7. Saint Augustin

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7. Saint Augustin
Saint Augustin
• Depuis la fondation de leur Institut, les Augustines se sont considérées comme les
filles de Saint Augustin. Son enseignement a guidé leur action auprès des malades.
• Augustin fut durant toute sa vie de santé fragile, très sensible aux chocs émotionnels à
l’incidence psychosomatique et il s’intéressera de très près à la science médicale de
son temps. Sa règle monastique unique en son genre est toute remplie de
considérations médicales, mais surtout, il construisit le premier un xenodochium où
étaient accueillis passants, voyageurs et malades, soignés par de frères et des sœurs
auxquels il recommandait d’être fidèles à l’évangiles du bon samaritain et du jugement
dernier. Ce fut une innovation radicale dans notre civilisation. Peter Brown La vie de
saint Augustin (traduction Jeanne-Irénée Marrou), Paris, 1971,
• Les pièces du monument augustinien : plus de 800 sermons conservés, une
correspondance de 300 pièces, quelque 100 ouvrages. Beaucoup de ses écrits
s’appliquent au soin des malades.
PASSAGES EXTRAITS DE L’ŒUVRE DE SAINT AUGUSTIN S’APPLIQUANT AU SOIN DES MALADES
Amour
• « Aime et fais ce que tu veux car la racine de l’amour est en toi ; de cette racine ne
peut surgir que du bien » (Homélie)
• Reste le grand combat contre la douleur. Mais ici encore, rien n’est si dur ni si
inflexible, que le feu de l’amour ne puisse infléchir. Lorsque l'âme transportée par cet
amour s'élancera vers Dieu, elle volera libre et généreuse au-dessus de tous les
tourments, avec les ailes si belles et si pures sur lesquelles s’appuie le partait amour
qui veut aller dans le sein de Dieu.
• Il est impossible en effet que celui qui aime Dieu ne s'aime pas lui-même
• Amour pour le corps du prochain. Celui qui aime son prochain doit évidemment se
montrer bienfaisant aussi bien pour son corps que pour son corps. On désigne par le
nom de médecine les services qui touchent le corps. À cette dernière appartient nos
seulement ce qui appartient à l'art des médecins, mais aussi la nourriture et le breuvage
et tout ce qui couvre et protège le corps contre les injures et les coups. Ceux donc qui,
obligeamment et avec bonté, fournissent aux autres tout ce qui est nécessaire pour
résister à ces maux et à ces souffrances sont appelés miséricordieux. Le nom de
miséricorde vient en de qu'elle rend sensible à la misère ou qu'il remplit de pitié se
cœur de celui qui s'afflige du mal d'autrui.
• La médecine (du corps) est un don du ciel
• Quand on aime, on fait tout sans peine et sinon, sa peine, on l’aime.
• Deux amours ont donc bâti deux Cités : l’une basé sur l'amour de soi-même jusqu'au
mépris de Dieu et l'autre sur l’amour du prochain et sur l’amour de Dieu. C'est la Cité
de Dieu.
• La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure
Bonheur
• . Il est besoin, croyez-moi, d'être entièrement séparé du bruit de tout ce qui se passe
pour arriver à ne rien craindre, sans qu'il y ait dans l'homme ni dureté, ni audace, ni
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vain désir de la gloire, ni superstitieuse crédulité. Voilà ce qui fait la solide joie, qui
n'a absolument rien de comparable avec tous les plaisirs Lettres
Beauté
• L’effet de l'harmonie universelle en vertu de laquelle les choses humaines se
succèdent dans un ordre admirable, et cette variété constitue un des principaux
caractères de la beauté dans la nature Lettres
• . De même la beauté, dans l'ordre naturel, résulte de ce magnifique ensemble
où la naissance et la mort, l'apparition et la disparition des différents objets
s'accomplissent dans un ordre régulier, jusqu'à ce que chaque chose arrive au
terme qui lui est assigné. Lettres
Le Corps
• . Que loue-t-on dans le corps ? Je ne vois rien autre que la beauté. Qu'est-ce que c'est
que la beauté du corps ? L’harmonie des parties avec une certaine suavité de couleur.
Lettres
• Voici, pour vous que je connais, quelque chose de grand dans sa brièveté. Il y a une
nature changeante à travers les lieux et les temps, c'est le corps Lettres
• Si l'on comprend difficilement pourquoi ceux qui sont les plus forts par l'esprit, sont
les plus faibles par le corps Lettres
• Le corps même est un ouvrage de Dieu. Il est orné de sa beauté particulière.
• Tout est beau dans son genre.
• La beauté qui se trouve dans chaque partie grandit avec celle de l'ensemble. Ainsi,
dans le corps humain chacun des membres nous paraît beau en particulier ; combien
plus louerons-nous le corps entier dont la beauté résulte de chaque membre. De la
vraie religion
• Le corps a une beauté certaine sans laquelle in le serait pas corps et si l'on veut savoir
qui l'a ainsi établi qu'on cherche celui qui est beauté souveraine, celui de qui vient
toute beauté. Disons toutefois que cette beauté des corps, la dernière sans doute parce
qu'elle ne peut avoir tous ses traits à la fois, ne laisse pas de rendre gloire à Dieu ; car
tandis que les uns disparaissent et que d'autres prennent leur place, ils accomplissent
en un seul toute la beauté de formes temporelles
• « Fasciné par Dieu, saint Augustin l’est tout autant par l’homme, cette merveille,
magnum miraculum »
Charité
• Le feu gagne au contact, et la flamme s’élance. Confessions
• Mais si vous voulez avoir la charité, c'est vous-même qu'il faut chercher, c'est vous
même qu'il faut trouver. Que craignez-vous de vous donner dans la crainte de vos
perdre ? C’est au contraire en ne vous donnant point que vous vous perdez.
