes voisins en tout cas)
bla bla bla c’est vrai on peut beaucoup en parler et c’est une bonne idée de proposer ce débat dont je suis curieuse.
Salut
Catherine
Christine Chardonnier [[email protected]]
lun. 31/05/2004 15:48
Quelques idées en vrac que le spectacle de Pippo Delbono ( Il Silenzio) m’a inspiré
par rapport au théâtre chorégraphique.
Un texte, des images, des objets,de la musique.
 Le travail du texte :
L’importance du rapport Texte /Corps :
Un texte dit par un narrateur (Pippo Delbono) et des corps qui exposent la
pensée du narrateur Les corps des comédiens élaborent une autre lecture
du texte.
Une phrase répétée qui va de la douceur à la rage avec des corps qui
créent une image en écho,
Le texte comme support sonore
Un texte qui joue avec les sonorités, un texte qui par exemple est dit très
fort de façon presque incompréhensible et réénoncé ensuite , l’information
nous atteint clairement différemment du fait qu’on l’ai déjà entendu.
Le texte est un support qui est utilisé de différentes façons :
Des sons-des mots-de l’information- des intentions
 « Les images »
Des personnages qui sont des allégories ,des archétypes.
Un banquet vraiment impressionnant avec des personnages très « typés » et le seul
qui s’exprime vocalement est Bobo qui « fait un discours » et il ne peut émettre que
des sons.
 « la musique »
Une autre dimension, une voix, une guitare, tout un univers qui donne
aussi une autre lecture
 « Des objets »
Une chaise par exemple qui prend vraiment une autre dimension….
L’importance du travail corporel :
Pippo Delbono ne veut pas d’un travail psychologique « l’essentiel de
son travail est l’exigence portée sur l’ensemble du corps, qu’il faut
apprendre à connaître avec une précision absolue. C’est la seule façon
de rendre le corps précieux et de s’interdire toute dimension
psychologique du théâtre ».
Résultat :
 On voit le rêve et non pas le rêveur
 Il en ressort un spectacle très poétique, une émotion tragique crée par
des cassures, des suspensions, des contradictions, des ruptures…
Pippo Delbono dit lui même qu’il « essaye de faire des spectacles que
l’on regarde comme on écouterait des morceaux de musique »
Réflexion intéressante de Pippo Delbono par rapport au travail de
répétition :
« Si on entretient une relation complètement physique avec le théâtre, si
les corps dansent dans le théâtre, la répétition ne tue pas le spectacle,
bien au contraire elle le nourrit.
Et avec le temps qui passe, la partition change à mesure que le corps se
transforme »
Autre idée :
L’improvisation pour lui « est juste quand elle s’appuie sur un long travail
antérieur qui rend sa décision nécessaire »
Christine Schaller [[email protected]]
mar. 01/06/2004 18:54
INTRODUCTION
J'ai souvent été témoin dans des lieux publics de ce que je nommerai des
"actes artistiques involontaires" dont la force m'a coupé le souffle.
C'était, par exemple, un clochard qui arpentait les couloirs du métro en
hurlant "le poinçonneur des lilas", un orchestre mal accordé dans le métro
qui jouait avec beaucoup d'enthousiasme et beaucoup de fautes,un malade
mental en plein délire dans un bus, ou deux grosses mamies flamandes en
discussion devant deux grosses bières dans un bistrot enfumé de Bruxelles à
4h de l'après-midi. Ces scènes me paraissaient belles à pleurer, plus
vraies que nature et j'enrageais de jamais pouvoir les transposer à la
scène. Les faire jouer par des comédiens me paraissait vaniteux, car
impossible de rendre la même force ni la même réalité que dans les
manifestations d'origine.Il aurait fallu amener le public dans ces lieux de
théâtre occasionnels, le métro, le bus, le bistro bruxellois... oui, mais,
comment?
J'ai vu un seul spectacle de la rétrospective:"GUERRA". Et je pense que
Pippo Delbono a trouvé la solution à mon questionnement en amenant sur la
scène du théâtre les acteurs d' "actes artistiques involontaires"
(l'appellation n'engage que moi) qu'il a croisé sur sa route.
