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Histoire du Papier à Windsor En 1859, William Angus et Thomas Logan s'associent pour former la Angus, Logan & Co.. Leur but est de vendre sur le marché montréalais le papier produit par une usine de papier de Sherbrooke propriété de William Brooks. Un an plus tard, suite à des difficultés financières, cette usine est cédée à Angus, Logan & Co. Les circonstances s'avèrent être profitables. En 1861, la Guerre civile américaine éclate créant une demande extraordinaire de papier journal et une hausse des prix du papier. Avec les bénéfices, la Angus, Logan & Co. construit sa première usine à Windsor. En effet, Windsor Mills (nom utilisé pour le village de Windsor jusqu'en 1914) possède deux caractéristiques déterminantes. Au confluent des rivières Watopeka et Saint-François se trouve des chutes d'une dénivellation de quarantedeux pieds. Pour la technologie de la roue à eau de l'époque, elles sont une grande source de pouvoir hydraulique. La présence du chemin de fer le Grand Tronc, dont le parcours avait rejoint Windsor Mills en 1852 et qui se prolongeait aussi loin que Portland, Maine, s'avère être un deuxième élément décisif. 1864 Angus, Logan & Co. construit sa première usine de pâte à Windsor Mills : le moulin Windsor. Ce moulin fut aussi appelé par la suite Watopeka ou Vieux-Moulin. Les années 1864 à 1866 furent celles des premiers essaies au Canada de transformation de la fibre de bois en pâte à papier par un procédé chimique. John Thomson supervisait ces opérations d'expérimentation et de mise au point. Une plaque de bronze commémore d'ailleurs cette première canadienne. Elle est située à la halte routière de la rue Principale sud près de la paroisse Saint-Gabriel. Deux types de pâte étaient produites au moulin Windsor. D'une part une pâte fait à base de fibres de bois et d'autres part une pâte à base de fibres végétales diverses récupérées dans les villes à proximité (chiffons, cordages, papiers usagés). La pâte finale était un mélange des deux précédentes (75% pâte de bois, 25% pâte de chiffons) et alimentait l'usine de papier de Sherbrooke. 1866 Un deuxième moulin est construit à Windsor Mills. Il s'agit d'un moulin à papier complétant le site du moulin Windsor. Deux machines à papier de type fourdrinier de 62 et 72 pouces de large produisent de 2 à 3 tonnes par jour de papier à enveloppe, à livre, d'emballage ou du papier journal. La Angus, Logan & Co. compte à ce moment environ 100 employés dont une vingtaine de femmes et quelques enfants. La coupe, l'écorçage et le transport du bois requiert une main d'oeuvre importante pour quelques mois par années. Ce sont les cultivateurs qui approvisionnent la compagnie en bois dur. En 1871, le nombre d'employés était passé à 150. 1873 Angus, Logan & Co. devient Canada Paper Company Ltd. 1882 William Angus décide de partir son propre moulin à papier à East-Angus et se sépare de Thomas Logan. 1883 La Canada Paper construit une troisième usine à Windsor Mills: le moulin Springvale. Il était situé à quelques centaines de pieds plus haut en amont de la rivière Watopeka. Une partie des ruines est encore visible de nos jours. Comme matière première pour la fabrication de la pâte on n'y utilise que des fibres végétales récupérées (chiffons, cordages, papiers récupérés). Aucune pâte de bois n'y est produite. Le papier journal fait à base de chiffons et le papier d'emballage de type manille sont les principaux produits fabriqués. Ce moulin a nécessité la construction d'un barrage en amont de la rivière Watopeka pour régulariser le débit de celle-ci. Une conduite forcée de 60 pieds a aussi été installée sur cette même rivière vers le moulin Springvale. Deux machines à papier assuraient la production. Une machine de 62 pouces de large provenant du démantèlement de l'usine de Sherbrooke et une nouvelle machine de 90 pouces de large. 1886 Le moulin Springvale est détruit par le feu. 1887 Lors de la reconstruction du moulin Springvale on l'équipe de deux machines de 72 et 92 pouces de large respectivement. 