Château de La Motte

Transcription

Château de La Motte
Château de La Motte-Tilly
terre en comté.
Le château de La Motte-Tilly est situé sur la commune
du même nom dans le département de l'Aube sur la rive
gauche de la Seine à moins de 7 kilomètres au sud-ouest
de Nogent-sur-Seine.
En mauvais état, n'étant plus au goût du temps, la vieille
forteresse féodale fut rasée et une partie des matériaux
sera réemployée dans la construction du château actuel.
Les intérieurs des communs font l’objet d’une inscription
au titre des monuments historiques depuis le 2 septembre
1943. Le château, la chapelle (façades et toitures), des
petits pavillons sur la cour d'honneur (façades et toitures)
et des communs (façades et toitures) ; la cour d'honneur,
le saut-de-loup, la grille d'entrée en fer forgé, et, pour finir, le parc, avec ses terrasses et son canal font l’objet
d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 16 septembre 1946[2] . Ouvert au public depuis
1978, le château est géré par le Centre des monuments
nationaux[3] .
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2 Le château
Le nouveau château, qui succède à la forteresse, a été
édifié à partir de 1754 sur des plans de l'architecte
François-Nicolas Lancret (1717-1789) pour les frères
Terray. Le plus célèbre, l'abbé Joseph Marie Terray, devint le contrôleur général des finances de Louis XV en
1769.
Cette résidence a pour principale vocation d'être une résidence de campagne ou “des champs”. Elle est également
destinée à être un grand rendez-vous de chasse.
À l'origine
La façade principale de l'édifice n'a que très peu changé
depuis sa construction. les communs ont en revanche subi
un sort différent. Ces derniers ont été rasés en 1813 probablement en raison d'un coût d'entretien trop onéreux.
En 1814, le château fut occupé pendant la « Campagne
de France » par les troupes cosaques qui utilisèrent les
parquets « à la Versailles » comme combustible.
Le domaine de La Motte-Tilly à la fin du XVIIe siècle
Le nom de La Motte-Tilly apparaît pour la première
fois en 1369. Sans doute cette motte féodale, ouvrage de
défense, occupait-elle l'emplacement de l'imposant château du Moyen Âge subsistant encore au XVIIIe siècle
et qui, semble-t-il, protégeait un gué sur la Seine, situé
à quelques centaines de mètres en contrebas. Ce vieux
château féodal entouré de douves (que l'on devine encore
au sol) s’élevait au bord du fleuve, à l'extrémité du parc
actuel. Il appartient aux seigneurs de Trainel, puis aux
Raguier, aux d'Elbeyne et aux Bournonville.
Façade Nord du château (vers 1900)
C'est au début du XXe siècle, vers 1910, qu'un vaste projet de restauration vit le jour. Ce projet comprenait entre
autres la recréation des jardins à la française disparus en
1784, après deux années de travaux, au profit d'un parc à
l'anglaise. En 1920 une grande partie des bâtiments de la
Au cours de l'année 1710, la seigneurie et les terres de La ferme fut rasée. Les travaux dureront jusqu'au réaménaMotte-Tilly échoient par mariage, à la famille de Noailles. gement des intérieurs dans les années 1960.
Louis XIV, en reconnaissance des services rendus par le Les événements de la Grande Guerre épargnèrent le châDuc Maréchal Adrien Maurice de Noailles, érigera cette teau, le théâtre des opérations étant très éloigné) ; en re1
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vanche, ce ne fut pas le cas lors de la Seconde Guerre
mondiale : les troupes allemandes envahirent les lieux
dès le début de l'occupation relayées le 26 août 1944 par
l'armée américaine. Il n'y eut cependant aucun vol constaté, les objets de valeur ayant été disséminés dans le voisinage et récupérés par la suite.
3 LES PROPRIÉTAIRES ET L'HISTOIRE
Il entreprit la création du parc à l'anglaise qui occupe la
plus grande partie du domaine actuel.
Le 5 mai 1789, il est député de la noblesse lors des états
généraux à Versailles. Au cours de la Révolution, il refusera l'exil ne s’estimant pas en danger et étant très apprécié de la population locale. Arrêté une première fois en
L'ensemble du domaine est classé monument historique octobre 1793 et incarcéré à Provins, il est très rapidement
relaxé. C'est pourtant la capitale qui décidera de son sort
depuis le 16 septembre 1946.
La tempête du 26 décembre 1999 provoqua la destruction en le faisant arrêter une seconde fois lui et son épouse
le 14 décembre 1793 puis emprisonner à Port-Libre (ande 70 % de la partie forestière du domaine.
cienne maison de Port-Royal). Condamnés à mort pour
avoir organisé, en 1790, la fuite de leurs quatre enfants
en Angleterre, ils furent guillotinés le 29 avril 1794 à la
3 Les propriétaires et l'Histoire
Barrière du Trône et inhumés au cimetière de Picpus.
Après avoir été déclaré « Bien national » dès 1794, le
château est rendu entièrement démeublé en 1797 au fils
d'Antoine Jean Terray, Claude Hippolyte Terray revenu
en France l'année précédente.
Préfet des départements de Côte-d'Or (11 juin 1814-12
mars 1815) puis du Loir-et-Cher (1816-1819), Claude
Hippolyte Terray fut également nommé le 18 janvier
1818 officier de la Légion d'honneur. Marié deux fois en
1800 à Cécile Louise Claire Marie de Morel-Vindé (décédée le 20 juillet 1806) et en 1809 à Marie Léontine
d'Ainval de Brache (décédée le 17 mars 1839), il se remaria en juin 1843 avec Adèle de Maistre, sa dernière
épouse. De ses unions successives naîtront six enfants.
