Etat sanitaire de l`anguille européenne Anguilla anguilla dans le
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ETAT SANITAIRE DE L’ANGUILLE EUROPEENNE ANGUILLA ANGUILLA DANS LE BASSIN RHÔNE MEDITERRANEE ET CORSE : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE Amilhat E. (2007) Etat sanitaire de l’anguille européenne Anguilla anguilla dans le bassin Rhône Méditerranée et Corse : synthèse bibliographique. Rapport Pôle lagunes et Cépralmar. CBETM, Université de Perpignan. 88p. RESUMÉ La population d’anguilles européennes est en net déclin depuis les années 1980. Les raisons sont multiples et complexes : une dégradation de leurs habitats (obstacles à leurs migrations anadrome et catadrome, pollutions, aménagements des rivières), la surpêche, les pathogènes (dont le parasite invasif Anguillicola crassus, le virus EVEX…), le changement climatique (modification du courant du Gulf Stream). Face à la situation critique, la Commission Européenne a mis en place un règlement qui oblige chaque état membre à proposer, pour chaque bassin versant avant fin 2008, un plan de gestion visant à la reconstitution des stocks. Sur le bassin Rhône Méditerranée et Corse (RMC), certaines informations basiques manquent encore pour produire un plan de gestion efficace. Aux vues des dernières études, la qualité des géniteurs semble particulièrement importante, indépendamment de la quantité. Elle détermine en effet le recrutement effectif de l’année suivante. Faire le point sur l’état sanitaire (pathogènes et micropolluants) des anguilles est une étape préliminaire obligatoire avant toute mise en place d’un relais épidémiologique sur la région. 51 documents ont été répertoriés sur le bassin RMC. Les sites concernés représentent moins d’un quart des lagunes et cours d’eau présents. Les études sont fragmentées, avec un manque d’homogénéité des prélèvements (temps, nombre d’individus, taille, site), rendant la comparaison intra et inter site difficile. Il existe que très peu de suivis à long terme qui nous permettrait de conclure sur une éventuelle amélioration ou dégradation de la situation. Le seul suivi inventorié est celui réalisé sur la lagune de Vaccarès et le canal de Fumemorte pour Anguillicola crassus. Cette étude montre une stabilisation de l’infestation avec environ 60 à 70% des individus infestés. Le bassin est largement touché par Anguillicola crassus qui pourrait être responsable d’une mortalité importante de la population, réduisant son succès reproducteur. Deux autres pathogènes Pseudodactyloryrus sp. et le virus EVEX semblent jouer un rôle important. Cependant, les études les concernant sont rares. Les principaux groupes de micropolluants (inorganiques : métaux lourds et organiques : PCB, HAP, pesticides, dioxines, retardateurs de flamme bromés) semblent omniprésents sur le bassin pour les sites étudiés. Il ne semble pas y avoir de solutions à court terme. Il semble donc urgent de mettre en place des indicateurs permettant le suivi de l’état sanitaire des géniteurs à long terme. Les recommandations et la mise en place d’actions prioritaires sont discutées dans le rapport. Mots clefs : Anguilla anguilla, état sanitaire, pathogènes, Anguillicola crassus, Pseudodactylogyrus sp., EVEX, micropolluants, PCB, HAP, dioxines, pesticides, retardateurs de flamme bromés, métaux lourd. REMERCIEMENTS Je tiens à remercier vivement tous ceux qui, par leur collaboration technique ou financière, ont contribué à la réalisation de cette étude. Les partenaires financiers : la Fondation Sansouire et le Cépralmar. Nicolas Auphan, Christophe Barla, Olivier Baudier, Guillaume Blanc, Dominique Blanchard, Olivier Bonnefous, Fabienne Botté, Jacques Bruslé, Alain Crivelli, Jacqueline Crivelli, J. Dubost, Nicolas Dupré, Pierre Elie, Henri Farrugio, Géraldine Fazio, Adeline Fourrier, Patrick Girard, Benjamin Hérodet, Edouard Jobet, Thierry Laugier, Phillipe Lenfant, Gwenaëlle Leviol, Corinne Libert, Adam Marques, Anne Modat, David Mouillot, Romain Passeron, Vincent Peyronnet, J.P Proteau, Claude Putavy, Sylvain Richard, Tony Robinet, Hélène Roche, Valérie-Claude Sourribes, Nathalie Tapie, Sonia Ternengo pour leur collaboration dans la recherche de documents et/ou leur aide technique. Pierre Sasal, Raymonde Lecomte, Patrick Girard et Alain Crivelli pour leurs commentaires et revue du manuscrit. Contact : Elsa Amilhat UMR 5244 CNRS-EPHE-UPVD Centre de Biologie et Ecologie tropicale et méditerranéenne Parasitologie Fonctionnelle et Evolutive CBETM, Université. 52 Av. Paul Alduy 66860 Perpignan Cedex, France Tel (33) (0)4 68 66 21 83 Fax (33) (0)4 68 66 22 81 Email : [email protected] Sommaire 1. Contexte et nécessité de l’étude 2. Objectifs de l’étude 3. Matériels et Méthodes 3.1 Inventaire des documents 3.2 Création d’un tableur Excel 3.3 Bases de références bibliographiques 3.4 Indices épidémiologiques 3.5 Concentrations des polluants 3.6 Utilisation de l’outil SIG 4. Vision d’ensemble des données disponibles 5. Les pathogènes d’Anguilla anguilla 5.1 Généralités 5.2 Anguillicola crassus 5.2.1. Caractéristiques de A. crassus 5.2.2. Effet pathogènes, mortalités et implications 5.2.3. Facteurs influençant les paramètres épidémiologiques 5.2.4 Elimination, immunisation, autorégulation du parasite 5.2.5 Distribution dans le bassin RMC 5.3 Autres parasites 5.3.1 Généralités 5.3.2 Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC 5.3.3. Ichtyophthirius multifiliis dans le bassin RMC 5.3.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite 5.4 Viroses 5.4.1 Généralités 5.4.2 Effets pathogènes du virus EVEX 5.4.3. Virus détectés dans le bassin RMC 5.5 Conclusions et recommandations 6. Les contaminants chimiques 6.1 Généralités 6.2 Normes toxicologiques de référence / cadre législatif 6.3 Impacts des micropolluants sur les anguilles 6.4 Facteurs influençant les teneurs en xénobiotiques 6.5 Les contaminants observés chez les anguilles dans le bassin RMC 6.6 Conclusions et recommandations 7. Les effets synergiques pathogènes – polluants 8. Résumé des recommandations existantes au niveau sanitaire 9. Conclusions générales, recommandations et actions prioritaires BIBLIOGRAPHIE ANNEXES 1 4 5 5 5 9 9 9 9 10 18 18 22 22 23 25 26 27 34 34 35 38 38 38 38 39 39 40 43 43 45 47 49 51 56 58 59 61 66 75 1. Contexte et nécessité de l’étude L’anguille européenne Anguilla anguilla est une espèce euryhaline présente du Sud du Maroc, au Nord de l’Islande, de l’Ouest des Açores jusqu’à la Mer Noire, au-delà de la Méditerranée à l’Est (Figure 1). Son originalité, mais aussi son point faible, réside dans le fait qu’elle ne se reproduit qu’une seule fois dans sa vie (après 3 à 15 ans passés en milieu continental). La Mer des Sargasses est son unique aire de ponte (dans l’ Océan Atlantique Nord). Depuis les années 80, un déclin général des stocks d’anguilles européennes Anguilla anguilla et de leur recrutement est observé sur l’ensemble de son aire de répartition (ICES, 2006). Un ensemble de facteurs défavorables, tant naturels que d’origine anthropique, contribue à sa menace : changement climatique (modification du courant océanique nord Atlantique responsable du changement de route migratoire des leptocéphales), agents pathogènes (invasion du parasite Anguillicola crassus, EVEX…), dégradation de leurs habitats (pollutions domestiques et industrielles, aménagement des cours d’eau) et surpêche. Figure 1 : Distribution géographique et aire de reproduction de l’anguille européenne. D’après Migado (2005). La situation semble critique : le stock de civelles aurait diminué de 95% au cours de ces vingt dernières années, et celui des anguilles de 50% (Parlement Européen, 2006). Des tendances similaires sont observées pour l’anguille américaine (Anguilla rostrata) et asiatique (Anguilla japonica) (Stone, 2003). L’Union Européenne, alertée par le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) et de la FAO (Food and Agriculture Organisation), associés sous la forme du groupe de travail WGEEL (Working Group on Eel), demande alors aux états membres de prendre des mesures pour la restauration de la population. L’espèce est considérée pour la première fois en dehors de ces limites biologiques de sécurité en 1998 par le CIEM et la FAO. Consciente de la nécessité d’un effort commun de tous les états membres, la Direction Pêche de la Communauté Européenne demande la préparation de plans de gestion pour chaque bassin versant afin de reconstituer le stock d’anguilles européennes. En France, la Direction des Pêches Maritimes du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche et la Direction de l’Eau du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable ont fait appel au Grisam (Groupement d’Intérêt Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 1 Scientifique sur les Poissons Migrateurs Amphihalins) pour sa lecture du projet de règlement européen et pour sa contribution éventuelle à la définition des plans de gestion qui y sont évoqués. Un rapport très complet a été délivré en Juin 2006 (GRISAM, 2006). Il propose la mise en place d’indicateurs de population afin de pouvoir mesurer l’efficacité des mesures prises. Le projet de réglementation européen a été récemment repris par la présidence Allemande et de nouvelles échéances se présentent : le 1er Janvier 2008 l’effort de pêche devra être réduit de 50% par tous les états membres. Seuls seront exemptés les pays membres qui auront fourni des plans de gestion pour la reconstitution du stock. Ce texte est toujours en révision et les discussions continuent entre le Grisam, les ministères français impliqués et l’Europe. Le Grisam travaille sur un plan de gestion intégré durable, consistant à augmenter l’échappement des géniteurs en quantité et en qualité. Pour cela, le Grisam se base sur les différents groupes de réflexions et d’études scientifiques menées au niveau national et international. La pêche à l’anguille représente une activité socio-économique importante en Europe (elle fait vivre environ 25 000 pêcheurs (Stone, 2003)). Sa valeur commerciale a été estimée à environ 180 millions d’euros/an (Feunteun et al., 2000a). En France, on observe une spécificité différente pour les façades Atlantique et Méditerranée. Alors que la capture de civelles dans les estuaires représente l’activité économique principale de la pêche à l’anguille sur la côte Atlantique. La pêche à la civelle est interdite en Méditerranée et la pêche de l’anguille jaune et argentée dans les lagunes représente l’activité économique principale. La pêche à l’anguille en Méditerranée est une activité ancestrale, économiquement importante qui fait vivre environ 600 pêcheurs (COGEPOMI, 2006). Le Cépralmar et les Affaires Maritimes estiment cette pêche à environ 1000 tonnes/an dans les étangs du bassin Rhône Méditerranée et Corse (RMC). La proportion d’anguilles pêchées (années 82-85) par secteur a été estimée à 18% dans le secteur Aude, 11% pour le secteur Thau, 11% sur le secteur Palavas, 14% sur le secteur Camargue, 41% sur le secteur de Berre et 5% sur le secteur Corse (Basilien, 1996). Cependant, ces données restent approximatives et insuffisantes pour être de bons indicateurs de l’évolution des stocks. L’anguille est la principale espèce exploitée par la pêche artisanale dans les lagunes méditerranéennes (Lecomte-Finiger & Bruslé, 1984). Elle est présente sur tout le bassin RMC avec des densités qui diminuent en s’éloignant de la mer (Chancerel, 1994). Des efforts non négligeables ont été menés depuis les années 90 dans des programmes de gestion et restauration des eaux intérieures, principalement dans la restauration du recrutement naturel ou du repeuplement (civelles du sud de l’Europe pour repeupler le Nord) (Feunteun, 2002; Robinet & Feunteun, 2002). Cependant, aucune amélioration significative du recrutement n’a été observée, ni en Europe ni en Amérique du nord. Il est suggéré que la qualité des géniteurs est certainement un facteur clef qu’il est nécessaire de prendre en compte. Malgré les recommandations scientifiques (CIEM, GRISAM), la réglementation européenne ne prend pas explicitement en compte la qualité des géniteurs. Or il est évident aujourd’hui qu’elle représente une part primordiale dans la quantification des géniteurs qui atteindront avec succès la mer des Sargasses pour se reproduire. On observe aussi un manque de prise en compte de la qualité des géniteurs dans les modèles actuels de dynamique de la population de l’anguille (voir projet SLIME (Dekker et al., 2006)). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 2 Dû à sa longue phase de séjour dans les eaux continentales et/ou saumâtres, environ 8 à 12 ans (en fonction du sexe), son caractère prédateur benthique, sa forte teneur en graisse (facilité de bioaccumulation des polluants lipophiles) et sa maturation sexuelle particulièrement tardive (redistribution des lipides pour la maturation des gonades), l’anguille est particulièrement sensible aux effets des polluants et parasites (Bruslé, 1994). Les récentes recommandations du CIEM concernent l’identification et l’augmentation de stock de reproducteurs de bonne qualité (ICES, 2006). Malgré cela, les études concernant l’estimation de la qualité des géniteurs restent peu nombreuses. La diminution du nombre d’individus capables d’effectuer la maturation sexuelle et la migration transatlantique pourrait être le facteur primordial pour la survie de cette espèce. Le caractère panmictique (provenant d’un seul stock) de cette espèce en fait une ressource fragile qui dépend de la contribution de tous les bassins versants de son aire de répartition pour sa survie. La façade Atlantique s’est dotée de plusieurs organismes/projets agissant activement pour la gestion de l’anguille. Le tableau de bord Loire (http://www.anguille-loire.com), créé en 2001, centralise les informations et les outils disponibles pour la gestion de l’anguille sur le bassin versant de la Loire. Des indicateurs de recrutement, colonisation et dévalaison sont disponibles et un document devrait bientôt faire son apparition contenant les propositions pragmatiques pour la Loire. D’autre part, le projet Européen Interreg-III INDICANG, lui aussi sur la façade Atlantique, a permis le développement d’indicateurs de population basés sur 4 boîtes thématiques : 3 pour chacun des stades biologiques de l’anguille : civelle, anguille jaune, anguille argentée et 1 boîte transversale : environnement. Ce projet est sur le point d’être reconduit. A contrario, sur la façade Méditerranéenne, il n’existe pour le moment aucune structure de ce type permettant de développer des indicateurs spécifiques de la situation en Méditerranée (pêche majoritairement dans les lagunes, pêche à la civelle interdite et faible marée). Un début d’action a été initié par le groupe anguille du Comité de gestion des poissons migrateurs (COGEPOMI) Méditerranée, qui s’est réuni pour la première fois en janvier 2006 suite à l’expression d’inquiétudes très fortes concernant le projet de règlement européen. Un projet de gestion de l’anguille sur les lagunes méditerranéennes 2006-2008 a été rédigé en octobre 2006 (COGEPOMI, 2006), avec comme programme d’actions : (1) la mise en place d’un outils de suivi et de pilotage du plan de gestion des migrateurs (type tableau de bord) et (2) améliorer la connaissance, le diagnostic sur l’état de la population et le taux d’échappement. L’évaluation de la qualité de la ressource apparaît comme indissociable du reste des actions de gestion à mener, puisque si les anguilles sont incapables de se rendre sur leur lieu de reproduction, les efforts menés sur d’autres plans risquent d’être vains. La figure 2 représente les différentes sources de mortalité rencontrées par les anguilles lors de leur cycle. La mise en place d’un réseau de surveillance épidémiologique semble un outil indispensable à long terme. Dans un premier temps, vu la nature éparse des connaissances, un état des lieux est nécessaire pour connaître les besoins de surveillance et définir une marche à suivre pour l’installation d’un tel réseau. C’est à la suite de ces réflexions durant la réunion COGEPOMI (COGEPOMI, 2006) qu’il a été décidé de mener cette étude de 4 mois (Décembre 2006 – Mars 2007) sur l’état des connaissances concernant la qualité sanitaire de la population d’anguilles du Bassin RMC. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 3 Figure 2 : Sources de mortalité de l’anguille européenne dans le bassin Rhône Méditerranée et Corse. 2. Objectifs de l’étude Les objectifs sont : (1) D’entreprendre l’inventaire le plus exhaustif possible de l’ensemble de la littérature scientifique (blanche et grise) se rapportant aux polluants et aux pathogènes de la population d’anguilles du bassin RMC. Cet inventaire donnera lieu à la création d’une base de donnée bibliographique EndNote. Les données bibliographiques seront par ailleurs référencées dans la base de métadonnées Syscolag. (2) De Créer un tableur Excel où les données importantes seront reprises sous forme de variables. Cette base de données servira à analyser entre autre la répartition spatiale, l’évolution temporelle et la pertinence de l’échantillonnage. (3) De visualiser la répartition spatiale des données disponibles dans un Système d’Information Géographiques. (4) D’analyser l’ensemble des données afin d’identifier les manques de connaissance et de hiérarchiser les priorités d’actions qui permettront d’optimiser la gestion des anguilles dans la zone RMC au niveau sanitaire. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 4 3. Matériels et Méthodes 3.1 Inventaire des documents La recherche de documents s’est faite de multiple façon à divers endroits. Le tableau 1 récapitule les organisations/personnes visitées ou contactées. Tous les documents révélateurs pour cette étude sont référencés dans une base bibliographique EndNote (AnguillesRMCPolluantsPathogènes2007). Au total, 29 documents appartenant à la littérature blanche (articles publiés, thèses de doctorat) et 22 appartenant à la littérature grise (rapports de stage, rapports d’études, analyses de laboratoire…) ont été inventoriés spécifiquement pour la recherche de pathogènes et de polluants des anguilles sur le bassin RMC. 25 articles supplémentaires ont été inventoriés pour les autres pays du bassin Méditerranéen. Par ailleurs, la base comprend aussi d’autres documents utilisés pour replacer l’étude dans un contexte plus général. 3.2 Création d’un tableur Excel La mise en place du tableur Excel (TAnguillesRMCPolluantsPathogènes2007.xls) s’est faite au fur et à mesure des lectures. Les variables/paramètres retenus (Tableau 2) ont été sélectionnés en vue de répondre aux objectifs finaux. Certains champs ont été spécialement ajoutés en vue de l’incorporation des données à la base de métadonnées Syscolag propre à la région Languedoc Roussillon. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 5 Tableau 1. Liste des organisations/personnes visitées ou contactées pour répertorier les documents. Organisations Contact Bibliothèque du Cépralmar Nicolas Dupré : [email protected] Tél : 04 67 99 99 90 Bibliothèque de la Tour du Valat Jacqueline Crivelli : [email protected] (centralise toute la documentation des Alain Crivelli : [email protected] pôles relais lagunes, Corse incluse) Tél : 04 90 97 20 13 Fond bibliographique de Mr. Bruslé Fond bibliographique personnel de Mr. Girard Documents présents dans le laboratoire CBETM de Perpignan, possédés par les chercheurs travaillant sur la thématique anguille Fédérations de pêche Comité Régional des Pêches maritimes et des élevages marins (CRPM) Conseil Supérieur de la pêche (CSP) L-R, PACA et Corse MRM DIREN Rhône-Alpes Bases de données disponibles sur internet: Universités du basin RMC Ecoles vétérinaires Cemagref Région Direction de l'Economie Rurale, Littorale et Touristique Service Gestion de l'Espace Rural et Littoral. Région L-R Ifremer Sète PNR Parc Naturel Régional de la Narbonnaise Communauté de l’Agglomération Têt Méditerranée Recherche sur bases de données électroniques: Science Direct, ASFFA, Scopus, Web of Science Disponible à la bibliothèque des Sciences de l’Université de Perpignan. Contact : Anne Modat : [email protected] Tél : 04-68-66-20-50 Plusieurs études menées pour le compte des fédérations de pêches, MRM Patrick Girard : [email protected] Tél: 04 42 53 11 48 Raymonde Lecomte : [email protected] Pierre Sasal : [email protected] Géraldine Fazio : [email protected] Tél : 04 68 66 21 83 26 fédérations de pêche du bassin RMC contactées par téléphone. Mr Dominique Blanchard, Président du Comité local de Port Vendres basé à Sigean Tél : 04 68 48 42 68 Mr. Sylvain Richard Tél : 04 67 10 76 61 Mr. Nicolas Auphan : [email protected] Tél: 04 90 93 39 32 Mme Claude Putavy Tél : 04 37 48 36 20 Base SUDOC + contact direct avec certains laboratoires Toulouse, Nantes Base de données + contact avec J.P Proteau et Pierre Elie Tél : 05 57 89 08 02 Marc Barral Tél : 04 90 97 29 56 Henri Farrugio : [email protected] Tél : 04 99 57 32 37 [email protected] Tél : 04 68 42 70 42 Mr. J. Dubost Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 6 Tableau 2. Paramètres contenus dans la base de données Excel. # Descripteur Signification Po/Pa Indique si le document se réfère à des données sur les pathogènes (pa) ou polluants (po) PoPa Indique si le document possède des résultats concernant en même temps les pathogènes et les polluants Codedoc T= Thèse R=Rapports Ap=Article référés Ce code est suivi d’un numéro (dans l’ordre des lectures) Code utilisé dans EndNote à « Call number » Typedoc Détaille le type de document (Thèse, DEA, maîtrise, IUT, ONG….) Numdoc Un numéro donné au document dans l’ordre des lectures Loca Localisation du document (CBETM, Tour du Valat…) Format Papier, pdf… Langage Langage du document (FR=français, EN=anglais...) Auteur Auteur du document Année Année de publication du document Sujet Sujet du document Mots clef Revue OUI si le document est une revue des données existantes Fiabilité Bonne, moyenne, mauvaise (échantillonnage faible) AnnéeEtude Année de l’échantillonnage Saison Détail sur la période d’échantillonnage fréquence Fréquence d’échantillonnage Détailéchant Détail sur l’échantillonnage (nombre de stations, nombre d’individus par station) Condition N = en milieu naturel E = en condition expérimentales Pays Pays d’où proviennent les anguilles Sitedétail Détail du site d’échantillonnage SiteCode Site code (noms) RemSite Remarque sur le site SiteNB Site code (numérique) TypeSite Lagune, rivière, fleuve… Pêche Pratique de la pêche : oui Réserve Si le site est dans un réserve : oui Stock Si le site est utilisé pour la culture d’anguille LongEst Longitude du site d’échantillonnage LatNord Latitude du site d’échantillonnage Profondeur En m Salinité En g/L Pollution Sources de pollutions connues T Température en degrés Celsius Surface En m² (pour les lagunes) Échanges Information sur les échanges avec la mer N Nombre d’individus échantillonnés Sexe Mâle : M et Femelle : F Stade Stade de l’anguille (civelle, jaune, argentée…) Lmoy Longueur moyenne en cm LSD Déviation standard (écart-type) de la longueur moyenne en cm LSE Erreur standard de la longueur moyenne en cm Lmin Longueur minimum en cm Lmax Longueur maximum en cm LS Lorsque la longueur est exprimée en longueur standard Wmoy Poids moyen en g WSD Déviation standard (écart-type) du poids moyen en g Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 7 Tableau 2 (suite) # Descripteur WSE Wmin Wmax Lipides Pathogène GroupePatho asb/presence stade Locahôte Npatho. P moy. (%) P min P max Pecarttype I moy. I ES IDS Imin Imax A Asd A es Amax SDI SE(SDI) PSDI Signification Erreur standard du poids moyen en g Poids minimum en g Poids maximum en g Information sur la proportion de lipide Nom du pathogène Indique à quel groupe appartient le pathogène (virus, parasite, bactérie, mycose Indique si le pathogène en question est présent ou absent Stade du pathogène Localisation dans l’hôte du pathogène Nombre de pathogènes observés Prévalence (%) Prévalence min (%) Prévalence max (%) Déviation standard (écart-type) de la prévalence Intensité moyenne Erreur standard de l’intensité moyenne Déviation standard (écart-type) de l’intensité moyenne Intensité minimum Intensité maximum Abondance moyenne Déviation standard (écart-type) de l’abondance moyenne Erreur standard de l’abondance moyenne Abondance maximum Indice de dégénérescence de la vessie Erreur standard de l’indice de dégénérescence de la vessie (SDI) Norme Prévalence tenant compte des individus avec un indice de dégénérescence de la vessie (SDI) supérieur ou égale à 2 Remarque sur la méthode utilisée Indique s´il existe un échantillon contrôle Informe sur le taux de mortalité Remarques Noms du contaminant Groupe du polluant (PCB, HAP, métaux lourds, dioxine, retardateur de flamme bromé, pesticide, herbicide) Indique si utilisation d’une norme pour interpréter le résultat effetPol Doses Effet du contaminant Doses administrer de contaminant (condition expérimentale) Durée seuil detection C létale organe C Ces Cds IC50%inf IC50%sup Cmin Cmax Unité PFPS Concentration létale Organe dans lequel le contaminant est mesuré Concentration moyenne du contaminant Erreur standard de la concentration moyenne Déviation standard de la concentration moyenne Interval de confience 50% inférieur Interval de confience 50% supérieur Concentration minimum Concentration maximum Unité Expression du résultat en poids sec (PS) ou poids frais (PF) Methode ContrôlePa M résultats polluant Typepol Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 8 Tableau 2 (suite) # Descripteur Typemoy sup norme comestible sup bruit de fond Methode %contaminé RemPol ContrôlePo Labo Signification Dans le cas ou la concentration moyenne est calculée avec une moyenne géométrique Indique si la concentration du contaminant dépasse la norme de comestibilité Indique si la concentration du contaminant dépasse le bruit de fond Remarque sur la méthode utilisée % de l’échantillon contaminé Remarque sur le résultat Indique s´il existe un échantillon contrôle Laboratoire dans lequel les analyses ont été réalisées 3.3 Bases de références bibliographiques Les références bibliographiques sont insérées dans le logiciel EndNote version X. Deux fichiers ont été créés : un exclusif au bassin RMC et un autre contenant toutes les références utilisées pour ce rapport. Le champ « call number » dans la base EndNote correspond au champ « codedoc» dans la base excel. 