• Il peut être pauvre dans sa modeste demeure, mais il est riche dans sa conscience, dort
plus tranquille que le riche dans sa pourpre
• Le refroidissement de la charité, c’est le mutisme du cœur. La flamme de la charité,
c’est le cri du cœur
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• Dans son style imagé, saint Augustin décrit le feu de la charité qui jaillit du verre d'eau
que l'on offre au pauvre. Voilà l'image qui a donné naissance aux armoiries des
Augustines où l'on voit la main d'une augustine portant le cœur qui soigne et d'où
jaillit le feu de la charité
Dignité humaine
• Je vous ai de bon cœur appelé honorable, parce que vous êtes homme, parce que
l'homme est créé à l'image de Dieu et à sa ressemblance, et qu'il occupe dans l'univers
un rang d'honneur, Lettres
Discipline
• Une règle est donc nécessaire aux hommes, et il faut que cette règle les pénètre et les
forme Lettres
Douleur
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Il est donc certaine douleur permise, il n’en est point que l’on doive aimer Confessions
La douleur est-elle autre chose que le sentiment à la séparation ?
Ce n’est pas par péché qu’on souffre les douleurs et la mort
Qui pourrait dire ce que Dieu réserve d'heureuse compensation à la douleur dans le
secret de ses conseils
Reste le grand combat contre la douleur. Mais ici encore, rien n’est si dur ni si
inflexible, que le feu de l’amour ne puisse infléchir. Lorsque l'âme transportée par cet
amour s'élancera vers Dieu, elle volera libre et généreuse au-dessus de tous les
tourments, avec les ailes si belles et si pures sur lesquelles s’appuie le partait amour
qui veut aller dans le sein de Dieu.
Nous qui peut-être souffrons sur la terre, nous n'avons pas notre vie ici-bas ; mais plus
tard, notre sort sera complètement changé
Rappelez-vous que par l'affliction de notre chair, nous faisons périr l’infirmité de notre
âme. Si votre estomac souffre, si votre poitrine ou votre ventre enfle, si la souffrance
s'est emparé de votre corps tout entier, que toujours votre amour pour Dieu, que votre
pieuse patience, et que l'espérance des biens futurs soient votre consolation au milieu
des peines de la vie.
Aussi que vous soyez dans les infirmités et les douleurs, la patience et le courage vous
sont d'une extrême nécessité
Exhortations
• Soyez saint, humble, paisible ; exercez-vous sans cesse aux œuvres de miséricorde et
de justice.
• Quand vous serez devenus tels souvenez-vous de nous qui avons pour vous tant
d'affection et qui bien qu’absent avons voulu vous adresser ces considérations qu'il
nous était impossible de vous faire présent de vive voix
• Qu'importe qu'on cherche à vous faire des reproches.
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• Chaque dimanche, que ceux qui veulent boire du vin le fasse en remerciant Dieu.
• Soyez donc, mes frères, obéissants. L’obéissance est donc sainte et méritoire quand
elle est enrichie de discrétion, d'honnêteté, de justice et d'humilité. Cependant, prenez
vos sûretés à l'égard de l'obéissance. Que celui qui commande veille à ce que
l'obéissance soit honnête et qu'elle soit accompagnée de justice. On ne doit
commander que des justes et honnêtes commandements.
Maladies
• Le souverain bien est la sagesse, et le souverain mal, la douleur du corps Soliloques
• Ainsi le médecin intérieur t'a fait voir et de quel mal tu étais guéri par ses soins et
combien il te restait encore à guérir. Soliloques
• Mais sèche tes larmes et fortifie ton cœur. Tu as beaucoup pleuré, et cette maladie de
poitrine n'a fait que s'aggraver. Saint Augustin Soliloques
Médecin
• Je connaissais alors un homme d’un grand esprit, très-habile et très célèbre dans la
médecine; j’avais reçu de sa main la couronne poétique; mais c’était le proconsul, et
non le médecin, qui avait couronné ma tête malade. Vous vous réservez la cure de ces
maladies, ô vous, « qui résistez aux superbes et faites grâce aux humbles » Et
cependant, n’est-ce pas vous qui n’avez cessé de m’assister par ce vieillard, qui n’avez
cessé par sa main de soigner mon âme? J’étais entré dans son intimité, et ses
entretiens, sans fard d’expression, mais sérieux et agréables par la vivacité des
pensées, trouvaient en moi un auditeur attentif et assidu, Aussitôt qu’il apprit, dans nos
entretiens, ma passion pour les livres d’astrologie, il me conseilla avec une
bienveillance paternelle de les jeter là, pour ne pas accorder à ces futilités le soin que
réclament les choses nécessaires. Il ajouta qu’il s’était livré sérieusement à cette étude
dans ses premières années, et avait pensé d’en faire profession pour vivre; que s’étant
élevé à l’intelligence d’Hippocrate, il ne serait pas demeuré au-dessous de cette
nouvelle étude et ne l’avait finalement abandonnée pour la médecine, que parce qu’en
reconnaissant toutes les erreurs, sa probité lui avait défendu de tromper les hommes
pour gagner sa vie. Confessions
• Que le Seigneur vous prépare en récompense : de ce salutaire exemple que vous aurez
donné pour guérir les autres membres malades qui, de toutes parts, en Afrique, sèchent
misérablement couchés dans la poussière Lettres
• Car la vigueur des membres naît de la chaleur, qui elle-même a pour principe le feu
dont la lumière brille dans les yeux; les canaux des veines appelées artères, ainsi que
les cavités des poumons sont remplis d'air; s'il n'y avait aucune partie liquide, la
formation de la salive deviendrait impossible, et la vie serait consumée par la
sécheresse. Enfin, le sang lui-même, remplissant les autres veines dans sa course
rapide, promène partout ses flots et ses ondes paisibles Lettres
• « Amour pour le corps du prochain. Celui qui aime son prochain doit évidemment se
montrer bienfaisant aussi bien pour son corps que pour son corps. On désigne par le
nom de médecine les services qui touchent le corps. À cette dernière appartient nos
seulement ce qui appartient à l'art des médecins, mais aussi la nourriture et le breuvage
et tout ce qui couvre et protège le corps contre les injures et les coups. Ceux donc qui,
obligeamment et avec bonté, fournissent aux autres tout ce qui est nécessaire pour
résister à ces maux et à ces souffrances sont appelés miséricordieux. Le nom de
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miséricorde vient en de qu'elle rend sensible à la misère ou qu'il remplit de pitié se
cœur de celui qui s'afflige du mal d'autrui. »
«Ah le pauvre être que je suis ! Aie pitié de moi Seigneur ! Voici mes plaies que je ne
cache point, je suis malade : tu es mon médecin. Tout mon espoir est dans l'ampleur de
ta miséricorde
La médecine du corps est un don du ciel
Les médecins fort savants sont surpassés pat d'autres moins instruits dans les
amputations, dans les pansements, dans tout ce qui exige la main ou le fer. Cette
branche de la médecine s'appelle chirurgie, terme qui indique les opérations qui se font
au moyen des mains. Cette habileté des doigts, gardons-nous d’en faire le fruit de la
science, mais bien plutôt celui de l'habitude, de l'imitation et de l'exercice journalier
C'est le bien de l'homme que le progrès de l'amour nous fait bien vivre jusqu’à la
parfaite guérison et de la transformation en bien de tout ce qu'il ya de vie en nous.