Claude Hippolyte Terray décède le 11 août 1849 à
Chambéry. Il sera inhumé selon ses volontés aux côtés
de ses parents au cimetière de Picpus.
C'est son premier fils et deuxième enfant, né le 11 juillet
1802, Charles Louis Terray de Vindé, qui hérite du domaine de La Motte-Tilly.
Marié depuis le 7 février 1839 avec Wilhelmine Louisa
Henriette Forth Rouen des Mallets, il aura deux filles :
Joseph Marie Terray
Les frères Terray sont les premiers résidents du nouveau
château de La Motte-Tilly. L'abbé Joseph Marie Terray
décède le 22 février 1778. Son frère, le vicomte Pierre
Terray de Rosières (né le 13 avril 1713), ne lui survivra
que deux années. C'est donc à son fils et unique héritier
mâle, Antoine Jean Terray (né à Paris le 27 mars 1750),
que revient le domaine à la mort de son père le 19 juillet
1780.
- Denise Terray de Morel-Vindé (1842 - 1887) qui épousa le 18 avril 1861 Charles Gaspard Pandin, comte de
Narcillac.
- Anne Terray de Morel-Vindé (1846 - 1880) qui épousa
le 2 mars 1867 Guy de Rohan-Chabot, Comte de Chabot.
Le 15 février 1866, Denise, la fille aînée devient propriétaire du château à la mort de son père.
En 1910, le Comte Charles Gérard de Rohan-Chabot
(1870-1964) arrière-petit-fils de Claude Hippolyte Terray et fils d'Anne Terray de Morel-Vindé, rachète le château à ses cousins, les Narcillac, qui ne pouvaient ou ne
souhaitaient plus en assurer l'entretien. Il sera à l'origine
Le 11 février 1771, Antoine Jean Terray avait épousé du renouveau du château et de son parc.
Nicole Ferreney de Grosbois. Ils eurent quatre enfants :
Le 3 janvier 1896 naît à Compiègne son premier enfant
- Mélanie Terray (10 mars 1769 - 18 août 1847)
Aliette de Rohan-Chabot. Tout juste un an plus tard, le
13 janvier 1897, son frère Gilbert voit le jour.
- Pauline Terray (8 décembre 1771 - 29 avril 1800)
- Hippolyte Terray (22 janvier 1774 - 11 août 1849)
- Aglaé Terray (17 avril 1788 - 11 août 1867)
Le 3 mars 1917, la jeune Aliette épouse Jacquelin de
Maillé de la Tour Landry (1891-1918) et devient Mar-
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Elle exprima sa volonté formelle que "le château ne soit
pas habité, mais simplement visité (...) et reste meublé tel
qu'il est aujourd'hui, pour que le visiteur, au-delà de la
simple curiosité, ait le sentiment d'une présence."
En 1978, le château accueillait son premier visiteur.
4 Au cinéma
Le film Valmont de Miloš Forman (sorti le 6 décembre
1989) a été tourné au château de La Motte-Tilly.
5 Photos
• Façade Sud du château.
• Façade Nord du château.
• Façade Nord du château depuis la descente vers la
Seine.
Le comte Gérard de Rohan-Chabot (vers 1930)
• la façade Sud du château et la grille du saut-de-loup.
• La Grande Allée.
quise de Maillé.
• Le jardin (descente vers la Seine).
Son frère, Gilbert, et son époux décèderont à 11 jours
d'intervalle dans les combats de la Grande Guerre respectivement le 16 et le 27 juillet 1918 à Laffaux (Aisne) et
Emberménil (Meurthe-et-Moselle). Quelques semaines
plus tard, le 23 septembre, naissait Claire Clémence de
Maillé au château de Lormoy à Longpont-sur-Orge qui,
à l'instar de beaucoup d'enfants, ne connaîtra jamais son
père.
• Le vestibule.
Le 30 juin 1939 à Paris, Claire Clémence de Maillé devient Princesse de Polignac par son mariage avec Louis
Charles Marie Henri de Polignac (1909-1996). Ils divorceront le 2 décembre 1942.
À la mort du comte de Rohan-Chabot le 11 février 1964,
la Marquise hérite du domaine de La Motte-Tilly. Elle
poursuivit avec sa fille unique, Claire Clémence, les travaux commencés auparavant et entreprit de redonner vie
aux intérieurs.
Hélas, un nouveau malheur frappe la Marquise qui perd
sa fille âgée de 51 ans d'un cancer le 1er avril 1970 et avec
elle sa seule héritière directe.
Ne souhaitant sans doute pas voir sa demeure et son mobilier dispersés, mettant ainsi à néant des années de travail, elle légua l'ensemble du château à la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites (aujourd'hui
Centre des monuments nationaux) avec un domaine de
1080 hectares, assortie d'une importante dotation.
La Marquise de Maillé décède à Paris d'un accident survenu le 19 novembre 1972.
• Le Grand Salon.
• Le Grand Salon (côté est).
• Le Petit Salon ou Salon bleu.
• La salle à manger.
• La bibliothèque.
• La salle de billard.
• La salle de billard.
• Le Grand Escalier.
• Une chambre à coucher.
• La Chambre de la Marquise.
6 Notes et références
[1] Géoportail
[2] « Notice no PA00078162 », base Mérimée, ministère
français de la Culture
[3] Sur le site des Monuments nationaux