Press Review page

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C'est à voir...
par Renaud Machakt
Reluquage extrême
titre, d'abord, irrésistible
tatanes à Manhattan
(2012), qui fait écho à « En Berline à Berlin », produit selon le
même principe en 2009. L'auteur,
semble ne vouloir retenir de New
York qu'un off bling bling et noctambule déjanté : un cocktail mondain où sont servis des cafards
grillés et de la « pme de taureau »
ensuite, Antoine de Caunes, qui a
toujours animé et produit des
émissions tordantes sur la culture
mijotée, un concours de danse
pour créatures transgenre dans
un bar à tapin portoricain, une
anglo-saxonne (« Eurorrash »,
de 1993 à 2001, présenté un
temps,
avec un accent à couper au couteau, en compagnie du couturier
Jean Paul Gaultier) dont il aime les
maîtresse du guili-guili bien tempéré, du strip-tease d'avant-garde,
des rapeurs gay, etc. Mais ce New
York-ci semble un tableau singu-
Le
« En
:
»
plis et replis les moins fréquentés,
voire les moins avouables (avec de
Caunes, il y a toujours de quoi reluquer). Autre raison d'être intrigué
et de regarder : la déprogrammation, la veille, mardi 6 novembre,
de ce documentaire de divertissement au profit d'un match de football, en première partie de soirée,
avant « Obama, la dernière campagne », de Laurence Haïm, dont j'ai
traité dans ma chronique du
8
novembre.
L'ennui, avec ce report de
24heures d'« En tatanes àManhattan », est que de Caunes, à la fin de
son périple sur « la ville debout »,
comme l'appelait Céline, laissait
ouverte l'issue des élections amé :
ricaines, dont les résultats allaient
être donnés la nuit même. Ce qui,
le lendemain, faisait tomber à
plat cette conclusion interrogative à l'un des maillons de la
Semaine USA » de Canal+.
De Caunes, qui fut, on s'en souvient et on en pleure encore de
«
rire, tour à tour Didier l'embrouille, Ovin-Ovin dit Pme d'huître, Gérard Languedepute, Raoul
Bitembois
ou Péteur Pan, dans
« Nulle Part ailleurs », sur Canal+,
de 1987 à 1995, ne se prive jamais
des incorrections et provocations
pipi-caca de rigueur. « En tatanes
à Manhattan » n'y échappe
pas,
qui montre allègrement, le cryptage aidant, moult croupes des
deux sexes et organes génitaux
sic !) et
(floutés ou avec postiche
-
lièrement recomposé et retouché,
de la même façon que « Paris dernière », sur Paris Première, ne
pose son regard (souvent torve)
sur les nuits de la capitale qu'à travers le petit bout de la lorgnette.
D'ailleurs, de Caunes n'hésite
pas à falsifier les faits au profit de
son récit, affirmant par exemple
que Takeru Kobayashi
-une star
«En tatanes a
Manhattan » semble
ne vouloir retenir
de New York qu'un
offbling-blinget
noctambule
déjanté
du
« speed eating » aux EtatsUnis-, qu'il interviewe brièvement, est le recordman de l'avalage express de hot-dog. Or, s'il fut
champion mondial de 2001 à
2006, au concours Nathan de
Coney Island, le Japonais ne l'est
plus depuis, battu chaque saison
par Joey Chestnut (68 petits painssaucisse en 10 minutes). Mais
Chesnut, avec son côté grand
dadais du Midwest, n'a pas le glamour du sexy Kobayashi, aux
mâchoires et aux abdos d'acier...
Mais on n'en veut pas à de Caunes pour de telles broutilles. Avec
son esprit joyeux et joueur de garnement qui ne veut pas vieillir, et
ne vieillit pas, on se sent rajeunir
de... conserve.
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