Amour pour le corps du prochain. Celui qui aime son prochain doit évidemment se
montrer bienfaisant aussi bien pour son corps que pour son corps. On désigne par le
nom de médecine les services qui touchent le corps. À cette dernière appartient nos
seulement ce qui appartient à l'art des médecins, mais aussi la nourriture et le breuvage
et tout ce qui couvre et protège le corps contre les injures et les coups. Ceux donc qui,
obligeamment et avec bonté, fournissent aux autres tout ce qui est nécessaire pour
résister à ces maux et à ces souffrances sont appelés miséricordieux. Le nom de
miséricorde vient en de qu'elle rend sensible à la misère ou qu'il remplit de pitié se
cœur de celui qui s'afflige du mal d'autrui.
Souvent l'esprit se trompe et s'en vante ; et parce qu'il ne voit pas encore, il se plaint
comme s'il en avait le droit. Mais cette beauté sait quand elle se montre. C'est elle qui
s'acquitte de la tâche du médecin et identifie mieux que ceux-là mêmes qui se font
soigner, qui est sain. Mais nous, nous croyons voir à quel point nous avons émergé,
alors même qu'il ne nous est permis ni de nous représenter, ni de sentir combien nous
étions immergés et jusqu'où nous étions descendus, et, ainsi, nous croyons que notre
santé consiste à ne pas être aussi gravement malade. Ne vois-tu pas avec quelle
assurance, hier, nous avons dit qu'aucune maladie ne nous retenait plus, que nous
n'aimions rien à part la sagesse, et que, tout le reste, nous ne le recherchions ou ne le
voulions qu'à cause d'elle Les Soliloques
Peut-être faut-il tenir compte d'une chose que les médecins non seulement prétendent,
mais affirment pouvoir prouver. Bien que toute chair présente l'aspect d'une masse
compacte de terre, elle n'en renferme pas moins en outre quelque quantité d'air :
contenu dans les poumons, cet air se répand du cœur dans les vaisseaux qu'on appelle
artères. Ces artères comme en se purifiant et en s'élevant, parviennent en ce sommet
qu'est le cerveau, qui est comme le ciel de notre corps. De là jaillissent les rayons de
nos yeux. Du milieu du cerveau partent aussi, comme d'un centre, de minces filets qui
aboutissent non seulement aux yeux, mais aux autres sens, aux oreilles, aux narines, au
palais, permettant ainsi d'entendre, de sentir les odeurs, de goûter ; le sens même du
toucher se rattache, disent-ils, à ce même cerveau par la moelle du cou et la moelle des
os qui forment l'épine dorsale La genèse au sens littéral en douze livres
Donc ces dieux puissants de la terre se sont élevés à l'excès ; ils ont cru n'avoir pas
besoin de médecin et c'est pourquoi ils sont restés dans leur maladie.
Le médecin aime le malade pour le rendre à la santé
Quelquefois le médecin se trompe en promettant au malade la santé du corps Dieu te
donne, à toi qu'il a fait, une guérison certaine et gratuite.
« Le médecin du corps guérira-t-il son client ? C'est chose incertaine. Au contraire
quelque profonde que soit la blessure de l'âme, elle sera guérie, et si cette âme est
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morte sous le nombre de ses péchés, elle sera ressuscitée. D'où vient donc qu'on
recherche la santé des corps à si grands frais et au prix de tant de souffrances, quand
bien des hommes refusent d'accepter la santé de l'âme qui leur est offerte comme un
don ? Sermon
« Il y avait à cette époque-là un homme avisé, expert en science médicale,
Vindicianus… Le fait est que je suis devenu assez intime avec lui. À ses
conversations, je m'attachais avec assiduité et attention. Le fait est que je suis devenu
assez intime avec lui. À ses conversations, sans recherche d'élégance verbale, la
vivacité de la pensée conférait agrément et poids ; je m'y attachais avec assiduité et
attention».