EN MATIERE DE MISE EN SCENE
la grande fresque chorégraphique avec tout le monde sur scène m'a procuré
une grande jouissance, notamment au niveau rétinien. J'en garde le souvenir
d'une construction savamment élaborée, à partir de couples /duos
apparaissant progressivement, jusqu'à l'effet de foule dans lequel on peut
continuer de voir de petites cellules; cela m'évoque certains tableaux de
Dali, un visage dans le paysage (et vice-vers) (portrait du président
Lincoln). J'y ai distingué des
entrelacs, des contrepoints, ou plus exactement, des discours contrapuntiques.
Dans ce spectacle, j'ai vu des doubles, partout, tout le temps.
EN MATIERE DE SON
J'ai aimé le ton de la voix de Pippo del Bono, et j'ai trouvé ça très fort,
d'être capable de se tenir à ce seul ton, détaché de tout affect,un ton
sans aucune indication de contenu , un son indépendant, en somme.Sauf qu'à
certains endroits, il gueulait, voire il hurlait, Pippo Delbono.
La musique: excellent orchestre de bal "tous terrains"(dans le jargon musico).
La sono: mauvaise! ça m'agace à la fin!
EN MATIERE DE DOUTE ET DE CRITIQUE
Sur le moment,quelques scènes m'ont laissée sur ma faim: le numéro de
play-back avec la guitare rose,le numéro avec la chaise. Je n'avais pas
réalisé tout de suite que c'était un vrai trisomique puis un vrai clochard;
en fin de spectacle, l'information est parvenue à ma conscience et j'ai été
traversée d'une bouffée d'émotion, et tout de suite après, un
questionnement: n'est-ce pas parce que je sais qu'il s'agit d'un vrai
trisomique et d'un vrai (ex)clochard que je ressens de l'émotion? Si je
l'ignorais, est-ce que je ne continuerais pas à trouver ces numéros
faiblards? L'idée que c'est "bien réalisé pour un trisomique" m'exaspère.
Par contre, l'idée de venir faire "rien" (le clochard) sur scène me plaît
énormément, quoique ce n'est encore pas assez "rien" à mon goût. Enfin, je
ne sais pas,je ne suis pas sûre,mais j'y repense souvent.
EN MATIERE DE CONCLUSION
PRISE DE POSITION
En gros, je crois que je suis "pour" la démarche théâtrale de Pippo
Delbono, essentiellement pour la raison évoquée dans l'introduction, mais
je ne suis pas tout à fait sûre. Je m'aperçois que ce spectacle a
passablement vécu dans ma tête depuis 10 jours que je l'ai vu, et que,
donc, il s'est modifié.
J'aimerais bien voir les autres spectacles.
PS: j'aurais d'autres choses à dire mais je dois partir et je ne parviens
pas à les formuler. La prochaine fois?
Claire Astruc [[email protected]]
lun. 31/05/2004 01:09
Pippo Delbono
Il Silencio et Gente di Plastica
Une force physique et théâtrale explose, un désir de lutter, de crier au monde Mon amour
pourquoi m’as tu abandonné ? ou encore Nous sommes tous en train de mourir…!
Avec des gammes de folies, il s’accroche à l’instant présent, le susurre, puis se lance dans une crise
vocale et commence à lutter avec, il court partout et hurle ses mots, il pleure alors que les images
rient, ou rit alors que les images pleurent. Ces contrastes font ressortir une très grande émotion,
comme s’il était en contradiction avec lui-même, et le monde autour…avec la vie, la mort… bref il
réussit assez bien à nous embarquer dans son univers !
La combinaison des textes et des images est très forte. Les textes donnent un sens aux images,
et les images des sensations aux textes, comme si une vague passait dans le ventre du spectateur
jusqu’à son cerveau, dans un sens et puis parfois dans l’autre, de son cerveau jusqu’au ventre. Pas
d’histoire narrative, que des fragments de tableaux et des sensations fortes. Pourtant, les images
parfois, on ne comprend pas. L’image ne se suffit pas toujours en elle-même. Il manque une gamme
d’actions ou de sentiments pour qu’une évolution existe entre les personnages, comme s’il manquait
une réponse à une proposition de jeu.
