recommandations de l`ONCFS

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recommandations de l`ONCFS
RECOMMANDATIONS VIS A VIS DE L’ECHINOCOCCOSE
ALVEOLAIRE
Nous devons tous faire attention à ne pas contracter l’échinococcose, quelque soit le
département dans lequel on vit et on travaille. En effet, même si le département dans lequel on
vit n’est pas réputé avoir d’échinococcose, ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, ça veut
seulement dire qu’on ne l’a pas trouvé ou pas encore étudié…
Et si vous êtes dans un département à risque, où des cas humains d’échinococcose sont
connus, ou bien si vous avez connaissance de cas sur animaux, raison de plus pour se
protéger !!!
La carte des cas humains d’échinococcose alvéolaire en Europe est la suivante (source :
www.EurEchinoReg.org) :
Répartition des cas humains identifiés d’échinococcose alvéolaire de 1982 à 2001
(un point = un cas) en fonction du lieu d’habitation.
Les symptômes de la maladie chez l’Homme sont : douleurs abdominales, jaunisse, fièvre.
Mais les signes de la maladie interviennent tardivement, généralement plusieurs années après
l’ingestion des œufs, car le développement des larves est long. Ces dernières se développent
dans le foie pour former une sorte de tumeur, mais elles peuvent aussi coloniser d’autres
organes (poumons, cerveau, muscle, os, etc.)
Le diagnostic peut être posé par échographie pour visualiser les kystes, par histologie sur
biopsie ou par sérologie (kit ELISA). Néanmoins, une sérologie positive n’est pas une preuve
de maladie, elle peut signifier un contact antérieur avec le parasite, accompagné d’une
minuscule cicatrice calcifiée sur le foie. En effet, l’Homme est un mauvais hôte et il peut s’en
débarrasser spontanément.
Le traitement est soit chirurgical (ablation des kystes parasitaires), soit médical : le
médicament ESKAZOLE stoppe l’évolution du parasite mais ne le tue pas. Il doit donc être
pris à vie. Le taux de survie des malades diagnostiqués et traités est de 88%, la maladie est
donc mortelle pour certains cas.
Lésions hépatiques d’échinococcose alvéolaire sur humain (source : EurEchinoReg) : aspect en nid d’abeille,
d’où le nom « alvéolaire »
L’échinocoque est un parasite dont le cycle de vie fait intervenir un hôte définitif et un hôte
intermédiaire. L’hôte définitif héberge le parasite adulte, producteur d’œufs expulsés avec les
excréments fécaux, tandis que l’hôte intermédiaire, nécessaire au développement des larves, a
ingéré des œufs et sera mangé par l’hôte définitif.
Il ne faut pas penser que seuls les renards sont porteurs d’échinocoques ! S’ils sont les
principaux hôtes définitifs d’Echinococcus multilocularis, ils n’en sont pas les seuls. Tous les
carnivores peuvent être hôtes définitifs : lynx, mustélidés, raton laveur, …mais aussi les
carnivores domestiques (chat, chien) !
Dans la base SAGIR, nous avons recensé 47 cas d’échinococcose en tout : les hôtes
intermédiaires sont Castor, Chamois, Chevreuil, Isard, Marmotte et Sanglier ; les hôtes
définitifs sont Lynx et Renard.
L’Homme peut intervenir dans le cycle comme impasse parasitaire, c’est à dire qu’il peut se
contaminer mais ne contaminera personne par la suite. Il peut se contaminer avec des œufs
produits par les hôtes définitifs (=tous les carnivores domestiques ou sauvages). Les hôtes
définitifs peuvent porter des œufs dans le tube digestif, lieu de vie des parasites adultes et lieu
de ponte, mais également sur leur pelage, qui se souille par les fécès et le milieu extérieur. Par
contre, il n’y a peu de risque de contamination humaine par manipulation des hôtes
intermédiaires.
Le manuel de l’O.I.E. (Office International des Epizooties) sur l’échinococcose humaine et
animale donne les informations suivantes :
1 – pour tous :
- les œufs sont très résistants, et peuvent rester infectants après plus d’un an dans le
milieu extérieur ;
- les températures des congélateurs domestiques (–18°C ou –20°C) sont insuffisantes
pour tuer l’échinocoque : il faut descendre à –70°C au moins.
