Développement de la culture traditionnelle tibétaine : artisanat, art

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Développement de la culture traditionnelle tibétaine : artisanat, art
Développement de la culture traditionnelle tibétaine : artisanat, art du conte
La culture tibétaine a pris naissance il y a plus de 15 siècles, et elle s’est véritablement développée
depuis le 7ème siècle, avec l’apparition de l’alphabet tibétain et l’installation de l’empire tibétain sur
une grande partie de la Chine et de la Route de la soie. Elle s’est enrichie au cours des siècles et s’est
transmise presque intacte jusqu’aux générations actuelles, malgré les aléas de l’Histoire (invasions
mongoles, révolution culturelle, …).
Cette culture s’étend dans de nombreux domaines : architecture, peinture, sculpture, artisanat
(tissage, orfèvrerie, poterie), médecine, littérature (et notamment poésie), calligraphie, contes
transmis par tradition orale. Fondée sur une vision religieuse de l’existence (chamanisme à l’origine,
puis bouddhisme), elle possède une grande profondeur et une forte originalité. Elle a su intégrer les
apports des cultures voisines (Inde, Perse, Chine, Mongolie) sans rien perdre de sa spécificité.
Les Tibétains sont fiers de leur culture et s’en sentent dépositaires. Mais cette culture est aujourd’hui
menacée par l’environnement dans lequel vivent les Tibétains : influence du mode de vie chinois,
ouverture rapide vers le monde extérieur, modification des structures familiales, politiques à rebours
des modes de vie et de pensée traditionnels (dans les domaines de l’éducation, de la religion, du
nomadisme, etc).
Aussi, la transmission de cette culture tibétaine est-elle aujourd’hui un enjeu important. Il ne s’agit
pas simplement de préserver l’existant en l’état (compte tenu des évolutions sociétales, ce serait un
combat inefficace), il s’agit de lui donner les moyens de s’intégrer dans la vie moderne sans y perdre
son essence : c’est un objectif de développement tout autant que de préservation.
Les actions à mener doivent être simples et pragmatiques. Pour être efficaces, elles doivent être
conduites par les Tibétains eux-mêmes, et accompagnées par des personnes vivant au contact de la
réalité tibétaine (présence sur place, langue, connaissance du patrimoine culturel).
Tel est le fondement des projets présentés ici et soutenus par l’association Highland Initiatives.
L’association Highland Initiatives est une association française qui œuvre depuis 7 ans pour soutenir
des projets dans les régions tibétaines. Les projets soutenus ont un objectif de développement
durable : entrepreneuriat social, formations, développement de la culture.
On trouvera en annexe, à titre d’exemple, une liste de projets soutenus ces dernières années par
Highland Initiatives.
Pour conduire les actions sur le terrain, Highland Initiatives s’appuie principalement sur Global
Nomad : c’est une petite société de services, orientée vers l’entrepreneuriat social au Tibet, installée
à Lhassa (pour les actions au Tibet central et occidental) et à Chengdu (pour les actions au Tibet
oriental). Elle est animée par trois françaises, vivant en Chine et au Tibet depuis 10 ans, parlant les
dialectes tibétains et très bien insérées dans la société tibétaine.
Les projets que Highland Initiatives se propose de soutenir, dans les 2 prochaines années, dans le
développement de la culture et la transmission des savoir-faire sont présentés dans les fiches
jointes :
- création d’un réseau d’artisans proposant des produits de qualité dans le respect des savoir-faire
traditionnels
- préservation et diffusion des récits des conteurs populaires
Sous-projet 1 : Création d’un réseau d’artisans tibétains proposant des produits de qualité
dans le respect des savoir-faire traditionnels
L’artisanat traditionnel tibétain est centré sur les domaines suivants : tissage (laine de yak ou de
mouton) et produits du tissage, peinture (particulièrement les thangkas : iconographie religieuse
peinte sur tissu), sculpture sur métal, orfèvrerie, poterie.