Le jeu est stylisé. Pas de rapports entre les personnages, aucune psychologie de jeu, tout est
millimétré jusqu’au moindre geste. Comme si les acteurs étaient des marionnettes. On a envie
pourtant un peu d’aller voir à l’intérieur, de les connaître un peu plus, mais ils semblent être juste au
service de fantasmes, d’images de rêve ou d’horreur, presque « prisonniers ». J’avais envie parfois
de les voir s’exprimer autrement, qu’ils aient droit eux aussi à leur moment de crise, que ça dérape
un peu plus, que la crise devienne commune.
Le metteur en scène, lui on le connaît, on le voit, on le suit du début à la fin comme un Kantor sur le
plateau, dans la salle, partout. Il dirige l’entrée des acteur, la sortie des objets, le rythme du spectacle
à la fois acteur et régisseur plateau, chef d’orchestre de toute cette mascarade. Il ne nous fait jamais
oublier que l’on est au théâtre. Toutefois, il joue avec « l’émotion » contrairement aux autres, c’est
avec lui que se crée le pathos, le mélo. Sa voix raconte éprise d’un état, parfois très simple et douce,
parfois en colère et révoltée, ça marche.
La musique est très forte et quasi permanente. L’atmosphère, l’ambiance, la nostalgie, les pleurs
sont créés par la musique, elle embarque, soulève le spectateur. Les images ne marcheraient
probablement pas sans.
Ce qui touche : une terrible urgence de vivre…
Ce qui révolte : l’impression que tout le jeu tourne autour d’une seule personne Pippo Delbono, et
que l’on assiste à la représentation unique de ses fantasmes. C’est le côté narcissique qui me gène.
Une image bouleversante : Dans Gente di Plastica le maquillage d’une femme en avant scène très
rapide et très beau, puis la décomposition de cette femme devenue chauve qui essaye des
perruques et qui nous rappelle la vieillesse, la maladie, la mort…la perte. J’ai eu l’envie de fermer les
yeux comme au cinéma face à l’horreur…c’est la première fois que cela m’arrive au théâtre…un
choc !
D’autres images qui me sont restées : Dans Il Silencio la scène de mariage, et le cercle qui se
forme où tout le monde court très vite/ la voix de Pippo qui hurle dis-moi que tu m’aimes, alors qu’un
homme offre à une femme un manteau de fourrure, des bijoux…/Le banquet, et le discours du
président incompréhensible que tout le monde applaudit très poliment y compris le public qui se fait
piéger/ La clown qui boit en dansant et qui dit On est tous en train de mourir. Dans Gente di Plastica
les ballons à l’hélium dans les cheveux / l’installation d’une fête glauque avec I will survive comme
musique, l’ambiance est poignante.
Enfin, quelque chose passe…touche…se communique…questionne…restent après en
suspens…bouleverse…
Enrique Pardo [[email protected]]
jeu. 03/06/2004 08:19
Non, je n'ai pas apprécié le travail de Pippo Delbono (j'ai vu Silence.)
J'admets que sur le coup ce spectacle m'a enragé - j'ai laissé passer le temps pour décanter ma réaction, et articuler ma
critique (la crise et le cri) avec recul, car je veux lui accorder le bénéfice du doute au niveau de sa bonne foi et de ses
bonnes intentions - voire de sa naïveté. D'ailleurs, si j'ai une critique c'est bien dans le comment il manie la part d'ombre
des sujets qu'il traite et qu'il utilise.
Les points principaux. Je commence par les références (qui ont un certain âge...)