- pour ne pas contracter l’échinococcose par l’alimentation, il faut cuire à plus de
60°C pendant au moins 30 minutes les aliments qui pourraient être contaminés :
pissenlits, champignons, fruits sauvages, …
- il faut se laver soigneusement les mains après avoir caressé un animal
potentiellement contaminé, faire attention en jardinant (port de gants), car le pelage des
animaux et la terre peuvent porter les œufs de l’échinocoque.
- il faut faire vermifuger régulièrement les chiens (PRAZIQUANTEL ND, deux fois
par an).
2 – pour les laboratoires :
- les désinfectants usuels sont inefficaces !!! Quant à la solution d’hypochlorite de
sodium (eau de Javel), son efficacité dépend du degré chlorométrique, de la température et de
l’absence de matières organiques. Le chlore étant très volatil, l’eau de Javel devient
rapidement inefficace après ouverture. Il convient donc d’utiliser de préférence des berlingots
plutôt que des bidons, de n’utiliser que de l’eau de Javel ouverte récemment et de faire
très attention aux dates de péremption.
- les personnes qui manipulent doivent porter des vêtements de protection, incluant
masque, charlotte, gants et bottes.
- les animaux et prélèvements susceptibles d’être contaminés doivent être manipulés
dans des pièces à sol facilement lavable et désinfectable. Concrètement, une salle d’autopsie
qui réponde aux normes P3 est requise par les travaux sur le parasite. A défaut, le sol doit être
recouvert au préalable d’une feuille plastique de protection, qui sera incinérée par la suite.
Lorsqu’on est sur le terrain, si un site est contaminé, il faut retirer 1 à 2 cm d’épaisseur de
terre et désinfecter à la flamme le sol restant. Cette méthode n’est pas efficace à 100% ; car la
température de la flamme chute rapidement au contact de la terre, surtout si la terre est
humide.
les moyens de désinfection en fonction des matériaux sont présentés dans le
tableau ci après :
Type de matériel ou objet
Fécès
Cadavre complet
tube digestif ligaturé
Instruments et équipements (tables, etc.)
en métal
Sol des pièces
Vêtements, linges
Vêtements de protection en plastique
Boues d’épuration, composts
Méthode de désinfection
Ebullition pendant 5 minutes
ou Stérilisation en autoclave
ou Incinération
ou Congélation à –80°C pendant 48 h à cœur
Congélation à –80°C à cœur pendant 7 jours
ou Incinération
Stérilisation en autoclave
(solution de NaOCl à 3.75% pendant 1 h)
Eau bouillante
(solution de NaOCl à 3.75% pendant 3 h)
Stérilisation en autoclave
ou lavage en machine à 60°C pendant 1h
Stérilisation en autoclave
ou Incinération
température de 65°C pendant au moins 30 minutes
(température obtenue par fermentation ou par
chauffage)
En conclusion et en résumé, les précautions à chaque étape, en plus des règles d’hygiène
habituelles, doivent être :
Découverte d’un cadavre de carnivore : le découvreur porte des gants et un masque pour
mettre l’animal dans un sac plastique étanche et bien fermé, en évitant de respirer l’air du sac
à la fermeture, de s’essuyer le nez ou la bouche pendant la manipulation
!
transport jusqu’au laboratoire : dans un sac plastique étanche, doublé d’un deuxième sac
plastique – les gants ayant servi à mettre le cadavre dans le premier sac seront mis entre le 1er
et le second (donc mis à l’équarrissage par le Laboratoire) – nettoyage soigné des mains
!
au laboratoire : autopsie de l’animal : ligature du tube digestif (de la sortie de l’estomac
jusqu’au rectum)
" #
congélation du tube digestif
dûment identifié à –80°C
pendant 4 jours minimum (une
semaine en routine)
!
poursuite de l’autopsie et de la
parasitologie
# "
compte rendu d’autopsie complet
désinfection du matériel d’autopsie et de la table
incinération du cadavre et des plastiques du transport
autopsie normale du
reste de l’animal
Marie-Eve TERRIER,
Centralisatrice SAGIR - AFSSA-Nancy