Présentation Exposition « Oiseaux de légende des mers
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Présentation Exposition « Oiseaux de légende des mers
Présentation Exposition « Oiseaux de légende des mers australes » Exposition présentée sur le front de mer de Saint-Pierre en juin 2010 Préambule L’assemblée générale de l’ONU a désigné l’année 2010 Année internationale de la biodiversité. Les Taaf participent pleinement à cet événement mondial pour développer la connaissance de la biodiversité exceptionnelle présente dans ces territoires. Les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), collectivité française d’outre-mer, sont dispersées selon un gradient exceptionnel qui va des tropiques au Pôle Sud, dispersés dans trois zones géographiques distinctes : les îles subantarctiques, les îles éparses et l’Antarctique. Du fait de leur éloignement et leur difficulté d’accès, les Taaf constituent des sanctuaires de biodiversité, qui rassemblent une richesse patrimoniale remarquable constituant une des « sentinelles » de la biodiversité mondiale. Elles présentent un intérêt exceptionnel pour la conservation de la biodiversité. Les oiseaux marins sont particulièrement caractéristiques de ces territoires. Les archipels de Crozet et de Kerguelen abritent ainsi les communautés d’oiseaux marins les plus riches et diversifiées au monde. Les effectifs reproducteurs atteignent plusieurs millions d’individus, soit les biomasses d’oiseaux les plus importantes que l’on connaisse avec 60 tonnes au km² à Crozet. Les manchots royaux qui se regroupent pour se reproduire peuvent former des colonies pouvant atteindre plus d’un million d’individus, soit les concentrations jamais égalées. Autre espèce emblématique, l’albatros d’Amsterdam, endémique à l’île d’Amsterdam ne compte plus que 30 couples. L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) considère cet oiseau comme gravement menacé d’extinction, ce qui représente aujourd’hui un enjeu majeur de conservation pour la France. Contenu de l’exposition L’exposition « oiseaux de légende des mers australes » a été inaugurée le 22 mai par Marie-Luce Penchard, Ministre chargée de l’Outre-mer. Dans son discours, la Ministre a rappelé l’importance de mettre en valeur le rôle majeur joué par les territoires ultra-marins pour le maintien et la conservation de la diversité biologique à l’échelle mondiale. Elle a également fait part de son "affection particulière pour ces « terres extrêmes », véritables joyaux malheureusement trop méconnus et pourtant si importants pour l’avenir de notre planète, tant au niveau scientifique que patrimonial". Au travers de 22 panneaux photographiques de 1,50 m sur 1,00 m, l’exposition présente les différentes espèces d’oiseaux marins que l’on peut trouver dans la plus grande réserve naturelle de France : la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises. Disponibilité La ville de Saint-Pierre met à disposition du 22 mai au 30 juin 2010 un espace public remarquable sur le front de mer, en face du casino, lieu de passage privilégié des habitants et des touristes, L’accès est entièrement libre et gratuit. Dans le cadre d’une convention de partenariat signée le 29 avril 2010 entre l’Académie de la Réunion et les Taaf, cette exposition sera ensuite mise à la disposition des responsables pédagogiques afin de sensibiliser les scolaires à la protection et à la sauvegarde de la biodiversité. Elle sera également à la disposition des institutions et collectivités locales de l’île pour pouvoir être présentée dans des lieux publics (salles d’exposition, médiathèques, salons…), permettant ainsi au plus grand nombre de découvrir ces oiseaux de légende. Modalités techniques 22 panneaux format 1m50 x 1m, tous en format paysage. Les photos ont été imprimées sur film numérique, avec film antitag et collés sur une plaque dibon. Tous les panneaux sont fixés sur des cadres en acier (tubes carrés). Ils sont livrés sans pied. L’exposition convient pour une présentation en extérieur comme en intérieur. Les 22 panneaux Extraits des panneaux Les îles australes : des écrins de biodiversité Au sein de l’océan Austral, en milieu totalement isolé, la faune et la flore des terres australes présentent des adaptations singulières développées au cours de plusieurs millions d’années d’évolution. Les contraintes climatiques extrêmes et la très forte relation entre le milieu marin et terrestre ont façonné des milieux originaux, sans équivalents dans l’hémisphère Nord. Les espèces qui y vivent, comme les albatros ou les manchots, sont remarquablement