Veille stratégique sur Internet : comprendre les enjeux

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Veille stratégique sur Internet : comprendre les enjeux
Analyse de Christophe DESCHAMPS
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Veille stratégique sur Internet :
comprendre les enjeux, maîtriser les
outils et partager l’information
I2D - Information, données & documents
vol. 53, n°2, juin 2016
©ADBS
Nantes : ENI éditions, 2014. - 250 p. – (Marketing book). – ISBN 978-2-7460-9112-2 : 29 €
Gilles Balmisse
UN OUVRAGE MÉTHODOLOGIQUE POUR LA MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF DE VEILLE
Si de nombreux ouvrages traitent de l’intelligence économique, très peu finalement évoquent la veille stratégique dans sa composante Internet. Après les travaux de Michael Porter dans les années 80, les entreprises
ont senti la nécessité de scruter leur environnement concurrentiel de manière continue et c’est par le biais de
réseaux humains (commerciaux, techniciens terrain, etc.) et de bases de données payantes qu’elle s’est effectuée. Puis Tim Berners-Lee a inventé le Web et, en quelques années, la veille est devenue une affaire de
logiciels et s’est étendue à d’autres secteurs que l’entreprise : administrations, associations, régions, etc. Les
besoins en matière d’organisation du dispositif de veille sont devenus très importants et c’est ce à quoi Gilles Balmisse a voulu répondre avec cet ouvrage.
Son premier chapitre est classique (et nécessaire) : définition de la veille, distinctions entre les différents types de veille, cycle de
l’information et panorama des grandes familles de logiciels de veille. Puis vient un second chapitre qui détaille toute la préparation de
la veille. L’auteur y évoque le nécessaire cadrage via le diagnostic des besoins, les entretiens avec les futurs « clients » internes et la
formalisation d’un plan de veille.
Il entre ensuite dans l’opérationnel en détaillant le fonctionnement des moteurs (et métamoteurs) ainsi que celui des opérateurs de
recherche. Quelques exemples concrets de requêtes auraient ici été un plus. Un chapitre entier est consacré à la recherche de sources
d’informations pertinentes avec, au passage, quelques astuces intéressantes. L’auteur y détaille le service de social bookmarking
Delicious qui, quoique toujours actif, nous semble largement dépassé par son concurrent Diigo sur le plan du volume. La qualification
de la source est également évoquée en détail et on appréciera que l’auteur rappelle la nécessité de pratiquer ses sources au quotidien pour pouvoir les évaluer objectivement.
Sont ensuite traités les outils d’automatisation de la collecte d’informations sur les pages web (agrégateur de flux RSS, agent de surveillance) et les médias sociaux, avec des focus sur Website Watcher et Alerti. Sans surprise, le chapitre suivant est consacré à
l’analyse des informations récoltées. L’auteur y distingue l’analyse avec des outils logiciels (statistiques sur les mots-clés et thématiques surveillés, cartographie de concepts liés, nuages de mots-clés, etc.) et les analyses dites « métier » (Swot, Pestel, etc.).
La dernière partie est consacrée à la diffusion de l’information en interne. On y retrouve les traditionnelles listes de livrables potentiels et d’outils de diffusion mais, plus important, l’auteur y insiste sur la nécessité de penser les livrables comme des produits de
communication et de les valoriser comme tels.
Cet ouvrage indique très clairement la méthodologie à suivre pour mettre en place un dispositif de veille en interne. Les exemples,
tableaux, copies d’écran y sont nombreux et pertinents. On regrettera cependant que l’auteur n’évoque pas le thème du stockage des
informations issues de la veille, pierre d’achoppement du dispositif pour de nombreuses organisations. Ceci mis à part, cet ouvrage
très opérationnel est à recommander bien sûr au responsable de projet veille débutant mais aussi confirmé, auprès de qui il jouera le
rôle d’une véritable check-list.■