1890 Le nombre d'employés passe à 230, dont 26 femmes, et la production de papier est d'environ 18 tonnes par jour. 1893 Le président de la Canada Paper, Thomas Logan, décède subitement à l'âge de 73 ans. 1895 La Canada Paper dénombre 300 employés à Windsor Mills. En 1895 commence la construction d'une usine vouée à la production de papier journal et de pâte mécanique. Le moulin Saint-François était situé sur la rivière du même nom et a nécessité l'érection d'un barrage sur le site des Petites Chutes de Brompton. A cette époque, en réponse à l'expansion du marché des journaux à grand tirage, le papier journal devient la principale source de revenus de l'entreprise. La matière première utilisée pour la fabrication de la pâte mécanique est le bois d'épinette et de sapin. La Canada Paper doit réorganiser son approvisionnement en matière première puisque les cultivateurs de la région fournissent principalement du bois dur. Elle se procurera le bois de résineux à partir de ses terrains et de producteurs privés situés en amont sur la rivière Saint-François. Le transport du bois était fait par flottage lors du gonflement des cours d'eau au mois d'avril et par voitures à cheval (on en dénombre 600 en 1899). Cette nouvelle usine employait à ce moment de 150 à 200 personnes passant à un total de 500 à 600 employés. 1901 Le moulin Saint-François est détruit par le feu et reconstruit en 1902. On construisit à ce moment une machine à papier haute vitesse de 156 pouces de large (la plus importante au Canada lors de son installation) et d'une cours à bois servant à l'écorçage du bois. Cette machine allait prendre le nom de Machine No.1 et cessa ses activités en 1988, quatre-vingt-cinq ans plus tard. Soixante-cinq travailleurs spécialisés forment une unité locale d'un syndicat américain l' "International Brotherhood of Pulp, Sulfite and Paper Mills Workers". 1905 Le parcours d'un important chemin de fer, le Orford Mountain Railway, atteint Windsor Mills sur la rive opposée de la rivière Saint-François (à ce moment le lieu-dit Greenlay). La terminus nord de cette ligne est construit à l'emplacement actuel de l'église de Saint-Grégoire-de-Greenlay. Une plaque tournante poussée manuellement permettait d'inverser la direction de la locomotive puisque le tronçon de ce chemin de fer se termine à Greenlay. En 1906, l'Orford Mountain Railway fait jonction avec le parcours du Canadian Pacific qui rejoint le Vermont. Ce chemin de fer traversait une grande région forestière et ouvrait donc beaucoup de possibilités concerant l'approvisionnement en matières premières. 1908 M.G.Kilgour devient le nouveau propriétaire de la Canada Paper et entreprend des changements à Windsor Mills. Le moulin Springvale est démantelé et démoli. Le moulin Watopeka (anciennement Windsor) est rénové et agrandi pour augmenter sa capacité de production. Le procédé pour la fabrication de la pâte de papier de Thomson est abandonné au profit du procédé kraft. Windsor Mills est la deuxième usine en Amérique du Nord (après East-Angus) à adopter ce procédé. Le procédé kraft, qui signifie fort en allemand, produit un papier plus résistant. Le carton et les papiers d'emballages sont fabriqués à partir de ce moment sans autres fibres végétales que la fibre de bois. 1909 Le mini-chemin de fer "Enterprize" est construit. Ce chemin de fer débutait son parcours au bôme (ou barrage Dufresne) à la hauteur de la 6e Avenue et terminait sa course au moulin Windsor. Il servait a compléter le transport du bois qui arrivait par flottage des terres-à-bois en amont de la rivière Watopeka. 1914 Windsor Mills devient Windsor. 1914 à 1918 Pendant la Grande Guerre la compagnie réalise d'importants bénéfices dûs à la hausse de la demande de papier journal et de papier kraft. Le papier kraft plus résistant et plus imperméable servait à la fabrication de cartouches de fusils, de sacs à sable et d'explosifs. Après la guerre, la demande de papier journal se maintient au cours de la période de prospérité d'après-guerre mais la demande de papier kraft chute. 1923 Une manufacture de sacs de papier (Bag Mill) est construite sur la rue Principale nord à Windsor. 1925 La Canada Paper fait face à vive concurrence sur le marché du papier journal et décide de concentrer ses activités autour de la fabrication de papiers utilitaires à forte résistance (carton, papier d'emballage, sacs). La production de papier est d'environ 70 tonnes par jour. 1928 La machine No.5 est construite au moulin Watopeka. 