LgrandLarge - Volvo Ocean Race Lorient
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LgrandLarge - Volvo Ocean Race Lorient
@LgrandLarge 1 découvreurs. Mer des Sargasses, Cap des Aiguilles, Cap de Bonne Entre le 9 et le 16 juin 2015 Lorient accueillera pour la deuxième édition consécutivement, l'étape française de la Volvo Ocean Race, la plus grande course autour du monde à la Voile en équipage. Lorient Grand Large est l'association en charge de l'organisation de l'étape et du développement du pôle de course au large lorientais. Au sein de Lorient Grand Large nous sommes passionnés par la voile et l'économie qui en découle sur la Bretagne. Et nous sommes convaincus que les valeurs et les connaissances qui peuvent être transmises en suivant les courses au large, dont les audiences ne cessent d'augmenter, sont universelles ; ouverture au monde et aux peuples, nature et environnement, économie, vivre ensemble, esprit d'équipe, engagement, haute technologie ... tous les thèmes peuvent être abordés au travers du prisme de la Volvo Ocean Race, ceci d'autant plus aisément que les contenus envoyés par les journalistes à bord des bateaux concurrents sont extrêmement riches et qualitatifs. En 9 mois les 7 équipages et 63 marins embarqués sur les Volvo Ocean 65 vont visiter 11 ports et autant de pays sur les 5 continents. C'est un tour du monde en compétition, à l'Extrême, mais aussi et surtout une aventure humaine sur les routes mythiques des grands 2 Espérance, Péninsule Arabique, Détroit de Malacca , Chine, Cap Horn, Brésil, et Lorient, cet ancien port de la Compagnie des Indes à l'histoire si riche et si tourmentée,... autant de marques de parcours, d'amers remarquables aux noms évocateurs des grandes épopées maritimes. Autant de rêves que nous souhaitons faire partager au plus grand nombre et, en premier lieu, aux enfants et jeunes adolescents grâce à ce programme pédagogique conçu avec la Cité de la Voile Eric Tabarly. La réalisation de ce programme pédagogique était une priorité pour notre organisation. Il vous appartient désormais. En espérant qu'il vous donnera l'envie d'aborder vos programmes scolaires 2014-2015 en distillant un peu d'air iodé et d'eau salée dans vos classes et de venir visiter le village de la course à Lorient avec vos élèves. Toute l'équipe de Lorient Grand Large, les équipages et toute l'équipe d'organisation de la course auront un immense plaisir à vous y accueillir ! Bien à vous et bons vents pour cette année scolaire ! Bernard Bocquet Président de Lorient Grand Large Organisateur de l'étape française de la Volvo Ocean Race La Cité de la Voile Éric Tabarly L’offre pédagogique 2014-2015 : Des partenariats éducatifs Une visite guidée thématique "Le Pôle Course au large et ses différents acteurs" complétée par un atelier au choix La découverte d'un site remarquable : 1er pôle européen de course au large où les élèves peuvent approcher les voiliers de course amarrés aux pontons Le suivi de la Volvo Ocean Race 2014-2015 : animations scolaires et ressources pour les enseignants Lieu d’action culturelle et de vulgarisation scientifique sur le thème de la course au large, la Cité de la Voile Éric Tabarly accueille chaque année plus de 13 000 élèves de tous niveaux. Depuis septembre 2010, une convention de partenariat avec les services départementaux de l’Education nationale donne un cadre précis à nos activités pédagogiques et vous assure des contenus en adéquation avec les programmes scolaires. Le réseau Canopé (ex Scérén CNDP-CRDP) nous accompagne également sur les contenus mis à disposition des enseignants. Plus de détails : http://www.citevoile-tabarly.com/visites-scolaires Service pédagogique de la Cité de la Voile Éric Tabarly : 02.97.65.58.68 Par email à [email protected] 3 Table des matières LA VOLVO OCEAN RACE L’édition 2014-2015 Sécurité en mer p7 LES BATEAUX p8 p102 p106 Architecture et construction navales p106 La jauge du bateau VO65 p109 p64 Le règlement de la course p110 p68 DES HOMMES ET DES FEMMES p111 Le PC Course p69 Les marins et leur famille p111 Le bénévolat p70 Les femmes dans le monde de la voile p112 Le média man p72 L’équipage féminin de SCA p113 L’organisation logistique p73 LE PARCOURS (carte) p12 Les escales Les dangers du parcours ORGANISATION DE LA COURSE ENVIRONNEMENT p116 p79 Les déchets à bord p116 Alimentation (lyophilisés) p79 Pollution de la mer par le plastique p117 Le sommeil p85 Ecoconception & éconavigation p119 Vivre ensemble à bord p87 Le trimaran Gwalaz p120 Se repérer en mer p89 Le bateau Tara-tari p121 Histoire des cartes marines p91 40 ans de sommets pour l’environnement p123 La signalisation maritime p92 Exemple de la ville écologique Masdar p125 Petite histoire des instruments de navigation p96 LA VIE A BORD LEXIQUE 4 p127 Références aux programmes scolaires Un tour du monde pas comme les autres [tags : parcours—carte—monde—géographie] CYCLE 2 BO n°3 du 19 juin 2008 // Découverte du monde : se repérer dans l’espace et le temps COLLEGE BO spécial n°6 du 28 aout 2008 // Français textes de l’Antiquité (6e) Organisation de la course [tags : media man—logistique—] CYCLE 2 BO n°3 du 19 juin 2008 // Découverte du monde : se repérer dans l’espace et le temps CYCLE 3 BO n°3 du 19 juin 2008 // Géographie : des réalités locales à la région où vivent les élèves COLLEGE BO spécial n°6 du 28 aout 2008 // Géographie : mon espace proche, paysages et territoires (6e) - aménagement et développement du territoire français (3e) La vie à bord [tags : alimentation—sommeil—hygiène de vie—vivre ensemble– optique (phares) - sécurité en mer] CYCLE 2 BO n°3 du 19 juin 2008 // Découverte du monde : se repérer dans l’espace et le temps - Découverte du monde du vivant, de la matière et des objets. CYCLE 3 BO n°3 du 19 juin 2008 // Sciences expérimentales et technologie : fonctionnement du corps humain et santé COLLEGE BO spécial n°6 du 28 aout 2008 // Physique-Chimie : la lumière, sources et propagation rectiligne (5e) - La lumière : couleurs, images, vitesse (4e) Technologie : comprendre le fonctionnement d’un objet technique (6e) + les énergies mises en œuvre (5e,4e) 5 Références aux programmes scolaires Les bateaux [tags : architecture navale— vie à bord—technologie— jauge] CYCLE 2 BO n°3 du 19 juin 2008 // Découverte du monde du vivant, de la matière et des objets. COLLEGE BO spécial n°6 du 28 aout 2008 // Technologie : comprendre le fonctionnement d’un objet technique lié aux moyens de transport (6e) + les énergies mises en œuvre (5e,4e) Les hommes et les femmes [tags : vivre ensemble—mixité—communication] BO n°3 19 Juin 2008 / Deuxième palier pour la maîtrise du socle commun / Compétence 6 : respecter les autres, et notamment appliquer les principes de l'égalité des filles et des garçons. L’environnement [tags : énergies renouvelables—EDD—gestion des déchets—écoconception ] CYCLE 2 BO n°3 du 19 juin 2008 + circulaire n°2004—110 du 8 juillet 2004 // Education à l’environnement pour un development durable CYCLE 3 BO n°3 du 19 juin 2008 // Sciences expérimentales et technologie : l’énergie (fossile ou renouvelable) COLLEGE BO spécial n°6 du 28 aout 2008 // Géographie : enjeux du développement durable (5e) 6 Parmi les courses à la voile les plus exigeantes et les plus pé- 40 ans d’histoire rilleuses, la Volvo Ocean Race est certainement la plus grandiose : casses, réparations en haute mer, perte d’équipiers, chavirages La Volvo Ocean Race ne s’est pas toujours courue sur le sont souvent le lot des équipages depuis la première édition en même modèle. En effet, au fil des éditions, le nombre de partici- 1973. pants a diminué, le parcours s’est modifié, ajoutant des étapes ou en retirant, ajoutant des courses « In port », c’est-à-dire des ré- Les grands noms de la voile d’hier et d’aujourd’hui se succèdent sur gates en baie, qui octroient des points en plus. De nouveaux métiers tous les océans du monde, démontrant toutes leurs qualités et leurs sont nés , le « media man »*, qui se charge de faire des vidéos et connaissances, à la fois de la voile et de la mer, aussi dangereuse des photos à bord, ce qui permet au public de suivre la course en soit-elle. La Volvo Ocean Race, initialement nommée la Whitbread, temps et en heure : bref une course qui évolue avec son temps ! De se distingue des autres courses par son parcours singulier qui rallie 4 étapes autour du monde lors de la première édition de 1973, la les 5 continents. Les navigateurs téméraires et passionnés de voile, course est passée à 9 en 2012, rallongeant considérablement attendent tous les 3 ans, cette course en équipage devenue my- l’épreuve et portant à 9 mois le temps de course. thique au fil des éditions : l’épisode 2014-2015 nous réserve encore Les plus grands marins se sont essayés à l’exercice, avec plus ou moins de réussite : Éric Tabarly fait partie de ces légendes. Dans les années 1970 à 1990 il a, à plusieurs reprises, tenté de remporter la course, sans succès de belles surprises mais aussi de grandes émotions ! Participer à une Volvo Ocean Race revient à enchaîner en neufs mois dix courses transatlantiques ! 7 D’autres équipages ont marqué la course comme le premier 1986. Il aura fallu au team Groupama engagé dans cette dernière équipage entièrement féminin de l’édition 1989-90. Cette année-là édition, beaucoup de travail pour surpasser de très bonnes équipes est également celle de la première victoire de l’équipage néo- concurrentes. zelandais mené par le légendaire Peter Blake. C’est aussi une année Une victoire d’étape à Lorient et une seconde place à Galway, Irlande, noire pour l’équipage français composé de grands noms de la voile les conduisent au triomphe : cette réussite a définitivement placé la comme Florence Arthaud ou Yves Pajot : le bateau subit une sévère voile française parmi les géants de cette course de titans. En effet, collision avec une baleine et termine 6ème. L’édition 1993-1994 voit le l’équipage fran- retour de Tabarly, appelé en catastrophe après une « mutinerie » çais, méconnu du survenue sur La Poste. La perte d’équipiers et autre drames tech- grand public inter- niques ne seront pas rares sur les éditions suivantes. national a su se Au début des années 2000, la course change de nom et devient la Volvo Ocean Race du nom du sponsor principal : la course prend alors un autre tournant, plus d’étapes afin d’accroitre la portée médiatique ( hisser progressi- Pour autant, la compétition n’en reste pas moins belle et passionnante, on parle bien d’exploit, lorsqu’un bateau gagne la course!! vainqueur, devant vement au rang de leader, puis de une marée humaine venue sa- Edition 2012-2013 : une victoire française ! luer ses héros. 2012 aura vu le sacre de la voile française dans la Volvo Ocean Race : il s’agit de la 2ème victoire française depuis la naissance de la course, après celle de Lionel Péan et son équipage sur l’Esprit d’Equipe en 8 Victoire de Groupama / Crédits photo ©IAN ROMAN/Volvo Ocean Race Plutôt mal engagé dans la course, Groupama subit un démâtage et autres complications techniques. Les conditions de navigations ainsi que la nouvelle classe de bateau, les Volvo 70’ (bateau de 70 pieds, soit environ 21m), très performante, donnent du fil à retordre aux équipages. Malgré un début de course au milieu du tableau, les français se battent et terminent la course en beauté. Groupama Sailing Team peut enfin inscrire son nom à côté des légendes de la course la plus exigeante du monde! Victoire finale de Groupama 4 / Crédits photo © PAUL TODD/Volvo Ocean Race 9 Edition 2014-2015 2. Abu Dhabi Ocean Racing revient avec le Britannique Ian Walker à Une escale lorientaise, un équipage entièrement féminin, une nouvelle classe de bateau, un finish en Suède, siège de Volvo, sont au programme de cette 12ème édition : du nouveau dans la continuité, une belle compétition en perspective… la barre. Le projet émirati s’entraîne à Cascais, au Portugal. Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : mars 2014 Base : Cascais, Portugal Les équipes inscrites à cette nouvelle édition : 3. Dongfeng Race Team vient de Chine. Le Belgo-Canadien Bruno Six équipes participent à la Volvo Ocean Race : Dubois mène le projet et le Français Charles Caudrelier, ancien de Groupama sailing team, est le skipper 1. Team SCA signe le retour des femmes dans la course pour la première fois depuis 2001-02. Cet équipage entièrement de ce groupe mi-chinois, mi-international. féminin s’entraîne depuis début 2013 à Lanzarote. Les Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : décembre 2013 britanniques Sam Davies et Liz Wardley et la Suissesse Base : Sanya, Chine Justine Mettraux font partie des candidates sélectionnées. Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : septembre 2013 Base : Lanzarote, îles Canaries 10 6 – Team MAPFRE L’Espagne est de retour dans la course avec un 4. Team Brunel vient des Pays-Bas et est skippé par Bouwe Bek- bateau géré par deux des marins les plus célèbres du pays, Iker Mar- king. Ce sera la septième participation de ce Hollandais, tinez et Xabi Fernández. Michel Desjoyeaux véritable vétéran de la course ! Les hommes de Bekking est coach de cette équipe. s'entraînent eux aussi à Lanzarote. Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : juin Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : février 2014 2014 Base : Lanzarote, îles Canaries Base : Espagne 7– Team Vestas Wind Ce bateau danois sera aux couleurs du leader de l’énergie éolienne : 5. Team Alvimedica porte les couleurs turques et américaines - cet Vestas Wind Systems. Chris Nicholson, l’australien 6 fois cham- équipage jeune est mené par All-American Ocean Ra- pion du monde sur différents supports olympiques, sera le skipper cing. Le skipper est Charlie Enright, 29 ans et origi- du bateau et connait bien cette course. Au total l’équipage est consti- naire de Rhode Island à l’est des Etats-Unis, le mana- tué de 8 hommes, dont 2 danois : Nicolai Sehested et Peter Wibroe. ger est le Hawaïen Mark Towill, 26 ans. Mise à l'eau de leur Volvo Ocean 65 : début avril 2014 Base : Portugal À bord de chaque monotype, ils sont huit équipiers autorisés à bord, plus un reporter embarqué qui n’a pas le droit d’aider à la manœuvre (11 plus une reporter pour les équipages féminins). . 11 Tours du monde à la voile. Courses et records , Philipe Joubin, Loïc Le Bras, préface de Michel Desjoyeaux, Ed l’Equipe, 2010. Volvo Ocean Race 2011-12, la course des héros , Gavin Brown, Solar Ed, 2012. Pen Duick VI, Eric Tabarly, Ed du Pen Duick, 1979 Les légendes de la voile. L’histoire de la plus grande course au large, 1973-2009, Bob Fisher, Barry Pickthall, 2011. Magazine :Volvo Ocean Race, chronique d’une victoire envisagée, Course au large, n53, avril/mai 2012. Le triomphe du French flair, Course au large, n55, aout/sept 2012. http://www.volvooceanracelorient.com/ Site officiel de la VOR http://www.citevoile-tabarly.com/sites/default/files/Dossier-doc-tdm_8-VOR_0.pdf http://fr.wikipedia.org/wiki/Volvo_Ocean_Race http://www.cammas-groupama.com/fr/Volvo-Ocean-Race/course/Description_Course.jsp http://www.youtube.com/user/volvooceanracevideos http://www.voilesetvoiliers.com/cultures-voiles/de-la-whitbread-a-la-volvo-ocean-race-whitbread -1973-74-le-temps-des-pionniers/ 12 www.volvooceanracelorient.com 13 l’archéologie datent de la conquête Les escales // ALICANTE de cette partie de l’Espagne par le carthaginois Amilcar Barca, le Départ d’Alicante (Espagne) le 11 octobre 2014) 1ere étape père d’Hannibal. Durant la seconde guerre Punique, les romains re- Distance de l’étape Alicante – Le Cap : 6487 milles nautiques conquièrent la zone et fondent Lucentum, à proximité de la ville actuelle. Alicante est la capitale de Celle-ci fut réellement fondée par les Arabes qui la nommèrent « Al- la province d’Alicante et laqant » ou « Medina-Laqant » qui donna le nom actuel. La ville fut la seconde ville en impor- prise militairement par les chrétiens en 1248 et rattachée au tance de la Communauté royaume de Castille. Le manque de population chrétienne pour peu- autonome de Valence pler la ville favorisa la persistance d’une forte population arabe. En dans le Sud - Est de l’Es- 1307, la ville devient la possession de la couronne Catalano- pagne. Aragonaise. Alicante sera pour la troisième fois le port de départ de la Volvo Ocean Race. HISTOIRE : le port, essentiellement tourné vers le commerce et surtout la plaisance, est dominé par le mont Benacantil (169m) coiffé par le château Santa-Barbara que l’on retrouve sur le blason de la ville. Les premiers occupants furent les Grecs qui le nomment Akra Leuke (Pic blanc), mais les premières constructions attestées par La ville fut régulièrement assiégée durant les guerres diverses qui secouèrent le pays. Sous le régime franquiste, Alicante restée républicaine, fut lourdement bombardée le 25 mai 1938, causant la mort de 300 personnes. Suite à la guerre d’Algérie, la ville a connu un fort afflux de population Pied-Noir. Depuis le retour de la démocratie, la ville s’est profondément transformée et dépasse aujourd’hui les 300 000 habitants. Son économie est dominée par le tourisme. 14 PISTE DE TRAVAIL // au Maroc). De ce fait, il ouvrit également le grand lac qu’était la mer Le Détroit de Gibraltar ou comment passer les Colonnes Méditerranée sur l’immensité inconnue de l’Océan Atlantique. d’Hercule… Encore aujourd’hui, le passage du Le détroit de Gibraltar est le passage entre l'Espagne et le Maroc, reliant l'Atlantique à Les navigateurs de la Volvo Ocean Race devront emprunter le détroit Détroit de Gibraltar est assez com- de Gibraltar pour sortir de Méditerranée. Ce détroit a longtemps re- plexe car c’est un goulet d’étran- présenté une frontière mythique pour les marins de l’Antiquité : la glement avec de forts courants contraires : les eaux de l’Atlantique se limite entre le monde connu et l’inconnu, le sauvage et le civilisé… précipitent avec force dans la Méditerranée en surface, tandis que les Dans la mythologie grecque, Héraclès, afin d’expier le meurtre de son eaux méditerranées sortent plus lentement en profondeur. C’est éga- épouse et de ses enfants, doit effec- lement un lieu très fréquenté : environ 100 000 navires y passent tous tuer 12 travaux commandés par le roi les ans…il faut donc rester vigilant. la Méditerranée. Eurysthée. Pour son dixième exploit, le héros doit lui rapporter le troupeau de bœufs du géant à trois corps Géryon qui vivait sur l’île d’Erythie (Cadix). Le voyage d’Héraclès lui fit longer le Nord de l’Afrique et, de là, il passe en Espagne par une bande de terre. Souhaitant laisser une marque de son passage, il ouvre et écarte la croûte terrestre, créant http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/H%C3%A9racl%C3% A8s/123664 http://hercule.travaux.free.fr/ deux monts rocheux : Calpe (rocher de Gibraltar) et Abyle (Jbel Musa 15 Les escales // LE CAP l’on parle le plus l’Afrikaans, une langue née du métissage entre le 2eme étape : Le Cap - Abu Dhabi (1er novembre 2014 / 19 novembre 2014) Distance Le Cap - Abu Dhabi : 6125 mn néerlandais et diverses langues. Cette diversité s’exprime également dans l’architecture de la ville où l’on peut admirer l’architecture coloniale, dite « Cape Dutch Archi- tecture », dont le style s’inspire à la fois de l’architecture néerlanCape Town (Le Cap), est la capitale de la province du Cap-Occidental au Sud-Ouest de l’Afrique du Sud. C’est également la capitale parlementaire du Pays. daise, française et même indonésienne, ou encore les façades aux couleurs acidulées du quartier musulman de Bo-Kaap. Cependant la Fondée au pied de la Montagne de la Table, Cape Town est considé- forte rée comme la cité-mère de l’Afrique du sud. Son centre historique, le mise en place dès la City Bowl, occupe l’amphithéâtre naturel formé par les montagnes création de la ville et de Lion’s Head, Signal Hill et Devil’s Peak, et qui s’ouvre sur la baie surtout les habitudes de la Table. C’est là que les bateaux de la Volvo Ocean Race s’amar- héritées de l’apartheid rent lors de la seconde escale, dans les bassins du Victoria an Albert ont laissé de grandes Waterfront. Cape Town accueille la course pour la dixième fois, un inégalités sociales entre les quartiers aisés et branchés du City record de participations en tant qu’étape (juste devant Auckland) ! Bowl, majoritairement habités par la population blanche et les Du fait de son histoire, Cap Town est une ville multi-raciale, où les métis forment la majeure partie de la population, suivie par les mi- hiérarchisation townships (bidonvilles), installés dans la plaine du Cap (Cape Flats) qui regroupent exclusivement des noirs, des coloured et des indiens. norités blanches et noires. C’est aussi la zone de l’Afrique du Sud où 16 PISTE DE TRAVAIL // route des Indes tant recherchée. Dias Une escale indispensable sur la Route des Indes disparaîtra au large de ce même cap en 1500, lors du naufrage de son navire qui En 1487, Bartolomeu Dias est chargé par le roi du Portugal Jean II de participait à l’expédition de Pedro Al- cartographier les rivages africains déjà connus par les portugais et de vares Cabral, le découvreur du Brésil. tenter de trouver un chemin vers l’Asie, notamment vers l’Inde, riche en épices (poivre et girofle). Or l’accès terrestre à ces précieuses marchandises, qui valent une fortune en Occident, est le monopole des arabes. S’approprier une nouvelle route maritime vers les Indes est donc source de richesse pour le royaume du Portugal. A l’été 1487, Bartolomeu Dias ordonne à ses deux caravelles de s’éloigner des côtes de Namibie, afin d’aller chercher des vents porteurs vers l’ouest. Mais en descendant dans le sud, les bateaux sont pris dans une violente tempête qui les force à remonter vers le nord. Ils retrouvent alors la côte qui s’infléchit visiblement vers le nord-est, preuve de la réussite de l’expédition. Mais les marins sont épuisés, les bateaux en mauvais état et les provisions vont manquer. Dias décide de faire demi -tour, et cette fois en longeant les côtes. Il contourne un cap qu’il nomme « Cap des tempêtes », en référence aux mauvaises conditions météo rencontrées dans cette zone. Mais le roi décidera plutôt de le baptiser « Cap de Bonne-Espérance », car il porte l’espoir de cette 17 C’est Vasco de Gama qui achève le tour de l’Afrique en 1497 et ouvrira la route des Indes pour le compte du Portugal. Par la suite, les bateaux portugais s’arrêtent parfois pour s’abriter dans la Baie de Table, ce qui leur permet également de s’approvisionner en eau et nourriture fraîche : à cette époque le trajet vers les Indes dure environ 6 mois, et cette étape se trouve juste à miparcours. Mais les relations avec les peuples indigènes Khoisans sont souvent difficiles et se terminent parfois par des luttes sanglantes. Un des pionniers de l’empire colonial portugais et vice-roi des Indes portugaises, Francisco de Almeida, est massacré avec 60 de ses hommes lors d’une escale en 1510 sur son chemin du retour vers le Portugal. Pour cette raison, les portugais préfèreront des relais situés un peu plus au Nord et des comptoirs sur les côtes Est de l’Afrique qui leur permettent de contrôler les passages sur la Route des Indes. Le 20 mars 1602, est fondée la Compagnie Néerlandaise des Indes ment au pied de la Montagne de la Table. Le 6 avril 1652, ce dernier Orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie ou VOC ). Elle fu- débarque avec 82 pionniers dont 8 femmes et 5 navires chargés de sionne plusieurs compagnies modestes dans un objectif commun : bois de construction, des outils, des graines à planter et des fusils. gagner en force afin de supplanter les portugais sur la route des Rapidement, il construit un fort sur la rive gauche de la Salt River et Indes. Cet objectif sera assez rapidement atteint, d’autant que la puis- met en place un jardin potager et un verger. Ils espèrent se fournir en sance portugaise est en déclin. La VOC devient vite la première bétail auprès des bergers indigènes Khoi, mais très vite ces derniers grande société capitaliste et multinationale du monde. Cela n’em- refusent de donner leur bétail. Les colons doivent donc se contenter pêche cependant pas ses vaisseaux d’éprouver les mêmes difficultés des moutons élevés sur l’île Robben et de la chasse aux phoques, ba- que leurs prédécesseurs : en 1644, le Mauritius Eylant, s’échoue sur leines et antilopes. Le jardin, planté dès 1652, met également un peu les rochers de Mouille Point (près de l’actuel V & A Waterfront) lais- de temps à être productif : les saisons diffèrent de ce que les occiden- sant 250 hommes attendre pendant 4 mois des secours. Puis en 1648, taux connaissent et les conditions climatiques peuvent parfois être c’est le Nieuwe Harleem qui s’échoue à son tour au pied de la Mon- rudes. Jusqu’en 1679, le jardin fournira la tagne de la Table. Son équipage survit un an dans un fort improvisé, nourriture pour les navires en escale. En- avant d’être récupéré par un navire de passage. Son capitaine, dans suite la production des fermiers libres son rapport à la VOC, recommande la création d’une station de ravi- (Boers) s’ajoutera à celle du jardin, rendant taillement à cet endroit, car, hormis l’abri naturel offert par la Baie de ce dernier moins utile. Il sera progressive- la Table qui protège des vents violents du sud-est, l’eau douce des- ment transformé en jardin botanique et or- cendant de la montagne est abondante et le climat méditerranéen, nemental, et le développement de la ville ainsi que le sol fertile, sont favorables à l’agriculture. Cette recom- empiétera beaucoup sur les terrains culti- mandation est entendue par la VOC qui missionne en 1652 un de ses vés. Ce qu’il en reste forme aujourd’hui le administrateurs, Jan Van Riebeeck, pour créer un fort de ravitaille- Company’s Garden. 18 La VOC avait fermement recommandé à Jan Van Riebeeck de n’établir Elle assure la défense de ses comptoirs et de ses routes commerciales…elle peut déclarer la guerre aux autochtones et dispose de son propre système diplomatique. De même, elle peut attaquer les puissances adverses comme la France, l’Angleterre ou le Portugal. Elle dispose d’une flotte de guerre qui a atteint jusqu’à 40 vaisseaux et une armée de terre privée d’environ 12 000 hommes. La colonie du Cap ne fait donc pas exception : elle est munie d’une milice et d’une garnison de soldats, principalement allemands, d’une prison sur l’île de Robben et de gibets pour l’exécution des peines. Le but de la VOC est essentiellement de maintenir son monopole commercial sur la colonie : les producteurs et marchands locaux n’ont pas le droit de commercer directement avec les navires en escale, seuls les entrepôts de la VOC ont ce privilège. Cependant, les autorités locales ferment souvent les yeux et les marins peuvent se procurer dans les commerces du tabac, du thé, du coton, du vin, des soieries et du chintz. La VOC se montre en revanche plus froidement pragmatique lors des naufrages, fréquents, qui surviennent aux abords du Cap. Afin de récupérer les cargaisons des navires naufragés, sans subir de pillage de la part des habitants, la VOC fait installer des gibets sur les plages : ceux qui se rendent sur les plages, ne serait-ce que pour porter secours aux naufragés, sont immédiatement pendus… qu’un comptoir où les navires pourraient être réparés, réapprovisionnés, avec un hôpital qui pourrait accueillir les marins malades. Mais dès 1657, en plus du fort et du jardin, on y trouve quatre tavernes, des échoppes d’artisans, le tout disposé en quatre rues. Les marins commencent à l’appeler Kaapstad (Cape Town), ce qui inquiète la VOC qui ne veut pas d’une ville. Mais pour suppléer aux besoins en nourriture des bateaux, des autorisations de s’établir en fermiers libres (free burghers ou boers) ont permis à des salariés de la VOC de créer des fermes à proximité du fort. De plus, de nombreux esclaves (noirs du Dahomey et de l’Angola, indonésiens) sont régulièrement importés par la VOC pour fournir de la main d’œuvre dans les champs, pour la construction des bâtiments, etc. C’est donc réellement une colonie qui est train de se mettre en place. La Compagnie finit par en prendre son parti, tout en y imposant fermement sa loi. En effet, la VOC est un véritable Etat à part entière qui dispose de fonctions régaliennes dans ses comptoirs : police, justice, défense. Elle nomme ses gouverneurs et ses conseils, qui rendent la justice. 