« Souvent l'esprit se trompe et s'en vante ; et parce qu'il ne voit pas encore, il se plaint
comme s'il en avait le droit. Mais cette beauté sait quand elle se montre. C'est elle qui
s'acquitte de la tâche du médecin et identifie mieux que ceux-là mêmes qui se font
soigner, qui est sain. Mais nous, nous croyons voir à quel point nous avons émergé,
alors même qu'il ne nous est permis ni de nous représenter, ni de sentir combien nous
étions immergés et jusqu'où nous étions descendus, et, ainsi, nous croyons que notre
santé consiste à ne pas être aussi gravement malade. Ne vois-tu pas avec quelle
assurance, hier, nous avons dit qu'aucune maladie ne nous retenait plus, que nous
n'aimions rien à part la sagesse, et que, tout le reste, nous ne le recherchions ou ne le
voulions qu'à cause d'elle Soliloque
« En ce moment nous parlons de cet homme laissé à demi-mort sur la route par des
brigands ; qui, atteint, transpercé par de graves blessures, ne peut pas, en cet état
monter jusqu'au sommet de la justice comme il a pu en descendre, et qui, même s'il est
déjà dans l'auberge, y est encore soumis à des soins. […] Moi je dis : ce n'est pas par
sa volonté que l'homme peut être juste, si la nature lui donne ce pouvoir ; mais grâce à
un remède il pourra réaliser ce dont le vice actuel le rend incapable
« Le malade même s'il y répugne, doit accepter sans murmures les avis du médecin,
les ordres du supérieur et tout ce qui est nécessaire en vue de sa guérison »
« Les médecins le soignaient pour des fistules nombreuses et complexes, qu'il avait au
bas du dos. Ils avaient déjà pratiqué des incisions sur lui et lui appliquaient alors, avec
des médicaments, les autres moyens de leur art. […] Et cependant que les plus
influents s'efforcent de redresser par des mots de consolation son esprit défaillant, on
dispose dans le lit les membres à portée de celui qui doit les inciser, on dénoue les
bandages, on découvre l'endroit du mal, le médecin l'examine et entreprend de
rechercher, armé et concentré, l'abcès à inciser. Il fouille des yeux, palpe, cherche
enfin de toutes les manières : il trouve la plus ferme des cicatrices. Ce que furent alors
l'allégresse, la louange, l'action de grâces à Dieu miséricordieux et tout-puissant qui
jaillirent de toutes les bouches, au milieu des larmes de joie, il n'est pas dans les
moyens de mes mots de le rendre : cela s'imagine plutôt que cela ne se décrit » (Cité
de Dieu).
Dans les lignes qui suivent, il rapporte le cas d'une habitante de Carthage, Innocentia,
qui souffre d'un cancer du sein « affection, si l'on en croit les médecins qu'aucun
médicament ne peut guérir ». Celle-ci s'étant abandonnée à Dieu dans la prière se
trouve miraculeusement guérie de son mal. (Cité de Dieu
Grâce à ses échanges et ses conversations avec les praticiens, Augustin acquiert une
connaissance certaine en anatomie.
La rencontre d'Augustin avec le médecin Vindicianus l'a ouvert à un champ du savoir,
inexploré par lui jusque là. L'attention aux avancées de la connaissance sur l'homme
féconde la réflexion du théologien en quête d'un Dieu venu en notre chair. Pour
Augustin, la réception du savoir médical donne à penser
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• « Malade d'abord, il demande sa guérison ; rendu à la santé, il demande ensuite qu'elle
lui soit conservée… Là, afin d'échapper à la maladie, il implore un remède ; ici, afin
de ne pas retomber dans la maladie, il implore un secours
Miséricorde, Compassion
• Qu'il supporte l'infirmité du prochain; lui vienne en aide autant que possible, comme il
désire lui-même l'aide d'en haut. Par conséquent recourons aux œuvres de la
miséricorde. Or la douceur et la miséricorde semblent se confondre – sermon sur les
béatitudes
• Ceux-là surtout sentiront ce qu'il y a, là, de miséricorde, lesquels servent dans leurs
maladies des êtres tendrement aimés, enfants ou amis très-chers, soit encore en bas
âge, soit atteints de phrénésie. Ils souffrent souvent beaucoup de leur part; mais ils
sont disposés à souffrir bien davantage encore, si la santé du malade l'exige, et jusqu'à
ce que la faiblesse de l'âge ou de la maladie soit passée. Béatitudes
• Il est impossible en effet que celui qui aime Dieu ne s'aime pas lui-même
• Amour pour le corps du prochain. Celui qui aime son prochain doit évidemment se
montrer bienfaisant aussi bien pour son corps que pour son âme. On désigne par le
nom de médecine les services qui touchent le corps. À cette dernière appartient nos
seulement ce qui appartient à l'art des médecins, mais aussi la nourriture et le breuvage
et tout ce qui couvre et protège le corps contre les injures et les coups. Ceux donc qui,
obligeamment et avec bonté, fournissent aux autres tout ce qui est nécessaire pour
résister à ces maux et à ces souffrances sont appelés miséricordieux. Le nom de
miséricorde vient en de qu'elle rend sensible à la misère ou qu'il remplit de pitié se
cœur de celui qui s'afflige du mal d'autrui.
• La médecine du corps est un don du ciel
• L'homme charitable porte secours, s'il le peut. S'il ne peut aider de ses secours, il prie
pour l'affligé et peut-être, par la manière dont sa prière est exaucée, est-il plus utile
que celui qui porte secours.
• Ne négligez pas ceux qui sont blessés ou languissants ; mais pour les guérir plus
facilement, restez vous-mêmes en bonne santé
• Que votre porte s'ouvre aux … étrangers et aux malades ; recevez les avec joie, lavez
leurs pieds, purifiez leur tête, nettoyer leurs souillures, et jamais ne détournez votre
main du pauvre malade. Cité de Dieu
• Parmi les vertus il n'en est pas de plus admirable, de plus attrayante que la compassion
de notre cœur pour la misère d’autrui, sentiment qui nous porte à lui venir en aide.
• Augustin d'Hippone, raconte Possidion, son biographe, se rendait uniquement dans les
maisons où se trouvaient des orphelins et des malades. Dans sa Règle monastique, tout
un chapitre est consacré à l'assistance aux malades.
• En chantant l’Alléluia donne du pain à qui a faim, habille celui qui est nu, accueille le
sans-abri. Ce n’est pas seulement ta voix qui chante, mais ta main chante, elle aussi,
parce que tes actes se conforment à tes paroles
Paix
• Sermons adressés aux frères du désert
• Ô paix, tu es la sérénité de l'esprit, la tranquillité de l'âme, la droiture du cœur, le lien
de l'affection, l'union de la charité. Tu es ce bien immense qui détruit les artifices,
apaise les guerres, arrête les colères, brise l'orgueil, calme les discordes, plaît à tous,
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est l'objet des désirs de tous. Ô paix, tu ne sais pas t'élever. Heureux qui te possède ! Ô
paix, parmi les choses crées, tu es si bonne, si admirable, si glorieuse, qu'on ne peut
désirer rien de plus doux, qu'on ne peut désirer rien de plus délectable, qu'on ne peut
désirer rien de plus utiles.