adaptées aux conditions extrêmes qui règnent autour des 40e « rugissants » et des 50e « hurlants ». Ces îles se situent à proximité de grands courants océaniques, particulièrement riches en nutriments qui amorcent une chaîne alimentaire abondante. Plancton, crustacés, calmars et poissons profitent aux oiseaux de mer, qui s’y alimentent. S’ils se nourrissent et passent la majorité de leur vie en pleine mer, les oiseaux marins doivent cependant se poser sur la terre ferme pour se reproduire. Seuls espaces terrestres disponibles dans ces vastes étendues océaniques, les îles constituent de véritables sanctuaires pour ces oiseaux. Ainsi, en période de reproduction, plus de vingt-cinq millions d’oiseaux sont dénombrés sur l’archipel de Crozet. Sur l’île d’Amsterdam, sont présents les deux tiers de la population mondiale d’albatros à bec jaune. Les îles australes sont aussi le refuge d’espèces très rares. Le plateau des Tourbières de l’île d’Amsterdam héberge l’unique colonie d’albatros d’Amsterdam, espèce endémique en danger critique d’extinction. En 2010, on ne comptait plus que 30 couples de cette espèce dont la conservation constitue aujourd’hui un enjeu pour la France. Mais ces oiseaux ne sont pas les seules richesses de ces régions australes. Différents pinnipèdes (éléphants de mer, otaries) et cétacés (baleines, dauphins, orques) viennent également s’alimenter ou s’y reproduire. Les eaux de Crozet et de Kerguelen accueillent notamment des baleines bleues dont la population est extrêmement menacée. Les eaux côtières de Kerguelen abritent une sous-espèce de dauphin de Commerson unique au monde. Certains orques qui s’alimentent et se reproduisent dans les eaux subantarctiques viennent chasser les jeunes éléphants de mer et les manchots le long des côtes. Le patrimoine biologique encore presque intact de ces territoires est d’une richesse et d’une importance considérable dont la France se porte garante auprès de la communauté internationale. Les enjeux de conservation Les Taaf souhaitent gérer leurs territoires en conciliant le maintien des activités humaines et la préservation des écosystèmes. Sur terre, il s’agit de permettre aux scientifiques de mener à bien leur travail, indispensable à la prise des mesures de gestion comme le suivi des populations d’oiseaux ou les relations inter-espèces. En mer, il est nécessaire de mieux appréhender les zones d’alimentation des oiseaux pour limiter l’impact potentiel des différentes pêcheries. Pas de conservation de la biodiversité sans science! Les îles australes françaises accueillent depuis plusieurs décennies de nombreuses activités de recherche touchant aussi bien les sciences de la vie que les sciences de l’univers. La mise en œuvre de ces activités de recherche menées par les laboratoires du CNRS, de l’INRA et différentes universités s’effectuent sous la tutelle de l’Institut polaire Paul-Émile Victor (Ipev). Les Taaf assurent le fonctionnement logistique des bases subantarctiques, permettant ainsi aux scientifiques de mener leurs études dans de bonnes conditions. En moyenne, 225 chercheurs français et étrangers sont présents chaque année sur les bases australes à travers une soixantaine de programmes. Les connaissances pluridisciplinaires acquises depuis plus de 50 ans permettent ainsi à la France de jouer un rôle de premier plan dans la recherche subantarctique et antarctique. Elles contribuent à la compréhension des changements climatiques et des impacts de l’activité humaine sur ces écosystèmes. Des indicateurs indispensables à la bonne gestion de la réserve naturelle sont élaborés grâce à ces données, notamment dans la protection des espèces et des milieux. Les menaces qui pèsent sur la biodiversité australe Les espèces introduites Les îles australes sont des écosystèmes où la faune et la flore n’ont développé aucun mécanisme de défense contre la colonisation par de nouvelles espèces. Les espèces envahissantes végétales (pissenlit, graminées) ou animales (lapins, rats, chats, moutons, bovins…), introduites volontairement ou non sur les îles, sont donc l’une des principales menaces qui pèsent sur la biodiversité. On estime que les chats, introduits à l’origine pour limiter les populations de rats, consomment environ un million d’oiseaux marins par an dans l’archipel de Kerguelen. Des plans d’action spécifiques sont en cours, permettant de mieux gérer l’impact de ces espèces en limitant notamment la contamination des sites vierges de toute perturbation. Les changements climatiques Les changements climatiques sont particulièrement marqués