19 Au XVIIIe siècle, Cape Town est le seul port en eaux profondes d’Afrique du Sud, ce qui en fait une véritable « taverne des mers », très dynamique et cosmopolite. Chaque année, environ 70 bateaux y font escale et y restent à peu près un mois. Dans les années 1780, la ville connaît un véritable essor économique, dû notamment à l’installation de la flotte de guerre française dans le cadre de l’alliance franco -hollandaise contre l’Angleterre, entre 1781 et 1784. De plus, les marchands français en font leur tête de pont pour le commerce vers l’île de France (Maurice) et l’île Bourbon (la Réunion). Cette période de prospérité se traduit dans la ville par la construction de grands bâtiments dont plusieurs sont signés de l’architecte français Louis-Michel Thibaut. Mais cet essor s’accompagne vite d’une inflation qui mine la VOC, déjà affaiblie par la fin de son monopole en Indonésie et en Inde où la British East India Company se fait de plus plus en plus présente. Après plusieurs occupations temporaires de la colonie par l’armée britannique, Cape Town passe définitivement sur le contrôle de cette dernière en 1814. Les bateaux de la VOC La VOC, comme toute grande compagnie maritime, fait construire ses navires (contrairement aux britanniques elle n'aura jamais recours à la location), les "retourschepen", équivalents des " East Indiamen" anglais. Leur conception et leur construction sont relativement standardisées et suivent des règles édictées par les Heeren XVII (conseil de direction de la VOC, composé de 17 représentants). La longueur des voyages et les dangers de la route leur imposent d'être solides et de pouvoir assurer leur propre protection. Ce sont donc des bateaux largement inspirés des navires militaires: frégates ou flûtes pour les plus petits, vaisseaux de ligne pour les plus gros. Ces derniers sont d'ailleurs aussi imposants que les puissants navires de guerre de l'époque et équipés d'un nombre quasiéquivalent de canons. Le nombre de canons embarqués a toutefois tendance à décroître avec les années. De plus, les bateaux sont aménagés de façon à avoir un volume de cales maximum: les fauxponts (ou entrepont, situé habituellement entre les cales et le premier pont) sont éliminés et les réservoirs d'eau douce placés à l'avant du bateau. 20 Les bateaux de la VOC sont construits majoritairement aux Pays- et naufragé en 1748 (http://www.hetscheepvaartmuseum.nl/themuseum/ Bas, pour moitié à Amsterdam. Un bateau a une durée de vie d'envi- news|73) ron 10 ans, ce qui correspond à quatre voyages. Ces bateaux néces- Voir Musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis sur la page de l’escale lorientaise. sitent de plus une mise en radoub (carénage) après chaque expédition, ce qui coûte environ 1/3 de son prix. En deux siècles, les chantiers de la VOC auront produit 1367 navires. A bord des bateaux, on trouve les officiers, postes privilégiés et recherchés, et des matelots en nombre conséquent : environ 7500 par an. Mais près de la moitié désertent, attirés par des embarquements mieux payés et moins durs en discipline. Ils sont recrutés à travers toute l'Europe, à l'exception des anglais et des espagnols, indésirables sur les navires de la compagnie. Les soldats sont aussi très nombreux à bord des navires: environ 30% de l'équipage. Ils sont là aussi bien pour défendre le bateau contre d'éventuels agresseurs que pour mater les mutineries. Ils servent aussi à défendre les comptoirs où leur navire est stationné. Il est aujourd'hui possible de visiter une réplique d'un vaisseau de la VOC, au Musée Maritime d'Amsterdam: le VOC Amsterdam, reconstruit sur les plans d'un bateau construit Les grandes explorations, éd. Fleurus, 2004 Les grands explorateurs, Christine Causse et Philippe Vallette, livre + DVD, éd. Fleurus, 2010 Les grands explorateurs, collectif, éd. Larousse, 2006 Les compagnies des Indes, Collectif sous la direction de René Estienne, éd. Gallimard, 2013 Les grandes compagnies des Indes Orientales, Michel Morineau, Que sais-je ?, éd. PUF, 1999 Compagnies des Indes, Louis Mezin, Philippe Haudrere, Gérard Le Bouedec, éd. Ouest-France, 2010 http://expositions.bnf.fr/marine/arret/11-6.htm la compagnie néerlandaise des Indes et la cartographie. http://capetownhistory.co.za/ Site sur l’histoire de Cape Town (en anglais) http://www.capetown.at/heritage/index.htm Site sur l’histoire de Cape Town (en anglais) http://www.capetown.gov.za/en/parks/Pages/ 21 PISTE DE TRAVAIL // cuisses, ainsi que d’une colonne très flexible qui lui permet de faire Une nature sportive… de grands bonds lorsqu’elle est attaquée par des prédateurs. C’est ce qui lui a valu son nom de « springbokke », ce qui signifie « antilope à L’Afrique du Sud possède une biodi- ressort » en afrikaans. versité particulièrement riche qui la classe dans les 17 pays mégadivers identifiés par le Centre de Surveil- lance de la Conservation de la Nature. Rien d’étonnant donc, à ce que les équipes sportives du pays aient choisi des emblèmes naturels pour les représenter : l’équipe nationale de rugby a choisi pour emblème le springbok. Aujourd’hui, grâce aux mesures de protection et aux parcs et réserves naturelles, le springbok est l’antilope la plus abondante d’Afrique, alors qu’elle a faillit disparaître au XVIIIe siècle, victime de la chasse intensive. Elle est encore chassée de nos jours, mais de façon encadrée. Elle fait l’objet d’élevage, les fermiers appréciant son faible coût d’entretien, sa robustesse qui lui permet de vivre dans un environnement aride et la bonne qualité de sa viande. S’il est difficile de trouver une quelconque ressemblance entre la carrure des rugbymen et celle de la bondissante antilope, cette dernière s’avère être une athlète accomplie, capable de courir jusqu’à 115 km/h, et de faire des bonds de près de 4m de haut. Ses poumons et son cœur très développés lui permettent une © IAN ROMAN/Volvo Ocean- grande endurance : elle peut courir à 50 km/h sur 6 km, ce qui lui confère un très grand avantage sur ses prédateurs. Elle est dotée de muscles en forme de ressort, au niveau des 22 PISTE DE TRAVAIL // nisme de survie particulier appelé sérotinie, qui permet aux graines La protée de se libérer de leur coque protectrice après un incendie et de se ressemer. Leur pollinisation se fait par le biais d’oiseaux, de coléop- Cette fleur est l’emblème tères et également de rongeurs qui viennent se nourrir du nectar de l’équipe nationale de des fleurs qui dégagent parfois des odeurs de levures pour les atti- cricket d’Afrique du sud. rer. La région floristique du Cap est un hotspot de biodiversité bota- L’espèce nique, plus riche que dans les forêts tropicale d’Amérique du Sud (1 protea cyna- roides, appelée aussi protée royale (King sugar bush), dont la fleur 300 espèces pour 10 000km2 contre 400 dans les forêts tropicales). en forme d’artichaut peut atteindre la taille d’une assiette, est la Malheureusement beaucoup de ces espèces sont aujourd’hui mena- fleur nationale d’Afrique du Sud. Le genre protea recouvre 83 es- cées par l’extension urbaine et agricole (notamment viticole); l’intro- pèces, toutes originaires d’Afrique du Sud. Leur nom leur vient du duction d’espèces invasives étouffent la flore indigène et épuisent dieu marin grec Protée, qui avait la faculté de se métamorphoser. En les ressources en eau. Des programmes de conservation sont mis effet, la fleur de base des protées se combine de façon diverse selon en œuvre afin de protéger ce trésor de biodiversité. les espèces, ce qui leur donne des aspects très différents les unes des autres. Ces fleurs sont typiques du type de végétation dominant dans la région floristique du Cap, une sorte de maquis appelé « fynbos ». Elles forment avec les éricacées (bruyères) et les restionacées (une sorte de jonc), le trio de base de ces fynbos. On y trouve 90% des espèces de proteae. Dans les fynbos, le sol est sec et pauvre, et les incendies sont fréquents. Pour survivre, les proteae utilisent l’humidité souterraine qui s’accumule pendant l’hiver et ont des feuilles épaisses et résistantes. Elles sont dotées d’un méca- http://www.conservation.org/where/priority_areas/hotspots/africa/ Cape-Floristic-Region/Pages/default.aspx 23 Les escales // ABU DHABI 3eme étape : Abu Dhabi—Sanya (du 12 décembre 2014 au 3 janvier 2015) Distance de l’étape Abu Dhabi – Sanya : 4670 mn Malgré son statut de capitale des Emirats Arabes Unis, Abu Dhabi est éclipsée par sa rivale Dubaï, plus grande et plus dynamique. C’est pourquoi, l’Emirat a lancé ces dernières années de grands projets culturels et environne- La ville d’Abu Dhabi est la capitale de l’émirat du même nom et de l’Etat fédéral des Emirats Arabes Unis. C’est un port situé sur les mentaux dont le plus ambitieux est sans nul doute l’aménagement de l’île de Saadiyat. rives du Golfe Persique, dont l’activité commerciale et culturelle est importante et soutenue par la richesse des gisements gaziers et pétroliers. Si l’homme a été présent dès la préhistoire dans cette région du monde, ce n’est que vers 1760 que les bédouins découvrent une réserve d’eau sur l’île d’Abu Dhabi, qu’ils s’empressent de protéger en construisant un fort, le Qasr-El-Hosn, qui devient en 1793 la résidence des cheikhs jusqu’en 1966. En effet, à cette époque, le cheikh de la tribu bédouine des Bani Yas, Dhiyab bin Isa, attiré par le développement du commerce des perles, quitte l’oasis de Liwa pour venir s’installer à Abu Dhabi. Ce commerce fait la richesse de l’émirat jusqu’à la découverte et l’exploitation du pétrole, particulièrement abondant dans l’émirat d’Abu Dhabi. Digue de la Corniche, Abu Dhabi / Crédits photo © PAUL TODD/Volvo Ocean Race 24 On y trouve des zones naturelles protégées, une marina dotée valeur leur patrimoine archéologique et historique ainsi que les pra- d’un musée mettant en valeur le patrimoine maritime de l’émirat, des tiques traditionnelles telles que la danse, la poésie, la fauconnerie et zones résidentielles et de l’hôtellerie, des centres commerciaux et les régates de dhows*. des halls d’exposition et surtout des musées d’envergure internationale signés par les grands architectes actuels : le Guggenheim, dessiné par Frank Gehry (2017); le Louvre, dessiné par Jean Nouvel (2015) ; le musée Zayed dédié à l’histoire des Emirats Arabes Unis et du père de la nation, le Cheikh Zayed bin Sultan Al Nahyan, dessiné par Norman Foster (2016) ; un centre pour le spectacle vivant, dessiné par l’architecte Zaha Hadid. Abu Dhabi, accueillera pour la deuxième fois la Volvo Ocean Race. Abu Dhabi Tourism and Culture Authority est à nouveau le sponsor d’un des bateaux de la course, baptisé « Azzam » (« détermination » en arabe). Skippé par le britannique Ian Walker qui en sera à sa troisième participation dans la Volvo Ocean Race, Azzam est considéré comme l’un des favoris. http://louvreabudhabi.ae/fr/Pages/home.aspx :site du Musée du Louvre à Abu Dhabi le Musée Guggenheim Les Emirats Arabes Unis, conscients que les traditions des anciennes générations risquent de disparaître avec le développement fulgurant http://oxgaps.org/2013/02/16/the-story-of-abu-dhabi/ page en anglais sur le fort de Qasr-El-Hosn http://www.saadiyat.ae/en/ site consacré au projet de l’île Saadiyat (anglais) http://tcaabudhabi.ae/en site d’Abu Dhabi Tourism and culture authority de l’urbanisation moderne, cherchent à les préserver en mettant en 25 PISTE DE TRAVAIL // Quand les émirats tiraient leur richesse de la mer… Avant l’arrivée du pétrole, la grande source de richesse des émirats est l’huître perlière, appelée lulu ou qamashah. On ne peut pas dater avec certitude le moment où les populations des émirats commencent à exploiter les bancs d’huîtres de façon intensive, mais quelques perles ont été retrouvées dans des sites archéologiques vieux d’environ 7000 ans. Le géographe et botaniste Al-Idrisi indique en 1154 que Julfar dans l’émirat de Ra’s Al-Khaimah est un important centre perlier. Plus tard, en 1517, le navigateur et écrivain Duarte Barbosa décrit ainsi Julfar : « ici on trouve aussi une grande pêcherie, de petites comme de grosses perles, que les maures d’Hormuz achètent pour les revendre en Inde ou bien d’autres pays ». Le voyageur portugais Pedro Teixeira, au 16e siècle, indique qu’une flotte de 50 « terradas » part de Julfar chaque année en juillet et en août pour pêcher les perles et que certaines petites perles sont même appelées « perles de Julfar ». Ce sont ces dernières qui amènent le joaillier vénitien Gasparo Balbi à passer par les émirats lors de son voyage vers l’Inde en 1580. Mais le commerce des perles est surtout florissant à partir du 19e siècle et jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. En 1820, les britanniques signent une série d’accords de paix avec les cheikhs de chaque émirat et en 1853, un accord d’arrêt de la piraterie contre les navires britanniques. Les émirats prennent le nom d’Etats de la Trêve, qui deviendront en 1892 un protectorat de l’empire colonial britannique. Cette domination anglaise pacifie cette zone du Golfe Persique, jusque-là exposée aux conflits entre émirats et aux convoitises des puissances occidentales. Le commerce des perles profie donc de cette période de calme. A son apogée, au début du 20e siècle, la pêche perlière regroupe chaque été environ 12000 bateaux venus des différents émirats. Ce sont 22 000 hommes qui sont envoyés en mer de juin à octobre. La plupart ne viennent que pour la saison de pêche et passent le reste de l’année dans les oasis pour cultiver les dattes et élever les chameaux. Mais certaines familles s’installent à l’année, venant grossir les villes côtières comme Abu Dhabi. Pour autant, la pêche perlière n’enrichit qu’une petite partie de la population car elle est très hiérarchisée et soumise à des codes très stricts. 26 Les cheikhs, bien que n’étant pas propriétaires des bancs d’huîtres, est extrêmement rude, surtout pour les plongeurs dont l’espérance s’achève en fin de journée par un dîner de riz et de poisson. Les huîtres sont ouvertes le lendemain, sous l’œil vigilant du capitaine qui repèrere les plus grosses perles et veille à ce qu’il n’y ait aucun vol. de vie est particulièrement courte. Les perles sont achetées à la fin de la saison par un négociant local Chaque bateau est commandé par un capitaine ou nukhada, qui choi- ou, plus souvent, Indien. Beaucoup de familles Bani-Yas originaires sit le lieu de pêche et contrôle la vente des perles. A bord, l’équipage de Liwa fonctionnent en coopératives, propriétaires du bateau qui se divise en ghasah (plongeurs) et siyub (haleurs, chargés de remon- répartissent les gains à la fin de la saison de pêche. ter les plongeurs). Il est complété par un mousse (walaid), chargé Le commerce des perles du Golfe Persique est d’abord fortement ralenti par la Première Guerre Mondiale, puis par la crise de 1929 qui diminue la demande. Mais c’est surtout la concurrence des perles de culture japonaises, et les lourdes taxes décrétées par l’Inde fraîchement indépendante qui mettent un terme à la pêche perlière dans les Emirats Arabes Unis dans les années 1950, créant un période de disette pour les populations. Heureusement, on va bientôt exploiter l’abondant pétrole de la région…. délivrent les autorisations de pêche et surtout, interdisent formellement l’utilisation d’équipements de plongée modernes. Le travail des corvées du bord et, sur les plus gros bateaux, par un nahham qui rythme par des chants les manœuvres les plus pénibles. La journée démarre peu après le lever du soleil, et les rares pauses sont dédiées aux prières et à des collations rapides de café et de dattes. Les plongeurs dont l’équipement se limite à des bouchons d’oreille en cire, un pince-nez en écailles de tortue et des protections de cuir sur les doigts, sont entraînés vers le fond par une pierre accrochée à leur pied. Ils collectent alors un maximum d’huîtres dans leur panier, puis tirent sur la corde pour être remontés par le haleur. Ce dernier récupère et vide le panier pendant que le plongeur reprend son souffle, accroché à sa ligne, avant la plongée suivante. Le travail 27 PISTE DE TRAVAIL // Les dhows du Golfe Persique La construction navale est l’industrie la plus active durant l’apogée de la pêche perlière dans le Golfe Persique. Il faut cependant importer le bois de construction, indisponible dans les Emirats, hormis pour les petits bateaux appelés shashah qui sont fabriqués en branches de palmier et fibre de coco. Le teck, le manguier ou encore le palétuvier qui servent pour la construction des plus grandes unités sont essentiellement importés d’Inde. Le terme de dhow (boutre), est un nom générique qui recouvre un grand nombre de bateaux utilisés en Mer Rouge, dans l’Océan Indien et dans le Golfe Persique. Le modèle le plus utilisé pour la pêche aux perles est le sambuk, dont la quille peu profonde permet la navigation sur les hauts-fonds sableux des bancs d’huîtres. Les sambuks sont munis généralement de deux mâts portant chacun une voile trapézoïdale, typique des bateaux arabes, très efficaces pour remonter au près et redoutables dans les allures de largue. Mais une fois arrivés sur le banc d’huîtres la plupart des manœuvres s’effectuent à la rame. Les sambuks se reconnaissent aussi à leur poupe carrée, souvent peinte de couleurs vives, qui dénote l’influence des caravelles portugaises du 16e siècle. Aujourd’hui, les Emirats tentent de main- Un dhow devant le village de la VOR à Abu Dhabi—Crédits photo © PAUL TODD/Volvo Ocean Race tenir le lien entre tradition et modernité en faisant régater des dhows de 22 pieds chaque année au mois d’octobre, pour rappeler la fin de la saison de pêche, quand tous les bateaux rentraient au port. 28 https://www.youtube.com/watch?v=WyicXuQ9k_4 pêche aux perles ( vidéo ) http://www.unesco.org/archives/multimedia/index.php? s=films_details&pg=33&id=98 les chants des pêcheurs de perles (vidéo) http://www.dailymotion.com/video/xnj22i_regate-de-dhows_sport les équipiers Groupama font du dhow pendant l’étape 2012 (à voir absolument) https://abudhabievents.ae/en/Pages/volvo-ocean-race-2014-2015.aspx : Site Internet de l'étape de la Volvo Ocean Race à Abu Dhabi Tous les bateaux du monde, sous la direction d’Eric Rieth, éd. Chasse-marée / Régate de dhows en baie d’Abu dhabi—Crédits photo © PAUL TODD/Volvo Ocean Race Glénat, 2010 Pêcheurs de perles, Albert Londres, éd. du Rocher Journal de la mer d'Arabie : Voyage du Yemen a l'Inde, dans le sillage des dhows—Claire & Reno Marca, Ed de la Martinière, 2012 29 PISTE DE TRAVAIL // Traditionnellement, la migration des outardes houbaras, principales Les faucons du désert proies des fauconniers, est précédée par celle des faucons pèlerins et des faucons sacres. Les fauconniers attrapent ces faucons au piège, A l’origine, l’usage de la fau- puis disposent de 3 semaines pour les dresser avant le début de la connerie permit aux bédouins chasse. A la fin de la saison de chasse le faucon est relâché, car le du désert d’avoir un apport de fauconnier n’a pas la capacité de le nourrir durant le reste de l’année. viande non négligeable dans leur alimentation. Mais cette pratique est devenue celle des cheikhs qui profitaient également des parties de chasse pour visiter leurs territoires et leur peuple. Aujourd’hui c’est un sport réservé à l’élite fortunée, car l’achat et l’entretien des oiseaux coûte cher, de même que les 4 x 4 employés pour les expéditions de chasse. La fauconnerie est considérée comme « le sport Aujourd’hui, les faucons sont des oiseaux d’élevage, mais le principe de dressage reste le même. Le faucon est d’abord aveuglé par un capuchon et sevré pendant quelques jours, pour le rendre plus facile à dresser. Durant cette période le fauconnier reste en permanence avec son oiseau et lui apprend son nom. Au fur et à mesure le faucon est entraîné à attraper des leurres, puis des proies vivantes, et à revenir sur le gant de son fauconnier pour récupérer sa récompense. des princes ». Le faucon bénéficie d'un statut particulier aux émirats, il orne les armoiries de la fédération aussi bien qu'il figure sur les billets de banque. La chasse à l’outarde, trop intensive a amené une quasi-disparition de l’oiseau dans son milieu naturel, ce qui pousse les émirs à aller chasser à l’étranger, notamment au Maroc, Tunisie et Algérie. Cette chasse mal contrôlée est aujourd’hui un sujet de forte polémique pour les associations environnementales. 30 Parallèlement, le gouvernement d’Abu Dhabi gère le National Avian Research Center (NARC), dont le but principal est l’élevage d’outardes houbaras afin d’effectuer des réintroductions dans la nature. Cet organisme, essentiellement financé par les fauconniers vise surtout au maintient de l’activité de chasse. Les faucons, oiseaux précieux pour les émiratis, bénéficient quant à eux de deux hôpitaux, un à Abu Dhabi et l’autre à Dubaï, qui ont pour mission l’élevage, le soin et la réintroduction des faucons en milieu naturel. La fauconnerie a été inscrite en 2012 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. http://www.ornithomedia.com/breves/lachers-massifs-outardeshoubaras-afrique-nord-proteger-pour-mieux-tuer-00963.html article sur la réintroduction d’outardes d’élevage http://www.falconhospital.com hôpital pour faucons d’Abu Dhabi http://www.dfh.ae/ hôpital pour faucons de Dubaï http://www.unesco.org/culture/ich/fr/RL/00732 patrimoine immatériel de l’humanité 31 dont les 108m de hauteur en font Les escales // SANYA la 4eme plus grande statue au 4eme étape Sanya— Auckland du monde. Cette déesse à la blan- 24 janvier 2014 au 8 février 2015 cheur immaculée est représentée dans trois poses différentes, l’une La ville de Sanya est située au sud tournée vers la terre et les deux autres regardant vers la mer. de l’île de Hainan, à proximité des Sanya sera pour la deuxième fois étape de la Volvo Ocean Race, et la côtes du Viêtnam. Hainan est la Crédits photo © AN ROMAN/Volvo Ocean Race plus petite province chinoise. Elle jouit d’un climat tropical, ce qui lui Chine sera représentée par le bateau sponsorisé par le constructeur de camions Dongfeng. vaut le surnom de « jardin de toutes les saisons de la Chine » et lui permet d’effectuer trois récoltes de riz par an, ainsi que des cultures maraîchères en continu. Mais ce sont surtout ses paysages, montagneux au centre et plages idylliques sur les zones côtières, qui font de l’île de Hainan une destination touristique prisée des chinois venant du continent et surtout de Hong-Kong, ainsi que des russes. Des stations balnéaires de luxe se sont développées dans le sud de l’île, notamment à Sanya, où la baie de Yalong forme un croissant de 7,5 km de sable blanc et d’eaux turquoise. Les concurrents de la Volvo Ocean Race sont accueillis par la statue Statue de de Guanyin—Crédits photo © Victor Fraile/PSI/Volvo Ocean Race monumentale de Guanyin, déesse bouddhique de la miséricorde, 32 PISTE DE TRAVAIL // Zhu Di. Lorsque ce dernier s’empare du trône en 1402 et prend le Un passé maritime glorieux et méconnu nom de Yongle, Ma Sanbao est un de ses plus proches serviteurs. Il change lui aussi son nom et devient Zheng He. Si les chinois commencent seulement à intégrer le monde de la course au large internationale, ils ont derrière eux une histoire maritime riche qui n’a rien à envier à celle des occidentaux et dont la figure la plus marquante est sans conteste celle de l’amiral Zheng He. Né aux alentours de 1371 dans la province du Yunnan au sud-est de la Chine, Zheng He fait partie de l’ethnie Hui, apparentée à l’ethnie Han, mais de religion musulmane. Son nom d’origine était Ma Sanbao. En 1381, la Chine envahit le Yunnan et Ma Sanbao est capturé ainsi que plusieurs autres garçons de son âge. Castré, il est mis au service Yongle, troisième empereur Ming, mène une politique forte qui vise à unifier, centraliser, et étendre l’Empire chinois. C’est dans ce but qu’il charge Zheng He de superviser la construction d’une flotte exceptionnelle qui sera appelée « Flotte des Trésors », et dont le but est l’exploration et la défense des mers entourant la Chine. Zheng He est nommé Amiral, le plus haut titre militaire obtenu par un eunuque dans la Chine impériale. Il effectuera sept grands voyages pour le compte de l’Empereur entre 1405 et 1433. Premier voyage (1405-1407) : La première Flotte des Trésors, composée de 62 navires, a comme objectif d’atteindre Calicut, port marchand très actif du sud-est de l’Inde, connu des chinois depuis le VIIe siècle. La flotte s’arrête en chemin au Vietnam, à Java, à Sumatra, au Sri Lanka et à Cochin avant d’atteindre Calicut où elle reste commercer de l’hiver 1406 au printemps 1407. La flotte profite des vents porteurs de la mousson pour retourner en Chine. Sur le chemin du retour, Zheng He et ses hommes affrontent les pirates qui sévissent aux abords de Sumatra et ramènent leur chef Chen Zuyi à Nanjing. du quatrième fils de l’Empereur, 33 premier, mais cette fois, les chinois établissent des entrepôts le long de leur route afin de faciliter leurs opérations commerciales et stocker du matériel. Le voyage connait à nouveau un épisode militaire, le roi de l’actuel Sri-Lanka s’étant montré agressif lors du voyage précédent, Zheng He lui livra bataille et le fit prisonnier. Quatrième voyage (1413 – 1415) : A la fin de l’année 1412, Yongle commanda à Zheng He un nouveau voyage, avec 68 navires. Celui-ci avait pour but Ormuz et le Golfe Persique, dont les richesses, notamment en perles et pierres précieuses, intéressaient l’empereur. Sur le chemin du retour, l’expédition de Zheng Second voyage (1407-1409): Zheng He organise le second voyage, mais n’y participe pas, car il supervise les travaux de réfection d’un temple. Le but du voyage est de renforcer le pouvoir du roi de Calicut. Troisième voyage (1409 – 141) : La flotte pour le troisième voyage He longe les côtes d’Afrique de l’Est, jusqu’au Mozambique. C’est durant ce voyage que le sultan de Malindi (actuel Kenya) offre en cadeau une girafe que Zheng