Thank you for smoking - La Révolution en Charentaises

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Thank you for smoking - La Révolution en Charentaises
Thank you for smoking
Extrait du La Révolution en Charentaises
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Thank you for smoking
- Le coin des avant-gardes - Documents à ne pas taire -
Date de mise en ligne : vendredi 6 octobre 2006
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Thank you for smoking
Voilà un dimanche après-midi pas comme les autres ; le temps de le dire, je me rends - en
transports en commun - au ciné le plus proche de chez moi et je pose une fesse dans l'un de
ces larges fauteuils rembourrés qu'on aimerait voir plus souvent dans les avions ; quelques
bandes-annonces, un peu de lecture et le film commence...
Ah oui... J'ai oublié de vous dire que si j'ai eu le courage de vaincre l'envie de fumer pendant 1 heure 30, c'est pour «
Thank you for smoking » de Jason Reitman.
Voilà donc un film drôle, frais, pimpant, pas moraliste du tout, ce que l'on aurait pu craindre d'un film américain sur la
cigarette. Nick Nailor - le héros - est chargé de la défense de Big Tobacco, une entreprise de production et de
distribution de tabac aux Etats-Unis. Nick est le Roi du bagou, et il vole pendant tout le film d'interview en show
télévisés, de visites d'écoles en congrès anti-tabacs, parvenant toujours à contrer voire ridiculiser ses adversaires,
fervents détracteurs de la liberté d'absorber cette drogue. Reste le titre du film « Merci de fumer », qui rappelle que
l'humour des dialogues est aussi noir que les poumons de Marlboro Man : finalement, on y trouverait presque des
raisons militantes d'arrêter de fumer [1].
Car c'est bien le sel de ce film ; on rit souvent à gorge déployée (quand on peut) mais on finit toujours par ravaler
son rire ; ce gentil héros (Aaron Eckhart), dont les meilleurs amis, et pour tout dire les seuls, sont ses homologues de
l'industrie de l'alcool et de la vente d'armes, aime son métier. C'est le seul qu'il sache faire d'ailleurs, et tout comme
l'avocat se doit de défendre même les pires criminels, lui s'est fixé pour but de redorer le blason de cette industrie,
quitte à la faire passer pour une organisation caritative s'il le faut ! Mais il est difficile d'exercer un tel métier et de ne
pas le voir influer sur sa propre vie : Nick passera le temps du film à nous convaincre, sinon de la justesse de ses
arguments, tout du moins de l'illusion des notres...
Et « Thank you for smoking » de nous laisser un goût amer dans la bouche, pas celui de la cigarette, plutôt celui de
la trouille, de celle qu'on ressent devant les méfaits du marketing fou qui ne se gêne pas pour graisser la patte des
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cinéastes hollywoodiens afin que les acteurs se remettent à fumer sur les tournages [2] ; devant le petit jeu des trois
compères aussi, qui comparent leurs nombres de morts respectifs autour d'un bon repas... Mais, malgré les
innombrables raisons qui nous feraient arrêter de fumer, malgré les centaines de produits tous plus terribles les uns
que les autres que contient dans la cigarette, malgré les regards réprobateurs des non-fumeurs envers les fumeurs,
fumer reste un plaisir pour ceux qui le pratiquent, et comme tous les plaisirs, il faut bien, un jour, en payer le prix...
Car avant même la cigarette, Nick défend la liberté de fumer. Cette liberté si chère aux Américains...
Voilà, j'ai trouvé : ce goût amer, c'est celui cette liberté qu'on essaie de nous retirer ; mais c'est une autre histoire... [3
]
[1] Ou alors, il faudrait cultiver son propre tabac, mais comme de juste, c'est interdit...
[2] C'est un fait avéré : si vous allumez une tige au beau milieu d'un groupe de non-fumeurs, vous passez pour un con ; si c'est Brad Pitt qui le fait,
ce sont les non-fumeurs qui passent pour des cons.
[3] Qui fera sans doute bientôt l'objet d'un article.
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