Le Mariage de Figaro, Beaumarchais. Lecture analytique III, 5

Transcription

Le Mariage de Figaro, Beaumarchais. Lecture analytique III, 5
Le Mariage de Figaro, Beaumarchais.
Lecture analytique III, 5 : Travail de Groupes
Pour tous : Vidéo de la scène.
Rédaction au brouillon de l’introduction
Problématique : Comment Beaumarchais mêle – t-il dans ce duo l’intrigue de sa pièce mais aussi ses revendications
sociales et politiques ?
Répartition de la classe en trois Groupes (correspondant aux trois axes) : Relevez les expressions, phrases du texte
correspond aux axes et idées qui vous sont attribués et justifiez vos choix.
Mise en commun
Rédaction de la conclusion.
Intro
Fils d’un horloger parisien, Pierre Auguste Caron apprend le métier de son père. Présenté à la cour de Louis
XV, il devient professeur de musique auprès des filles du roi. A vingt-six ans, après un premier mariage, il prend le
nom de Beaumarchais et mène une vie d’homme d’affaires. Il sera ensuite chargé de missions secrètes à Londres et
à Vienne pour le roi. Ses premières œuvres littéraires ne connaissent aucun succès mais il devient célèbre en 1775
avec le Barbier de Séville. Neuf ans plus tard en 1784 Le Mariage de Figaro est un nouveau succès.
Beaumarchais renouvelle ici la comédie à travers le personnage de Figaro qui incarne le goût de la liberté, l’esprit
frondeur ; il dénonce les hypocrisies et les abus du pouvoir. Il tourne en ridicule le comportement de la noblesse
incarnée par le Comte Almaviva : il oppose la valeur de l’individu aux privilèges dus à la naissance.
L’acte trois est l’acte du procès, le comte se sent trahi après l’épisode dans les appartements de la comtesse et il va
chercher à savoir si Suzanne a mis au courant Figaro du désir de son maître de posséder la jeune épousée.
Comment Beaumarchais mêle – t-il dans ce duo l’intrigue de sa pièce mais aussi ses revendications sociales et
politiques ?
L’analyse se portera tout d’abord sur la dualité pour ensuite figurer la relation maitre et valet et enfin montrer les
enjeux politiques de Beaumarchais
Axe 1 Mise en scène autour d’une dualité
ID1 Composition du passage
ID2 Une joute oratoire
Axe 2 Relation maitre et valet basée sur la rivalité
ID1 Rivalité amoureuse
ID2 Rivalité sociale
Axe 3 Enjeux politiques de Beaumarchais
ID1 Monde de la tromperie et du mensonge
ID2 Univers de vanité et d’incompétence
ID3Monde de trahison et d’immoralité.
Conclusion
La dualité amoureuse n’est qu’un prétexte à passer les idées sur les inégalités sociales ainsi que les pratiques
politiques de la noblesse.
Beaumarchais s’inspire de l’auteur Italien Machiavel qui a écrit Le Prince Dans ce traité, la politique est présentée
comme dissociée de la morale, et le prince a le droit d’utiliser tous les moyens pour préserver son pouvoir. De cette
œuvre est né le terme machiavélisme.
Axe 1 Mise en scène autour d’une dualité
ID1 Composition du passage
-
Le dialogue et vif et les répliques à peu près identiques sauf une de Figaro consacrée à la politique.
Apartés. l.1 et 2
Rappel de l’épisode de la chambre de la comtesse. L3 à 7
Portrait de Figaro. L 8 à 19
Apartés. L 20 et 21
Le travail à Londres. L. 21 à 25
Qu’est-ce que la politique ? L. 26 à 41
Apartés. L. 42 et 13
Chacun cherche à savoir ce que pense l’autre. Quand le comte perd, il change de sujet.
C’est surtout le comte qui pose des questions.
-
Le rôle des apartés
Pur artifice théâtral, ils n’ont aucune vraisemblance linguistique : le personnage se parle à lui-même., il pense tout
haut
Il suspend un moment l’illusion théâtrale puisqu’il s’adresse au spectateur.
Dans cet extrait, ils encadrent le dialogue entre les deux protagonistes.
Symétrie
Les deux premiers : Plan d’attaque
Les deux derniers : Conclusion.
ID2 Une joute oratoire
Elle a lieu en plusieurs temps.
- Figaro possède l’art de la réplique.
Il ne répond pas directement aux questions. Ex : L 4
Il emploie le parallélisme. Ex. L10 et 11 pour lui voler ses attaques sans jamais lui donner de réponse mais le pousser
dans ses retranchements.