• Ainsi donc la paix du corps, c'est la composition ordonnée de ses parties. La paix de
l’âme, c'est l'accord bien entendu de ses idées et de ses actions. La paix du corps et de
l'âme, c'es la vie et la santé bien ordonnés de l'être animé. La paix des hommes, c'est
l'union des cœurs dans l'ordre…(fondés sur l’ordre qui leur est propre.) La paix
universelle, c'est la tranquillité de l'ordre. L’ordre, c'est cette disposition qui assigne sa
place à chacune des choses existantes suivant la ressemblance ou la différence qui
existent entre elles. S'ils sont en souffrance, c'est que dans la partie qui est le siège de
leur souffrance, la paix est troublée.
Prières
«J'ai tardé à t'aimer, Beauté si ancienne et si neuve, j'ai tardé à t'aimer. Ah voilà : tu étais
dedans, moi dehors, et je te cherchais dehors et je me ruais sur les belles choses d'ici-bas, tes
ouvrages. Tu étais avec moi sans que je fus avec toi, tenu loin de toi par elles qui à moins que
d'être en toi, ne seraient pas. Tu as appelé, crié et tu as rompu ma surdité. Tu as brillé par
éclairs et par vives lueurs et tu as balayé ma cécité. Tu as exhalé ta bonne odeur, je l’ai
respirée et je m'essouffle après toi. Je t'ai gouté : j'ai faim et soif. Tu m'as touchée ; j'ai pris
feu pour la paix que tu me donnes. Une fois soudé à toi de tout mon être, il n'y aura plus
«Ah le pauvre être que je suis ! Aie pitié de moi Seigneur ! Voici mes plaies que je ne cache
point, je suis malade : tu es mon médecin. Tout mon espoir est dans l'ampleur de ta
miséricorde. »
«O Vérité, lumière de mon cœur, silence ne mes ténèbres ! Je suis allé de ce côté et ce fut
l'obscurité. Mais ce fut aussi un sérieux motif de m'éprendre de toi. Au cours de mes
égarements, je me suis rappelé ton être. J’ai perçu derrière moi ta voix pour me faire revenir,
je l’ai perçue dans le tumulte des flots inapaisés, mais voici que je reviens, assoiffé vers ta
source à toi. Je la boirai et par elle, je vivrai»
Je vais vous donner un moyen de louer Dieu tout le jour si vous le voulez. Quoi que vous
fassiez, ne faites que le bien, et vous aurez loué Dieu.
Sagesse
• Mais les vrais sages, qui seuls doivent être appelés heureux, ont voulu que les biens de
la fortune ne fussent ni redoutés ni désirés Lettres
• Vous pouvez, quant à vous, habiter doucement avec votre âme : ceux-ci ne le peuvent
pas encore et travaillent pour cela Lettres
• Quand ces choses nous arrivent, ce n'est pas nous-mêmes qu'il faut féliciter, mais
ceux-là par qui elles nous viennent; l'administration juste et charitable des biens
temporels, accompagnée de calme et de paix, peut nous valoir la récompense des biens
éternels, si nous possédons ces richesses sans qu'elles nous possèdent, si leur
accroissement n'embarrasse pas notre vie, si lorsque nous croyons les maîtriser, elles
ne nous enveloppent pas. Lettres
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• Dégageons-nous donc du souci des choses changeantes pour chercher des biens
solides et certains : prenons notre vol plus haut que nos terrestres richesses. C'est
surtout pour échapper à l'abondance de son miel que l'abeille a des ailes; il tue celle
qui s'y enfonce. Lettres
• En effet, toutes les natures, quelles qu'elles soient, sont bonnes par elles-mêmes
Lettres
• Lettre à Nebredius. Crois-moi. On a besoins d’être bien loin du tumulte des choses
passagères, pour en arrive à ne rein craindre sans qu’il y ait de notre part ni dureté de
cœur, ni audace, ni désir d’une vaine gloire, ni superstitieuse crédulité, Voilà comment
on peut goûter la joie solide à laquelle aucune autre joie n'est comparable
• Je vous engage à vous occuper de la réalité plutôt que des mots.
• Ne vous attachez pas trop à l'autorité
• Il y a une mesure à garder dans tout ce qu’on fait de bien
• Souvent l'esprit se trompe et s'en vante ; et parce qu'il ne voit pas encore, il se plaint
comme s'il en avait le droit. Mais cette beauté sait quand elle se montre. C'est elle qui
s'acquitte de la tâche du médecin et identifie mieux que ceux-là mêmes qui se font
soigner, qui est sain. Mais nous, nous croyons voir à quel point nous avons émergé,
alors même qu'il ne nous est permis ni de nous représenter, ni de sentir combien nous
étions immergés et jusqu'où nous étions descendus, et, ainsi, nous croyons que notre
santé consiste à ne pas être aussi gravement malade. Ne vois-tu pas avec quelle
assurance, hier, nous avons dit qu'aucune maladie ne nous retenait plus, que nous
n'aimions rien à part la sagesse, et que, tout le reste, nous ne le recherchions ou ne le
voulions qu'à cause d'elle Les Soliloques
• Chacun de nous nous avons notre soleil et nos étoiles
• Il est certain que nous voulons être heureux, il est certain aussi que nous voulons être
sages, car personne n'est heureux sans la sagesse.
• Élevez-vous pour voir le nombre éternel. Alors la sagesse brillera devant vous du haut
de son siège intérieur et du fond même du sanctuaire de la vérité
• Que demanderez-vous sinon d'être heureux ? Et quel plus grand bonheur que de jouir
de l’inébranlable, inaltérable vérité
• Notre misère achève la perfection de l’univers. Le péché d'une certaine manière sert à
la beauté de l'univers.
• Le récit des évènements accomplis nous montre la figure, la promesse ou la preuve de
ce qui doit arriver.