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
La référence Fellini : je devais avoir 15 ans quand j'ai vu Huit et Demi; j'ai été totalement dérouté par la dérive
narrative du film (pourtant elle est simple: un metteur en scène rendu apathique par les ambitions en creux de sa
vie privée et publique.) Je ne captais et n'appréciais pas la substance psychologique et j'étais obnubilé par ce
que je considérais comme un procédé esthétique: les gens "bizarres" et narcissiques qui se pressaient devant la
caméra. Le film finit en "théâtre chorégraphique": une grande "farandole" totalement creuse - un substitut, un
placebo total. Aujourd'hui je dirais que le film était absolument génial dans sa façon de traiter l'ombre de la
frénésie créative, du "jovial" (de Jove = Jupiter, Zeus - le dieu qui n'arrête pas d'avoir des "affaires" créatives - le
grand Prozac-Viagra d'aujourd'hui.)
La référence Pina Bausch : une autre reine fascinante de la "farandole" (théâtre chorégraphique?), qui propose
ce que j'ai appelé de "grands rituels de la gueule de bois". Elle installe ses chorégraphies généralement dans des
contextes de décadence, souvent aristocratiques (aristocritiques?) et "beautifull people", d'où surgit une émotion
de ruine, de "dernière danse", de drame ultime, de fin d'époque, parfois de "last breakfast" en smoking et robe
longue. Je me souviens d'ailleurs (il faudrait fouiller les archives) du rejet qu'elle a causé aux commencements
(Café Muller, Nelken - fin des années 70?) quand ce que mes amis polémiques américains appellent les "euromarxistes" ont rejeté violemment ses procédés théâtraux chorégraphiques (justement) les qualifiant de
"fascisants" (les références à Leni Rossenfeld(?) étaient claires: la gloire des farandoles mégalos, la pompe
massive et émotive des défilés de Nuremberg...) Il y avait aussi une dernière résistance moderniste au retour de
l'expressionnisme allemand.
Et Pippo Delbono dans tout cela?
La rhétorique de l'émotion. Je me suis senti bombardé par un rapport d'excès d'appel émotif dans l'utilisation
de la musique. Il paraît que le chanteur - (Dino Mafredini? - a chanté live d'autres soirées?) Quelle belle voix,
avec ce superbe mélange de fissure et de rébellion dans ses ballades protestataires italiennes. Cela m'aurait
suffi. En utilisant ses chansons à fond et en complet, les rituels scéniques devenaient des visioramas illustratifs,
des contrepoints surajoutés. C'est un procédé d'association image-musique publicitaire : la même musique et les
mêmes images qui vendent de tout - et qui aurait le droit "moral" de se les approprier, d'en revendiquer
l'émotion? Une utilisation non commenté, mais appelée en appui, en emphase (contrairement à Fellini ou
Bausch.)
L'éthique de l'émotion et l'utilisation du thème de la victime. C'est bien sûr ce qui m'a gêné le plus. Les références
aux victimes de Gibbelina (la ville en Sicile rasée par un tremblement de terre) doublées par les chansons,
doublées par la présence d'une distribution "hors normes" (pour utiliser l'euphémisme politiquement correct.) Je
n'ai apprécié ni l'équation ni les solutions. Pour moi il n'y a pas de dimension tragique (malgré les "tragédies"
mentionnées ou personnifiées), pas de travail de contra-diction, d'autocritique; il n'y a pas d'ombre dans ce
spectacle, je n'y ai vu qu'un rituel victimaire soi-disant bon enfant ou gentiment cruel-bon-enfant. Dans ce sens je
l'ai trouvé éthiquement chrétien, même résigné. C'est la critique évidente de "patronage" que j'utiliserais; j'ai vu
un parallèle entre la parole de Pippo et celle du pape Wojtyla - un Monsieur Loyal, grand organisateur de rituels
de bonne volonté et rallyeur de victimes. Cependant chez Wojtyla l'ombre apparaît nettement quand après le
discours sur la bonté et l'altruisme apparaît la condamnation de la capote.
Un grand merci à ceux qui ont contribué à cette proposition de tribune. Vu le fait que je propose de travailler avec la
notion de "théâtre chorégraphique", et que ce terme revenait souvent dans les commentaires sur Pippo Delbono, je
tenais à créer une tribune où l'on pouvait "prendre position" et dialoguer.