He ramene en Chine, avec d’autres animaux comme des zèbres ou des autruches. Ce voyage est aussi l’occasion d’emmener des diplomates étrangers ou de les persuader d’entreprendre le voyage diplomatique vers la Chine. compte 48 bateaux. Le voyage suit quasiment le même trajet que le 34 Cinquième voyage (1417 – 1419) : Ce voyage a pour but de ramener teaux de la Flotte des Trésors, pour des raisons économiques sans les émissaires étrangers dans leur pays d’origine. Il suit donc le tra- doute, mais aussi pour des choix politiques, considérant que les pays jet du quatrième voyage. étrangers ont peu à offrir à la Chine, « centre du monde ». L’empire Sixième voyage (1421 – 1422) : Ce voyage reprend à nouveau le chemin d’Ormuz et de l’Afrique, devenue le nouvel « El Dorado » chi- se replie sur lui -même dans un isolement duquel il ne sort qu’au XVIIe siècle. nois. Lorsque Zheng He revient en 1421, le reste de la flotte ne rentrera qu’en 1422, le fils de l’empereur et régent de Nanjing, Zhu Gaozhi, fait suspendre les expéditions maritimes. Lorsqu’il devient empereur en 1424 sous le nom de Hongxi, il les interdit totalement. Mais son règne est très court, et son fils Xuande, plus proche des idées de son grand-père, commande à Zheng He une septième et dernière expédition. Septième voyage (1431-1433) : Le dernier voyage de Zheng He fut le plus imposant en terme de bateaux (100 navires), et le plus complet : la flotte retourne vers ses précédentes escales en Asie du sudest, en Afrique, dans le Golfe Persique…et une partie de la flotte remonte la mer Rouge jusqu’à Djerba, le port de la Mecque. Zheng He meurt au terme de ce voyage, en mer selon certains, en Chine selon d’autres sources. C’est la dernière expédition maritime chinoise. En effet, la Chine cesse d’entretenir et de construire les fabuleux ba35 PISTE DE TRAVAIL // Les bateaux-trésor de Zheng He : Les bateaux qui composent la flotte de l’amiral Zheng-He Les jonques chinoises bénéficient également de plusieurs inventions qui facilitent leur navigation, comme le gouvernail d’étambot, fixé à l’arrière du bateau par des charnières, plus facile à manipuler que les doubles rames qui équipent les bateaux occidentaux. jonques, L’intérieur des jonques étaient également séparé par des comparti- c’est-à-dire des ba- ments étanches qui lui assuraient une meilleure flottabilité et une teaux à fond plat, dé- meilleure sécurité. Les chinois se sont sans doute inspirés de la pourvus et morphologie des tiges de bambous pour créer ces compartiments, dotés de mats à voiles qui demandaient un ajustement impeccable des pièces et un bon cal- lattées. La spécificité fatage pour assurer leur étanchéité. Les bateaux occidentaux ne se des dotent qu’au XIXème siècle de telles cloisons. sont des d’étrave jonques de la flotte de Zheng-He réside surtout dans la taille de ces jonques : une jonque « classique » mesure environ 30 mètres de long, tandis que le plus grand des bateaux de Zheng-He, appelé « bateau précieux » mesure plus de 120 mètres ! La découverte d’une barre de gouvernail de 11 mètres de long lors de fouilles archéologiques tend à confirmer ces dimensions exceptionnelles…à titre de comparaison, la Santa Maria qui emmena Christophe Colomb en Amérique mesurait 25 Les lattes de bambous qui tendent les voiles permettent une meilleure rigidité de l’ensemble, facilitant la prise de ris et les rendant plus performantes. Si jamais une partie vient à se déchirer, le reste de la voile reste en place. De plus, les mâts placés en léger décalage les uns par rapport aux autres, permettent aux voiles de mieux pivoter lors des virements de bords. Le « bateau–précieux » de Zheng-He était équipé d’au moins 9 mâts et 12 voiles !! mètre de long. 36 A bord de leurs bateaux, les chinois utilisent des boussoles pour « L’armada oubliée de la Chine Impériale », documentaire en 3 épi- s’orienter. La boussole est en effet connue de longue date par les sodes : chinois, mais la plus ancienne attestation de son utilisation en navigation maritime date de 1117. Autre invention chinoise équipant les jonques de guerre : les canons à poudre. Placés à l’avant de la jonque, ces petits canons, dont l’utilisation est attestée depuis le XIIIe siècle, avaient surtout une fonction dissuasive, car leur pouvoir de destruction était assez limité. Les bateaux de Zheng-He sont pour certains équipés de ces petits canons. Zheng-He est une figure majeure de l’histoire chinoise, et la Chine célèbre régulièrement ses exploits lors des dates – anniversaires de sa vie. De nombreux timbres et objets reprennent son effigie et un parc thématique a été inauguré à Nanjing en son honneur où l’on peut voir une réplique d’un bateau-trésor de taille moyenne http://www.dailymotion.com/video/x9v3hm_l-armada-oubliee-de-la-chineimperi_shortfilms http://www.dailymotion.com/video/x9v3dc_l-armada-oubliee-de-la-chineimperi_shortfilms http://www.dailymotion.com/video/x9v31e_l-armada-oubliee-de-la-chineimperi_shortfilms Bibliographie : Les grands explorateurs, sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen, Larousse – 2007 La grande histoire de la navigation, Donald S. Johnson, National Geographic – 2009 Il était une fois…un bateau à voiles : le Moyen-Age, première partie, Gérard Recorbet, les presses du Midi, 2010 37 PISTE DE TRAVAIL // A l’ombre des palmiers L’île de Hainan est réputée pour ses plages idylliques, bordées de palmiers. Mais ces arbres font également l’objet d’une exploitation économique, notamment pour trois variétés : le cocotier, le palmier à huile et le palmier à bétel. Le cocotier (cocos nucifera) est cultivé pour son fruit : la noix de coco. Son utilisation est variée : sa pulpe est comestible, elle peut être consommée telle quelle ou râpée et séchée. Une fois sèche, elle prend le nom de coprah, et on peut la presser pour obtenir une huile qui sert à la fabrication de cosmétiques, notamment le fameux monoï de Polynésie. Lorsqu’elle est pressée à l’état frais, on obtient du lait de coco, qu’il ne faut pas confondre avec l’eau de coco, qui est le liquide que l’on peut boire lorsqu’on ouvre une noix de coco verte. Dans une noix de coco à maturité, la pulpe a entièrement remplacé ce liquide. Les fibres entourant la noix de coco sont également utilisées pour fabriquer des brosses ou encore des cordes, et la coque de la noix est utilisée à des fins décoratives… Le cocotier et la noix de coco sont un élément important du paysage et de la culture de l’île de Hainan, c’est pourquoi depuis 1997, les autorités de l’île organisent un Festival international de la noix de coco, tous les ans, début avril. L’île de Hainan cultive également des palmiers à huile (elaeis gui- neensis), une variété de palmier originaire d’Afrique dont les graines sont très riches en huile, utilisée dans l’alimentation, la cosmétique et les biocarburants. L’huile de palme est aujourd’hui l’huile végétale la plus utilisée au monde, notamment grâce à la capacité importante de production des palmiers qui fructifient toute l’année et ont une durée de vie de 25 à 35 ans. Cependant, la production d’huile de palme du Hainan reste très inférieure à celle de la Malaisie et de l’Indonésie, premiers producteurs mondiaux. 38 Le palmier à bétel (areca catechu) est quant à lui une production très salive en rouge et les spécifique à l’Asie et à la Polynésie. Il est cultivé pour sa noix, appelée dents en orange. noix d’arec. L’usage de cette noix est déjà décrit dans le récit d’Antonio Pigafetta qui accompagna Magellan autour du monde (1522) : Aujourd‘hui les autorités tentent de limi- « Ces gens mâchent la plupart du temps un fruit qu’ils appellent are- ter la consommation ca, qui tire à la façon d’une poire ; ils le tranchent en quatre quartiers, puis l’enveloppent en des feuilles de son arbre nommé betre, qui sont comme des feuilles de mûrier, avec un peu de chaux ; et après qu’ils l’ont longuement mâché, ils le crachent et jettent dehors, dont ils ont après la bouche fort rouge. Et ils trouvent bien d’user dudit fruit à cause qu’il les rafraîchit fort, car le pays est si chaud qu’ils ne sauraient vivre sans cela. » de la noix d’arec car ses effets sont nocifs pour la santé : son utilisation conduit à la dépendance, et à l’apparition de maladies graves. Le Hainan est un des principaux producteurs de noix d’arec. La noix d’arec se consomme avec la feuille du bétel (piper betle), une plante grimpante de la famille du poivrier. Toutes deux ont des propriétés pharmaceutiques, utilisées, bien sûr, en petites quantité. Mais leur consommation est surtout liée à des rites sociaux et religieux et à ses effets excitants. La préparation de la noix d’arec varie selon les régions : généralement elle est coupée en petits morceaux, mélangée à de la chaux, des épices ou du tabac, et l’ensemble est roulé dans la feuille de bétel pour être longuement mâché. Cette chique colore la 39 Article sur les usages rituels de la noix d’arec : http:// www.indereunion.net/IREV/articles/louaisel10.htm de la population totale de la Les escales // AUCKLAND Nouvelle-Zélande. Cette 5eme étape Auckland — Itajaï du 27 février au 15 mars 2015 concentration démographique est liée à son dynamisme économique, Distance de l’étape Auckland – Itajaí : 6776 mn les grandes entreprises multinationales ayant toutes leurs bureaux à Auckland se situe sur l’île Auckland. Malheureusement, l’utilisation prédominante des véhicules Nord de la Nouvelle-Zélande. individuels, très nombreux, crée des niveaux de pollution élevés et la Sa morphologie est très par- ville se trouve régulièrement noyée dans le smog. * ticulière car la ville a été fondée sur l’isthme qui relie la péninsule du Northland au reste de l’île Nord. Elle s’est depuis fortement étendue à chaque bout de cet isthme. De fait, la ville est enserrée entre deux ports naturels dont l’un ouvre sur la mer de Tasmanie ( Manukau ) et l’autre sur le Golfe d’Hauraki ( Waitemata ). C’est dans ce dernier que les bateaux de la Volvo Ocean Race viennent s’amarrer pour la neuvième fois dans l’histoire de la course. La très forte proportion de bateaux par habitant et la passion des néo-zélandais pour la voile ont donné comme surnom à Auckland « City of Sails » (la ville des voiles). Auckland n’est pas la capitale, mais elle est la ville la plus peuplée, rassemblant un quart 40 Les maoris ont été les premiers occupants de l’isthme d’Auckland, qu’ils nomment Tamaki Makaurau, depuis environ 1350. Leur présence est visible dans les traces de nombreux pa (villages fortifiés) surtout sur les pentes des volcans comme One Tree Hill (Maungakiekie). Auckland est en effet situé sur un champ d’environ 50 volcans de formes diverses, considérés comme éteints. Cependant, le plus jeune d’entre eux, celui de l’île Rangitoto, détruisit il y a 700 ans, dans une éruption, les villages Maoris de l’île voisine Motutapu. Cette activité volcanique est présente dans les légendes maories qui racontent que l’amour d’un jeune homme et d’une jeune fille issus de deux tribus rivales déclenche une guerre entre les deux tribus. Les dieux irrités de l’utilisation de la magie par les combattants font craquer le sol en deux et déclenchent des éruptions, tuant la plupart des habitants. En réalité, des affrontements incessants entre les différentes tribus qui occupaient cette zone, firent reculer les maoris dans des zones moins exposées aux attaques, ce qui expliquerait leur faible présence lorsque les occidentaux commencèrent à coloniser la zone à partir de 1840. Peter Blake, le Tabarly des antipodes Peter Blake, comme Eric Tabarly pour les français, est certainement le navigateur le plus populaire auprès de ses compatriotes. Ses victoires éclatantes dans la Whitbread, le Trophée Jules Verne et surtout la Coupe de l’America, ont placé la Nouvelle-Zélande au plus haut niveau de la voile moderne. Mais la comparaison s’arrête sans doute ici, car les deux hommes, bien que dotés du même talent étaient deux caractères bien différents. Peter Blake, naît le 1er octobre 1948, dans une maison du quartier de Bayswater à Auckland, les pieds dans l’eau. Sa famille a déjà le virus de la voile dans le sang et les Blake achètent successivement plusieurs bateaux, notamment un joli ketch nommé Ladybird qui sera le voilier « de cœur » de Peter. Forcé de le vendre en 1998 à un de 41 ses amis, il espérait pouvoir le racheter plus tard pour sa retraite… Peter Blake tire ses premiers bords avec ses frères dans la baie d’Auckland, se fait la main sur les bateaux familiaux. A 18 ans, il construit son premier bateau, Bandit, un voilier en contreplaqué de 23 pieds (12m environ), sur des plans commandés auprès du magazine Yachting World. Déçu par ses résultats en course, il en construit un autre (Oliver Twist), de la même façon, dans le hangar de la propriété familiale. Mais il le vend immédiatement après, ainsi que Bandit, afin de partir en Angleterre. Arrivé au Royaume-Uni en 1970, Blake embarque sur Ocean Spirit, un des voiliers les plus performants de son temps, dirigé par Les Williams et Robin-KnoxJohnston, le vainqueur du Golden Globe (1968/1969). D’abord embauché pour le convoyage du bateau, les talents de navigateur de Blake et son autorité naturelle sont vite repérées par Williams qui lui confie le poste de chef de quart pour la course Cape-Town – Rio. L’homme aux 5 Whitbread En 1973, deux passionnés de voile, Anthony Churchill et Guy Pearce, ont l’idée de créer une course autour du monde par étapes et en équipage. Le projet, soutenu par la Royal Navy Sailing Association, club lié au ministère de la Défense britannique, trouve un sponsor : le brasseur Whitbread & Company Limited. La Whitbread Around the World Race est née. Pour cette première édition, Les Williams avait commandé un voilier de 80 pieds dessiné par John Sharp et sponsorisé par un tailleur d’Auckland, Burton. Williams nomme tout de suite Peter Blake au poste de chef de quart, bien qu’il ne soit pas le plus âgé et le plus expérimenté. Burton Cutter remporte la première étape au temps réel, mais les étapes suivantes sont moins chanceuses. Peter Blake et Pippa—Crédits photo © IAN ROMAN/Volvo Ocean Race 42 Cette première Whitbread est endeuillée par trois disparitions, et la Williams, l’un des fidèles équipiers de Blake le raconte ainsi : « A flotte souffrit énormément des violentes conditions météo des mers Auckland, ce fut énorme, des bateaux partout et des foules surexci- du Sud. Mais elle s’impose d’emblée comme une course majeure, la tées. (…). On ne pouvait plus bouger sur Marsden Wharf, qui devait circumnavigation à gagner. Peter Blake songea sans doute dès cette accueillir la flotte, et la réception préparée pour Peter valait vrai- édition à monter son propre projet de participation. Mais il est en- ment la peine. Il n’était pas officiellement skipper, mais c’était vrai- core un peu tôt et Blake n’a pas la notoriété nécessaire pour obtenir ment lui le maître à bord et son nom apparaissait partout en évi- les soutiens des sponsors. En 1977, Williams et Knox-Johnston dence. Il avait maintenant la reconnaissance dont il avait besoin pour s’engagent pour la seconde édition et lancent la construction d’un se lancer sous sa propre bannière. » Même si la course se termine sloop de 77 pieds signé une nouvelle fois John Sharp : le Heath’s en demi-teinte dans les deux dernières étapes, Blake a engrangé Condor. Ils engagent Blake pour suivre la construction du voilier, l’expérience et la notoriété nécessaire pour se lancer dans l’aven- puis en tant que second. Williams et Knox-Johnston sont les skip- ture. Dès la fin de la première Whitbread, Peter Blake est rentré en pers en titre du bateau, se relayant sur les étapes. Mais le vrai Nouvelle-Zélande, bien déterminé à monter un projet 100% néo- « patron » à bord est Peter Blake. Malheureusement, le bateau se zélandais. Avec son ami Martin révéle être beaucoup moins performant que ce qui en était attendu, Foster, secrétaire général de la doté d’un gréement en carbone, très novateur pour l’époque, il se fédération brise dès la première étape. La seconde étape a failli tourner à la yachting, ils constituent un co- tragédie, l’un des équipiers ayant été projeté à la mer. Mais heureu- mité organisateur et contactent sement, Blake repère rapidement un groupe d’albatros attirés par ce un jeune architecte naval néo- festin potentiel, et effectue une manœuvre urgente pour récupérer zélandais son équipier, encore en vie. Lorsque Heath’s Condor franchit le pre- Bruce Farr. mier la ligne d’arrivée à Auckland, l’accueil est triomphal. . Alan43 néo-zélandaise très prometteur de : Ils engagent leurs propres fonds pour les plans préliminaires d’un voilier de 65 pieds et partent à la recherche de sponsors. Les documents promotionnels préparés pour leur projet avorté de 1977, montrent à quel point ils sont en avance dans le domaine de la recherche de sponsors (un concept encore très vague pour la voile néozélandaise à cette époque). En conclusion, le document affirmait : « Ce défi, l’idée de Peter Blake, sera un concept exclusivement néozélandais, mis sur pied dans le seul but de remporter l’édition 1977 de la Whitbread. Conçu par un natif d’Auckland, l’architecte naval Bruce Farr, de réputation internationale, le plan du bateau attire l’attention du monde entier. Construit à Auckland par un chantier local réputé, entièrement équipé, approvisionné et sponsorisé par des sociétés néo-zélandaises, ce défi authentiquement national ne connaît aucun précédent dans l’histoire de la voile en Nouvelle -Zélande. Mis en valeur par l’intégration d’Auckland parmi les trois grandes escales de la course, plusieurs éléments majeurs garantissent au sponsor une énorme publicité qui pourra être ensuite exploitée avec profit. Contrairement aux projets de sponsoring habituels, celui-ci perdure de longues années après la fin de la course en 1978 ». Ils ont de plus prévu une radio qui permet de communiquer avec les médias et les partenaires où qu’ils se trouvent en mer. Dans les années suivantes les nombreuses vacations radio de Blake en direct deviennent caractéristiques de sa conception de la course au large, pour le plus grand plaisir des sponsors et du public. Une hyper -communication devenue aujourd’hui la règle des plus grandes courses au large… Malheureusement pour eux, la première édition de la Whitbread, qui avait fait étape à Sydney, a peu impacté les néozélandais, et les sponsors ne voient pas l’intérêt de financer les rêves d’un jeune navigateur. La donne change après la seconde Whitbread et l’étape triomphale à Auckland. Blake et Foster relancent leur projet et annoncent leur participation pour l’édition 1981-82. Cette fois le projet attire notamment l’adhésion du très sélect Royal New Zealand Yacht Squadron, la plus prestigieuse institution de voile du pays. Un nouveau comité est lancé et la chasse aux sponsors reprend, avec cette fois plus de chance : l’industriel Tom Clark, patron de Ceramco qu’il vient de racheter, veut donner un nouveau souffle à son entreprise. 44 La première étape commence bien, seul le Flyer du néerlandais Cor- vé 2e à Cape Town, il est un des rares maxi à ne pas présenter d’ava- nelis Van Rietschoten tient tête à Ceramco. Mais au bout de 23 jours rie grave. Mais son poids l’handicape pour le reste de la course. de course, les néo-zélandais démâtent. Peter prend rapidement la décision de terminer l’étape sous gréement de fortune, en faisant un détour permettant de prendre les vents portants vers Cape Town, environ 3500 milles plus loin. Ceramco termine l’étape en arrivant 11 jours après Flyer : l’équipage est accueilli en héros par leurs concurrents, impressionnés par ce tour de force. Les étapes suivantes voient Flyer et Ceramco se livrer une bataille farouche, qui tourne à la faveur des hollandais. Ce combat nautique ouvre la voie à la classe maxi, des géants des mers de 25m de long environ, qui dominent l’édition 1985-1986 de la Whitbread . L’autre point positif de cette campagne a été de constituer un équipage qui forme le noyau d’excellence voile de la néo- Les performances de Ceramco et de son skipper vont permettre le zélandaise pour les années à venir. Peter Blake embarque notam- lancement d’un nouveau bateau pour l’édition 1985-1986 : Lion New ment Grant Dalton, qu’il avait recalé lors de la constitution de l’équi- Zealand. Pour sa construction, le sponsoring impose à Peter Blake page de Ceramco. Cette fois, il décide de lui donner sa chance l’architecte Ron Holland, très en vogue dans le milieu nautique néo- comme chef de quart, avec tout de même quelques doutes : « Je zélandais de l’époque, mais bien moins talentueux que Bruce Farr. n’étais pas certain que Dalts pourrait commander les autres, mais je Dès sa mise à l’eau, le bateau montre sa principale faiblesse : il est lui ai donné sa chance. Rien de tel que de pousser un homme dans le trop lourd. La seule vraie satisfaction qu’apporte Lion NZ est de ré- vide pour en tirer le meilleur – ou le pire. » sister aux 4 jours de tempête qui conclurent la première étape : arri45 En fait l’expérience tire le meilleur de Dalton et l’arme pour sa propre ascension vers les plus hautes sphères de la course au large (Grant Dalton est aujourd’hui une des grandes figures de la Coupe de l’America). Mais la gestion extrême du bateau par Dalton entraîne quelques frictions entre les deux hommes. Aux dires de Roy Mason, un autre équipier de Blake : « On aurait pu imaginer personnalités plus contrastées que celles de Pete et de Dalts. Pour Dalts, plus on portait de toile, plus vite on irait. Généralement, quand arrivait son tour de quart, il larguait les ris* ou demandait des voiles d’avant plus grandes, et ainsi de suite. » De l’avis même de Dalton « Il égard, c’était un marin complet, ce que je n’ai jamais été. Pete s’intéressait à la vie marine, il savait reconnaître les oiseaux. Je m’en fichais complètement. Les oiseaux ont des ailes et les baleines sont des machins qu’on percute si on ne fait pas gaffe, et qui peuvent ficher votre course en l’air. Pete aimait la mer. Pas moi. C’est froid, humide, et on y dort pas bien. Il se trouve seulement que c’est devenu mon domaine de compétition. Ce fut la même chose pour Peter, mais il puisait beaucoup de sérénité dans ce milieu. Je voulais juste y aller et en sortir aussi vite que possible. (…) Nous avions donc des approches radicalement opposées. Sa personnalité était beaucoup plus souple, plus complète, et je l’admirais pour cela. » (Peter) ne m’inspirait pas un grand respect à ce moment-là parce que je trouvais qu’il ne poussait pas suffisamment le bateau. J’avais 26 ans à l’époque, et j’y allais sans doute trop fort. Peter disait qu’il n’était pas sûr que je sache quand lever le pied – et il n’avait peutêtre pas tout à fait tort. Mais Lion était un veau, il fallait le cravacher, sinon on restait planté. » Les deux se retrouvèrent concurrents sur l’édition suivante en 1989-1990. Avec le recul, Dalton analyse ainsi leurs différences de personnalité : « Pete et moi, c’était vraiment la carpe et le lapin. Pete était un marin. Je n’avais jamais été marin de ma vie. Pete était un excellent navigateur. Je ne connais rien à la navigation. A cet L’attachement total des équipiers de Blake à leur skipper est une des particularités du personnage. Encore aujourd’hui, ses anciens équipiers se réunissent chaque année à Auckland pour la « Mast Fall Down », une réunion forte en bière et en souvenirs de Whitbread (le nom fut donné en référence au démâtage de Ceramco en 1981). Simon Gundry, un de ses fidèles, déclare sans hésiter : « Si Blake m’avait dit, viens avec moi, il y a une course autour de la Lune, je serais parti avec lui, sachant qu’il m’aurait ramené sain et sauf. Un grand leader qui a contribué à nous donner de l’assurance. Je ne sais pas comment il s’y est pris. Je suis incapable de l’expliquer, mais c’est ce qu’il a fait. » 46 Malgré les résultats mitigés de Lion NZ, les sponsors, satisfaits des ment électronique (logiciels de naviga- retours commerciaux, suivent facilement Blake pour relancer la tion et de performance) qui a déjà été construction d’un nouveau bateau pour l’édition 1989 – 1990 : Stein- testé sur le trimaran Steinlager 1. La lager 2, un grand ketch rouge signé Bruce Farr. L’architecte néo- course, bien que très disputée entre zélandais a conçoit les trois bateaux favoris de l’épreuve : celui de les trois favoris, est dominée de bout Blake, le Fisher & Payckel dirigé par Grant Dalton, et le Merit du en bout par Blake et son équipage qui suisse Pierre Fehlmann. Steinlager 2 bénéficie également d’un an remportent les 6 manches. d’avance sur ses concurrents, en terme de mise au point de l’équipe- La ferveur populaire est immense en Nouvelle-Zélande, d’autant que Grant Dalton a placé son Fisher & Payckel en 2e position. Le premier ministre néozélandais envoie ce message aux deux équipages : « Votre victoire dans cette course constitue le plus beau joyau de la couronne que la voile ait offert à la Nouvelle-Zélande ». Peter Blake sera sacré « sportif de l’année » en novembre 1990. Blake a enfin gagné la course sur laquelle il travaille depuis 17 ans… mais il ne compte pas en rester là. Dans sa tête, il y a déjà ce qui va devenir le Trophée Jules Verne, mais aussi une remontée de l’Amazonie et une croisière en Antarctique… 47 Des pommes, des poires, et un record Le 13 août 1990, sur l’île de la Jatte à Neuilly-sur-Seine, se réunissent plusieurs marins épris de grands espaces et de grands bateaux : Titouan Lamazou, les frères Peyron, Florence Arthaud…et pour les anglo-saxons, Robin Knox-Johnston et Peter Blake. Cette assemblée va déterminer les règles – très simples – de ce qui sera le Trophée Jules Verne : à partir de 1994, des bateaux de 20 mètres de long minimum pourront s’élancer autour du monde, en équipage et sans escale, depuis une ligne tracée entre l’île d’Ouessant et le Cap Lizard. Le but étant d’effectuer ce tour du monde en dessous des 80 jours mythiques du roman de Jules Verne. A cette époque, une telle durée paraît insensée : certes, les architectes estiment qu’un grand multicoque est capable d’effectuer ce circuit en 75 à 90 jours. Mais on ne sait absolument pas si le matériel sera capable de résister sur une telle durée et en passant dans les mers hostiles du globe… Dès le départ, Olivier de Kersauson joue les trouble-fête en annonçant son intention de partir dès 1992. Les autres concurrents ne voulant pas se faire doubler, activent la réalisation de leur propre projet. Le 25 janvier 1993, Kersauson coupe la ligne de départ avec son trimaran Charal. Il est suivi le 31 janvier par Peter Blake sur son catamaran ENZA et Bruno Peyron sur son catamaran Commodore Explo- rer. Pour cette aventure, Peter Blake a un nouveau sponsor, Lion Breweries n’étant plus intéressé par le sponsoring voile, malgré les bons retours de la Whitbread. C’est la coopérative nationale des producteurs de pommes et de poires de Nouvelle-Zélande qui voulant lancer son label ENZA, destiné à l’export, va inscrire son nom sur le bateau, accompagné des fruits emblématiques…Le bateau choisi pour l’aventure est l’ancien Tag Heuer de Mike Birch, revu et rallongé à 85 pieds (25,90m), avec quelques autres modifications. Cette première tentative sera un beau duel entre ENZA et Commodore Explorer dans l’Atlantique…mais arrivés dans les Quarantièmes Rugissants, les bateaux sont pris dans une énorme tempête qui lessive les équipages. 