dans la zone australe. Sur Kerguelen, par exemple, on constate une forte diminution de la pluviométrie et une augmentation de la température moyenne de plus de 1,3°C sur les 50 dernières années ! Ces modifications ont des effets néfastes sur l’écosystème austral, au bénéfice de l’installation des plantes introduites. L’action combinée des espèces introduites et des perturbations liées au réchauffement climatique peuvent créer des zones d’érosion importantes, formant de véritables « déserts de vie ». En mer, les modifications dans les courants océaniques peuvent affecter les zones d’alimentation des oiseaux, leur imposant d’effectuer des voyages beaucoup plus longs, limitant ainsi la survie des poussins qui attendent le retour des parents pour être alimentés. La mortalité accidentelle des oiseaux liée à la pêcherie La pratique de la pêche à la palangre dans l’océan Austral a longtemps eu un impact négatif sur les oiseaux (albatros et pétrels) qui périssaient noyés, accrochés aux hameçons présents sur les lignes. Les mesures de conservation, comme la pêche de nuit, le lestage des lignes ou l’installation de systèmes d’effarouchement ont permis, avec l’implication des armements et des scientifiques, de stopper depuis 2003 la mortalité des albatros dans les Zones Économiques Exclusives de Crozet et de Kerguelen. Ces mesures ont également permis une nette diminution des captures accidentelles de pétrels. Des mesures supplémentaires sont proposées chaque année pour améliorer ces résultats. La France œuvre continuellement pour que des mesures conservatoires soient aussi mises en place dans les eaux internationales fréquentées par les albatros et les pétrels nichant dans la réserve. L’Accord de Conservation des Albatros et Pétrels (ACAP) ratifié en 2005, tente de limiter l’impact des pêcheries pratiquées dans les secteurs sud de l’océan Indien. Les déchets Le fonctionnement des bases permanentes, installées dans les années cinquante, est à l’origine d’une perturbation des milieux austraux. La production et le stockage des déchets, parfois dangereux, constituent des risques de dégradation pour les écosystèmes. Les Taaf mènent désormais une politique de tri exemplaire des déchets et de leur rapatriement. Outre la gestion quotidienne des déchets « courants », les Taaf ont mis en place un plan ambitieux qui vise au retraitement des déchets accumulés au fil des ans. Sur Crozet, une opération de dépollution de l’ancienne décharge a permis d’évacuer plusieurs dizaines de tonnes de déchets divers. Ce plan va se poursuivre dans les 5 années à venir. La réserve naturelle nationale des terres australes françaises La réserve naturelle nationale des terres australes françaises, qui regroupe les archipels de Crozet et Kerguelen, les îles Amsterdam et Saint-Paul, a été créée en 2006 pour tenter d’enrayer le déclin de la biodiversité. D’une superficie supérieure à 2200000 hectares dont 1500000 en réserve marine, elle est de loin la plus grande réserve naturelle de France. Cette réserve naturelle est également inscrite depuis 2008 à la convention Ramsar, qui vise à la préservation des zones humides d’importance internationale. Des plans d’actions ambitieux L’ensemble des mesures de protection associée à ces sites classés permettent de mieux préserver les oiseaux de légende des Terres australes françaises. Dans le cadre de la Stratégie nationale de la biodiversité (SNB), les Taaf ont remis au Ministère en charge de l’Écologie et au Ministère de l’Outre-mer leur plan d’action biodiversité. Ce plan, qui se découpe en 8 grandes finalités issues des objectifs du Grenelle de l’environnement, prévoit la mise en place d’actions concrètes sur la période 2009-2010. Concernant l’albatros d’Amsterdam, espèce en danger critique d’extinction au niveau mondial, les Taaf mettent en place un plan national d’action, en collaboration avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et les scientifiques (CNRS/Ipev) qui travaillent sur cette espèce depuis de nombreuses années. Soutenu par le Ministère en charge de l’Écologie, ce plan aura pour objectifs de proposer des actions de protection aussi bien à terre (zone de reproduction) qu’en mer (zone d’alimentation). Enfin, en sa qualité d’organisme gestionnaire de la réserve, les Taaf rédigent actuellement son plan de gestion qui définira la politique environnementale sur la période 2011-2017. Ce plan qui rassemble l’ensemble des connaissances actuelles de ce vaste espace protégé devrait permettre de mieux appréhender la préservation de la biodiversité dans les années à venir.