3.4 Indices épidémiologiques : Les indices épidémiologiques rencontrés dans la littérature sont pour la majorité calculés selon (Bush et al., 1997). Dans certains cas, les indices épidémiologiques ont dû être calculés à partir des données brutes. Nous avons alors utilisé la même méthode de calcul (Bush et al., 1997) : La prévalence (P) en pourcentage = nombre d’hôtes infestés x 100 / nombre d’hôtes examinés Intensité moyenne (I) = nombre total de parasites trouvés dans l’échantillon / nombre d’hôtes infestés ES= erreur standard = écart-type (de I) / √( nombre d’hôtes infestés ) Abondance moyenne (A) = nombre total de parasites trouvés dans l’échantillon / nombre total d’hôtes examinés ES= erreur standard = écart-type (de A) / √(nombre total d’hôtes examinés) 3.5 Concentrations des polluants L’expression des résultats de contamination est très variable selon les études. Afin de pouvoir comparer les résultats entre eux, nous avons utilisés dans certain cas des facteurs de conversions. La conversion poids sec (PS) en poids frais (PF) n´est possible que lorsque l’auteur précise le pourcentage de matière sèche de l’échantillon. Alors on utilise la formule : Teneur en mg/kg PF = teneurs en mg/kg PS * % matière sèche/100 3.6 Utilisation de l’outil SIG (Système d’Information Géographique) Pour visualiser les résultats sur des cartes, nous avons utilisé le logiciel MapInfo version Professional 7.5. Les couches des cours d’eau ainsi que des lagunes du bassin RMC nous ont été gracieusement fournies pas la DIREN Rhône-Alpes. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 9 4. Vision d’ensemble des données disponibles Au final, des informations sur l’état sanitaire des anguilles ont pu être identifiées sur 23 lagunes, 11 fleuves, 2 rivières et 2 canaux dans le bassin RMC. Le tableau 3 récapitule le nombre de documents répertoriés par groupe de pathogènes et polluants. Seulement 5 documents traitent à la fois de pathogènes et polluants. Les études concernant les parasites sont les plus nombreuses, puis viennent celles concernant les métaux lourds. 8 4 Total 28 4 1 6 3 5 3 1 Total Polluants 4 dioxines 17 RFB Autre Bactéries Pesticides Rapport 1 PCB 3 HAP Thèse Métaux 17 Total pathogènes Article Mycose Virus Types de documents Parasites Tableau 3. Nombre de documents répertoriés par groupes de pathogènes et polluants sur le bassin RMC. Autre = pathologie observée dont on ne connaît pas l’origine. RFB = Retardateurs de flamme bromés Type de pathogènes Type de micropolluants 10 1 1 3 11 10 1 3 2 1 12 1 3 31 15 7 6 7 1 23 Le tableau 4 résume pour chaque site le sujet traité et le ou les article(s) correspondant(s). Dans ce tableau, seulement les pathogènes potentiellement les plus dangereux sont pris en compte. La liste des principales lagunes du bassin RMC provient du rapport de Barral en 2001. L´annexe 1 reprend les caractéristiques des principales lagunes (Barral, 2001). La liste en annexe 2 permet d’associer à chaque code de document son auteur et sa date de publication. Les figures 3, 4, 5, 6 et 7 indiquent la localisation des différentes lagunes et sites pour lesquels des informations concernant l’état sanitaire des anguilles sont disponibles. Les informations disponibles sur le bassin RMC ne concernent que peu de fleuves et rivières. Au niveau des lagunes, bien que l’on trouve des informations pour toutes les principales lagunes, il en reste certaines (16) où l’état sanitaire des anguilles n’a jamais été documenté (en grisé). De plus, seulement 19 documents (surlignés en jaune) concernent des échantillonnages réalisés pendant ou après l’année 2000. La recherche de documents portant sur l’état sanitaire des anguilles dans les autres pays du bassin Méditerranéen s’est limitée à la littérature blanche. 15 articles concernant les pathogènes et 10 concernant les contaminants ont été répertoriés. Le tableau en annexe 3 résume pour chaque site le sujet et l’article correspondant (voir l’annexe 2 pour retrouver l’auteur de chaque document). La carte en annexe 4 et la liste en annexe 5 indiquent la localisation et le nom des différentes lagunes et sites pour lesquels des informations sont disponibles. Peu de sites ont été étudiés par rapport au nombre de lagunes et bassins versants existants sur le pourtour Méditerranéen. (Hervé, 1978) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Revue bibliographique (2007) 10 Table 4. Documents portant sur l’état sanitaire de l’anguille dans le bassin RMC français. T = type de site. L : lagune, F : fleuve, R : rivière, C : canal, D : delta. # = code du site, utilisé dans la base excel. En grisé : les sites où l’état sanitaire des anguilles n’a jamais été documenté. En jaune : les sites pour lesquels des études récentes (≥ l’année 2000) existent. « sp » est utilisé lorsque l’éspèce n’est pas déterminée dans l’étude. RFB = retardateurs de flamme bromés. P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides RFB Sites T # A. crassus P. anguillae Secteur PO/Aude 89 Tech F 0 63,64 Canet L 1 3,46, 94, 95, 96,97 94sp, 97sp 94sp, 97sp 64 Salses-Leucate L 2 13 la Palme L 3 3,46,89, 94, 95 94sp 94sp 13,81, 82,89, 90 82 82 82, 89 Bages-Sigean L 4 3 Ayrolle L 5 Campignol L 6 Grazel L 7 3 Gruissan L 8 Mateille L 9 Pissevaches L 10 Aude F 10a 98 3 Vendres L 11 37 Orb F 11a Secteur Thau Bagnas L 12 37 Hérault F 12a 27 Lergue R 12b 27 3,46 2 2 Thau L 13 La Peyrade L 14 Secteur Palavas 3 Ingril L 15 3 Vic L 16 46 Pierre-Blanche L 17 3 Prévost L 18 3,94 94sp 94sp Arnel L 19 Grec L 20 3 Méjean et Pérols L 21 37 27 Lez F 21a 24,27 37 Virdoule F 21b 3,26,27,46 27 Mauguio (Or) L 23 Ponant L 24 Médard L 25 Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 11 Tableau 4. (Suite) Sites Rhône St-Romans Marette Charnie Scamandre Rollan Secteur Camargue Malagroy et Impérial T L L L L L # 26 27 28 29 30 A. crassus L 31 34,54,55 Vaccarès L 32 Fumemorte C 33 Aube de bouic Grand Palun Rhône Saône Secteur Berre Berre Bolmon Argens Var Loup Gapeau Villepey Secteur Corse Biguglia Diana Urbino Palu Gravone Nb articles Nb thèses Nb rapports Total C L F R 33a 33b 33c 33d 3,24,27,34,41,42, 45,46,51,54,56,7 2,93 23,24,27,42,53,5 4 54 27,23 27,47,56,68 68 L L F F F F L 34 34a 34b 34c 34d 34e 35 3 3 49 56,92 L L L L F 36 37 38 39 40 29 P. anguillae 27 P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides 51,56,93 56, 65, 80 6, 43, 44, 65, 66 6, 42, 44, 56 6, 42, 43, 44, 65 27 65 44, 65 42,44 42, 44, 65 27 27 56, 70 RFB 27 56sp 56sp, 27, 56 80 56,92 49 56 88 88 56 29 40 3,69 14 4 8 26 2 1 3 1 1 2 4 4 4 1 10 15 6 3 5 1 7 3 6 2 7 1 1 Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 12 Figure 3. Secteur lagunes Aude. Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 13 Figure 4. Secteur lagunes Thau et Palavas - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 14 Figure 5. Secteur lagunes Camargue et Berre - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 15 Figure 6. Secteur lagunes et cours d’eau Corse - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges). (Gavrone : localisation non précisée) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 16 Figure 7. Cours d’eau du Bassin RMC - Études portant sur les pathogènes (cercles) et les contaminants chimiques (losanges). (Des études ponctuelles ont aussi été menées pour les pathogènes sur l’Hérault, le Lergue et le Virdoule, mais les localisations n’ont pas été détaillées). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 17 5. Les pathogènes d’Anguilla anguilla 5.1. Généralités Les pathogènes sont définis comme pouvant provoquer une maladie (une altération organique ou fonctionnelle considérée dans son évolution, et comme une entité définissable). Vigier (1997) fait l’inventaire dans son ouvrage de toutes les maladies connues de l’anguille. Quatre grands groupes sont distingués : les viroses, les bactérioses, les mycoses et les parasitoses. Les études menées sur les maladies en milieu naturel sont peu nombreuses. Basé sur l’ouvrage de Vigier (1997) ainsi que des prévalences rapportées dans la littérature, Girard & Lefebvre (2001) considèrent 14 maladies importantes (voir tableaux 5, 6 et 7). Les mycoses n’en font pas partie. Elles semblent d’apparition secondaire à des blessures préalables et apparaissent en été lorsque les débits d’eau sont faibles et les températures aquatiques élevées (Vigier, 1997). Les bactérioses ne se développent qu’en cas de mauvaises conditions du milieu. Par exemple, les modifications brusques de la température de l’eau dues aux modifications de débits sur la Dordogne et la Garonne provoquent une apparition d’aéromonoses et vibrioses (Vigier, 1997). En général, les parasites autochtones ont co-évolué avec leurs hôtes, permettant à ces derniers d’acquérir des mécanismes immunologiques de protection aboutissant à un équilibre hôte-parasite. Ce n’est pas le cas des parasites allochtones introduits par les activités aquacoles ou lors de repeuplements : Anguillicola crassus (Nématode), Paratenuisentis ambiguus (Acanthocéphale), Pseudodactylogyrus anguillae (Monogène) et Pseudodactylogyrus bini (Monogène). Ceux-ci entrainent plus de dégats chez l’anguille (Bruslé, 1994; Vigier, 1997). Tableau 5 : Viroses rencontrées chez l’anguille européenne, d’après Girard & Lefebvre (2001) Type de virus Déscription Transmission et traitement Transmission : directe, Observé et décrit pour la première fois en 1977 dans un Evex (Eeel de contact ou véhiculé fret de France vers Tokyo. Présent actuellement aux Virus Europe par l’eau Danemark, Angleterre, France, Suède, Pays-Bas, Maroc, Origin) Traitement : aucun Italie (Jorgensen et al., 1994 ; Van Ginneken et al., (rhabdovirus) 2004). En France, il a été observé uniquement sur des civelles, en Loire estuarienne (Castric & Chastel, 1980 ; Girard, com. pers.) et en Méditerranée (Girard, 2007). Symptômes et lésions : hémorragies et anémies Impacts : Les civelles ne présentent aucun symptôme particulier. L’infection virale semble se déclarer chez des poissons stressés (lors de la migration, captures, manipulations, confinement, surdensités, transfert) et peut conduire à la mort. Transmission : directe, Observée la première fois en 1965 en France. Ella a Nécrose de contact ou à travers conduit à la fermeture des frontières de Finlande et de Pancréatique la descendance. Affecte Suède aux importations d’anguilles Infectieuse surtout les jeunes Symptômes et lésions : oedèmes et foyers de nécrose (NPI) anguilles (5-50g). Agit dans les tissus hématopoïétiques et sur le pancréas. Les (non entre 6 et 16 °C. lésions nécrohémorragiques peuvent se propager à tous spécifique) Traitement : aucun les tissus. Estomac et intestin sont vides d’aliment. Ballonnement de la paroi abdominale qui traduit l’accumulation de la sécrétion gastrique. Impacts : inappétence, réduction de mobilité, entérite. La mortalité importante surtout pour les salmonidés Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 18 Tableau 5 (suite) Type de virus Déscription Papillomatose (herpès virus) (non spécifique) Aussi appelée maladie du chou-fleur en raison de l’aspect de la tumeur. Maladie tumorale la plus observée chez les poissons. Se rencontre surtout en milieu naturel, dans les eaux à salinité moyenne, essentiellement en estuaire. Elle a sévit au Danemark et aux Pays-Bas des années 40 au milieu des années 70. Commercialisation impossible. Symptômes et lésions : énorme tumeur plissée et lobulaire, généralement au niveau du nez et de la bouche. Vascularisation importante autour de la tumeur. Papillomes de couleur rose rouge. Dégénérescences associées du rein et du foie. Impacts : comportement agressif. Déficience fonctionnelle de la rate. Peut conduire à des mortalités hivernales. Transmission et traitement Épidémie : atteintes importantes au printemps et en été, avec régression hivernale. Température optimale : 17 à 22°c. Traitement : aucun, mais on peut obtenir des régressions avec de l’eau salée (30/1000) ou des bains de sulfate de quinine. Table 6 : Bactérioses rencontrées chez l’anguille européenne, , d’après Girard & Lefebvre (2001) Type de Déscription Transmission et bactéries traitement Fait partie de la flore normale du poisson, devient Transmission : les Aéromonose pathogène opportuniste lorsque les conditions Aeromonas germes peuvent être environnementales ou physiologiques des organismes véhiculés par l’eau, la hydrophila, se détériorent. Première observation : en Europe en A. salmonicida, boue, les poissons, les 1894, en France vers 1950. Ubiquiste et de répartition batraciens, les oiseaux A. punctata, mondiale, elle est présente dans tous les bassins d’eau ichtyophages, les parasites A liquefasciens. douce. Anaérobie facultatif. (non spécifique) externes (Argulus ou Symptômes et lésions : les lésions occasionnées Piscicola), mais aussi par seraient dues à la production de toxines. La nageoire l’homme. Maladie très anale tout d’abord, puis les pectorales et la dorsale se contagieuse. Atteinte congestionnent (rougissement des nageoires). maximale : en milieu L’abdomen se distend, l’anus se dilate et fait saillie à naturel, à 16 °C, entre mai l’extérieur du corps. Les organes comme le coeur, le et juillet, chez les foie et les gonades sont piquetés de foyers de nécrose. anguilles jaunes. Lors de l’incision du rein et de la rate, il y a émission Traitement : se traite d’un liquide épais rougeâtre. avec des antibiotiques Impacts : responsable de graves épizooties, mortalité appropriés (en fonction des antibiogrammes). importante, peut survenir dans les 5 jours. Symptômes et lésions : pathogénécité due à la Transmission : directe à Pseudomonose libération de protéases. Lésions à caractère Pseudomonas travers la peau. Apparaît anguilliseptica et érythémateux, avec des hémorragies se déclarant au en cas de stress (élévation niveau des opercules, de la bouche et de la face P. fluorescens. de température, ventrale du corps (tâches rougeâtres). Les reins sont (non spécifique) surdensité). dégénérés et les branchies sont pâles, avec beaucoup Appelée aussi Traitement : se traite de mucus en surface. Les nageoires pectorales ne sont avec des antibiotiques peste rouge ou pas touchées. encore maladie appropriés (en fonction Impacts : apathie et anorexie aboutissant à des des tâches des antibiogrammes). mortalités importantes en périodes d’épizooties. rouges. Pathogène facultatif qui fait partie de la flore Transmission : Vibriose microbienne normale des poissons. Peut devenir essentiellement au Vibrio pathogène chez l’homme. printemps et en été. Se anguillarum, Symptômes et lésions : septicémie hémorragique. rencontre en eau de mer et V. vulnificus. Assombrissement général, ulcérations et nécroses de eaux saumâtres, et plus Appelée aussi la peau, tuméfaction voire dégradation des reins et de rarement peste rouge, en eau douce. maladie rouge ou la rate (coloration verdâtre), foyers de nécrose sur le foie. Traitement : se traite maladie des Impacts : anorexie, une des principales causes de avec des antibiotiques ulcères. mortalité en élevage. appropriés (en fonction des antibiogrammes). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 19 Table 7 : Parasitoses rencontrées chez l’anguille européenne, d’après Girard & Lefebvre (2001) Type de parasites Déscription Transmission et traitement Parasitose économiquement désastreuse, Transmission : La Ichtyophtiriose Ichtyophtirius multifiliis considérée comme un des fléaux de la pénétration se fait de (protozoaire cilié, non pisciculture mondiale. Probablement la maladie manière directe, au spécifique) la plus fréquente en élevage comme en milieu travers de l’épiderme. Se naturel. La reproduction s’opère en dehors de rencontre à toutes les Maladie des points l’hôte (cycle direct), chaque parasite adulte températures, de 3 à 28 blancs quitte provisoirement le poisson pour former °C (optimum : 16°C et un petit kyste qui pourra libérer ensuite jusqu'à 24°C). La maladie est un millier de nouvelles formes infestantes, les favorisée par l’élévation tomites. Durée de survie dans le milieu étant de thermique de l’eau qui 1 à 2 jours maximum, elles doivent trouver accélère le déroulement rapidement un nouvel hôte. du cycle. Symptômes et lésions : affection délabrante Traitement : contrôle pour les épithéliums cutanés et branchiaux. Le de routine avec bleu de poisson apparaît comme saupoudré de grains méthylène (5 mg/l) et de semoule. Les lésions sont liées au formol mouvement rotatoire des parasites sous le tégument (se nourrit des débris de tissus). Ceux-ci peuvent également pénétrer dans la bouche et les narines, gênant l’olfaction. Impacts : provoque des retards de croissance, peut altérer la fonction respiratoire. Mortalité faible (adultes) à forte (juvéniles). Transmission : se Parasites monoxènes. Les larves miracidium (Pseudo)Dactylogyrose Pseudodactylogyrus bini, nagent librement à la recherche d’un hôte pour rencontre surtout en été, température optimale de s’y fixer au moyen de crochets. On dénombre P. anguillae et ponte 20°c, l’éclosion ne alors 5 stades larvaires suivant l’évolution des Gyrodactylus sp. se réalise pas en dessous crochets. Le stade adulte est atteint en 1 de 10°c. semaine environ. Plathelminthes, Traitement : la maladie Symptômes et lésions : affections branchiales Monogènes. est bien maîtrisée par (spécifique des anguilles) délabrantes, de type irritatif et nécrotique. bains réguliers de Apparition de filaments blancs sur les Trichlofon à 0.5 ppm. branchies et hypersécrétion de mucus. Impacts : pertes d’appétit, asphyxie. Troubles respiratoires graves pouvant parfois entraîner la mort. Mortalités fréquentes et connues depuis longtemps dans les élevages. Transmission : les pics Parasites polyxènes, ce sont des vers de 5 à 30 Acanthocéphalose parasitaires s’observent mm de long dont les adultes vivent dans Pomphorhynchus laevis, en hiver et au printemps. l’intestin des poissons.. L’hôte définitif est un Paratenuisentis poisson, les hôtes intermédiaires sont des ambiguus, crustacés isopodes (aselles) ou amphipodes Acanthocephalus (gammares). Certains hôtes paraténiques sont clavula, connus (le spirlin, le goujon, la vandoise, le A. lucii, gardon). A. anguillae. Symptômes et lésions : perforations et (non spécifiques) inflammation du tube digestif. Impacts : faibles : obstruction du transit intestinal, simple affaiblissement, prédisposition à d’autres atteintes. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 20 Table 7 (suite) Type de parasites Anguillicolose Anguillicola crassus, Nématode de la vessie natatoire. (spécifique des anguilles) Ergasilose Ergasilus sieboldi (non spécifique) et E. gibbus (spécifique). Argulose Argulus foliaceus. Crustacés Branchioures. Appelé « poux » du poisson (non spécifique) Myxosporidiose Myxidium sp. (specifiques des anguilles), Myxobolus sp., Henneguya sp., Ceratomyxa sp., Kudoa sp. Protozoaires myxosporozoaires Déscription Parasite polyxène. Le stade infectant est acquis par ingestion de crustacés planctoniques (copépodes, ostracodes) et/ou d’hôtes paraténiques (petits poissons, larves d’insectes et d’amphibiens). Dans l’anguille, elles traversent la paroi du tube digestif et migrent vers la vessie natatoire. Dans les parois, nouvelle métamorphose en L4, puis forme préadulte et adulte dans la lumière de la vessie. Une femelle d’A. crassus peut pondre jusqu’à 150 000 oeufs. Symptômes et lésions : réaction de type inflammatoire au niveau de la vessie (dilatation des vaisseaux sanguins, hémorragie, hypertrophie et épaississement des parois), pigmentation du conjonctif externe, présence de vers ou d’exudat dans la lumière de la vessie. Impacts : diminution du volume fonctionnel de la vessie, voire totale dégradation. La vitesse de nage diminuée. Conséquences sur la condition corporelle et sur la migration non établies. Mortalités reconnues en élevage. Parasite (crustacé copépode) branchial temporaire, de 1 à 2 mm, qui se nourrit au niveau des branchies. Symptômes et lésions : destruction des branchies. Impacts : troubles respiratoires, asphyxie, parfois mortalité. Il est probablement le plus répandu de tous les crustacés parasites. Aplati dorso-ventralement, sa taille varie de 5 (mâle) à 7 mm (femelle). La tête comporte un rostre qui permet la fixation et l’alimentation. Soit il est implanté, soit il se déplace à la surface du corps du poisson. Il est hématophage et se nourrit de sucs cellulaires et de sang. Symptômes et lésions : microblessures du tégument. Tâches rougeâtres. En piquant le tégument, il déclencherait une infiltration du derme et provoquerait une inflammation et une tuméfaction de la peau. Impacts : peu pathogène par lui-même. Mortalité possible en cas d’infestation massive surtout chez les juvéniles. Les blessures peuvent s’infecter et se transformer en foyers d’ulcération et de nécrose. Symptômes et lésions : Au niveau (1) du rein : kystes et spores dans les capillaires glomérulaires, et dans le tissu rénal excréteur ; (2) des branchies : kystes blanchâtres, ovoïdes (17 à 55 µ m) sur les filaments branchiaux ; (3) de l’épiderme : nodules ronds, grisâtres (1 à 3 mm de diamètre), avec kystes ovoïdes (300 à 700 µm). A la base de la dorsale et sur la tête. Lésions cutanées et prurits importants. (4) autres viscères : vessie urinaire, foie, estomac, intestin, rate. Affections respiratoires graves. Destruction des branchies et asphyxie. Dégénération des tubules rénaux. Impacts : retards de croissance et gêne respiratoire si parasitisme important. Troubles fonctionnels de l’organe affecté. Mortalités exceptionnelles sauf en cas d’épizootie. Transmission et traitement Transmission : se rencontre dans tous les milieux aquatiques. L’infection semble diminuer avec l’augmentation de salinité. Toutes les classes de taille en phase continentale sont concernées. Traitement : par bains de Lévamisole 10 mg/L pendant 48h. Transmission : cycle direct. Se fixe à son hôte par sa seconde paire d’antennes. Se rencontre surtout en été (juilletaoût). Transmission : directe, les oeufs pondus dans l’eau donnent naissance à des larves infestantes Les adultes passent d’hôte en hôte (poissons). Préférence pour les stades jeunes. Présent à toutes températures, il est capable de résister 3 semaines à jeun dans le milieu. Traitement : par bains de Trichlorfon à moins de 0.5 ppm. Transmission : directe par ingestion de spores infestantes libérées dans le milieu par l’urine et les fèces. Se transmet en eau douce, mais également en eau de mer. Maladie développée en milieu naturel et en élevage. Infection favorisée par la présence de cadavres infectés qui libèrent directement les spores dans le milieu aquatique. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 21 Table 7 (suite) Type de parasites Bothriocéphalose Bothriocephalus claviceps, (Plathelminthes, Cestodes) (spécifique) Déscription Parasite polyxène. Les anneaux terminaux mûrs (remplis d’oeufs) sont libérés dans l’eau. Les larves coracidiums sont ingérées par un copépode cyclopoïde. Elles vont donner des larves plérocercoïdes dans la cavité générale du copépode. Cycle complet en 4 mois au laboratoire (20-24°c), environ 1 an en condition naturelle. Symptômes et lésions : perforation de l’intestin. Impacts : affaiblissement, le parasite se nourrit en utilisant les aliments digérés par l’anguille. Une même anguille peut héberger plusieurs cestodes (4 à 5 en moyenne). Transmission et traitement Transmission : contaminées par ingestion, les anguilles sont les hôtes définitifs. Des petits poissons peuvent servir d’hôtes paraténiques (Perca fluviatilis). En eau douce mais préférence pour eau saumâtre. Nouvelles contaminations au printemps et à la fin de l’été. Toutes les tailles d’anguilles sont concernées. Dans la suite du rapport, nous nous intéresserons principalement aux parasites allochtones potentiellement les plus dangereux : Anguillicola crassus et Pseudodactylogyrus sp., ainsi qu’au virus EVEX. 5.2. Anguillicola crassus Anguillicola crassus est un parasite nématode de la vessie de l’anguille (son hôte définitif) originaire du Sud Est Asiatique et de l’Australie. Il est hématophage et provoque des dommages préjudiciables pour l’anguille. L’apparition du déclin du recrutement de l’anguille européenne et américaine est antérieure à celle d’Anguillicola crassus en Europe et en Amérique. Ce dernier ne peut donc pas être la raison initiale, mais il contribue maintenant au déclin rapide des populations. 5.2.1. Caractéristiques d’ Angullicola crassus On observe une explosion démographique d’ A. crassus depuis son apparition en 1982 en Allemagne (Lefebvre et al., 2003). Les populations Méditerranéennes d’ A. crassus sont différenciés génétiquement des autres populations de l’Atlantique et semble donc provenir d’un évènement d’introduction différent (Rahhou et al., 2005). Ce parasite nématode s’est remarquablement adapté aux milieux aquatiques européens. Plusieurs caractéristiques lui permettent de maximiser l’efficacité de sa transmission et lui donne un potentiel exceptionnel de colonisation : - il utilise une grande diversité d’hôtes intermédiaires et paraténiques présents dans le spectre trophique de l’anguille (Blanc, 1998). Les hôtes paraténiques peuvent être des poissons d’espèces locales ou invasives (exemple en Camargue : Pseudorasbora parva, (Cesco et al., 2001)), des mollusques, mais aussi des amphibiens (têtards, tritons), et insectes aquatiques (Moravec & Skorikova, 1998). - il peut infester des anguilles de toutes tailles. Capable d’infester les anguilles de petites tailles (6-15 cm, dès qu’elles se nourrissent de zooplancton) en adaptant sa taille à la taille de la vessie de l’hôte (Banning & Haenen, 1990; Lefebvre et al., 2002a). - il possède un cycle rapide. 2-4 mois selon Benajiba et al. (1994), ce qui expliquerait le faible décalage entre les variations des pics planctoniques et l’augmentation des prévalences (3-4 mois plus tard). Cependant, un cycle de 6 mois est vraisemblable Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 22 selon Lefebvre et al. (2002a), qui observent des pics d’A. crassus au début de l’été et à la fin de l’hiver. - il a un fort potentiel reproducteur. Une femelle d’A. crassus peut pondre jusqu’à 150 000 œufs (Vigier, 1997). - En laboratoire, il est capable de survivre et de se transmettre dans le milieu marin (50% et 100% eau de mer) pendant 6 mois. Il pourrait donc survivre pendant la migration transatlantique (Kennedy & Fitch, 1990; Kirk et al., 2000b). L’ adaptation du parasite à son hôte euryhalin est matérialisée par l’osmoconformation avec le plasma de son hôte (Kirk et al., 2002). A. crassus survit à une large gamme de salinité (Kirk et al., 2000a; Maillo et al., 2005). Benajiba et al. (1994) montrent que les variations de salinité et température au long de l’année dans le milieu naturel (étang de Mauguio) ne semblent pas affecter le déroulement du cycle de A. crassus. 5.2.2. Effet pathogènes, mortalités et implications Dupont & Petter (1988) reconnaissent le parasite Angullicola crassus comme de loin le plus pathogène pour Anguilla anguilla. Les effets pathogènes d’A. crassus sont d’ordres multiples. Nous pouvons différencier d’une part les effets visibles sur l’organe hôte contaminé : la vessie gazeuse, et d’autre part les réactions physiologiques dues à l’infestation. Les effets visibles sur la vessie ont été revus par Lefebvre et al. (2002b): (1) épaississement de la paroi de la vessie gazeuse (inflammation aiguë et fibrose), (2) larves L3 et L4 sont localisées dans la paroi, entraînant la formation de nodules, (3) les adultes (les vers hématophages) passent dans la lumière de la vessie natatoire entraînant des réactions d’auto-défense, (4) création d’un équilibre hôte-parasite. Les civelles infestées montrent des changements histologiques de la vessie (Nimeth et al., 2000), tandis que les anguillettes peuvent souffrir de sévères réactions d’inflammation : des fibroses et constrictions de l’intestin dues aux tissus cicatrisés (Banning & Haenen, 1990). La mise en évidence d’un stress chez l’anguille a été caractérisée en condition expérimentale par une augmentation du niveau de cortisol (Sures et al., 2001). Ce stress pourrait être d’autant plus fort en milieu naturel lorsqu´il est combiné á des conditions environnementales défavorables (température de l’eau, pH, concentration d’oxygène, pollution et interaction entre individus). En effet, Gollock et al. (2005) montrent que cette réponse au stress s’aggrave en condition d’hypoxie et qu´elle est accompagnée d’activités métaboliques plus élevées. Chez les anguilles ayant une vessie non endommagée, la masse de la rate est corrélée avec la masse des parasites adultes dans le lumen (Lefebvre et al., 2004b). Chez les anguilles sévèrement infestées, la taille de la rate est presque double, suggérant une réponse adaptative de l’hôte qui implique les fonctions hématologiques et immunologiques de la rate. Une synthèse accrue de cellules sanguines dans la rate en réponse à l’activité de succion sanguine des parasites est suggérée. Il existe une relation très significative entre le pourcentage en oxygène dans la vessie et l’intensité de l’infestation (Blanc, 1998). En effet, la quantité d’oxygène est réduite de 65 à 11% en fonction des taux d’infestation par les parasites adultes. Or la vessie gazeuse est un organe nécessaire au maintien d’une flottabilité neutre lors des variations de la pression hydrostatique induites par la plongée des poissons. Cette fonction est utile même en eau peu profonde. En effet, une plongée sous la surface de l’eau à moins de 5 mètres implique une augmentation de pression hydrostatique de 50% et une diminution correspondante de 50% du volume de la vessie gazeuse. Ce Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 23 dysfonctionnement de la vessie pourrait entraîner une augmentation des dépenses énergétiques liées aux efforts musculaires supplémentaires pour se maintenir à la profondeur nécessaire aux migrations. Cela impliquerait de sérieuses conséquences lors de leurs migrations vers la mer des Sargasses. Il existe peu d’expériences de compression en caisson hyperbare pour étudier l’effet de l’anguillicolose en immersion profonde. Fontaine et al. (1990) n’observent pas d’effet drastique de la parasitose sur l’acclimatation des anguilles argentées à l’eau de mer et à la pression hydrostatique (jusqu’à -1650 m). Les études menées en tunnel de nage restent peu nombreuses et parfois contradictoires. Nimeth et al. (2000) montrent en effet que l’infestation de civelles par A. crassus ne semble pas avoir altéré les performances de nage, ni la consommation d’oxygène. Au contraire, les résultats d’un récent projet Européen (EELREP, 2005) a mis en évidence les conséquences d’ A. crassus sur la nage. Les anguilles faiblement infestées ont leur capacité de nage réduite, tandis que celles sévèrement atteintes subissaient en plus un affaiblissement de leur endurance. Ces dernières ne pouvant pas nager plus de 2 mois en tunnel. Le rapport conclut que les anguilles fortement infestées, indépendamment de leur index de reproduction, n’atteindront jamais l’aire de ponte. Autre effet inquiétant : le parasite diminue les niveaux de résistance de l’anguille qui devient plus vulnérable aux différentes pressions environnementales. Lefebvre et al. (2007) montrent en conditions expérimentales que les anguilles ayant la vessie fortement altérée par A. crassus sont plus sensibles à la diminution de la concentration en oxygène, conditions fréquentes en été (juillet) lors de la montée des températures de l’eau. Une forte mortalité des anguilles dont la vessie est fortement dégénérée est suspectée en juillet (Lefebvre et al., 2002a; Lefebvre et al., 2002b). Molnár (1993) observe en conditions expérimentales que les anguilles fortement parasitées meurent en premier. Celles comportant moins de lésions tolèrent des niveaux d’oxygène sublétaux plus bas, plus longtemps. Peu d’études montrent explicitement le rôle d’A. crassus dans la mortalité des anguilles en milieu naturel. Cependant, les anguilles argentées possédant des vessies totalement dégénérées avec peu ou pas de lumen n’ont vraisemblablement aucune chance d’atteindre leur aire de reproduction (migrations verticales atteignant 600 m). Or, des études récentes montrent que cela concernerait entre 10 et 30% du stock des anguilles argentées (dans le delta de Po : 11.6% (Canestri-Trotti, 1987) ; Schaefer et al. (1999) : 25%; en Camargure : 17% (Lefebvre et al., 2002b) et 20% (Lefebvre et al., 2003) ; dans la Loire : 19-30.7% (Boury et Feunteun, 2002, 2003 dans (Baisez, 2004)). Les taux de prévalence sont calculés à partir du nombre d’anguilles pour lesquelles le parasite est présent dans la vessie. Or, pour rendre compte de l’étendue de l’infestation, il semble nécessaire de prendre également en compte les anguilles ayant montré des signes d’infestations passées. Le stade le plus sévère ne dépend pas du nombre de parasites dans la vessie mais de son état (déformations anatomiques et dysfonctionnement physiologique résultant de l’infestation) (Lefebvre et al., 2007). Canestri-Trotti (1987) trouve entre 40 et 78% d’anguilles argentées ayant subi une infestation passée. En cumulant les individus présentant des parasites et ceux montrant des signes d’infestation(s) passée(s), les taux peuvent devenir très élevés : 71% et 95% (Lefebvre et al., 2003). L’indice de dégénérescence de la vessie (SDI) est défini par Lefebvre et al. (2002b). Cet indice est basé sur les altérations macroscopiques de la vessie. L’indice varie de 0 à 6, il cumule 3 critères qui peuvent prendre les valeurs entre 0 et 2 : (1) le niveau de Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 24 transparence de la vessie, (2) la présence de pigmentation et de débris au lieu de gaz et enfin (3) l’épaisseur de la paroi de la vessie. Dans son étude en Camargue, seulement 8% de l’échantillon ont des vessies intactes, soit 92% avec des vessies abîmées, pourtant 35% seulement possèdent des vers dans le lumen. Selon les résultats expérimentaux de Würtz & Taraschewski (2000), les changements macroscopiques de la paroi de la vessie ne pourraient être observés qu’après des infestations répétitives, c’est pourquoi il existe des vessies non abîmées avec des parasites adultes à l’intérieur. Les interactions entre parasites peuvent créer des synergies favorables au développement parasitaire. A. crassus semble favoriser, à partir d’un certain seuil d’infestation, le développement de deux Protistes : Myxidium giardi et Eimeria anguillae. Ce processus pourrait être lié à des modifications physiologiques ou à une baisse des défenses immunitaires de l’hôte (Benajiba et al., 1995). Maillo et al. (2000) ont observé une corrélation positive entre les niveaux d’infestation d’Anguillicola crassus et Myxidium giardi. Certains parasites non pathologènes par eux-mêmes peuvent être le vecteur d’infections virales ou bactériennes (Maillo et al., 2000). 5.2.3 Facteurs influençant les indices épidémiologiques Les indices épidémiologiques : prévalence, intensité moyenne et abondance moyenne du parasite varient selon plusieurs facteurs biotiques et abiotiques. - La taille de l’anguille. Certaines études ont mis en évidence une diminution de l’intensité du parasite avec l’augmentation de la taille des anguilles (15-65 cm) (Loukili & Belghyti, 2007). Ce phénomène peut s’expliquer par le régime alimentaire des jeunes anguilles qui consomment plus d’hôtes intermédiaires comparativement aux grandes anguilles qui se nourrissent de petits poissons et crabes. Au contraire, Lefebvre et al. (2002a) trouvent une corrélation positive entre la taille de l’anguille et l’intensité et l’abondance du parasite, mais pas avec sa prévalence. Cette relation pourrait venir d’une exposition de l’hôte plus longue en milieu parasité, une surface à infester plus grande ou une consommation plus grande compte tenu de sa taille. Le régime alimentaire joue certainement un rôle aussi pour expliquer la relation en cloche de l’abondance du parasite en fonction de la taille de l’hôte. En effet, les jeunes anguilles se nourrissent d’abord de crustacés puis deviennent de plus en plus piscivores. Gargouri Ben Abdallah & Maamouri (2006) notent les plus fortes prévalences chez les individus de petites tailles : 20-25 cm (corrélation négative), mais l’inverse pour les intensités, les plus forte étant chez les grands individus (Corrélation positive). El Hilali et al. (2004-2005) notent une corrélation entre les classes de taille (10 à 30 cm) et la prévalence (35-70%), au Maroc, dans l’estuaire du Sebou (Atlantique). Le taux plus faible d’infestation sur des anguilles de grandes tailles peut indiquer soit une diminution parallèle du taux d’infestation des hôtes paraténiques, soit l’acquisition d’une résistance au parasite (Blanc, 1998). - Alimentation. Une infestation plus grande (3 parasites) serait à corréler avec la phase intense d’alimentation de l’hôte (Benajiba et al., 1994). - Variation saisonnière (température, alimentation). Gargouri Ben Abdallah & Maamouri (2006) proposent plusieurs explications. (1) Les changements de températures : basses et hautes températures empêchent le développement du cycle parasitaire (développement impossible dans l’hôte intermédiaire copépode). (2) L’anguille arrête de se nourrir en été lorsque la température est >30 C° et en hiver quand <10 C° (Lecomte-Finiger, 1983) limitant l’arrivée des stades infestants. (3) Le changement de proies. Le développement de A. crassus est dépendant de la Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 25 température en milieu expérimental. A basse température (4C°), le développement larvaire se fait plus lentement, et les adultes, eux, sont sévèrement touchés avec une mortalité accrue et une baisse de la croissance et de la reproduction (Knopf et al., 1998). Un suivi de 4 ans en Camargue montre des variations saisonnières avec des pics réguliers au début de l’été et à la fin de l’hiver. Il montre également qu’il n’y a pas d’influence de la localisation de l’échantillon et que l’importance de l’année semble secondaire (Lefebvre et al., 2002a). Au Maroc, des suivis d’un an ont montré des fluctuations mensuelles des taux de prévalence (0-70% et 13-55%) (Rahhou et al., 2001; El Hilali et al., 2004-2005). - La salinité. Les niveaux d’infestation diminuent avec l’augmentation de la salinité (Kirk et al., 2000a), cependant, même en eau de mer, l’éclosion des œufs des parasites est diminuée mais pas totalement inhibée (Kennedy & Fitch, 1990). Lefebvre et al. (2003) mettent en évidence une relation négative entre les indices parasitaires (prévalence, intensité moyenne et abondance moyenne) des anguilles argentées et la salinité (prévalence de 52% en eau saumâtre à 77% en eau douce). De même, en Bretagne sud, les prévalences sont supérieures pour les anguilles vivant dans des milieux peu salés (>90%) comparées à celles vivant dans des conditions estuariennes (15%) (Sauvaget et al., 2003). La même tendance est observée dans 4 lagunes de Tunisie (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2006). 5.2.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite Il n’existe pour le moment aucun remède efficace en milieu naturel pour éradiquer le parasite A. crassus. Certains moyens sont utilisés en anguilliculture : utilisation de produits chimiques (Trichlorfon..) pour tuer les copépodes (hôte intermédiaire), anthelminthiques (Geets et al., 1992) mais sont inapplicables en milieu naturel. En ce qui concerne la défense de l’hôte contre A. crassus, les études ont échoué à démontrer la mise en place d´une défense immunitaire de A. anguilla contre A. crassus (Knopf, 2006). Une réponse contre les antigènes est caractérisée pour les 2 espèces d’anguilles japonaise et européenne, cependant il reste une incertitude quant à la fonction protectrice de ces anticorps contre A. crassus (Knopf, 2006). D’autres études sont nécessaires pour comparer les réponses de A. anguilla et A. japonica. En effet Knopf & Mahnke (2004) montrent que A. japonica a des mécanismes de défense (réponse immunitaire) plus efficaces comparée à A. anguilla. Cela pourrait être le résultat d’une plus longue co-évolution et d’une relation équilibrée hôte-parasite. La réponse au stress est adressée principalement contre les stades larvaires et jeunes adultes de A. crassus, pas contre les adultes plus âgés. Le stress de l’anguille se matérialise par une augmentation de la concentration en cortisol (corrélée à une augmentation du niveau de glucose). Une étude récente montre que cette augmentation de cortisol est corrélée avec la diminution de l´anticorps anti-A. crassus. Cet effet immuno dépresseur mis en évidence pour la première fois pourrait expliquer le succès de survie et de colonisation de A. crassus (Sures et al., 2006). Il semble que l’infestation de A. crassus ait atteint un niveau seuil dans plusieurs sites Européens. Déjà en 1998, Blanc (1998) rapportait un niveau d’intensité moyenne stabilisé à environ 4 adultes par hôte, indice, selon lui, d’une autorégulation. Il est cependant impossible de savoir quand cette infestation en Europe se stabilisera à un niveau plus faible comme observé au Japon chez A. japonica (Blanc, 1998). Molnár et al. (1994) estiment qu’un équilibre hôte-parasite a été atteint en 1993 dans le lac Balaton en Hongrie avec une stabilisation à 44-57% d’anguilles infectées. Le plus long suivi disponible sur la dynamique d’A. crassus a été mené dans le canal de Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 26 Fumemorte en Camargue entre 1982-2003 (Lefebvre & Crivelli, 2004a). Depuis son introduction en 1985, le taux de prévalence de A. crassus a augmenté de 32% à environ 50% entre 1989 et 1990, puis a oscillé entre 56% et 73% entre 1997 et 2003. Moins de 10 ans après son introduction, l’apparition d’un palier à environ 60-70% est observée. L’intensité des parasites sur les 5 dernières années est en moyenne de 6 et ne montre pas d’évolution à la hausse. Ces résultats confirment ceux observés ailleurs en Europe (Pays Bas : Van Willingen et Dekker 1989, Angleterre : Ashworth 1994, Hongrie: Molnar et al 1994, Allemagne : Wurtz et al 1998) ou la propagation de A. crassus s’est caractérisée de la même façon, par une rapide propagation puis une stabilisation autour d’un seuil. La représentation de la prévalence en fonction de l’index de dégénérescence de la vessie (SDI) est en forme de cloche, et indique un maximum à environ 75% qui correspond à un SDI entre 2 et 3 et une intensité moyenne correspondante entre 4.9 et 5.9. Ceci permet de penser que les infestations répétitives pourraient rendre la vessie inadéquate à l’établissement de nouveaux parasites. Différents mécanismes sont proposés pour expliquer la stabilisation de l’infestation (Lefebvre & Crivelli, 2004a) : (1) densité-dépendance des populations larvaires de A. crassus au sein des hôtes intermédiaires (toujours 20-60% de copépodes restent non infectés). (2) densité-dépendance des larves et adultes A. crassus dans l’hôte définitif : Ashworth et Kennedy (1999) : établissement de larves inhibées par la présence d’adultes établis + nombre constant d’environ 3 femelles gravides par hôte infesté. (3) Mortalité induite par la forte charge parasitaire. Cas de mortalité due à l’infestation rapportée dans les fermes aquacoles (Hartmann 1987, Liewes et Schaminee-Main 1987) et dans les habitats naturels (Molnár et al. 1991, Csaba et al. 1993, Barus et Moravec 1999). Cependant ces résultats sont à prendre avec précaution car d’autres causes possibles sont mises en évidence : insecticides, fortes densités de poisson, très fortes températures, infections bactériennes. (4) Adaptation immunitaire de l’hôte (toujours ambigu). (5) L’infestation cause d’importants dommages histologiques à la vessie et devient un habitat non favorable pour le développement du parasite. L’atteinte d’un seuil ne serait donc pas forcément positive puisqu’il pourrait refléter une mortalité des anguilles ou une accumulation des dommages dans les organes touchés. 5.2.5 Distribution dans le bassin RMC Les résultats sur le bassin RMC montrent que A. crassus est omniprésent dans toutes les lagunes et cours d’eau récemment étudiés. Sa présence en France a été observée pour la première fois dans les eaux douces et salées du delta du Rhône en 1985 (Dupont et Petter 1988). Les tableaux 8,9 et 10 récapitulent les informations répertoriées respectivement sur la région du Languedoc Roussillon, la région PACA et la Corse. Seules les études ayant un échantillonnage supérieur ou égal à 10 individus sont indiquées, les autres n’étant pas représentatives. En ne considérant que les échantillonnages récents (année 2000 et postérieures), des informations sont disponibles pour 10 lagunes sur les 39 lagunes principales (surface > 400 ha) du bassin RMC. Nous n’avons trouvé aucune donnée récente pour les lagunes de Canet, La Palme, Ayrolle, Vendres, Bagnas, Ingril, Vic, Arnel, Méjan, Biguglia et Diana. Aucune information n’est disponible sur les rivières et seulement 3 fleuves ont été étudiés récemment : le Rhône, la Saône et le bas Argens. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 27 Les échantillons d’anguilles comprennent les 3 stades (entre 10 et 70 cm) : anguillette, jaune et argentée, sans claire séparation des stades pour la plupart des études. Cependant, notons l’étude de Lefebvre et al. (2003) portant spécialement sur les anguilles argentées de Camargue (Vaccarès, Canal de Fumemorte et Aube de Bouic) sur la période 1998-1999, avec des prévalences élevées comprises entre 53.3% et 94.8% A par quelques exceptions, les études sont ponctuelles et ne permettent pas les comparaisons temporelles afin d’interpréter les résultats du point de vue évolution. L’étude de Fazio (Com. Pers.) permet de suivre l’évolution entre 2002 et 2003 sur la lagune de Salses-Leucate pour le mois de mars. L’infestation semble assez stable avec une prévalence passant de 6.7 à 11.6%. Sur la même lagune, entre 2004 et 2005, des échantillons de juillet montrent une diminution du taux d’infestation : de 66.7% (Sasal et al., Com. pers.) à 16.7% (Fazio et al., Com pers). Il se pourrait cependant que la variation provienne de la différence de la taille moyenne des individus échantillonnés (21 et 32 cm respectivement). Pour l’étang de Bages-Sigean, il est possible de comparer 2 échantillons collectés en juillet. Alors qu’aucun A. crassus n’avait été détecté en 2004 (Sasal et al., Com. pers.), l’échantillon de 2005 montre une prévalence de 15% (Fazio et al., Com pers). Pour le Rhône, il est possible de comparer des échantillons collectés pendant les étés 2005 et 2006. La prévalence fluctue de 60% (Girard, 2005) à 30% (Girard, 2007), cependant la longueur moyenne des anguilles de l’échantillon 2005 est supérieure à celle de 2006 (51 cm contre 20 et 40 cm pour 2006). La seule étude à notre connaissance couvrant une période conséquente et ayant une méthode d’échantillonnage homogène (tailles des individus similaires et comparaison de la même période chaque année : Septembre à Décembre) est celle réalisé entre 1985 et 2003 par Lefebvre et al. (2004) dans le canal de Fumemorte en Camargue. Cette étude montre l’apparition dès 1997 d’un plateau du taux d’infestation à environ 60-70%. Il faut noter cependant que cette étude demande un fort investissement logistique. Ces résultats confirment ceux observés ailleurs en Europe (voir paragraphe 5.3.4). Une autre étude particulièrement intéressante a été réalisée en Camargue (lagune du Vaccarès et de Malagroy) par Lefebvre et al. (2002a) pendant 4 années consécutives avec un échantillonnage mensuel. Dans cette étude, la variation de la prévalence et de l’abondance est principalement expliquée par le mois, alors que l’intensité est expliquée principalement par la taille de l’hôte. Pas d’effet significatif de la localité (2 lagunes de salinité différentes), ni de l’année sont observés. En ce qui concerne les autres pays du pourtour méditerranéen, les études ne se concentrent que sur quelques pays : Espagne (P = 21-44%), Italie (0-64%), Turquie (78%), Tunisie (0-19%) et Maroc (0-70%). Il est difficile de conclure puisqu’il n’y a pas d’homogénéité des prélèvements (temps, nombre d’individus, taille) entre les différents pays. Au Maroc, une colonisation rapide du parasite a été observée sur la côte Atlantique en 1994, puis une extension à la côte Méditerranéenne a eu lieu en 1997. L’importation de cyprinidés pourrait en être responsable puisqu´aucune importation d’anguille n’est recensée (Kheyyali et al., 1999). Le Cemagref (P.Elie) est sur le point de publier une note de synthèse sur A. crassus en Europe. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 28 Tableau 8. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus dans la Région du Languedoc Roussillon. N=nombre d’individus échantillonnés (seuls sont considérés les études pour lesquelles N≥10), M=male, F= Femelle. Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000. Stade/ ÉvolP I A Auteur Année Echantillonnage N Site Taille ution Salses-Leucate 0-67 1989-1992 0 Blanc (1994) 2002 1 éch. Mars 15 28.2 (25-34) 6.7 1 0.1 (0-1) Fazio (Com. Pers) 2002 1 éch. Oct. 24 34.6 (23-56) 20.8 1.4 0.3 (0-3) Fazio (Com. Pers) 2002 1 éch. Déc. 20 32.3 (19-48) 10 8 0.8 (0-13) Fazio (Com. Pers) 2003 1 éch. Mars Mars, Oct, Déc 02 Mars03 1 éch./ mois 43 31.7 (25-43) 11.6 2.2 0.3 (0-4) Fazio (Com. Pers) 80 Jaune 30.7 (19-42) 7.5 1.5 0.11 (0-3) Fazio et al. (2005) 2004 1 éch. Fév. 29 79% jaune 29 (26-39) 0 2004 1 éch. juil. 30 21.1(10-40) 66.7 2.3 ± 1.7 1.53 (0-6) Sasal et al. (Com. pers.) 2005 1 éch. juil. 18 Jaune 32.2 (27-38) 16.7 8.3± 5.5 1.4 (0-19) Fazio et al. (Com. Pers.) 1989-1992 10-120 ind/éch. 0 Blanc (1994) 0 Fumet (2004) Sasal et al. (Com. pers.) 2002-2003 Bages-Sigean 0-15 Ayrolle et Guissan 1 éch. Fév. 29 2004 1 éch. Juil. 23 29.8 (19-40) 0 2005 1 éch. juil. 27 Jaune et argentée 30.3 (23-51) 14.8 1989-1992 Aude Vendres Lergue Thau 2004 79% jaune 29 (26-39) 1999 0-24 1989-1992 1989 1989-1992 2004 Fumet (2004) 6.8 ± 5.8 1 (0-24) 0 1 éch. juin 15 1 éch. Janv 55 1 éch. Juil. 17 Jaune 38.9 (22.5-72) 33.6 (25-41) 13 9 0 0 23.5 Fazio et al. (Com. Pers.) Blanc (1994) 2 ± 1.4 5.5 ± 4.3 0.3 (0-3) 1.29 (0-18) Girard (Com. Pers.) Blanc (1994) Benajiba (1991) Blanc (1994) Sasal et al. (Com. pers.) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 29 Suite du Tableau 8 Site Ingril et Vic Pierre Blanche Prévost Arnel Évol ution 8-10 Année 1989-1992 2004 1989-1992 1989-1992 2005 Le Lez 1989 1989 Méjean Maugio Echantillonnage N Stade/ Taille 1 éch. Juil. 12 36.6 (28-46) 1 éch. juil. 89 Jaune et argentée 38.9 (23-57) Juil. Clinique du parc Juil. Source 1988-1989 Grau du Roi 45-75 Scamandre Rhône 25-60 1989 1988 2006 2005 2006 0 0 6 8 10.1 Janv.-Nov. (30-42/ mois) 1.7 ± 0.2 0.1 (0-3) 20 0 Benajiba (1991) 829 Jaune 10-25 :76% <30 :93% (10-65) 18 26.1 (20-31) ? 1 éch. Juil. 1 mois Fév. 1 éch. Déc 1 éch. Juin Eté (3 jours, 3 station) 1 éch., Juin Fazio et al. (Com. Pers.) Benajiba (1991) 22-64 39.04 Blanc (1994) 2-4 (0-14) 38.6 1 éch. Juil. Auteur Blanc (1994) Sasal et al. (Com. pers.) Blanc (1994) Blanc (1994) 1.8 1989-1992 2004 A 80 1989-1992 2004 I 25 1989-1992 22-94 P 16 94.4 Blanc (1994) 16.7 ± 9.2 15.1 (0-33) 45 28.9 (18-51) 75 27 12 10 39.6 (34-46) 22.2 25 30 25 50.7 (28-74) 60 20 Anguillettes 20.3 (17-24) 30 Benajiba (1991) Benajiba et al. (1991) Sasal et al. (Com. pers.) Blanc (1994) 12.7 ± 10.1 9.5 (0-30) (0-11) 1.7 1.0 Sasal et al. (Com. pers.) Benajiba (1991) Benajiba (1991) Girard (2007) Girard (2005) Girard (2007) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 30 Tableau 9. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus dans la Région PACA.M= male, F= Femelle. C= Capelière, F=Fumemorte, M=Mornès. Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000. Site ÉvolAnnée Echantillonnage N Stade P I A Auteur ution Taille/poids Vaccarès et 2000 Mars-Mai 96 58.3g 58.3 4.6 Lefebvre et al. (2004b) Impérial (4jours/mois) Vaccarès et 1997-2000 Jan97-Déc00 13319 Anguillette, 40-72 3.36 0.75-5.41 Lefebvre et al. (2002a) Malagroy (mensuel) jaune et Argenté 1.5-7.8 (6-72) Malagroy 1999 1 éch./mois d’Avril 15 Argenté M 53.3 3.4 1.8 Lefebvre et al. (2003) à Nov. 35.6 Vaccarès 31-77 1989 1 mois avril 32 56.3 Benajiba (1991) 1989-1992 30.6 Blanc (1994) 1996-1997 Nov96,Jan-Fév97, 18 Jeunes adultes ou 33 Roche et al. (2000) Juin96,Juin97 immatures 50% <200g 1996-1997 19 1998 Nov96,Jan-Fév97, Juin96,Juin97 (Mornès) Mai-Fév C,F,M 4 jours./mois 67 1998 4 jours./mois 17 1998 1998 1998-1999 1 éch. 1 éch. 4 jours./mois C 4 jours./mois C 10 11 120 1997-1999 1999 72 27 Jeunes adultes ou immatures 50% <200g Immature M 5.2 Roche et al. (2000) 30 Buet et al. (2000-2001) Argenté M 37.3 Argenté F 57.1 (17.3 -30.5) (17.3-30.5) Argenté 65.7 5.3 3.5 Lefebvre et al. (2003) 64.7 5.6 3.7 Lefebvre et al. (2003) 3.7 LDA 39 (1998) LDA 39 (1998) Lefebvre et al. (2003) Argenté M 37 66.7 4.6 Lefebvre et al. (2003) 50 27 65 6.9 Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 31 Tableau 9 (suite) Site Vaccarès Évolution Année Echantillonnage N 1999-2000 Juin99,Nov99, Mai00,Oct00 F,C 88 2000 1251 22 14 1998 Mars-Déc (4jours/mois) 1 mois Juil. 1 jours juin grau Fourcade 4 jours./mois Stade Taille/poids Adultes immatures 34.8-52.4 (23-70) (6.4-72) 19 1998-1999 1999 4 jours./mois 4 jours./mois 39 17 2005 2006 Aube de Bouic Fumemorte 1982-1983 1985 1989 1989 1990 1996-1997 Sept-Déc Mars-Mai Sept-Déc Sept-Déc Nov96,Jan-Fév97, Juin96,Juin97 258 25 39 54 70 16 1997 1998 Sept-Déc 4 jours./mois 113 11 1998 1998-1999 1999 Sept-Déc 4 jours./mois 4 jours./mois 52 156 23 1999 4 jours./mois 118 1999 Sept-Déc 133 P I 40 A (0-18) Auteur Roche et al. (2003) 47 3.8 30.7 (20-41) civelles 77.3 0 7.1 5.5 (0-26) Argenté F 63 Argenté Argenté F 62.1 45 78.9 10.7 8.4 Lefebvre et al. (2003) 94.9 76.5 7.2 5.5 Lefebvre et al. (2003) Lefebvre et al. (2003) 47.6 39 Jeunes adultes ou immatures 50% <200g 44.4 Argenté F 60.6 42.1 Argenté M 39.3 Argenté F 58.2 45.5 Lefebvre et al. (2002b) 0 32 30.9 51.9 54.3 25 Sasal et al. (Com. pers.) Girard (2007) Dupont (1984) Dupont et al. (1988) Benajiba (1991) Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2004) Roche et al. (2000) 63.7 90.9 5.5 15.6 14.18 Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2003) 55.8 71.8 87.0 9.7 5.9 5.1 Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2003) Lefebvre et al. (2003) 66.1 7.5 4.9 Lefebvre et al. (2003) 62.4 7.2 Lefebvre et al. (2004) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 32 Tableau 9 (suite) Site Fumemorte Grand Palun Berre Bolmon Argens Évolution Année Echantillonnage N 2000 2001 2002 2003 1985 Sept-Déc Sept-Déc Sept-Déc Sept-Déc 66 55 52 78 142 1989 1989-1992 1989-1992 1989-1992 2004 Juil. Martigues St-Chamas juillet 22 ? ? ? 10 2004 juillet 2004 juillet Stade/ Taille 51.3 42.5 43.1 51 Maj. M Argenté 37 P I 71.2 70.9 73.1 61.5 96 3.7 6.9 5.2 4.7 A (0-30) 48.4 (40-50) 36.4 49 39 56.6 60 2 10 46.2 (40-50) 40 3.8 10 46.2 (40-50) 50 2.8 Auteur Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2004) Lefebvre et al. (2004) Dupont et al. (1988) Benajiba (1991) Blanc (1994) Blanc (1994) Blanc (1994) Maison régionale de l’eau et al. (sous presse) Maison régionale de l’eau et al. (sous presse) Maison régionale de l’eau et al. (sous presse) Tableau 10. Résultats d’indices épidémiologiques pour Anguillicola crassus en Corse. M= male, F= Femelle, Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000. Echantillonnage Stade/ Prévale Évol Intensité moy. Abondance Auteur Année N Site Taille nce ution 6.1 3.35 Avril-Juin 53.8 Caillot et al. (1999) 55 Biguglia 1997 20 (1-16) (40-72) Urbino 2002 Avril-Juin 31 13.3 1.25 0.16 Ternengo et al. (2005) Gravone 1989-1992 présent Blanc (1994) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 33 5.3 Autres parasites 5.3.1 Généralités L’annexe 6 présente la liste des parasites rencontrés dans le bassin Méditerranéen. La communauté de parasites helminthes semble de composition similaire dans les lagunes en Europe (Di Cave et al., 2001). Il y aurait donc des facteurs déterminants communs, stabilisants, conduisant à cette similarité. En eau douce, des études menées sur la dynamique des communautés d’helminthes dans l’intestin de l’anguille européenne au Royaume-Uni et sur la rivière Tibre en Italie montrent des résultats similaires : faible densité, faible diversité et dominance d’une espèce, souvent un acanthocéphale (Kennedy et al., 1998b). L’espèce dominante de parasites d’anguilles varie selon les sites : Pseudodactylogyrus anguillae (monogène) dans le delta de l’Èbre (Maillo et al., 2005), Deropristis inflata et Bucephalus polymorphus (digènes) dans les lagunes d’Italie (Kennedy et al., 1997; Di Cave et al., 2001), A. crassus dans les lagunes du Languedoc Roussillon (Benajiba, 1991) et Bucephalus anguillae dans les lagunes tunisiennes (étude basée uniquement sur les digènes) (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005). En terme de richesse parasitaire des anguilles, les études menées sur les lagunes méditerranéennes montrent des résultas similaires : 10 espèces en France (Fazio et al., 2005), 10 espèces en Italie (Kennedy et al., 1997) et 11 espèces en Espagne (Maillo et al., 2000). Les études sont très ponctuelles comme pour A. crassus et rares sont les suivis temporels. Schabuss et al. (2005) ont étudié pendant 8 ans (1994-2001) en Autriche la composition et la richesse de la communauté d’helminthes d’une population d’anguilles de culture. Ils trouvent des caractéristiques similaires avec celles des populations sauvages d’Angleterre : peu d’espèces et une espèce dominante. La disponibilité des hôtes intermédiaires indispensable au déroulement des cycles hétéroxènes des parasites, les conditions du milieu (température, salinité, vitesse du courant) qui agissent sur le développement des différents stades du parasite et l’état des milieux (la pollution influe sur l’abondance des hôtes intermédiaires) joue un rôle dans la variation des paramètres épidémiologiques (Barker & Cone, 2000; Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005; Maillo et al., 2005). L’augmentation de salinité est corrélée à une diminution de la diversité parasitaire (Koie, 1988; Kennedy et al., 1997). Il existe aussi des variations spatiotemporelles : certaines espèces de digènes sont rares, se limitent localement (certaines lagunes) et ne se rencontrent que pendant certaines saisons (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005). Dupont & Gabrion (1987a) observent des variations mensuelles de la prévalence de Bothriocephalus claviceps chez l’anguille dans le canal de Fumemorte en Camargue (pics au printemps et automne). Aucun effet de la taille des hôtes sur les prévalences et l’intensité n’a été mis en évidence. La présence de certains parasites semble favoriser l’apparition d’autres. Exemple de A. crassus qui semble favoriser, à partir d’un certain seuil d’infestation, le développement de deux Protistes : Myxidium giardi et Eimeria anguillae (Benajiba et al., 1995). Il existe une autorégulation des parasites au sein de l’hôte par compétition intraspécifique, limitation des ressources et immunité de l’hôte. Par exemple, la majorité des anguilles hébergent une et rarement deux espèces de trématodes (Gargouri Ben Abdallah & Maamouri, 2005). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 34 5.3.2. Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC Pseudodactylogyrus anguillae et P. bini sont des parasites monogènes de branchies de l’anguille. Moins étudié qu’Anguillicola crassus, ils peuvent cependant entraîner des troubles respiratoires graves, particulièrement lorsque les conditions du milieu se dégradent (hausse des températures en été et eutrophisation). Les deux espèces exotiques invasives P. anguillae et P. bini semblent être responsables de l’extinction du parasite natif et endémique Gyrodactylus anguillae. Ce phénomène a été répertorié en Italie dans le Tibre ainsi que dans la rivière Culm et les marais de Exminster en Angleterre (Kennedy & Di Cave, 1998a; Kennedy et al., 1998b). Le tableau 11 répertorie les études portant sur Pseudodactylogyrus sp. Des données sont disponibles pour seulement 9 lagunes, 5 fleuves, 1 rivière et 1 canal. Si l’on considère les études menées pendant et postérieurement à 2000, Vaccarès, SalsesLeucate et Bages-Sigean sont les seuls sites explorés. Les taux d’infestation semblent plus faibles que ceux observés pour A. crassus. Ils varient entre 0 et 25%. On note cependant un cas de 100% d’infestation d’un échantillon de 40 civelles provenant du Grau de la Fourcade à l’entrée de l’étang de Vaccarès (en janvier 2006). Pseudodactylogyrus sp. est présent dans toutes les lagunes récemment étudiées, sauf sur les étangs de Salses-Leucate et Bages Sigean lors d’une récente étude menée en juillet 2005 (Fazio et al., Com pers.). Cette absence pourrait avoir un lien avec l’eutrophisation du milieu à cette période de l’année, conduisant à une mortalité des anguilles infestées. Aucune étude de suivi à long terme n’a été répertoriée ce qui limite l’interprétation des données. Les taux d’infestation observés dans les lagunes d’Espagne semblent plus élevés: entre 35.9 et 84.6% (Maillo et al., 2005). Les prélèvements n’ayant pas été faits sur la même période de temps, la comparaison avec le bassin RMC est cependant difficile. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 35 Tableau 11. Résultats d’indices épidémiologiques pour le parasite Pseudodactylogyrus sp. dans le bassin RMC. a = anguillae, b=bini, sp.=espèce non déterminée. N=nombre d’individus échantillonnés (seuls sont considérés les études pour lesquelles N≥10). Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), P = prévalence, I = intensité moyenne± écart-type, A = Abondance moyenne (minimum-maximum). éch. = échantillon. En grisé les études récentes ≥ l’année 2000. Site Espèce Année Echantillonnage N Stade/Taille P I A Auteur 0.2 Salses Fazio (Com. Pers) 6.7 3 sp. 2002 1 éch. Mars 15 28.2 (25-34) (0-3) Leucate 1.4 Fazio (Com. Pers) sp. 2002 1 éch. Oct. 24 34.6 (23-56) 25 5.5 (0-18) 2.9 Fazio (Com. Pers) sp. 2002 1 éch. Déc. 20 32.3 (19-48) 15 19 (0-53) 0.4 Fazio (Com. Pers) sp. 2003 1 éch. Mars 43 31.7 (25-43) 2.2 16 (0-16) Mars, Oct, Déc 02 Jaune 200280 sp. 1.3 3 0.04 Fazio et al. (2005) Mars03 30.7 (19-42) 2003 1 éch./mois Jaune sp. 2005 1 éch. juil. 18 0 Fazio et al. (Com. Pers.) 32.2 (27-38) Jaune et argentée Bages - Sigean sp. 2005 1 éch. juil. 27 0 Fazio et al. (Com. Pers.) 30.3 (23-51) Orb a ? présent Lambert et al. (1984) Hérault a ? présent Lambert et al. (1984) Lergue b 1989 1 éch., Jan. 55 sp. 2005 1 éch. juil. 89 b 1989 Juil. 25 a ? b 1989 Jan.-Juil. 20 Maugio b 19881989 Jan-Nov 829 Vidourle a ? Lez Jaune et argentée 38.9 (23-57) 0 Benajiba (1991) 0 Fazio et al. (Com. Pers.) 0 Benajiba (1991) présent (10-65) 76%:0-25 Lambert et al. (1984) 0 Benajiba (1991) 0.8 Benajiba (1991) présent Lambert et al. (1984) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 36 Tableau 11 (suite). Site Espèce Année Echantillonnage N Scamandre b 1989 Fev 27 Stade/Taille 0 Benajiba (1991) Rhône b 1988 1 éch., Déc. 12 0 Benajiba (1991) Vaccarès b 1989 Avril 32 0 Benajiba (1991) sp. sp. 2006 2006 1 éch., Jan. 1 éch., Juin. 40 45 Fumemorte b 1989 Mars-Mai 39 0 Benajiba (1991) Grand Palun b 1989 Juil. 22 0 Benajiba (1991) Biguglia a 1997 Avr. et Juin 20 civelles civelles 53.8 (40-72) P 100 24.4 15 I 1à2 10.7 (1-28) A (0-8) 1.6 Auteur Girard (2007) Girard (2007) Caillot et al (1999) Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 37 5.3.3 Ichtyophthirius multifiliis dans le bassin RMC La Fédération des Alpes-Maritimes pour la Pêche et la Protection de Milieu Aquatique (FPPMA des Alpes-Maritimes, 2006) a mis en évidence la présence massive d’Ichtyophthirius multifiliis sur les civelles et anguilles du bas Var en 2005 et 2006, particulièrement au mois d’avril. Les classes de tailles supposées les moins résistantes (7-10cm) ont été particulièrement touchées. Un prélèvement en février 2007 (8.2°C) à environ 14 km de la mer (communication personnelle de Romain Passeron de la FDAAPPMA06) à mis en évidence ce parasite sur des individus plus grands 9-20 cm. Le protozoaire cilié semble affecter la mobilité des civelles conduisant à une réduction de la capacité de reptation. Cela pourrait avoir un impact important sur leur recrutement, notamment en présence d’obstacles lors de la montaison (FPPMA des Alpes-Maritimes, 2006). 5.3.4. Elimination, immunisation, autorégulation du parasite Il n’existe pas de méthodes efficaces pour éradiquer les parasites en milieu naturel. Buchmann et al. (1992) reportent une augmentation du risque de sélectionner des monogènes de branchies résistants au mebendazole MBZ (antihelminthique) dans les conditions de fermes européennes. Cependant, certains moyens alternatifs sont mis en place en milieu aquacole pour mitiger les infestations. Au Canada, l’abondance moyenne et la prévalence du parasite Pseudodactylogryrus anguillae ont été corrélées positivement avec le pH, la température et corrélées négativement avec la vitesse du courant. Afin de mitiger l’effet des parasites en anguilliculture l’auteur propose d’augmenter la vitesse du courant (>5cm/s) et diminuer le pH (<5.5) (Barker & Cone, 2000). Une première infestation par Pseudodactylogyrus sp. offre à l’hôte une relative résistance pour combattre l’infestation. Cependant, l’immunité totale n’est pas obtenue (Slotved & Buchmann, 1993). 5.4 Viroses 5.4.1. Généralités Les virus n’ont pas reçu beaucoup d’attention jusqu’ici, bien qu’ils soient connus pour affecter les tissus sanguins des poissons et deviennent particulièrement virulents pendant des périodes de stress (Wolf, 1988). Or la migration vers le site de reproduction peut être considérée comme stressante (l’anguille arrête de se nourrir pendant les 4 à 6 mois de sa migration). Les contaminations virales peuvent être horizontales : de poisson à poisson ou de l’eau vers les poissons (la plupart des viroses), soit verticales : lors de la reproduction (appelée ovocontamination, NPI et Herpès virus observés chez d’autres espèces) (GRISAM, 2006). Les résultats de tests virologiques effectués entre 1977 et 1992 sur 2092 pools de civelles et d’anguilles venant du Danemark, Angleterre, France et Suède ont permis d’isoler 91 virus (Jorgensen et al., 1994). 44 rhabdovirus de type EVEX/EVA, 3 rhabdovirus de type autre, 38 NPI (Nécrose Pancréatique Infectieuse) virus, et 5 herpès virus. Aucun IHN (infectious haematopoietic necrosis) n’a été isolé, et seulement 1 virus proche de VHS (viral haemorrhagic septiceamia) a été détecté. Il a donc été conclu que l’anguille avait peu de chance d’être un vecteur des virus VHS et IHN (particulièrement néfastes, notamment pour les élevages de salmonidés). Les cas les plus sérieux d’infections par des rhabdovirus chez l’anguille décrits dans la littérature sont EVA (Eel-Virus-America : découvert en premier au Japon en 1974 dans un transport de civelles stockées à Cuba) et EVEX (Eel Virus Europe origin, Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 38 décrit pour la première fois en 1977, dans un fret de France vers Tokyo). Pour le moment, il n’est pas prouvé si ce virus est endémique à la population européenne ou s’il a été dispersé depuis les 50 dernières années avec les pratiques d’aquaculture. Le virus Evex a été observé sur des civelles de l’estuaire de la Loire au début des années 80 (Castric & Chastel, 1980), puis en 2004 (Girard, Com. Pers.). Cependant, il n’a encore jamais été détecté sur des anguilles jaunes et argentées (9 lots constitués entre 2001 et 2002 sur la Loire étaient négatifs (EELREP, 2005)). Dans une récente étude de Van Ginneken et al. (2004), le virus EVEX a été observé sur des anguilles venant de milieu naturel aux Pays-Bas (50-100%) et au Maroc (Sebou, côte Atlantique : 50%), mais les échantillonnages étant faibles (N=2-10), l’aspect quantitatif est à prendre avec précaution. De même le virus HVA (herpèsvirus anguillae qui conduit à des nécroses du foie et des branchies ainsi que des hémorragies) a été observé aux Pays-Bas sur les populations sauvages (10-100%) et sur les civelles en culture. Le Virus EVE (Eel virus European, apparenté au virus NPI, qui cause de sévères lésions rénales) n’a été identifié qu’en Italie sur des individus de culture (100%). L’herpèsvirus anguillae (HVA) a été identifié sur des populations d’anguilles de divers pays (civelles d’élevage aux Pays-Bas). L’auteur met en garde contre les risques de la propagation de virus par le commerce d’anguilles. 5.4.2 Effets pathogènes du virus EVEX La seule étude à notre connaissance sur l’effet du virus EVEX sur la migration des anguilles a été menée lors du récent projet européen EELREP (EELREP, 2005). Les résultats sont repris dans un articles de van Ginneken et al. (2005). Toutes les anguilles infectées par le rhabdovirus EVEX (EEL Virus European X), développent des hémorragies et des anémies pendant la nage de migration simulée (utilisation de tunnels de nage de 127l de 2m de profondeur, sans simulation de pression). Elles sont alors contraintes de s’arrêter et meurent après 1000-1500 km de nage. En comparaison, les anguilles non atteintes par le virus nagent 5500 km, la distance estimée pour rejoindre la mer des Sargasses. On observe chez les anguilles infectées des changements physiologiques indiquant une infection virale sérieuse. Basé sur ces observations, il est conclu que le virus EVEX pourrait significativement affecter la migration des anguilles et pourrait représenter un facteur contribuant au déclin mondial de l’anguille. Cependant, il est important de noter que dans cette étude, les anguilles infectées (qui paraissent saines avant l’expérience) sont au stade argenté venant de milieu naturel saumâtre (85cm) alors que les anguilles non infectées sont jaunes venant d’un milieu d’aquaculture en eau douce (75cm). 5.4.3 Virus détectés dans le bassin RMC Très peu d’études virologiques ont été menées sur le bassin RMC (tableau 12). La première étude visant à évaluer l’état sanitaire en terme de virologie des civelles et des anguilles du bassin méditerranéen a été réalisé par MRM en 2004 (Girard, 2007). La recherche de virus se fait en culture cellulaire par effet cytopathogène. Les virus recherchés sont NPI, SHV, NHI, EVEX, VPC et Herpès virus. Entre janvier 2005 et juin 2006, 534 individus (444 civelles, 74 anguillettes et 16 anguilles) ont été analysés (par lots). Cette étude a mis en évidence pour la première fois le virus EVEX sur des civelles de Méditerranée (au Grau de la Fourcade à l'entrée de l'étang du Vaccarès). Dans son étude, Van Ginneken et al. (2004) examinent 3 spécimens venant de Perpignan (site exact non précisé), sur lesquels aucun virus n’a été détecté malgré la présence de signes cliniques tels que des hémorragies diffuses. Aucune étude à notre connaissance n’a été menée sur les virus dans les autres pays méditerranéens. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 39 Tableau 12. Résultats d’indices épidémiologiques pour le virus EVEX dans la bassin RMC. N=nombre d’individus échantillonnés.Taille moyenne des anguilles en cm (taille minimum-taille maximum), éch. = échantillon. EchanN Stade/Taille Présence Auteur Site AV Année tillonnage Vaccarès * 2006 1 éch., Jan. 40 civelles 0 Girard (2007) * 2005 1 éch., Jan. * 2006 1 éch., Fév. * 2005 1 éch., Nov. * 2006 1 éch., Jan. 1998 Var * 2005 1 éch., Nov. 2005 1 éch., Nov. 2006 1 éch., Avril 2006 1 éch., Avril 6 lots (20 ind./lot) 3 lots (30 ind.) 3 lots (10-20 ind./lot) 3 lots (10-20 ind./lot) 1 lot (10 ind./lot) 3 lots (10 ind./lot) 1 lot (organes d'anguilles) 5 3 lots (10 ind.) civelles 2 lots Girard (2007) civelles 0 Girard (2007) civelles 3 lots Girard (2007) civelles 0 Girard (2007) anguillettes (17.3-30.5) civelles (6-12) 0 LDA 39 (1998) 0 Girard (2007) Anguillettes (19-36) 0 Girard (2007) anguilles – anguillette 26.7 0 Civelles 7.6 0 FPPMA AlpesMaritimes (2006) FPPMA AlpesMaritimes (2006) *= Analyse de la présence des autres virus (AV) : NPI, SHV, NHI, VPC et Herpès : négatif 5.5 Conclusions et recommandations • Les résultats des différentes études sont difficilement comparables. Des problèmes ont été identifiés au niveau des protocoles d’échantillonnage, de l’analyse des échantillons et de l’expression des résultats. (a) Protocole d’échantillonnage : - Pour que l’échantillonnage soit représentatif de la population, il est nécessaire de collecter un nombre minimum d’individus. S’il est trop faible, inférieur à 20 individus (comme c’est le cas pour beaucoup d’études), les résultats ne sont pas interprétables à l’échelle de la population. - La plupart des études sont ponctuelles. Or des variations mensuelles importantes des indices épidémiologiques sont observées. Les résultats sont alors à interpréter avec précaution, un seul échantillon ne pouvant pas être représentatif de l’année. S’il n’existe aucune information préalable sur la présence du pathogène, il semble nécessaire de suivre son évolution dans le temps pour comprendre sa dynamique et ainsi procéder à un échantillonnage pertinent par la suite. Une prévalence de « zéro » un certain mois de l’année ne signifie pas forcement que le site est exempt de parasites (à prendre en considération pour l’identification des zones de meilleure qualité sanitaire). - Certaines variables qui décrivent l’échantillon sont nécessaires en vue de comparer et d’interpréter les résultats des différentes études. Il est important de Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 40 spécifier : la date de l’échantillonnage, le lieu exact (position géoréférencée), le stade (civelle, anguillette, jaune, argentée), la taille, la prévalence, l’intensité moyenne et l’abondance moyenne accompagnées de leur paramètre de variation, et si possible l’âge, le sexe et les conditions environnementales (température, salinité…). Le manque d’information dans certaines publications rend difficile l’interprétation des résultats. (b) Analyse des échantillons : - La prise en compte des stades larvaires des parasites pour le calcul des indices épidémiologiques est nécessaire pour avoir une bonne estimation du taux d’infestation. Or selon la méthode, utilisation d’un microscope ou à l’œil nu, il est plus ou moins facile de les détecter. Pour A. crassus, les stades larvaires pourraient représenter deux tiers du nombre total de parasites (Thomas et Ollevier, 1992 dans (Lefebvre et al., 2003)). Ne pas les prendre en compte conduit à une sous estimation du nombre d’individus parasités et de la charge parasitaire. - L’état de dégénérescence de la vessie est rarement pris en compte. Pourtant il indique à court terme si l’anguille sera capable d’effectuer sa longue migration. Entre 40% et 70% des individus montrent des signent d’infection antérieures de la vessie sans avoir pour autant présenté des parasites lors de l’autopsie (Lefebvre et al., 2003). L’indice de dégénérescence de la vessie (SDI) prend en compte l’effet des différents stades des parasites et caractérise la pression exercée par les parasites, passée et présente (Lefebvre et al., 2002b). Pour le moment, les études nous montrent qu’entre 15 et 20% des anguilles argentées possèdent une vessie tellement détériorée qu’elles n’ont aucune chance d’atteindre la mer des Sargasses. Le paramètre SDI devrait être utilisé systématiquement dans les études épidémiologiques de l’anguillicolose. L’encadré 1 reprend les critères pour quantifier l’état de la vessie. Encadré 1 : Méthode pour caractériser l’état de la vessie natatoire de l’anguille infestée par Anguillicola crassus. D’après l’annexe 8c du document GRISAM (2006), méthode originaire de Lefebvre et al. (2002b). Trois critères sont alors utilisés afin de quantifier l’état de dégradation, chacun de ces critères pouvant prendre les valeurs 0, 1 et 2 ; la valeur 0 étant systématiquement attribuée aux vessies intactes. - L’opacité / transparence : Vessie transparente : valeur 0 Vessie nacrée : valeur 1 Vessie opaque : valeur 2 - La pigmentation et les débris : Vessie dépourvue d’exudat et de pigmentation des tissus conjonctifs : valeur 0 Vessie présentant soit un exudat soit une pigmentation : valeur 1 Vessie présentant à la fois un exudat et une pigmentation : valeur 2 - L’épaisseur de la vessie natatoire : Epaisseur inférieure à 1 mm : valeur 0 Epaisseur comprise entre 1 et 3 mm : valeur 1 Epaisseur supérieure à 3 mm : valeur 2 Ces trois critères, une fois cumulés permettent d’attribuer une note à chacune des vessies disséquées allant de 0 à 6. On considère qu’une note de 0 équivaut à une vessie parfaitement intacte ; n’ayant pas subi de pression parasitaire, une note comprise entre 1 et 3 nous indique que la vessie reste modérément dégradée et enfin au delà de la note de 4, la vessie est alors considérée comme sévèrement dégradée remettant en doute ses capacités de fonctionnement au cours de la migration de l’anguille. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 41 - La détermination des virus se fait par culture cellulaire. Des lots d’individus (organes prélevés sur 10-30 individus) sont analysés et renseignent sur le statut d’une zone géographique. Cependant cette technique ne permet pas une estimation quantitative de la proportion de la population atteinte par les virus. L’utilisation de tests sérologiques et PCR devraient être développée pour fournir des résultats au niveau individuel (GRISAM, 2006). (c) L’expression des résultats : Les résultats sont rapportés de multiples façons. Les méthodes ont besoin d’être homogénéisées pour pouvoir comparer et interpréter les résultats. - Les résultats devraient être présentés par évènement d’échantillonnage. En effet, dans certaines études, les indices épidémiologiques sont moyennés par site (moyenne sur plusieurs mois ou années pour un site) ou par saison (regroupant tous les sites d’échantillonnage), rendant les comparaisons avec d’autres études difficiles. Lorsque les échantillons sont pris à intervalles irréguliers sur une année, la moyenne ne reflète pas forcément la situation réelle. • Manque de connaissance Cette étude met en évidence des manques de connaissance sur le bassin RMC. Bien que des études aient été réalisées sur tout le pourtour méditerranéen, un nombre important de bassins versants (lagunes, fleuves et rivières) reste non étudié. De plus, il n’existe au final que peu d’études récentes. La plupart des études menées sont éparses et restent ponctuelles. Il en résulte un manque de suivi évident. On observe un manque d’études s’intéressant au virus EVEX et aux parasites allochtones Pseudodactylogyrus sp. Dans l’idéal, il serait nécessaire de faire un état « zéro » de toutes les lagunes et cours d’eau, puis suivre leur évolution annuelle. La seule étude de ce type a été réalisée en Camargue mais a demandé un fort investissement logistique. • Identification de zones de bonne qualité sanitaire: Au vu des résultats disponibles, il n’a pas été possible de définir des zones de « meilleure » qualité sanitaire. Il semble qu’aucune zone explorée récemment ne soit épargnée par A. crassus et Pseudodactylogyrus sp. Les données sur Evex sont trop peu nombreuses pour en tirer des conclusions. Des études devraient être menées dans des retenues d’eaux éloignées de la côte pour déterminer s’il existe des zones indemnes. Benajiba et al. (1995) mettent en garde contre le transfert incontrôlé d’anguilles entraînant le risque de nouveaux problèmes d’épidémiologie dans les populations naturelles. • Actions prioritaires : L’objectif principal pour les gestionnaires est de permettre au niveau de chaque bassin versant la migration d’anguilles de bonne qualité sanitaire pour potentiellement permettre un meilleur recrutement de l’espèce. Pour hiérarchiser les actions à mener, nous devons prendre en compte le coût des mesures et leur impact potentiel de gestion à long terme. Aux vues des contraintes logistiques (coût élevé, besoin humain) et des difficultés rencontrées pour comparer les résultats des études précédentes, il semble plus judicieux de miser sur la qualité de l’échantillonnage plutôt que sur la quantité. - Mettre en place des indicateurs qui représentent au mieux l’état sanitaire de la population et qui permettent un suivi de leur évolution et donc de leur potentiel Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 42 amélioration dans le temps. Au point de vu pathologique, il semble nécessaire de suivre les indicateurs : (1) la prévalence, l’intensité moyenne, l’abondance moyenne des parasites, (2) l’indice de dégénérescence de la vessie et (3) le taux d’infection par les virus. -Afin de palier le problème de variation mensuelle des indices épidémiologiques, la meilleure cible semble être les géniteurs, c'est-à-dire les anguilles argentées prêtes à migrer. Elles peuvent être collectées en fin d’année, au moment de leur migration. Cela permettrait d’avoir une idée précise de leurs conditions pour la traversée. - Où ces études devraient-elles être menées ? L’idée proposée dans le plan GRISAM (2006) est idéale (il prévoit de couvrir l’ensemble des bassins RNDE) mais semble difficilement réalisable, à cause de son coût et de ses besoins importants en main d’œuvre. De plus, la réduction de la taille d’échantillonnage prévue (5 anguilles par localité) risque de nuire à la représentativité de l’étude. Une alternative consiste à choisir des sites modèles (lagunes et/ou sorties de bassins versants). Le choix peut se faire selon les programmes de recherches en place ou à venir, et la facilité d’obtention des échantillons (les pêcheurs doivent être impliqués autant que possible dans les échantillonnages). - Il est important de se mettre d’accord sur un plan d’échantillonnage commun. Un nombre suffisant d’individus doit être collecté (N>20) par échantillon et les remarques du paragraphe 5.6.1 doivent être prises en compte. Il serait intéressant d’avoir au moins 3 réplicats par saison de dévalaison afin d’identifier une éventuelle différence de qualité selon le début et la fin de la période de migration. - L’accent doit être mis sur le besoin de suivi temporel. Un suivi annuel est nécessaire (même endroit, même date) pour voir l’évolution de la qualité des géniteurs. 6. Les contaminants chimiques 6.1 Généralités Parmi les causes possibles du déclin de l’anguille européenne, un autre facteur semble primordial à prendre en compte : les micropolluants. On les retrouve dans tous les compartiments de l’environnement (eaux, sédiments, air) ainsi que dans les organismes vivants. Deux voies de contamination sont possibles pour l’anguille : une voie de contamination directe par l’eau et les sédiments via les branchies et la peau ; et/ou par transfert trophique en ingérant des proies contaminées. Les concentrations de micropolluants retrouvées dans l’anguille dépendent de la capacité de l’individu à éliminer les contaminants. Depuis le début de l’industrialisation, la production de substances chimiques n’a fait qu’augmenter. Depuis 1930, la production mondiale est passée de 1 million à 400 millions de tonnes par an (European Commission, 2006). Les produits chimiques sont utilisés et dispersés dans l’environnement au quotidien, sans connaître pour la plupart leur impact à long terme sur les organismes vivants et l’environnement. La directive européenne REACH (Registration, Evaluation and Autorisation of Chemicals) vient d’être adoptée par le parlement européen en janvier 2007. Elle a pour but de répertorier et d’évaluer le danger des substances chimiques produites par l’Homme. Le constat est alarmant : il est estimé que sur 100000 substances chimiques industrielles commercialisées actuellement, seulement 3% ont été évaluées. REACH Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 43 prévoit l’évaluation de 30 000 substances supplémentaires dans les 11 prochaines années. Il existe une multitude de polluants que l’on peut séparer en deux grands groupes : - les polluants organiques, dont le groupe particulièrement toxique des polluants organiques persistants (POP). Ce sont des substances chimiques qui persistent dans l’environnement et qui s’accumulent dans les tissus des organismes à travers la chaîne alimentaire. Elles peuvent être transportées sur de longues distances, dans des régions où elles n’ont jamais été utilisées, et constituent donc une menace pour l’environnement dans le monde entier. Les POP sont connues pour leur toxicité en tant que neurotoxiques et perturbateurs endocriniens. La plupart sont des organochlorés. - le groupe des polluants inorganiques tels les métaux lourds (cadmium, plomb, mercure…). On distingue 5 catégories principales de micropolluants organiques toxiques : - les polychlorobiphényles (PCB), probablement les contaminants les plus connus, ils sont aujourd’hui interdits en Europe ainsi qu’aux États-Unis mais sont encore utilisés dans de nombreux pays tropicaux. Ils ont été utilisés massivement jusque dans les années 70 pour la fabrication des transformateurs électriques. Il existe 209 congénères distincts, différenciés par le nombre et la position des atomes de chlore sur le noyau biphényle. - les retardateurs de flammes bromés : ils sont utilisés pour prévenir la combustion et retarder la propagation du feu dans divers plastiques, textiles ou autres matériaux. Parmi les retardateurs de flammes bromés, trois groupes chimiques dominent les usages courants : les polybromodiphényles éthers (PBDE), l’hexabromocyclododécane (HBCD) et les bisphénols bromés (le TBBP-A en particulier). Ils provoquent des retards de croissance et perturbent le développement neuronal des mammifères. - les dioxines sont les polychlorodibenzo-p-dioxines ou PCDD. A ce groupe sont souvent associées d’autres familles de molécules comportant des propriétés communes telles que les furanes (Polychlorodibenzofuranes, PCDF) et les PCB dits de type dioxines « dioxin-like ». Ces substances sont libérées lors de la combustion de l’essence, du bois, mais aussi lors de l’incinération des ordures ménagères et des déchets industriels. La toxicité de chaque composé dépend du nombre et de la position des atomes de chlore dans la molécule. La TCDD-2,3,7,8 est la plus toxique. Elle peut provoquer, entre autres, des troubles du foie, du système immunitaire et de l’appareil reproducteur. - les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) : molécules toxiques, potentiellement cancérogènes, elles sont très présentes dans les combustibles fossiles, y compris l’essence. - les pesticides. Les principaux pesticides utilisés actuellement appartiennent à quelques grandes familles chimiques : les organochlorés, les organophosphorés, les pyréthroïdes et les carbamates. Deux textes internationaux on été ratifiés par la France sur les POP : le protocole d’Aarhus de 1988 et la convention de Stockholm de 2001. Leur objectif est de contrôler, réduire ou éliminer les émissions de certaines substances de dioxines/furannes, PCB, HAP et du fongicide hexachlorobenzène (HCB). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 44 6.2 Normes toxicologiques de référence / cadre législatif Il est très difficile d’avoir accès à une vue d’ensemble des normes de référence appliquées en Europe et dans les autres pays pour toutes les substances xénobiotiques. Les normes de référence évoluent selon les avancées scientifiques et sont donc en constante réévaluation. Les valeurs sont déterminées principalement par rapport au risque sanitaire humain, non pas par rapport à l’état de santé de l’espèce et de son écosystème. Les poissons dont « les teneurs en contaminants excèdent les teneurs maximales ne doivent être mis sur le marché ni en tant que tels, ni après mélange avec d’autres denrées alimentaires, ni comme ingrédients d’autres denrées alimentaires » (La Commission Des Communautés Européennes, 2006). Les normes dépendent du pays, de l’espèce et du polluant considéré. Il n’existe pas des normes pour tous les contaminants. Deux organismes font office de référence en France : la Commission Européenne (CE) et l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA). Les valeurs présentées dans le tableau 13 proviennent de la dernière communication de la Commission Européenne en date du 19 décembre 2006 (La Commission Des Communautés Européennes, 2006). Elle ne porte que sur 3 métaux lourds, les dioxines, les PCB type dioxine et le Benzo(a)pyrène (HAP). En 2003, l’avis de l’AFSSA (Saisine n° 2003-SA-0007) préconise des valeurs guides, pour les poissons, de 0.05 mg/kg de poids sec pour un dosage portant sur la somme des 16 HAP de la liste EPA (Environmental Protection Agency) et de 0.02 mg/kg de poids sec pour un dosage portant sur la somme des 6 HAP, recommandées par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique de France (CSHPF). [16 HAP : acénaphtène, acénaphtylène, anthracène, benz(a)anthracène, benzo(b+j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, benzo(g,h,i)pérylène, benzo(a)pyrène, chrysène, dibenz(a,h)anthracène, fluoranthène, fluorène, indéno(1,2,3,-c,d)pyrène, naphtalène, phénanthrène, pyrène. 6 HAP : benz(a)anthracène, benzo(b+j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, benzo(a)pyrène, dibenz (a,h)anthracène, indéno(1,2,3,-c,d)pyrène.] Concernant les PCB, l’AFSSA, dans son avis du 13/03/2006, se base sur la dose journalière tolérable (DJT) déterminée par l’OMS (0.02 µg/kg poids corporel/jour pour l’ensemble des PCB) pour proposer la DJT de 0.01 µg/kg poids corporel/jour pour des 7 PCB indicateurs (28,52,101,118,138,153,180). Dans ce même avis, l’AFSSA observe une corrélation très étroite entre les PCB indicateurs et les PCB type dioxines. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 45 Tableau 13. Normes de référence des teneurs en contaminants autorisés dans la chair musculaire d’anguilla anguilla selon le règlement (CE) N°1881/2006. Contaminants Teneur dans la chair musculaire de poisson en poids frais (PF) Métaux Plomb Pb (1) 0.30 mg/kg Cadmium Cd 0.1 mg/kg Mercure Hg (2) 1 mg/kg Dioxine et PCB (dioxine-like) Somme des dioxines (OMS-PCDD/F-TEQ) (3) 4 pg/g Somme des dioxines et PCB de type dioxine (OMSPCDD/F-PCB-TEQ) (3) 12 pg/g HAP (Hydrocarbures aromatiques polycycliques) Benzo(a)pyrène (4) 2 µg/kg (1) Codex alimentarius (FAO/WHO) http://www.codexalimentarius.net/web/index_en.jsp (2) Correspond au méthylmercure qui représente environ 90 % du mercure total présent dans les poissons et produits de la mer. (3) Dioxines [somme des polychlorodibenzo-para-dioxines (PCDD) et des polychlorodibenzofuranes (PCDF), exprimée en équivalents toxiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), après application des TEF-OMS (facteurs d'équivalence toxique)] et somme des dioxines et PCB de type dioxine [somme des PCDD, PCDF et des polychlorobiphényles (PCB : 77, 81, 105, 114, 118, 123, 126, 156, 157, 167, 169, 189), exprimée en équivalents toxiques de l'OMS, après application des TEFOMS)]. TEF-OMS : évaluation des risques encourus par l’homme, fondée sur les conclusions de la réunion de l’OMS tenue à Stockholm en 1997. « Les dioxines sont généralement présentes dans des mélanges contenant plusieurs types de dioxines et composés apparentés aux dioxines (" dioxin-like "), chacun ayant un degré de toxicité spécifique. Afin de pouvoir exprimer la toxicité globale d'un tel mélange en une seule valeur, le concept d' " Equivalents Toxiques Internationaux " (ou I-TEQ pour International Toxic Equivalents) fut créé. Le système d' " Equivalents Toxiques " (TEQ) exprime la toxicité relative de chaque composé moins toxique en tant que fraction de la toxicité du TCDD le plus toxique. Chaque composé se voit attribué un " Facteur d'Equivalence Toxique " (ou TEF pour Toxic Equivalent Factor). Ce coefficient de pondération indique Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 46 le degré de toxicité par rapport au 2,3,7,8-TCDD, auquel une valeur de référence de 1 a été donné. Pour calculer l'équivalent toxique global d'un mélange de dioxines par rapport au TCDD, les quantités de chaque composé toxique sont multipliées par leur Facteur d'Equivalence Toxique (TEF) respectif, et ensuite additionnées » (http://www.greenfacts.org/fr/dioxines/toolboxes/equivalents-toxiques.htm). (4) Le benzo(a)pyrène, pour lequel des teneurs maximales sont mentionnées, est utilisé comme marqueur de la présence et de l'effet des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérogènes. 6.3 Impacts des micopolluants sur l’anguille S’il semble évident que les polluants affectent le cycle biologique de l’anguille, il n’existe cependant que peu d’études écotoxicologiques sur les anguilles et presque aucune n’apportent des éléments de réponse afin de prédire l’effet des contaminants sur la capacité des anguilles à se reproduire. Afin de répondre au besoin des gestionnaires, Robinet et Feunteun (2002) insistent sur l’urgence d’engager des études quantitatives pour connaître quelles concentrations de quels polluants, dans l’environnement et dans les organismes, sont responsables d’une diminution de la capacité de reproduction de l’anguille (Robinet & Feunteun, 2002). Le projet (EELREP, 2005) fournit la première pierre de l’édifice, en montrant que de faibles concentrations de contaminants de type dioxine suffisent pour mettre en péril la reproduction des anguilles. Les polluants présents dans l’habitat de l’anguille pourraient compromettre fortement le succès de sa reproduction. En effet, malgrés un système de détoxification permanant via le foie et les reins, l’anguille possède des traits de vie qui la rendent particulièrement vulnérable aux polluants. Son pourcentage élevé de lipides, son niveau trophique élevé, sa durée de vie (3-8 ans pour les mâles, 5-20 ans pour les femelles) et le fait qu’elle se reproduise une seule fois dans sa vie (sans pouvoir évacuer la pollution par une reproduction régulière), font qu’elle peut dramatiquement accumuler des molécules xénobiotiques lipophiles lors de son long séjour continental. Elle a besoin de constituer des réserves énergétiques (sous forme de lipides) suffisantes pour (1) la migration transatlantique (un jeûne complet débute lors de la dévalaison) et (2) la maturation des gamètes et œufs. Or les micropolluants pourraient perturber ces deux activités critiques pour la survie de l’espèce lors du transfert des lipides accumulés aux gonades. Il existe 3 principales revues sur les anguilles qui synthétisent les effets des métaux lourds (Bruslé, 1990), des polluants organiques (Bruslé, 1991) et des composés chimiques en général (Robinet & Feunteun, 2002). Principalement, ils perturbent les systèmes endocrinien, reproducteur, enzymatique, immunitaire, neuronal, nerveux central ainsi que le stockage des lipides et le bon fonctionnement des organes vitaux. Pour ne citer que quelques exemples. Les retardateurs de flamme bromés (Darnerud, 2003), le lindane (Yadav & Singh, 1987), le malathion (Singh, 1992), l’endosulfan (Murty & Devi, 1982), les dioxines et furanes (-PCDD, -PCDF) et certains PCB (Safe, 1990) et HAP (Leatherland & Sonstegard, 1980) perturbent chez les poissons le fonctionnement de la glande thyroïdienne, impliquée dans le stockage des lipides. Certains retardateurs de flamme bromés ainsi que PCB perturbent le système neuronal pouvant induire des changements de comportements (Santillo et al., 2005). De graves altérations hépatocytaires et branchiales ont été observées expérimentalement après une exposition des anguilles à l’atrazine (Hildebrand et al., 1993) et au cadmium (Gony et al., 1988). Dans le milieu naturel, des lésions histopathologiques ont été observées sur les anguilles échantillonnées sur 3 sites en Camargue (Oliveira Ribeiro Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 47 et al., 2005). Le foie semble le plus touché avec des nécroses sur presque tous les spécimens et des débuts de tumeurs. Il semble que les effets chroniques des polluants (OC, HAP et les métaux) soient responsables de ces symptômes mais sans preuves réelles. Le lindane pourrait perturber le développement du vitellus chez le guppy (Wester et al., 1985). La contamination au Cadmium conduirait à une augmentation de l’utilisation des lipides de réserve chez l’anguille (Pierron et al., 2007). Des concentrations sublétales de fenitrothion seraient responsables expérimentalement de l’inhibition significative de l’activité de l’ ATPase Na+ et K+ ainsi que de l’acetylcholinestérase (AChE, impliquée dans l’activité neuronale) (Sancho et al., 1997a; Sancho et al., 2000). La plupart du temps un mélange de contaminants est présent dans le milieu naturel. C’est pourquoi il est difficile de corréler les dommages observés sur les anguilles à tel ou tel contaminant. En effet, les impacts sur l’environnement sont complexes. Il faut prendre en compte la toxicité de la matière active, des produits de dégradation mais aussi de leurs métabolites. Il existe des actions synergiques ou antagonistes entre contaminants ou/et entre les contaminants et le milieu. C’est pourquoi il est souvent difficile d’appliquer les résultats obtenus expérimentalement à une situation en milieu naturel. Un premier bilan des connaissances sur l’estimation de la qualité des géniteurs vis-àvis de la pollution organique a été réalisé par Robinet et Feunteun en 2002. Ils distinguent : (1) les polluants à effet direct : pesticides neurotoxiques et les substances chimiques perturbant la physiologie. Ils ont pour conséquence une perturbation du stockage des graisses et une argenture précoce. Ils diminuent la quantité de géniteurs réels. (2) les polluants à effet indirect : ils s’accumulent dans les lipides de l’anguille et sont mobilisés lors de la migration océanique mais aussi pour la maturation des gonades. Ils sont donc responsables de la diminution du succès reproducteur et de la survie des œufs et des larves (malformations). La figue 8 d’après Robinet et Feunteun (2002) représente les niveaux d’action des micropolluants. Quatre hypothèses expliquent le déficit énergétique pré migratoire rapporté pour certaines anguilles européennes. Pour la première fois, une équipe Hollandaise a mis en évidence l’effet direct des composés type dioxine (PCB, PCDD/PCDF) sur le développement embryonnaire ainsi que sur la survie des embryons d’anguilles (Palstra et al., 2006). La survie des embryons a été corrélée négativement avec la teneur en composés type dioxine. Pour des valeurs supérieures à 4 ng TEQ/kg gonades (de loin inférieures aux normes de consommation qui sont de 12ng OMS-TEQ/kg muscle frais), il semblerait qu’il n’y ait aucune chance de survie des embryons. Or la plupart des anguilles des pays Européens affichent des teneurs bien supérieures. Il serait donc très probable que ces composés xénobiotiques jouent un rôle important dans le déclin de l’anguille. De plus, les émissions de PCB dans l’environnement coïncideraient avec la chute du stock d’anguilles. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 48 VIE CONTINENTALE Pesticides Neurotoxiques VIE OCEANIQUE Organophosphorés, organochlorés, PCDD, PCDF, PCB Stress Chimique Inhibition AchE STOCK LIPIDIQUE MIGRATION OCEANIQUE Hypophyse THYROÏDE Corticosurrenales 5 RAPIDE 4 EXCITATION MUSCULAIRE PERMANENTE 1 2 CORTISOL Action prolongée 3 Apparition de la livrée argentée 1 PERTURBATIONS METABOLIQUES + 2 Adaptation à la salinité LIPOLYSE UTILISATION ANORMALE DES LIPIDES MUSCULAIRES GLUCOGENESE Migration précoce 4 STOCKAGE LIPIDE INSUFFISANT 6 ACCUMULATION DES CONTAMINANTS DANS LES GONADES DEFICIT ENERGETIQUE PRE-MIGRATOIRE MIGRATION STOPPEE ET RETARDEE ( re-alimentation) MIGRATION IMPOSSIBLE (MORT) BAISSE DU NOMBRE DE GENITEURS MOBILISATION DES LIPIDES ET REJET DES CONTAMINANTS DANS LA CIRCULATION DEFICIENCES DES OVAIRES MALFORMATIONS EMBRYONNAIRES MATURATION SEXUELLE PERTURBEE BAISSE DU SUCCÈS REPRODUCTEUR DEFICIENCES DE LA VITELLOGENESE GENOTOXICITE (ADN) BAISSE TAUX DE SURVIE DES OEUFS Quatre hypotheses pour expliquer le deficit énergétique pré-migratoire reporté chez certaines anguilles européennes (1) Des pesticides neurotoxiques (organophosphorines, carbamates et pyrethrynoïdes) inhibent l'acetylcholinestérase (AchE), d'induire une activité musculaire continue et l'utilisation de lipides musculaires (2) Un stress chimique, du à la pollution environnementale déclenche une libération de cortisol pour mobiliser le glucose en réponse au stress, puis la lipolyse musculaire. (3) Une action prolongée du cortisol entraîne l'apparition de caractéristiques argentées, en particulier une adaptation à la salinité, qui est présumée induire une dévalaison précoce. (4) Quelques composants entraînent une perturbation métabolique de la régulation du stockage d'énergie via la glande thyroïde. Naturellement, (1) and (4) induisent (2). (5) Contaminants lipophiles accumulés pendant la vie en milieu continentale, qui est réutilisé pendant la migration, induisant (1), (2) et (4). (6) Accumulation de contaminants dans les gonades affecte de différentes façons le succès reproducteur. Figure 8 : Niveau d’action des contaminants dans la diminution du succès reproducteur. D’après Robinet et Feunteun (2002) 6.4 Facteurs influençant les teneurs en xénobiotiques Lorsque l’on compare les teneurs en contaminants dans les organismes, il est important de tenir compte des facteurs responsables de variations entre les individus dans leur façon de les métaboliser. Buet et al. (2006) observent dans leur étude une grande variation intraspécifique. En effet, les facteurs biotiques tels que le sexe, l’âge, le stade de maturité, l’état de nutrition, la fraction lipidique prise en compte ainsi que les facteurs abiotiques tels que la température, la salinité, la saison, le site, le type d’étude (en milieu expérimental ou naturel), la méthode utilisée, peuvent induire d’importantes variations. Les variations des teneurs en contaminants dans les anguilles se font au niveau : - Temporel. Roche et al. (2002a) mettent en évidence en Camargue de fortes variations saisonnières. L’amplitude et la localisation des polluants dans les tissus dépendent de la saison. Dans le Delta de l’Ebre en Espagne, Ruiz & Llorente (1991) mettent en évidence une variation mensuelle des concentrations de DDT et PCB. Les 2 pics (sur la base de poids frais) sont liés aux activités agricoles : l’ouverture des canaux pour la culture du riz en avril entraîne la mise en suspension des particules polluantes et la fermeture des canaux en décembre entraînent une évaporation et donc la concentration de la pollution. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 49 - De l’unité de mesure considérée. Pour pallier le problème de comparaison d’anguilles de taille/âge différents qui ont des pourcentages lipidiques différents, les teneurs en contaminants sont parfois exprimées en poids lipidiques. Le profil mensuel de ces teneurs est alors différent de celui exprimé en poids frais (Corsi et al., 2005). De plus, la concentration en polluants, lorsque celle-ci est exprimée sur une base lipidique, peut être masquée les mois où les réserves en lipides sont élevées (Ruiz & Llorente, 1991). - Des méthodes utilisées. Les limites de détection des micropolluants diffèrent selon les techniques utilisées. Plusieurs méthodes sont possibles. Les analyses sur des extraits pris directement d’homogénats ou de la fraction lipidique totale donnent une approximation, (réaliste cependant), de la quantité de contaminant accumulée (Roche et al., 2000). Des analyses plus efficaces pour déceler des composés plus complexes consistent à extraire les groupes lipidiques selon leur polarité. Lipides et substances lipophiles se séparent en 3 fractions. Le stockage des lipides se fait principalement sous la forme neutre qui correspond à 75% des lipides dans le foie et 92% dans le muscle (Roche et al., 2002a). Les concentrations de HAP varient selon la forme lipidique prise en compte (neutre ou phospholipides). Les anguilles peuvent être analysées individuellement ou en pool quand les tissus provenant de différents individus sont homogénéisés. Cela dépend si la masse musculaire est suffisante pour l’analyse ainsi que du coût élevé des analyses. Enfin, les résultats diffèrent si ils sont exprimés en moyenne arithmétique ou géométrique. - Du type de polluant étudié. La vitesse de métabolisation du polluant dépend de sa forme. Les molécules les plus lourdes sont les plus faciles et rapides à métaboliser (Buet et al., 2006). Le nombre de congénères considéré pour calculer la somme des PCBs diffère selon les études. De Boer et al. (1994) montrent lors d’une étude de détoxication en milieu naturel de 8 ans que l’élimination des composés organochlorés n’est pas la même selon la substances considérée et dépend du caractère persistant des contaminants. Il n’y a pas d’élimination visible pour les chlorobenzènes, par contre, en quelques années, on note l’élimination des autres composés. - De la forme du contaminant étudié. Le mercure inorganique est transformé en mercure organique, le méthylmercure, forme chimique toxique et très peu biodégradable par l’action d’une bactérie présente dans les sédiments et dans le tube digestif de certains poissons. Le taux de méthylation peut augmenter avec le niveau d’eutrophisation du milieu. Ce phénomène est important en Camargue avec de fortes teneurs en phosphates dans les canaux d’irrigation. - Des conditions du milieu (température, salinité, pH). La toxicité de certains contaminants augmente (cas de l’endosulfan) ou diminue (cas du lindane) avec l’élévation de température (Ferrando et al., 1987). De même, la toxicité du lindane augmente quand le pH de l’eau diminue (Ferrando et al., 1991). La salinité joue un rôle modérateur sur l’accumulation du cadmium (Gony et al., 1988). - De la localisation. Dans une même lagune, les teneurs en polluants des anguilles varient selon l’exposition de leur habitat aux contaminants (Corsi et al., 2005). - De la taille, du stade de développement de l’anguille. Les teneurs varient en fonction des stades étudiés (Buet et al., 2006). Dans l’estuaire de la Gironde, les teneurs en contaminants (PCB et retardateur de flamme bromés) augmentent du stade civelle jusqu’à l’argenture (Tapie, 2006). Mariottini et al. (2006) observent une corrélation entre les teneurs en PCB et la taille des anguilles dans la lagune de Orbetello en Italie, suggérant une bio-accumulation avec le temps. De même, Batty et al. (1996) trouvent une corrélation entre les classes de tailles croissantes et les teneurs en plomb (Vaccarès et Berre) et cuivre (Vaccarès) exprimées en poids sec de foie. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 50 - Du tissu étudié. Les concentrations varient selon les tissus analysés : foie, muscle et bile (Roche et al., 2002a). Les organochlorés sont plus élevés dans le foie que dans le muscle, sauf pour l’Hexachlorobenzene (HCB) (Buet et al., 2006). Dans leur étude sur les métaux lourds dans le lac de Tunis, Ben Souissi et al. (2000) trouvent des concentrations plus forte dans le foie que dans le muscle. - De l’état de nutrition. L’étude de Grosell et al. (1998) semble indiquer des concentrations hépatiques en cuivre plus faibles pour les poissons nourris. 6.5 Les contaminants observés chez les anguilles dans le bassin RMC La liste des contaminants répertoriés dans le bassin RMC est présentée dans l’annexe 7. Des informations sont disponibles pour seulement 7 lagunes (sur 39), 1 canal et 5 fleuves (sur 28). Les métaux lourds sont les substances les plus étudiées. Aucune étude portant sur les dioxines n’a été répertoriée. La comparaison des teneurs en contaminants est complexe en raison des différents niveaux d’analyse à prendre en compte : - Polluants ou famille de polluants - Stade de l’anguille : civelle, anguillette, jaune, argentée - Taille de l’échantillon - Saison/année - Site d’étude - Organe étudié : anguille entière, muscle, foie, « bile », rate - Unités : poids sec (PS), poids frais (PF), poids lipidique Les principales études dans le bassin RMC ont été réalisées d’une part sur le cadmium dans les lagunes du Languedoc-Roussillon (Gony, 1985; Gony et al., 1988; GonyLemaire, 1990)et d’autre part sur la réserve de Camargue (Roche et al., 2000; Buet et al., 2000-2001; Roche et al., 2000-2001; Buet, 2002; Roche et al., 2002a; Roche et al., 2002b; Roche et al., 2003a; Roche et al., 2003b; Roche et al., 2003c; Buet et al., 2006). En Camargue, les concentrations de divers types de contaminants : pesticides, PCB, HAP, métaux lourds ont été mesurées entre 1996 et 2003 dans divers tissus des anguilles : foie, bile, reins et muscle. Buet et al. (2006) concluent que de fortes concentrations de contaminants sont présentes dans les tissus. Les réponses des anguilles à l’exposition des polluants organiques provoquent certainement des effets écophysiologiques et toxicologiques délétères, mais il n’existe pour le moment pas de preuves concrètes à l’appui. Les études histo-cytologiques menées sur des anguilles de Bages-Sigean montrent une réponse adaptative à l’agression toxique des molécules xénobiotiques liposolubles (Maldes et al., 1991; Lemaire et al., 1992). Elle se caractérise par un réticulum endoplasmique hyperdéveloppé avec un nombre élevé de globules lipidiques dans les cellules hépatiques. Des signes dégénératifs sont observés dans les tissus hépatiques : microvillosités latérales hépatocytaires et fibrose périvasculaire. De la même façon, les effets chroniques des polluants dans la lagune du Vaccarès semblent être caractérisés par des lésions histopathologiques dans le foie, la rate et les branchies (Oliveira Ribeiro et al., 2005). Ainsi que la présence de tumeurs dans le foie et la rate. Il existe des valeurs références pour quelques xénobiotiques seulement (voir 6.5). Le tableau 14 récapitule ces valeurs en PF et PS de muscle. Dans un premier temps nous avons comparé les valeurs obtenues sur le bassin RMC avec les valeurs références. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 51 Malheureusement, il n’existe des normes alimentaires que pour les teneurs mesurées dans le muscle, c’est pourquoi dans un premier temps nous ne prendrons en compte que les valeurs données pour les muscles. Selon Romeo et al. (1996), pour être converties de poids frais en poids sec, les normes en poids frais ont besoin d’être multipliées par un facteur 5. Ce facteur dépend du tissu pris en compte ainsi que du taux d’humidité de l’échantillon. Selon P. Girard (Com. Pers.), pour le muscle, le poids sec représenterait entre 20 et 25% du poids frais, ce qui corespondrait à un facteur qui varierait entre 4 à 5. Tableau 14. Normes de référence des contaminants en poids frais (PF) et en poids sec (PS) de muscle. DJT = Dose journalière tolérable en µg/kg poids corporel/jour. En italique les valeurs converties (la valeur en PF est multipliée par 5 pour obtenir la valeur en PS). Contaminants (PF) (PS) DJT Plomb 1.5 mg/kg 0.30 mg/kg Cadmium 0.5 mg/kg 0.1 mg/kg Mercure 5 mg/kg 1 mg/kg 20 pg/g Somme des dioxines (OMS-PCDD/F-TEQ) 4 pg/g (3) PCB de type dioxine (OMS-PCDD/F-PCB- 8 pg/g 40 pg/g TEQ) Benzo(a)pyrène (HAP) 10 µg/kg 2 µg/kg PF 16 HAP de la liste EPA 0.01 mg/kg 0.05 mg/kg 6 HAP de la liste CSHPF 0.004 mg/kg 0.02 mg/kg Somme des PCB 0.02 7 PCB indicateurs 0.01 Le tableau 15 synthétise les concentrations de métaux lourds trouvées dans le muscle des anguilles échantillonnées dans le bassin RMC. La lagune de Bages-Sigean semble plus polluée en cadmium et plomb que les autres avec 5 valeurs égales ou supérieures aux normes sanitaires. Le Gapeau et le bas Argens semblent être assez fortement contaminés en cadmium. Mais ces résultats sont à prendre avec précaution étant donné les conditions différentes dans lesquelles ont été réalisés les échantillonnages (saison, stade de l’anguille, nombre d’individus échantillonnés…). Tableau 15. Teneurs des métaux lourds cadmium, mercure et plomb dans le muscle des anguilles échantillonnées dans le bassin RMC. PF=poids frais, PS=poids sec. <S lorsque la concentration est sous le seuil de détection. En gras les teneurs égales ou supérieures aux normes de référence. En parenthèses le nombre d’échantillons supérieur à la norme. contaminants Cadmium Mercure Plomb unités mg/kg PF mg/kg PS mg/kg PF mg/kg PS mg/kg PF mg/kg PS Normes 0.1 0.5 1 5 0.3 1.5 Lagunes/Canal Bages-Sigean 0.003-0.12 0.004-0.03 0.3-0.79 0.05-0.5 <0.1 (2) (3) Canet <0.04 0.03-0.4 <0.04 Vaccarès <S 0.6 0.21-0.79 Fumemorte <S 0.44 0.24 Fleuves Rhône 0.06 0.33 Gapeau 0.55 0.016 0.056 (1) Loup 0.011 0.197 0.169 Argens <S-0.34 (2) 0.34-0.17 <S Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 52 Il est difficile d’interpréter les résultats obtenus pour les PCB étant donné la variabilité du nombre de congénères pris en compte dans les études. Des valeurs sont disponibles pour les lagunes de Bages-Sigean, Vaccarès, le canal de Fumemorte et le Rhône. Elles varient entre 8.3 et 18 µg/kg de PF et 27.8 et 627 µg/kg PS. Selon la norme OMS sur l’ensemble des PCB, la limite sanitaire serait de 0.02 µg/kg poids corporel/jour. Si l’on considère un adulte de 70 kg, celui-ci pourrait absorber au maximum 1.4 µg de PCB/jour. Si l’on considère une anguille contenant 18 µg de PCB/kg, le consommateur ne devrait pas consomer plus de 0.5 kg/semaine. Mais ne connaissant pas les habitudes alimentaires des consommateurs d’anguille, il est difficile de conclure. En comparaison, dans l’estuaire de la Gironde, Tapie (2006) observe des concentrations plus élevées, de l’ordre de 28 ± 12 ng/g PS de PCB indicateurs pour les civelles et 650 ± 509 ng/g PS de PCB indicateurs pour les anguilles. Les teneurs en PCB indicateurs varient entre 2 et 1512 ng/g PF dans une étude menée dans 10 pays d’Europe (Santillo et al., 2005). Un arrêté inter-préfectoral Isère -Rhône a été pris le 22 février 2007, pour étendre la zone géographique de l’interdiction de consommation en aval de la confluence Rhône Saône jusqu’au barrage de Vaugris. Pour cause de contamination en PCB et dioxines potentiellement cancérigènes pour l’homme, l’interdiction de consommer le poisson pêché s’applique désormais sur tout le linéaire du fleuve Rhône depuis le barrage de Sault Brénaz, à l’amont, jusqu’au barrage de Vaugris, à l’aval (Communiqué de presse de la préfecture de la région Rhône-Alpes et du département du Rhône, Lyon le 23 février 2007). Cette pollution pourrait être due à une usine spécialisée dans le traitement de déchets spéciaux à Saint-Vulbas (Ain) (Cemagref, 2007). Les poissons analysés (barbeau, chevaine, hotu) avaient des concentrations en PCB indicateurs entre 40 et 7045 µg/kg PF, correspondant à des valeurs de PCB-TEQ majoritairement supérieures à la norme de la CE de 8 pg/g PF. Ces valeurs sont nettement supérieures aux concentrations rapportées pour l’étang de Bages-Sigean (seules données comparables en PF de muscle : 8.3 et 18 µg/kg). Cependant, il est très probable que les anguilles, qui sont habituellement plus sensibles que les autres poissons aux pollutions, soient fortement contaminées dans la zone du Rhône où la pêche a été interdite. En ce qui concerne les teneurs de HAP dans le muscle, très peu de données sont disponibles. Il existe une multitude de composés chimiques appartenant au groupe des HAP, mais pas de normes spécifiques pour chacun d’eux, sauf pour le Benzo(a)pyrène. Les teneurs en Benzo(a)pyrène observées dans le muscle d’anguilles capturées au Vaccarès, 0.01 et 0.36 ng/g PS (Buet et al., 2006), semblent inférieures à la norme européenne convertie en PS de 10 ng/g. Les données disponibles concernent les 16 HAP prioritaires définis par l’EPA (Agence de Protection Environnementale américaine) avec des teneurs variant de 2.37 à 90.5 mg/kg de PS dans la lagune du Vaccarès. Ces valeurs semblent très supérieures à la norme rapportée au poids sec de 0.05 mg/kg PS. Il se peut cependant que le facteur de conversion ne soit pas adapté aux HAP. En ce qui concerne les retardateurs de flamme bromés, une seule étude récente menée par Greenpeace (Santillo et al., 2005) documente les teneurs des anguilles du bassin RMC. Les échantillons proviennent de la lagune de Thau et l’échantillon est faible : 1 lot de 5 individus. Seules les teneurs en HBCD (somme des congénères) ont été détectées (PBDE et TBBP-A en dessous du seuil de détection). La teneur mesurée est de 3 ng/g PF. Cette étude porte sur des échantillons de 10 pays d’Europe (la Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 53 Belgique, la République Tchèque, la France, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, la Hollande, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni) et pour chaque site, au moins un composé RFB est détecté. Pour l’ensemble des échantillons, les teneurs en PBDE varient de <0.125 à 65.7 ng/g PF de muscle ; les teneurs en HBCD (somme des composés) varient entre <1 à >50 ng/g PF de muscle et le contaminant TBBP-A n’a pas été détecté, cependant le seuil de détection était élevé : 3-5 ng/g PF. Il n’existe malheureusement pas encore de valeurs de référence pour ces composés. En comparaison, dans l’estuaire de la Gironde, Tapie (2006) observe des concentrations de PBDE de l’ordre de 5 ± 2ng/g PS pour les civelles et 28 ± 24ng/g PS pour les anguilles. Aucune étude nous permettant d’évaluer la teneur en dioxines des anguilles dans le bassin RMC n’a été répertoriée. Dans le bassin Méditerranéen, une seule étude, menée en Espagne sur le fleuve Turia, rapporte les teneurs en PCDDs/Fs d’anguilles de 0.369 pg/g PF de muscle (Bordajandi et al., 2003). Cette concentration est bien inférieure à la norme Européenne de 4 pg/g PF. Par contre, un grand nombre de pesticides a été étudié. Mais n’ayant pas de valeurs de référence auxquelles les comparer, les niveaux de contaminations ne sont pas pour le moment interprétables. En résumé, par rapport aux normes alimentaires disponibles, nous avons décelé des concentrations inquiétantes en cadmium, plomb, PCB et HAP sur le bassin RMC. Les concentrations sont très variables d’un site à l’autre. Il est important aussi de prendre en compte le fait que les anguilles sont mobiles et peuvent avoir été contaminées dans un site différent de celui où elles ont été capturées. Si les normes sont créées dans un but de protection de la santé humaine, elles ne font en aucun cas référence à la santé de l’anguille, qui pourrait très certainement être fortement affectée par des concentrations moindres (Palstra et al., 2006). Une étude récente menée sur la réserve de Camargue (Buet et al., 2006) montre que tous les individus (n=19-99) étudiés étaient contaminés (au niveau des muscles) par des PCB et au moins un composé HAP. Même si dans certains cas les concentrations sont faibles, les micropolluants ont été détectés dans la majorité des anguilles étudiées, fait inquiétant, sur tous les sites et pour tous les stades de vie. Il ne semble donc pas y avoir de site épargné, même dans la réserve de Camargue. Les polluants se sont largement dispersés, et continuent à le faire, par voies atmosphérique et aquatique. D’après les résultats obtenus pour le basin RMC, le risque alimentaire est faible. En comparaison avec les résultats d’autres sites en Europe, nous observons des concentrations du même ordre de grandeur. Roche et al. (2002b) concluent que si les niveaux de dieldrine, lindane et PCB trouvés dans la réserve de Camargue sont maintenus, ils pourraient mettre en péril l’écosystème et l’état de santé des espèces piscivores comme les oiseaux. Au niveau sanitaire- pollutions accidentelles Les interdictions de pêche et notamment de la pêche à l’anguille pour cause de pollution arrivent assez fréquemment et mettent en danger la profession. Les pollutions rencontrées dans le bassin RMC peuvent être d’ordre chronique ou Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 54 ponctuelles. Les réseaux de suivis (discutés plus loin dans cette partie) permettent d’identifier les pollutions chroniques et de suivre leurs évolutions. Tandis que la détection des pollutions ponctuelles se fait surtout par les pêcheurs qui sont les premiers sur le terrain (sans pêcheurs, il existe le risque d’une augmentation des pollutions accidentelles). Les pollutions ponctuelles peuvent être provoquées par des inondations ou des rejets « accidentels » d’usines. Par exemple, en novembre 1999, des inondations ont envahi les zones urbaines et industrielles et provoqué un lessivage important des sols du bassin versant transportant des contaminants dans la lagune de Bages-Sigean (Alzieu & Abadie, 2000). Les résultats de l’étude ont montré un apport supplémentaire en zinc, chrome, nickel et DDT pouvant venir des sédiments transportés par la Berre lors de la crue. La prud'homie de Bages-Sigean ainsi que 28 pêcheurs viennent récemment de gagner un procès mené depuis 10 ans contre les usines pétrochimiques responsables de pollutions dans l’étang dans les années 90. Mais les événements de ce type sont fréquents et les pêcheurs sont de nouveau en procès contre une usine (SOFT) pour une pollution « accidentelle » de produit chimique (insecticide chlorpyrifos) survenue en décembre 2004. Cet accident a conduit à une interdiction de pêche et donc une diminution significative des revenus des pêcheurs. La prud'homie a décidé elle-même de suspendre la commercialisation par mesure de précaution. Ces accidents à répétition risquent de se reproduire si les règlements préfectoraux continuent à ne pas être respectés. On note aussi d’importants problèmes observés au niveau du Grau de port la Nouvelle (com. pers. de Dominique Blanchard, président du comité local de pêche de Bages-Sigean), qui est nettoyé pour permettre le passage des bateaux, mais à de mauvaises périodes et de façon non réglementaire. Le déversement de la vase dans la mer a une répercussion plus que probable sur le recrutement des civelles par le grau. D’autres problèmes sont rencontrés en été lors de l’augmentation massive de la population autour des étangs. Les stations d’épuration sont alors débordées et il arrive que des eaux non suffisamment traitées soient déversées dans les lagunes. Ceci provoque des niveaux de contamination des eaux qui entraînent l’interdiction de consommation des mollusques. Origines de la pollution dans le bassin RMC Les pesticides tels le lindane (pour le contrôle des chenilles dans les rizières) et le dieldrine ont été utilisés intensivement pour l’agriculture (Roche et al., 2002a). Ils sont interdits d’utilisation depuis 1998 et 1972 respectivement. Ce sont cependant des substances persistantes qui sont encore retrouvés dans la réserve de Camargue. De plus, il est supposé que le dieldrine est toujours utilisé illégalement pour la culture du riz. Il est démontré que 10 à 30% des pesticides utilisés au sol et 50-75% des pesticides utilisés en spray n’atteignent pas les organismes ciblés et restent dans l’environnement (Oliveira Ribeiro et al., 2005). La source majeure des HAP en Camargue est supposée d’origine atmosphérique (Roche et al., 2002a), provenant des raffineries et complexes pétrochimiques de Fos-Sur-Mer à 40 km à l’est. Les lagunes, comme les estuaires, agissent comme une zone tampon qui protège la zone marine. Au contact eau douce/eau salée, il existe un phénomène de complexations organo-métalliques responsable des fortes concentrations en éléments métalliques dans les embouchures. Il existe une grande variabilité de réponse à la pollution selon les lagunes. Les lagunes largement ouvertes comme celle de Thau concentrent moins de contaminants comparées aux lagunes plus fermées comme celle de Bages-Sigean. Les forts vents Nord-Ouest permettent une remise en suspension des sédiments (Buscail et al., 1984). Une étude récente des sédiments superficiels dans le Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 55 golfe du Lion (Roussiez et al., 2006) montre que la contamination en métaux (Cd, Cu, Pb et Zn) provient principalement des rivières et qu’il y a accumulation à proximité des embouchures. En s’éloignant de l’embouchure, la remise en suspension des contaminants et les processus de biodégradation permettent un retour à des niveaux naturels. D’après les données disponibles sur le bassin RMC, il est difficile de conclure sur une quelconque évolution du niveau de contamination des anguilles. Des expériences récentes (non publiées) menées en Camargue semblent montrer une diminution de l’imprégnation des tissus en lindane (Roche et al., 2002a). 