• La divine Providence prend soin des chacun de nous en particulier en même temps que
son action est publique et s'étend à tous les hommes en général
• L’homme heureux fouit de la paix et de la tranquillité ; il vit dans l'abondance que
procure le règne immuable de la souveraine et ineffable sagesse
• Il fait du bien à qui il peut. Il a de la bienveillance pour tous, et quoiqu'il n'aime pas les
biens temporels, il sait en faire bon usage et pourvoit au besoin de chacun selon sa
condition
• Malgré les apparences de la victoire on est vaincu quand on acquiert en triomphant ce
qu'on ne pourra perdre sans douleur
• Sermons
• Mais pour nous autres mortels, notre fragilité est exposée tous les jours aux plus
grands dangers
• Ici donc, cette femme est laborieuse, pleine de vigilance et de sollicitude, elle fait
régner dans la maison un ordre sévère, se lève pendant la nuit, voit à ce que son
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flambeau ne s'éteigne point, supporte courageusement les tribulations : elle sera pleine
de joie dans les jours nouveaux
Modestie de saint Augustin
• Car je ne me suis jamais trouvé dans une nuit si profonde. O Dieu ! Notre Père, qui
nous exhortez à vous prier et qui nous en faites la grâce lorsque nous vous prions, car
nous vivons mieux alors et nous devenons meilleurs; exaucez-moi. Je respire à -peine
au milieu de ces ténèbres, tendez-moi une main secourable, montrez-moi votre
lumière, rappelez-moi de mes erreurs, afin que, sous votre conduite, je rentre en moimême et en vous. Ainsi soit-il ! —. Soliloques
• Non sans doute, car lui-même n'oserait pas nier combien je suis encore éloigné de la
sagesse: Lettres
• Ajoutez à ceci ma faiblesse que vous connaissez, et qui m'empêche de faire ce que je
veux et me condamne à me borner à ce que je puis. Lettres
• Ce n'est pas dans le livre ni dans celui qui l'a écrit qu'un lecteur voit la vérité; il la voit
bien plutôt en lui-même si son esprit a reçu quelque impression éclatante .de cette
lumière bien éloignée des grossiers nuages du corps. Dans le cas où vous trouveriez
dans mes livres des choses fausses et qu'il faudrait désapprouver, vous devriez y
reconnaître l'épaisse nuit de l‘intelligence humaine, et ce seraient là véritablement les
choses qui viendraient de moi. Lettres
• Il appartient à Dieu seul de voir comme je suis et en quoi j'ai avancé ; il ne peut se
tromper ni sur ce qui fait le bien de l'homme ni sur l'homme même. Lettres
• Gardez-vous de croire tout le bien que mon ami vous dira peut-être de moi. J'ai
reconnu souvent que, sans vouloir mentir, mais par entraînement de cœur, il se
trompait dans son jugement et qu'il me croyait en possession de certains dons qui me
manquent, et pour lesquels mes prières et mes soupirs montent vers Dieu. Et s'il a pu
dire cela devant moi, que ne se permettra-t-il pas lorsque, en mon absence, sa joie
répandra plus de louanges que de vérités? Dans son zèle admirable, il vous donnera
tous mes ouvrages; je ne sais pas s'il y a un seul de mes livres qu'il ne possède Lettres
• Lorsque relisant mes ouvrages, je reconnais ce que j'ai tiré du vieux levain, je me juge
avec douleur; et lorsque je rencontre ce que j'ai dit par le don de Dieu, après l'avoir
puisé dans l'azyme de la sincérité et de la vérité, je me réjouis avec crainte. Lettres
• Tout ce que je puis vous dire sur ma conversion, c'est que si, en disant anathème à vos
erreurs je n'avais pas été assuré de devenir meilleur, je ne me serais pas réfugié dans le
sein de l'Eglise et de la foi catholique. Je savais déjà que j'ai quitté le mal pour le bien
Lettres
• Le livre de la vie chrétienne
• Le nom vient des actes et que sans acte qui le justifie, on ne mérite pas de nom.
• Si pauvre pécheur, le moins sage et le plus ignorant de tous, j'ose, par des lettres
fréquentes, vous engager à marcher dans la voie de la sainteté et de la justice, ce n'est
la confiance dans ma propre vertu, dans l'habileté de ma sagesse ou l'étendue de ma
science qui m'y pousse mais l'affection du cœur et de l'âme que je vous porte, selon
Dieu
• Que suis-je donc, ô mon Dieu? Quelle sorte d’être? Une vie changeante, multiforme,
furieusement démesurée (Les confessions,)
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Saint Augustin, l’homme
• Mais il me semble en ce moment qu'il n'y a que trois choses qui puissent m'émouvoir :
la crainte de perdre ceux que je chéris, la crainte de la douleur et celle de la mort. —
Soliloques
• Je ne veux pas en être détourné et retardé par toutes sortes de questions qui surgissent
inopinément Lettre
• . J'ai lu votre lettre à la lampe après avoir déjà soupé: j'étais près de me coucher, mais
non pas de m'endormir. Et longtemps après m'être mis au lit, je pensais, et je
m'entretenais avec moi-même, Augustin avec Augustin. Lettres
• Suis-je heureux, me disais-je, comme il plait à Nébride de me l'écrire? Non sans doute,
car lui-même n'oserait pas nier combien je suis encore éloigné de la sagesse: Lettres
• Mais comment et, à quel degré suis-je heureux, moi qui ignore pourquoi le monde est
grand comme il est. Lettres
• Vous voilà provoqué à m'écrire une lettre plus étendue; je demande de pouvoir vouslire un peu plus longuement; car je ne puis vous exprimer tout le ravissement que j'y
trouve Lettres
• Je conserve vos lettres comme mes yeux; elles sont grandes, non par l'étendue, mais
par les choses, et renferment de grandes preuves de ce qu'il y a de plus grand. Elles
parleront à mon oreille comme le Christ, comme Platon, comme Plotin. Elles seront,
par leur éloquence, douces à entendre; par leur brièveté, faciles à lire; par leur sagesse,
profitables à suivre. Ayez donc soin de m'apprendre tout ce qui paraîtra bon et sain à
votre esprit. Lettres
• Les nuits d'hiver sont bien longues Lettres
• Rien de ce qui vient de moi ne sera mal venu de vous, car je sais toute la bienveillance
que votre cœur me garde Lettres
• Car j'ai lu votre lettre où coulent le lait et le miel, où se révèle cette simplicité de cœur
Nos frères l'ont lue aussi, et se réjouissent des dons si abondants et si excellents que
Dieu a répandus sur vous. Tous ceux qui l'ont lue me l'enlèvent, parce qu'elle les
enlève chaque fois qu'ils la lisent Lettres
• À leur lire le passage du prophète Ezéchiel, où il est dit que la sentinelle est absoute si
elle a dénoncé le péril, quand même ceux à qui elle le dénonce refuseraient d'y prendre
garde… Et puis après j'aurais secoué sur eux mes vêtements et je me serais retiré.