48 Au sortir de cette dépression, Charal heurte un growler (petit iceberg) : une partie de flotteur est arrachée. Dix jours plus tard, ENZA percute un Objet Flottant Non Identifié qui arrache la dérive et fend une coque. Les deux bateaux abandonnent et rallient Le Cap. Peyron reste seul en course. Commodore Explorer passe la ligne le 20 avril 1993, établissant le record à 79 jours, 6 heures et 15 minutes…juste sous la barre des 80 jours ! Blake ne compte pas en rester là, et se met tout de suite à organiser une nouvelle tentative. Kersauson aussi, et le 16 janvier 1994, leurs deux multicoques réparés et améliorés passent à quelques minutes d’intervalle la ligne de départ. Sur le papier, le Trimaran de Kersauson, rebaptisé Lyonnaise des Eaux-Dumez, n’est pas favori : à part son skipper, l’équipage n’a jamais vu les mers du Sud, tandis que l’équipage d’ENZA ne compte que des anglo-saxons spécialistes des tours du monde. De plus, Blake s’est assuré les services du routeur à terre Bob Rice, dont les conseils avisés lui évitent notamment de s’engluer dans l’anticyclone de Ste-Hélène. Kersauson y restera bloqué, voyant les néo-zélandais s’échapper de plus de 1400 miles… Mais l’Océan Indien sera plus dur : le catamaran fait un violent « arrêt buffet » (l’avant du bateau se plante dans une vague) et Peter Blake, projeté vers l’avant, va s’écraser sur la table à carte. Bilan : des côtes et le pelvis fêlés. Blake reste alité pendant deux semaines, mais garde un œil sur les instruments de navigation et hurle ses ordres depuis sa couchette. « Un véritable enfer » selon KnoxJohnston. Puis c’est le Pacifique, où se dresse devant eux une bulle anticyclonique, les obligeant à aller chercher le vent jusqu’à 61° de latitude Sud…au beau milieu d’un champ d’icebergs. Pendant une semaine, un équipier sera affecté à l’avant du bateau pour surveiller les growlers (petits icebergs). Globalement le Pacifique est plus charitable avec les français, leur permettant de reprendre du terrain sur ENZA. Néanmoins, les Kiwis gardent leur avance et franchissent la ligne d’arrivée avec deux jours et demi d’avance sur les français, après avoir essuyé une copieuse tempête dans le Golfe de Gascogne qui les oblige à naviguer avec seulement la trinquette à l’avant et des chaînes et cordages mis en traîne à l’arrière du bateau afin de le ralentir. Le record tombe : Blake améliore le temps de Bruno Peyron de plus de quatre jours : 74 jours, 22 heures et 17 minutes. Il déclare à la presse : « C’est la plus fantastique navigation qu’on puisse imaginer. Il va bientôt être évident que si vous n’avez pas navigué pour le Trophée Jules Verne, vous n’avez pas navigué du tout ! ». Pour lui cette expérience est finie, et il songe déjà à son prochain challenge : la Coupe de l’America. https://www.youtube.com/watch?v=lVxoHS1DyWc 49 A la poursuite du pichet d’argent Pour la Coupe de l’America de 1992, les néo-zélandais engagent un défi nommé New Zealand Challenge. Mais l’organisation brouillonne du défi le rend peu compétitif. Ils font appel, mais un peu tard, à Peter Blake pour venir exercer ses talents de leader et d’organisateur à la tête du défi. Cela n’empêche pas NZL20 d’échouer dans les sélections de la Coupe Vuitton, mais cela amorçe une envie dans la tête de Blake, tout en lui donnant un bon aperçu des erreurs à ne pas commettre. Dès la fin de la Coupe Louis Vuitton de 1992, il prépare donc un nouveau défi pour la Coupe de l’America de 1995, qui se nomme « Team New Zealand ». Encore une fois, Blake et ses associés comptent sur la fibre patriotique de leurs concitoyens pour soutenir le projet. Selon Blake : « la Coupe de l’America est à part. Elle est unique. Par le passé, cette fascination fut à l’origine de bien des coups bas et des manœuvres. J’ai accepté de mener ce qui est devenu Team New Zealand parce que je crois vraiment en la voile néozélandaise, son industrie et ses compétences. Grattez le vernis « roman d’espionnage », et la Coupe de l’America redevient une campagne ordinaire où la victoire dépend des mêmes paramètres – à commencer par une bonne équipe. » Cela commença avec le recrutement très rapide du skipper : Russel Coutts. Malgré une réputation d’individualiste forcené doublée d’un tempérament difficile à gérer, Coutts est un régatier brillant et acharné. De plus il a des compétences d’ingénieur qui vont se révéler précieuses lors de la conception du bateau. Le deuxième « pilier » recruté fut Tom Schnackenberg, vétéran de la Coupe avec les australiens. Ce dernier est un des meilleurs créateurs de voiles et il est très à l’aise avec le matériel électronique indispensable à bord. Schnackenberg participe à la conception du bateau et fait partie de l’équipe navigante en tant que navigateur. Le reste de l’équipage se constitue en piochant dans la « famille » Blake et les proches de Coutts. Chaque recrutement est soumis à une vraie cooptation du reste de l’équipe, afin que le groupe soit fortement soudé et motivé. Malgré des difficultés financières et un budget très en deçà de ce que réclame généralement le montage d’un projet Coupe de l’America, le Team New-Zealand parvient à s’adjoindre les services d’un architecte de premier plan, Doug Peterson, qui avait travaillé 50 pour le vainqueur de la Coupe en 1992. Il est associé à un architecte néo-zélandais talentueux : Laurie Davidson. Leurs conceptions différentes, mais complémentaires, font mouche, à la tête d’une équipe très pointue et majoritairement néo-zélandaise. Team New Zealand fit construire 2 bateaux: NZ 32 (Black Magic 1) et NZ 38 (Black Magic 2 ). Le premier affiche une ligne très étroite, loin des partis-pris des bateaux des éditions précédentes. Sa première sortie, très observée par les journalistes du monde entier, est un désastre : mis en compétition avec NZ 20, le bateau malchanceux des kiwis lors de l’édition de 1992, NZ 32 se retrouve à la traîne. Pour les spécialistes internationaux, les kiwis sont déjà perdants, leur bateau est un fiasco total. En réalité, NZ 32 a souffert de problèmes techniques qui ont été vite réglés, et les entraînements suivants se déroulent beaucoup plus discrètement, en compagnie de NZ 38. Team New Zealand entretîent savamment la désinformation à propos de leur bateau, engageant même NZ 38 pour participer aux premiers rounds robin (épreuves de sélection du challenger). Il remporte les 24 régates des quatre premiers rounds robin…avec des voiles d’entraînement de surcroît car les néo-zélandais veulent garder leur meilleur jeu de voile pour plus tard ! C’est donc à la stupeur générale que Blake annonçe que NZ 32 remplacera NZ 38 pour les demi-finales face aux australiens… Le deuxième atout de Team New Zealand est d’embarquer Peter Blake à bord. Responsable de la campagne, Blake n’est pas censé faire partie de l’équipe navigante Mais quelqu’un suggére de le placer au réglage du chariot et au moulin à café de la grand-voile. Un poste physique, mais qui a l’avantage de se situer au milieu de la « cellule arrière » avec les têtes pensantes du bateau : skipper, tacticien, navigateur. Blake peut ainsi participer aux décisions importantes et observer l’état général du bateau directement. Son intégration a une autre conséquence inattendue qui va renflouer les caisses vacillantes du Team New Zealand : Pippa Blake, la femme de Peter a pour habitude d’offrir à son mari à chaque grande occasion une paire de chaussettes. (suite page 52) 51 Cette année-là les chaussettes sont rouges et Peter les porte lors de la première victoire de NZ 38, puis à la seconde et ainsi de suite… jusqu’à la quatrième régate contre les australiens, qui est la seule défaite de NZ 32. Blake n’ést pas à bord, victime d’une forte tendinite aux épaules. C’est alors que les publicitaires de la télévision néozélandaise, voulant aider le Team New Zealand à améliorer leurs finances, ont l’idée d’utiliser les « chaussettes porte-bonheur ». Tout le monde les porterait, du premier ministre à l’éléphant du zoo d’Auckland. Le succès phénoménal et les filatures de NouvelleZélande tournent à plein pour satisfaire la demande : 100 000 dollars sont ainsi récoltés, permettant au bateau de refaire voiles et accastillage pour participer à la dernière manche. Au-delà de l’aspect financier, c’est tout un peuple qui souffle dans les voiles de Black Magic. la liste des Queen’s Birthday Honours et sera anobli pour services rendus à la voile néo-zélandaise. Black Magic remporte la finale contre Young America le samedi 13 mai 1995, par 5-0, avec à chaque fois des écarts à l’arrivée particulièrement larges pour une course de ce niveau (2 à 4 min.). Ce fut l’euphorie en Nouvelle-Zélande, les foules se rassemblent dans les grandes villes pour saluer leurs héros. Pippa Blake retrouva des serpentins perdus dans les poches de son mari pendant de nombreuses semaines… Au milieu des tournées et réceptions, Blake reçoit un appel du ministère de l’Intérieur pour lui annoncer qu’il était inscrit sur Crédits photo © IAN ROMAN/Volvo Ocean Race Pippa Blake : « le travail d’équipe, c’est vraiment ce que Peter aimait – les négociations, les relations avec les autres, l’humour et la bonne humeur. Et il en a largement profité en 1995. Ce fut une belle campagne. Il a été tellement heureux de ramener la Coupe en NouvelleZélande, et l’histoire des chaussettes rouges l’a bouleversé, tout comme cette adulation qui a suivi, et ces parades de rues. C’était 52 Seconde nation à ravir la coupe aux américains, la Nouvelle-Zélande se doit d’organiser la prochaine Coupe de l’America. Auckland a droit à un réaménagement total de son port et de son centre ville, pour accueillir la compétition, confirmant au passage son surnom de « Ville des voiles ». En revanche, pour Peter Blake, la campagne pour la défense de la coupe est une potion amère à avaler. En effet, les egos de certains ont enflé avec la victoire, et comptent bien prendre la tête de cette nouvelle campagne. Mais les sponsors veulent Blake, et ce dernier essaye tant bien que mal de préserver un semblant d’unité au sein de l’équipe. Team New Zealand garde son titre face aux Italiens de Prada. Mais le cœur n’y est plus, et les divisions éclatent au grand jour après la victoire. Peter Blake voit piétiner les valeurs qui font la base de sa méthode : le travail d’équipe et la loyauté. Il doit même faire face à une campagne calomnieuse, prétendant qu’il a détourné de l’argent du Team New Zealand. Écœuré, Blake prend du recul face à la compétition, et se tourne vers son nouveau projet : la protection des océans. Au service des océans Blake a toujours été sensible aux problèmes de pollution des océans, et a lui-même observé au fil de ses différentes Whitbread notamment, une diminution sensible du nombre d’albatros. En 1997, il est contacté par la Fondation Cousteau. Le Commandant, dont les films ont inspiré la génération de Blake, n’ést plus capable de continuer et cherche quelqu’un d’assez charismatique et impliqué pour prolonger son œuvre. Malheureusement le Commandant meurt avant d’avoir pu rencontrer Blake. Mais son épouse prend le relais, et en 1998, Blake participa à une expédition à bord de l’Alcyone, menée conjointement par l’Unesco et la Fondation Cousteau en mer Caspienne pour la préservation des populations d’esturgeons. Très vite, Francine Cousteau et Peter Blake réalisent que l’Alcyone ne suffit pas et qu’elle ne convient pas à l’expédition projetée par Blake dans le passage du Nord-Ouest. 53 C’est alors que Blake trouve à Camaret un bateau nommé Antartica. Cette goélette de 36m, construite pour les voyages polaires de JeanLouis Etienne est idéale : sa coque en aluminium renforcé lui permet de briser des glaces d’un mètre d’épaisseur et sa forme lui permet d’être portée par la banquise au lieu d’être écrasée. Son isolation et son chauffage la font résister à des températures de - 40°. Un faible tirant d’eau et des safrans relevables lui permettent de naviguer en eaux peu profondes, au milieu des bancs de sable de l’Amazone, autre projet de Blake. « Peter appréciait beaucoup Jean-Louis Etienne, qui avait rallié les deux pôles à pied et gravi l’Everest. Il trouvait Antartica parfait pour ses projets d’après l’America. Il en était vraiment amoureux. C’était son type de bateau, pas vraiment joli, mais très bien pensé, jusque dans les moindres détails. Peter n’a jamais eu de goût pour le luxe. Il préférait le fonctionnel, et de loin. » (Pippa Blake) Antartica est donc emmenée à Auckland afin d’y être remise à neuf. La goélette tranche, amarrée au milieu des yachts de luxe venus assister à la finale de la Coupe de l’America. Alors que Peter Blake et son équipe de communication commençent à élaborer un programme d’expéditions et un dépoussiérage de l’image de la Fondation Cousteau, les désaccords se font de plus en plus évidents avec Francine Cousteau, qui a du mal à accepter ces nouvelles idées et craint sans doute de se faire « détrôner » par Blake. Celui-ci, n’ayant aucune envie de s’engager à nouveau dans un projet conflictuel décide rapidement de couper les ponts et met sur pied les « Blakexpeditions » basées sur son seul nom. Le financement de ces expéditions prévues sur 5 ans est assuré par la marque d’horlogerie Oméga, qui développe une gamme de montres de plongée : « Seamaster ». C’est donc le nouveau nom du bateau. De novembre 2000 à fin mars 2001, Seamaster commençe par descendre en Antarctique, où il séjourne tout l’été (hémisphère sud). L’équipage ne peut que constater la fonte énorme des glaces, faisant passer sans aucun problème le bateau dans des zones habituellement glacées… 54 Puis, lorsque la glaciation hivernale commençe, l’équipe remonte page tente de se défendre, Blake court à sa cabine pour prendre un vers l’Amazone pour la deuxième partie de l’expédition. des fusils embarqués pour se défendre des ours polaires pendant la Après quelques mois de préparation à Ushuaia pour mettre le bateau en configuration « tropicale », Seamaster pénètre dans le delta de l’Amazone le 28 septembre 2001. Le programme est de naviguer le plus loin possible sur le fleuve et ses affluents, afin de sillonner au maximum la région. Le but de l’expédition est de montrer les effets du déboisement intensif de la forêt amazonienne : pollution des eaux, érosion, modification du climat, désertification…Blake veut promouvoir une vraie conscience écologique. Des documentaires télévisés sur les expéditions précédentes sont prêts à être diffusés, le site blakexpeditions.com touche une audience croissante et notamment auprès des écoles. « Nous avons commencé. Nous sommes en route. Nous avons une passion. Nous voulons faire bouger les choses. ». Ce sont les dernières lignes du livre de bord de Peter Blake. future expédition dans le passage du Nord-Ouest…des coups de feu sont échangés : Blake est touché deux fois dans le dos. Après la fuite des pirates, son équipage tenta en vain de le réanimer. Blake est inhumé le 14 décembre près d’Emsworth (GB), en présence d’un millier de personnes, dont des représentants de la famille royale britannique et des représentants du gouvernement néozélandais. Le 23 décembre, une messe, retransmise à la télévision nationale, est célébrée à Auckland en présence de 30 000 personnes et 8000 bateaux participant à une sortie sur Auckland Harbour en hommage au héros de la voile néo-zélandaise. Les huit agresseurs furent arrêtés et condamnés à de lourdes peines de prison au Brésil. Le 6 décembre 2001, Seamaster est mouillé à quelques milles en aval de Macapa (Brésil), sur les conseils des locaux, afin de ne pas attirer l’attention des « rats de fleuve », des gangs pillant les bateaux de luxe amarrés au port. Vers 22h30, alors que l’équipage se Peter Blake sur Seamaster : https://www.youtube.com/watch?v=hJKgdW6p7sY repose dans le carré, huit hommes armés montent à bord. L’équi55 Les bateaux de Peter Blake à Lorient land. Le NZL 57 a été racheté par les français du Team Areva et rebaptisé FRA 57. Arnaud Pennarun a racheté ce bateau pour le sauver Si Peter Blake n’est sans doute jamais venu à Lorient, aujourd’hui deux de ses bateaux y ont trouvé une nouvelle vie : de la destruction et le met à disposition de la Cité de la voile pour les visites du public. Le catamaran Enza, détenteur du Trophée Jules Verne a été racheté par une association visant à la transformer en bateau à propulsion électrique, avec une production de l’électricité assurée par des éoliennes. Le bateau, restauré dans le chantier Marsaudon Composite (situé dans le blockhaus K1 de la Base des Sous-marins de Lorient) a été rebaptisé Néocit Observer. Un projet qui n’aurait sans doute pas déplu à Sir Peter… Seamaster est bien connu des lorientais, puisque Lorient est son port d’attache. Racheté en 2003 par Etienne Bourgois, fils de la créatrice de mode Agnès B., le bateau s’appelle désormais Tara et continue de mener des expéditions à but scientifique et environnemental tout autour de la planète. La grande coque noire exposée devant la Cité de la Voile Eric Tabarly est celle du NZL 57, bateau d’entraînement des néo-zélandais pour la Coupe de l’America en 2000. Son grand frère victorieux NZL 60 est aujourd’hui classé patrimoine maritime national et conservé à Auck- http://neocit-observer.com/ http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/morbihan/neocitobserver-la-seconde-vie-d-un-catamaran-de-legende-19-11-20132307545.php http://oceans.taraexpeditions.org/ Le musée Maritime d’Auckland http://www.maritimemuseum.co.nz/ wawcs0144253/the_exhibition.html L’œuvre de protection de la nature se poursuit avec l’association « Sir Peter Blake Trust » : http://www.sirpeterblaketrust.org/ Peter Blake ; Alan Sefton, éditions Glénat, 2006. Coupe de l’America, 150 de défi ; Grégory Magne, Timée éditions 2007 Tours du monde à la voile, Courses et records ; Philippe Joubin – Loïc le Bras, éditions l’Equipe, 2010 56 PISTE DE TRAVAIL // Kiwi ou kiwi ? Les néo-zélandais sont souvent surnommés les « Kiwis », mais ce n’est pas en référence au fruit que nous connaissons tous. Le kiwi est avant tout un oiseau, appartenant à l’ordre des apterygiformes, c’est-à-dire des oiseaux sans ailes, tous endémiques de la Nouvelle-Zélande. Cet ordre ne comprend que 5 espèces d’apteryx, également appelés Kiwis d’après leur nom maori « kivi-kivi ». sont fidèles. La femelle pond un à deux œufs par an, dont la taille représente 20% de son poids, ce qui en fait proportionnellement le plus gros œuf du règne animal. L’œuf est généralement couvé par le mâle. Le kiwi figure sur la liste de l’UICN parmi les animaux menacés (avec une variable selon les espèces). C’est la colonisation de la NouvelleZélande qui a déclenché le déclin des kiwis, par la déforestation intensive d’une part, et d’autre part par l’introduction d’espèces animales prédatrices : chats, chiens, rats, furets….Mais les néozélandais tiennent beaucoup à ce symbole national qui figure même sur leurs pièces de monnaie. Le kiwi est un oiseau nocturne, à peu près de la taille d’une poule, sans queue et couvert de petites plumes brunes ressemblant à des poils. Le kiwi a la vue basse, mais un odorat extrêmement développé et ses nombreuses vibrisses (petits poils sensitifs) à la base du bec et au-dessus des yeux lui confèrent un sens tactile important. Il vit environ une trentaine d’années, et les couples 57 L’autre kiwi, le fruit, est cent donc une campagne publicitaire intensive, rebaptisant le fruit quant à lui issu d’une liane « kiwi » dont la forme et la pilosité brune ne sont pas sans rappeler « actinidia chinensis », qui, l’oiseau symbolique de la Nouvelle-Zélande. Le nom de « kiwi », dé- signifie « pousse à l’état posé officiellement en 1974, est désormais largement adopté dans le sauvage dans le Sud-est de monde entier. la Chine ». Les chinois le cueillent depuis longtemps, mais ne le cultivent pas. L’actinidia fait son apparition dans les jardins américains, européens et néo-zélandais au tout début du XXe siècle. C’est seulement dans les années 1930 que les néo-zélandais commencent la commercialisation de ce fruit, notam- Le premier producteur de kiwis au monde n’est cependant pas la Nouvelle-Zélande (2e avec 28% de la production mondiale), mais l’Italie qui couvre 38% de la production. On produit également des kiwis en France (5,5% de la production mondiale), notamment dans l’Adour (Sud-ouest) où le kiwi bénéficie d’une Indication Géographique Protégée (IGP) et du label rouge. ment grâce à Hayward Wright, pépiniériste à Auckland qui crée une variété hybride de gros calibre (les fruits font 100g contre 20g pour les variétés sauvages) : le « large oval », commercialisé à la fin des Les kiwis se plaisent également bien en Bretagne où l’on années 1930. C’est cette variété, rebaptisée « Hayward » que l’on trouve plusieurs vergers, notamment à Caudan (vergers de trouve essentiellement sur les étals aujourd’hui Kergohal, 56) et à Fouesnant (Vergers du Cap-Coz, 29). Ces A cette époque, le kiwi est appelé « groseille de Chine ». Mais cette vergers proposent souvent de venir cueillir soi-même ses kiwis à appellation est un frein important à l’exportation vers les Etats-Unis partir de la mi-novembre. au moment de la Guerre Froide. Les producteurs Néo-Zélandais lan58 Les escales // ITAJAÏ locale. A partir de 1750 Itajaí est colonisée par des mi- 6 eme étape de Itajaï à Newport du 4 au 19 avril 2015 Distance de l’étape Itajaí – Newport : 5010 mn grants portugais en provenance de Madère et des Açores, puis, à partir de 1850, par les allemands et le mélange des Itajaí est une ville de l’Etat de Santa Catarina, dans le sud du Brésil. C’est le principal port de pêche du pays et un grand port de commerce. Elle se situe à l’embouchure de la vallée du Rio Itajaí, une région appelée également vale europeu (vallée européenne) car elle a été massivement colonisée par des immigrants allemands. De fait l’influence germanique se retrouve autant dans les traits physiques des habitants, que dans l’architecture et la culture deux cultures est caractéristique de la ville. La région offre un contraste assez fort entre le littoral qui comporte de nombreuses plages et l’arrière pays montagnard couvert de forêts. C’est une zone très riche en biodiversité, ce qui favorise l’écotourisme. Située au sud du Brésil, c’est aussi la région la plus froide avec un climat tempéré chaud pour les zones côtières et un climat montagnard dans l’intérieur des terres. Itajaí accueille la Volvo Ocean Race pour la seconde fois. Elle a également été le port d’arrivée de la Transat Jacques Vabre en 2013. Le village de la Volvo Ocean race à Itajaï en 2012—Crédits photo © Paul Todd 59 Pistes de travail // Les jangadas, bateaux de pêche traditionnels brésiliens ris, et liés par deux traverses. L'un d'eux est percé d'un trou dans lequel s'implante le mât qui porte la voile; l'autre sert d'appui à un petit banc de deux pieds de haut, sur lequel s'accroupit le pilote, afin de se mettre un peu à l'abri de la lame, qui, à chaque instant, submerge Dans la région du Nordeste au Brésil, on voit encore aujourd’hui navi- l'embarcation. Un pieu, fiché en arrière du mât, sert à suspendre le guer des embarcations plates et munies de voiles : les jangadas. Ce sac de manioc et la calebasse d'eau douce du pilote. Il y a deux à trois sont des bateaux assez rudimentaires qui servent principalement à la hommes sur chaque jangada. Lorsque le vent la fait pencher trop for- pêche. Aujourd’hui ces jangadas sont aussi utilisées pour la pratique tement, ces hardis caboteurs se suspendent de l'autre côté pour faire sportive lors de régates. contrepoids; ils nagent tous avec une habileté peu commune. Si l'em- En 1839, Ferdinand barcation chavire, et elle chavire fort rarement, on glisse, entre deux madriers, une planche qui fait office de quille et de dérive. On arrache Denis décrit ainsi les le mât et le banc; on les replante sur la partie du radeau qui a pris le jangadas dans son ou- dessus, et la navigation continue, comme si aucun accident n'était vrage « L’Univers. His- venu l'interrompre. toire et Description de tous les peuples » : Ces jangadas vont beaucoup plus près du vent que les bâtiments à quille; elles voguent avec une rapidité admirable; et il n'est pas rare, "La jangada est une dit-on, de les voir filer dix milles à l'heure; presque tout le cabotage sorte d'embarcation essentiellement propre à la côte de Pernam- des objets qui ne craignent pas d'être mouillés se fait au moyen de buce, et qui frappe presque toujours d'étonnement le voyageur. Elle ces étranges embarcations: nous en avons rencontré à quinze lieues se compose ordinairement de trois morceaux de bois de douze à en mer." quinze pieds de long sur huit à neuf pouces de large, à peine équar60 Les pêcheurs qui utilisent ces bateaux se nomment les jangadeiros. mundo Correia Lima (Tatá), Manuel Pereira da Silva (Mané Preto) Certains d’entre eux sont célèbres dans l’histoire du Brésil : et Jerônimo André de Souza (Mestre Jerônimo), partent du Ceara à Francisco José do Nacimento, surnommé Chico da Matilde ou encore Dragão do Mar se rend célèbre en militant pour l’abolition de l’esclavage. En effet, au XIXe siècle, les bateaux négriers ne peuvent pas approcher trop près des côtes, et ont recours aux jangadas pour décharger leur « bois d’ébène ». Dragão do Mar est un mulâtre lettré, qui après une carrière de marin sur un navire marchand est nommé pilote dans le port de Fortaleza en 1874. C’est là qu’il est témoin de la traite négrière et en 1881, il mène un blocage du port avec les autres jangadeiros. Bien que cette action lui coûte son emploi, ce n’est pas en vain puisqu’en 1884, l’Etat du Ceará est le premier à abolir l’esclavage. En 1889, Dragão do Mar retrouva ses fonctions de pilote de la Capitainerie, et il est aujourd’hui célébré dans tout le Brésil. bord d’une jangada afin de rallier Rio où ils arrivent 61 jours plus tard après avoir parcouru 1650 miles sans aucun instrument de navigation. Le but est de rencontrer le président Getúlio Vargas pour lui exposer les conditions de vie misérables des pêcheurs jangadeiros du Ceara qui doivent reverser la moitié de leurs gains aux propriétaires de jangadas, leur laissant à peine de quoi nourrir leurs familles, et qui ne touchent aucune sécurité sociale à l’inverse du reste de la population. Ils sont reçus par le président qui écoute leurs doléances, et fait rédiger un article de loi accordant les mêmes droits sociaux que les autres travailleurs du pays. Les quatre hommes sont accueillis en héros à leur retour à Fortaleza. Quelque temps plus tard, Orson Welles lit un article du Times, relatant cette épopée. Il y trouve l’inspiration pour le dernier chapitre de « It’s all true », un documentaire en trois parties tourné au Brésil pour la RKO Radio Pictures Cette troisième partie intitulée « Four men on a raft » retrace l’expédition des quatre jangadeiros vers Rio et y ajoute une fiction inspirée de la chanson « a jangada voltou sό » de Dorival Caymmi qui parle d’une jeune fille et de son amoureux disparu en mer (« la