CANYONS EN SIERRA DE GUARA POUR NOS JEUNES DU

Transcription

CANYONS EN SIERRA DE GUARA POUR NOS JEUNES DU
POUR NOS JEUNES DU GROUPE FAMILIAL
Des Juniors qui grandissent à vue
d’œil : allons-nous devoir changer
d’appellation pour ces chers petits
devenus bien grands ? Probablement.
Il n’empêche qu’ils ont été géniaux
et ont bien « assuré » durant cette
semaine de canyonisme dans les
Pyrénées espagnoles (les parents et
encadrants aussi …) soit onze
participants.
Le rendez-vous était fixé pour le
dimanche 14 juillet au camping du
Mascũn à RODELLAR.
La famille Brisset, arrivée dans la
matinée,
avait
gardé
scrupuleusement les emplacements
pour les 6 tentes car les places
mitoyennes étaient rares malgré
une réservation adressée par
courriel (e-mail) 1 ½ mois plus tôt.
Lundi matin, avant le départ pour
les Oscuros et Estrechos du
BALCES, programme pour la
semaine et briefing avec revue de
détail du matos perso. Mise en
condition avec 1h ¼ de marche
d’approche sans un brin d’ombre
mais la vue et le vol des vautours
ravissent le groupe. Les jeunes
piaffent d’impatience, ils ne seront
pas déçus : Le rio s’éparpille dans
l’immense chaos. Ici, il se faufile
sous des blocs, là saute dans un
grand trou éclaboussé de lumière et
s’évanouit
sous
une
voûte
(mouillante bien sûr) ou bien fuit
sous un dédale de rochers ocre pâle.
L’eau est fraîche, juste ce qu’il
faut, vert d’eau à peine plus clair
qu’une émeraude, transparente et
sauvage. Les cris de joie fusent tout
en cherchant le meilleur passage ou
le plus insolite.
Nous arrivons aux Oscuros, le rio
s’étrangle dans une profonde et
longue faille. Avec les bras écartés,
nous touchons les deux parois. Du
ciel n’apparaît plus qu’un mince
filet bleu 150 à 200 m au dessus de
nos têtes. La nage sur le dos
s’impose. Au gré de notre
progression couchée, se dessinent
sur le roc des volutes de couleurs
nées du jeu des lumières entre le
ciel et l’eau.
Au bout de 3 h ½ nous voici à la fin
de la partie prévue (pas celle du
canyon). Un petit goûter va
permettre de reprendre un peu de
force car 1 h de remontée est
nécessaire pour retrouver les
véhicules.
La mise en bouche aura bien plu.
Demain une longue journée nous
attend au cœur du rio VERO grand
canyon
ouvert,
esthétique,
ensoleillé, sans difficulté majeure si
ce n’est l’endurance.
Il a aussi le privilège d’avoir 5
affluents (des « barrancos ») ,
hélas, quasiment toujours secs ! Le
VERO, n’en
demeure pas
moins
grandiose par
sa démesure
et
sa
débauche de
lumière,
de
couleurs au
gré
des
méandres,
chaos,
vasques
et
biefs,
sans
oublier
sa
brève disparition souterraine.
L’unique navette bus (4 ∈ ) part à 9
h 30 du parking supérieur du
village
d’ALQUEZAR.
Nous
sommes à l’heure au RdV … mais
il y a plus de passagers que de
places. Exceptionnellement, elle
fera un second voyage … 1h ¼ plus
tard ...
Enfin le Rio VERO, le départ
s’effectue près d’un vieux moulin.
Tout près du petit barrage, nous
rencontrons
deux
barrancos :
Basender en rive droite et La
Portiacha en rive gauche alors que
nous parcourons les larges gorges
de Lecina, aux parois vertigineuses
percées de centaines de trous ou de
grottes. D’ailleurs quelques-unes
conservent
jalousement
des
fresques rupestres préhistoriques.
Le canyon de La Choca s’y
« jette « ... Tiens, nous pénétrons
dans les « Oscuros « , un passage
quasi-souterrain qui emprunte une
galerie en as de pique, superbe.
Unanimement, le groupe décide de
pique-niquer à la sortie : le soleil
est toujours là, la plage est
confortable et nous avons faim !
Succède le défilé de Las Clusas
avec ses falaises élancées et ses
chaos, véritable labyrinthe minéral
où la recherche du meilleur
cheminement devient un jeu
d’adresse ou parfois un casse tête.
Nous voici où jonctionne le
barranco de Chimiachas. Nous
évoluons à présent dans La
Cocineta et La Grand Visera.