Aujourd’hui, le plus souvent, les produits proposés proviennent d’une production de masse, réalisée
hors du Tibet (Chine, Népal) avec des matériaux de moindre qualité et sans recours aux procédés
traditionnels. Ce sont ces produits de « bas de gamme » qu’on trouve généralement dans les
boutiques en Europe.
Il existe cependant encore des artisans tibétains produisant selon des modes traditionnels, le plus
souvent en petite quantité pour le marché local de produits « utilitaires ». Ce marché est appelé à
décliner progressivement du fait de l’ouverture du Tibet aux produits de consommation modernes.
Aussi, certains de ces artisans, soucieux de pérenniser et développer leur activité, souhaitent
tourner leur production vers de nouveaux marchés, à commencer par la Chine mais aussi les pays
occidentaux.
Dans ce contexte, Highland Initiatives a identifié, avec l’aide de Global Nomad, sept artisans désireux
de se développer, en adoptant les principes de l’entrepreneuriat social, en préservant l’esprit
traditionnel de leur production et en améliorant le niveau de qualité de leurs produits.
La première étape du projet est en cours de réalisation en 2013 : il s’agit
- d’une part de donner à ces artisans les bases de gestion leur permettant de gérer de façon sûre le
développement de leur activité
- de les aider à trouver un premier réseau de débouchés (boutiques) en-dehors de leur
environnement habituel. Les prospections ont montré que, du fait de l’élévation du niveau de vie en
Chine et de l’attrait exercé par le Tibet, il existait un marché potentiel en Chine pour des produits de
l’artisanat tibétain dès lors qu’ils seraient adaptés aux goûts actuels et d’une qualité garantie.
Le réseau ainsi soutenu est constitué de 8 artisans, d’autres devraient les rejoindre dans les
prochains mois.
La deuxième étape, pour laquelle des financements sont recherchés, consistera en 2014-2015 :
- à adapter les produits, avec l’aide d’un designer, aux goûts actuels, sans leur faire perdre leur
essence
- à mettre en place un processus qualité dans les modes de production, tout en conservant pour
ceux-ci les méthodes et savoir-faire traditionnels.
Ce besoin est constaté pour 5 des 8 artisans accompagnés. Pour y répondre, il est nécessaire de faire
intervenir deux experts (un designer, un expert qualité), chacun pendant une période d’environ deux
fois une semaine, auprès de chaque artisan. Compte tenu des salaires en Chine (130 euros/jour pour
ces experts) et des frais de déplacement vers des zones souvent isolées (400 euros par mission), cela
représenterait un budget total de 21 000 euros. L’aide sollicitée par Highland Initiatives est de 16 000
euros. Le programme pourra être adapté (nombre d’artisans accompagnés, durée des missions) en
fonction des ressources effectivement disponibles.
La formation de nouveaux artisans serait une conséquence directe du développement des activités :
- du fait de leur orientation affirmée vers l’entrepreneuriat social, les artisans recruteront dans leur
communauté, pour une production réalisée localement, et s’adresseront en priorité aux personnes
en situation de fragilité : les jeunes, et aussi les femmes (notamment pour le tissage)
- pour les mêmes raisons, ils pourront s’engager à leur dispenser une véritable formation qualifiante,
fondée sur la transmission des savoir-faire traditionnels.
Les 5 artisans prévus pour participer à la deuxième partie du programme lancé par Highland
Initiatives sont les suivants :
Artisan
Société
Lieu
Production
A noter
Kalbu
Door to tibetan
arts
Dzongsar,
Sichuan
Tissage et
produits dérivés :
sacs, taies
d’oreillers,…
Coopérative, agit
contre l’exode
des jeunes
Tissage et
produits dérivés :
sacs, sacoches
Procure du travail
aux femmes sans
ressources. Cours
d’alphabétisation
des employées
Tissage et
produits dérivés :
chaussons, sacs
Zone nomade
isolée. Accent mis
sur la formation
des employés
Peinture sur
meubles
Forme 10
apprentis
Poterie d’art
traditionnelle
Etudes
approfondies des
procédés
traditionnels.