6.6 Conclusions et recommandations – micropolluants Conclusions • Les teneurs en micropolluants des anguilles n’ont été étudiées que pour très peu de sites : moins de 20% des lagunes et fleuves. Aucune information n’est disponible pour les lagunes de Ayrolle, Vendres, Bagnas, Ingril, Vic, Arnel, Méjan, Maugio, Impériaux, ainsi que pour toutes les lagunes de Corse. • Les métaux lourds ont été largement plus étudiés comparés aux autres familles de polluants. Aucune étude n’a porté sur les dioxines. • Comme pour les pathogènes, les études sur les contaminants sont difficilement comparables. Des problèmes ont été identifiés au niveau : (a) Des protocoles d’échantillonnage. Une taille minimum de l’échantillon devrait être requise pour avoir des résultats représentatifs. Pour être reproductibles, les résultats devraient être accompagnés d’un minimum de renseignements : le nombre, le stade (taille, poids, âge, indice oculaire), l’état sanitaire (pathogènes) des anguilles analysées ainsi que le lieu exact et la date de l’échantillonnage. Les études sont ponctuelles, il est donc impossible d’estimer une quelconque évolution de la situation. (b) Des analyses des échantillons : les méthodes varient selon les niveaux de précision requis, selon le laboratoire et les composés étudiés. Les seuils de détection des teneurs en contaminants varient d’un laboratoire à l’autre et parfois sont supérieurs aux valeurs de référence utilisées pour l’interprétation des résultats (Girard, 2004 (non publié)). Certaines formes chimiques de contaminants sont particulièrement toxiques, or la forme chimique (minérale, organique) des contaminants n’est quasiment jamais déterminée. (c) De l’expression des résultats : utilisation de différents organes cibles, unités, type de moyenne, rendent les comparaisons et interprétations difficiles. Les résultats devraient être au moins exprimés en poids frais pour pouvoir les comparer aux normes de référence. Si jamais l’unité poids sec est utilisée, le taux d’humidité de l’échantillon devrait être précisé afin de pouvoir convertir les résultats. De même, pour les études qui expriment les résultats en poids lipidique, le taux de lipide devrait être précisé. Les résultats qui regroupent les saisons, les sites d’échantillonnage ou/et différents stades d’anguille, rendent l’analyse difficile. Les résultats devraient être présentés par évènement d’échantillonnage et par stade d’anguille (basé sur l’indice oculaire). Une méthode optimisée et commune semble nécessaire. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 56 • • Le manque de normes de référence rend l’interprétation des résultats impossible. Les normes disponibles ont pour but de protéger la santé humaine. Des études ont besoin d’être menées pour définir quantitativement des niveaux de risque pour la survie de l’espèce. L’identification de zones de « meilleure » qualité où les anguilles seraient moins contaminées n’a pas été possible. Il semble que toutes les anguilles étudiées contiennent des micropolluants en concentrations variables. Il serait intéressant cependant d’étudier des zones éloignées de sources majeures de pollution (industries, agriculture, tourisme) telles la Corse ou des plans d’eau situés en moyenne montagne. Recommandations : • Le manque de formules de conversion pour l’anguille (poids sec vers poids frais et vice versa) limite les comparaisons possibles. L’AFSSA (avis du 13/03/2006) observe une corrélation très étroite entre les PCB indicateurs et les PCB type dioxines. De telles données devraient être mises en valeur afin de développer des formules de conversions. • Comme pour les pathogènes, il semble nécessaire de mettre en place des indicateurs et suivre leur évolution dans le temps. Les recommandations sont similaires : suivi annuel des géniteurs sur des sites modèles en utilisant un plan d’échantillonnage commun optimisé. Le coût des analyses étant très élevé, il est nécessaire de limiter le choix de micropolluants. Chaque grande famille de contaminant devrait avoir son indicateur : PCB, dioxines, HAP, métaux, retardateurs de flamme bromés, pesticides. Une méthode alternative moins onéreuse est l’analyse semi-quantitative des micropolluants qui reste cependant moins précise (± 20%). • La majorité des études sont ponctuelles et ne permettent pas d’appréhender une évolution dans le temps. Les études qui ressemblent le plus à un suivi sont celles menées sur la réserve de Camargue (1996-2003). Toutefois, les échantillons et le protocole ne sont pas constants dans le temps ce qui rend l’interprétation difficile. • Identifier les sources de pollution et engager des mesures. Le bassin versant est une source important de pollution pour les systèmes lagunaires. L’interdiction de commercialiser les produits des lagunes peut mettre en faillite les professionnels. Dans certains cas, la pollution provient de loin en amont du bassin versant, au niveau des activités industrielles et agricoles. Des efforts devraient être menés au niveau du respect des réglementations notamment par les usines situées sur le bassin versant (plan de mise à niveau avec échéances). Il existe des outils administratifs pour déterminer les sources de pollutions et minimiser leurs effets (travail en collaboration des SAGE qui ont pour objectif l’amélioration des écosystèmes aquatiques). Comme l’indiquent Alzieu & Abadie (2000), il convient d’identifier les sources d’apports en contaminants dans le sol des bassins versants pour ainsi examiner les solutions techniques afin d’éviter la contamination lors des crues. Pour des raisons de coût analytique, cette étude n’avait pas pris en compte les pesticides, pourtant source majeur de pollution et de risques pour l’écosystème aquatique. Les auteurs recommandent « d’informer et sensibiliser les détenteurs de substances toxiques sur les risques pour les écosystèmes lagunaires ». Dans les Pyrénées Orientales (P.O.), une étude menée par le CSP vient de se terminer sur le peuplement piscicole. Les cours d’eau de mauvaise Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 57 qualité ont été identifiés ainsi que la source du problème lorsque c’était possible. De nouvelles contaminations sont à prévoir, il est donc important de s’y préparer au mieux en mettant en place des protocoles de suivi à long terme. Sur le bassin RMC, nous pouvons citer les prochains aménagements prévus sur la lagune de Berre dus à la construction prochaine du réacteur ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor). Ce projet prévoit en effet dès 2009 le transport par barge sur l’étang de convois exceptionnels transportant durant 5 années les pièces monumentales du réacteur. La construction de quais spéciaux sera nécessaire, ainsi que vraisemblablement un réaménagement du lit de la Durance pour le passage des convois. Par ailleurs, le plan bleu a récemment publié une synthèse sur l’état de la Méditerranée, qui en un siècle a vu sa population tripler, surtout sur la zone littorale. Cela conduit à une pression considérable sur la ressource en eau et la qualité de ces ressources pour le maintient des écosystèmes. Les estuaires, deltas et lagunes sont les milieux les plus productifs au monde (3 fois plus productifs que les forêts tropicales), mais subissent des conflits d’usage, la surexploitation et la pollution. Les zones humides sont les écosystèmes qui supportent le plus la pollution des collectivités mais qui sont aussi le plus détériorées. L’augmentation de la démographie, particulièrement l’été (problème de traitement des eaux), ainsi que les déversements de produits industriels et agricoles provenant des bassins versants, favorisent les phénomènes d’eutrophisation dans les lagunes. L’enrichissement en nutriments (phosphore et azote) conduit à une modification de la qualité des eaux, et donc, des peuplements. La dégradation de la matière organique peut conduire à l’épuisement total de l’oxygène. Les conditions météorologiques particulières rencontrées en été (chaleur et absence de vent) peuvent aggraver la situation et déclancher des crises anoxiques connues sous le nom de " malaïgues " (" mauvaises eaux " en occitan). Ces crises peuvent provoquer des pertes considérables pour les pêcheurs et conchyliculteurs. 7. Effets synergiques pathogènes – polluants Il existe des relations synergiques entre les pathogènes et les contaminants. Les contaminants chimiques peuvent induire un stress chez l’anguille qui devient alors plus sensible aux atteintes pathogènes (Bruslé, 1994). Les taux d’infestations les plus élevés par des Acanthocéphales et des Nématodes ont été observés dans les sites les plus pollués de la Weser (Halsband et al., 1985 dans (Bruslé, 1994)). Les taux d’infections bactériennes et virales sont moins élevées dans les zones moins polluées (4% contre 80%). Mais très peu d’études prennent en compte l’aspect pathogène et contaminants en même temps. Et celles qui le font ne s’intéressent que rarement aux effets conjugués des deux. L’étude de Sures et al. (2006) est une exception, elle porte sur l’effet conjugué d’Anguillicola crassus, du Cadmium et du PCB126. En croisant les différents traitements, ils montrent que le parasite A. crassus (larves et jeunes adultes) serait l’agent le plus stressant pour l’anguille, comparé aux traitements PCB et Cd. Il faut quand même signaler le manque de données à long terme sur les effets des contaminants. Il semble important de tenir compte du parasite A. crassus dans les études écotoxicologiques. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 58 8. Résumé des recommandations existantes au niveau sanitaire La mise en place d’un réseau de surveillance sanitaire sur le bassin RMC a été recommandée dans plusieurs études (Crivelli, 1998; Girard, 2004 (non publié)) mais elle a toujours manqué de moyens et de volonté politique pour être mise en place. Avant de proposer des actions prioritaires et des recommandations pour le bassin RMC, il est important de résumer ce qui se fait ailleurs et de voir ce qui peut être appliqué aux conditions spécifiques rencontrées en Méditerranée. Au niveau international, le CIEM et la FAO (ICES, 2006), dans leur dernier rapport, s’inquiètent particulièrement de la qualité des géniteurs. Ils recommandent : - L’utilisation des anguilles comme biomarqueurs pour suivre l’état des eaux de surface dans le cadre de la DCE. - L’estimation de la qualité des géniteurs devrait être incluse dans le plan national de gestion. L’étude devrait inclure au minimum les PCBs, les retardateurs de flamme bromés, Anguillicola crassus et EVEX. Un effort particulier devrait être engagé pour la standardisation et l’harmonisation des résultats : unités et méthodes (besoin de se concerter). - Les contaminants du type dioxines ainsi que les autres facteurs anthropiques tels que les autres virus, la bioaccumulation des métaux lourds et les retardateurs de flamme bromés ayant un impact sur la migration, la maturation et la reproduction, devraient être étudiés expérimentalement et leur effets déterminés. - Evex et A. crassus devraient être considérés comme des maladies importantes. - Le passage des anguilles dévalantes devrait être assuré. Un inventaire des barrages et de leurs effets sur la qualité et la quantité des géniteurs devrait être réalisé. - L’identification et la protection des zones produisant des géniteurs de bonne qualité à fort potentiel reproducteur : femelles de grande taille (≥ 70 cm et/ou 0.7 kg), faible niveau de contamination et infestation, sans obstacles à la migration. Au niveau national, il n’existe que peu d’initiatives quant au suivi sanitaire des anguilles. INDICANG constitue un réseau de suivi de l’anguille européenne sur la façade Atlantique (12 bassins versants, situés dans 4 pays). Le projet prend en compte les différentes phases de l’anguille : civelle, anguille jaune et anguille argentée, en intégrant ses habitats et les pressions qu’elles subissent. Le premier volet du projet INDICANG 2004-2006 vient de se finir et une nouvelle phase est sur le point de commencer. Lors du 2éme séminaire d’étape du programme INDICANG à Porto (6-7 juin 2006), les indicateurs proposés pour chaque stade biologique de l’anguille ont été présentés. Dans la boîte anguilles jaunes, une des taches indispensables décrite est le diagnostic de l’état sanitaire et des niveaux de contamination des individus en croissance. Ils concernent les métaux lourds, les pesticides, les PCB et dioxines et les retardateurs de flamme bromés. Mais aussi les pathogènes A. crassus et le virus EVEX. La connaissance des niveaux de contamination dans les divers bassins et sous bassins de son aire de répartition pourra permettre d’orienter les actions d’aménagement ou de transfert d’individus vers des zones de meilleures qualités possibles et donc plus à même de produire des géniteurs de qualité. La mise en place de l’indicateur de la qualité des géniteurs dans la boîte anguilles argentées repose sur 3 postes d’analyse : « (1) Les parasitoses : bactérioses et mycoses sont révélatrices de l’état de santé générale de l’anguille, tandis que certains parasites - Anguillicola crassus, Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 59 Pseudodactylogyrus sp.- et certains virus - EVEX, herpès virus - sont des atteintes directes au succès reproducteur; (2) la caractérisation de l’état physique individuel (différents paramètres tels la condition corporelle, le taux de graisses, l’état des organes vitaux, etc.), (3) l’accumulation de polluants organiques et métalliques, qui seront remis dans la circulation générale de l’anguille lors de sa migration (et surtout redirigés vers les gonades et les oeufs pour les femelles). Un protocole spécial d’échantillonnage des anguilles argentées est indispensable à la mise en oeuvre de cet indicateur. » L’idée est d’établir s’il existe dans chaque bassin des données antérieures concernant l’état sanitaire des géniteurs : parasites, virus et polluants. S’il n’y a pas de données récentes, il est nécessaire de réaliser un bilan sanitaire. Un document co-écrit par Robinet, Boury, Roche, Sasal et Girard a été proposé au sein du GRISAM en 2006 pour réaliser le bilan national de la qualité des géniteurs d’anguille européenne. Le projet consiste à effectuer un échantillonnage national afin de délimiter des zones de plus ou moins bonne qualité pour les géniteurs par unité hydrographique. L’échantillonnage portera sur les anguilles argentées (migrantes ou pré-migrantes). A terme, le programme devra permettre l’élaboration d’un coefficient réducteur du potentiel reproducteur des bassins concernés. Le protocole prévoit d’identifier 3 à 6 localités par bassin RNDE (Réseau National des Données sur l’Eau) et d’y capturer 5 anguilles par localité. Ce nombre semble insuffisant par rapport aux remarques effectuées tout au long de ce rapport. Pour les milieux lagunaires, il est prévu de collecter au minimum 15 anguilles par zone lagunaire ou de marais littoraux. Cela consistera à choisir une lagune par secteur (Aude/PO, Thau, Palavas, Camargue, Berre et Corse). L’échantillonnage sera réalisé 1 fois « avec éventuellement un nouveau prélèvement pour post évaluation locale 5 ans plus tard ». Cette méthodologie ne semble pas adéquate pour la mise en place d’un indicateur qui nous permettrait d’évaluer la tendance de la qualité des géniteurs dans le temps. De plus, le problème dans la pratique réside dans le coût élevé : environ 650 000 euros pour la France, 12 187 euros par bassin RNDE. Si l’ensemble des analyses est effectué, le prix est estimé à 600 euros par anguille argentée TTC. C’est pourquoi il a semblé nécessaire au groupe INDICANG lors de la réunion de Porto de développer une approche taille-poids ainsi que de hiérarchiser la nécessité de chaque analyse. Il ne semble pas y avoir un accord définitif pour le moment. Une méthode alternative va être utilisée dans la prochaine phase INDICANG basée sur les « codes pathologie ». Elle a été mise au point par le CSP et améliorée par P. Girard et P. Elie. Elle consiste à décrire les anomalies et les parasites externes et de déterminer leur prévalence au sein des populations. L’objectif est d’intégrer cette méthode dans toutes les études qui prendront en compte la condition sanitaire de l’anguille en France (stations RHP, marquage, pêcheurs professionnels…) (Girard & Elie, 2007). Cette méthodologie qui a l’avantage d’être non létale, ne permet cependant pas d’estimer la charge en pathogène (Anguillicola crassus, Pseudodactylogyrus sp., EVEX) ni en contaminants. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 60 9. Conclusions générales, recommandations et actions prioritaires CONCLUSIONS : • Un bilan des connaissances de l’état sanitaire de l’anguille sur le bassin RMC a été réalisé à partir de la bibliographie disponible (littérature blanche et grise). Les données sont fragmentaires. Nous avons identifié un manque de connaissances sur plus de trois-quarts des lagunes et fleuves en ce qui concerne les pathogènes et micropolluants. • Il semble qu’aucune zone étudiée récemment ne soit épargnée par les micropolluants et A. crassus. • Certaines zones potentiellement de meilleure qualité sanitaire, particulièrement celles se trouvant écartées des zones industrielles et recevant peu de polluants via le bassin versant, devraient être étudiées. • Il n’existe pas pour le moment de moyen d’éradiquer les pathogènes alors qu’il existe des réglementations pour réduire les phénomènes de pollutions. L’accent devrait être mis sur les actions conduisant à la réduction des polluants et à une meilleure qualité de l’habitat des anguilles. • Il existe des relations synergiques entre pathogènes et polluants. Il est important de tenir compte des pathogènes dans les études écotoxicologiques. • Certaines études font apparaître qu’une partie des géniteurs n’atteindra pas la zone de reproduction, tandis qu’une autre sera incapable de donner naissance à une progéniture viable. La situation nous est apparue préoccupante. (1) 15 à 20% des anguilles argentées semblent avoir des vessies natatoires tellement dégradées par A. crassus qu’elles ne peuvent pas effectuer la migration océanique. (2) Les anguilles infestées par A. crassus ont une capacité de nage réduite, et celles fortement infestées, indépendamment de leur index de reproduction, n’atteindront jamais l’aire de ponte (ne peuvent pas nager plus de 2 mois). (3) Les anguilles contaminées par le virus EVEX ne semblent pas pouvoir terminer leur migration (meurent après 1500 km sur les 5500 à parcourir). (4) Les géniteurs ayant des teneurs de plus de 4 ng/kg de gonades de contaminants type dioxines (PCB, PCDD/PCDF) ne pourront pas donner naissance à une progéniture viable. • Il n’existe pour le moment aucun suivi sanitaire (à par le suivi de A. crassus en Camargue) sur le bassin RMC. Aucune structure ne centralise les informations et il n’existe pas pour le moment de consortium pour la mise en place d’indicateurs de la population. • Au vu des teneurs en contaminants présents dans le bassin RMC, un réseau d’épidémiosurveillance est nécessaire non seulement pour suivre l’évolution de l’état sanitaire des géniteurs mais également pour la santé publique. • Plusieurs études recommandent la mise en place d’un suivi épidémiologique ainsi qu’un tableau de bord (Crivelli, 1998; Girard, 2007). Mais il semble que jusqu’ici, une réelle volonté politique a fait défaut. • Il existe sur le bassin Atlantique des structures efficaces permettant la mise en place et le suivi d’indicateurs de population. Le bassin méditerranéen pourrait largement s’en inspirer tout en tenant compte de ses spécificités. • Il faut souligner un manque d’échange, de communication et d’information entre les différentes structures, organismes, gestionnaires et acteurs de terrains. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 61 RECOMMANDATIONS : • Compte tenu du nombre limité des données disponibles sur le bassin RMC, il y a un besoin urgent de mettre en place des indicateurs de la qualité sanitaire des anguilles sur le bassin RMC. • Ces indicateurs devront être mesurés régulièrement, chaque année pendant la période de migration (choisir une période précise entre Septembre et Décembre) afin d’être capable d’évaluer dans les prochaines années une possible évolution. • La mise au point d’indicateurs doit être associée à la mise en place d’un protocole commun d’échantillonnage en tenant compte de la qualité plutôt que de la quantité. • Afin d’éviter un échantillonnage trop compliqué, les anguilles argentées prêtes à migrer devraient être la cible des indicateurs. L’échantillonnage devra toujours être réalisé au même moment de l’année (au moment de la dévalaison) et au même site pour permettre les comparaisons. • L’idéal serait de couvrir tous les bassins versants de la Méditerranée. Cependant, il semble utopiste d’atteindre cet objectif directement. Dans un premier temps, utiliser des sites modèles qui ont de bonnes chances d’être étudiés dans les années à venir, puis élargir peu à peu le nombre de sites étudiés. Les lagunes concernées pour les prochaines années sont la lagune de Mauguio (projet Cépralmar), la lagune du Prevost (Tour du Valat), lagunes de Bages-Sigean et Canet (IFREMER de Sète et CBETM de Perpignan). • L’échantillonnage devra être optimisé. Des réseaux de compétences et des formations seront probablement nécessaires afin d’utiliser au mieux les échantillons (pathogènes, polluants, otolithes, argenture…). • La mise en place d’un tableau de bord anguille semble une étape décisive pour la gestion concertée et coordonnée de l’anguille sur le bassin RMC. MRM prévoit de mettre en place un tableau de bord pour les espèces migratrices dès 2008 et éventuellement un tableau de bord spécialement pour les anguilles en 2009 (année de début d’une nouvelle phase de financement). MRM travaille en ce moment même à la détermination d’indicateurs. Le tableau de bord devrait être une plateforme regroupant tous les organismes travaillant de près ou de loin à la gestion de l’anguille sur le bassin RMC. • Pour éviter la multiplicité des échantillons, il faut mettre en parallèle les données disponibles. Par ailleurs, il existe de nombreux réseaux de surveillance de la qualité des milieux aquatiques. La plupart ont pour objectif la protection de la santé humaine mais ces réseaux sont aussi utiles pour évaluer et surveiller la qualité des habitats de l’anguille et suivre leur évolution (Encadré 2). Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 62 Encardé 2 : Les réseaux de suivis en place sur le bassin RMC Réseau interrégional des gestionnaires de lagunes (ex. FOGEM), animé par la Pôle relais lagunes méditerranéennes (www.pole-lagunes.org). Il effectue entre autre le suivi de la salinité, température, conductivité, redox, pH, saturation en oxygène, niveau de l’eau. RSL : Réseau de suivi lagunaire depuis 2000 (indicateurs du niveau d’eutrophisation) : hydrologie, sels nutritifs, phytoplancton, macrophytes et macrofaune benthiques, sédiments (http://rsl.cepralmar.com). RNO Le Réseau National d'Observation de la qualité du milieu marin, depuis 1974. Évaluation des niveaux des concentrations en contaminants chimiques et des paramètres généraux de la qualité du milieu. RNO matière vivante : contaminants chimiques dans la matière vivante. RNO sédiments : contaminants chimiques dans les sédiments. REPHY (Réseau de Surveillance phytoplanctonique, depuis 1984) : surveillance du phytoplancton. REMI (Réseau de surveillance microbiologique) contamination microbiologique de chaque zone de production ou de pêche de coquillages. RINBIO (Réseau Intégrateur Biologique, depuis 1996) : recherche les radioéléments, les métaux traces ainsi que les contaminants organiques dans la chair des moules. RNB (réseau national de bassin : chaque année) et RCB (réseau complémentaire de bassin : 1 année sur 2). Réseaux de surveillance de la qualité physico-chimique des cours d’eau (eau douce) Les stations hydrométriques de la DIREN. RHP (Réseau Hydrobiologique et Piscicole): nature des peuplements (nombre d’espèces, d’individus, structure des populations), sur la description de l’habitat et de ses altérations. Connaissance de l’état des peuplements piscicoles et de leur habitat et suivre leur évolution sur le moyen et long terme. • S’appuyer sur les structures déjà en place. Outre son importance économique, de par sa grande distribution dans les milieux lagunaires et continentaux, l’anguille est un excellent bio-indicateur de la qualité des milieux, et s’intègre donc parfaitement aux objectifs de la DCE (Directive Cadre Eau). La DCE, adoptée en 2000 au niveau Européen, possède un poids politique très important. Elle a pour objectif d’obtenir la protection, l´amélioration et la restauration de toutes les masses d’eau, afin de parvenir à un bon état écologique de ces eaux au plus tard en 2015. Des moyens sont mis à la disposition des agences de l’eau afin de tendre vers ce but. Une liste de 32 substances prioritaires a été élaborée, revue tous les 4 ans. Parmi elles se trouvent les substances dangereuses qui devront être éliminés prioritairement : anthracène, atrazine, cadmium, mercure, plomb, hydrocarbures, composés chlorés. L’anguille est considérée comme une espèce parapluie, c'est-à-dire qu’améliorer sa distribution et sa qualité sanitaire revient à l’améliorer pour toutes les espèces aquatiques vivant dans le même habitat. Toute action pour sa gestion se répercutera positivement sur les autres espèces et conduira à une meilleure qualité de l’écosystème. L’anguille colonise tous les types de cours d’eau, c’est donc aussi un excellent indicateur de la qualité chimique du milieu aquatique ainsi que du continuum fluvial. Pour certains départements, des données très précises et récentes sont disponibles concernant l’anguille dans les cours d’eau. L’anguille, de par ses caractéristiques, est utilisée comme espèce repère par le CSP pour ses études piscicoles (Fédération de pêche des Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 63 • • • • • P.O.). Ces rapports donnent un état des lieux précis de la présence de l’anguille et fait l’inventaire des perturbations du fonctionnement des milieux aquatiques (qui consiste à estimer les altérations du cycle de vie d’une espèce repère). Limiter la dispersion des polluants et des pathogènes en appliquant le principe de précaution. Éviter les transports d’individus qui pourraient faciliter la propagation de parasites. Il existe un risque réel avec l’anguille américaine qui héberge des espèces de parasites absentes chez l’anguille européenne (Baisez, 2004). Les répercussions des actions de repeuplements et de réempoissonnement restent encore mal connues. Il se pourrait que l’anguille européenne possède un système de « homing » (Limburg et al., 2003; Westin, 2003). Auquel cas il faudrait éviter de relâcher des anguilles provenant d’un bassin différent (sur ce sujet, un cahier des charges INDICANG est en cours de validation). Les fleuves sont très peu étudiés alors que l’anguille y est présente même si elle y est peu pêchée. Certains fleuves ou rivières pourraient constituer des réservoirs de géniteurs de bonne qualité (grandes anguilles, peu polluées, peu parasitées). Selon le récent rapport du CSP dans les PO, 42.3% des linéaires du réseau hydrographique pérenne sont exempts de perturbations significatives. A. crassus est le plus étudié des parasites allochtones et semble avoir colonisé tout le pourtour méditerranéen. Les données restent cependant limitées à quelques pays seulement, il serait nécessaire de prospecter dans les pays pour lesquels aucune information n´est disponible afin d’identifier d’éventuelles zones à protéger. Mettre en place un réseau méditerranéen similaire à celui déjà en place et ayant fait ses preuves sur la façade Atlantique (INDICANG/tableau de bord). La détermination des indicateurs devra se faire en tenant compte des spécificités du bassin méditerranéen. Pour répondre aux attentes européennes, les études menées sur la qualité sanitaire des géniteurs doivent être accompagnées d’un suivi de la quantité des géniteurs, du taux de recrutement, de la qualité et de la disponibilité des habitats essentiels à l’anguille. Ce suivi devra se faire par la mise en place d’indicateurs. ACTIONS PRIORITAIRES : Pour hiérarchiser les actions à mener, il est nécessaire de prendre en compte le coût des mesures et leur potentiel d’impact de gestion à long terme. 1. Mettre au point un protocole commun d’échantillonnage, d’analyse et d’expression des résultats. 2. Déterminer des sites modèles (bassins versants) : lagunes et fleuves où pourront être suivis des indicateurs de la qualité sanitaire des géniteurs dans les 3 prochaines années au moins. 3. Création d’un tableau de bord anguille en Méditerranée afin de centraliser les informations. 4. Informer régulièrement les acteurs des actions menées et des résultats obtenus afin d’agir de façon coordonnée pour la gestion de l’anguille. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 64 A l’heure actuelle, il est impossible de déterminer la part respective de chaque cause possible du déclin de la population d’A. anguilla. C’est pourquoi les efforts doivent être unis afin de hiérarchiser les causes et de les réduire lorsque c’est possible (phase continentale). L’effort est à mener sur tous les fronts, pour chaque stade de vie, dans chaque habitat. La mise en place d’indicateurs de la population est un passage obligé et le seul moyen de mesurer une éventuelle amélioration dans le temps. Le plus tôt les indicateurs seront mis en place, le plus tôt il sera possible de déterminer l’évolution des stocks d’anguilles pêchés sur le bassin RMC. Etat sanitaire d’ Anguilla anguilla dans le bassin RMC- Synthèse bibliographique (2007) 65 BIBLIOGRAPHIE Alzieu, C., et E. Abadie. 2000. Contamination de l'étang de Bages-Sigean par les polluants chimiques - Incidence des inondations de novembre 1999. Rapport Ifremer. 31 p. + annexes. Baisez, A. 2004. Indicateurs Anguille Loire - Mortalité Sanitaire.http://www.anguilleloire.com/upload/fdoc/doc/77_88_Mortalitesanitaire.PDF. 8 p. Banning, P. V., et O. L. M. Haenen. 1990. Effects of the swimbladder nematode Anguillicola crassus in wild and farmed eel, Anguilla anguilla. Pathology in Marine Science. PAMAQ 3 Proceedings. Virginia, USA, 1988. Academic Press. p 317-330. Barker, D. E., et D. K. 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Étang / Lagune département, commune) S P Communication avec la mer ou les Mode de gestion, problème de embouchures de fleuves côtiers. recrutement. Secteur PO/Aude Gestion (66) (St-Nazaire, Canet) 480 0,5 grau en communication directe muni d’un Canet-Saint favorable au recrutement. barrage à vannes. Nazaire régulièrement ouvert de janvier à avril. (11) (Salses, Leucate) 5400 1,75 3 graus (creusés ou aménagés) en pas d’obstacle à la migration, gestion en Salses-Leucate communication directe . faveur du recrutement. (11) (La Palme) 600 1 communication par le grau temporaire de la grau fermé naturellement (sable) . la Palme Franqui. Ouverture lors de « coups de mer ». (11) (Sigean, Port la 3800 2,1 communication directe par le canal de Port la ouvrage à vannes ne fonctionnant plus. Bages-Sigean Nouvelle) Nouvelle. Pas de blocage physique . (11) (Port la Nouvelle) 1500 0,5 communication directe par le grau naturel de le grau naturel permanent favorise le Ayrolle la Vieille Nouvelle. recrutement, pas de blocage. (11) (Gruissan) 100 0,5 communication indirecte par l’étang pas de blocage pour le recrutement entre Campignol d’Ayrolle. l’Ayrolle et le Campignol. (11) (Gruissan-Plage) 230 3 communication directe par un large grau le grau est permanent et ne présente pas Grazel aménagé d’obstacle au recrutement (11) (Gruissan) 136 0,4 communication indirecte par le canal pas d’obstacles au niveau du canal de Gruissan artificiel de Grazel. Grazel. (11) (Gruissan-Plage) 60 3 communication directe temporaire obstacle naturel (ensablement) au Mateille recrutement. Pas de gestion spécifique. (11) (Les Cabanes de 78 0,3 communication directe temporaire . ensablement du grau et ouverture lors Pissevaches Fleury) des« coups de mer ». (34) (Vendres) 1900 ? embouchure de l’Aude, présence d’un passe à poisson et ouverture des vannes Vendres barrage à vannes. de novembre à mars. Secteur Thau (34) (Agde) 651 1,2 pas de communication directe. sa non communication directe le rend Bagnas peu intéressant. (34) (Marseillan, Sète, etc.) 7500 4 1 grau et 2 canaux. Seul le canal des Quilles le canal de Sète et le grau de Pisse Thau est muni de vannes. Saumes favorise le recrutement. (34) (Frontignan) 45 0,2 communication indirecte par l’étang de pas de blocage dans le canal reliant Thau La Peyrade Thau. et Peyrade 76 ANNEXE 1 (suite) Étang / Lagune département, commune) Secteur Palavas Ingril S P Communication avec la mer ou les embouchures de fleuves côtiers. Mode de gestion, problème de recrutement. (34) (Frontignan) 685 0,6 (34) (Vic-la-Gardiole) (34) (Villeneuve-lesMaguelone) (34) (Palavas-les-Flots) 1255 371 1,1 0,6 communication directe par le Port de Frontignan. pas de communication directe. pas de communication directe. 294 0,75 580 0,35 Grec (34) (Villeneuve-lesMaguelone) (34) (Carnon) 270 0,25 Méjean (34) (Lattes, Carnon) 747 0,25 communication directe par un grau creusé en 1964. communication directe par canal et embouchure du Lez. communication directe par canalette et embouchure du Lez. communication par le grau de Carnon, équipé d’une porte. pas d’ouvrage présent, recrutement favorisé. peu d’intérêt pour le recrutement peu d’intérêt pour le recrutement vu sa position géographique. pas d’obstacle au recrutement. Gestion favorable. pas d’obstacle à la migration des juvéniles. pas d’obstacle à la migration des juvéniles. ouvrages gérés par convention pour favoriser le recrutement (janvier-mars). Pérols Mauguio (Or) (34) (Mauguio) 3170 1 grau de Carnon avec porte et canal de Lunel avec barrage antisel. ouvrages gérés par convention pour favoriser le recrutement (janvier-mars). Ponant (30) (la Grande-Motte) 200 2,7 communication par la passe des Abîmes. pas d’obstacle à la migration au niveau du grau. Médard (30) (le-Grau-du-Roi) ? 0,8 communication par le canal du Grau du Roi, présence de martelières. martelières gérées pour favoriser le recrutement (janvier-septembre). (13) (Saintes-Maries-de-laMer) (13) (Saintes-Maries-de-laMer) 3000 0,5 6400 1,5 communication directe par le grau de la Fourcade, équipé de martelières. communication indirecte par les étangs des Impériaux. martelières difficilement gérées pour le recrutement. Conflits d’usage. pas de blocage entre les impériaux et le Vaccarès. Secteur Berre Berre (13) (Martigues, Istres, etc.) 15500 10 communication directe par le canal de Caronte. canal surcreusé ,circulation de bateaux. Pas de blocages. Villepey (83) (Saint-Aygulf, Fréjus) 255 0,8 communication par l’embouchure de l’Argens. pas de blocage au recrutement. Vic Pierre-Blanche Prévost Arnel Secteur Camargue Impériaux Vaccarès 77 ANNEXE 1 (suite) Étang / Lagune département, commune) S P Communication avec la mer ou les embouchures de fleuves côtiers. Mode de gestion, problème de recrutement. Secteur Corse Biguglia (2B) (Furiani, Biguglia, etc.) 1450 1 communication non permanente par un grau naturel. grau régulièrement ensablé, problème de gestion (curage non-régulier). Diana (2B) (Aléria) 570 6 communication directe par un grau aménagé. pas d’obstacle au recrutement de par l’entretien régulier du grau. Urbino (2A) (Aléria, Ghisonaccia) 790 5 communication directe avec la mer par un grau naturel. le grau est entretenu régulièrement, le recrutement est favorisé. Palu (2A) (Ventiseni) 40 1 communication directe non permanente. le grau est curé chaque année pour favoriser le recrutement. 78 ANNEXE 2 : Tableau de correspondance entre les codes des documents inventoriés et leur auteurs. Années de Code 1 Code 2 Auteur publication Bassin RMC 2 R1 Santillo et al. 2005 3 T2 Blanc 1994 6 Ap3 Buet et al. 2006 13 T7 Gony-Lemaire 1990 18 R3 Grauby et al 1973 20 Ap11 Gony et al. 1988 21 Ap12 Lemaire-Gony et al. 1992 23 Ap15 Dupont et al. 1988 24 T8 Dupont 1984 25 Ap16 Benajiba et al. 1995 26 Ap17 Benajiba et al. 1994 27 T9 Benajiba 1991 29 Ap19 Caillot et al 1999 34 Ap24 Lefebvre et al 2002a 37 Ap27 Lambert et al. 1984 40 Ap29 Ternengo et al 2005 41 Ap30 Roche et al. 2003 42 Ap31 Roche et al. 2000 43 Ap32 Roche et al. 2002a 44 Ap33 Roche et al. 2002b 45 Ap34 Lefebvre et al 2002b communication 46 Ap35 Sasal et al. personelle 47 R4 Girard 2005 49 R5 Maison régionale de l'eau 2004 51 R6 Feunteun et al. 2000 53 Ap38 Lefebvre et al 2004 54 Ap39 Lefebvre et al 2003 55 Ap40 Lefebvre et al 2004b 56 R7 Girard 2007 58 R8 Lemaire et al 1992 63 R9 Laugier et al. 2003 64 R12 Gony 1985 65 Ap46 Oliveira Ribeiro et al. 2005 66 Ap47 Pointet et al. 2000 68 R10 LDA 39 1996 Centre National d'Etudes 1993 70 R11 Vétérinaires et Alimentaires 72 Ap50 Buet et al. 2000-2001 80 Ap58 Batty et al. 1996 81 R13 Labo analyse 2001 82 R14 Alzieu et al. 2000 85 Ap61 Dupont et al. 1987 88 R15 Romeo et al. 1996 89 R16 Maldes et al. 1991 90 R17 Brutel 1991 91 R18 Hildebrand et al. 1993 79 ANNEXE 2 (suite) Code 1 Code 2 92 R19 93 94 95 96 97 Autres Pays Méditerranéens 14 28 30 31 32 33 35 38 57 59 60 61 62 67 73 74 75 76 77 78 79 83 84 86 87 Auteur Années de publication R20 C1 R21 C2 Ap64 Fédération des Alpes-Maritimes pour la pêche et la protection du milieu aquatique LDA 39 Fazio Fumet Fazio Fazio et al. 1998 Com. Pers. 2004 Com. Pers. 2005 Ap5 Ap18 Ap20 Ap21 Ap22 Ap23 Ap25 Ap28 Ap41 Ap42 Ap43 Ap44 Ap45 Ap48 Ap51 Ap52 Ap53 Ap54 Ap55 Ap56 Ap57 Ap59 Ap60 Ap62 Ap63 Ruiz et al. Maíllo et al. Moravec et al. Maíllo et al. Kennedy et al. Di Cave et al. Spakulova et al. Paggi et al. Gargouri Ben Abdallah et al Gargouri Ben Abdallah et al Kheyyali et al. EL Hilali et al. Rahhou et al. Ferrando et al. Bressa et al. Mariottini et al. Bordajandi et al. Storelli Ben Souissi et al. Agradi et al. Caliskan et al. Corsi et al. Canestri-Trotti Genç et al. Kennedy et al. 1991 2000 1994 2005 1997 2001 2002 1982 2006 2005 1999 1996 2001 1992 1997 2006 2003 2007 2000 2000 2000 2005 1987 2005 1998 2006 80 ANNEXE 3. Documents portant sur l’état sanitaire de l’anguille dans les pays Méditerranéens la France exclue. T = type de site. L :lagune, F : fleuve, R :rivière, C :canal, D :delta. #=code du site utilisé dans la base excel. Noms T # A. crassus P. anguillae P. bini EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides Retardateur de flamme bromés ESPAGNE Ébre Canal Vell Encanzissada Tancada Turia Albufera ITALIE Po Valle Figheri Comacchio Lesina Acquatina Burano Fogliano Monaci Caprolace Tibre Bracciano Orbetello Santa Giusta TURQUIE Koycegiz Ceyhan TUNISIE Ichkeul Bizerte Ghar El Melh Tunis 28,31 28,31 dioxines 2 D L L L F L 3 D,F L L L L L 46 20 43 19 44 45 84 33 33 33 33 33 33 33 32 33 32 33 F L L L 41 42 12 36 87 30 87 87 L F 40 39 86 L L L L 33 48 49 32 57 57 57 57 75 37 2 76 14 14 75 75 67 73 73 76 76 75 2 2 74, 83 74 83 79 77 81 Suite ANNEXE 3 Noms MAROC Moulouya Nador Nb articles Nb thèses Nb rapports Total T # A. crassus P. anguillae P. bini E L 47 35 60,61,62 60 12 5 2 12 5 2 EVEX Métaux HAPs PCBs Pesticides Retardateur de flamme bromés dioxines 3 6 7 1 3 6 7 1 82 ANNEXE 4 : Liste de quelques principales lagunes et de certains fleuves de Méditerranée (hors bassin RMC). D’après (Hervé, 1978). Cette liste n’est pas exhaustive. Croitie Espagne : 21- Lac de Vrana 1- Mar Menor de Murca 2- Lagune de Valence, Lac d’Albufera Grèce 22- Lacs de Macédoine 3- Delta de l’Ebre, lagunes : Turquie Encazissada, Tancada, Canal Vell 23Lac de Porto-Lagos 37- Turia (fleuve) 24- Lacs turcs de la mer de Marmara 25- « limans » bulgares Italie Roumanie 12- Lagune d’Orbetello 26Lagunes Razelm, Sinoe et « limans » 13- Lagunes des marais pontins roumains 14- Lac Fusaro Ukraine 15- Etangs sardes 27« limans » russes 16- Lac de Faro Turquie 17- Lac de Marsala 28- Lagunes turques de la mer Egée 18- Lac de Pergusa 29- Lagunes turques de Méditerranée 19- Lacs de Lesina et Varano 39- Ceylan river, Turquie 20- Lagune de Venise et valli vénitiens, Valle 40- Lagune de Köycegiz Figheri Égypte 41- Le fleuve Tibre, Italie 30- Lacs du delta du Nil 42- Lac Bracciano, Italie Tunisie 43- Lagune de Comacchio, Italie 31Lac Kelbia 44- Lagune de Acquatina, Italie 32Lac de Tunis 36- Santa Giusta (lagunes) 33Lac Ischkeul 38- Le fleuve Po, la Casella (station) 48Lac de Bizerte, Tunisie 45- Lagunes de Burano, Fogliano, Monaci et 49Lagune de Ghar el Melh, Tunisie Caprolace Algérie 46- Delta du fleuve Po 34- Lac Mellah Maroc 35- Mar Chica de Mellila, lagune de Nador, Maroc 47- Estuaire Moulouya, Maroc 83 ANNEXE 5. Sites pour lesquels des études sur les pathogènes et/ou sur les micropolluants de l’anguille européenne ont été mené dans le bassin Méditerranéen (hors bassin RMC). Les numéros se reportent à l’annexe 4. Carte d’après Hervé (1978). 84 ANNEXE 6 : Liste des espèces de parasites répertoriés dans le bassin RMC. sousEspèce Phylum embranchement embramchement Acanthocephala (larvae) métazoaires Acanthocephala Acanthocephalus clavula métazoaires Acanthocephala Anguillicola australiensis métazoaires Némathelminthes Anguillicola crassus métazoaires Némathelminthes Anguillicola métazoaires Némathelminthes novaezelandiae Bothriocephalus claviceps métazoaires Plathelminthes Brachiphallus crenatus métazoaires Plathelminthes Bucephalus anguillae métazoaires Plathelminthes Bucephalus polymorphus métazoaires Plathelminthes Caryophyllaeidae métazoaires Plathelminthes (accidentel) Contracaecum sp. métazoaires Némathelminthes Cosmocephalus obvelatus métazoaires Némathelminthes (larves) Deropristis inflata métazoaires Eimeria anguillae protozoaires Epieimeria anguillae protozoaires Epieimeria graini protozoaires Ergasilus gibbus métazoaires Goezia anguilla Gyrodactylus anguillae Helicometra fasciata Hysterothylacium aduncam Ichtyophthirius multifiliis Plathelminthes Arthropoda classe sousclasse famille généraliste/s pécialiste spécialiste Acanthocéphales Acanthocéphales Nématodes Nématodes Anguillicolidae Anguillicolidae vessie gazeuse Nématodes Anguillicolidae vessie gazeuse Bothriocephalidae intestin spécialiste Bucephalidae intestin estomac, intestin spécialiste Cestodes intestin généraliste Nématodes cavité corporel Cestodes trématodes trématodes trématodes Digenea Digenea Nématodes trématodes sporozoaires (ou Apicomplexes) sporozoaires (ou Apicomplexes) sporozoaires (ou Apicomplexes) coccidia Crustacea Maxillopoda Acuriidae Digenea Acanthocolpidae eimeriidae spécialiste cavité corporel intestin et estomac cellules intestinales spécialiste spécialiste coccidia Copepo da branchies spécialiste spécialiste Opecoelidae intestin branchies intestin Anisakidae intestin Anisakidae métazoaires métazoaires Plathelminthes Plathelminthes Monogenea trématodes métazoaires Némathelminthes Nématodes protozoaire cilié, Ciliophora position chez l'hôte intestin intestin Digenea Cilioph ora sous cuntané 85 ANNEXE 6 (suite) sousembramchement classe Espèce Phylum embranchement Lasiotocus longicystis Lecithochirium gravidum Lecithochirium musculus Lecithochirium rufoviride Limnoderetrema sp. Microspora Myxidium giardi Myxobolus sp. Nicolla gallica (accidentel) Paraquimperia tennerima Pomphorhynchus laevis (accidentel) Prosorhynchus aculeatus Proteocephalus macrocephalus Pseudocapillaria tomentosa Pseudodactylogyrus anguillae Pseudodactylogyrus bini Pseudodactylogyrus sp. Pseudomonas anguilliseptica Raphidascaris acus Telosentis exiguus Tetraphyllidea (larves) métazoaires métazoaires métazoaires métazoaires métazoaires protozoaires Myxozoaires Myxozoaires Plathelminthes Plathelminthes Plathelminthes Plathelminthes Plathelminthes Microspora métazoaires Plathelminthes trématodes métazoaires Némathelminthes Nématodes métazoaires Acanthocephala Acanthocéphales métazoaires Plathelminthes trématodes métazoaires Plathelminthes métazoaires Trichodina pediculus Trichodina fultoni Trypanosoma granulosum trématodes trématodes trématodes trématodes trématodes sousclasse Digenea Digenea Digenea Digenea Digenea famille Monorchidae Hemiuridae Hemiuridae position chez l'hôte intestin intestin estomac,intestin généraliste/s pécialiste généraliste généraliste intestin Myxosporea Myxosporea branchies, reins Digenea Quimperiidae reins, parenchyme spécialiste non connu intestin généraliste estomac, intestin intestin généraliste intestin généraliste Cestodes intestin spécialiste Némathelminthes Nématodes intestin spécialiste métazoaires Plathelminthes Monogenea Dactylogyridae branchies spécialiste métazoaires métazoaires Plathelminthes Plathelminthes Monogenea Monogenea Dactylogyridae Dactylogyridae branchies branchies spécialiste spécialiste Némathelminthes Acanthocephala Plathelminthes Nématodes généraliste Tetraphyllidea intestin intestin intestin branchies généraliste branchies généraliste Digenea Bucephalidae bactérie métazoaires métazoaires métazoaires protozoaires, Ciliophora protozoaires, Ciliophora protozoaires Cestodes 86 ANNEXE 7: Micropolluants inorganiques et organiques répertoriés dans le bassin Méditerranéen. Les codes font référence à l’annexe 2. Code RMC = documents portant sur le bassin RMC français, Code Méd. = documents portant sur les autres pays Méditerranéens. HAP =Hydrocarbures aromatiques polycycliques Famille de polluant Polluant Code RMC Code Méd. Inorganiques Métaux Aluminium (Al) Arsenic (As) Bore (B) Barium (Ba) Cadmium (Cd) Chrome (Cr) Cobalt (Co) Cuivre (Cu) Fer (Fe) Mercure (Hg) non-métaux Magnésium (Mg) Manganèse (Mn) Molybdène (Mo) Sodium (Na) Nickel (Ni) Plomb (Pb) rubidium (Rb) étain (Sn) Strontium (Sr) Titane (Ti) zinc (Zn) Sélénium (Se) 56,65,81 56,65,75,81,82 56 56 13,20,21,56,63,64,65,80, 81,82,88,89,90 56,65,82 65 56,65,80,81,82 56,65 49,56,63,65,70,80,81,82, 88 65 56,65 65 65 56,65,82 63,65,80,81,82,88 65 56 56,65 56,65 56,65,80,81,82 56 75,76,77 77 75,76,77 77 76 75,77 75,76,77 Organiques Dioxines et furanes HAP PCDD/Fs Acénaphtène 6 Acénaphtylène 6 Anthracène 6,44,66 Benzo(a)anthracène 6 Benzo(a)pyrène 6,21,44 (B(a)P) Benzo(b)fluoranthène 6,82 Benzo(k)fluoranthène 6,82 Benzo[a]anthracène 66 Benzo[a]pyrène 66,82 Benzofluoranthènes Benzol(ghi)perylène Chrysène Dibenzo(a)anthracène Fluoranthène Fluorène Indenol(1,2,3cd)pyrène Naphtalène Phénanthrène Pyène 16 HAP prioritaires de l'EPA 75 66 6,82 6,86 6 6,44,66,82 6,66 6,82 6,44,66 6,44,66 6,66 43 87 ANNEXE 7 (suite) Famille de polluant Polluant Code RMC Code Méd. Organiques (suite) Polychlorobiphényles (PCB) Pesticides Organochlorés (OC) OC, HCH (hexachlorocyclohexane) PCB (somme de différents congénères) PCB (7 indicateurs: 101/118/138/153/170/180/190 ) PCB de type dioxine 74,44,42,6,8 2 2,56,76 Aldrine Atrazine α,γ Chlordane Chlorpirifos Cianazine Dicofol Dieldrine α,β Endosulfan Endosulfan Endosulfan sulfate Endrine Endrine aldehyde Fipronil HCB (Hexachlorobenzène, lindane) Heptachlor Heptachlor epoxide Simazine Tetradifon lindane (γHCH) 65 89,91 65 α HCH β, γ HCH β HCH 75 6,42,43,65 65 Organophosphates Fenitrothion Malathion Retardateurs de flamme bromés HBCD (somme α,β,γ) PBDE (11 BDE congenères:17,28,47,66,85,99,100, 138,153,154,183) TBBP-A 79 67 67 67 79 67 65 16,65 65 65 6,42 65 65 89 6,10,42,43,4 4,82,83,89 65,82 65 82,6,42 OC, DDT et ses métabolites et produits de transformation DDD, DDE, TDE 14,83,73,76 79 73,83 67 79,67,83 79 79 14,73,75,76, 79,83 67 67 2 2 2 88