jangada est revenue seule »). (suite page 61) En 1941, quatre jangadeiros : Manuel Olimpio Meira (Jacaré), Rai61 Le tournage se déroule à Rio et à Fortaleza, dans des conditions as- cours de l’Amazone. Le voyage est riche en re- sez difficiles. L’épisode le plus dramatique est la reconstitution de bondissements, contrastant avec le calme du l’arrivée de la jangada à Rio : lors d’une manœuvre hasardeuse du fleuve. C’est aussi pour Jules Verne l’occasion de bateau à moteur qui remorque la jangada sur laquelle se tiennent les réaliser une description géographique et natura- quatre hommes, celle-ci chavira. Trois furent repêchés, mais Jacaré, liste des pays traversés par l’Amazone. La janga- souvent considéré comme le leader du groupe, se noie. Son frère le da est, à l’instar du Nautilus de « 20 000 lieues remplace pour les dernières prises de vue. La malchance poursuit ce sous les mers », une « maison navigante » qui film, puisque des désaccords entre Welles et la RKO mirent fin au est, elle aussi détruite à la fin du roman. contrat et le film n’est jamais terminé et édité. Welles affirme même à la BBC que le film a été soumis à une malédiction car il a retrouvé une aiguille vaudou plantée dans le script. Les rushs existants sont montés ultérieurement et sont aujourd’hui consultables. Un documentaire est réalisé en 1998 retraçant le tournage chaotique au Brésil. « La Jangada » est également le titre d’un roman de Jules Verne, sous-titré « 800 lieues sur l’Amazone », publié en 1881 sous forme de feuilleton. Dans ce récit, la jangada est toujours un radeau, mais cette fois sans voile et immense, transportant un village entier. Ce radeau est l’œuvre de Joam Garral, riche propriétaire péruvien, qui va marier sa fille à un jeune brésilien. Il fait donc construire la janga- Court documentaire sur les jangadas : https://www.youtube.com/watch? v=gqwas7QQXwU Documentaire, ancien portugais: https://www.youtube.com/watch? v=p9PgXX-UMdQ « It’s all true / Four men on a raft» par Orson Welles: https:// www.youtube.com/watch?v=7Hy-4cI3EVc Les chansons de Dorival Caymmi rendant hommage aux jangadas sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=3zd0MJrSQxQ (Suíte dos pescadores) et https://www.youtube.com/watch?v=xnREeSg1c3k (a jangada voltou sό). Jules Verne, édition originale de 1881, publiée chez Hetzel, illustrée par Léon Benett : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/ bpt6k6513563v.r=La+Jangada%2C+huit+cents+lieues.langFR da pour se rendre d’Iquito (Pérou) à Bélem (Brésil), en descendant le 62 Piste de travail // Le bois-brésil, un arbre en danger sance est lente. Le pernambouc Aujourd’hui, le pernambouc est menacé par la destruction de la forêt echinata), tropicale humide et par la contrebande, car sa raréfaction a fait mon- également appelé bois- ter son prix sur le marché des bois tropicaux. En 2007, le pernam- brésil est un arbre origi- bouc a été inscrit à l’annexe II de la Convention sur le Commerce des naire du Nordeste du espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES). Brésil. Découvert au XVIe Son commerce n’est donc pas interdit, mais il est sévèrement régle- siècle par les conquista- menté. En outre, son statut de conservation UICN est actuellement dors, il est tout d’abord au niveau « En danger ». utilisé comme une plante Des associations et le gouvernement brésilien se battent pour la préservation de cet arbre emblématique du pays. D’autant que le pernambouc, utilisé depuis longtemps par les populations locales comme plante médicinale pourrait avoir des propriétés anti-cancéreuses…. (caesalpinia tinctoriale. En effet, son bois fournit une teinture rouge « braise » qui lui vaut son surnom de bois-brésil, et par extension, ce nom est donné au pays qui en est le principal exportateur : le Brésil. On pense que c’est vers 1775 que François-Xavier Tourte, célèbre archetier français, commençe à utiliser le bois de pernambouc pour confectionner ses archets. En effet, le bois de pernambouc possède des propriétés physiques exceptionnelles de densité et de dureté. Au- Fleurs et fruits du Caesalpinia echinata, qui fait partie de la famille jourd’hui, seuls 10% environ des archets sont fabriqués dans ce bois des fabacées): les fleurs jaunes tachées de rouges sont très parfu- rare et cher. En effet, pour produire un bois de bonne qualité, un mées et ses fruits sont couverts de piquants. arbre de pernambouc doit atteindre environ 20 d’âge, et sa crois- http://www.arkive.org/pau-brasil/caesalpinia-echinata/ 63 Les escales // NEWPORT 7eme étape de Newport à Lisbonne du 5 au 17 mai 2015 Distance de l’étape Newport – Lisbonne : 2800 mn Cette fiche sera complétée lors d’une prochaine mise à jour. Newport se trouve sur la côte nord-est des Etats-Unis, dans l'état de Rhode Island, au nord de New-York et au sud de Boston, et attire les navigateurs et les touristes du monde entier. Plus précisément située à l'extrémité Sud de l'île d'Aquidneck dans la baie de Narragansett la ville est entourée de trois cours d'eau : Narragansett Bay, Rhode Island Sound et Sakonnet River. Elle a longtemps abrité les régates de la Coupe de l'America et est également le d'arrivée point de la Transat anglaise, http://www.volvooceanrace.com/fr/ports/37_Newport.html entre Plymouth et les États-Unis. 64 Les escales // LISBONNE 8eme étape de Lisbonne à Lorient du 25 mai au 7 juin 2015 Distance de l’étape Lisbonne – Lorient : 647 mn Lisbonne, capitale du Portugal, est l'une des plus belles villes du monde et au XV et XVI siècles l'un des premiers empire maritime. Aujourd'hui, Lisbonne reste un pôle économique majeur avec une population urbaine d'un demi million d'habitants, et une arrière pays peuplé de plus de trois millions de personnes. Cette fiche sera complétée lors d’une prochaine mise à jour. 65 Les escales // LORIENT 9eme étape de Lorient à Göteborg du 9 au 16 juin 2015 Distance de l’étape Lorient – Göteborg : 960 mn Pour la 2e fois consécutive, Lorient accueillera l'étape française de la Volvo Ocean Race en juin 2015. Cette ville aux six ports (port de pêche, port de commerce, construction navale, port de plaisance, port de passagers, pôle course au large) connait une activité économique forte liée à la mer. Lieu d'implantation de nombreux teams, Lorient est une ville qui aime la voile et qui est aimée par les navigateurs. Cette fiche sera complétée lors d’une prochaine mise à jour. 66 Les escales // LA HAYE La Haye - pit-stop de 24 heures maximum La Haye se situe sur la côte ouest des Pays-Bas. C'est la première fois dans l'histoire de la Volvo Ocean Race que les équipages y font escale. Cette ville hollandaise n'a jamais eu de grandes activités industrielles, à l'exception du port de pêche de Scheveningen. Cette fiche sera complétée lors d’une prochaine mise à jour. 67 Les escales // GOTEBORG 10eme étape et arrivée à Göteborg Distance totale de la course : 38 739 mn Göteborg est située sur la côte ouest suédoise et est le 2e plus grande ville du pays. C'est aussi la maison de Volvo, ce n'est donc pas un hasard si après 9 mois de course la Volvo Ocean Race s'achèvera là-bas. Cette fiche sera complétée lors d’une prochaine mise à jour 68 Les dangers du parcours : phériques locaux, il faut alors faire face à des réactions climatiques tout à fait opposées qui se succèdent à quelques minutes d’inter- Les navigateurs sont toujours aussi nombreux à se présenter au dé- valles. part des courses les plus exigeantes, tous sports confondus, malgré le nombre croissant de danger sur le parcours. Le Golfe d’Aden : ici, pas de tempête ni de vent particulièrement violent, il s’agit d’un tout autre danger, celui de la piraterie. L’édition Les bateaux sont toujours plus rapides et le matériel à la pointe de la technologie peut mener à des avaries majeures; on exige de plus en plus de performances des skippers, ce à quoi on ajoute les dangers 2011-2012 de la Volvo Ocean Race a vu les équipages rejoindre un port secret afin de les faire embarquer sur un cargo pour les éloigner de la zone de piraterie*, située au large de la Somalie . naturels, qu’il s’agisse de la météo, ou de certaines régions océaniques semées d’embuches. Tout autant de dangers que les naviga- Les 40ème rugissants et 50 ème hurlants : une fois le Cap Leeuwin teurs sont prêts à braver par amour de l’aventure, pour la recherche dépassé, l’entrée dans l’Océan Austral ne passe pas inaperçue. Les de sensations fortes ou simplement pour le gout de la performance. dépressions se succèdent, les vents les plus forts sur terre sévissent ici, et dégagent une force inouïe sur l’eau provoquant des vagues Certaines régions océaniques sont bien connues des navigateurs depuis des siècles pour leur caractère dangereux et impétueux : pouvant atteindre 35 mètres de hauteur. Les 40ème et les 50ème sont bien sûr redoutés des marins qui se retrouvent au milieu de nul part, Le Pot au Noir : zone de convergence intertropicale redoutée par puisque la côte est très éloignée dans cette région du globe. A ces les navigateurs car le climat y est variable, l’endroit imprévisible. Le vents dangereux s’ajoute la proximité de l’Antarctique. Les risques pot au noir barre tout l'Atlantique d'Est en Ouest, depuis la pointe du de rencontrer un iceberg, un « growlers » ou toute autre variante Brésil jusqu'à la côte africaine. Tantôt calme absolu, mer d’huile, et sont réels, ce qui complique la situation déjà précaire du marin. « pétole » sont au rendez-vous. Tantôt averses diluviennes et orages souvent brefs mais très violents. Ce sont des phénomènes atmos69 Le Cap Horn : voilà un drôle d’endroit pour les marins dont les sentiments se contredisent à son passage. La hâte d’entamer la remontée de l’Atlantique, donc le retour à la maison, se mêle à l’angoisse du passage du Cap. Tempêtes et vagues scélérates sont le résultats des vents infernaux des 40ème et 50ème qui s’engouffrent dans cet étroit passage de l’extrême Sud de l’Amérique. A cela s’additionnent les « growlers » de l’Antarctique, si proche. Le Cap Horn, s’il fait craindre les marins les plus aguerris, n’en reste pas moins un fascinant passage. Aux conditions climatiques bien souvent peu avantageuses pour les marins, s’ajoutent des éléments incontrôlables en navigation, car impossible à détecter au radar. Il s’agit des OFNI (Objet Flottants Non Identifiés). On peut citer des containers, des growlers, ces gros blocs de glace, voire même des cétacés ou des débris de bois. La seule solution pour les éviter c’est de surveiller en permanence la surface de la mer. La chose est bien compliquée en solitaire, c’est d’ailleurs pour cela que lors de grandes courses comme le Vendée Globe, nombreux sont les bateaux qui cassent après avoir percutés l’un de ces OFNI*. que le marin se mette malheureusement en danger. Malgré une parfaite connaissance de son bateau, le marin, n’est pas complètement à l’abri des dangers. Démâtage, chavirage et autres avaries sont monnaie courante durant les courses au large. La météo est bien souvent responsable des casses sur les bateaux. D’autres causes entrent en compte comme la fatigue, les carences entrainant souvent la mauvaise évaluation des risques de certaines manœuvres http://www.youtube.com/watch?v=b1GCOhE2px4 La piraterie Les actes de piraterie dans l'Océan Indien sont de plus en plus nombreux et contraignent les organisateurs de la Volvo Ocean Race à prévoir un parcours plus sécurisé pour éviter ces risques. Lors de la précédente édition, l’organisation de la course a dû modifier le parcours en cours de course. En effet, du Cap à Abu Dhabi, les concurrents devaient initialement traverser l'Océan Indien via un couloir maritime Est-Africain avant de quitter Abu Dhabi pour Sanya, en Chine. ( suite page 71) Les risques à bord : au-delà des risques liés à la force de la nature, les risques à bord des bateaux sont aussi existants. Il arrive parfois 70 Conseillés par l'agence de renseignements maritimes Dryad Mari- Les navires détournés les plus récemment sont restés en moyenne time Intelligence et l'International Sailing Federation (ISAF), les or- 213 jours aux mains des pirates. On estime à 150 millions de dollars ganisateurs ont fait font régater les concurrents depuis Le Cap jus- les rançons versées l’an dernier pour délivrer équipages, bateaux et qu’à un port "refuge" non communiqué. Les navigateurs ont ensuite cargaisons. été transportés non loin d'Abu Dhabi afin de finir l'étape en course. Le procédé inverse a été utilisé pour l’étape suivante, jusqu’à Sanya. La pauvreté, la famine, la guerre civile sont tout autant de causes à La piraterie est une activité très organisée au large de la Somalie. En 2010, 1181 marins – un nombre record – ont été kidnappés par des pirates selon l’agence Dryad. cette criminalité. CARTOGRAPHIE ISEMAR / EVOLUTION DE LA PIRATERIE 2009/2010 : http://www.isemar.asso.fr/fr/pdf/carte-isemar-58.pdf 71 EN Les containers et OFNI Un repérage qui reste difficile à faire : En mer, on peut croiser toutes sortes d’objets : des morceaux de bois, des troncs d’arbre, et des conteneurs tombés de bateaux flottent entre deux eaux. Il arrive aussi que des sacs plastiques se prennent dans le safran (partie immergée du gouvernail) ou dans une dérive, ce qui freine le bateau. La rencontre d’un OFNI (Objet Flottant Non Identifié) est un risque important, en particulier dans l’Atlantique Nord. C’est essentiellement lié au trafic maritime très intense dans cette partie de l’océan, polluée par ces objets. Heureusement, plus on descend vers le Sud, Lorsqu’une chute de conteneurs est signalée, des prévisionnistes et le Cedre (Centre de documentation, d’expérimentation et de recherche sur les pollutions en mer) déterminent une zone à risque, en fonction de la dérive due aux vents et aux courants. La Marine nationale et les Douanes effectuent des rondes pour tenter de les repérer. De son côté, le Cross (centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage) alerte les navires croisant dans le secteur. Mais cette méthode reste aléatoire, d'autant que les pertes de conteneurs ne sont pas toujours signalées par les armateurs. plus ces déchets se raréfient. Les experts estiment que sur les 200 millions de conteneurs transportés sur tous les océans du monde, environ 10 000 tombent à la mer chaque année. Chacune de ces « boîtes » peut mesurer jusqu’à 40 pieds (environ douze mètres), et représente un risque écologique. D'autant que certains containers renferment des substances http://www.cedre.fr/ toxiques, inflammables ou explosives. 72 ORGANISATION A TERRE L’équipage en mer n’est pas seul. Il est en contact permanent avec la Terre le PC Course. l’exemple de l’étape lorientaise +La couverture médiatique (à terre) Le PC course Le règlement de la course C’est un lieu qui accueille toute l'organisation. La direction de course est en relation quotidienne avec les coureurs grâce aux liaisons satellites et prépare les arriCrédits photo © PAUL TODD/Volvo Ocean Race vées à chaque escale. Au PC course, il y a aussi le comité de course, composé des membres de la Fédération de voile veillant au bon déroulement de la course et à l’application des règles définies dans l’avis de course. Les salariés de différentes entreprises qui gèrent les médias, produisant les images pour le compte de l'événement. Le PC course sur chaque escale accueille aussi les salles de presse pour les journalistes. Le règlement de chaque édition de la Volvo Ocean Race découle de discussions effectuées entre les organisateurs et les équipes. Il y a six niveaux de réglementation. D'abord les règles de l'ISAF (Fédération Internationale de Voile) qui définissent les termes et les « lois » de la course à la voile ; ensuite, les instructions de course et l'avis de course qui déterminent le cadre dans lequel se déroule l'épreuve ; les règles de jauge* qui valident le type de bateau, sa construction, ses caractéristiques et les amendements qui découlent des questions posées par les équipes pour clarifier les textes et leurs interprétations; enfin le protocole commercial qui oriente les relations entre les équipes et les organisateurs sur les responsabilités, l'image, les médias... Au total, il y a plusieurs centaines de pages de textes en anglais que les navigateurs se doivent de connaitre ! 73 rappel concours de Une en lien avec le Clemi. Routage interdit et communications sous surveillance Suivi des cartes météorologiques La Volvo Ocean Race est une course où, comme pour la Route du Rhum ou le Vendée Globe, le routage est interdit. Cela signifie qu’aucune assistance à la navigation n’est autorisée de l’extérieur, donc les équipages doivent se débrouiller tout seul. Lors des courses françaises, une simple déclaration sur l’honneur des skippers suffit mais lors de la Volvo Ocean Race les marins n’ont pas d’accès à internet sur les bateaux pour éviter toute tricherie. Toutes les communications (y compris les séquences vidéos et les photos envoyées par le media man) transitent via satellite par un PC opérationnel qui reste implanté à Alicante durant les neuf mois d’épreuve. De la même façon, toute communication entrant ou sortant des voiliers est filtrée par ce service. Y compris les courriels aux familles, les carnets de bord que les marins transmettent aux journalistes. En 2008-09, les organisateurs ont envoyé toutes les six heures le même fichier de prévisions aux concurrents. Un fichier lourd à envoyer et trop gros pour être utilisé intégralement par les navigateurs. Depuis la dernière édition, un programme permet aux navigateurs de télécharger eux-mêmes leurs fichiers. Les équipages ont tous accès aux mêmes données, mais peuvent choisir ce qu’ils veulent – une semaine, trois jours, tel endroit, telle zone. En ce qui concerne la mise à disposition des données, il n’y a plus vraiment de compétition. La véritable différence se fait désormais sur la qualité d’interprétation des données. Chaque équipage doit analyser les données fournies et définir une stratégie afin de progresser. L’égalité pour tous est la règle en la matière, l’analyse reste individuelle. 74 C’est donc bien le « sens marin » des équipages qui fait la différence en course ! Le bénévolat : l’exemple lorientais L’étape de la Volvo Ocean Race à Lorient mobilise plus de 500 bénévoles sur une période d’environ 15 jours. Les bénévoles sont indispensables au bon fonctionnement de l’étape puisque le village qui monté pour l’occasion comporte : des points d’accueil, de nombreuses animations pour le public, des concerts, une zone dédiée aux équipes des bateaux participants, un PC pour les bénévoles, un autre pour les journalistes, un centre de premiers secours… Plus d’un an avant l’évènement commence donc la phase de recrutement. Pour l’étape Lorientaise, Lorient Grand Large s’associe à l’agence en ressources humaines Inter Pôle pour ce travail. En effet, tous les bénévoles qui postulent pour l’évènement sont reçus afin de déterminer avec eux quelles sont les missions les plus adaptées à leur profil. Des bénévoles viennent, d’ores et déjà, étoffer les équipes de Lorient Grand Large et Inter Pôle afin de rencontrer tout le monde. Pour cette nouvelle édition, Lorient Grand large recrute environ 500 personnes qui doivent être disponibles au minimum 2 jours. Les motivations des volontaires sont variées. Il est important de noter que pour une majorité des participants, la motivation principale est de représenter leur ville, leur région sur un évènement d’envergure internationale ; vient ensuite la passion de la voile et enfin l’opportunité de rencontrer du monde. Plus de la moitié des bénévoles vient de 75 Soirée du 1er juillet 2012 avec les bénévoles—Crédits photo © Pierre Chapin l’Agglomération Lorientaise mais plus de 25% viennent du reste de la France ! Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes de plus de 60 ans représentent seulement 1/3 de tous les bénévoles et les 40-60 ans sont les plus présents sur l’évènement. Chaque jour, entre 50 et 250 bénévoles s’activent pour accueillir le public dans les meilleures conditions (accueil à l’entrée du village, contrôle de l’accès aux pontons, équipement des participants pour les activités nautiques, accueil des journalistes, des groupes scolaires, des artistes qui viennent pour une représentation) . Les rôles sont très diversifiés. En plus des services destinés au public, une partie des bénévoles s’occupe de la gestion des plannings, de l’accueil et l’équipement des bénévoles, d’apporter de l’eau ou relayer leurs collègues. I y a un encadrement très important des volontaires. Les bénévoles travaillent en moyenne 6 heures par mission et participent à l’installation du village et au démontage. Au total, plus 10 000 heures de travail sont données par ces bonnes volontés. http://www.volvooceanracelorient.com/ rubrique bénévoles Suivez la course sur : Le site Internet de l'étape www.volvooceanracelorient.com Le fil Twitter @Lgrandlarge La page facebook www.facebook.com/VolvoOceanRaceLorient LORIENT GRAND LARGE Lorient Grand Large est une structure associative fédératrice de la filière nautique créée à l'initiative de Lorient Agglomération et en charge du développement du pôle course au large lorientais. Elle a notamment en charge l'organisation et l'accueil d'évènements nautiques nationaux et internationaux, dont les étapes de la Volvo Ocean Race en France. Actuellement plus de 70 skippers sont adhérents de Lorient Grand Large et préparent leurs courses avec l'aide de l'association et près de 320 emplois sont directement générés par la Course au Large à Lorient : skippers, préparateurs, accastilleurs, constructeurs, c'est tout un tissu économique qui vit grâce à la voile de compétition. Pour tout renseignement sur le Pole Course au large : [email protected]; Pour tout renseignement concernant les bénévoles : [email protected] Activités coordonnées par LGL durant le village du 9 au 17 juin 2015 : [email protected] +33 (0)2 97 32 80 05 . 76 ORGANISATION EN MER Le media man La communication avec les bateaux sur des courses océaniques est avant tout une histoire de sécurité. C'est également devenu au fil des ans un enjeu important de communication globale. A tel point que chaque équipage de la Volvo Ocean Race se doit d’avoir à bord, un "media crew member". Son rôle ? filmer, photographier, rapporter la vie à bord en toute circonstances et surtout nous faire partager la course au quotidien. Le média man n’est pas autorisé à prendre part aux manœuvres. Yann Riou, media man à bord de Groupama 4 pour la Volvo Ocean Race en 2012 et de nouveau lors de cette éditon 2014-2015 explique : « Le rôle de média man consiste essentiellement à prendre des images, vidéos en priorité, à faire un premier montage, une sélection de plans et à l'envoyer à l'organisation et à l'équipe de communication pour que les images puissent être utilisées et diffusées. Ça c'est mon premier rôle à bord. Plusieurs petites choses viennent se greffer autour de cela : la préparation de la nourriture - cuisto officiel du bateau, les petites tâches ménagères - technicien de surface de l'extrême ! » 77 Le media man peut aussi réaliser des vidéoconférences live, mettre à jour les blogs, sites internet, des pages Facebook ou Twitter ou bien encore faire des interviews radios. Tout ceci demande un équipement technologique adéquat. Pour la Volvo Ocean Race, les bateaux sont équipés d’une liaison satellitaire Inmarsat offrant un très haut débit. Cette technologie est dédiée au média man et permet d’envoyer et de télécharger des vidéos en quelques minutes, de compresser et de transmettre des fichiers. Les bateaux sont également équipés pour les communications téléphoniques de l’équipage, et pour le positionnement en temps réel. Cette année chaque bateau est équipé de cinq caméras fixes et deux points de liaison, qui vont permettre de couvrir la course sous tous les angles. Une caméra et un micro sont installés dans la descente pour des plans rapprochés des marins. Les caméras peuvent être télécommandées, tandis que les nouveaux systèmes de prise de sons et leurs emplacements améliorent l’enregistrement des voix. Les caméras et les micros vont d’ailleurs être beaucoup mieux protégés des vents et de l’eau, ce qui va permettre les interviews dans le cockpit. https://www.youtube.com/watch? feature=player_embedded&v=SQpNDbmahk4#t=350 L'organisation de la logistique Chaque équipage doit mettre en place une logistique très efficace. Il s’agit d’ organiser le déplacement, l'hébergement, l’avitaillement (les repas) et tous le matériel d'une équipe de plus de quarante personnes qui se déplace autour du monde. Les équipages doivent être « chouchoutés » car ils arrivent après deux à trois semaines de navigation intense et doivent, à peine débarqués, se préparer pour une régate « inshore *» et à une nouvelle étape en moins de quinze jours ! Le matériel d'entretien, de réparation et de rechange doit également suivre cette « caravane planétaire » à un rythme que les cargos ne peuvent pas suivre. En 2012, Groupama sailing team (vainqueur) a donc dû dédoubler l'ensemble de son matériel d'assistance technique pour installer ses tentes dans les villages de la Volvo Ocean Race. Deux jeux de containers ont ainsi fait le tour du monde, tout comme l'équipe technique qui devait être opérationnelle avant même l'arrivée des voiliers dans le port : mécanique, gréement, composite, accastillage, électronique... En cas d’avarie ou de blessure, l'assistance doit pouvoir intervenir en quelques jours, voire quelques heures. Cela ne peut parfois pas s’effectuer dans des ports qui viennent tout juste d'être construits, avec des infrastructures encore incomplètes et loin des fournisseurs spécialisés. C'est donc un véritable casse-tête que doit gérer le responsable lo78 gistique de l’équipage. Généralement une vingtaine de personnes suivent la course pour monter et faire vivre le village, du kiné à l'informaticien, du stratifieur au gréeur, pour accueillir jusqu'à 55 personnes, équipage compris. Portrait d’Hervé Le QUILLEC : http:// www.forum.ligondes.blogs.cache.voilesetvoiliers.customers.artful.net/courseregate/herve-le-quilliec-volvo-ocean-race-groupama-responsable-logistiqueinterview/deliaPreview=1/ Hervé Le Quillec—Crédits photo © Dave Kneale/Volvo Ocean Race L’alimentation à bord Contraintes de la course : L’avitaillement* doit pouvoir répondre à un cahier des charges précis et fait partie intégrante du coût de la course. Préparation à terre La gestion d’un bateau nécessite une bonne capacité physique et mentale. Le marin doit être en forme pour hisser les voiles, se déplacer sur le bateau, réparer les avaries, mais également pour tenir le rythme sur plusieurs jours ou plusieurs semaines. Les navigateurs sont des athlètes de haut niveau, tant physiquement que psychologiquement. Ils s’entraînent tout au long de l’année, en pratiquant la musculation, en naviguant, et en faisant du vélo ou toute autre activité sportive. Pour être en pleine forme, il doit aussi se nourrir correctement et de Le bateau devant être le plus léger possible pour être le plus rapide, tout poids superflu est retiré. Le bateau dispose d’un confort minimal voire rudimentaire : absence de four, frigo, douche, toilettes rudimentaires... Tout ce qui n’est pas indispensable à une course et pourrait alourdir considérablement le bateau est absent. Par conséquent, la nature de la nourriture embarquée est adaptée : Produits frais (donc périssables) à consommer dans les premiers jours de la course, nourriture sous vide (fromages, viandes, fruits..), puis aliments appertisés (boites de conserve), et surtout déshydratés et lyophilisés* (nourriture en poudre). manière équilibrée pour satisfaire la grosse dépense d’énergie que nécessite la manœuvre d’un bateau et la lutte contre le froid. Cuisiner à bord—Crédits photo © Gabriele Olivo/ Equipo Telefonica 79 Le bateau alimentaire est une représentation de la proportion des différents types d’aliments qu’un skipper doit consommer au cours d’une journée. Il se présente sous la forme d’un bateau à quatre voiles flottant sur l’eau, la seule boisson véritablement indispensable. Les différentes parties du bateau correspondent chacune à une famille d’aliments. La surface de chaque partie est proportionnelle à la part journalière conseillée pour chacune des catégories La coque est divisée en deux parties : d’un côté les viandes, poissons, fruits de mer et œufs ; de l’autre les produits laitiers. La quille représente les matières grasses, les graisses saturées séparées des graisses insaturées. La grand-voile, essentielle à la marche du bateau, correspond aux sucres de la famille de l’amidon (pain, céréales, pommes de terre, légumes secs, etc.). La petite voile à l’arrière du bateau représente les produits sucrés. Les deux focs (voiles à l’avant du mât) représentent les fruits et les légumes. Le bateau alimentaire de référence (Source : Affsa) Un tonneau agissant comme un frein est attaché à la poupe du bateau, il correspond à la consommation éventuelle d’alcool. 