Forme des
apprentis.
Tibet de l’Est
Dekyid Tso
Laglas Ma
Sorgzong, Qinghai
Tibet du Nord-Est
Norbu Tsering
Nyinpo Yurtse
Golok,Qinghai
Tibet de l’Est
Dorjee
Karma Delek
Traditional
Tibetan Style
Lhassa
Thogang Ama
Lhassa
Tibet Central
Tibet Central
Sous-projet 2 :
Préservation et diffusion des récits des conteurs populaires tibétains
Les contes populaires représentent un élément notable du patrimoine culturel tibétain. C’est un art
de tradition orale, qui s’est transmis au cours des siècles dans les veillées qui rythmaient la vie rurale
ou nomade. Les conteurs étaient principalement les personnes âgées, qui racontaient ce qu’elles
avaient elles-mêmes appris au fil des ans.
Les récits consistent à présenter une interprétation de la géographie locale, pour la lier à l’histoire
locale, le plus souvent sous un angle religieux (dans un mélange de chamanisme et de bouddhisme) :
description des déités (assimilées à des lacs ou montagnes) et saints personnages ayant fréquenté les
lieux, les traces parfois extraordinaires qu’ils ont laissées (forme de rochers, palais cachés, …),
histoire « humaine » des déités (amours, filiations, …). Certains de ces récits servent de support aux
« pèlerinages », tradition tibétaine encore bien vivante, dans laquelle les « pèlerins » parcourent la
région à pied (en faisant en général le tour d’une montagne) pour gagner des mérites, assurer leur
salut, obtenir des bienfaits etc.
Il existe également une tradition de l’art du conteur, aujourd’hui encore vivante, axée principalement
sur le récit des exploits mythiques du roi tibétain Gesar de Ling. Cette épopée est un véritable
monument de littérature. Les conteurs, en général en état de transe, peuvent la déclamer pendant
des heures.
Ce patrimoine singulier est aujourd’hui menacé d’extinction progressive : sa transmission était
fondée sur la vie communautaire. Or aujourd’hui les structures sociales se transforment, la vie
communautaire se distend, les jeunes partent étudier ou travailler en ville, les personnes âgées sont
moins écoutées, les veillées se passent devant la télévision, etc. Dans le même temps, les Tibétains
sont conscients de la valeur de ce patrimoine et désirent le voir se perpétuer.
Il est donc nécessaire aujourd’hui de trouver de nouveaux supports (écrit, audiovisuel) pour assurer
la transmission de ce patrimoine. Le projet amorcé par Highland Initiatives consiste à recueillir ces
connaissances :
- dans un premier temps sous forme d’un récit brut, assimilable à un « guide du pèlerin ». Ecrit en
tibétain, il représente le matériau de base pour la transmission des savoirs, et est utilisable tel quel
par les Tibétains
- dans un deuxième temps, ce matériau est traduit (anglais, français) dans un livret, qui contient aussi
une mise en perspective du récit (contexte, explication des éléments symboliques, des déités et
personnages mis en jeu, etc). Ce livret, qui sera diffusé gratuitement, permettra aux touristes
visitant les régions concernées d’approcher un élément important de la culture tibétaine, qui ne leur
était pas accessible jusqu’à présent. Il s’agit ici de dépasser le seul objectif de préservation de la
culture, et de permettre son développement en l’insérant dans la vie moderne et les échanges
culturels.
- ultérieurement, des séquences seront filmées à l’aide d’une caméra, pour les contes et régions
s’avérant posséder un patrimoine particulièrement dense. Ce sera le cas en particulier pour
pérenniser les connaissances des conteurs de l’épopée de Gesar.
Pour 2014 et 2015, Highland Initiatives propose de visiter quatre zones du Tibet oriental (deux par
an). Le recueil en langue tibétaine vient d’être réalisé pour une première zone, celle du Gado Jowo
(région du Kham). Un voyage sur place par une équipe française, en septembre 2013, permettra de
collecter les éléments de compréhension pour la mise en perspective à l’intention des visiteurs
occidentaux.