Enrique
Lina Cespedes [[email protected]]
dim. 30/05/2004 23:23
J'espère qu'il n'est pas trop tard pour participer à cette tribune...
J'ai vu seulement "il silenzio".
Je suis restée un peu fascinée par les images qu'il nous balançait...
Je pense que pour savourer entièrement ce spectacle il faut avoir un bonne culture car il fait appel à pleins de références.
J'ai reconnu les références à Fellini, mais je sens qu'il y en a beaucoup d'autres qui m'ont échappé...
Au début après le bruit de tremblement de terre, j'aurais voulu un énorme silence et la musique m'a gênée à ce momentlà.
La première personne qui entre sur scène nous parcout une belle diagonale (Comme dans le spectacle de Castelucci).
ça marque... Commençons les solos par une entrée en diagonale !
Les moments qui m'ont vraiment marquée :
- La scène du mariage, très sage au début où les gens se mettent à danser dans une ronde très sage... et le rythme de la
ronde augmentant, on arrive vers une accélération tellement rapide qu'on touche à la folie. Plusieurs fois il fait accélérer
le rythme. Et ça donne un effet fascinant.
- Le transsexuel habillé de rouge qui chantait une chanson de Dalida (je ne suis pas sûre) en tout cas, la chanson parlait
d'être sur scène et sa robe rouge qui faisait penser à un rideau de scène et découvrait ce qu'il y avait à voir c'est à dire
son sexe féminin que Pippo allait même éclairer par une petite lampe de poche au cas où on n'aurait pas bien vu ce qu'il
voulait nous montrer... et la transformation dans le tableau suivant de cette créature en évèque... toute la salle a ri à ce
moment-là.
- La scène du banquet aussi est très réussie et très forte ( c'est là où j'ai l'impression qu'il me manque des références,
comme du déjà vu mais je ne sais pas où )
- Et puis la parade de foire avec la madone sur les échasses et tous ces personnages grotesques. C'était très beau. On
rentrait complètement dans ce tableau. ( Est-ce qu'à ce moment-là il y avait la musique de la Strada ? ou est-ce que je
me trompe ?)
A cause de son accent italien, il m'a manqué de bien comprendre le texte qu'à dit Pippo Delbono.
J'aurais dû prendre des notes plus tôt, je suis sûre qu'il y a des choses que j'ai déjà oublié.
notemment la fin avec cette étrange chanson un peu sirupeuse où il était question de passion amoureuse, j'ai oublié ce
qui se passait sur scène à ce moment-là.
Je n'ai pas eu le temps d'aller voir un deuxième spectacle de lui.
Voilà.
Maryline Guitton [[email protected]]
ven. 04/06/2004 01:05
Il Silenzio
Pippo Delbono
Des trompettes, quelques paillettes, un nain, des échasses… Le rideau tombe sur cette cacophonie
intitulée El Silenzio. En moi se mêlent l’incompréhension, l’ennui et le malaise. Difficile de contribuer
à une « tribune Pippo Delbono » en ayant assisté à un seul de ses spectacles. Mais il paraît que
c’est un de ses meilleurs.
Je serais bien incapable de vous dire de quoi parle la pièce. Le résumé évoque un tremblement de
terre. J’ai trouvé la narration anecdotique (des corps allongés, un girophare). Certes, le metteur en
scène a le sens de l’esthétique. Mais une fois goûté le plaisir de quelques belles images, le propos
de Pippo Delbono soit m’échappe, soit est inexistant. Je ne considère pas le fait d’engager dans sa
troupe des personnes handicapées comme un acte politique conséquent. Encore faudrait-il que cela
se justifie par la pièce elle-même. Cela donne lieu à quelques gags éculés comme l’avant-dernière
scène, celle du match de boxe entre deux hommes dont un « homme de petite taille » (restons
politiquement correct !). Evidemment, c’est le petit qui gagne. David et Goliath, ça ne date pas d’hier.
