Le bon contemporain - ministeres sans frontieres
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Le bon contemporain - ministeres sans frontieres
Le bon contemporain Saynète Cette saynète a été jouée avec des marionnettes en carton-plume (5 mm) maintenu par une baguette et colorées par de la peinture fluo, recto-verso (voir photos). Il faut 6 marionnettes : Le jeune (un peu bronzé) en bonne santé Sa maman Le jeune ensanglanté Un homme a la peau claire Une femme riche Un homme (que j'ai choisi plus âgé). Le jeune : Maman, Pa... Je sors ce soir, vous ne m'attendez pas... Je rentrerai pas trop tard, c'est promis... La voix de la maman : Mais enfin... tu ne vas pas sortir si tard, tu sais bien que c'est dangereux pour nous qui sommes des étrangers... Il faut leur laisser le temps, pour que les gens de la ville s'aperçoivent que nous sommes gentils, comme eux... Le jeune : Mais Maman... ça fait 3 mois que je ne suis pas sorti, je serai prudent et je te promets que si on me traite de « sale étranger », je ne répondrai pas... Maman : Je t'en supplie, attends encore un peu. Le Jeune : A toute à l'heure Man ! Hou la la...j'ai bien cru qu'elle allait encore m'avoir... Je ne vais tout de même pas rester enfermer toute ma vie chez papa et maman, parce que les gens ne nous aiment pas. Tout ça parce notre peau est un peu plus claire que la leur ! Bon, de toute manière, je ferai le sourd si on m'insulte... et si on m'attaque j'aurai bien un copain pour m'aider... Allez, faut pas que je pense au pire, ce soir, je vais m'amuser... Cool ! Bon je vais passer chercher Lucas... au fait....j'ai pas oublié mon portefeuille au moins... ah non ! C'est bon... il est là ! J'ai mes papiers tout !... Je sens que je vais passer une soirée vraiment chouette, ça fait si longtemps que je ne me suis pas amusé... Bon... ça fait ¼ d'heure que je marche... c'est qu'il habite drôlement loin le père Lucas.... Y pourrait pas habiter à la ZUP comme tout le monde... Ah mais, quand on s'appelle Lucas JacquesHenry de PONPONDOU, on n'habite pas à la ZUP, mais dans une grande villa avec jacuzzi et tout et tout... enfin... il est super sympa, et en plus il accepte de sortir avec un gars comme moi, un étranger, un pauvre type... (passe un homme, ils se croisent) Le jeune : Bonsoir monsieur ! (pas de réponse) Le jeune : Et ben ! Ils sont peut-être riches dans ce quartier, mais ils ne sont pas polis... il aurait pu me répondre ce gros cornichon ! (il croise un autre homme) Le jeune : Bonsoir ! L'homme : Bonsoir... heu !? Par hasard... avez-vous l'heure ?! Le jeune : Bien sûr ! … il est 21H30 ! L'homme : Merci ! (et il lui saute dessus et se met à crier) - C'est bon ! Je le tiens ! Venez vite... je crois que j'ai trouvé son portefeuille... (On entend des voix) - Tiens ! Prends ça... (Le jeune pousse des AIE ! PITIE !...) - Et! Mais ? … regardez les gens... c'est un étranger en plus... - Alors on le défonce à fond. (on entend la bagarre) - Et arrête de cogner... faudrait pas le tuer tout de même... on aurait des problèmes avec la police... c'est qu'il y a nos empreintes partout sur lui... - T'as raison, …, on se tire... mais j'aurai bien aimé lui faire la peau à celui-là... Tiens... pour rigoler, on va lui piquer ses chaussures... -Oh oui ! C'est trop marrant... et si on le mettait en caleçon ? -dépêchons-nous les gars... vite... en caleçon... (Ils rient et s'en vont) Le jeune : (il gémit, pleure...).... (long silence)... (il parle tout bas, comme si il révélait ce qu'il pense) J'ai vraiment très mal... mais enfin... pourquoi ? Je les connaissais pas ces gars là moi... pourquoi ?!?... que j'ai mal... je ne peux même pas bouger le petit doigt... mais c'est quoi qui coule dans ma gorge ? Au secours ! C'est du sang !? Et je n'arrive même pas à crier... c'est sûr... je vais mourir... ici... je suis jeune... j'ai pas envie de mourir moi... pourquoi ?! Pourquoi ?! Et pourquoi voulaient ils me faire la peau ?! Juste parce que je suis un étranger ?... Berk ! Ce goût du sang c'est écœurant... je sens que je pars... ça y est ! C'est fini ! … Mon Dieu, accueille mois s'il te plait... (il s'évanouit) (passe un homme, à la peau claire) Tiens !?! qu'est ce que c'est ? On dirait un chien crevé... Mais ! (il tape dedans avec son pied)... mais c'est un homme ! On dirait qu'il est mort... Bon ben, s'il est mort, y'a plus rien à faire pour lui... et même s'il était pas mort, je ferai rien pour lui. C'est vrai quoi ! C'est un gars de ma race, on dirait qu'il est du même pays que le mien...A mon avis, s'il est dans cet état, c'est qu'il a dû le chercher... Il a dû fais sa racaille... Ah ! Si tous les étrangers pouvaient être comme moi, je suis sûr qu'on les aimerait, qu'on les accepterait... C'est