Le budget prévisionnel pour le recueil des données sur une zone, et l’établissement et la diffusion
d’un livret, s’élève unitairement à 4 000 euros, soit 16 000 euros pour le travail sur 4 zones en 2 ans.
L’aide souhaitée est de 12 000 euros.
La création de films et le travail sur les conteurs de l’épopée de Gesar, qui sont des actions plus
consistantes, seront programmés ultérieurement.
Parallèlement, des formations seront dispensées aux guides des agences de voyages tibétaines
opérant dans les régions considérées, pour leur permettre d’expliquer le contenu de ce patrimoine,
en appui de ce que les touristes trouveront dans les livrets. Cette formation trouvera sa place dans
des cours déjà organisés chaque année par Global Nomad. L’enrichissement du contenu des voyages
proposés par ces agences constitue un soutien à l’emploi de jeunes dans les métiers du tourisme. Il
s’agit là à la fois d’un secteur attractif et durable, et d’une formation qualifiante.
Annexe
Liste de projets financés par l’association Highland Initiatives en 2012 / 2013
Cette liste est destinée à illustrer les activités soutenues par l’association Highland
Initiatives. Elle n’est pas exhaustive.
Domaines : Formation, Développement durable, Culture, Santé
Santé
Renforcer le système de santé publique dans le Tibet de l’Ouest : Création en 2011-2012
à Tsochen d’un quatrième dispensaire dans la préfecture de Ngari, tous financés par
Highland Initiatives. Clôture en 2012 du projet de formation des médecins traditionnels
aux soins de santé primaire.
Montant : 12 000 euros pour le quatrième dispensaire.
Lien vers le rapport d’évaluation : rapport d'évaluation du projet dispensaire de Tsochen
Formation Accès à l’éducation pour les étudiants défavorisés : Faciliter l’accès à l’éducation en
distribuant des bourses d’études à une trentaine d’élèves tibétains de collège, lycée et
université.
English corner et French corner à Lhassa: Activités périscolaire pour les étudiants afin
de les aider à développer des compétences linguistiques en langues étrangères (anglais
et français).
Ces 2 projets éducatifs sont pluriannuels. Montant 2013 : 4 300 euros
Lien vers le compte rendu de la réunion d’attribution des bourses de 2011/2012 :
Compte-rendu bourse d'études-Hope Corner 2011/2012
Formation professionnelle pour les guides culturels tibétains : Organiser pour les guides
touristiques tibétains des stages intensifs d’apprentissage de la langue française
pendant deux mois en à Xining, capitale du Tibet oriental.
Ce projet est pluriannuel. Montant en 2013 : 5 000 euros.
Lien vers la fiche du projet pour 2013 : Dossier formation des tibétains au français 2013
Culture
Publication de livrets sur la culture locale tibétaine : En collaboration avec le milieu
académique des experts étrangers et tibétains, des livrets thématiques sont édités et
diffusés afin de transmettre les connaissances locales et valoriser les expériences
culturelles des visiteurs étrangers dans les différentes aires culturelles du Tibet.
Livrets déjà publiés :
- Découverte de la région des lacs Dangra Yumtso et Nam Tso. Lien vers le livret :
Livret découverte Dangra Yumtso et Nam Tso
- Découverte de la région du Sha Gang Jam. Lien vers le livret : Livret découverte montagne
ShaGang Jam
- Les Tibétains et la montagne (version en ligne : à paraître)
- Le bouddhisme tibétain (version en ligne : à paraître).
Confection d’un feston pour la restauration d’un monastère bouddhiste du Tibet : ce
feston est une guirlande de joyaux « Nor Treng » confectionnée à partir de soie et de
brocards tibétains, d’une longueur de 26 mètres, afin de décorer le contour du temple
principal du monastère de Nenang situé à trois heures de route de Lhassa.
Montant du projet : 8 700 euros
Lien vers la fiche de présentation du projet : Dossier - Projet Nor Treng.

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