Mais il y a façon et façon d’amener les choses. Ici, on sombre dans la démagogie car les frontières
entre le réel et la fiction se brouillent. On est loin d’un théâtre comme lieu de la métaphore.
Des aspects apparemment techniques (mais peut-être plus profonds qu’il n’y paraît) n’aidaient pas
dans la compréhension de la pièce. Pippo Delbono monte sur scène pour lire un texte, en français.
Les questions se bousculent : pourquoi tient-il son texte à la main ? Pourquoi erre-t-il comme ça sur
scène, en jean et T-shirt débraillés ? Et pourquoi nous inflige-t-il cet accent italien à couper au
couteau ? Il se met à courir, s’essouffle et c’est encore pire, je ne comprends plus un mot. Quel
besoin a-t-il de se mettre autant en avant ? Il aurait pu dire le texte en italien et utiliser le système de
sur-titrage, déjà employé pour la traduction de chansons italiennes. D’ailleurs, parlons-en, des
chansons italiennes ! De la variété balancée par une sono qui sature. Comme dit ma grand-mère, les
goûts et les couleurs… En sortant du théâtre, une seule chose me vient à l’esprit : enfin un peu de
silence.
Maryline Guitton
Sharon Feder [[email protected]]
jeu. 03/06/2004 17:49
TOO MUCH! I cant keep up here. Don’t have the time to write a ‘prise de position’, The only thing I can muster in a
moment is of my experience at the performance Silencio. I have an indelible memory of a simplicity of presence. And
a presence d’esprit that is filled with pandamonium and turmoil, culturally charged images mixed with subtle human
feeling, and did not overwhelm nor attack the public for the ills of society, but rather allowed itself to be seen as it
received the blows of the violence and their unraveling consequences. Humor!! yes!! One image led to another, the
transitions where in themselves revelations and each activity acquired its own meaning, I guess I liked it. This is
really a rough response. Do as you like.
Over and out,
sharon
Simona Colombo [email protected]
jeu. 27/05/2004 11:29
Per il momento ho visto "Barboni", questa sera mi attende "gente di plastica"...
Ho la fortuna di una cara amica direttrice di un teatro in Italia che mi
ha gentilmente fatto avere due biglietti per le serate.
Non mi aspettavo di vedere una intera retrospettiva su delbono, a parigi,
in centro citta'.
A parte la solita commozione che viene dai suoni e dai sapori della mia
amata terra, la prima impressione e' che tutti su quel palcoscenico, abbiamo
trovato il loro posto, e la loro ragion d'essere.
Un lusso.
Un saluto,
simona
Valérie HEBEY [[email protected]]
jeu. 03/06/2004 17:36
Alors, Pippo Delbono, :
Certes, une recherche de mise en scène mais que j’ai trouvé très naïve, pas d’acteur, que des figurants, un « monsieur
loyal » perdu dans ses papiers, au prise avec une langue étrangère, j’aurai tellement préféré l’entendre parler italien,
Illustration sonore tonitruante, sans intérêt musical particulier… j’ai chercher pendant toute la pièce le propos annoncé (le
silence, l’après tremblement de terre, la reconstruction) et ne l’ai pas vu. J’avais l’impression d’une répétition bancale…
En tant que spectateur j’aurai pu me sentir touchée, par ces efforts maladroits, mais là, aucune émotion, un grand
vide …
Je suis très étonnée de la critique dithyrambique de Télérama qui parle : « d’un extravagant patchwork où chaque scène
pourrait se suffire à elle-même, où la perfection toute orientale d’un geste, d’une expression, conduit à la pure
émotion.L’émotion c’est ce qu’il cherche très simplement avec ces corps différents, ces silences, ces cris, ces musiques
(…) tout matériau lui est bon pour parvenir à ces fins. »
Quand a l’utilisation des handicapés « éclopés magnifiques » selon F. Pascaud, je trouve cela très contestable, en tout
cas cela ne suffit pas à créer l’émotion.
Dommage, on sent un type plein de souffrance et qui cherche à exprimer artistiquement quelque chose de fort pour lui,
mais cette morbidité naïve, ne m’a pas atteint.

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