(C’est long hein …) D’ailleurs la
progression est plus pénible : de
gros blocs de pierre encombrent le
lit du rio. Enfin une succession de
biefs annoncent l’intersection avec
un autre barranco celui de Los
Lumos, nous voilà dans les gorges
de Villacantal caractérisées par son
grand surplomb mais également par
le pont médiéval qui nous ramènera
vers ALQUEZAR ; à l’issue de 8 h
passées dans le canyon plus ¾ h de
marche.
Quelle belle descente, mais que de
fatigue.
Au programme de mercredi, le
FORMIGA, un petit canyon ludique
et technique afin de récupérer un
peu de force. Pas de réveil, un petit
déj. pris tranquillement, des kits
préparés presque amoureusement
(légers), ça ce sont des vacances !
Bon revenons sur terre, 1 h de
marche d’approche en plein soleil,
le chemin qui longe les vergers
s’élève rapidement et laisse
apparaître le « canyonito ». En
effet, FORMIGA a la particularité
de présenter un échantillon de tout
ce qui se trouve dans les grands
canyons de la SIERRA DE
GUARA à échelle réduite : départ
aérien, sauts, rappels, biefs, petites
vasques, méandres étroits, blocs
coincés, passage en apnée, mini
toboggan.
Après avoir suivi le ravin, nous
arrivons à l’immense abri sous
roche de la cueva de las Polvorosas
d’où nous entendons et apercevons
les canyonistes qui le parcourent.
Maintenant, ce n’est plus qu’une
sente câblée telle une via ferrata
horizontale. Au bout, un rappel est
posé afin d’atteindre le fond du
ravin. Que le jeu commence, avec
prudence toujours.
Après 3 h ½ passées à sauter,
ressauter, glisser dans les mini
toboggans, nager, faire des photos
et rire, nous sortons en chantant, un
quart d’heure de marche nous
sépare des véhicules.
Déjà jeudi, journée détente et/ou
tourisme votée collectivement ! Il
est crucial de prendre des forces
pour vendredi, le MASCŨN étant
programmé ! Les uns iront à la
sortie de BARAZIL à El Puente se
baigner. Les autres iront visiter
ALQUEZAR
(« El
Qsar »
traduction de l’arabe « le village de
César »). De retour au camping,
nous préparons les kits avec combi,
pique-nique, goûters, matériel,
cordes sans oublier la pharmacie et
casque.
Vendredi 6 h 15 réveil général,
suivi de la douche et du petit déj.
Départ 1 h plus tard.
7 h 30, nous laissons le village
ensommeillé de RODELLAR,
prenant une voie pavée ou taillée à
même le roc qui conduit jusqu’au
bord de la falaise et descend en
longs lacets jusqu’au lit du
MASCŨN . Rapidement nous
arrivons à une résurgence pérenne
El Fuente (qui s’explore en spéléo).
De là, en se retournant, surgit
l’immense silhouette bleue d’un
dauphin bondissant hors de l’arche
rocheuse. On laisse sur la gauche
une sente très raide qui mène à
Gorgas Négras. Face à nous, se
présente respectivement un étrange
monolithe baptisé La Cuca Bellosta
puis
l’impressionnante
« Citadelle » ou Ciudadela. Nous
sommes abasourdis par la majesté
du monumental site. L’antique
sentier tortueux de la Costera d’
OTIN s’élève brutalement pour
mener vers le plateau supérieur,
soit un dénivelé de 350 m. Il est 8 h
30, nous marchons encore à
l’ombre des grandes flèches
élancées qui égrainent le parcours.
Plus nous prenons de l’altitude plus
le panorama s’étale. Il est bien trop
tôt pour contempler le vol des
vautours, dommage. Du plateau
s’offre une vue plongeante sur le
mythique canyon. A 9 h 15, nous
faisons une courte halte à l’ombre
d’une chênaie afin de boire et
grignoter une barre de céréales.
Nous évitons le « village » d’OTIN
(un seul et unique habitant : le
tenancier du bar-auberge !) pour
récupérer une piste.
Nous dépassons une peupleraie
(départ du barranco de Raisin) et
filons encore 1 h pour arriver enfin
au Saltador de la Lañas (grande
cascade de 30 m) annonçant le
début du canyon MASCŨN
Supérieur. Il est 11 h 40.
Surprise, le Saltador ne coule pas,
les sauts (8m + 2m) seront évités :
l’eau des premières vasques est peu
engageante.