80 Les aliments contiennent des éléments importants pour le fonctionnement de notre corps. Ils apportent de l'énergie, bâtissent ou protègent notre corps : La viande, le poisson et les œufs apportent des protéines et du fer pour éviter d’être fatigué. Ce sont des aliments bâtisseurs. Le lait et les produits laitiers donnent du calcium et aident à bien corps et permettre au sang de bien circuler. Même si le skipper mange et vit dans un environnement humide, son corps, en dépensant de l’énergie perd de l’eau ; il doit donc boire afin de s’hydrater. Pour ne pas alourdir le bateau avec des bouteilles d’eau, on équipe chaque voilier d’un déssalinisateur. Le skipper prépare quand même une petite réserve d’eau potable à utiliser en cas de panne du déssalinisateur grandir. Ils fortifient les os. Ce sont des aliments bâtisseurs. Les fruits et les légumes (au moins 5 par jour !) regorgent de vitamines, de fibres et de minéraux. Ce sont des aliments protecteurs. Ils nous aident à ne pas être malades. Les céréales et les féculents servent à faire fonctionner nos muscles et notre cerveau. Ce sont des aliments énergétiques. Les matières grasses à consommer avec modération car cela fait grossir ! Ce sont des aliments énergétiques. Le sucre et les produits sucrés (consommation à limiter) peuvent provoquer des caries et sont très caloriques. Ce sont des aliments énergétiques. Les boissons et surtout l’eau sont essentielles pour hydrater notre 81 Crédits photo © Corinna Halloran/Team SCA Quelles différences existe-t-il entre la nourriture déshydratée et Elle est légère (gain de poids divisé par 2 voire par 3), ne prend pas la nourriture lyophilisée ? de place, se conserve longtemps (peut se conserver jusqu’à 5 ans) et Les aliments déshydratés sont issus d’un procédé de fabrication simple. Il suffit de faire bouillir la nourriture et de faire s’évaporer l’eau qu’elle contient : ainsi le poids de la dite nourriture en est considérablement réduit. Le procédé de fabrication de la nourriture lyophilisée est un peu plus est relativement simple à préparer. Le temps de faire bouillir l’eau et la mélanger au sachet, moins de 5 mn de préparation suffisent. Il est également très important que la nourriture puisse être équilibrée et riche en calories, car une personne manœuvrant sur un bateau consommera deux fois plus de calories qu’une personne sédentaire. La nourriture lyophilisée remplit également ce critère. complexe. Plutôt que de faire bouillir la nourriture, on va cette fois-ci la congeler, et faire s’évaporer l’eau en procédant directement à Quels types d’aliments peuvent être lyophilisés ? l’état gazeux, sans passer par l’état liquide. Ce procédé permet, en On trouve aussi bien des lyophilisés salés (plats en sauce ou prépa- outre, de pouvoir conserver jusqu’à 95 % des qualités nutritives de la rés (hachis parmentier, bœuf aux carottes…) que sucrés (desserts, nourriture, ainsi que le goût et la couleur initiaux. Ce procédé est petits déjeuners) certes plus onéreux, mais la nourriture est de meilleure qualité et équilibrée. Pourquoi privilégier la nourriture lyophilisée ? La nourriture lyophilisée est privilégiée car elle offre des avantages non négligeables pour une course au large. 82 Rythme des repas Comment prépare-t-on cette nourriture ? La nourriture lyophilisée est facile à préparer. Pour la nourriture sucrée, il suffit de rajouter de l’eau froide à la préparation, tandis que pour la nourriture salée, on fait chauffer de l’eau à l’aide d’un petit réchaud ou grâce au système auto-chauffant de certaines préparations (cuisson sans flamme) Se faire à manger n’est pas facile sur un bateau en mouvement mais tout est conçu par l’équipe à terre ! Une mini-cuisine est aménagée à l’intérieur du bateau, équipée simplement d’un réchaud afin de ne pas manger froid et pouvoir des aliments lyophilisés* (80 g pour un plat réhydraté de 230 g). Le skipper doit être vigilant car les plats lyophilisés manquent de minéraux lorsqu'ils sont réhydratés avec de l'eau dessalinisée. Le skipper essaye sur les longues courses au large de conserver un rythme de repas réguliers. Ce moment doit rester convivial et « satisfaisant ». La nourriture est importante pour garder le moral ! L’entreprise lorientaise Lyophilises.fr a en charge le « packaging » et l’avitaillement des équipages. Ariane Pearson, la responsable de l’entreprise, explique comment les équipages, selon leur culture et leurs habitudes ont des exigences différentes. Qui prépare la nourriture à bord ? Dans une course comme la Volvo Ocean Race, il y a dans chaque équipage neuf hommes embarqués (11 dans l’équipe féminine) dont un « media Man » Ce journaliste embarqué raconte l’histoire des 10 marins qu’il rejoint. Il réalise du contenu multimédia en direct et l’envoie par satellite au quartier général de la course à Alicante. Sa responsabilité médiatique est cruciale - mais il est aussi responsable de la cuisine et du ménage. Toutes les huit heures, il transforme un sachet de nourriture lyophilisée en un repas comestible avec l’aide d’eau dessalinisée. On sait que les français ou européens ont tendance à privilégier des sachets lyophilisés individuels alors Le coin cuisine à bord du VO 65 de Dongfeng— que l’équipage turc demande un emballage par repas. Crédits photo © Ian Roman/Volvo Ocean Race 83 Cela donne des indications sociologiques sur la répartition des rôles à bord et la manière dont ils prennent leurs repas à bord (l’un après l’autre par système de quart, ou tous ensemble…) Les aliments lyophilisés permettent un gain de place sur le bateau et de poids (plus le bateau est léger plus il va vite), de temps et une meilleure gestion des déchets. La lyophilisation, aussi appelée séchage à froid, est un procédé qui consiste à retirer l'eau d'un aliment afin de mieux le conserver. L’action d’approvisionner un bateau en vivres s’appelle l’avitaillement. http://www.lemonde.fr/sport/article/2010/10/29/route-du-rhum-manger-moins -pour-aller-plus-vite_1433077_3242.html http://vendee-globe-junior.vendee.fr/global/pdf/Fiche5.pdf http://www.eurekasante.fr/nutrition/equilibre-alimentaire-adulte/equilibrer- Ayant vu le jour en février 2010, a I’initiative d’Ariane Pehrson, Lyophilise.fr est la première plate-forme commerciale à proposer une telle offre en alimentation « outdoor ». Basée à Lorient, ses origines se trouvent dans le monde de la course au large, (13 des 14 bateaux de la Barcelona World Race et 2 des 6 bateaux de la Volvo Ocean Race sponsorisés). Lyophilisés en portions individuelles ou doubles avec possibilité de recettes et packaging sur mesure, plats appertisés (sous vide), boissons et plats auto-chauffants, snacks et gels énergétiques, ustensiles, packs 12 h ou 24 h, lyophilisés très longue conservation (10 et 25 ans), il y en a pour tous les goûts plus d’une dizaine de marques, la plupart en distribution exclusive, certaines recettes issues du commerce équitable, biologiques, végétariennes sans lactose, sans gluten ou encore halal… https://www.youtube.com/watch?v=Iyl-qoRBCc0 alimentation.html?pb=representation 84 Volvo Ocean Le sommeil à bord Race, Dormir dans des conditions extrêmes con- traint l’équi- Le sommeil représente plus d'un tiers de notre vie. Il est détermi- page à limi- nant pour la croissance, le développement du cerveau et pour notre ter les récupération physique et mentale. temps de Normalement le sommeil se découpe en différents stade d’environ 90 mn chacun. Le sommeil est composé de 75 % de sommeil lent et de 25 % de sommeil paradoxal. 50% de la population dort 9H par nuit. Lors d’une course au large les marins doivent apprendre à gérer leur sommeil différemment compte tenu des conditions extrêmes très physiques, des manœuvres et de la situation météorologique. Evidement il y a une différence entre une course au large en solitaire et une course en équipage comme la Volvo Ocean Race. récupération. Il faut imaginer les « quarts » de 4h de sommeil dans des banettes minimalistes, par 30° de gîte, ou avec un bateau qui file à 30 nœuds et tape dans les vagues dont la coque en carbone répercute et amplifie le bruit infernal. La plupart des équipages fonctionne avec un système de quarts, qui durent généralement de deux à quatre heures de veille suivi d’une période de récupération équivalente. Si tout va bien à bord, le temps de récupération est consacré à dormir, manger, charger les dernières données météo, surveiller les autres concurrents, etc. Mais en cas de manœuvre ou de conditions climatiques extrêmes l'équipage remettra la phase de récupération à plus tard. Le rythme de la 85 Sur des courses en solitaire de quelques jours, les skippers s’entrainent durant des mois à terre, au sommeil polyphasique*. En effet, même sur un bateau très affuté, on ne peut rester plus de 45 minutes sans surveillance. Les navigateurs sont donc habitués à dormir par courtes séquences. http://www.polefinistere.com/doc/documentation/ ORGANISATION%20SOMMEIL%20A%20BORD.pdf http://www.imocaoceanmasters.com/fr/news/feature-thesleep-conundrum http://www.sommeil-mg.net/spip/Sport-et-decalage-horaire http://www.dailymotion.com/video/x7l8to_vendee-globe-michel -desjoyeaux-le-s_sport (Michel Desjoyeaux parle de la gestion du sommeil à bord) http://vendee-globe-junior.vendee.fr/global/pdf/Fiche5.pdf http://www.ina.fr/video/CAC93072019/la-route-du-rhum-lesommeil-en-mer-laurent-bougnon.fr.html (vidéo de l’INA avec laurent Bourgnon L’espace pour dormir à bord de Groupama 4—Crédits photo © Yann Riou/Groupama Sailing Team/ 86 La vie à bord // Piste de travail Vivre ensemble durant 9 mois à 11 sur un bateau autour du monde - approche sociologique La cohabitation à bord d'un voilier, a ceci de particulier, qu'elle interdit aux hommes du bord de s'échapper du bateau. Comment des équipiers de nationalités différentes, d’expériences diverses peuvent cohabiter durant 9 mois dans un espace si confiné et dans un esprit de compétition? Retour sur la table ronde s’étant déroulée à la Cité de la voile lors de la dernière édition de la Volvo Ocean Race en compagnie de Charles Caudrelier alors barreur sur Groupama 4 (aujourd’hui skipper sur Dongfeng) et l’ethologue Stéphanie BrûléJosso. Table ronde à la Cité de la voile—Crédits photo © CVET flits et apaise les tensions. Les jeunes sont plus intrépides et sont Organisation à bord du bateau toujours les premiers à répondre aux sollicitations. Ce qui soude La société en mer est liée à la société à terre. On y retrouve donc la même organisation. « Chacun a son rôle à bord du fait de ses com- notre équipage c’est très certainement cette complémentarité des caractères et des rôles à bord. » Les plaisirs sont assez simples à pétences et il y a un chef. L’image de l’entreprise se transpose assez bord : un repas chaud, une blague, deux heures de sommeil d’affi- bien au fonctionnement de l’équipage ». Charles Caudrelier confirme lées » témoigne Charles. Stéphanie souligne que les équipages capi- qu’au delà du poste que chaque marin occupe à bord, de part son caractère ou son expérience, une position à part au sein de l’équipe se créée : « Le plus âgé d’entre nous prend plus de recul sur les con87 talisent sur des occasions comme les anniversaires pour souder le groupe et partager des moments agréables. (Suite page 87). Suite de la page 86 Les plaisirs sont possibles grâce à l’équipe à terre qui anticipe et répond à tous les besoins de l’équipage : « Notre force c’est d’avoir une équipe à terre à 200% qui anticipe chaque besoin de l’équipage. Je sais par exemple que tous mes déplacements ou ceux de ma famille sont assurés afin que je passe un maximum de temps avec eux dès mon arrivée. Pour les marins, c’est un stress en moins et du bien-être en plus, c’est donc forcément bon pour la performance. » https://www.youtube.com/watch?v=0THaI6bs2Mo https://www.youtube.com/watch?v=5wchTTDNmMw (en anglais) Les rites à bord L’ethnologue Stéphanie Brulé-Josso souligne qu’à bord, il y a différents niveaux de rites. Tout d’abord, le rite du passage de l’extérieur à l’intérieur. Charles Caudrelier explique « Chaque marin a sa rou- tine. 20 minutes avant de prendre mon quart, je me réveille, je mange, je m’habille soigneusement, je prends des barres de céréales et je monte sur le pont ». Chaque retour à terre est aussi soumis aux rituels : retrouvailles avec les familles, remise des prix, … Enfin, il y a aussi les rituels obligés, les rites de passage. Le plus célèbre d’entre eux reste le passage de l’équateur. « La tradition veut que chaque bizuth paye son tribut à Neptune pour avoir le droit de continuer sa navigation dans l’autre hémisphère. Les deux novices du bord n’y ont pas échappé. Ce moment reste un bon souvenir car il a apporté de la bonne humeur à bord alors que nous étions dernier de l’étape ». 88 Manœuvres sur Groupama 4—Crédits photo © Yann Riou/Groupama Sailing Team/ Se repérer en mer Longitudes et latitudes Les skippers de la Volvo Ocean Race doivent s’orienter afin d’élabo- Pour se repérer en mer, il faut aussi savoir comment se repérer sur terre ! En observant un globe terrestre, on constate qu’il est quadrillé par des lignes : l’équateur est la ligne imaginaire séparant le globe en deux : il y a l’hémisphère Nord situé au nord de cette ligne et l’hémisphère Sud au sud. rer la meilleure stratégie de course possible. Pour rappel, ils n’ont pas droit au routage. Aujourd’hui les instruments de navigation modernes comme le GPS* permettent en temps réel de se situer sur une carte mais autrefois, il en était tout autrement ! Dès l’Antiquité, les navigateurs ont cherché à se repérer en mer. Ils s’orientaient de jour par rapport à la position du soleil, et la nuit par rapport à la position des étoiles. Puis ils ont inventé des instruments, qui se sont modernisés au fil des siècles… Il y eu l’astrolabe, puis le sextant. Au XIIème siècle, les chinois ont inventé le compas. C’est une boussole sphérique qui indique la position du nord magnétique. Les cartes marines apparaissent à partir du XVème siècle lorsque les grands pays européens parcourent le monde en bateau et commencent à tracer les contours des continents au fur et à mesure de leurs découvertes en mer. Enfin, la signalisation maritime permet aux navigateurs de respecter le « code de la mer » et d’éviter les dangers. 89 Le globe a été quadrillé en tranches parallèles à l’équateur. Chaque tranche est numérotée, en degrés, de l’équateur au pôle Nord (0° à 90° lat. N). et de l’équateur au pôle Sud (0° à 90° lat. S.). C’est la latitude. Le globe a été aussi découpé en quartiers. Ces lignes vont du pôle Nord au pôle Sud et s’appellent les méridiens. En 1884, on a choisi comme méridien 0 celui qui passe à Greenwich, près de Londres La longitude représente la distance, en degrés, par rapport au méri- (récifs, hauts fonds, épaves...), la réglementation maritime, la signa- dien de Greenwich. Chaque quartier est numéroté de 0° à 90° est (E) lisation maritime (phares, balises, bouées) et les amers. Les cartes et de 0° à 90° ouest (W). Pour être plus précis, chaque degré (°) est marines officielles sont publiées en France par le service hydrogra- divisé en 60 minutes (‘) et chaque minute est divisée en 60 secondes phique et Océanologique de la Marine (le SHOM); elles engagent la (‘’). Quand on connaît la latitude (toujours indiquée en premier) et la responsabilité de l'État en cas d'erreur. longitude (indiquée en second) d’un point, on peut le situer rapidement sur la carte. Mais que voit-on sur une carte marine ? 1. les repères cartésiens (longitude et latitude), la projection Merca- Les cartes marines tor*, la représentation des distances (le mille nautique), l’échelle de La carte marine représente les éléments indispen- sables à la naviga- la carte. 2. la représentation des amers et des balises, la représentation des altitudes. tion maritime. En 3. la représentation des éléments du paysage marin et sous-marin : adéquation avec la repérage et mémorisation des principaux symboles et abréviations. signalisation maritime, elle permet de se situer et de se diriger. dique Elle inessentielle- ment les sondes et les isobathes (profondeur de l'eau), les dangers 90 4. les isobathes et les sondes, la représentation de l'estran et celle des obstacles divers, l'incertitude et les marges d'erreur à respecter, le pied de pilote. 5. la représentation des courants. ment. Les cartes vont s'enrichir de Histoire des cartes marines données plus précises, comme les Avant le XIIème siècle, on navigue presque exclusivement en vue sondes, les courants ou les bancs de des côtes, d'après des itinéraires appelés "périples" dans l'Antiquité, et "portulans*" au Moyen-âge. C'est au XII ème sable. siècle qu'apMais les marins préfèrent souvent les journaux de bord car un sur trois sait lire et pour eux, la carte reste un outil intellectuel. Ils naviguent encore beaucoup à l’estime. paraissent les premiers portulans "figurés", premières cartes à représentation graphique. Les portulans sont grossièrement dessinés, les détails ne s'attachant qu'à ce qui avait de l'importance pour la navigation. L'établissement de ces cartes nautiques est alors basé sur un mode de navigation par cabotage* (on y inscrivait chaque port, chaque lieu de mouillage). Le plus souvent les Au XVIème, l'invention de l'imprimerie cartes portulans sont dessinées sur vélin. Elles sont reconnais- va permettre une meilleure diffusion sables aux lignes des vents qui les parcourent et sont richement dé- des cartes, par le biais des atlas notamment. Le « Neptune Fran- corées. 1375. Abraham Cresques. Bibliothèque Nationale, París _ çois », superbe atlas nautique réalisé par les ingénieurs militaires Les grandes découvertes vont énormément influer sur le développement de la cartographie. Celle-ci permet de s’approprier le monde. pour Louis XIV, le montre. On peut même feuilleter l'exemplaire unique du service historique de la marine, grâce à une astucieuse technologie multimédia ! Dès le XVIème siècle, les ports normands participent aussi à l’aventure des Grandes Découvertes. La cartographie va connaître un essor grâce à la création d'écoles d'hydrographie, à Dieppe notam- 91 L'ingénieur Charles-François Beautemps-Beaupré et son équipe réalisent une cartographie exhaustive et précise des côtes de France entre 1816 et 1844. C’est lui qui créé l’hydrographie moderne. La signalisation maritime Pour se repérer en mer, il ne suffit pas d'avoir les bons outils à bord, il faut aussi respecter la signalisation maritime qui est essentielle à la sécurité en mer. Elle permet en effet à tous les navigateurs de se positionner et d'éviter les dangers. En France, la signalisation maritime est à la charge du "Bureau des Phares et Balises" dépendant de la sous-direction de la Sécurité Maritime de la Direction des Affaires Maritimes et des Gens de Mer (D.A.M.G.M.). Créé en 1806, en France, le service des phares et balises est chargé d'entretenir les dispositifs d'aide à la navigation mis en place le long des côtes de France et d'Outre-mer pour signaler les dangers et baliser les routes maritimes et les chenaux d'accès aux ports. Le balisage désigne également les règles (formes, couleurs) qui doivent être utilisées pour concevoir les balises. Le balisage respecte, dans l'ensemble des pays ayant une façade maritime, les règles définies par l'Association internationale de la signalisation maritime (AISM-IALA). Depuis 1980, une variante de ces règles est appliquée aux Amériques (Antilles incluses), au Japon et en Corée. Dans ces pays, dits de la zone B, la couleur du balisage latéral est inversée comme en Guadeloupe. 92 Le balisage désigne l'ensemble des marques ou balises fixes ou flottantes placés en mer ou à terre qui indiquent aux navires les dangers et le tracé des chenaux d'accès aux ports et abris. La différence entre les deux régions est la couleur des balises latérales qui en région A va être verte pour Tribord et rouge pour Bâbord, et en région B verte pour Bâbord et rouge pour Tribord. Toutes les autres caractéristiques du système de balisage sont les mêmes pour les deux régions. Le code de la mer On trouve dans les Instructions Nautiques, la description des ports et les passages particuliers le long des côtes. Sur la côte et également sur des rochers au milieu de l'eau se trouvent les phares. Ceux-ci sont identifiés de jour par leur forme et la couleur de l'édifice et comme d'autres amers* tels que les châteaux d'eau, ils permettent de se repérer sur l'eau. De nuit, c'est par la période, la couleur et la durée des éclairs lumineux que l'on peut les identifier. Sur l'eau, ce sont des balises que l'on trouve : - les bouées cardinales jaunes et noires, surmontées de deux triangles un danger. Si on place les quatre bouées aux points cardinaux, le danger se trouve au centre. - les bouées de balisage d'un chenal de couleur verte conique à tribord (numéro impair) et de couleur rouge cylindrique à bâbord (numéro pair) dans le sens d'entrée de port. La balise peut être réduite à une simple perche. - les bouées danger isolé de couleurs rouge et noir et surmonté de deux disques noirs qui indique un haut fond ou un estran. - la marque spéciale, bouée ou perche, toute jaune et surmontée d'une croix. - la bouée d'eau saine, rouge et blanche, indique le début des eaux profondes à la sortie d'un port. 93 feux à occultation (périodes d'éclairage plus longues que les périodes d'obscurité). Se repérer en mer : piste de travail // Les phares Les phares restent les éclaireurs de nos côtes malgré le formidable développement des nouveaux outils de navigation comme les radiophares, radars, GPS… Les premiers phares datent de l’antiquité lorsque des feux de bois jalonnent les côtes ou préviennent les marins d’un danger. Puis on élève des tours sur lesquelles ces feux devinrent visibles de loin comme le célèbre phare d'Alexandrie situé sur l'île de Pharos. Pour se repérer, le marin se réfère à son livre de feux et grâce au type de faisceaux qu’il a déterminé il peut connaitre le nom du phare qui l'éclaire et en déduire sa position par rapport à la côte. Le charbon remplace ensuite le bois, puis ce sont les lampes à huile, mais la véritable révolution arrive en 1821, lorsqu’ Augustin Fresnel, ingénieur à la commission des phares, propose de remplacer les réflecteurs métalliques par des lentilles à échelon. Les phares signalent des récifs ou des zones dangereuses que les bateaux doivent contourner, mais ils permettent aussi aux marins de se repérer en mer. Chaque phare possède ses propres caractéristiques, sa façon d'éclairer l'horizon. Certains phares émettent des feux lumineux de couleurs différentes : rouge ou verte pour signaler les zones dangereuses, blanche pour indiquer la route à suivre. D’autres n'envoient qu'une lumière blanche, fixe (intensité lumineuse constante et identique dans toutes les directions), ou à éclats (périodes d'obscurité plus longues que les périodes d'éclairage), des feux isophases (temps d'obscurité et d'éclairage identiques), ou des 94 Crédits photo Dave Kneale/Volvo Ocean Race Se repérer en mer : piste de travail // La lentille de Fresnel Ce procédé permet d'éclairer uniquement l'horizon en évitant la diffusion des rayons partout dans l'espace et d'augmenter jusqu'à 4,5 millions de fois l'intensité du faisceau lumineux. Progressivement, ces lentilles équipèrent tous les phares du monde. Article « La cartographie : des tablettes d’argile aux images satellite » par Allix PIOT in l’Eléphant n°5 de janvier 2014 – pp 145-154 http://expositions.bnf.fr/lamer/pedago/pdf/fiche_secrets.pdf http://www.shom.fr/ Les portulans : http://expositions.bnf.fr/ciel/catalan/ Histoire de la cartographie : http://expositions.bnf.fr/cartes/index.htm http://www.corderie-royale.com/fr/actuellement/index.php http://classes.bnf.fr/ebstorf/index.htm http://www.espace-sciences.org/jsp/fiche_article.jsp? STNAV=&RUBNAV=&CODE=1136884930460&LANGUE=0&RH=MAGAZINE http://www.enpc.fr/fr/documentation/fonds_ancien/phares/ Commencement.htm 95 Petite histoire des instruments de navigation Le compas ou comment garder le cap L’astrolabe Le passé des compas se confond avec de celui des boussoles. Un astrolabe est un instrument très ancien qui a été conçu dans Jusqu'au 17ème siècle, une distinction existe, bien que purement l’Antiquité. Il permet de mesurer la hauteur d'un astre au-dessus de conventionnelle : les topographes, sur la terre ferme, utilisent des l'horizon et de déterminer immédiatement la position de la Lune, du boussoles indiquant le Sud tandis que Soleil ou de n'importe quelle planète par rapport aux étoiles. les compas, surtout utilisés en milieu maritime, indiquent le Nord. Il est constitué d’un disque dont la circonférence est graduée en degrés et d’une alidade* en rotation sur le disque. On tient l’astrolabe verticalement par un anneau, on fait pivoter Une alidade est une sorte de règle mobile qui tourne sur le centre d’un instrument avec lequel on prend la mesure des angles l’alidade sur son axe jusqu’à ce qu’elle pointe l’astre choisi, on lit alors les degrés sur le disque et il ne reste plus qu’à les convertir en degrés de latitude. Ce sont les astronomes arabes qui en ont répandu l’usage à partir du VIIème siècle : l’astrolabe sert alors surtout pour l’astrologie, l’enseignement de l’astronomie, et le calcul de l’heure (en pointant le Soleil la journée et les étoiles la nuit). Jusqu’à l’invention du sextant au XVIIIème siècle, l’astrolabe fut le principal instrument de navigation. 