- Ils utilisent la flatterie
L. 21 pour Figaro « Votre Excellence… »
L. 26 pour le comte « avec du caractère et de l’esprit… »
- Figaro emploie aussi l’humour, la moquerie
L. 41 Il chante.
- La stichomythie
L8 et 9, 13 et 14- 29.30.31
L. 13
-
L’ironie
L’insolence
L14
Axe 2 Relation maitre et valet basée sur la rivalité
ID1 Rivalité amoureuse
Figaro n’a plus confiance car il connait les intentions du comte
« LE COMTE, à part. Il veut venir à Londres ; elle n'a pas parlé.
FIGARO, à part. Il croit que je ne sais rien ; travaillons-le un peu dans son genre. »
Ce dernier ouvre le duel par un détour : il traite Figaro en confident en cherche à éclaircir l’épisode du cabinet.
« Quel motif avait la Comtesse pour me jouer un pareil tour ? »
Mais Figaro garde le secret et le renvoie à ses responsabilités. « Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi. »
mais il ne refuse pas son rôle de conseiller : (l5 et 6)
« Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. Sait-on gré du superflu à qui nous prive du nécessaire ? »
ANTITHESE + PARALLELISME
Ecart entre le don, le luxe «superflu » et le manque d’amour «le nécessaire » Il lui fait remarquer que la comtesse
est délaissée.
Sa franchise n’est pas sans conséquence car le comte sous-entend que Figaro le trahit « Autrefois tu me disais
tout. »
La réponse est immédiate comme la balle d’un joueur : « Et maintenant je ne vous cache rien »
Figaro n’a pas la même conception de l’amour :
« Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château ; c'est un fort joli sort : à la vérité, je ne serai
pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes ; mais, en revanche, heureux avec ma femme au fond de
l'Andalousie... » l.23
double opposition
« Il faudrait la quitter si souvent que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête. »
La vie conjugale est importante pour lui. A tel point qu’il est prêt à abandonner la fortune : « Aussi c'est fait
; pour moi, j'y renonce. »
D’où la conclusion du comte :
« LE COMTE, à part. Il veut rester. J'entends... Suzanne m'a trahi. »
ID2 La rivalité sociale
-Rappel de la relation maitre / valet par Figaro lui même
« Tenez, Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet »
Cette phrase dans l’emploi de l’impératif et du présent donne une impression de vérité générale renforcée par les
termes génériques « l’homme » et « le valet » Conseil + opposition
-
Le comte accuse Figaro par un lexique du faux Fuyant, il donne l’image du valet fourbe L.15
« Pourquoi faut-il toujours du louche en ce que tu fais ? » L.13
« Une réputation détestable ! » L.15
« et jamais aller droit. » L.16
-
La réponse d’attaque de Figaro s’adresse à travers le comte, à toute la noblesse
« Et si je vaux mieux qu'elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ? » L.5
Le « Je » de Figaro s’oppose aux « seigneurs »
Figaro dans la balance de la moralité, se juge supérieur aux nobles
-
Figaro dresse un tableau bien vivant du Tiers Etat
« Comment voulez-vous ? La foule est là : chacun veut courir : on se presse, on pousse, on coudoie, on
renverse, arrive qui peut ; le reste est écrasé. Aussi c'est fait ; pour moi, j'y renonce. » L.18
Accumulation de vb d’action + champ lexical de la rivalité
L’ascension est difficile pour les roturiers exprimés par « on » et « chacun »
Beaumarchais souligne la nécessité du combat
L’image du grand seigneur d’Espagne, pâlit devant la lucidité et le langage du valet
Axe 3 Enjeux politiques de Beaumarchais
ID1 Monde de la tromperie et du mensonge
L’ironie de Figaro se lit dans sa définition de la politique qu’il assimile à l’intrigue. (Servir ses intérêts personnels au
lieu de servir l’intérêt général)
Faire de la politique, c’est jouer la comédie : monde de faux semblant.
Feindre :
ignorer ce qu’on sait
Chiasme
savoir tout ce qu’on ignore
Entendre ce qu’on ne comprend pas
Chiasme
Ne point ouïr ce qu’on entend
Paraitre
« Jouer bien ou mal un rôle »
ID2 Univers de vanité et d’incompétence
« Oui, s'il y avait ici de quoi se vanter.
Surtout de pouvoir au-delà de ses forces ;
s'enfermer pour tailler des plumes »
et paraître profond quand on n'est, comme on dit, que vide et creux »
Beaumarchais considère les politiciens comme des sots et des incompétents
« avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point ; »
Le culte du secret est vu comme un élément essentiel (secret d’état) et trahir un secret c’est perdre le pouvoir.
ID3 Monde de trahison et d’immoralité
En politique seul le pouvoir compte : la fin justifie les moyens « tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par
l'importance des objets »
Les politiciens sont souvent hors légalité
« répandre des espions et pensionner des traîtres ;
amollir des cachets, (lire des courriers non destinés)
intercepter des lettres, »
Beaumarchais décrit ici le monde de l’espionnage qu’il connaissait bien.