à cause de ces vauriens qu'on est mal vus... C'est bien fait pour lui... Il n'a que ce qu'il mérite... Bon,faut que je me dépêche, j'suis déjà en retard à mon cours de secourisme... C'est que je suis un brave gars moi !Ah si tous pouvaient être comme moi... (et il disparaît) Le jeune : (reprend ses esprits) Mais je suis toujours là ?!? Je crois que je préférerai mourir, je souffre trop ! Je ne sens plus mes jambes... J'arrive à peine à respirer... Mon Dieu ! Pitié ! C'est curieux, j'ai l'impression d'avoir vu une personne se pencher sur moi... ce devait être un délire... J'ai cru voir un gars de mon pays qui me touchait, me regardait et puis qui est parti... C'était vraiment un rêve, un gars de ma race m'aurait secouru, c'est sûr ! Ah ! Si seulement un compatriote pouvait passer là maintenant, il m'aiderait... Comme j'ai mal... Mais ! mais ! j'entends des pas qui approchent !? Au secours ! Au secours ! Pitié (passe une dame riche) Tiens !? Quelle est cette chose en plein milieu de mon chemin ? Quelle horreur ! Un homme en sang ! Il y a du sang partout.... j'ai horreur du sang... mais il parle en plus ?! Qu'est ce que vous dites ? J'entends pas... pitié ?? comment ça pitié ? Vous croyez tout de même pas que je vais vous toucher ! Vous êtes plein de sang... mon manteau est tout neuf... c'est celui que je mets pour aller à l'office religieux le dimanche matin... c'est que le sang ça tache !!! … Comment ? que dites vous?? Le jeune :aidez-moi... je vous en supplie ! La femme : Mais enfin, vous ne pourriez pas articuler un peu plus, je ne vous comprends pas... Bon, je crois que j'ai perdu assez de temps... je crois que je suis en retard, il faut que je file mon cher ami... J'ai rendez-vous à la chorale de mon Église. J'espère que vous allez vous en sortir... Je prierai pour vous, allez mon brave, courage ! C'est un mauvais moment à passer ! Que Dieu vous bénisse... Le jeune : Non ! S'il vous plait... ne partez pas... s'il vous plait... (elle s'en va) La femme :Pauvre garçon... enfin j'espère que mes paroles de réconfort lui auront fait du bien... je suis une femme charitable tout de même... tout le monde ne peut pas en dire autant. Le jeune : Comme j'aimerai être auprès de mes parents... Maman avait raison... c'était dangereux... et je ne l'ai pas écoutée ! Ah ! Si quelqu'un de bon pouvait passer près de moi... Il semble que tout le monde me déteste... Avec tout le sang que je perds, je n'en ai plus pour très longtemps... Allez cette fois, c'est la fin, je ferme les yeux et au revoir la vie ! (il s'endort) (un moment de silence, ou le jeune gémit de temps en temps) (arrive un homme bien mis, avec chapeau et un canne...) Le jeune : C'est bien un homme qui s'avance vers moi !?! … Il est ma dernière chance... si seulement il pouvait avoir pitié... Eh non !c'est pas possible, c'est un habitant de ce quartier..... avec lui, je n'ai aucune chance... ici, ils ne peuvent pas supporter les étrangers... L'homme :Mais, c'est un jeune homme blessé à mort ! Le pauvre... vite, il faut que je fasse quelque chose pour lui... Attends petit, je vais m'occuper de toi, j'habite à 2 pas, je vais aller chercher ce qu'il faut... En attendant, je vais te couvrir avec ma veste... Courage petit ! Je reviens ! Tiens bon ! Je vais aller appeler du secours... (il disparaît) L'homme : (qui revient essoufflé)... voilà mon petit ! J'ai fait vite, tu sais... voilà... je vais désinfecter les petites plaies et je te ferai des pansements … Pour le reste, l'ambulance arrive, ils vont bien s'occuper de toi... allez mon petit ! Courage... Le jeune : « Mon petit » ?? il m'a appelé « mon petit » ?! … il s'occupe de moi ?! Il ne me connaît même pas !?! Oh ! Merci Mon Dieu d'avoir envoyé cet homme bon sur mon chemin... Je suis sauvé maintenant... Monsieur ! Monsieur !... L'homme : Tu veux parler petit ?? Le jeune : Mer...ci !! L'homme : Ne me remercie pas.... c'est normal non ?! Comment pourrait-on passer à côté d'un homme blessé sans le secourir ? Je suis heureux d'avoir croisé ton chemin Petit, et puis, j'ai pas fini de m'occuper de toi... Je vais t'accompagner jusqu'à ce que tu sois complétement guéri... Le jeune : Mais... je ne suis qu'un étranger ?!? L'avez-vous remarqué ? L'homme : Tu es un homme... c'est tout ! Un homme comme moi ! Et je vais te dire une chose mon Petit...Même si mon pire ennemi était là blessé comme toi, devant moi ! Et bien, je ferai pareil, je le soignerai et prendrai soin de lui... Le jeune : Vous êtes un homme bon Monsieur, j'ai beaucoup de chance de vous avoir rencontré.... L'homme : Allez, fini de parler, il faut te reposer maintenant... J'entends l'ambulance qui arrive... voilà... repose-toi... Ne crains plus rien, je suis là....