Lettres
• Quand, jeune et pauvre, je quittai mon pays pour commencer mes études, ne m'ouvristu pas ta maison, tes trésors, et, ce qui est plus encore, ton cœur ? Lorsque je perdis
mon père, ton amitié me consola, tes discours m'encouragèrent, ta fortune me vint en
aide. Et dans notre ville même, tes bontés, ton amitié, l'honneur d'habiter ta maison me
rendirent presque aussi considérable, aussi haut placé que toi Contre les académiciens
• Je suis bien quant à l'esprit, autant qu'il plaît au Seigneur, et selon les forces qu'il
daigne m'accorder; mais quant au corps, je suis au lit. Je ne puis ni marcher ni me tenir
debout, ni m'asseoir; des gerçures et des tumeurs douloureuses m'en empêchent de
circuler. Lettres
• « En ce même été, le surmenage de l'activité littéraire commençait à affaiblir mes
poumons, rendant ma respiration difficile ; des douleurs de poitrine dénonçaient une
lésion, et je ne pouvais plus parler assez fort, ni assez longtemps. Au début, j'en avais
été fortement troublé : j'allais être contraint à renoncer par nécessité à ma charge de
professeur, ou du moins dans l'hypothèse d'un traitement et d'un rétablissement
possibles, à surseoir à la reprise. » ( Confessions).
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Santé
• Mais ne m'interroge pas d'avantage, soit sur le manger et le boire, soit sur le plaisir du
bain, et sur les autres voluptés du corps; je n'en désire que ce qui petit être utile à ma
santé. Soliloques
• Nous ne sentons pas comment l'abondance de la bile nous pousse à des redoublements
de colère; elle nous y pousse cependant, puisque, comme je l'ai dit, c'est elle qui les
produit. Lettres
• En un mot sur le manger, le boire, les bains et autres délassements physiques, je n’en
demande qu’autant qu’i lest besoins pour la santé
• Quand je fais l’éloge du vin, bon en lui-même, je blâmerai l’homme qui en a pris
jusqu’à s’enivrer
• Un autre qui ne prend que des légumes en quantité suffisante pour subvenir aux
besoins de son corps en y ajoutant trois (petits) verres de vin pour conserver sa santé ;
• En vieillissant le vin devient meilleur et loin de troubler les sens, il est plus propre à
fortifier le corps.
• Le suc de l'orge donne une boisson qui imite le vin. Et même, c'est un fait à remarquer,
cette boisson enivre très promptement ; pourquoi donc ne l'appelez-vous pas aussi le
fiel des princes ?
• Livre des enseignements salutaires
• La nourriture immodérée, l’abus de boisson donnent lieu à des excès de sang, de bile
et à beaucoup d’autres infirmités
• Tout faire avec modération, justice et dévotion.
• « Le médecin du corps guérira-t-il son client ? C'est chose incertaine. Au contraire,
quelque profonde que soit la blessure de l'âme, elle sera guérie, et si cette âme est
morte sous le nombre de ses péchés, elle sera ressuscitée. D'où vient donc qu'on
recherche la santé des corps à si grands frais et au prix de tant de souffrances, quand
bien des hommes refusent d'accepter la santé de l'âme qui leur est offerte comme un
don ? » Sermon
• « O homme, si ton état de langueur te prouve que tu es malade, pense d'abord à ta
santé. Psaume
• Michel Foucault rapporte ce mot d'un médecin du XIXe siècle : « Au XIXe siècle, la
santé a remplacé le salut. » Ebloui par les conquêtes de la médecine, le XIXe siècle
pouvait nourrir une telle illusion. En ce qui concerne Augustin, on serait tenté
d'inverser la proposition — « le salut remplace la santé » —, mais ce serait
méconnaître son intérêt pour la santé des corps. Augustin n'a aucun mépris de la
médecine, même s'il en connaît les limites. Seulement, il savait qu'en plus du corps,
l'âme aussi pouvait être malade. Et c'est d'elle qu'il se préoccupait d'abord. Tout
comme les maladies du corps, celles de l'âme ont leurs remèdes propres. C'est à
propos des maladies de l'âme qu'il déclare : « Toute maladie de l'âme a son remède
dans les Ecritures »[15]
Science
• Mais la science n'est autre chose que la vérité Soliloques
• Or, toute science est dans l'âme comme dans un sujet. Soliloques
• On pourrait donner à ces observations plus d'étendue, et les preuves ne manqueraient
pas pour établir une plus complète certitude Lettres
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• Et cette ferme et calme impression sur laquelle la raison s'appuie, quand vous l'avez
sentie, oserez-vous soutenir que ce n'était pas aux moments où vous vous enfonciez
dans les solitudes de votre âme? Lettres
• Ceci est fort obscur, et j'ignore par quelle comparaison on pourrait l'éclaircir, à moins
qu'on ne recourût aux sciences dont l'idée est au fond de notre esprit. Lettres
• Je ne sais vous dire de quelle douceur votre souvenir me pénètre depuis que je vous ai
quitté; le charme de ce souvenir me revient souvent. Je me rappelle cette modestie
dans la discussion qui ne se laissait point altérer par l'admirable ardeur de la recherche.