96 La boussole est une très ancienne invention chinoise. On la date entre 200 avant JC et 200 après. A cette époque on ne s’en servait qu’à des fins de géomancie et de divination. C’est beaucoup plus tard, aux alentours du Xème siècle que les marins l’embarquèrent à bord des navires de commerce pour aller jusqu’en Arabie sans se perdre. C'est un instrument composé d'une aiguille aimantée qui se dirige tout le temps vers le Nord, dans un cadre où il y a des points cardinaux inscrits : Nord, Sud, Est, Ouest. En navigation, elle peut servir à déterminer la position présente de l’utilisateur ou bien indiquer une marche à suivre. Avant d'avoir inventé la boussole, les navigateurs disposaient d'une Rose des vents dessinée sur une tablette circulaire qui était posée au centre du ba- Plastimo teau. Plastimo Lorient Il existe dans le nautisme trois familles de compas : magnétique, de France est le leader relèvement et électronique (sur les GPS et traceur). européen incontestable de l'équipement pour bateaux. Fabricant de compas, ra- Voir l’article très complet sur le compas de marine In « Voile maga- deaux de survie, gilets de sauvetage, bouées de zine n°223 de juillet 2014 – pp108-112 . sécurité et de mouillage. Plastimo propose une gamme complète et innovante pour les voiliers et http://fr.wikipedia.org/wiki/Compas_%28navigation%29 bateaux à moteur. Cette entreprise est localisée sur la Base de Sous Marins de Keroman à Lorient. http://www.plastimo.com/fr PLASTIMO 15, rue Ingénieur Verrière 56100 - LORIENT - France 97 Le sondeur On utilise le sondeur pour connaître http:// la profondeur d’eau (la bathymétrie*) sous la coque du bateau. Le sondeur envoie des ondes dans le milieu marin, les ondes sont réfléchies par le sol et repartent en sens inverse. Elles sont alors réceptionnées par le sondeur, qui mesure le temps écoulé entre l'émission de l'impulsion sonore et sa réception. Dès lors, grâce à la connaissance de la durée du parcours des ondes et de leur vitesse dans l'eau, on peut calculer la profondeur à laquelle se trouve le fond marin par rapport à la surface de la mer. Pour que ces mesures soient véritablement exactes, il est toutefois nécessaire de tenir compte de la vitesse de propagation des ondes sonores due à la salinité taux de sel dans l’eau) à l'agitation de la mer, au cap du bateau, ou encore à ses mouvements verticaux. 98 www.espace-sciences.org/jsp/fiche_article.jsp? STNAV=&RUBNAV=&CODE=1139325268902&LANGUE=0&RH=MAGAZINE Le sextant Comme l'astrolabe, le sextant « moderne » mesure également la hauteur des astres, mais plus précisément. Il possède deux miroirs de réflexion, une lunette et une règle en arc de cercle graduée. Le sextant est inventé dans les années 1730 par deux personnes indépendamment l'une de l'autre : John Hadley (1682-1744), un mathématicien anglais, et Thomas Godfrey (1704-1749), un inventeur américain. Il remplace rapidement l'astrolabe. La spécificité du sextant par rapport à l'astrolabe est que les deux directions dont on veut mesurer l'angle sont observées en même temps, rendant la mesure à peu près indépendante des mouvements du navire. Le sextant se tient à hauteur des yeux, alors que l'astrolabe nécessite un point de suspension d'autant plus élevé que l'on vise un astre de site élevé. 99 LE GPS ou « GLOBAL POSITIONING SYSTEM» Ce système détermine, avec une précision d’environ 15 mètres, la position du bateau grâce notamment à 24 satellites positionnés à 25 000 km d’altitude. Ces satellites émettent des signaux radio. Le principe consiste à mesurer le temps de propagation d'une onde dans l'espace entre le satellite et un récepteur (bateau). Quand le bateau se déplace et qu’il s’éloigne du satellite, la longueur d'onde du signal émis par celui-ci augmente. S’il s'en rapproche, elle diminue. C’est l’effet Doppler. À l'origine, le GPS était un projet de recherche de l'armée américaine. Il est lancé dans les années 1960 et c'est à partir de 1978 que les premiers satellites GPS sont envoyés dans l'espace. Le premier satellite expérimental est lancé en 1978, mais la constellation de 24 satellites n’est réellement opérationnelle qu'en 1995. Crédits photos © Guo Chuan/Green Dragon Racing/VOR http://eduscol.education.fr/orbito/system/navstar/gps1.htm http://www.futura-sciences.com/magazines/matiere/infos/dossiers/ d/physique-topographie-decouvrir-fonctionnement-gps-504/page/5/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3% A8me_de_positionnement_par_satellites 100 La balise Argos ronnement à l'échelle mondiale. Le système Argos est un système mondial de localisation et de collecte de données par satellite. Né en 1978 d'une coopération entre le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES), l'Agence américaine d'étude de l'atmosphère et de l'océan (NOAA) et l'Agence spatiale américaine (NASA), il s'apparente aux systèmes de positionnement par satellite tels que le GPS ou le système Cospas-Sarsat. La principale différence provient du fait que la position des mobiles (balises Argos) est connue du système (centres de traitement des données) et non des mobiles eux-mêmes comme pour le GPS. Grâce à leur très faible consommation électrique, et à une miniaturisation très poussée, les balises Argos peuvent être fixées sur des oiseaux ou des mammifères et fonctionner ainsi plusieurs mois. Parmi les nombreuses autres applications utilisant le système Argos, on peut citer les bouées météorologiques dérivantes et les flotteurs profilants. Le système Argos est par contre très voisin, dans son principe, du système Cospas-Sarsat destiné à fournir des informations d'alerte et de localisation de balises de détresse. Bien qu'il soit toujours utilisé pour suivre des courses de voiliers, le système Argos est avant tout le système de référence destiné à l'étude et à la protection de l'envi101 Le système Argos permet de localiser les balises n'importe où à la surface de la Terre avec une précision d'environ 150 mètres. Les balises Argos sont chargées de suivre les déplacements d’un voilier sur lequel elles sont fixées et de transmettre des données La balise émet régulièrement des messages brefs (401.65 MHz) qui sont retransmis au sol par les satellites. A partir de ces messages, les centres de traitement déterminent ensuite la position de la balise (donc du voilier) à quelques centaines de mètres près. D'une altitude de 850 km, les satellites retransmettent les messages vers des stations au sol. A un instant donné chaque satellite voit toutes les balises situées dans un cercle de 5000 km de diamètre. En moyenne, les satellites voient chaque balise pendant dix minutes à chaque passage. Plus la balise est proche de l'un des pôles, plus les passages des satellites sont fréquents. encore le Vendée Globe, ce sont en effet les pays les plus proches qui interviennent dans le très vaste océan Pacifique. La Sécurité en mer Naviguer à la voile durant neuf mois dans des conditions parfois difficiles n’est pas sans risque pour les navigants. Aussi, en cas de problème, toute une procédure est à déclencher, à bord comme à terre. Matériel et organisation des secours Ce tour du monde dure neuf mois. Il est donc possible que des problèmes, plus ou moins importants, surviennent pour la soixantaine de marins qui navigueront lors de cette édition 2014-2015 : blessures, fatigue extrême, rapatriement, tout doit être prévu en amont pour régler ces problèmes au plus vite, et çe n’est pas une mince affaire si l’on est à plusieurs centaines de kilomètres de la première terre. En fonction de leurs positions sur le globe, les bateaux engagés dans la course peuvent recevoir l’assistance de n’importe quel pays dont ils sont proches géographiquement, grâce à un accord établi entre de nombreux pays dans le monde. Créée en 1948 et basée à Londres, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) a mis en place cette convention dite « Search and Rescue » (soit « Recherche et sauvetage ») entre 170 pays, et qui constitue un réseau international des centres de coordination de sauvetage maritime (MRCC) auquel on fait appel en cas de problème. A titre d’exemple, l’Australie et le Chili sont régulièrement sollicités pendant les courses comme la Volvo Ocean Race ou bien 102 Sur l’étape lorientaise, la Marine Nationale est prête à intervenir. Durant toutes les courses au large en France, la Marine Nationale surveille la flotte et se tient prête à intervenir pour aller secourir des skippers en difficultés. Outre l’appel de détresse par VHF, le skipper peut déclencher sa balise de détresse, lancer des fusées fumigènes pour se faire repérer des avions de reconnaissance. Les quatre avions Falcon 50 M de la flottille 24F de l’aéronautique navale de Lann-Bihoué, en coordonnant leurs actions avec les hélicoptères de la 32F, les CROSS et d’autres moyens complémentaires des douanes, s’imposent depuis déjà 11 années comme l’élément incontournable du sauvetage en mer. Durant la course, deux flottilles sont prêtes à intervenir en cas de déclenchement de signal de détresse. La flottille 24F possédant 4 Falcon 50 réalise des missions de service public (SAR, anti-drogue, anti-immigration, contrôle des pêches, antipollution, soutien aux zones aérospatiales de Guyane). Elle est implantée à la BAN de Lann -Bihoué à Lorient. Quant à la flottille 32F, affectée à LanvéocPoulmic, elle est équipée d'hélicoptères type super frelon. La 24F participe également à des briefings sécurité qui permettent avant les départs des courses au large de rappeler aux skippers les techniques de recherches et de sauvetage. A bord durant la course Lorsqu’un marin se blesse, l’aide peut venir d’un membre du bord si le bateau est trop isolé en plein océan. Ainsi, tous les membres d’équipage sont formés au préalable pour apporter les premiers soins. Savoir faire un bandage correctement, suturer une plaie, soigner une dent, calmer un mal de ventre, ils doivent savoir pratiquement tout faire et ont été formé avant de partir. Heureusement, ils ne sont pas vraiment seuls, un médecin est toujours joignable à terre pour les guider dans la démarche à suivre. 103 Trousse de secours Chaque équipage de la Volvo Ocean Race doit compter au moins deux personnes ayant une formation médicale, et à bord il doit y avoir trois trousses de secours. La première contient des produits de première nécessité : pansements, bandages et analgésiques. La seconde n’est pas sans rappeler la trousse d’un médecin avec des antibiotiques et tout le nécessaire pour traiter une blessure importante. La troisième est scellée et ne doit être utilisée qu’en cas d’urgence. Un hôpital Londonien est en veille 24 heures sur 24, prêt à aider via le système de caméras embarquées reliées aux satellites. Cependant, la devise à bord est «mieux vaut prévenir que guérir». Pour ne prendre que l’exemple de Groupama 4, le bateau français engagé lors de la Volvo Ocean Race 2011-2012, plusieurs accidents sont à déplorer : - En novembre 2011, le français Erwan Israël se blesse à l’arcade sourcilière et doit se faire recoudre par Charles Caudrelier, l’actuel skipper du bateau chinois. Le tout avec un bateau qui bouge, ça n’est pas forcément évident ! La vidéo : http://www.cammas-groupama.com/actualite/media/fr/ video/2545/Suture_ - En mars 2012 dans le sud de l’océan Atlantique, Phil Harmer, à l’intérieur du bateau est projeté sur la cloison lors d’un arrêt buffet, c’est-à-dire un arrêt brutal du bateau dans une vague. Un choc sur l’épaule, rien de cassé, même s’il porte une attelle pendant quelques jours. - En avril 2012, au large du Brésil, le voilier démâte. Le mât brisé blesse le néo-zélandais Brad Marsh à l’avant-bras ce qui nécessite de le panser. En outre, les marins ont aussi à leur disposition du matériel pour leur propre sécurité au quotidien : casque, VFI (Veste à flottabilité intégrée), baudrier, radeaux de survie (calés à l’arrière du bateau), fusées de détresse, etc. Avant de partir, tous les Test fusées de détresse—Crédits photo © Patrick Anderson marins sont formés à l’usage de tout ce matériel. Lors de stages de survie de deux jours et durant lequel ils sont confrontés, en piscine, à des simulations reproduisant les pires situations pouvant leur arriver. Chaque équipe passe un après-midi dans l’eau et se sert uniquement du matériel de sécurité qui sera à bord des bateaux de la Volvo Ocean Race. 104 Stage de survie en piscine—Crédits photo © Patrick Anderson Le stage ISAF est un entraînement de survie permettant aux équipages de mieux maitriser les techniques de sécurité en mer. Les skippers apprennent à mettre une combinaison de survie, se dégager d’une coque, remonter sur un bateau, faire un hélitreuillage, et enfin manipuler tout le matériel de sécurité, soit les fusées, le radeau de survie etc. Le marin apprend à se soigner et gérer des situations médicales seul sans assistance. En cas d’extrême urgence, il peut contacter 24h/24h le directeur de course et le médecin officiel par téléphone satellite. LA SNSM La sécurité en mer, c’est aussi savoir répondre à une situation donnée en connaissant au mieux le matériel et en connaissant la procédure à suivre. La Société Nationale de Sauvetage en Mer est une des expressions les plus abouties de la solidarité des gens de mer face aux drames et accidents maritimes à proximité de nos côtes. Depuis plus d’un siècle, ces bénévoles issus du monde maritime et main- http://www.volvooceanrace.com/fr/news/3384_Journee- tenant en provenance d’autres milieux s’investissent lo- piscine.html calement pour apporter une aide efficace aux usagers de http://www.volvooceanrace.com/fr/news/3370_Rentree-des- la mer. classes.html http://www.snsm.org/ Sécurité, survie, sauvetage en mer - Vagnon - Du Plaisancier (4 juin 2006) Guide des urgences en mer : Comment surmonter toutes les crises en mer - Solar (26 avril 2007) Carnet de bord du jeune skipper - Editions Vagnon (19 mai 2008) 105 Architecture et construction navales Les bateaux de course ne poussent pas dans les champs, il faut bien des gens pour les imaginer, les dessiner et les construire. Les bateaux sont d’abord dessinés par un architecte naval. Une fois son travail fini, c’est au tour des chantiers navals de les construire. Rencontre imaginaire avec un architecte naval : Quel est le travail d’un architecte naval ? Le métier consiste à imaginer et dessiner des bateaux. Pour la Volvo Ocean Race, comment procède-t-on ? On ne dessine pas un bateau n’importe comment. L’important, c’est de savoir à quoi va servir le bateau : le bateau ne sera pas le même s’il est prévu pour faire des courses ou justes des petites balades. La Volvo Ocean Race est une course, longue, durant laquelle les bateaux ne se reposent jamais. Il faut donc dessiner un bateau rapide pour pouvoir gagner, mais aussi assez solide pour ne pas casser. Quels matériaux utilise-t-on? De l’acier parce que c’est solide ? On pourrait parce que l’acier est très solide effectivement. Malheureusement, l’acier est très lourd et pour qu’un bateau soit rapide, il doit être léger; En prime, il doit être solide.. Comme quand il s’agit de construire une Formule 1, le but du jeu est de faire un bateau rapide. Pas question donc d’utiliser n’importe quels matériaux. Ceux-ci sont 106 Dessin d’un plan de VO 65 Green marine—Crédits photo © IAN ROMAN bien particuliers et sont issus de la haute technologie. Il y a de ça plusieurs années, le matériau principalement utilisé pour construire les coques était l’aluminium, pour ses qualités de légèreté. Encore mieux, c’est aujourd’hui la fibre de carbone qui est utilisée pour les mêmes qualités. Le carbone est obtenu à partir du graphite, une roche dont on trouve des gisements notamment en Chine. Les fibres de carbone sont un matériau composite, c’est-à-dire un assemblage d’au moins deux matériaux différents. En l’occurrence, elles sont associées à de la ré- matériaux différents. Les fibres sont agglomérées avec de la résine. La fibre de carbone est utilisée ici pour la coque, le pont, le mât, les safrans, les dérives, etc. La quille, qui permet au bateau de ne pas se retourner est, quant à elle, réalisée en plomb (pour le poids). Les voiles, elles, sont fabriquées avec plusieurs couches de fibres de divers matériaux superposées et imprégnées de résine, avant d’être peintes aux couleurs du sponsor du bateau. Elles sont toutes réalisées chez North Sails à Vannes, en France, une entreprise spécialisée dans ce domaine. Pourquoi des bateaux identiques ? Tous les équipages partent avec les mêmes chances de gagner. Les bateaux ont les mêmes vitesses et du coup, il risque d’y avoir peu d’écart entre les bateaux sur la ligne d’arrivée. Et en plus, cela coûte moins cher. Où sont construits les bateaux de la Volvo Ocean Race ? A plusieurs endroits en fait. L’architecte choisi est le néo-zélandais Bruce Farr dont les bateaux ont déjà gagné cinq fois la Volvo Ocean Race. On a pris les meilleures entreprises de construction de bateau en Europe et chacune s’occupe d’une partie du bateau. Par exemple (mettre une carte), la coque est faite en Italie (à Bergamo chez Persico Spa), le pont est fait à Vannes (chez Multiplast), les cloisons étanches en Suisse (chez Décision) et le tout est assemblé en Grande -Bretagne (chez Green Marine) https://www.youtube.com/watch?v=9LHnQarDAcA#t=19 107 Green Marine Tara Troussier et Jo Elliott participent à la construction des Volvo Ocean 65. Elles travaillent pour le chantier anglais Green Marine en charge de l’assemblage des nouveaux monotypes de la course, mais elles parlent français – l’occasion d’une rencontre en vidéo sur place ! Les monotypes dessinés par Farr Yacht Design et construits par quatre chantiers européens sont terminés. Une organisation complexe et multinationale qui compte plusieurs Français, dont l’ingénieure Tara Troussier et la responsable matériaux Jo Elliott. Elles nous expliquent leur rôle dans la construction du bateau et les moments forts d’un procédé pas comme les autres. Cliquez cidessous : http://www.volvooceanrace.com/fr/news/7342_Rencontre-avecles-Francaises-de-Green-Marine.html Caractéristiques techniques : Type : monocoque Architecte : Farr Yacht design Longueur de pont : 65 pieds (19,80 m) Longueur de coque : 67 pieds (20,40 m) Longueur hors tout : 72 pieds (21,95 m) Largeur : 18,4 pieds (5,60 m) Tirant d'eau : 15,4 pieds (4,7 m) Hauteur du mât : 99,4 pieds (30 m) Bout-dehors : 7 pieds (2,15 m) Déplacement (à vide) : 10 750 kg Surface de GV : 151 m2 Surface de voile d’avant : 135 m2 Surface de voile au près (face au vent) : 451 m² Surface de voile au portant (dos au vent) : 550 m² Quille : basculant à 40 degrés Safrans : deux Nombre de voiles à bord : 7 Ballasts : un central de 1000 litres et deux de 800 litres à l’arrière Le VO65 de la Volvo Ocean Race 2014-2015 Equipage : 8 personnes (les équipages féminins en comptent 10) + l’équipier média 108 cul du handicap sportif d'un voilier lors de certaines compétitions nautiques opposant des bateaux différents. La jauge des bateaux Le principe clé du jaugeage est que des bateaux similaires (même époque, même fonction, même ordre Les bateaux utilisés pour la Volvo Ocean Race sont bien spécifiques et sont construits suivant des règles précises, comme dans n’importe quel sport. Celles-ci sont compilées dans les règles de jauge que les concurrents doivent respecter pour pouvoir participer. de grandeur) ont des proportions semblables. Depuis l'Antiquité, le trafic maritime a été contrôlé et taxé par les autorités. L'administration, mais aussi les commerçants et cour- Jusqu’ici, la Volvo Ocean Race se courrait sur des prototypes, c’est- tiers, avaient besoin d'estimer la charge ou le volume transporté par à-dire des bateaux différents pour chaque équipage, même s’ils se les navires. ressemblaient beaucoup. Pour l’édition 2014-2015, grande nouveau- Pour cette mesure, on utilisa au fil du temps différentes unités, la mesure ainsi obtenue étant la "jauge", l'opération étant le "jaugeage" (le mot serait attesté au XIIIème siècle sous la forme : té : les voiliers utilisés sont des monotypes, comprenez tous rigoureusement identiques. Ces bateaux sont prévus pour participer aux éditions 2014-2015 et celle de 2017-2018. "gaujage», issu du francique "galga" « verge, perche », donc à rapprocher de "gaule" et de l'anglais "gauge"). De nos jours, dans le milieu de la course au large, les jauges désignent à la fois les méthodes pour comparer des bateaux de taille et de conception différentes entre eux, et pour fournir soit les éléments pour classer les bateaux dans leurs catégories précises, soit le cal- La JAUGE représente les différentes caractéristiques d’un bateau : sa taille, son poids, sa voilure, sa conception … 109 Le règlement de la course Vouloir participer impose aussi aux équipages de se conformer aux règles de la course. Ces règles sont de plusieurs natures : - Les règles de la Fédération Internationale de Voile (elles établissent les lois de la course à la voile, par exemple l’interdiction d’avancer autrement que par la force du vent). AMEDEO, Fabrice (1978-....) Le tour du monde de tous les extrêmes : dix jeunes marins dans la Volvo Ocean Race / Fabrice Amedeo, Sébastien Josse - 2007 - Glénat JOBSON, Gary :Fighting Finish: The Volvo Ocean Race, Round the World 2001-2002 - Nomad Press; Édition : 1st Edition. (1 octobre 2002) - ISBN- 13: 9780965925877 - Les instructions de course et l'avis de course définissent le cadre dans lequel se déroule l'épreuve (le parcours notamment, les points de passage obligatoires). - Les règles de jauge (elles confirment par exemple que les bateaux sont conformes aux règles établies). - Le protocole commercial (il oblige par exemple les équipages à communiquer en envoyant à terre des photos et des vidéos depuis le bateau). Course au large – n° 61 – décembre 2013 – pp 48,49 110 Qu’il soit homme ou femme, le skipper est avant tout un navigateur. Il possède un nombre important de compétences et de qualités pour prétendre défier les océans. Seule la connaissance de la mer et du bateau ne suffit pas. Etre skipper exige de la polyvalence et il n’est pas facile d’en faire son métier. Le marin professionnel est sportif, à une connaissance de la compétition, de la construction navale, il a un palmarès qui lui permet d’exercer à temps plein. Il a plusieurs casquettes comme celle du bricoleur, du météorologue, de médecin, d’informaticien, c’est un leader. Il doit aussi être un bon communiquant, être au moins bilingue, puisqu’il a beaucoup à faire avec les médias, il doit aussi négocier avec les sponsors. Bref, une solide expérience lui permet d’être un bon skipper ! surveillance via le PC course*. La VHF (Very High Frequency), gratuite, permet de communIquer avec d’autres bateaux, le comité de course, l’équipe à terre, le service portuaire. L’inconvénient du système est sa portée de quelques milles. L’Iridium, ou le téléphone par satellite, permet la communication avec l’équipe à terre, les interviews téléphoniques et bien sur la communication avec la famille. C’est à heure fixe, que toute la famille se donne rendez-vous autour du téléphone, attendant le coup Comment les marins communiquent-ils avec leur fa- de fil tant espéré ! mille ? Le téléphone Inmarsat permet d’envoyer des vidéos en se connecEtre skipper c’est aussi accepter de s’éloigner de sa famille pour quelques mois. Seul ou en équipage, la solitude peut être pesante : c’est parfois difficile de ne recevoir qu’une fois par jour des nouvelles de sa famille, parfois moins. En effet, les moyens de communication à bord sont précieux et onéreux et ils sont également sous 111 tant en ligne en HD, de recevoir la météo. C’est d’ailleurs le moyen que les skippers utilisent pour communiquer avec leur famille. Ils envoient des vidéos qui permettent aux enfants de mieux comprendre le travail sur le bateau et au conjoint/te … de déstresser ! Les outils ne manquent pas, mais ils sont essentiellement réservés à la navigation et la sécurité en mer. Les navigateurs sont finalement assez rarement mis en relation avec leur famille. C’est aussi pour cette raison que sur des courses de plusieurs mois et notamment sur la Volvo Ocean Race, les familles ont la possibilité de rejoindre leur conjoint/e lors des escales. Si les « au-revoir » sont toujours déchirants, les retrouvailles sont à coup sûr une joie immense pour tout le monde ! Des Les femmes dans le monde de la voile sont exclusivement con- Il est de notoriété commune de parler de la course à la voile comme d’un sport masculin, au vue de la proportion d’hommes et de femmes engagés. Il y a 200 ans encore les femmes n’avaient pas le doit de monter à bord d’un bateau ! On croyait que, comme les lapins, leur présence à bord portait malheur aux navires et à leurs équipages. A partir de la fin des années 1980, la féminisation de la course au large va de pair personnalités de chocs qui entretiennent et défendent un sport ouvert à tous, laissant place aux femmes, le principe étant que sur l’eau, tous soient des marins. Des courses leur sacrées comme la Women’s Cup. Crédits photo © Corinna Halloran/Team SCA Pour cette édition, la Volvo Ocean Race accueille un bateau entièrement féminin, Team SCA. Mené par des navigatrices aux palmarès incroyables, de la voile olympique, aux multicoques, en passant par le Vendée Globe, le bateau rose bonbon a autant de chance que les 5 autres voiliers de remporter la mythique course. La lutte risque d’être serrée entre les bateaux dont les équipages sont tous aussi compétents les uns que les autres. avec une rationalisation des programmes de courses, commandée par des impératifs médiatiques et technologiques. Les femmes font maintenant partie intégrante du paysage de la course à la voile : Florence Arthaud, Isabelle Autissier, Ellen Mac Arthur, Sam Davies… 112 Albert Londres écrivait au début du 20eme siècle « A bord d’un navire, il n’y a ni homme, ni femme, il y a des marins ». L’équipage 100% féminin de SCA Pour cette nouvelle édition de la Volvo Ocean Race, le monde de la voile internationale se re-féminise avec la présence de l’équipe SCA composée entièrement de femmes. Leur bateau, looké entièrement en rose, sera le digne représentant des femmes dans la course à la voile. La dernière équipe 100 % féminine à participer à la course est AMER SPORTS TOO en 2001-02, skippée par Lisa Charles. La toute première équipe féminine remonte à 1989-90 : MAIDEN, skippée par Tracy Edwards. Quant à la dernière concurrente féminine, c’est Adrienne Cahalan (AUS) en 2005-06 : elle a été navigatrice à bord de Brasil 1 pour une seule étape. C'est la première fois qu'elles ont les mêmes moyens que les compétiteurs masculins, ceci depuis le départ jusqu'à l'arrivée. La prochaine édition de la course se déroulant à armes égales, sur les monotypes VOLVO OCEAN 65, toutes les heures d'entraînement accumulées par le TEAM SCA en font un outsider redoutable. Entre hommes ou femmes, la différence se fera avant tout sur la préparation physique et mentale. Comme tous les marins, embarqués dans cette aventure, les équipières du TEAM ont dû se contraindre à un 113 Crédits photo © Annaleisha Rae/Team SCA entraÏnement spécifique. Depuis plus d’un an et demi pour la plupart, elles