Néanmoins
nous
enfilons nos néoprènes tandis que
Pierre équipe, Christine surveille et
Huguette passe en révision chaque
équipier. Vous dites « femmes et
enfants d’abord », bon … Christine
« ouvre » et constate que la corde
arrive juste, juste ! Huguette
descend en second au relais
intermédiaire. Cécile, Thibaut ce
n’était qu’une formalité pour ces
« vieux canyonistes » de 9 et 15
ans,
Nicole
comme
Phil
appréhendent le gaz. Elodie,
Nicolas,
Mireille
arrivent
tranquillement, Michel teste la
solidité de la corde et Pierre
« boucle ».
Au pied de cette chute et au cœur
de cet imposant cirque, nous,
lilliputiens
contemplatifs
de
l’œuvre combinée d’Eole et de
l’eau, progressons vivement et sans
difficulté.
Le cirque se referme peu à peu tel
un entonnoir pour aborder la
succession de cascades de Peña
Guara. Hélas, la sécheresse a sévi,
le rio ne bondit plus d’une vasque à
l’autre. Le bruissement mélodieux
qui nous accompagnait jusque là
s’est presque tu. Un filet d’un jade
intense
s’épanche
vers
les
profondes marmites de géant où
nous devons nager sans boire la
tasse. Le canyon s’ouvre de
nouveau avec un enchaînement de
ressauts
à
désescalader
ou
descendre en rappel. La corniche de
Raisin apparaît avec bientôt son
barranco entre deux biefs (quasi
asséchés) de Camp Juan. Nous
arrivons à la traversée de la grotte
et sortons les frontales. C’est un
grand volume dont le plafond se
perd dans la pénombre. L’eau
chante, l’écho l’amplifie et le
piaillement des enfants ôte toute
sérénité au lieu. Pour sortir de là un
grand saut obligatoire dans un
bassin auréolé de scintillements.
Le rocher semble danser au gré des
caresses de lumières et du miroir de
l’onde translucide, il s’anime,
s’habille de tons chauds, allant du
blanc-jaune
paille
à
l’ocre
rougeoyant et ce sont mille ronds
dans l’eau qui naissent à notre
passage et s’épanouissent à l’infini
puis viennent s’écraser sur les
parois étroites du canyon. Nous
replongeons dans une série d’
« Oscuros »,
pour
enchaîner
ressauts, biefs, parfois asséchés, et
cascatelles dans un défilé tortueux,
extravagant où le rio a fait preuve
d’une imagination délicieusement
débridée. Le soleil semble jouer à
cache-cache avec le minéral, ici
une lumière éblouissante fuse par
une faille vertigineuse. Là un bloc
colossal tient en suspension audessus d’un méandre profond,
projetant une ombre diffuse,
désordonnée. J’adore ce site
magique. Au fait, et si on
s’intéressait au casse-croûte ? 15 h
30, c’est l’heure espagnole
normale, mais pas dans l’estomac
des hexagonaux que nous sommes !
Le court d’eau se fait plus paisible,
les gorges s’ouvrent. Un porche
évasé offre son ombre au pied
d’une vasque, néanmoins par
prudence les casques restent vissés
sur les crânes. Nous déjeunonsgoûtons (vu qu’il est presque 4 h).
Ayant repris notre progression,
nous approchons de Puntarro, sorte
de portail géant naturel, signifiant
la fin du MASCUN Supérieur.
Nous pouvons ôter nos combi
néoprènes, la partie qui suit n’est
plus qu’une randonnée sportive
jusqu’à RODELLAR.
Il est près de 18 h, nous enchaînons
par le MASCUN Inférieur, encore 2
h ½ à 3 h de marche pour arriver au
camping. Nous nous frayons un
passage dans le chaos de l’Onso,
sans pouvoir éviter deux derniers
rappels. La sortie est marquée par
l’arrivée du Barranco d’Otin et la
source permanente del Onso.
Ensuite, nous suivons le fil
imaginaire de l’eau et admirons les
différentes aiguilles : la Columnata
(la colonnade), el Zapato (le
soulier), el Bolo (la quille) et autres
de Cagatès avec le plané de rares
vautours paresseux. Tiens revoici
Cuca Bellosta, le dauphin et la
fontaine qui alimente à nouveau le
lit du ruisseau. La peupleraie est en
vue, la sente pavée abrupte au flanc
de la paroi aussi. Nous gravissons
d’un pas lent et régulier les derniers
raidillons qui nous séparent de
RODELLAR tout en profitant du
coucher de soleil au-dessus du
canyon. Il est presque 21 h, nous
posons une ultime fois nos kits
alourdis par les combis trempées
afin de les vider et mettre à sécher
le matériel, avant de se doucher, se
restaurer et dor-mir !
Samedi, repos et baignade près de
l’antique
pont
romain
du
BARAZIL, tandis que d’autres
s’activent doucement au pliage des
tentes : lundi boulot.
Huguette REMY
Août 2002

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