Il ne serait pas facile de trouver quelqu'un qui posât plus vivement les questions et qui
écoutât plus tranquillement. C'est pourquoi je voudrais beaucoup discuter avec vous;
et du reste parler avec vous le plus possible, ce ne serait jamais beaucoup parler
Lettres
• Je riais de laisser la vérité se montrer paisiblement à ceux qui la cherchent Lettres
• Car, plus chacun fait de progrès dans la science, plus il se reconnaît inférieur à ces
lettres que Dieu a établies comme un firmament, au-dessus de toutes les pensées
humaines. Lettres
• De plus savants vous enseigneront peut-être ces choses, si vous allez à eux avec une
science de l'étude égale à votre zèle pour la science; ne regardez pas les choses
incertaines comme certaines; ne croyez point ce qu'il ne faut point croire, et croyez ce
qu'il faut croire. Lettres
• Car mon but étant de vous exciter à la recherche ardente de la vérité, j'avais commencé
à examiner de quelle importance elle pouvait être pour nous. Or, elle est si grande pour
vous tous que je n'ai rien à désirer de plus. Comme nous souhaitons d'être heureux,
soit par la découverte, soit par la recherche soigneuse de la vérité, nous devons, si
nous voulons être heureux, la chercher de préférence à tout le reste Contre les
académiciens
• L'application à l'étude dans le but de connaître la vérité est un emploi fort louable
• Ces démonstrations que nous livrent la science, quiconque les comprend ne peut
douter de leur absolue vérité ; mais il faut croire qu’on ne saurait les comprendre, si
elle ne recevait les rayons d’un autre soleil
• Mais la science purement et proprement dite, qui s'acquiert par la raison et
l'intelligence, comment peut-elle être mauvaise
• L’artiste lui-même d’une certaine manière, fait signe au spectateur, qui contemple la
beauté de son ouvrage de ne pas s'y arrêter tout entier, mais de parcourir du regard sa
statue pour la reporter affectueusement sur celui qui l'a sculptée
• Ainsi par des chemins sûrs que leur montrerait la divine miséricorde, ils seraient
conduits à la sagesse, de sorte que sans s’enorgueillir de leurs découvertes, sans se
troubler de ce qu’ils ignorent encore, ils seraient dans leur science plus capable de voir
et dans leur ignorance plus calme pour chercher.
• Dans tous les arts nous aimons donc l'harmonie qui assure à chaque œuvre la beauté et
l'intégrité. Or d'un côté, cette loi qui préside à tous les arts est immuable et d'un autre,
l'esprit humain à qui il a été donné de le comprendre état exposé aux variations de
l'erreur, il nous semble incontestable qu'au dessus de notre intelligence est une loi qui
se nomme vérité
• La science n'est utile que lorsque la charité l’accompagne ; sans cette dernière elle
gonfle le cœur et le remplit d'un vin orgueil.
• Aussi quoique les merveilles qui resplendissent dans la nature visible semblent perdre
leur prix, parce que nous accoutumés à les voir, elles sont plus étonnantes que les
miracles les plus extraordinaires et les plus rares.
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• Car de toutes les merveilles qui s'opèrent par l'homme, l'home lui-même est la plus
grande
• Nos pensées sont timides et nos recherches incertaines.
• Parmi les vertus il n'en est pas de plus admirable, de plus attrayante que la
compassion de notre cœur pour la misère d’autrui, sentiment qui nous porte à lui venir
en aide. »
Soins
• J’attachai sur les corps eux-mêmes un regard plus attentif. Confessions
• Une personne aimée est malade, son pouls est de mauvais augure; tous ceux qui
désirent sa guérison sont malades de cœur: elle est sauvée, mais elle n’a pas encore
recouvré ses forces pour marcher, et déjà c’est un bonheur tel qu’il n’en fut jamais
lorsqu’elle jouissait de toute la vigueur de la santé. Confessions
• Amour pour le corps du prochain. Celui qui aime son prochain doit évidemment se
montrer bienfaisant aussi bien pour son corps que pour son corps. On désigne par le
nom de médecine les services qui touchent le corps. À cette dernière appartient nos
seulement ce qui appartient à l'art des médecins, mais aussi la nourriture et le breuvage
et tout ce qui couvre et protège le corps contre les injures et les coups. Ceux donc qui,
obligeamment et avec bonté, fournissent aux autres tout ce qui est nécessaire pour
résister à ces maux et à ces souffrances sont appelés miséricordieux. Le nom de
miséricorde vient en de qu'elle rend sensible à la misère ou qu'il remplit de pitié le
cœur de celui qui s'afflige du mal d'autrui.
Vérité
• En effet, la vérité ne peut guère être recherchée avec plus de succès qu'en interrogeant
et qu'en répondant Soliloques
• Mais la science n'est autre chose que la vérité Soliloques
• Au lieu d'aller dehors, rentre en toi-même : c'est au cœur de l'homme qu'habite la
vérité
• Privé de cette lumière de la Vérité, l'homme reste comme dépouillé d'un vêtement
lumineux, et ses paroles ne seront que mensonge
• Cette vérité, je m'en abreuve d'autant plus que moi qui suis changeant, je n'y vois
aucun changement, ni ces changements à la fois de temps et d'espace comme en
subissent les corps ; ni ces changements purement temporels et qui ont quelque chose
de spatial, comme dans le cas des pensées de notre esprit ; ni ces changements
purement temporels sans aucune image spatiale, comme dans certains raisonnements
de nos esprits. C'est que l'Essence divine qui fait que Dieu est, est absolument seule à
ignorer la mobilité, soit dans l'éternité, soit dans la vérité ou la volonté, car ici la vérité
est éternelle, éternelle la charité ; la charité est vraie et vraie l'éternité ; enfin l'éternité
y est aimée et aimée la vérité.
• « La vie heureuse, c’est la joie née de la Vérité. » Confessions.
Vin Bière
• Un autre qui ne prend que des légumes en quantité suffisante pour subvenir aux
besoins de son corps en y ajoutant trois verres de vin pour conserver sa santé.
• En vieillissant le vin devient meilleur et loin de troubler les sens. Il est plus propre à
fortifier le corps.
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• Le suc de l'orge donne une boisson qui est une pâle imitation du vin. Et même, c'est un
fait à remarquer, cette boisson enivre très promptement ; pourquoi donc ne l'appelezvous pas aussi le fiel des princes ?
• Quand je fais l’éloge du vin, bon en lui-même, je blâmerai l’homme qui en a pris
jusqu’à s’enivrer
• Chaque dimanche, que ceux qui veulent boire du vin le fasse en remerciant Dieu.
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