Dick: "A la force du poignet" - Jean

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Dick: "A la force du poignet" - Jean
Dick: "A la force du poignet"
Contraints de s'arrêter une quinzaine d'heures à Recife pour réparer le chariot de
grand-voile de Virbac-Paprec 3, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron étaient de retour
moins de dix jours plus tard en tête de la Barcelona World Race. Pas surpris par ce
scénario, le premier, joint au téléphone ce mardi après-midi, avouait sa fierté d'être
repassé devant Foncia du duo Desjoyeaux-Gabart.
Nouveau record des 24 heures en Imoca: 516 milles. (Jean-Pierre Dick/ Virbac-Paprec Sailing Team)
Quelle est votre situation sur l'eau ce mardi ?
On vient de passer la porte Atlantique, la première porte du parcours. Et au classement, on
était premiers. On approche de l'Afrique du Sud. Il fait super beau, on a un beau vent de 25
noeuds, de très belles conditions. C'est assez rare pour le grand Sud. La mer est agitée, mais
c'est une mer assez courte, bizarrement. On a l'habitude de voir des mers plus longues dans
ces contrées. Là, c'est assez original.
Rien ne vous indique que vous entrez dans le grand sud ?
Si, si, l'eau n'est tout de même pas très chaude. Mais c'est vrai que c'est assez étonnant. On
navigue en tee-shirt. Tout à l'heure, je suis allé faire une manoeuvre en maillot de bain ! Il fait
assez chaud. Je ne devrais pas dire ça à ceux qui nous suivent... Mais bon, ça ne va pas durer.
Foncia est réapparu sur les classements mais c'est Virbac-Paprec 3 qui était en tête ce
mardi matin. Vous ne vous quittez plus...
Non, on ne se quitte plus, on se fait l'amour (rires). Ça peut durer autant de temps qu'on veut,
pourvu que l'on soit premiers à la fin ! Cette bagarre est plutôt sympa pour les gens qui
suivent la course. Ça serait moins amusant s'il y avait un bateau tout seul devant avec 500
milles d'avance. Pour nous aussi, c'est plus intéressant, même si c'est plus fatigant.
Vous gardez un oeil sur la marche de Michel Desjoyeaux et François Gabart ?
Oui, je suis en train de regarder justement.
"Repasser devant Michel Desjoyeaux sur un tour du monde,
c'est un moment rare"
Qu'est-ce que ça donne ?
Bon, ça va... Ils sont allés un peu plus vite que nous sur le dernier partiel, seulement 0,1
noeud. Mais globalement, je suis satisfait. J'ai même l'impression d'aller souvent plus vite que
lui. On a tout de même fait un retour exceptionnel. On est partis une heure après lui de Recife
et on a compté jusqu'à 100 milles de retard à un moment donné quand il a pris une bonne
option en allant un peu plus loin dans le contournement de l'anticyclone. On est revenus à la
force du poignet en battant le record de distance en 24 heures en Imoca. 516 milles, à 21
noeuds de moyenne, c'est assez exceptionnel. Et, au prix d'une bonne option de nuit, on est
repassés devant. Et je peux vous dire que repasser devant Michel Desjoyeaux sur un tour du
monde, c'est un moment rare. Souvenez-vous il y a deux ans, il a tout de même dépassé tout le
monde sur le Vendée Globe, il nous narguait en disant: "Ils ne vont pas vite, ils sont en mode
croisière !" Maintenant, c'est moi qui le passe, je peux vous dire que c'est une réelle fierté.
Dans quelles conditions avez-vous battu ce record des 24 heures ?
C'était humide. On a eu de belles conditions. On a été très réguliers, tout le temps à 21-22
noeuds de moyenne. Bizarrement, on n'a pas passé beaucoup d'heures à la barre. On barre
beaucoup plus aujourd'hui alors qu'on va moins vite.
Aviez-vous imaginé de voir Virbac-Paprec 3 et Foncia reprendre aussi facilement la tête
de la course en quittant Recife ?
Oui, c'était quelque chose de très possible au départ de Recife. Après, ça reste le scénario
rêvé. On est repartis avec quelques centaines de milles de retard sur nos concurrents (près de
300, ndlr), mais on savait que la route était bonne. Même si on ne s'était pas arrêtés à Recife,
j'aurais peut-être pris cette option (une route très à l'ouest pour contourner l'anticyclone de
Sainte-Hélène, ndlr). Dans ma tête, c'était clair: on était déjà très à l'ouest quand on a dû
s'arrêter à Recife. Pour moi, c'était la bonne option de descendre dans le sud sans faire de l'est
tout de suite. Mon seul regret, c'est d'avoir cassé la rail (de chariot de grand-voile, ndlr)
finalement, même si aujourd'hui ce n'en est plus vraiment un. Ce qu'a réalisé l'équipe, c'est
super.
Aujourd'hui, tout va bien pour le bateau et les hommes ?
Oui, le bateau marche bien. Tout va bien. Pas de problèmes. Et les marins sont fatigués mais
sont heureux d'être là, de vivre cette aventure. On se supporte toujours, c'est l'essentiel. Ce
n'est pas difficile avec Loïck, c'est quelqu'un de très sympa.
Vous avez connu tous les deux des avaries dans le grand Sud lors du dernier Vendée
Globe au point d'abandonner. Y a-t-il une appréhension à y retourner ?
Non, pas vraiment. On y retourne avec plaisir, en espérant que ça se passe bien. On n'en parle
pas tous les deux, c'est un sujet un peu tabou, les démâtages, les avaries...
Source : http://www.sports.fr/cmc/voile/201104/barcelona-world-race-dick-fier-d-etre-devantdesjoyeaux_330248.html?archiveshome