s’entraînent en Espagne à Lanzarote aux difficiles conditions de ce tour du monde. Réveil contraint à 6h du matin, sport quotidien et navigation dans l’Atlantique nord aux conditions rudes sont aux menus de ces femmes. La place d’équipière étant difficile à obtenir, des qualifications drastiques ont été effectuées en amont pour retenir 12 compétitrices de haut niveau (deux équipières de plus que sur un bateau à l’équipage masculin). Leur participation sur cet « Everest de l’océan » est surtout une ceptées question de mental. Ces sportives de haut niveau, qui vont embar- rôles quer pour 9 mois de course, ont reçu un entraînement mental basé teurs, routeurs ou sur la relaxation et la concentration indispensable pour relever les entraineurs. défis de l’océan dans des conditions de fatigue, de froid et d’humidi- L’exemple té. en est la présence Mais, la présence de ce team ne doit pas faire oublier les obstacles que rencontrent les femmes dans le monde de la voile. Assez bien accepté comme marins, les femmes ont plus de difficultés à être ac- dans de des prépara- parlant exclusive d’hommes dans l’équipe à terre et dans les entraîneurs du team SCA. Crédits Photo © Rick Tomlinson/Team SCA http://www.marina-online.ch/uploads/Dokumente/ beaufort_mettraux-schwestern_70_f.pdf http://teamsca.com/fr/features/team-sca-le-premier-%C3% A9quipage-f%C3%A9minin-%C3%A0-participer-%C3%A0-l%C3% A9preuve-en-plus-de-12-ans 114 SCA est une entreprise suédoise présente dans une centaine de pays dans le monde et qui fabrique des produits hygiéniques et forestiers . L’équipage au complet : Sophie Ciszek (Australie/Etats-Unis) Poste : équipier Date de naissance : 28.06.1985, Mornington, Victoria (Australia) Langues : Anglais Carolijn Brouwer (Pays-Bas) Poste : équipier Date de naissance : 25.07.1973, Leiden, Pays-Bas Langues : Néerlandais, Anglais, Portugais, Français, Espagnol, Allemand Sam Davies (Grande Bretagne) Poste : équipier Date de naissance : 23.08.1974, Portsmouth (Grande-Bretagne) Langues : Anglais, Français Liz Wardley (Australie) Poste : équipier Date de naissance : 06.12.1979, Kokopo, Papouasie - Nouvelle-Guinée Langues : Anglais, Français Abby Ehler (Grande Bretagne) Poste : équipier Date de naissance : 05.08.1976, Plymouth (Grande Bretagne) Langues : Anglais, Français Stacey Jackson (Australie) Poste : équipier Date de naissance : 02.06.1983, Mooloolaba (Australie) Langues : Anglais 115 Sally Barkow (Etats-Unis) Poste : équipier Date de naissance : 10.07.1980, Waukesha (Etats-Unis) Langues : Anglais Dee Caffari (Grande Bretagne) Poste : équipier Date de naissance : 03.01.1973, Watford (Hertfordshire, Grande Bretagne) Langues : Anglais et Français Sara Hastreiter (Etats-Unis) Poste : équipier Date de naissance : 22.09.1984, South Dakota (Etats-Unis) Langues : Anglais et Français Elodie-Jane Mettraux (Suisse) Poste : équipier Date de naissance : 07.11.1984, Genève, Suisse Langues : Anglais et Français Corinna Halloran Poste : Media «(wo)man Date de naissance : 25.08.1985 Justine Mettraux (Suisse) Poste : équipier Date de naissance : 4 octobre 1986 Les déchets à bord La gestion des déchets est très importante à bord d’un bateau, quel qu’il soit. Il l’est d’autant plus à bord d’un bateau de course réalisant un tour du monde, tel que la Volvo Ocean Race. Comment les marins gèrent-ils leurs déchets pendant la course ? Quels sont les enjeux pour notre planète ? Quels types de déchets trouve-t-on à bord d’un bateau de la Volvo Ocean Race, c’est quoi exactement ? Il s’agit, par exemple, des emballages de la nourriture embarquée : bouteilles de plastique vide, aliments lyophilisés… Comment s’en débarrasse-t-on en course ? On ne s’en débarrasse pas ! Tout est conservé à l’intérieur du bateau (dans un compartiment étanche, à l’avant). Les déchets n’en sortiront qu’à l’arrivée de l’étape. Même en cas d’accident, il est hors de question de s’en débarrasser en vidant ses poubelles dans la mer ! Pourquoi ne pas tout jeter par-dessus bord ? Parce qu’il s’agit très souvent de déchets non biodégradables ; ce qui veut dire qu’ils mettront des centaines d’années à être éliminés par la nature. L’une des matières concernées la plus problématique, c’est le plastique. Mais le plastique, pourquoi c’est si dangereux que ça ? La plupart des plastiques que nous utilisons au quotidien sont créés grâce à Credit photo © Sander Pluijm/Team Delta Lloyd/V l’industrie pétrochimique. Cela veut dire qu’ils sont fabriqués à partir du pétrole, une matière très polluante. Si un trognon de pomme met en moyenne 2 mois à disparaître dans la Nature, il faut plus de 450 ans pour un objet en plastique ! Jeter du plastique dans l’océan, c’est donc le polluer pour longtemps ! (suite page 117) 116 (suite de la page 116) Certains plastiques peuvent être fabriqués à partir de matière moins dangereuse (comme l’amidon). Par contre, ces « bioplastiques » sont plus chers et donc moins répandus. Et ce ne sont pas les seuls types de déchets : les boîtes en métal (conserves ou cannettes) mettent entre 50 et 200 ans à se dégrader complètement. Le verre se conserve très longtemps. Plusieurs siècles ! Les bouteilles jetées à la mer ne disparaitront pas rapidement… En quoi est-ce si grave pour la nature ? Cela empoisonne l’environnement marin concerné, en particulier au niveau de la chaîne alimentaire. Par exemple, une bille de plastique (comme celles de pistolets à air comprimé) peut être prise pour un œuf de poisson. Cette bille sera mangée par un poisson, qui sera lui même mangé par un oiseau marin. Autre exemple : les sacs de plastique de supermarché flottant dans la mer, ressemblent à des méduses pour les tortues qui s’étouffent en les mangeant. Source : http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F% 2Fwww.lemballageecologique.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2012% 117 La Goélette Tara a réalisé des expériences sur le sujet en 2011. Ses Environ 10% des ordures plastiques sont jetées dans les océans et 90% des objets flottants sur les océans seraient en plastique. scientifiques ont prouvé que le plastique a même empoisonné le phytoplancton, base de la chaîne alimentaire dans beaucoup de milieux marins ! Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a estimé en 2006 une concentration de 46’000 objets flottants en plastique par km carré d’océan. Et les océans ? Ils sont si pollués que ça ? Malheureusement oui ! Chaque océan, sur chaque hémisphère, possède un « continent de plastique » : il s’agit de milliards de frag- Environ 1 million d’oiseaux et 100’000 mammifères meurent ments de plastique (des bouchons de bouteilles par exemple) qui chaque année à cause des ordures en plastique. flottent à la surface et s’agglomèrent en étendues, vastes de plusieurs milliers de kilomètres ! D’où le surnom qu’on leur donne parfois de « huitième continent ». Mais pourquoi retrouve t-on autant de plastique dans la nature ? Depuis 50 ans, la production annuelle de plastique sur la planète a été multipliée par 50 ! Nos sociétés industrialisées en consomment http://oceans.taraexpeditions.org/wp-content/uploads/2014/07/ ficheeducvfgestiondechetsviequotidienne.pdf énormément. Malheureusement, elles en rejettent beaucoup dans la http://www.notre-planete.info/actualites/ actu_1471_continent_dechets_pacifique_nord.php nature : que ce soit à cause des décharges à ciel ouvert ou quand on http://www.raceforwater.com/fr/ jette un papier de bonbon par terre… http://enseigner.tv5monde.com/fle/des-iles-de-dechets Expédition 7eme continent : http://www.septiemecontinent.com/ 118 Ecoconception & Econavigation Chaque année, on estime que 10 000 carcasses de bateaux devraient être prises en charge. Hors depuis cinquante ans, ces bateaux sont faits d'un composite imputrescible, constitué de fibres de verre et de résines qu'il est très difficile de valoriser. 95% de la flotte de plaisance française est conçue avec du plastique, les 5% restants avec du bois, de l'acier et de l’aluminium, Kairos Le département Innovation de Kairos travaille sur les bio matériaux applicables au nautisme. Kaïros est également le premier team à avoir éta- L'écoconception est basée sur ce constat que tout produit ou proces- bli, en 2009, son bilan carbone. sus a un impact environnemental, c’est le cas des bateaux de course Avec le Fonds Explore, le navigateur Roland Jour- et de plaisance construits en fibre de carbone et autres composites*. dain apporte soutien et visibilité à ces nouveaux L’Université de Bretagne Sud et certaines entreprises soucieuses de explorateurs qui cherchent à comprendre notre la protection de l’environnement, comme KAIROS à Concarneau, tra- monde et inventent les solutions pour le changer. vaillent à l’élaboration de matériaux bio-sourcés issus du lin, du chanvre, de la jute pour construire les bateaux de demain. Les biocomposites* sont caractérisés par le fait que la résine pétrochimique est remplacée par une résine végétale ou animale et/ou que les renforts synthétiques (fibres de verre, fibres de carbone, ...) sont substitués par des fibres naturelles (chanvre, lin, sisal, jute, etc.). 119 Les projets soutenus renforceront les axes suivants : L’étude et la préservation de la biodiversité Le développement d’innovations réduisant notre empreinte environnementale http://www.explore-jourdain.com/fr http://www.kairos-jourdain.com/fr/ Ecoconception & Econavigation // Pistes de travail Le trimaran " Gwalaz " teste une coque en lin Ce bateau est le trimaran phare du chantier TRICAT mais celui-ci a la particularité d’être le seul avoir été construit avec des matériaux bio-sourcés. Matériaux sur lesquels Kaïros, l’entreprise du navigateur Roland Jourdain, travaille depuis 2009 en collaboration avec l’IFREMER et l’UBS. La mise à l’eau de Gwalaz, fin mai 2013, fut une petite révolution dans le nautisme et marque la prise en compte des enjeux environnementaux dans la plaisance. Le Gwalaz est construit avec 110 kilos de fibres de lin, 33 kilos de balsa et de liège, et 285 kilos de résines dont 30 % biosourcés. Il est http://www.kairos-jourdain.com/fr/biocomposites/9/gwalaz.html difficile d’aller au-delà à cause d'un problème de vieillissement. http://www.bretagne-info-nautisme.fr/Mise-a-l-eau-de-Gwalazpremier.html (vidéos et itw de Roland Jourdain) Mais cela ne signifie pas qu'il soit impossible de créer des bateaux 100 % biocomposites. Il existe déjà des biomatériaux performants, recyclables, entièrement biodégradables, et qui, en laboratoire, peu- http://www.bretagne-info-nautisme.fr/Signature-de-la-conventionVague.html vent être refondus et réutilisés cinq ou six fois sans problème. 120 Ecoconception & Econavigation // Pistes de travail L’aventure Tara-tari Tara Tari est un voilier, construit en toile de jute (40%), polyester et matériaux de récupération, inspiré par les barques traditionnelles des pêcheurs du Bangladesh. La construction a été réalisée sur le chantier naval TaraTari de Yves Marre dont le bateau a pris un dérivé du nom. Ce bateau est présenté par Corentin de Chatelperron, comme une construction expérimentale en fibre de jute : une alternative écologique et économique à la fibre de verre. Le Tara Tari a acquis une certaine notoriété avec la croisière de Chatelperron en 2010. Depuis octobre 2011, Tara Tari s'est engagé dans une nouvelle aventure menée par Capucine Trochet. Partie de La Ciotat (France) le 17 novembre 2011, après un chantier de remise en état, Capucine Trochet a notamment traversé l'océan Atlantique en février 2013. Un blog2 a été mis en place pour suivre le périple sous le nom de "Where is Tara Tari?". En 2014, Capucine Trochet est repartie à bord de Tara Tari pour une nouvelle expédition en mer des Caraïbes. De son côté, Corentin de Chatelperron a mis à l'eau au Bangladesh, en février 2013, un nouveau bateau 100% jute appelé "Gold of Bengal" du nom de son association. Gold of Bengal est le premier voilier en jute au monde. Vidéo : François Déliac, « Tara Tari continue son périple à Paris » http://www.metrofrance.com/info/tara-tari-l-idee-jute/mkfb! csWLQDU7U5JGY/ Corentin de Chatelperron, L'Aventure « Tara Tari », éditions La Découvrance http://www.voilesetvoiliers.com/grande-croisiere/l-atlantique-avec-taratari-capucine-trochet-il-ne-faut-jamais-renoncer-a-ses-objectifs/ Blog Where is Tara ? http://whereistaratari.blogspot.fr/ 121 méthodes de travail des acteurs de la filière nautique. Ecoconception & Econavigation L’éconavigation est l’ensemble des options écologiques pour la ECONAV construction, l’utilisation, l’accueil et la fin de vie des bateaux dans le Le Réseau National EcoNav, imaginé en 2007 à l’initiative de secteur de la pêche, la plaisance, le transport et le service. Retrou- l’association De Navigatio a été officialisé en 2008, avec le con- vez l’exposition en ligne et décou- cours de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme vrez comment limiter votre impact et l’Agence des Aires Marines Protégées; Ce réseau regroupe sur l’environnement marin : chaque année entreprises, associations, fondations, agences d’état, centres de recherches … désireux de mutualiser compé- http://www.econav.org/?exposition tences et moyens pour favoriser l’émergence d’une filière na- La norme ISO 14001 des ports de plaisance : ces ports qui s’enga- vale et nautique durable. gent pour la préservation de l’environnement doivent respecter un cahier des charges très strict visant à respecter l’ensemble des réglementations environnementales applicables à ses activités. Limiter la consommation en eau potable ; Surveiller la qualité des eaux rejetées ; Maîtriser les consommations énergétiques ; Encourager le tri des déchets et réduire les volumes collectés ; Préserver et promouvoir la biodiversité portuaire ; Prévenir les risques environnementaux ; Valoriser les abords du port ; Accompagner la gestion environnementale des événements ; Ancrer la culture environnementale dans les comportements et http://www.econav.org/ http://www.voiledeneptune.org/ http://www.ecosailingproject.com/ http://www.ports-paysdelorient.fr/une-demarche-environnementale -exemplaire Téléchargement du guide Econav pour un bateau responsable : http://www.econav.org/IMG/pdf/ guide_pour_un_bateau_responsable_2014.pdf 122 Politiques environnementales dans le monde, de Rio à drastiques, la pêche et la surpêche nuisent au renouvellement des Kyoto stocks halieutiques. Avec une croissance démographique estimée à 10 milliards d’êtres L’avenir de notre espèce sur la planète bleue dépend, de la protec- humains en 2050, les rejets, qu’il s’agisse de ceux émanant de l’agri- tion de notre environnement composé à plus de 70% par les océans. culture, de l’industrie ou des particuliers, risquent d’atteindre des Les naufrages de gros bâtiments tels que les pétroliers représen- niveaux dramatiques. tent seulement 2.5 % des pollutions qui affectent notre environneIl y a donc urgence à agir et les pays « hôtes » de la Volvo Ocean ment maritime mondial. Race ne sont pas en reste pour apporter des solutions d’avenir. Le Certes, les dégazages représentent de 200 000 à 1 500 000 tonnes défi des hommes est aujourd'hui de réussir à limiter le réchauffe- d’hydrocarbures, de détergents, d’huiles variées et de produits chi- ment climatique à l’échelle planétaire. Malheureusement, si certains miques déversés chaque année, mais les deux tiers des pollutions experts tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme, les états ont marines proviennent des continents via la voie atmosphérique, mis très longtemps à réagir. Ce n’est qu’en 1992 lors du Sommet de source des plus nocives contaminations pour les fleuves, les rivières la Terre à Rio de Janeiro ( Brésil) que la question fut vraiment et les estuaires. abordée. C’est ensuite à Kyoto au Japon que les mesures ont été Sur les côtes, qui abritent l’essentiel de la biodiversité marine, les envisagées, la principale mesure décidée étant la diminution de 5% activités humaines portent gravement atteinte aux espèces ter- des émissions à effet de serre au niveau mondial. Aujourd’hui de restres et aquatiques bouleversant irrémédiablement l’équilibre des nombreux pays n’ont toujours pas signé cette convention. écosytèmes. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/sites/odyssee-developpementdurable/ Au large, malgré les règlementations internationales toujours plus 123 Les dates clés de quarante ans de sommets pour l'environnement 1972 : Conférence de Stockholm Pour la première fois, tous les pays se rencontrent pour évoquer l'état de la planète. La Conférence aboutit à la création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et pour le Développement (PNUD). 1987 : Rapport Brundtland Dans un document titré « Notre avenir à tous », la Norvégienne Gro Harlem Brundtland définit le développement durable de la façon suivante « répondre aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » 1992 : Sommet de Rio Les Etats prennent conscience des menaces sur la planète et s'engagent sur le changement climatique (le protocole de Kyoto est signé en 1997), la biodiversité (le protocole de Nagoya aboutit en 2011) et la désertification (qui reste lettre morte). 1993 : Création de l’agence européenne pour l’environnement frappe les esprits en avertissant : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.» 2009 : Conférence de Copenhague Le réchauffement climatique devient l'urgence mondiale. Malgré une intense pression des ONG et de la société civile, les 192 pays ne trouvent pas d'accord pour prolonger les engagements du protocole de Kyoto et y inclure les pays du Sud. 2009 : Grenelle de la mer Le grand livre pour sauver la planète http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-grandes-dates-dela.html http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?id=11433&m=3&cid=96 Énergies, développement durable : sciences et technologie, CE, CM Fournial Nadine, Henry Bernard, Herreman Serge. Hachette Éducation, 2010. 1 livre + 1 cédérom Citoyens de la Terre [en ligne] CNDP, 2007 http://www.cndp.fr/edd/citoyen_terre 2002 : Sommet de Johannesburg Dix ans après Rio, la communauté internationale fait le point sur les engagements pris après Rio. Le Président français Jacques Chirac 124 aux panneaux solaires à concentration thermique et aux éoliennes Environnement : Piste de travail // L’exemple de la ville de MASDAR terrestres et marines. Depuis 2008, une ville 100% verte a vu le jour, à 30 km environ d’Abu Dabi, en plein désert. Cette ville à l’avant-garde des énergies renouvelables, sans voiture, sans déchets et sans émission de CO2 est en cours de construction et devrait accueillir 50 000 habitants à l’horizon 2020. Ce qui surprend lorsque l’on traverse les premières rues de Masdar, La consommation d’eau moyenne d’un émirat est de 550 litres par an et celle-ci devrait être baissée à 150 litres à Masdar grâce à un programme dont l’objectif à long terme est de mettre en place des usines de dessalement à grande échelle et à basse consommation alimentées par des énergies renouvelables dans les Émirats Arabes Unis. Les eaux usées, quant à elles, seront utilisées pour l'irrigation des cultures destinées à l'alimentation et à la production de biocarburants. Masdar qui se veut être la vitrine des savoirs faire des Emirats c’est la fraîcheur qui y règne : 10° de moins que dans une ville Arabes Unis, dans le commerce des énergies renouvelables dont ils « classique » de la région, phénomène obtenu grâce à une orienta- briguent le leadership mondial, pourra accueillir 1 500 entreprises et tion réfléchie des axes de communication, une architecture raison- 90 000 travailleurs en 2020, et sera également le siège d'une univer- née tenant compte des spécificités locales. Les espaces ombragés sité spécialisée dans ce secteur. sont privilégiés avec des dispositifs de ventilation naturelle forcée fréquemment utilisés dans l'architecture traditionnelle des pays Masdar tire son nom de l'arabe : ﻣﺼﺪرma dar, qui signifie « source». arabes comme le moucharabieh et les tours à vent appelées badjir. Tout est mis en place pour limiter la consommation d’électricité produite en masse sur les toits grâce aux panneaux photovoltaïques, 125 (Suite de la page 125) Mais aujourd’hui, si la ville a bien surgi du sable, il lui manque donc les habitants ! Depuis 2008, on ne comptabilise pas plus que quelques centaines d’habitants. Essentiellement les étudiants du Masdar Institute, qui est le pilier technologique de la ville. Cependant pour eux, Masdar n’est qu’une étape, même si beaucoup croient au projet. Pourquoi ? A cause d’une erreur de vision. C’est la preuve qu’on ne peut pas faire surgir une ville de terre simplement parce qu’elle est écologique. Une ville, c’est aussi un tissu économique un tissu social. Et cà personne, même avec le meilleur projet du monde, ne peut en faire abstraction. Du coup, le voisin et concurrent, Dubaï, a regardé cette mésaventure avec beaucoup d’attention et commence à appliquer les mêmes principes écologiques, mais à l’ensemble de son territoire. Une manière, aussi, d’attirer les meilleurs ingénieurs et les étudiants pour préparer l’après-pétrole et d’ores et déjà, limiter la dépendance à l’or noir. http://masdarcity.ae/en/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Masdar Sacha Bollet et Benoît Demarle, (2013) Masdar, une cité verte au pays de l’or noir ; France 5, documentaire diffusé le 15 juillet 2013 http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Les-programmes/ LE-MAG-N-29-2013/articles/p-18477-Masdar-une-cite-verte-aupays-de-l-or-noir.htm Abu Dhabi lance un projet de ville écologique modèle en plein désert. Le Monde le 21.01.2008 : http://www.lemonde.fr/planete/ article/2008/01/21/abu-dhabi-lance-un-projet-de-ville-ecologiquemodele-en-plein-desert_1001779_3244.html http://lesclesdedemain.lemonde.fr/villes/masdar-city-la-ville-verteau-pays-de-l-or-noir_a-13-1141.html 126 LEXIQUE (A/G) - 40e rugissants : terme utilisé pour les latitudes situées entre les 40e et 50eparallèles dans l'hémisphère Sud, appelées ainsi en raison des vents forts qui y règnent. - 50e hurlants : termes utilisé pour les latitudes situées entre les 50e et 60eparallèles dans l'hémisphère Sud, appelées ainsi en raison des vents très forts qui y règnent. C’est notamment la zone dans laquelle se trouve le Cap Horn. - Bio-composite : les matériaux bio-composite sont des matériaux issus de ressources végétales tels que le lin ou le chanvre dont les fibres peuvent remplacer d’autres types de fibre synthétiques (fibre de verre, fibre de carbone). L’utilisation de ce type de matériau favorise le reçyclage. - Cabotage : transport maritime sur de courtes distance et généralement à proximité de la côte (moins de milles). - Accastillage : ensemble des éléments qui permet la manœuvre grâce aux cordages sur le pont (mousquetons, manilles, poulies, etc.). - Amer : élément visuel terrestre, visible depuis la mer, et servant de point de repère pour la navigation (exemple : un clocher, le sommet d’une colline, un château d’eau, une tour, un château, le pignon d’une maison, etc.). Ils sont mentionnés sur les cartes marines. - Au près / Au portant : allures auxquelles navigue un bateau. « Au près », le bateau marche avec le vent de face. « Au portant », il marche avec le vent dans le dos. On parle de « vent de travers » lorsque le vent vient sur le côté du bateau. - Avitaillement : alimentation à bord. - Bathymétrie : il s’agit de la science mesurant la profondeur des océans et le relief des fonds marins. - Course « in port » : course relativement courte ayant lieu à proximité de la côte et bien souvent visible depuis le bord. - Déssalinisateur : appareil permettant de dessaler l’eau de mer et, ainsi, la rendre potable. Cet appareil permet de ne pas embarquer une quantité importante d’eau douce, et donc d’alléger le bateau. - Fibre de carbone : matériau obtenu après traitement du graphite, utilisé dans la construction navale, automobile ou aéronautique, pour ses qualités de légèreté et de solidité notamment. - GPS : (pour « Global Positioning System ») système permettant à n’importe quel endroit du globe de connaître sa position géographique. 127 LEXIQUE (G/V) - Gréement : il s’agit de l’ensemble des équipements permettant l’usage du vent grâce aux voiles (mât, hauban, cordages, etc.). - Growler : morceau de glace dérivant provenant d’un iceberg, et risquant en cas d’impact d’endommager le bateau. - Hydrographie : étude et description des cours d'eau, des mers et des océans, et même des cours d’eau tous-terrains. - Jauge : cadre qui réglemente l’architecture des bateaux. Par exemple, la jauge des bateaux de la Volvo Ocean Race impose aux bateaux d’avoir un certain nombre de voiles de rechange à bord. - Lyophilisé : procédé permettant à un aliment d’être séparé de son eau par congélation. Le procédé permet à un aliment de mieux se conserver dans le temps et de peser moins lourd. - Media-man : homme du bord en charge de la prise de vue (photo et vidéo), à transmettre régulièrement à terre. - Mille (mille marin ou mille nautique) : unité de distance utilisé en mer, équivalent à 1,852 km. A ne pas confondre avec le mile anglais (1,609 km). - OFNI (Objet Flottant Non Identifié) : désigne tout objet ou élément à la surface de l’eau et risquant en cas d’impact d’endommager le bateau (exemples : container, bille de bois, iceberg, growler, bouée dérivante, etc.) Pc course : lieu où travaillent les organisateurs de la course et gèrent les aléas de la course (suivi des bateaux, analyse météo, aides éventuelles, logistiques, etc.) Portulan : ancêtre de la carte marine moderne, indiquant plus précisément les ports et les côtes que les routes maritimes. - Pot au noir : est une bande de quelques centaines de kilomètres tout autour de la Terre, aux alentours de l’Equateur et où les zones de vent faible alternent avec les grains pluvieux et ventés. Ce sont des zones souvent délicates à gérer pour les marins en course. - Quille : contrepoids du bateau, en plomb, et situé sous la coque et lui permettant de ne pas chavirer. - Routage : assistance pour un bateau de course de la part d’un « routeur » à terre, spécialiste de la météo, et qui conseille l’équipage quant aux choix tactiques de la route à prendre pour trouver les meilleurs vents notamment. Il est autorisé pour certaines courses seulement comme la Route du Rhum, mais pas pour la Volvo Ocean Race. - Safran : partie immergée du gouvernail. - VFI : (pour Veste à Flottabilité Intégrée) gilet de sauvetage se gonflant automatiquement en cas de chute à la mer. Il gène moins le marin qu’un gilet de sauvetage classique. - VOC : Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales (Vereenidge Oostindische Compagnie), fondée au début du XVIIe siècle. Portulan : ancêtre de la carte marine moderne, indiquant plus précisément les ports et les côtes que les routes maritimes. 128 Rédactionnels SELLOR—Muséographie Claire SARRAZIN, Maël DANIEL, Stéphane LE COQ , Anne PERRON, , Mari LE GUELLAUT, Christophe GUIGUEN, Claire LE BRIZ, Mathieu GENTILHOMME Coordination : Tiffen BARGAIN Conception & réalisation : Marie-Claude TRESSET Graphisme : Mathilde Desgrè Remerciements aux entreprises de la Base de sous-marins 129