Le baron de Batz - Amoureux d`Art en Auvergne

Transcription

Le baron de Batz - Amoureux d`Art en Auvergne
Le baron de Batz
1754‐1822
Association Amoureux d’Art en Auvergne Centre Municipal Jean‐Richepin 21 rue Jean‐Richepin 63000 Clermont‐Ferrand
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Il avait été poursuivi par toutes les forces de police durant la Terreur révolutionnaire ; il avait avait tenté de sauver Louis XVI de l’échafaud et de faire échapper Marie‐Antoinette de sa prison. L’une des figures les plus énigmatiques de la Révolution a fini ses jours en Auvergne au château de Chadieu où il s’est éteint en janvier 1822 à l’âge de 68 ans. Aristocrate, homme d’affaires et infatigable conspirateur, tel était Le baron de Batz. Jean de Batz est né dans les Landes le 26 janvier 1754. Après des études à Bordeaux et une période militaire dans le régiment des dragons de la reine, le baron de Batz se lance dans les affaires. Son activité se porte sur l’assurance, ce qui est une nouveauté pour l’époque, mais aussi sur l’acheminement des eaux, l’importation des bois du Nord, l’éclairage, l’évacuation des ordures et le logement parisien. Batz Gravure d’après un portrait de Louis‐Roland Trinquesse, 1775, Musée Carnavalet est conservateur en politique mais en matière d’économie, il est fondamentalement libéral et novateur. Il est député de la noblesse aux Etats généraux en 1789 puis président du comité des liquidations au sein de l’assemblée constituante. Ce comité était chargé d’apurer les dettes de l’Etat en dédommageant les particuliers ayant versé avant la révolution des sommes pour l’acquisition de charges qui se trouvaient aujourd’hui supprimées. Convaincu que la monarchie sera bientôt en péril, Batz profite de ses fonctions pour alimenter une caisse noire destinée à financer les mouvements royalistes. Ses malversations ne seront découvertes qu’en 1792 mais à ce moment Batz aura choisi la clandestinité. Il parcoure l’Europe, rencontre les principaux chefs de l’émigration et revient régulièrement en France pour s’occuper de ses affaires qui continuent d’être florissantes. En 1793, à l’annonce de la condamnation à mort du roi, Batz forme de projet d’arrêter le convoi qui doit conduire Louis XVI à l’échafaud. Il croit pouvoir compter sur plusieurs centaines d’hommes pour fendre la foule et enlever le roi. Mais le 21 janvier 1793, lorsqu’il s’écrie en levant son épée : « A moi, ceux qui veulent sauver le roi ! », ils ne sont que trois à le suivre dont deux se font massacrer par les gardes. Batz parvient, lui, à s’enfuir. N’ayant pu parvenir à sauver le roi, Batz va désormais forger le projet de faire évader la reine de sa prison du Temple. Mais le projet se solde par un échec. Alors il le renouvelle alors que la reine a été transférée à la conciergerie. Cette nouvelle tentative est restée célèbre sous le nom de « conspiration de l’œillet » dont Alexandre Dumas s’est inspiré 52, rue de Beauregard, Paris 2
ème
pour son roman Le chevalier de Maison Rouge. Mais elle échoue comme la première. Batz est désormais recherché par toutes les forces de police. Mais il reste introuvable tandis que ses complices sont, à un, arrêtés, transférés devant le tribunal révolutionnaire et exécutés. Durant toute la période du Consulat et de l’Empire on n’entend presque plus parler du baron. Il passe la plus grande partie de son temps en Auvergne où il a fait l’acquisition du château de Chadieu. A l’âge de 57 ans, il se marie avec Michelle Thilorier qui a vingt ans de moins que lui. Son épouse est la fille de Mme d’Eprémesnil, exécutée sous la Terreur et la nièce de Michelle de Bonneuil, une autre figure énigmatique de l’époque, amie du poète André Chénier puis espionne au service de Talleyrand sous l’Empire. En 1815, le roi Louis XVIII l’élève au rang de chevalier de Saint‐Louis et lui accorde le commandement militaire de la division du Cantal poste, dans lequel, dit‐on, il se fit surtout remarquer par ses absences prolongées. Un personnage aussi romanesque que le baron ne pouvait manquer de donner naissance à certaines légendes. Une rumeur courut au sujet de son décès. Le baron aurait, dit‐on, présenté un faux acte de naissance le rajeunissant de façon à pouvoir obtenir sa promotion de commandant du Cantal. Quelques jours avant sa mort, le baron aurait reçu la visite d’un émissaire du roi lui laissant le choix entre une arrestation imminente et le suicide. La rumeur est évidemment invérifiable. On a, il est vrai, retrouvé dans le dossier militaire du baron un faux acte de naissance. Le baron a‐t‐il véritablement fourni ce document dans un but frauduleux ou bien s’est‐il trompé dans la masse des faux passeports qu’il s’était fait établir durant la Terreur ? Et si, beaucoup plus simplement, le baron avait voulu se rajeunir aux yeux de sa jeune femme au moment de leur mariage. Car Michelle de Batz ignorait la date de naissance de son époux comme en témoigne la date que l’on peut voir aujourd’hui encore gravée sur son tombeau. Jean‐Pierre Bellon Bibliographie Ouvrage du baron de Batz : Baron Jean de Batz, La conjuration de Batz ou la journée des soixante, 1795, sans nom de ville ni d'éditeur. Ouvrages sur le baron : Charles de Batz, La vie et les conspirations de Jean, Baron de Batz, 1754‐1793, Paris, Calmann‐Lévy, 1909‐1911. Olivier Blanc, Les hommes de Londres, Paris, Albin‐Michel, 1989. Olivier Blanc, La corruption sous la Terreur, Robert‐Laffont, 1992 Olivier Blanc, Les espions de la Révolution et de l'Empire, Paris, Perrin, 1995. Noëlle Destremau, Le baron de Batz un étonnant Conspirateur, Nouvelles Editions Latines, 1999. Paul Gaulot, Les chemises rouges, une conspiration sous la terreur, Paris, Paul Ollendorff , 1893. Marina Grey, Le baron de Batz, le d'Artagnan de la Révolution, Paris, Perrin, 1991. G. Lenôtre, Le baron de Batz, Un conspirateur sous la terreur, Paris, Perrin, 1916. Arnaud de Lestapis, La conspiration de Batz, Paris, Société des Études Robespierristes, 1969. Jean Palou, Le Baron de Batz, commandant du Cantal, 1816‐1818. Annales historiques de la Révolution française, 1962. Le château de Chadieu La tombe du baron au cimetière d’Authezat (63)