le journaliste : un instructeur civique

Transcription

le journaliste : un instructeur civique
JOURNALISME RADIO EN PÉRIODE ÉLECTORALE
LE JOURNALISTE :
UN INSTRUCTEUR CIVIQUE ?
Pas de traitement citoyen de l’information et de l’actualité sans le renforcement de certaines
connaissances de base de ces mêmes citoyens.
Ainsi, l’éducation civique par la radio est
essentielle dans un contexte où une partie
importante de la population n’a pas été
scolarisée et où aucune autre institution – hormis
le corps enseignant – n’en est vraiment chargée.
Connaissance des institutions démocratiques,
de la Constitution et des principales lois, des
mécanismes d’exercice et de contrôle des
différents pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire),
contre-pouvoirs, rôle des élus, des partis
politiques et de la société civile, droits humains,
droits des minorités, etc.
À l’approche d’une élection, le rôle du journaliste
est non seulement d’informer sur le quotidien
et les soubresauts de la vie politique avec ses
leaders et leurs rapports de force, mais aussi de
transmettre et de vulgariser ces connaissances
au regard des grands principes démocratiques
souvent négligés dans le débat public. Il est
aussi de permettre aux citoyens de comparer
les différentes offres politiques soumises au
vote, d’en débattre et de les inciter à interpeller
(comme doivent le faire les journalistes euxmêmes) les responsables et candidats sur leur
bilan et leurs promesses de campagne. Qu’ils
soient seuls ou accompagnés par des experts
et/ou des militants associatifs ou d’organisations
de la société civile.
Bien sûr, pendant cette période – et parmi
d’autres nécessités de la vie et du débat
démocratique – le journaliste se doit d’informer
l’auditeur sur le processus électoral et sur les
conditions pratiques d’exercice du droit de
vote et d’organisation du scrutin.
QUELS OBJECTIFS SE DONNER ?
> Améliorer le niveau des connaissances
civiques, en évitant de transformer certaines
émissions en cours académiques et
fastidieux.
> Faciliter la prise de conscience des enjeux de
la vie démocratique locale, sans jamais oublier
le contexte historique, national, international
et les contraintes géopolitiques.
> Se réserver le droit de questionner/vérifier
la crédibilité du processus électoral au regard
du contexte politique du pays.
> Participer à l’installation d’un climat apaisé
pendant la campagne et après le scrutin, sans
négliger la confrontation des orientations,
des équipes et des points de vue.
> Informer précisément l’auditeur sur les
conditions légales et pratiques d’exercice de son
droit de vote, en étant bien conscient que ce
n’est pas l’essentiel de la vie démocratique
et qu’il s’agit même souvent de sa partie la
moins excitante.
> Rester
proche
des
préoccupations
quotidiennes du citoyen, sans oublier qu’à
travers les élections celui-ci délègue aussi le
pouvoir de faire la guerre et de construire le
monde de demain.
À TRAVERS QUEL TRAITEMENT ET QUELLES
ÉMISSIONS ?
> Créer au quotidien « un journal des
élections » où sont traitées aussi bien les
dernières déclarations des politiques que des
informations pratiques sur l’organisation du
scrutin.
> Multiplier les occasions données aux
citoyens d’exprimer leurs besoins et leurs
attentes (reportages, forums d’auditeurs,
micros-trottoirs) dans tous les domaines de
la vie sociale et politique (locale ou nationale,
selon la qualité du prochain scrutin).
> Réaliser des émissions (débats ou tables
rondes) où les auditeurs pourront comparer
les orientations ou les programmes précis des
différents candidats.
> Organiser des débats de journalistes
ou d’experts sur des sujets « transversaux »
(Par exemple : « élections 2015, mais où sont
les femmes ? », « quels sont les leaders qui
montent ? », « pourquoi personne ne parle de la
question énergétique et du développement ? »,
« faut-il avoir peur de la biométrie ? », etc.)
> Proposer des émissions interactives où les
auditeurs peuvent offrir des témoignages
et obtenir des réponses sur des questions
citoyennes auprès d’experts ou d’acteurs
engagés de la société civile. Quelques exemples
de sujets : « handicapés, malades, détenus,
professionnels mobilisés… pourront-ils voter ? »,
« comment est constitué un bureau de vote ? »,
« quelles sont les priorités de réforme pour les
jeunes électeurs ? », etc.
Lors des élections de 2015 au Burkina
Faso, dans le cadre du projet FasoMédias,
CFI a aidé à produire une cinquantaine
de microprogrammes de 2 à 3 minutes1.
Tous conçus de manière identique :
une question simple (« À quoi sert un
député ? ») illustrée par un micro-trottoir
puis la réponse synthétique mais experte
d’un spécialiste. Faciles à programmer sur
l’antenne, ils ont été diffusés plusieurs fois
chacun pendant la précampagne puis à
l’approche du scrutin du 11 octobre. Rien
n’empêche leur rediffusion plus tard.
1
Vouloir donner aux auditeurs-citoyens
davantage de clefs pour comprendre
les vertus, maitriser les règles et les
imperfections du jeu démocratique…
Cette volonté louable restera vaine si l’on
oublie par ailleurs de traduire l’essentiel
en langues nationales – et donc de
s’adresser à toutes les populations – ou
d’évoquer et de reconnaître à leur juste
place les réalités et la pérennité des
pouvoirs traditionnels dans les sociétés
africaines.
La liste des microprogrammes réalisés dans le cadre du projet FasoMédias se trouve sur le site internet de CFI (http://www.cfi.fr/fr/projet/faso-medias).
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