Cleveland, en Ohio, et Stockton, en Californie, n`en finissent pas de

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Cleveland, en Ohio, et Stockton, en Californie, n`en finissent pas de
DU SAMEDI 19 AU LUNDI 21 JUILLET 2008
Photo Hollandse Hoogte
25
week-end
Voyage au cœur du subprime
Cleveland, en Ohio, et Stockton, en Californie, n’en finissent pas de subir les effets des subprimes. Ces deux
régions mettront du temps à se remettre des pratiques aveugles qui ont dévasté l’immobilier américain.
C
ela fait un an que la Bourse se fait
dégorger. Le 16 juillet 2007, elle
avait atteint un sommet, qui a
brusquement disparu dans les
limbes du subprime. Pourtant, le crédit immobilier à risque américain est moribond
depuis bien plus longtemps. Certes, le gros
des saisies est apparu en 2007, voire l’année d’avant. Les prix des maisons ont commencé à se tasser alors que des évictions en
masse ont défrayé la chronique. Des états
aussi riches que la Floride ou la Californie
étaient touchés. Des quartiers entiers
étaient dévastés, laissant derrière eux un
paysage d’abandon, comme ravagé par la
peste. Alors que les bétonnières y tournaient encore quelques mois plus tôt.
CLEVELAND, DÉJÀ EN 1998
Mais l’histoire du subprime est plus vieille.
Comme une lame de fond, elle s’est d’abord
abattue sur les régions les plus pauvres,
moins médiatisées. C’est ainsi que depuis
1998, la ville de Cleveland patauge dans le
marasme. Dix ans déjà.
C’est cet autre «anniversaire » que
« L’Echo » a voulu mettre en évidence en
réalisant un reportage dans la région, l’une
des plus pauvres des Etats-Unis. Suite à la
désindustrialisation, la ville où a fait fortune John D. Rockefeller a perdu la moitié
de ses habitants en 50 ans. Elle héberge aujourd’hui une population majoritairement noire, particulièrement exposée aux
abus des courtiers hypothécaires sans
scrupule qui se sont fait la main sur ce territoire désœuvré. La sonnette d’alarme a
plusieurs fois retenti. En vain. « Que vaut
Cleveland devant la machine déployée à
Wall Street », résume Jim Rokakis, trésorier
du comté administrant la ville.
Certains quartiers de Cleveland sont deve-
nus aujourd’hui des symboles du désastre
immobilier américain. L’un d’entre eux,
Slavic Village, est une ville fantôme où
peut se déployer sans vergogne une criminalité de quartier incontrôlable. Triste destin pour un faubourg sans histoire, autrefois habité par plusieurs générations
d’immigrés polonais et tchèques.
C’est à Cleveland que sont apparues également les premières associations d’aide aux
victimes de saisie. De véritables pionnières
en la matière. Le succès de leur organisa-
tion est sans cesse croissant. Il cache pourtant difficilement la rapidité avec laquelle
se répand le fléau du subprime. Cette année est bien partie pour battre tous les records de saisie.
STOCKTON, L’ÉCLATEMENT DE LA CRISE
Mais Slavic Village n’est pas Stockton, en
Californie, où nous nous sommes également rendus. Si là les valeurs des maisons
saisies dépassaient rarement les
150 000 dollars, ici les biens concernés
L’un des quartiers de Cleveland, Slavic Village, est une
ville fantôme où peut se déployer sans vergogne
une criminalité de quartier incontrôlable.
sont de véritables villas valant plusieurs
centaines de milliers de dollars, selon le
site Foreclosures. com qui recense les saisies à travers les Etats-Unis. D’où l’intérêt
des caméras qui, en 2007, ont tourné leurs
objectifs sur une classe moyenne aux
abois. Ce n’est qu’à ce moment-là que le
nom « subprime » a commencé à faire le
tour de la terre. Ces derniers mois, Stockton
s’est glissé au sommet du plus grand nombre de saisies immobilières du pays. Le prix
des maisons a dégringolé, valant parfois
moins que la moitié de leur prix d’achat.
Cette trempe profite aujourd’hui aux promoteurs immobiliers qui exploitent le juteux marché des saisies immobilières.
Stockton et Cleveland sont deux faces
d’une même réalité, celle d’une machine
infernale dont le contrôle a échappé à ses
concepteurs. 앳
Serge Quoidbach
쑲 Dossier spécial en pages 26 à 29
Festival des papilles
et des neurones
Le Scorpion
italien renaît !
Page 30 : « Le mot ‘abbaye’évoque quelque
chose dans l’imaginaire des gens. Il faut leur
raconter une histoire, c’est ça qui importe,
même si très peu d’entre eux s’intéresseront
aux détails », observe Dominique Friart, CEO
de la Brasserie Saint-Feuillien. Et avec 14 siècles d’histoire, la Saint-Feuillien a du potentiel.
Page 32 Une caricature du
candidat à la présidence
en couverture de l’hebdomadaire américain « The
New Yorker » a déclenché
une violente polémique
aux Etats-Unis.
Page 36 Le « Festival des Cultures et Saveurs
d’Europe » qui s’est tenu à Strasbourg a réuni
non seulement des professionnels de la gastronomie, mais aussi des historiens, des sociologues, des médecins, des philosophes et des
écrivains venus des quatre coins d’Europe pour
partager leurs savoirs. Un bouillon de culture !
Page 35 En valeur absolue,
la 500 Abarth est de loin,
de très loin, ce que FIAT a
fait de mieux depuis longtemps ! La sportive dans
l’âme a passé avec brio les
essais sur circuit.
Photo dB/EPE
Peut-on rire de
Barack Obama ?
Photo AFP
Saint-Feuillien,
abbaye à ellipses