6.3. Peut-on intégrer la détection intrusion et la

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6.3. Peut-on intégrer la détection intrusion et la
6.3.
Peut-on intégrer la détection intrusion et la détection
incendie dans un même système ?
Il peut sembler logique à certains d'intégrer la détection incendie et la détection intrusion dans
un même système de protection.
Ce qui à première vue peut sembler logique est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Cette
solution peut s'avérer techniquement non fiable, voire complètement illégale. Une détection
incendie qui ne serait pas fiable ne protège pas !
Que dit la réglementation ?
Il faut d'abord distinguer l'usage privé (les logements) des autres usages dit « professionnels »
qui tombent sous l'application du Code du Bien Être sur les lieux de travail (avec du personnel
ou assimilé), l'annexe 6 des normes de base (activités industrielles accumulant une certaine
charge calorifique), ainsi que les hôpitaux, les homes pour personnes âgées ou les
hébergements touristiques... sans oublier les nombreuses activités soumises à un permis
d'environnement, de bâtir ou autorisation d'exploitation qui spécifie clairement la présence
d'une « détection incendie ».
Nous complétons ce bref aperçu réglementaire par d'éventuelles obligations contractuelles
imposant une détection incendie (comme par exemple le contrat d'assurance) Dans ces cas, la
situation est très claire: les systèmes de détection « incendie » et les systèmes de détection
« intrusion » doivent être distincts.
Les législateurs font la distinction entre la sécurité des personnes (prévention des lésions
corporelles et la promotion du bien-être) et la protection des biens (gestion des protections
anti-intrusions et des contrôles d'accès). En effet, les préventionnistes en incendie et en
intrusion doivent maîtriser des compétences techniques différentes et en cas de sinistre, les
intervenants sont également différents.
Si on ne peut que recommander une synergie entre ces deux disciplines, la protection des
personnes doit primer sur la protection des biens.
En résumé et concrètement pour les milieux non résidentiels, dans tous les cas où une
« détection incendie » est exigée, les systèmes de détection intrusion et incendie doivent être
distincts.
Ceci n'est généralement pas précisé dans les logements privés (milieu résidentiel).
Est-ce dès lors autorisé en milieu résidentiel ?
La réponse doit être nuancée! D'un point de vue légal, cela est permis car ce n'est pas
interdit... Osons dire ici que les législateurs ont abdiqué devant la technicité et ont prescrit le
minimum:
° au niveau fédéral, compétent pour la sécurité civile et donc pour les interventions en cas
d'intrusion et d'incendie, l'installateur doit être agréé par le SPF Intérieur et par là même est
« supposé » connaître son métier,
° aux niveaux des régions - compétentes pour l'urbanisme et donc les logements - elles ont
toutes imposé des moyens de détection incendie dans les habitations. La Région wallonne
n'interdit pas l'intégration des détecteurs d'incendie dans un système, la région bruxelloise
l'autorise moyennant quelques exigences concernant leur alimentation et la région flamande,
par contre, impose clairement la conformité à la norme EN 14604.
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Ainsi, pour satisfaire « purement » aux prescriptions légales actuellement en vigueur, un
détecteur incendie pourrait être intégré à une installation de détection intrusion de type
INCERT, avec en plus pour la Flandre - mais de manière similaire dans les autres régions - la
condition qu'il continue à répondre aux critères de la norme EN 14604.
L'ennemi des systèmes de détection intrusion la fausse alarme !
Les fausses alarmes générées par des perturbations qui émanent soit de l'extérieur (parasitage
de type hertzien), soit de dysfonctionnements propres au système: mauvaise détection,
mauvaise compatibilité des éléments constituant le système, etc. Il faut donc s'assurer que les
détecteurs incendie que l'on veut intégrer à une installation de détection intrusion soient bien
compatibles.
S'assurer de la compatibilité !
De manière caricaturale, que certains spécialistes percevront un peu brutale, les composants
d'une installation de détection intrusion sont du type « tout ou rien ». Par contre, en raison de
technologies de détection utilisées, les détecteurs « incendie », requièrent un traitement plus
sophistiqué des signaux émis par les détecteurs vers la centrale.
Ceci explique pourquoi en intrusion, des composants certifiés séparément peuvent être
assemblés et former un système sur la base des dispositions de leur notice d'installation. Ainsi,
les installateurs font en quelque sorte leur « shopping » parmi les produits/composants
certifiés et, par leur savoir-faire professionnel, mettent en œuvre des systèmes « intrusion »
plus ou moins élaborés présentant toutes les caractéristiques de fiabilité désirées.
En prévention incendie il en va différemment, ici aussi chaque composant doit être certifié
mais les systèmes (ex.: central et détecteurs) doivent être prédéfinis et faire l'objet d'essais
bien précis en laboratoire sous peine de ne pouvoir être légalement installés.
En guise de conclusion?
Le marché du résidentiel est de plus en plus demandeur de systèmes de détection intrusionincendie intégrés, en tant qu'assureur ou courtier vous pouvez attirer l'attention de vos clients
sur l'absence de tout référentiel pouvant garantir la fiabilité d'une telle installation.
ATTENTION
Les autorisations, attestations, contrôles et garanties d'un système ne couvrent pas les
modifications! Intégrer des composants incendie à une installation existante et ne pas
s'assurer de la compatibilité, peut rendre caduque toutes les garanties qu'aurait pu donner une
tierce partie (assurance, organisme de contrôle, etc.). Cette responsabilité devra être assumée
par l'utilisateur, s'il a été averti ou par l'installateur, s'il n'en a pas informé son client!
Daniel DEMUTH
Industry Affairs Director ANPI
Président du TC79 intrusion Belgique et représentant
belge auprès du CEN TC 72 pour l'incendie
Principum 2013 – N° 3
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