1929 Un laboratoire de recherche est formé à Montréal et relève directement du siège social. L'équipe de recherche se fait connaître, entre autres choses, pour l'invention, en 1934, de la fournaise de récupération de la liqueur de cuisson Badcox-WilcoxTomlinson. Ce fut une première mondiale et cette fournaise fut installée pour la toute première fois à Windsor. Cette invention permit de faire réaliser des économies substantielles et marqua un tournant remarquable pour l'ensemble de l'industrie de la pâte kraft. La Canada Paper se procure les dernières maisons qui étaient près du moulin Watopeka sur la rue Principale sud. 1930 Le service technique est formé à Windsor. Dans le but de diminuer ses coûts de transport et de coupe de bois la compagnie construit des routes sur ses terres-à-bois afin de permettre aux camions d'atteindre tous les endroits des terrains. Ce qui donne suite à l'abandon du mini chemin de fer " Enterprize ". 1934 La Canada Paper construit le Club House. Il fut démoli en 1996. 1937 La Canada Paper construit l'aréna. La machine No.3 commence à produire. 1942 Quelques 500 ouvriers insatisfaits de leurs conditions de travail forment une deuxième union et se joignent à la Confédération des Travailleurs Catholiques de Canada (CTCC l'ancêtre de la CSN). 1944 Après deux ans de tensions (incluant une grève de 3 jours), de nouvelles lois gouvernementales font en sorte que le CTCC devient le syndicat de tous les ouvriers de la Canada Paper. 1949 Le Club de curling est construit par la Canada Paper. 1951 La nouvelle cheminée du moulin Watopeka, d'une hauteur d'environ 300 pieds, est construite. Le nombre d'employés est de 975 dont 150 femmes. 1955 La machine No.6 commence à produire. Au total, on dénombre 1300 personnes employées à Windsor par la Canada Paper. 1959 100e anniversaire de la Canada Paper Des citoyens visitent l’usine Saint-François lors d’une journée portes ouvertes en 1959. 1960 Pour toutes les installations de Windsor, Canada Paper compte 1718 employés et la production de papier est de 320 tonnes par jours. 1961 La Dominion Tar and Chemical Company (Domtar) prend le contrôle de la Canada Paper Company. Les conifères se faisant plus rares en région, Domtar modifie sa production et utilise de plus en plus de bois dur afin de diminuer ses coûts d'approvisionnement en matières premières. Les usines de Windsor avaient utilisé du bois mou exclusivement à partir de l'année 1908. 1964 Domtar spécialise sa production à Windsor vers les papiers fins . Des investissements de modernisation de 12 millions sont faits pour une nouvelle cours à bois, un nouveau blanchiment et la modernisation de la machine no.3. L'approvisionnement en bois mou se fait sous forme de pâte en provenance de la nouvelle usine de Lebelsur-Quévillon. 1968 Une grève est déclarée à l'usine Domtar. Les employés ne rentreront au travail que six mois plus tard. 1977 La manufacture de sacs (Bag Mill) est vendue à la compagnie Atlantic. 1983 On annonce le projet d'une nouvelle usine qui sera construite au coût de 1,2 milliards. Domtar consolide ses opérations à Windsor en une seule méga-papetière. 1985 Les travaux de construction de la nouvelle usine débutent. 1987 La construction de la nouvelle usine est complétée et les machines no.7 et no.9 commencent à produire. Les machines no.1, no.4 et no.5 cessent leurs opérations. 1988 Les coupeuses Folio et Format sont mises en marche. 1989 La machine no.8 commence à son tour à produire. 1990 Le moulin Watopeka est démoli après 126 ans de production. La cheminée du VieuxMoulin est abattue après 39 ans d'activité. 1992 Les machines no.3 et no.6 du moulin Saint-François cessent leurs opérations. Le moulin Saint-François est abandonné après 97 ans de production. 1995 La coupeuse Format no.2 commence à produire. 1997 Le prolongement ouest de la rue Du Moulin (situé sur l'ancien site de l'usine Watopeka) est appelé Thomas-Logan en l'honneur de ce dernier. 2001 Une centrale de cogénération de 25 mégawatts démarre. 2003 L'usine de Windsor compte environ 1000 employés dont environ 650 syndiqués d'usine et 300 syndiqués de bureau et cadres. La production des machines no.7 et 8 est d'environ 1800 tonnes par jour. Remerciements La réalisation de ce document n'aurait pu être possible sans la généreuse collaboration de gens tels que Monsieur Guy Moreau, Madame Bernice McAdams Smith, Monsieur Émile Audit de Domtar et Monsieur feu Bruno Lavoie. Grâce à eux ces photos historiques sont maintenant accessibles et viennent témoigner de notre passé collectif. À tous, je veux dire: "Merci!".